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IV. Industries primaires du bois


Introduction
L'industrie des sciages
Panneaux dérivés du bois
Industrie de la pâte et du papier
Avenir des industries primaires du bois


Introduction

Il a été question dans les deux derniers chapitres de la demande de bois et produits dérivés, de ses caractères et de son évolution, ainsi que de la composition et de l'étendue des forêts du monde et de leurs possibilités de production. Le présent chapitre traitera des industries primaires du bois, stade intermédiaire entre la demande de produits finis et la demande de matière première. Il s'agira donc des seules industries dont la matière première provient directement de la forêt: scieries, fabriques de pâte et papier, de placages et contre-plaqué, et de panneaux de fibre et de particules. On s'attachera aux points suivants: premièrement dimension, structure, répartition et évolution de ces industries au cours des dernières années; deuxièmement caractères de leurs besoins en matières premières et facteurs économiques et techniques qui influent sur ces besoins; enfin, effet probable de ces facteurs sur la capacité de ces industries à se développer et à rester compétitives dans l'avenir.

On trouvera au tableau IV-1 certains traits caractéristiques des principales industries du bois. L'industrie des sciages vient en tête par la valeur brute de sa production; cette valeur a atteint en 1961 environ 13,7 milliards de dollars (sur un total de 29,2 milliards pour toutes les industries primaires du bois). Presque aussi importante est l'industrie de la pâte et du papier, avec une valeur brute d'environ 12,9 milliards de dollars; à elles deux, ces industries représentent ensemble à peu près 90 pour cent de la valeur brute totale de la production des industries forestières primaires. Mais, par leurs besoins en bois, en capital et en main-d'œuvre, elles sont très différentes l'une de l'autre: si l'on considère l'ensemble des industries forestières primaires, la scierie absorbe près de la moitié de la main-d'œuvre et environ les deux tiers de la matière première bois consommée contre seulement environ 30 pour cent de la main-d'œuvre et 24 pour cent du bois rond pour les industries papetières ¹. D'autre part, plus de 75 pour cent des capitaux investis dans les industries forestières primaires sont consacrés à l'industrie papetière, contre 17 pour cent à la scierie. L'industrie des sciages est donc celle qui utilise le plus de bois rond et de main-d'œuvre, mais le capital investi par personne employée et par mètre cube de bois consommé y est moins élevé que dans toutes les autres industries forestières primaires.

¹ Le pourcentage de la totalité de bois rond consommé par l'industrie de la pâte et du papier est un peu inférieur au pourcentage de matière première bois consommée (24 pour cent), car cette industrie utilise de grandes quantités de résidus de bois de l'industrie des sciages et d'autres industries.

C'est également la scierie dont le produit a la plus faible valeur par mètre cube de matière première consommé, la valeur la plus élevée étant obtenue par la fabrication de pâte et de papier. Les industries des panneaux se classent entre la scierie et les industries papetières en ce qui concerne la valeur de la production obtenue à partir d'un mètre cube de bois, de même que pour l'utilisation des facteurs de production énumérés ci-dessus.

On traitera surtout ci-dessous du rythme et de la nature de l'évolution des diverses industries, mais il ne faudra pas oublier leur importance relative dans l'ensemble des industries utilisatrices du bois. Ainsi, la scierie - si elle se développe très lentement et même, par endroits, recule reste le principal utilisateur industriel du bois, tandis que les industries des panneaux, malgré leur essor très rapide, sont encore très petites par comparaison. De nombreux facteurs de divers ordres expliquent ces contrastes du rythme de croissance et du volume de la production; on en a exposé quelques-uns, relatifs à la demande, au chapitre II; on étudiera ci dessous les facteurs inhérents aux industries qui interviennent dans l'évolution rapports entre les divers produits.

TABLEAU IV-1. - IMPORTANCE COMPARATIVE DES DIVERSES INDUSTRIES PRIMAIRES DU BOIS DANS LE MONDE, 1961

 

Consommation de matière première bois ¹

Valeur brute de la production ²

Investissements

Main-d'œuvre

%

Millions de dollars

%

Millions de dollars

%

Millions de personnes

%

Scieries

69

13700

46,9

8500

17,2

3,2

60,3

Papier et carton

24

12900

44,2

38300

77,4

1,6

30,2

Contre-plaqué

5

2000

6,8

1800

3,6

0,4

7,6

Panneaux de fibre et de particules

600

2,1

900

1,8

0,1

1,9


TOTAL

100,0

³ 29200

100,0

49500

100,0

5,3

100,0

¹ Equivalents en matière première bois de la production.
2 Aux prix de 1960.
3 Non compris la valeur de tous les autres bois d'œuvre et d'industrie (y compris le bois de mine), qui s'est élevée à environ 1,6 milliard de dollars.

On étudiera séparément chacune des principales industries, car elles présentent des différences très marquées. Mais toutes utilisent une matière première commune - soit de façon complémentaire, soit de façon compétitive - de sorte qu'elles sont liées par une série de rapports complexes qui sont envisagés à la fin du chapitre, avec les problèmes qu'elles rencontreront d'ici 1975 et les perspectives qui leur seront ouvertes.

L'industrie des sciages


Production et tendances de la production
Dimension et structure de l'industrie des sciages
Coût de la matière première
Rendement en produits transformés
Coût et productivité de la main-d'œuvre
Economies d'échelle
Mise au point de nouveaux produits et commercialisation
Conclusion


L'industrie des sciages est la plus ancienne et la plus répandue des industries du bois. Sous sa forme la plus simple, elle requiert très peu de capitaux ou de compétences techniques et elle peut être exercée rentablement sur une échelle même très réduite. Aussi existe-t-il dans presque tous les pays du monde une industrie des sciages plus ou moins développée.

Production et tendances de la production

La production mondiale totale de sciages en 1960-62 a été estimée ², en moyenne, à 346 millions de m³ par an, dont un peu plus des trois quarts étaient composés de conifères. La production annuelle enregistrée en 1960-62 a dépassé de 10 pour cent les chiffres de 1955-57 et de 28 pour cent ceux de 1950-52. De 2,4 pour cent entre 1951 et 1961, le taux annuel moyen d'accroissement de la production est ainsi tombé à 1,9 pour cent entre 1956 et 19613. On a vu au chapitre II que dans beaucoup de pays, en particulier dans les pays riches gros consommateurs, d'autres matériaux ont en fait supplanté partiellement les sciages dans nombre de leurs utilisations finales traditionnelles. Toutefois, comme le montre la tableau IV-2, les taux d'accroissement dans les diverses parties du monde étaient très variables. Même dans les principaux pays producteurs la situation durant cette période a évolué de façon très différente.

² Comme on l'a noté au chapitre II, la production enregistrée a été ajustée, chaque fois qu'il le fallait, pour tenir également compte de la production non enregistrée. Les chiffres ajustés sont ceux de la «production totale estimée» (Pour plus de précisions, voir l'annexe). Comme il ressort du tableau annexe IV-A, la production non enregistrée n'a d'importance que dans certaines parties de l'Afrique et de l'Asie.

3 Tout au long de la présente étude, les données figurant sous les dates 1951, 1956 et 1961 correspondent respectivement aux moyennes annuelles des périodes 195052 1955-57 et 1960-62, sauf indication contraire.


Production estimée 1960-62 (Milliers de m³)

Pourcentage de la production mondiale totale

U.R.S.S.

104780

30

Etats-Unis

77072

22

Japon

28900

8

Canada

20190

6

En 1960-62, environ 65 pour cent de la production mondiale étaient concentrés dans ces quatre pays. Entre 1956 et 1961, la production des Etats-Unis a, en fait, diminué et la production canadienne a très peu progressé, signe de la dégradation de la position des sciages dans ces économies riches et grosses consommatrices. En U.R.S.S., pays qui consomme également beaucoup de sciages, la production a toutefois augmenté de 6,1 pour cent par an en moyenne durant la même période, apparemment par suite de l'expansion rapide de l'économie soviétique, de l'essor accéléré des exportations et du retard concomitant dans la production d'autres matériaux de construction et d'emballage. Cependant, ce développement rapide de la production en U.R.S.S. s'est manifesté principalement durant les premières années de la période considérée; la production s'est stabilisée en 1959, apparemment autant à cause de l'aggravation des problèmes de ravitaillement en matière première que du fait que les panneaux dérivés du bois et d'autres matériaux de remplacement sont devenus disponibles en quantités croissantes à cette époque 4 développement de la production de sciages a également été rapide au Japon - gain de plus de 6 millions de m³ entre 1956 et 1961 - et a représenté environ 95 pour cent de l'augmentation régionale. Dans ce pays également, l'essor accéléré de l'économie et le maintien d'une forte consommation de sciages semblent avoir fouetté la production.

4 Depuis 1959, le volume de la production de sciages en U.R.S.S. est resté pratiquement invariable et les plans soviétiques ne laissent prévoir que des augmentations modestes dans l'avenir immédiat.

TABLEAU IV-2. - PRODUCTION ENREGISTRÉE DE SCIAGES, 1950-52 A 1963¹

 

Production enregistrée

Taux annuel moyen de variation

1950-52

1955-57

1960-62

1963

1951-61

1956-61

Milliers de m³

Europe

61275

67919

72440

71693

+1,6

+1,3

U.R.S.S.

55324

77933

104780

105000

+6,6

+6,1

Amérique du Nord

107120

105384

96754

104475

-1,0

-1,7

Amérique latine

12600

13177

12509

12001

-0,1

-1,0

Afrique

1525

2064

2627

2743

+5,6

+4,9

Asie et Pacifique

29549

44236

52172

59288

+5,8

+3,4

TOTAL MONDIAL

267393

310713

341282

355200

+2,4

+1,9

1 Voir aussi tableau annexe IV-A.

En Europe, les pays du Nord ont fourni plus d'un tiers de l'accroissement de la production durant cette période. L'augmentation de la production africaine s'est concentrée presque entièrement dans l'ouest et le sud du continent. En Amérique latine, la production a en fait diminué entre 1956 et 1961, le Brésil et le Mexique enregistrant les reculs les plus considérables, qui ont plus qu'annulé les progrès modérés réalisés dans la plupart des autres sous-régions.

Comme en 1950-52, on a produit surtout des sciages de résineux en 1960-62, mais le rythme d'accroissement des sciages de feuillus a été plus de deux fois supérieur au cours de la décennie, la production passant de 56,49 millions de m³ en 1950-52 à 71,96 millions de m³ en 196062. Non seulement la production a sensiblement augmenté dans les principales régions productrices de feuillus tropicaux, comme l'Afrique occidentale et certaines parties de l'Asie du Sud-Est, mais on a aussi noté une nette propension à abattre de plus grandes quantités de feuillus dans plusieurs zones où les disponibilités en conifères étaient restreintes, notamment en Europe orientale et au Japon. La production japonaise de sciages de feuillus a progressé rapidement durant la décennie et ce pays est devenu, au début des années soixante, l'un des plus gros producteurs mondiaux de cette catégorie de sciages (voir tableau annexe IV-A).

Dimension et structure de l'industrie des sciages

Le tableau IV-3 résume les informations disponibles sur le nombre des scieries dans le monde. Cependant, pour acquérir une signification quelconque, ces chiffres doivent être assortis de données sur les types de scieries et sur leurs dimensions. Les données existant pour les Etats-Unis permettent de se faire une idée de l'éventail des dimensions des scieries dans un pays développé. En 1962, les 28 835 scieries de taille minimum aux Etats-Unis (88 pour cent de toutes les scieries) ne fournissaient que 13 pour cent de la production de sciages, alors que les 74 scieries les plus grandes fournissaient 20 pour cent de la production nationale. Ce genre de répartition par taille et par pourcentage s'observe aussi en Europe et en U.R.S.S. et se retrouve plus ou moins dans l'industrie des sciages du monde entier: une multitude de petites scieries et, à côté d'elles, un petit nombre de scieries beaucoup plus grandes qui fournissent une large part de la production totale. Dans les régions en voie de développement, le sciage manuel peut aussi avoir son importance, contrairement à ce qui se produit dans les pays avancés. Dans la région de l'Asie et du Pacifique, on a estimé que le sciage manuel représentait annuellement quelque 125 000 années d'ouvrier, au milieu de la décennie 1950-60, et, dans certaines sous-régions, sa contribution à la production totale est considérable. En Asie méridionale, par exemple, le bois scié à la main représentait environ 50 pour cent de la production totale au milieu de la période 1950-60. En Afrique, au début des années soixante, les chiffres étaient respectivement de 58 et 30 pour cent à Madagascar et au Nigeria.

TABLEAU IV-3. - NOMBRE APPROXIMATIF DE SCIERIES DANS LE MONDE, PAR RÉGION


Nombre de scieries

Date de l'estimation

Europe

35000-36000

fin des années cinquante

U.R.S.S.

41000 (scies à châssis)

fin des années cinquante

Amérique du Nord

36000

début des années soixante

Amérique latine

19000

1961

Afrique

1000

début des années soixante

Asie et Pacifique

43000

1955

SOURCES: Etats-Unis: U.S. Department of Commerce. Bureau of Census. Current Industrial Reports, Series: MZ4T (63) - 1 - U.R.S.S.: Buchholz, Erwin. Die Waldwirtschaft und Holzindustrie der Sowjetunion. München, BLV, 1961. - Canada: Dominion Bureau of Statistics. Sawmills 1961. - Autres régions: Etudes régionales de la FAO sur la consommation, la production, et le commerce du bois.

On prétend souvent que l'industrie des sciages se caractérise par un potentiel de production excédentaire dans maintes régions. Toutefois, le concept usuel de potentiel chiffré est fréquemment tout à fait inapplicable à une grande partie de l'industrie des sciages. Beaucoup de petites scieries n'ont jamais été destinées qu'à exercer une activité intermittente, souvent saisonnière, pour compléter d'autres activités ou alimenter de petits marchés locaux. Le capital investi dans ces entreprises ne représente généralement qu'une petite fraction du coût de production total, ce qui leur permet d'opérer dans des conditions rentables. Dans beaucoup de régions, il existe toutefois un potentiel de production excédentaire au sens admis du terme, généralement à cause de l'amenuisement ou du tarissement des ressources en grumes utilement accessibles. Dans ce cas également, il reste souvent possible de faire fonctionner ces scieries par intermittence ou à régime fortement réduit. Ce qu'il importe de noter c'est que, dans un cas comme dans l'autre, l'existence de ce potentiel n'implique pas nécessairement, comme on le pense si souvent, qu'il soit possible d'accroître subitement et considérablement la production pour répondre à une expansion de la demande, le potentiel de production de sciages actuellement excédentaire étant généralement mal situé par rapport à la distribution géographique des disponibilités en matière première et de la demande.

Coût de la matière première

Le coût des grumes de sciage livrées à la scierie représente normalement 50 à 70 pour cent du coût de production. La rentabilité de l'industrie des sciages est donc dominée par les disponibilités en bois et par le coût de l'approvisionnement en bois.

Le coût du sciage, dans toute situation donnée, dépend en très grande partie du type de bois à scier et du type de forêt d'où proviennent les grumes. Par exemple, les forêts ou plantations de conifères fournissent généralement des lots homogènes de grumes uniformes de taille petite à moyenne qui peuvent être manipulées et sciées aux dimensions normales avec un équipement mécanique. A l'autre extrême, les peuplements vierges de feuillus tropicaux ont un faible rendement à l'hectare en bois commerciaux qui proviennent d'un mélange hétérogène d'essences et qui se présentent sous forme de grosses grumes de taille inégale devant être manipulées et sciées individuellement. Ces différences influent sensiblement sur la structure des coûts dans l'industrie des sciages: coûts de débardage et de transport, qui représentent la plus grande partie du coût à la livraison de la matière première bois et coûts de transformation à la scierie. Comme la topographie influe aussi beaucoup sur les coûts de débardage et de transport, les variations de taille, de structure et de productivité de l'industrie des sciages dans les diverses parties du monde reflètent en fait simplement, dans une large mesure, ces différences dans les types de forêt, la topographie et le climat.

Plusieurs facteurs institutionnels et technologiques ont eu des répercussions sur l'évolution récente du coût de l'approvisionnement en grumes de sciage. Par exemple, dans de nombreuses parties du monde, le prix à la livraison des grumes de sciage augmente, en partie du fait que les opérations de débardage et les autres opérations forestières continuent à exiger une main-d'œuvre importante et que la productivité du travail ne s'est pas améliorée assez rapidement pour compenser le relèvement des salaires. La situation est particulièrement critique dans les pays qui ont une main-d'œuvre coûteuse et qui ont déjà pris soin d'introduire les améliorations facilement réalisables permettant d'économiser la main-d'œuvre. Tout en restant considérables, les possibilités d'accroissement ultérieur de la productivité du travail sont plus limitées que dans les pays en voie de développement où les salaires sont encore bas et où l'on peut encore introduire les principales techniques connues pour économiser la main-d'œuvre.

Deuxièmement, l'incidence des frais de transport sur le coût total de la matière première tend à se renforcer à mesure que la longueur des transports s'accroît, conséquence du tarissement progressif des sources de grumes de sciage au voisinage des scieries existantes, et parce que les besoins en matière première se gonflent avec l'augmentation de la dimension des scieries. Ce facteur a eu une importance croissante en U.R.S.S. par exemple où, jusqu'à une époque récente, l'éloignement grandissant entre les scieries concentrées dans l'ouest et le sud du pays et les réserves de bois sur pied subsistant dans les territoires du Nord et de l'Est a fait augmenter fortement la longueur moyenne des transports de produits forestiers 5

5 Des mesures vigoureuses ont été prises récemment pour corriger ce déséquilibre; de nouvelles scieries sont en voie d'installation dans le nord et l'est du pays.

Enfin, le bois sur pied a fait l'objet d'une concurrence accrue dans certains pays, ce qui a fait monter son prix par rapport à celui du bois abattu. Les autres facteurs de renchérissement ont été l'augmentation de valeur des terres et l'augmentation des coûts d'aménagement à mesure que les forêts naturelles s'épuisent et que les forêts secondaires aménagées gagnent en importance.

Rendement en produits transformés

Le renchérissement du bois oblige à utiliser les grumes plus efficacement. L'industrie des sciages est caractérisée par un rendement très faible en produits transformés. Le pourcentage de sciages obtenu à partir des grumes atteint rarement 60 à 70 pour cent. Le reliquat se compose de dosses, délignures, rognures, copeaux et sciure. Des taux de conversion moyens s'élevant à 60 à 70 pour cent on été signalés au Japon. En revanche, dans des scieries de teck de Birmanie, les rendements ne dépassaient guère 35 à 45 pour cent au milieu de la décennie 1950 60. Les rendements varient aussi beaucoup suivant les espèces à l'intérieur d'un même pays. En Yougoslavie par exemple, ils allaient de 48 pour cent pour les sciages de chêne à 65 pour cent environ pour l'épicéa et le sapin.

Toutefois, en augmentant le taux de conversion, on n'améliore pas nécessairement le rendement économique, car il peut s'agir d'un simple accroissement de la production des produits de sciage de qualité inférieure. On obtient plutôt des améliorations en sciant avec plus de soin, en réduisant la largeur du trait de scie et en découpant la grume de façon à en tirer un meilleur parti.

En outre, la demande croissante de résidus de sciage a transformé d'un seul coup les données du problème. L'emploi grandissant des dosses et des délignures comme matière première pour la conversion en pâte et pour la fabrication de panneaux de fibre et de particules a modifié l'économie de l'industrie des sciages 6. Quand il existe de tels débouchés, il peut être plus profitable, dans certaines circonstances, de réduire la production des sciages de qualité inférieure et d'accroître celle de résidus transformables en pâte. Toutefois, cela n'est faisable que s'il existe des débouchés pour les résidus. En outre, la préparation des résidus - généralement leur réduction en copeaux écorcés - exige un équipement approprié, d'où la nécessité de pouvoir compter sur un volume d'opérations minimum avant qu'il devienne rentable d'installer cet équipement. Ces conditions ne sont généralement pas remplies dans les nombreux pays où l'industrie des sciages est encore peu développée et n'est pas combinée avec d'autres industries du bois. En revanche, il existe souvent des débouchés locaux même pour les qualités de sciages les plus médiocres que peut donner une grume, et les résidus seront recherchés comme combustible. Le concept du rendement économique maximum dans l'industrie des, sciages ne peut donc être interprété que dans le contexte global - coût de la matière première, rendement en produits transformés et situation du marché - où opère une scierie ou un secteur déterminé de l'industrie.

6 On examinera plus en détail l'utilisation des résidus dans des sections ultérieures de ce chapitre.

Coût et productivité de la main-d'œuvre

La production par heure d'ouvrier varie beaucoup dans l'industrie des sciages, aussi bien d'un pays à l'autre qu'à l'intérieur d'un même pays suivant les types de scieries et les essences considérées. La main-d'œuvre nécessaire pour produire un mètre cube peut aller de 2 à 3 heures d'ouvrier dans les scieries fortement mécanisées de pays tels que la Finlande et la Suède à plus de 100 heures dans les petites scieries de certains pays africains. Encore une fois, la productivité peut varier suivant le type de grume, que l'on considère sa dimension ou le type de bois. En Yougoslavie par exemple, pour découper un mètre cube de feuillus, il faut de 8 à 55 heures d'ouvrier, contre 6 à 29 heures d'ouvrier seulement pour un mètre cube de résineux. Approvisionnées en lots de grumes plus homogènes, les scieries produisant des sciages de conifères offrent de meilleures possibilités de mécanisation et d'économie de main-d'œuvre que celles qui produisent des sciages de feuillus. Puisque la productivité de la main-d'œuvre varie si largement, il est évident que ce ne sont pas seulement les salaires mais plutôt les coûts de la main-d'œuvre par unité produite qui jouent un rôle important quand on considère l'élément «main-d'œuvre» des coûts de production. En d'autres termes, la variabilité tant de la productivité que des salaires se réflète dans l'incidence du coût de la main-d'œuvre sur le coût de production total.

L'emploi de machines nouvelles et améliorées accroîtra la productivité, mais une grande partie des ouvriers d'une scierie ne travaillent pas aux scies. Le triage et la manipulation du bois entraînent une dépense de main-d'œuvre considérable et des économies de personnel pourraient être réalisées dans ces deux activités. Les dispositifs de triage mécanique ainsi que les transporteurs à fourche, les grues, les chariots enjambeurs, les gerbeuses automatiques et autres dispositifs analogues de manutention ont tous été introduits dans l'industrie des sciages pour accroître la productivité.

Toutefois, l'utilisation d'un équipement quelconque n'est rentable que si le volume de la production suffit à assurer son utilisation efficace, et de nombreuses scieries sont trop petites pour remplir cette condition. Quand la main-d'œuvre coûte de plus en plus cher, les petites scieries sont donc nettement désavantagées par leur inaptitude à employer un équipement réduisant les besoins de personnel. Cependant, dans les parties du monde où la main-d'œuvre reste bon marché, les avantages de la mécanisation et de l'automation, sur le plan de la concurrence, semblent devoir être moins décisifs et les petites scieries se trouveront sans doute en meilleure posture pour rester un élément viable de l'industrie.

Economies d'échelle

Il existe des économies d'échelle dans l'industrie des sciages, mais elles sont rarement aussi déterminantes que dans les autres industries du bois, en partie à cause de la nature de l'équipement utilisé et en partie à cause de majorations de dépenses qui annulent leur effet. La plupart des économies d'échelle sont de nature secondaire, comme il a été indiqué plus haut, et se rattachent à la nécessité de donner une dimension minimum aux scieries pour permettre l'utilisation rentable du matériel de préparation des résidus et d'un équipement économisant la main-d'œuvre. Les économies d'échelle, ne tendent donc à être importantes que dans les pays où il existe des débouchés pour les résidus et où il faut comprimer les dépenses de personnel.

Dans les pays développés à salaires élevés, on a amélioré sensiblement la rentabilité des entreprises en accroissant le volume moyen de la production par divers expédients: par exemple, fusionnement et regroupement d'entreprises et modification de l'équipement. Ces transformations se sont généralement accompagnées d'une diminution du nombre des scieries. Au Canada par exemple, 1200 scieries ont disparu entre 1953 et 1958 et le nombre des travailleurs a diminué d'un quart, tandis que la productivité globale a augmenté de 5,5 pour cent et la productivité par heure d'ouvrier de 30 pour cent environ. Dans les cas où de grandes scieries ont considérablement amélioré leur efficacité et leur productivité, les petites entreprises ont eu du mal à soutenir leur concurrence. En d'autres termes, même dans les pays où le volume de la production n'a guère changé, la structure s'est sensiblement modifiée, les grandes scieries plus modernes se développant aux dépens de entreprises plus petites qui emploient plus de main-d'œuvre.

En U.R.S.S. et dans les pays d'Europe orientale à économie centralement planifiée, on a récemment édifié ou projeté de construire quelques très grandes scieries. En Roumanie, par exemple, les scieries faisant partie des nouveaux grands complexes industriels (combinats) utilisateurs de bois ont une production annuelle de 100000 à 200000 m³ Ce genre de réalisation est toutefois peu fréquent dans le reste du monde. En règle générale, rares sont les économies d'échelle qu'on peut obtenir en portant la capacité de production à plus de 20000 m³ Les scieries de plus grande taille devront souvent faire face à des majorations de dépenses sous forme d'une augmentation du coût du ravitaillement en bois et des frais de transport et de commercialisation. Les grandes scieries sont donc généralement confinées aux secteurs de l'industrie des sciages qui alimentent les marchés d'exportation et sont habituellement situées dans des zones fortement boisées.

Mise au point de nouveaux produits et commercialisation

L'industrie des sciages rencontre certaines difficultés d'écoulement et, dans beaucoup de régions, elle doit s'attendre à une augmentation très lente ou même à un recul de la demande. (Jette situation résulte de la concurrence des nouveaux produits à base de bois ou d'autres matériaux qui se trouvent mieux placés sur le marché parce qu'ils coûtent moins cher, tout en s'adaptant mieux aux utilisations modernes.

Si l'industrie des sciages supporte moins bien cette concurrence, c'est en grande partie parce que, à cause de sa structure même, elle n'a consacré, dans le passé, qu'une faible partie de ses recettes à des recherches systématiques sur la mise au point de procédés ou de produits nouveaux ou améliorés ou sur le développement et l'amélioration de sa structure commerciale. Les programmes de recherche et de développement exigent des mises de fonds importantes que seules peuvent se permettre les grandes entreprises, les coopératives ou l'Etat. Certains des problèmes de commercialisation sont liés au pouvoir d'adaptation relativement faible des sciages eux-mêmes: les modes de production ou d'utilisation des sciages sont limités. En général, les consommateurs ont le choix entre une gamme étroite de produits sciage qu'ils doivent adapter eux-mêmes à leurs besoins. Il arrive souvent que les problèmes de commercialisation scient encore amplifiés, spécialement dans les pays en voie de développement, par l'absence de normalisation des produits.

Bien souvent, de grandes scieries ou des groupes de scieries placés sous une direction commune ont néanmoins entrepris des programmes très actifs pour mettre au point des produits nouveaux ou améliorés. Dans d'autres cas, les associations commerciales ou les coopératives ont procuré, en matière d'analyse du marché et de promotion des ventes, certains des avantages dérivant normalement de la grande dimension des entreprises. Ces efforts ont permis d'améliorer les produits à divers égards, par exemple: traitements préservateurs plus efficaces, y compris la mise au point de traitements ignifuges, amélioration des normes de classement par qualité et application plus efficace de celles-ci. Les sciages ont aussi reçu certaines applications nouvelles ou améliorées intéressantes: plates-formes en sciages pour l'utilisation dans les nouveaux systèmes de manutention, fermes de combles construites en sciages 7, poutres et cintres en sciages lamellés. Dans les secteurs plus avancés de l'industrie, on a aussi noté une nette tendance vers une intégration du stade suivant de la transformation, pour obtenir un produit plus fini et mieux adapté aux exigences du marché. La commercialisation des sciages a accompli un progrès important avec la mise au point du système des emballages cerclés, qui réduit sensiblement les frais de manutention.

Toutefois, comme ces améliorations ne présentent habituellement un intérêt économique que si de grosses masses de sciages entrent en jeu, elles ont été généralement limitées à un petit nombre de gros pays producteurs et confinées à quelques secteurs de l'industrie des sciages, dans chacun de ces pays. Face à la stagnation relative de la demande de sciages, ces améliorations ont jusqu'à présent eu l'effet d'accélérer la tendance à l'élimination des petites entreprises employant beaucoup de main-d'œuvre par de grosses scieries mécanisées plutôt que d'accroître le volume total de la production de sciages.

Conclusion

L'industrie des sciages reste la plus importante et la plus diversifiée des industries primaires du bois. Toutefois, son expansion a été très limitée récemment. Sa structure extrêmement fragmentée et les petites entreprises qui la composent en grande partie tendent à n'être adaptées qu'à la situation de l'industrie à sa naissance: petits marchés locaux, matière première bon marché et faible coût de la main-d'œuvre. Ces conditions se rencontrent encore dans une grande partie du monde. Toutefois, dans les pays avancés à coût de production élevé, qui sont les principaux producteurs mondiaux de sciages, l'augmentation rapide des prix de revient et l'intensification de la concurrence d'autres matériaux se prêtant mieux à des usages divers exercent une forte pression sur l'industrie des sciages. Elle se détend en mécanisant la production, en améliorant et en diversifiant ses produits, en faisant une publicité active pour les vendre et en cherchant des débouchés pour ses résidus. Ces nouvelles orientations exigent la création de scieries de plus grande dimension, plus fortement équipées et mieux intégrées dans les autres industries du bois. Toutefois, ces progrès n'ont encore été introduits que dans des secteurs limités de l'industrie des sciages et, même dans ce cas, il est rare que ces améliorations s'appliquent depuis bien longtemps.

Panneaux dérivés du bois


La production et son évolution
Aspects économiques de la production
Conclusion


Les trois principaux groupes de panneaux dérivés du bois sont le contre-plaqué, les panneaux de fibre et les panneaux de particules. Les placages et les panneaux lattés sont compris avec les contre-plaqués, et l'on distingue généralement, parmi les panneaux de fibre, les panneaux comprimés et les panneaux non comprimés.

Les placages sont obtenus par déroulage ou tranchage des grumes en feuilles minces; le contre-plaqué est produit par le collage d'au moins trois feuilles de placage, le fil de chaque pli étant perpendiculaire à celui des plis voisins. Les panneaux de fibre comprimés sont fabriqués en formant sous pression des plaques de fibre de bois, généralement (mais pas toujours) obtenues par défibrage mécanique. Les fibres sont à peu près les mêmes pour les panneaux non comprimés, mais la plaque est obtenue sans pression et le panneau fini est relativement épais et mou. Les panneaux de particules sont également un matériau en feuilles, formé, dans ce cas, par l'agglomération de copeaux de bois sous pression et avec un liant.

7 L'économie de matériaux réalisée dans la construction grâce à cette utilisation et à d'autres usages des sciages a naturellement contribué à freiner l'augmentation du volume total utilisé. Toutefois, en permettant aux sciages de mieux supporter la concurrence des autres matériaux cette utilisation plus rationnelle des sciages devrait, à là longue, accroître la demande dont ils font l'objet.

La production et son évolution

Pour les trois grands types de panneaux dérivés du bois, la production monte en flèche depuis 1950; presque aucune autre industrie forestière ne se développe aussi rapidement. Le tableau IV-4 montre l'essor de la production annuelle moyenne de 1950-52 à 1963. Signalons que, pour les divers types de panneaux, l'expansion est loin d'être la même dans les différentes régions du monde, comme l'indique le tableau IV-5.

TABLEAU IV-4. - PRODUCTION MONDIALE ENREGISTRÉE DE PANNEAUX DÉRIVÉS DU BOIS 1, 1950-52 A 1963


1950-52

1955-57

1960-62

1963

Pourcentage d'augmentation 1956 à 1961

Contre-plaqué (milliers de m³)

6800

11302

16840

20208

49

Panneaux de fibre (milliers de tonnes)

2203

3304

4620

5321

40

Panneaux de particules (milliers de tonnes)

39

562

2308

3569

318

¹ A l'exclusion des placages non utilisés pour la production de contre-plaqué.

CONTRE-PLAQUÉ

La production mondiale enregistrée de contre-plaqué s'est accrue d'environ 148 pour cent de 1951 à 1961, atteignant 16,8 millions de m³ à cette date et 20,2 millions de m³ en 19638. Pendant toute la période envisagée, les Etats-Unis ont produit plus de la moitié du contre-plaqué mondial, mais l'accroissement de leur production, soit environ 5 millions de m³, porte en totalité sur des contre-plaqués de résineux - qui sont des panneaux de construction rigides et épais - tandis que la production de contre-plaqués de feuillus a diminué. En revanche, le Japon (deuxième producteur mondial en 1960-62) fabrique presque exclusivement du contre-plaqué de feuillus. La production japonaise s'est développée très vite et représentait en 1960-62 le dixième du total mondial, notamment grâce au développement rapide des exportations de contre-plaqués de feuillus, surtout en direction des Etats-Unis.

8 Ces statistiques de la production de contre-plaqué comprennent les panneaux lattés.

En Europe, l'essor marqué de la production (qui en 196062 représentait 17 pour cent du total mondial) repose pour beaucoup sur les importations de grumes de feuillus tropicaux qui assurent - comme elles le font pour l'industrie japonaise - une grande partie de l'approvisionnement en matières premières de plusieurs industries d'Europe occidentale. Par comparaison, l'expansion a été relativement modeste en U.R.S.S. pendant les dix années envisagées: la production de contre-plaqué s'est accrue de 85 pour cent entre 1951 et 1961 et atteignait 1,4 million de m³ en 1960-62. Au Canada, elle s'est développée considérablement, s'accroissant en moyenne de 13 pour cent par an pour atteindre 1,1 million de m³ en 1960-62.

Dans le reste du monde, c'est sans doute en Asie du Sud-Est et en Afrique occidentale, principales régions exportatrices de grumes de feuillus pour placages, que l'on enregistre les progrès les plus notables: aux Philippines, la production de contre-plaqué a augmenté rapidement, passant de 14 000 à 354 000 m³ entre 1951 et 1963, tandis qu'en Afrique occidentale elle passait de 24 000 à 132 000 m³. En Asie orientale aussi (Japon non compris), elle s'est accrue rapidement à un taux annuel de quelque 30 pour cent, atteignant 232 000 m³ en 1963. Les fabriques d'Asie orientale utilisent surtout, comme celles du Japon, des grumes d'importation 9.

9 La production de placages est également assez élevée et s'accroît rapidement dans ces régions. Ainsi, en 1960-62, les Philippines ont exporté 57000 m³ de placages, soit trois fois leurs exportations de 1955-57.

TABLEAU IV-6. - PRODUCTION ENREGISTRÉE DE CONTRE-PLAQUÉ, DE PANNEAUX DE FIBRE ET DE PANNEAUX DE PARTICULES, PAR RÉGION, 1950-52 A 1963 1

 

Production

Taux annuel moyen de variation

1950-52

1955-57

1960-62

1963

1951 61

1956-61

CONTRE-PLAQUÉ

Milliers de m³

Pourcentage

Europe

1478

2035

2798

3250

6,6

6,5

U.R.S.S.

769

1109

1423

1544

6,3

5,1

Amérique du Nord

3990

6658

9769

11783

9,3

8,0

Amérique latine

142

217

324

337

9,1

8,3

Afrique

33

85

133

164

14,9

9,3

Asie et Pacifique

388

1198

2393

3130

19,9

14,9

TOTAL MONDIAL

6800

11302

16840

20208

9,5

8,3

PANNEAUX DE FIBRE

Milliers de tonnes



Europe

770

1300

1935

2233

9,6

8,3

U.R.S.S.

24

71

269

349

27,3

30,5

Amérique du Nord

1298

1670

1886

2133

3,8

2,5

Amérique latine

14

46

106

126

22,4

17,8

Afrique

13

55

68

79

18,0

4,4

Asie et Pacifique

84

162

356

401

15,5

17,1

TOTAL MONDIAL

2203

3304

4620

5321

7,6

7,0

PANNEAUX DE PARTICULES







Europe

27

372

1594

2494

50,5

33,7

U.R.S.S.

-

..

167

280

2

..

Amérique du Nord

12

167

420

617

42,7

20,3

Amérique latine

-

5

31

52

2

45,1

Afrique

-

10

7

5

2

7,0

Asie et Pacifique

-

8

89

121

2

60,0

TOTAL MONDIAL

39

562

2308

3569

50,4

32,7

1 Voir aussi tableau annexe IV-B.
² La production régionale a commencé après 1960-52.

PANNEAUX DE FIBRE

La production globale enregistrée de panneaux de fibre s'est accrue de 111 pour cent en dix ans, pour atteindre 4,6 millions de tonnes en 1960-62, mais l'évolution est très différente pour les panneaux comprimés et les panneaux non comprimés. La production mondiale enregistrée de panneaux de fibre comprimés (2,9 millions de tonnes par an en 1961) s'est accrue de 180 pour cent de 1951 à 1961, tandis que celle des panneaux non comprimés (1,7 million de tonnes en 1961) ne s'est accrue que de 50 pour cent. L'Europe, avec une production de 1,5 million de tonnes, est le principal producteur de panneaux comprimés; elle a produit 53 pour cent du total mondial en 1960-62 et sa part de l'accroissement de la production mondiale pendant les dix années précédentes atteint 54 pour cent. Dans l'autre grande région productrice, l'Amérique du Nord, la production s'est aussi accrue considérablement, augmentant de 97 pour cent pour atteindre 770 000 tonnes en 1960-62; à cette région revient 20 pour cent de l'accroissement de la production mondiale de panneaux de fibre comprimés. En U.R.S.S. et au Japon, la production est encore faible mais s'accroît rapidement. Elle se développe aussi très vite dans beaucoup de régions en voie de développement, notamment au Brésil, en Asie insulaire du Sud-Est et en Afrique du Sud.

L'Amérique du Nord fabrique environ les deux tiers des panneaux de fibre non comprimés produits dans le monde mais, comme on le signale au chapitre II, sa consommation n'augmente pas et sa production ne s'est guère accrue au cours des dix années envisagées; ce n'est qu'en U.R.S.S. et en Europe orientale que l'on enregistre une augmentation d'une certaine importance.

PANNEAUX DE PARTICULES

En 1950-52, l'industrie des panneaux de particules naissait à peine. En 1955-57, seules l'Europe et l'Amérique du Nord en fabriquaient des quantités notables et la production mondiale enregistrée ne s'élevait qu'à 600000 tonnes. En 1960-62, elle atteignait 2,3 millions de tonnes et en 1963, 3,6 millions de tonnes, ce qui suppose un taux moyen annuel de croissance de 33 pour cent depuis 1956. En 1961, l'Europe produisait environ 70 pour cent du total mondial et l'Amérique du Nord environ 20 pour cent. Mais cette industrie se diffuse maintenant dans le reste du monde et se développe particulièrement vite (elle s'est accrue d'environ 60 pour cent entre 1961 et 1963) en U.R.S.S. (8 pour cent de la production mondiale en 1963).

Aspects économiques de la production

CONTRE-PLAQUÉ ET PLACAGES

Dans beaucoup de régions du monde l'industrie du contre-plaqué n'est pas caractérisée par une densité particulièrement forte d'utilisation du capital. Elle exige des investissements généralement plus élevés que la scierie mais beaucoup plus faibles que la fabrication de pâte et de papier, et qui peuvent varier beaucoup selon le type de matière première et de produit. Le capital investi par mètre cube de production peut également varier beaucoup selon la capacité de l'usine.

Le principal facteur économique qui joue dans l'industrie du contre-plaqué est le coût de la matière première. Cette fabrication est traditionnellement plus exigeante que toute autre industrie forestière sur la qualité du bois, et recherche autant que possible des grumes de grands diamètres, de haute qualité et de belle forme, présentant les propriétés voulues pour le déroulage, l'encollage et les finitions et des caractères esthétiques et techniques satisfaisants.

Depuis quelques années, on fait des progrès dans l'utilisation d'espèces nouvelles et l'emploi des contre-plaqués se développe surtout pour les qualités courantes fabriquées avec des matières premières répondant à des normes moins strictes.

Les broches télescopiques et d'autres progrès techniques permettent désormais de dérouler des essences qui n'existent qu'en petits diamètres, élargissant ainsi la gamme des matières premières utilisables.

En Europe, on emploie depuis un certain temps déjà des grumes de petit diamètre. Ainsi, dans l'importante industrie finlandaise du contre-plaqué de bouleau, le diamètre moyen des grumes de placage n'est que de 23 cm. Mais, avec des grumes minces, le rendement en volume est faible et il faut plus d'heures de travail par mètre cube de produit. L'avantage provient du bas prix de la matière première.

Le progrès de l'utilisation des grumes de petit diamètre pour le contre-plaqué s'explique par l'augmentation du coût franco usine des grumes de grande dimension et de haute qualité. Mais, pour l'essentiel, la production mondiale reste tributaire des quelques essences conformes aux normes de dimension et de qualité énoncées plus haut. Les chiffres ci-dessous donnent la proportion approximative des principaux groupes d'essences utilisés:


%

Sapin Douglas

47

Bouleau 10

13

Groupe des lauan 11

9

Hêtre

3

Okoumé

3

Bois divers

25

10 Y compris l'aulne en U.R.S.S. Il
11 Y compris Shorea spp. et Hopea spp.

En raison des normes assez rigoureuses pour le bois utilisé, les modalités d'approvisionnement influencent beaucoup le développement de l'industrie, conditionnant tant son importance et son taux de croissance que son emplacement et sa structure. Le tableau IV-6 indique la dimension moyenne et le nombre des usines dans la plupart des grandes régions productrices. La dimension des usines dépend étroitement des possibilités d'approvisionnement économique en matière première, les grandes fabriques exigeant des quantités considérables de grumes uniformes. Dans beaucoup de grandes usines, cet approvisionnement dépend de plus en plus des importations, de sorte que l'industrie se développe surtout à proximité des ports. L'importation des matières premières et l'exportation des produits finis ont une grande importance pour l'industrie du contre-plaqué et des placages, et jouent un grand rôle dans le choix de ses emplacements. En dehors de l'Amérique du Nord et de l'U.R.S.S., les exportations absorbent 24 pour cent de la production mondiale de contre-plaqué, qui dépend des grumes d'importation pour 43 pour cent des matières premières employées. Le tableau IV-7 indique la mesure dans laquelle la production des principales zones est tributaire des importations de matières premières.

TABLEAU IV-6 - NOMBRE ET DIMENSION MOYENNE DES FABRIQUES DE CONTRE-PLAQUÉ DANS CERTAINS PAYS


Nombre des fabriques

Production moyenne par fabrique

Anne de référence

Canada - Etats-Unis

Contre-plaqué de feuillus

164

15700

1961

Contre-plaqué de résineux

150

49800

1961

Finlande

24

16300

1960

France

44

7840

1959

Allemagne, Rép. féd. d'

124

4010

1959

Suède

20

3000

1959

Argentine

34

1100

1960

Mexique

9

4300

1960

Brésil

13

4300

Fin des années 50

Afrique du Sud

2

3500

1960

Japon

217

5900

1960

Australie

50

2100

1961

SOURCE: FAO. Plywood and other wood-based panels Rome, 1965.

1 Capacité de production.

Sans que les techniques de fabrication du contre-plaqué aient connu des progrès révolutionnaires, la productivité s'est beaucoup accrue ces dernières années dans les usines modernes. La capacité des dérouleuses a beaucoup augmenté, le rendement en volume s'est accru, les machines sont plus rapides, les temps de séchage sont réduits et, avec la mécanisation et l'automation, les méthodes de jointage, d'assemblage, de pressage et de finition se perfectionnent rapidement.

Les progrès sont surtout notables dans les industries travaillant pour l'exportation et, aux Etats-Unis, dans le secteur du contre-plaqué de feuillus, où l'uniformité de la matière première facilite la mécanisation et où le grand volume de la production permet d'utiliser avec profit un matériel moderne. Là, pour profiter des améliorations, les usines, tendent nettement à devenir plus grandes. Entre 1950 et 1960 la dimension moyenne des fabriques de contre-plaqué de résineux aux Etats-Unis s'est accrue d'environ 50 pour cent, la capacité des nouvelles usines étant de l'ordre de 50 000 m³ par an. Au Japon, le nombre des usines est inférieur d'environ un tiers à ce qu'il était juste avant 1950, alors que la production totale augmente rapidement: la production moyenne augmente par conséquent encore plus vite ¹². En Finlande, pays gros producteur et exportateur, le rendement de la main-d'œuvre s'est accru d'environ 30 pour cent entre 1950 et 1960.

12 Signalons également qu'au Japon, où la capacité moyenne de l'ensemble des fabriques de contre-plaqué est de 5 900 m³ la production annuelle de fabriques travaillant pour l'exportation est comprise entre 8 000 et 90 000 m³

Lorsque l'industrie du contre-plaqué dessert surtout le marché intérieur, il y a moins de pressions qui poussent à réaliser les économies d'échelle possibles. Dans des pays aussi avancés sur le plan technique et économique que la Suède ou la République fédérale d'Allemagne, la production moyenne des usines en 1959 n'était respectivement que de 3 000 et 4 000 m³ par an. Souvent, ces usines dépendent des matières premières nationales dont la quantité est limitée et les marchés qu'elles desservent sont petits et souvent spécialisés. Mais les grumes se font rares, le coût de la main-d'œuvre monte et les autres types de panneaux exercent une concurrence redoutable: ces trois facteurs ne pourront que favoriser de plus en plus la mécanisation et, par conséquent, les grandes usines. Déjà beaucoup de petites usines européennes semblent n'être pas compétitives, en raison de leur taille insuffisante.

Les petites usines continueront sans doute à jouer un rôle dans les pays riches en bois et où les salaires sont bas; cependant, en Amérique latine, région où l'industrie du contre-plaqué est caractérisée par de très nombreuses usines de très petites dimensions, des difficultés se manifestent déjà. Le coût de la main-d'œuvre augmente, les matières premières économiquement disponibles pour les usines existantes deviennent moins abondantes, la colle coûte cher et, à cause de sa qualité irrégulière, le contre-plaqué ne jouit pas toujours de la confiance des consommateurs: sous l'effet de ces facteurs la production a diminué dans certains pays, notamment en Argentine, où elle est passée de 44000 m8 en 1960 à 35000 m³ en 1964, et au Chili, où entre 1950 et 1964, elle a baissé de 5000 m³, passant de 11000 à 6300 m³

TABLEAU IV-7. - PLACE DES IMPORTATIONS DE GRUMES DANS L'INDUSTRIE DU CONTRE-PLAQUÉ DE QUELQUES RÉGIONS ET PAYS, 1960

 

Volume total de la matière première bois(en équivalent de bois rond)

Pourcentage de grumes importées ¹

Milliers de m³ ®

Europe

6500

34

Dont:



France ²

805

76

Allemagne, Rép. féd. d' 3

956

55

U.R.S.S.

3900

-

Amérique du Nord

19700

1

Asie

4300

63

Dont:



Japon

3250

84

Région du Pacifique

350

43

SOURCE: FAO. Plywood and other wood-based panels Rome, 1965.

¹ Estimation du Secrétariat de la FAO
2 France. Ministère de la Coopération. Etude du marché, des bois tropicaux, p. F 79.
3 Ibid., P. D 30.

Dans la fabrication du contre-plaqué, le rendement de la matière première est assez bas, les pertes de fabrication s'élevant à 50 ou 70 pour cent (40 à 60 pour cent pour les placages) du volume. Si l'on ne trouve pas de débouchés économiques pour les résidus, le coût unitaire de la production risque de monter en flèche quand la distance de transport des grumes s'accroît 13.

13 On peut signaler à ce propos la tendance à produire, dans des usines non intégrées, des placages verts ou secs qui sont ensuite expédiés aux fabriques de contre-plaqué. Ces fabriques de placages n'exigent que des investissements réduits et peuvent fonctionner avec un approvisionnement de grumes limité. Comme une grande partie de l'industrie mondiale est fortement tributaire des matières premières d'importation, ce système présente un double avantage: il est plus économique de transporter les placages que les grumes, car les déroulages pèsent moins lourd et occupent moins de place et il est plus facile d'entreprendre une production de placages qu'une production de contre-plaqué dans les pays en voie de développement riches en grumes de placage.

Même dans les pays tropicaux qui exportent des grumes de placage, l'approvisionnement devient plus difficile. Le coût de grumes importées en Europe augmente rapidement.

Panneaux lattés

Il faut également mentionner la production de panneaux lattés, comptés dans les statistiques avec le contre-plaqué, bien que le procédé de fabrication en soit tout à fait différent 14. Les panneaux lattés peuvent fort bien être produits dans de petites usines employant beaucoup de main-d'œuvre; leur fabrication n'exige qu'un matériel réduit et convient aux premiers stades du développement, où les capitaux et le personnel qualifié sont rares. Un processus continu de fabrication mécanisée mis au point récemment devrait leur permettre de rester compétitifs même dans les pays développés.

14 Le tableau IV-8 indique que le développement de la production de panneaux lattés a été très rapide dans la plupart des rares pays d'Europe pour lesquels on dispose de données.

TABLEAU IV-8. - ACCROISSEMENT DE LA PRODUCTION DE PANNEAUX LATTÉS DANS CERTAINS PAYS D'EUROPE

 

Production (années entre parenthèses)

Taux annuel moyen croissance de pour la période indiquée

Milliers de m³

Finlande

30

1130

14,3


(1951)

(1962)


France

40

89

22,1


(1954)

(1958)


Allemagne, Rép. féd. d'

165

282

8,0


(1952)

(1959)


Tchécoslovaquie

86,4

111,2

4,3


(1953)

(1959)


Roumanie

6,8

17,9

14,6


(1951)

(1958)


Yougoslavie

18,0

69,5

40,2


(1957)

(1961)


SOURCE: FAO. Plywood and other wood-based panels, Rome, 1965.

1 Estimations.

PANNEAUX DE FIBRE ET PANNEAUX DE PARTICULES

Plusieurs facteurs expliquent l'expansion rapide des industries des panneaux de fibre et de particules: pénurie de matière première pour les articles en bois massif, fabrication relativement peu coûteuse, possibilité d'obtenir une qualité uniforme à partir de matières premières de basse qualité et enfin meilleure utilisation du bois disponible du fait que l'on peut tirer parti des rondins de petits diamètres et des résidus d'autres industries forestières (notamment scieries et fabriques de contre-plaqué).

La proportion des résidus et des bois ronds utilisés par chaque industrie varie beaucoup d'une région à l'autre, comme l'indique le tableau IV-9. On peut constater la part des résidus dans la fabrication des panneaux de particules et des panneaux de fibre est loin d'être la même en Amérique du Nord et en Europe. Pour les panneaux de fibre, les résidus constituent 59 pour cent de la matière première en Europe et 14 pour cent en Amérique du Nord. Cela tient surtout à ce que l'Europe est pauvre en bois rond et désavantagée en ce qui concerne les coûts de production, tandis qu'en Amérique du Nord c'est l'inverse qui est vrai. Au contraire, pour les panneaux de particules, 74 pour cent des matières premières sont des résidus de bois en Amérique du Nord, tandis qu'en Europe cette proportion n'est que de 37 pour cent: la principale raison de ce contraste est que les résidus des scieries et des fabriques de contre-plaqué d'Amérique du Nord peuvent donner des flocons ou particules de haute qualité excellents pour les panneaux de particules, tandis que les grumes courantes traitées dans les scieries européennes, plus petites, produisent des résidus qui conviennent moins bien à cet usage. En outre, l'industrie des panneaux de particules est avantagée par rapport à celle des panneaux de fibre dans la concurrence pour se procurer les rondins de petits diamètres: c'est encore là une raison qui explique que cette matière première soit plus utilisée en Europe qu'en Amérique. Comme l'indique le tableau IV-9, une grande partie (33 pour cent) de la matière première employée pour la fabrication de panneaux de particules en Amérique du Nord consiste en matières premières fibreuses autres que le bois, essentiellement de la bagasse provenant du sud-est des Etats-Unis.

TABLEAU IV-9. - MATIÈRES PREMIÈRES POUR LA FABRICATION DE PANNEAUX DE FIBRE ET DE PARTICULES, 1960

 

Bois rond

Résidus de bois industriel

Autres matières premières fibreuses

Milliers de m³

Pourcentage du total ¹

Milliers de m³

Pourcentage du total 1

Milliers de tonnes

Pourcentage du total ¹

PANNEAUX DE FIBRE







Europe

1740

40

2580

59

20

1

Amérique du Nord ²

2740

53

650

14

720

33

Asie

160

65

40

14

30

21

Autres régions 3

620

69

240

27

20

4

Total

5260

48

3510

35

790

17

PANNEAUX DE PARTICULES







Europe

1480

49

1120

37

250

14

Amérique du Nord

200

26

580

74

-

-

Asie

90

67

50

33

..

..

Autres régions 3

70

80

20

20

..

..

Total

1840

45

1770

44

250

11

SOURCE: FAO. Plywood and other wood-based panels. Rome, 1965.

1 Pourcentage du total de matière première fournie (en poids).
² Chiffres relatifs aux Etats-Unis: conversions de tonnes de matières premières fibreuses.
3 Non compris l'U.R.S.S.

Les industries des panneaux de fibre et de particules se trouvent en concurrence, pour la plupart des matières premières employées, avec l'industrie de la pâte et du papier. Elles ont l'avantage d'être rentables avec des approvisionnements moins importants et de pouvoir utiliser des matières premières de moins bonne qualité, mais doivent cependant faire face dans beaucoup des grands pays producteurs à une concurrence croissante pour les matières premières, de sorte que les coûts tendent à monter. Dans ces industries, comme dans les autres industries forestières, on s'attache donc à réduire ou limiter les autres coûts.

Dans l'industrie des panneaux de fibre, la densité d'utilisation du capital est relativement forte et les économies d'échelle sont assez importantes, mais lorsque les dimensions sont de l'ordre de celles des usines récentes dans les principaux pays producteurs, ce sont les économies réalisées sur la main-d'œuvre, l'administration et la commercialisation qui sont décisives. Comme l'indique le tableau IV-10 ces économies peuvent être considérables l5. La concurrence très vive qui règne dans cette industrie en Europe et en Amérique du Nord, et dont la cause principale est la surexpansion persistante de la capacité de production, accentue la nécessité de réaliser pleinement les économies d'échelle. Ainsi que le montre le tableau IV-12, en Europe, en Asie et en Amérique du Sud les fabriques construites de 1960 à 1964 sont en moyenne plus grandes que celles qui existaient avant 1960, tandis qu'aux Etats-Unis elles sont approximativement de la même dimension. Cela s'explique en partie par le fait que la dimension moyenne des usines aux Etats-Unis en 1960 (48400 tonnes) était un peu plus de deux fois ce qu'elle était en Europe; il y avait par conséquent moins de raisons de l'accroître encore, car l'essentiel des économies d'échelle est réalisé quand l'usine a atteint une dimension encore assez réduite.

15 Comme il ressort du tableau IV-11, la part des divers facteurs dans le coût total évolue dans le temps (en Suède, par exemple).

TABLEAU IV-10. - ECONOMIES D'ÉCHELLE DANS LA PRODUCTION DE PANNEAUX DE FIBRE EN SCANDINAVIE, 1962

Capacité de l'usine (tonnes par an)

4700

9400

18800

$/tonne

$/tonne

$/tonne

Bois

21,6

21,6

21,6

Produits chimiques

10,5

10,5

10,5

Energie électrique

5,0

5,0

5,0

Vapeur

10,8

10,8

10,8

Main-d'œuvre

35,2

19,4

11,2

Fournitures et matériel

4,6

2,8

2,3

Administration

6,8

3,4

1,8

Total

94,5

73,5

63,2

SOURCE: FAO. Plywood and other wood-based panels. Rome, 1965.

Comme il est normal, on trouve des usines relativement petites dans les régions en voie de développement où les marchés sont restreints et où la concurrence pour la matière première bois est moins marquée ou inexistante, ainsi que celle qu'exercent les autres types de panneaux, et où le coût de la main-d'œuvre est relativement faible. Dans les pays gros producteurs, il faut aussi établir une distinction entre les usines travaillant pour l'exportation et celles qui desservent le marché national. La concurrence se fait plus lourdement sentir dans les premières, imposant un maximum d'économie, et les usines tendent donc à être plus grandes.

TABLEAU IV - 11. - INDUSTRIE SUÉDOISE DES PANNEAUX DE FIBRE: EVOLUTION DES COÛTS DE PRODUCTION

 

Matières premières

Combustible acheté

Energie électrique acheté

Salaire du personnel administratif

Salaires de la main-d'œuvre

Coûts en pourcentage de la valeur des ventes

1947

38,4

8,1

2,9

2,1

13,8

1950

37,7

6,9

2,6

1,8

14,1

1951

43,4

6,4

3,3

1,4

11,5

1953

43,9

7,4

3,9

3,2

19,7

1955

39,5

7,9

3,7

2,7

16,8

1957

42,9

9,0

5,1

3,6

17,8

1960

39,4

6,3

5,3

3,9

18,4

1961

42,8

5,4

6,1

4,1

19,2

1962

40,8

4,6

6,5

4,3

17,9

SOURCE: Extrait d'un rapport spécial publié dans Kommersiella Meddelanden, Bureau du commerce (1954): 1,17. Tableau complété. Reproduit en partie de Fibreboard industry and trade. Stockholm, Defibrator AB, 1965, p. 61,

NOTE: Le coût de l'entretien et de l'amortissement des bâtiments, du matériel, des accessoires, du stock, les assurances, les impôts, les redevances et certains coûts sociaux ne sont pas communiqués. Les données ci-dessus ne permettent donc de tirer ´aucune conclusion sur les bénéfices, etc.

TABLEAU IV-12. - RÉPARTITION DES FABRIQUES DE PANNEAUX DE FIBRE SELON LEUR CAPACITÉ DE PRODUCTION: 1960 ET 1964

SOURCES: Fibreboard industry and trade. Stockholm, Defibrator AB, 1965. - FAO, Plywood and other wood-based panels. Rome, 1965.

L'industrie des panneaux de particules, à dimensions comparables, n'exige que des investissements inférieurs d'environ un tiers à ceux qui sont nécessaires pour les panneaux de fibre. Là encore les économies d'échelle sont appréciables, mais la dimension moyenne des usines est petite, comme l'indique le tableau IV-13 pour l'Europe. Cela tient en partie à ce que de nombreuses usines desservent des marchés auxiliaires; or, si elles ont des débouchés assurés ou des matières premières relativement bon marché, les petites usines peuvent être viables.

Mais ce qui explique surtout que les fabriques de panneaux de particules scient en moyenne si petites, c'est la nouveauté de cette industrie. Ces dernières années, avec les progrès techniques et le développement des marchés, la production moyenne des usines vendant sur le marché s'accroît dans les pays développés (voir au tableau IV - 14 les chiffres relatifs à la République fédérale d'Allemagne). La productivité s'accroît rapidement avec la dimension des usines, en partie parce qu'on a pu accélérer nettement les cycles de pressage et par conséquent accroître la production des machines existantes. En même temps, ont été mises au point des installations plus simples et plus économiques avec des presses à un seul étage, ce qui réduit la dimension minimum rentable des usines dans les nombreux cas où l'étroitesse du marché national et le faible coût de la matière première le justifient. Les possibilités qu'offre l'industrie des panneaux de fibre semblent résider surtout dans le fait qu'elle peut être compétitive même avec de petites usines et qu'elle peut employer des matières premières de basse qualité.

TABLEAU IV-13. - RÉPARTITION DES FABRIQUES DE PANNEAUX DE PARTICULES D'EUROPE OCCIDENTALE SELON LA CAPACITÉ DE PRODUCTION (19 PAYS) 1962

Capacité annuelle en m3

Nombre de fabriques

Pourcentage du nombre total de fabriques

0-10000

100

50

10-20000

53

26

20-30000

23

11

30-40000

10

5

40-50000

6

4

50 000 ou plus

6

4

SOURCE: FAO, Plywood and other wood-based panels. Rome, 1966,

TABLEAU IV-14. ESSOR DE L'INDUSTRIE DES PANNEAUX DE PARTICULES EN RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE D'ALLEMAGNE, 1954 A 1961


1954

1956

1958

1960

19611

Nombre de fabriques de panneaux de particules

28

44

58

66

69

Production (milliers de m³

97

280

525

875

1000

Production par fabrique (milliers de m3)

3,46

6,36

9,05

13,26

14,49

Nombre d'ouvriers

1020

2200

3100

3900

..

Production par ouvrier m³

95

127

170

224

..

SOURCES: Nations Unies/FAO. Consommation, production et commerce du bois en Europe, évolution et perspectives: nouvelle étude 1950-1975 New York, 1964.

1 Estimation du secrétariat de la FAO.

Conclusion

Pour les trois types de panneaux, les industries se développent rapidement depuis une dizaine d'années. C'est que de grands progrès techniques - amélioration des produits et perfectionnement des procédés de fabrication - leur ont permis de triompher dans la concurrence pour les marchés et les matières premières. Les panneaux, coûtant moins cher et répondant à des normes de qualité plus uniformes, se sont fait place non seulement sur de nouveaux marchés mais aussi sur ceux où régnaient autrefois les sciages. Les panneaux de fibre et de particules sont également favorisés par le grand choix des matières premières utilisables et par leur diversité, ainsi que par la facilité avec laquelle ils s'adaptent à l'évolution des besoins. La possibilité d'utiliser les résidus de bois produits par d'autres industries forestières et de tirer profit des rondins de petit diamètre et souvent de mauvaise qualité leur a assuré une situation favorable dans des pays où la matière première bois est rare et coûteuse et où l'on s'efforce de mieux utiliser le bois disponible. La dimension rentable des usines étant généralement petite, les industries des panneaux de fibre et de particules ont d'autre part pu prospérer et se développer malgré la concurrence croissante de l'industrie de la pâte et du papier pour la matière première bois. Quant à l'industrie du contre-plaqué, elle a elle aussi, malgré ses normes beaucoup plus rigides, su s'adapter à l'évolution du marché des matières premières, d'une part en élargissant la gamme des diamètres et des qualités qu'elle peut utiliser, et d'autre part en perfectionnant rapidement la structure et la productivité des usines de façon à absorber la hausse du coût des grumes.

Industrie de la pâte et du papier


La production et ses tendances
Besoins de fibres
Caractères économiques de l'industrie et économies d'échelle
Conclusion


La fabrication de la pâte et celle des papiers et cartons sont des processus bien distincts. Mais comme elles sont étroitement liées et souvent aussi matériellement intégrées, on les considère comme une seule et même industrie. Presque toute la pâte produite va à la fabrication de papiers et cartons, et, réciproquement, la pâte est la principale matière première utilisée pour la papeterie. Pour le montant des capitaux investis, les industries papetières se classent en tête des industries primaires du bois: en 1961, les capitaux utilisés s'élevaient à 38 milliards de dollars.

Il existe plusieurs procédés de fabrication de pâte et de nombreuses variétés de papier et de carton d'usages divers; aux fins de la présente étude, on les classe en quelques grands groupes généralement reconnus. Les catégories de papier adoptées ici coïncident avec celles du chapitre II: papier journal, autres papiers d'impression et d'écriture, et autres papiers et cartons. La plupart des papiers kraft se classent dans cette dernière catégorie, dont les papiers industriels représentent une part importante.

Environ les deux tiers de la production mondiale de pâte de bois sont fabriqués selon divers procédés chimiques, notamment le procédé au sulfate et le procédé kraft. Dans cette fabrication, la lignine est séparée de la cellulose, qui donne la pâte de bois, par un processus chimique. Les pâtes chimiques servent à fabriquer des qualités de papier très variées. La pâte mécanique se classe au second rang pour le volume de la production. Elle est produite par défibrage du bois, les fibres obtenues contenant encore toutes les parties constituantes du bois. On obtient de la sorte un rendement élevé en pâte (qui peut atteindre 96 pour cent en poids du bois employé). La pâte mécanique sert surtout à fabriquer le papier journal, pour lequel elle constitue normalement 70 à 90 pour cent de la fournitures 16.

16 La pâte mécanique sert à fabriquer les panneaux de fibre.

Un procédé intermédiaire, le procédé semi-chimique, est apparu assez récemment. La production de pâte semi-chimique est encore très faible mais s'accroît rapidement car, par rapport au procédé chimique, elle laisse plus de liberté sur le choix des matières premières, donne un rendement élevé de pâte et n'exige que des investissements relativement faibles par tonne de produit l7. Enfin, il existe une qualité de pâte toute particulière, la pâte à dissoudre, pâte chimique hautement purifiée, qui se dissout dans des produits chimiques tels que les acétates. Elle sert surtout à fabriquer des textiles (fil d'acétate et de rayonne, fibranne et toile pour pneumatiques).

17 On étudiera séparément le procédé semi-chimique, mais ans les statistiques la production de pâte semi-chimique est classée avec celle de pâte chimique, car beaucoup de pays ne font pas de distinction entre l'une et l'autre.

La production et ses tendances

PÂTE DE BOIS

La production enregistrée de pâte de bois dans le monde s'est élevée à environ 62,3 millions de tonnes en 1960-62, soit 73 pour cent de plus qu'en 1950-52 et 28 pour cent de plus qu'en 1955-57. Comme il ressort du tableau IV-15, la pâte de bois chimique représente 70 pour cent du total en 1961, et la pâte mécanique 30 pour cent. La production de pâte chimique s'est accrue d'environ 33 pour cent entre 1956 et 1961, tandis que pour la pâte mécanique cette augmentation n'a été que de 17 pour cent. Fait qui n'apparaît pas dans les statistiques de production, la production de pâte semi-chimique à haut rendement a augmenté rapidement; cette tendance sera étudiée plus en détail par la suite.

La production de pâte de bois est fortement concentrée dans un petit nombre de pays. Les Etats-Unis et le Canada (qui ont produit au total 34,8 millions de tonnes en 1961) fournissent plus de la moitié de la production mondiale. La Finlande, la Suède et le Japon produisent encore 20 pour cent du total mondial. Les régions développées - Europe, U.R.S.S., Amérique du Nord, Japon - représentent ensemble plus de 95 pour cent de la production totale.

TABLEAU IV-15. - PRODUCTION ENREGISTRÉE DE PÂTE DE BOIS DANS LE MONDE, PAR CATÉGORIE, 1956-61

 

Production mondiale

Accroissement en pourcentage

Pourcentage de la production mondiale totale

1956

1961

1956 à 1961

1956

1961

Milliers de tonnes

Chimique

32669

43612

33

67

70

Mécanique

15965

18696

17

33

30

Total

48634

62308

28

100

100

Comme il ressort du tableau IV-16, le taux d'expansion varie beaucoup selon les types de pâte et les régions. La production mondiale enregistrée de pâte de bois s'est accrue en moyenne de 5,6 pour cent par an entre 1951 et 1961. Parmi les principaux pays producteurs, c'est le Japon qui a connu l'essor le plus rapide; la production a augmenté en moyenne de 15 pour cent par an, passant, entre 1951 et 1961, d'environ 1 million à environ 4 millions de tonnes. Avec le plus faible taux moyen annuel de croissance - 4,4 pour cent - l'Amérique du Nord enregistre cependant la plus forte augmentation du volume absolu de la production annuelle: cet accroissement, qui atteint quelque 12 millions de tonnes, n'est inférieur que de 5 millions de tonnes à la production totale de l'Europe en 1961; il représente le triple de la production du Japon à la même date. Quant aux autres régions, l'industrie soviétique marque me croissance soutenue, la production étant passée entre 1951 et 1961, de 1,7 à environ 3,5 millions de tonnes, soit une augmentation annuelle moyenne de 7 pour cent. Dans les pays de l'Europe septentrionale, surtout Finlande et Suède, la production est passée d'environ 6 millions de tonnes en 1951 à plus de 10 millions en 1961.

D'après une étude des plans et prévisions de construction 18 les six principaux pays producteurs représenteront encore en 1968, comme en 1960, 87 pour cent de la capacité de production mondiale (tableau IV-17). S'il est vrai que la majeure partie des nouvelles usines seront encore construites en Amérique du Nord, la capacité de production s'y accroîtra pourtant à un rythme moins rapide qu'en Suède, en Finlande et surtout en U.R.S.S., de sorte que la part de ces pays dans la production mondiale s'accroîtra aux dépens de celle des Etats-Unis, du Canada et du Japon. On prévoit également un essor rapide dans certains pays plus petits producteurs notamment le Chili, le Brésil, l'Italie et l'Afrique du Sud.

18 FAO. Capacités mondiales de production de pâte et de papier, de 1960 à 1968. Enquête FAO 1965. Rome, 1965.

TABLEAU IV-16. PRODUCTION ENREGISTRÉE DE PÂTE DE BOIS PAR CATÉGORIE DE PÂTE ET PAR RÉGION, 1950-52 A 1963 1

 

Production

Taux annuel moyen de croissance

1950-52

1955-57

1960-62

1963

1951-61

1956-61

PÂTE DE BOIS, TOTAL

Milliers de tonnes

Pourcentage

Europe

10186

13720

17895

19745

5,8

5,4

U.R.S.S.

1750

2615

3457

3907

7,0

5,7

Amérique du Nord

22560

29025

34776

37977

4,4

3,7

Amérique latine

237

334

705

874

11,5

16,1

Afrique

23

67

156

228

21,1

18,5

Asie et Pacifique

1325

2872

5319

6326

14,9

13,1

TOTAL MONDIAL

36081

48633

62308

69057

5,6

5,1

PÂTE DE BOIS CHIMIQUE ET SEMI-CHIMIQUE







Europe

6376

8758

11687

13221

6,3

6,0

U.R.S.S.

1256

1851

2431

2757

6,8

5,5

Amérique du Nord

14790

20010

25127

28109

5,4

4,6

Amérique latine

102

179

444

528

15,8

19,9

Afrique

10

61

137

197

29,9

17,6

Asie et Pacifique

697

1809

3786

4669

18,4

15,9

TOTAL MONDIAL

23231

32668

43612

49481

6,5

6,0

PÂTE DE BOIS MÉCANIQUE







Europe

3810

4962

6208

6525

5,0

4,6

U.R.S.S.

494

764

1026

1150

7,6

6,0

Amérique du Nord

7770

9015

9649

9868

2,2

1,4

Amérique latine

135

155

261

346

6,9

11,1

Afrique

13

6

19

31

3,8

27,9

Asie et Pacifique

628

1063

1533

1657

9,3

7,6

TOTAL MONDIAL

12850

15965

18696

19577

3,8

3,2

1 Voir aussi tableau annexe IV-C.

TABLEAU IV-17. - ESTIMATION DE LA CAPACITÉ DE PRODUCTION DE PÂTE DE BOIS DANS CERTAINS PAYS ET RÉGIONS, 1960 ET 1968¹

 

Capacité estimée

Accroissement en pourcentage

Capacité estimée, en pourcentage du total mondial

1960

1968

1960-68

1960

1968

Milliers de tonnes

Etats-Unis

25274

34785

38

38

34

Canada

11958

17323

45

18

17

Suède

6555

8760

58

8

9

Japon

847

6753

39

7

7

Finlande

3980

7050

77

6

7

U.R.S.S.

3213

8600

168

5

8

Amérique latine

919

2032

121

1

2

Afrique

187

751

302

2-

1

Proche-Orient

39

138

254

2-

2-

Extrême-Orient (moins le Japon)

38

336

784

2-

2-

Chine continentale

600

650

8

1

1

Océanie

491

984

100

1

1

Autres pays

9069

12423

37

14

12

TOTAL MONDIAL

66170

100585

52

100

100

SOURCES: FAO. Capacités mondiales de production de pâte et de papier, de 1960 à 1968. Enquête FAO 1965. Rome, 1965 et chiffres nationaux.
¹ Y compris la pâte à dissoudre.-
2 Moins de 0,5 pour cent.

PÂTE DE MATIÈRES PREMIÈRES FIBREUSES AUTRES QUE LE BOIS

Malgré une augmentation d'environ 70 pour cent entre 1956 et 1961, la production enregistrée de pâte de matières premières fibreuses autres que le bois ne dépassait pas 4,1 millions de tonnes en 1961 et sa part dans la consommation totale de pâte pour la fabrication de papier et carton n'était que de 5 pour cent. Comme l'indique le tableau IV-18, environ la moitié de cette pâte a été produite dans la région de l'Asie et du Pacifique en 1961; cette production augmente assez rapidement, mais surtout en Asie, dans certaines régions d'Afrique et en Amérique latine, où elle progresse plus vite que la production de pâte de bois. Dans le reste du monde, elle n'a guère augmenté et dans certains cas, a même parfois diminué, comme en Amérique du Nord.

PAPIER ET CARTON

La production enregistrée de papier et carton s'élevait à 77 millions de tonnes en 1961, soit 74 pour cent de plus qu'en 1951 et 30 pour cent de plus qu'en 1956. Comme il ressort du tableau IV-19, le papier journal représentait 18 pour cent du total en 1961; les autres papiers d'impression et d'écriture 18 pour cent encore et les autres papiers et cartons (qui comprennent un gros volume de papiers industriels et de papier kraft), 64 pour cent. De 1956 à 1961, la production totale de papier et carton a progressé d'environ 30 pour cent, le pourcentage d'augmentation n'étant que de 21 pour cent pour le papier journal et atteignant 33 pour cent pour les autres papiers et cartons.

TABLEAU IV-18. PRODUCTION DE PÂTE DE FIBRES AUTRES QUE LE BOIS, 1950-52 A 1963

 

Production

Taux annuel moyen

1950-52

1955-57

1960-62

1963

1951-61

1951-61

Milliers de tonnes

Pourcentage

Europe

863

962

1254

1263

+3,8

+5,4

U.R.S.S.

-

..

..

..

..

..

Amérique du Nord

657

580

431

515

- 4,0

-5,7

Amérique latine

48

147

330

373

+21,3

+17,6

Afrique

12

19

61

76

+17,5

+26,8

Asie et Pacifique

335

759

2027

2169

+19,7

+21,7

TOTAL MONDIAL

1915

2466

4102

4396

+7,9

+10,7

TABLEAU IV-19. PRODUCTION DE PAPIER:ET CARTON DANS LE MONDE, PAR CATÉGORIE, 1966-61

 

Production mondiale

Pourcentage d'accroissement, 1961 par rapport a 1956

Pourcentage de la production totale mondiale de papier et carton

1956

1961

1956

1961

Milliers de tonnes

Papier journal

11837

14328

21

20

18

Papiers d'impression et d'écriture autres que le papier journal

10899

14240

31

18

18

Autres papiers et cartons

36694

48731

33

62

64

Total

59430

77299

30

100

100

Si, pour la pâte de bois, la production est fortement concentrée dans quelques zones, pour les papiers et cartons elle est plus largement répartie dans les différentes régions du monde, comme l'indique le tableau IV-20. De nombreux pays tels que le Royaume-Uni, bien que produisant très peu de pâte, fabriquent avec de la pâte importée un tonnage assez important de papiers divers. Pour les papiers et cartons, comme pour la pâte, le Canada et les Etats-Unis restent les principaux producteurs, mais leur production représente moins de la moitié du total mondial; quant à l'Europe septentrionale, elle produit moins de 8 pour cent du total.

La croissance moyenne annuelle de la production enregistrée de papier et carton dans le monde a été de 5,7 pour cent durant la décennie 1951-61. En Amérique du Nord, elle est passée, pendant la même période, de 28 à 39 millions de tonnes et en Europe, de 12 à 23 millions de tonnes. En Europe, c'est dans les pays nordiques que l'accroissement de la production a été le plus marqué (3 millions de tonnes, soit en moyenne environ 8 pour cent par an pendant la décennie); viennent ensuite les pays de la CEE ou, avec un accroissement annuel moyen de 7,5 pour cent, la production a augmenté d'environ 5 millions de tonnes. Au Japon, la production a augmenté en moyenne de 16,5 pour cent par an entre 1951 et 1961: elle est ainsi passée d'environ 1 million à quelque 5 millions de tonnes.

On estime que la capacité mondiale de production de papier et carton passera de 83 millions de tonnes en 1960 à 123,7 millions de tonnes en 1968, soit un accroissement de 50 pour cent pendant la période envisagée. On trouvera au tableau IV-21 une estimation de la capacité de production dans les principaux pays producteurs en 1960 et 1968. Selon ces chiffres, c'est en U.R.S.S. que les plans prévoient le pourcentage d'augmentation de loin le plus élevé (comme c'était déjà le cas pour la pâte 19). D'autre part, au Royaume-Uni, traditionnellement gros producteur de papier, on ne prévoit pas une expansion très marquée de l'industrie. Aux Etats-Unis et au Canada, l'expansion envisagée, bien que faible en pourcentage, représentera une forte proportion de l'accroissement prévu dans le monde entier 20.

19 Jusqu'à présent, l'augmentation effective de la capacité de production de pâte et de papier en U.R.S.S. n'a pas tout à fait atteint le rythme prévu par les plans.

20 Selon les estimations, la part de l'Amérique du Nord dans l'accroissement total de la capacité mondiale de production de papier et carton ne sera que d'un cinquième mais cette proportion sera d'environ la moitié pour là pâte. On prévoit donc que le contraste signalé ci-dessus entre la concentration mondiale de l'industrie de la pâte et la dispersion de celle du papier et carton ne fera que s'accentuer.

La part des nombreuses petites fabriques de papier et carton réparties dans le monde entier, qui représentait environ 17 pour cent de la capacité mondiale en 1960, devrait atteindre 21 pour cent en 1968. En Amérique latine, la capacité de production de papier et carton doublera approximativement entre 1960 et 1968 et en Afrique, où le point de départ en 1960 est très bas, elle triplera presque d'ici 1968, atteignant à cette date 813 000 tonnes.

Besoins de fibres

Les matières premières fibreuses pour la papeterie peuvent se classer en trois catégories principales: bois, autres fibres et vieux papiers. En 1963, la fabrication de papier et carton dans le monde employait environ 77 pour cent de pâte de bois, 5 pour cent de pâte d'autres fibres et 18 pour cent de vieux papiers.

La proportion des diverses matières premières varie beaucoup selon les qualités de papier et de carton. En outre, les divers types de fibres sont souvent interchangeables. Comme l'indique le tableau IV-22, la part des fibres de bois et des autres fibres varie beaucoup d'une région à l'autre, en partie à cause de cette interchangeabilité et, en partie aussi, parce que les divers pays ne produisent pas tous le même assortiment de qualités.

La structure de l'offre et de la consommation de matières premières a changé. Parmi les principales innovations, citons-en trois: développement rapide de la consommation de résidus de bois; augmentation notable de l'utilisation des essences feuillues; essor accéléré de la production de pâte et papier à partir du bois des plantations d'essences à croissance rapide. Ces trois tendances sont déterminées par la nécessité de contenir le coût de la matière première bois qui, bien que représentant une part moins élevée du prix de revient total dans l'industrie de la pâte que dans les autres industries primaires du bois, en reste généralement le principal élément.

TABLEAU IV-20. - PRODUCTION ENREGISTRÉE DE PAPIER ET CARTON, PAR CATÉGORIE ET PAR RÉGION, 1950-52 A 1963¹

 

Production enregistrée

Taux annuel moyen de croissance

1950-52

1955-57

1960-62

1963

1951-61

1966-61

TOTAL, PAPIER ET CARTON

Milliers de tonnes

Pourcentage

Europe

12190

17262

23569

25953

6,8

6,5

U.R.S.S.

1669

2591

3447

3854

7,6

5,9

Amérique du Nord

27757

33744

38885

41683

3,4

2,8

Amérique latine

807

1149

1766

1995

8,1

9,0

Afrique

65

228

364

444

18,8

9,8

Asie et Pacifique

1949

4456

9268

10908

16,8

15,7

TOTAL MONDIAL

44437

59430

77299

84837

5,7

5,4

PAPIER JOURNAL







Europe

2525

3360

4312

4432

5,5

5,1

U.R.S.S.

267

366

489

563

6,3

6,0

Amérique du Nord

5958

7214

7930

7907

2,9

1,9

Amérique latine

53

70

160

198

11,6

17,8

Afrique

-

-

18

38

-

-

Asie et Pacifique

294

827

1419

1708

17,0

11,4

TOTAL MONDIAL

9097

11837

14328

14846

4,6

3,9

PAPIERS D'IMPRESSION ET D'ÉCRITURE (autres que le papier journal)







Europe

2643

3766

5184

5858

7,0

6,7

U.R.S.S.

338

581

726

805

8,0

4,6

Amérique du Nord

4461

5386

6445

7217

3,7

3,7

Amérique latine

177

244

301

320

5,5

4,4

Afrique

28

49

74

90

10,2

8,6

Asie et Pacifique

418

873

1510

1787

13,7

11,6

TOTAL MONDIAL

8065

10899

14240

16077

5,8

5,5

AUTRES PAPIERS ET CARTONS







Europe

7022

10136

14073

15663

7,2

6,8

U.R.S.S.

1064

1644

2232

2486

7,7

6,3

Amérique du Nord

17338

21144

24510

26559

3,5

3,0

Amérique latine

577

835

1305

1477

8,5

9,3

Afrique

37

179

272

316

22,1

8,7

Asie et Pacifique

1237

2756

6339

7413

17,7

18,2

TOTAL MONDIAL

27275

36694

48731

53915

6,0

5,9

¹ voir aussi tableau annexe IV-D.

UTILISATION DE RÉSIDUS DE BOIS

Vans beaucoup de régions du monde, l'essor rapide des industries papetières a pesé de plus en plus fortement sur les sources traditionnelles de bois à pâte de résineux. Sous l'effet de cette pression, l'utilisation des résidus de bois pour la fabrication de pâte s'est rapidement développée. Ainsi, aux Etats-Unis, elle passait d'à peine 660 000 m³ en 1940 à plus de 19 millions de m³ en 1962 (et de 2,2 à plus de 20 pour cent du bois utilisé pour la pâte). On pense que, d'ici 1970, elle atteindra 31,9 millions de m³ et représentera environ 25 pour cent de la consommation totale de bois à pâte. (Si, selon les estimations, le volume des résidus employés doit encore augmenter pour atteindre 37,4 millions de m³ en 1980, la part du bois à pâte qu'ils représentent retombera cependant à 21,6 pour cent). Au Japon également, la part des résidus dans la consommation totale de bois à pâte s'est élevée rapidement, passant de il pour cent en 1956 à plus de 28 pour cent en 1961. Le tableau IV-23 montre le développement rapide de l'utilisation des résidus dans certaines autres régions fortes productrices de pâte.

Mais, dès 1963, on pouvait entrevoir dans beaucoup de pays un ralentissement de cette tendance. Ainsi, en Europe, la part des résidus dans la consommation totale de bois à pâte semble diminuer légèrement, sans doute parce que dans les principaux pays intéressés - la Finlande et la Suède - toutes les sources de résidus solides techniquement et économiquement utilisables sont déjà exploitées. Comme la scierie, principale productrice de résidus se développe beaucoup plus lentement que les industries utilisatrices, l'offre des résidus s'accroît inévitablement moins vite que les besoins de matières premières pour la pâte et les panneaux. Toutefois, la production de résidus - scierie et copeaux de rabotage - augmentera fortement d'ici 1975, sans compter que l'on pourra peut - être utiliser les résidus solides des petites usines, qui autrefois n'étaient pas économiques.

TABLEAU IV-21. - ESTIMATION DE LA CAPACITÉ DE PRODUCTION DE PAPIER ET CARTON DANS CERTAINS PAYS ET RÉGIONS, 1960 ET 1968

 

Capacité estimée

Accroissement en pourcentage

Capacité estimée, en pourcentage du total mondial ¹

1960

1968

1960-68

1960

1968

Milliers de tonnes

Etats-Unis

35046

43198

23

42

35

Canada

9014

11479

27

11

9

U.R.S.S.

3227

10400

222

4

8

Japon

5900

10070

71

7

8

Allemagne, Rép. féd. d'

3465

5220

51

4

4

Royaume-Uni

4000

5130

28

5

4

Finlande

2114

4255

101

2

3

France

2776

4157

50

3

3

Suède

2245

4050

80

3

3

Italie

1600

2931

83

2

2

Amérique latine

1945

3898

100

2

3

Afrique

302

813

169

² -

1

Proche-Orient

108

262

142

² -

² -

Extrême-Orient (moins le Japon)

872

1789

104

1

2

Chine continentale

2860

3950

38

3

3

Océanie

697

1311

88

1

1

Autres pays

6916

10829

56

10

9

TOTAL MONDIAL

83087

123742

49

100

100

SOURCES: FAO. Capacités mondiales de production de pâte et de papier, de 1960 à 1968. Enquête FAO 1965 Rome, 1965 et chiffres nationaux.

1 Ces pourcentages étant arrondis, leur somme ne donne pas 100.
2 Moins de 0,5 pour cent.

DÉVELOPPEMENT DE L'UTILISATION DES FEUILLUS

Une des principales tendances apparues récemment dans l'industrie papetière est l'usage accru des essences feuillues, rendu possible surtout par le perfectionnement des procédés de fabrication. Les résineux étaient autrefois indispensables: leurs fibres longues étaient nécessaires pour obtenir des papiers résistants et ils ne posaient pas de problèmes pour les techniques traditionnelles. L'industrie de la pâte s'est développée presque exclusivement dans des régions ayant accès à des ressources de résineux. Mais grâce aux procédés modernes (kraft et semi-chimique), on peut obtenir avec des matières premières plus variées (y compris de nombreuses essences feuillues) des pâtes possédant la résistance et les caractéristique voulues. Cette relative indépendance géographique assurée par l'emploi accru des feuillus est évidemment très importante pour l'avenir de l'industrie.

La consommation actuelle et prévue de feuillus pour la fabrication de pâte dans les principaux pays producteurs est indiquée au tableau IV-24: selon les prévisions, elle continuera de s'accroître rapidement. On peut même affirmer qu'elle n'est plus guère limitée par des difficultés techniques; les restrictions sont désormais plutôt d'ordre économique. Par exemple, l'exploitation forestière et la manutention coûtent souvent plus cher par mètre cube de bois pour les feuillus que pour les résineux. Certes, pour le moment encore, les feuillus, franco usine, reviennent moins cher parce que leur prix sur pied est moins élevé, mais cette marge diminuera sans doute avec l'expansion de la demande.

Les forces favorisant l'utilisation maximum des essences feuillues en papeterie s'exercent évidemment surtout dans les zones plus riches en feuillus qu'en résineux, comme l'attestent les statistiques relatives aux Etats-Unis et aux pays continentaux de l'Europe, occidentale 21.

21 Comme l'indique le tableau IV-24, dans les pays d'Europe septentrionale riches en résineux, les feuillus représentent une part beaucoup moins importante de la consommation totale de bois à pâte que dans les autres pays d'Europe occidentale. De même, aux Etats-Unis (mais ceci n'est pas indiqué dans le tableau), l'emploi de feuillus est beaucoup répandu dans l'Est, relativement pauvre en résineux et riche en feuillus. Dans l'est des Etats-Unis, les progrès réalisés en matière d'utilisation des feuillus ont même donné un élan nouveau à l'industrie de la pâte qui emploie des feuillus de petites dimensions.

Jusqu'à présent la papeterie n'a guère utilisé les feuillus des grandes forêts ombrophiles tropicales. Pourtant, là encore, les difficultés sont moins d'ordre technique (on a réussi en laboratoire à fabriquer de la pâte avec beaucoup d'espèces) que d'ordre économique. Le tri préalable - opération indispensable en raison des propriétés extrêmement hétérogènes des bois de ces forêts - est généralement coûteux. Cependant, il existe quelques papeteries commerciales basées sur les essences tropicales 22.

22 Il existe au Brésil et en Colombie des fabriques qui font de la pâte à partir de mélanges de feuillus tropicaux; un certain nombre d'usines, en Inde et au Pakistan, par exemple, n'utilisent qu'une seule essence.

TABLEAU IV. 22. PRODUCTION RÉGIONALE DE PÂTE, PAR TYPE DE MATIÈRE PREMIÈRE FIBREUSE MOYENNE 1960-62

 

Production

Pourcentage de toutes les qualités de pâte

Toutes

Pâtes de bois

Pâte de bois

Autres pâtes

Résineux

Feuillus

Milliers de tonnes

Europe

19150

17895

84

10

6

U.R.S.S.

...

3457

99

1

1-

Amérique du Nord

25307

34776

83

16

1

Amérique latine

1035

705

257

²11

232

Afrique

217

156

16

57

27

Asie et Pacifique 4

1195

689

58

42

Japon

3954

3948

³50

³50

¹-

Chine continentale

2200

683

(20)

(11)

69

1 Une certaine quantité d'«autres pâtes» est consommée mais représente moins de 1 pour cent du total.
² D'après les chiffres de 1962-63.
3 D'après les chiffres de 1962.
4 Non compris le Japon et la Chine continentale.

TABLEAU IV-23. - UTILISATION DES RÉSIDUS DE BOIS POUR LA FABRICATION DE PÂTE DANS CERTAINS PAYS ET RÉGIONS, 1957 A 1963, ET ESTIMATIONS POUR 1965 ET 1966


1957

1960

1962

1963

1965 ¹

1966 1

EUROPE (moins l'U.R.S.S.)







Besoins en bois (milliers de m³)

62494

67041

75829

76463

90241

95939

Consommation de résidus (milliers de m³)

5323

8382

9629

9933

11839

12347

Résidus en pourcentage des besoins

8,5

12,5

12,7

13,0

13,1

12,9

FINLANDE







Besoins en bois (milliers de m³)

12245

14300

17400

18730

21960

23000

Consommation de résidus (milliers de m³)

822

2400

2510

2150

2800

2800

Résidus en pourcentage des besoins

6,7

16,7

14,4

11,5

12,7

12,2

SUÈDE







Besoins en bois (milliers de m³)

21300

22600

25500

23,845

28100

30600

Consommation de résidus (milliers de m³)

1350

1800

2100

2400

3350

3350

Résidus en pourcentage des besoins

6,3

8,0

8,2

10,0

11,9

10,9

U.R.S.S.







Besoins en bois (milliers de m³)

12000

14600

15395

16800

20220

22100

Consommation Je résidus (milliers de m³)

320

1800

2207

1830

2600

2700

Résidus en pourcentage des besoins

2,7

12,3

13,3

10,9

12,9

12,2

CANADA







Besoins en bois (milliers de m³)

34656

37980

41280

42815

51100

52000

Consommation de résidus (milliers de m³)

2182

4050

6200

6923

8400

8700

Résidus en pourcentage des besoins

6,3

10,7

15,0

16,2

16,4

16,7

SOURCE: Nations Unies. Conseil économique et social. Commission économique pour l'Europe Comité du bois: rapports des sessions annuelles du Comité du bois Estimations.

TABLEAU IV-24. EVOLUTION DE LA CONSOMMATION D'ESSENCES FEUILLUES POUR LA FABRICATION DE PÂTE DANS CERTAINS PAYS ET ZONES

 

Production de pâte

Pâte de feuillus (Pourcentage du total)

Total

Pâte de feuillus

U.R.S.S.

Millions de m 3


1963

16,52

0,28

2

1965*

20,73

0,96

5

1970*

56,26

8,56

15

Etats-Unis l




1950

45,5

6,38

14

1960

88,0

17,82

20

1962

94,2

19,58

21

1970*

124,3

29,70

24

1980*

169,4

46,20

27

Europe occidentale 2




1950

27,5

1,2

4

1959

47,5

4,5

9

1960

52,3

5,3

10

1975*

90,0

20,6

23

Pays nordiques




1950

22,7

0,6

2,6

1959

36,4

1,6

4,4

1960

40,1

2,0

5,0

1975* 3

57,6

8,6

14,9

Autres pays d'Europe occidentale




1950

4,8

0,6

12,5

1959

11,1

2,9

26,1

1960 1975*

12,2

3,3

27,0

1975

32,4

12,0

37,0

Japon 4




1956

8,6

1,3

15,1

1960

12,3

3,7

30,1

1961

14,2

4,6

32,4

SOURCES: U.R.S.S.: Exposition des réalisations économiques soviétiques 1964. - Etats-Unis: U.S. Department of Agriculture. Timber trends in the United States. Washington, D. C., 1965. Forest Resource Report No.17. - Europe occidentale: FAO. Pète et papier en Europe occidentale: perspectives. Rome, 1965, P.284 et suiv. Japon: Forestry Agency. Forestry in, Japan. 1965
*Estimations.
¹ Coefficient de conversion: 22 m3 = 1 corde.
² Quantités enlevées de bois rond.
³ Les estimations relatives aux pays nordiques se sont révélées excessivement prudentes: en effet, en Finlande, par exemple, la consommation atteint déjà le niveau prévu pour 1975.
4 Consommation de bois à pâte.

ESSOR DE LA CONSOMMATION DE BOIS A PÂTE DE PLANTATION

L'utilisation des plantations d'essences à croissance rapide pour la production de bois à pâte a donné d'excellents résultats. On s'est étendu au chapitre III sur les avantages de cette forme d'approvisionnement, notamment: matière première homogène, révolution courte, fort rendement par unité de superficie (et par conséquent bas prix franco usine).

La production de pâte à partir de bois de plantation fait des progrès remarquables surtout en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Afrique du Sud, au Chili et au Brésil. Le tableau IV-25 indique le développement rapide prévu pour les industries de la pâte dans ces pays de l'hémisphère Sud. tes principales espèces utilisées en plantations sont actuellement Pinus radiata et différentes essences d'eucalyptus 23. En outre, on obtient de bons résultats (par exemple en Italie) à partir de peupliers de plantation.

23 Beaucoup de pins du Sud utilisés par les très importantes industries de la pâte et du papier du sud des Etats-Unis proviennent également de plantations.

CONSOMMATION D'AUTRES FIBRES

Dans les pays tropicaux, les principales matières premières indigènes employées pour la fabrication de pâte sont jusqu'à présent diverses fibres ne provenant pas du bois, parmi lesquelles les plus couramment utilisées sont les fibres de bagasse et de bambou. On emploie également l'alfa, le papyrus, les roseaux, la paille et le sisal. Un problème se pose généralement: comment se procurer à un prix de revient raisonnable un approvisionnement suffisant de ces matériaux volumineux. Dans le cas de la bagasse, sous-produit du sucre de canne, généralement employé comme combustible dans les raffineries, ce sont la dimension de la sucrerie et le coût des combustibles de remplacement qui déterminent les conditions économiques auxquelles elle est disponible.

C'est seulement en Asie, en Amérique latine et dans certaines régions d'Afrique, rappelons-le, que les a autres fibres» revêtent une certaine importance - qui va croissant. Comme l'indique le tableau IV-26, la consommation de ces fibres en Europe occidentale et aux Etats-Unis est faible et devient relativement moins importante. D'une façon générale, on peut affirmer que, s'il existe assez de matière première bois, les autres fibres ne sont pas économiquement compétitives.

CONSOMMATION DE VIEUX PAPIERS

Il ressort d'autre part du tableau IV-26 que, dans les principales régions productrices de l'Europe et des Etats-Unis, la consommation je vieux papiers est très importante mais tend à perdre un peu de terrain par rapport aux autres fibres. Les causes de ce déclin relatif sont: la hausse du coût de la récupération et du nettoyage; l'augmentation de la proportion des papiers non récupérables; enfin, la nécessité de remplacer les vieux papiers par de la pâte de bois de meilleure qualité pour satisfaire une demande qui devient plus exigeante. Les vieux papiers resteront toutefois une matière première importante en papeterie, surtout pour certains papiers et cartons d'emballage, et par conséquent dans des pays comme le Royaume-Uni et la République fédérale d'Allemagne, où ces produits constituent une grande partie de la production.

TABLEAU IV-25. - ESTIMATION DE LA CAPACITÉ DE PRODUCTION DE PÂTE ET DE L'ACCROISSEMENT DE CETTE CAPACITÉ DANS CERTAINS PAYS OU CETTE INDUSTRIE EST BASÉE SUR DU BOIS DE PLANTATION

 

Capacité estimée

Accroissement de la capacité en pourcentage

1960

1968

1960 à 1968

Milliers de tonnes par an

Afrique du sud

185

593

220

Chili

174

470

170

Brésil

500

1066

113

Australie

236

448

90

Nouvelle-Zélande

260

541

108

SOURCE: FAO Capacités mondiales de production de pâte et de papier de 1960 à 1968. Enquête FAO 1965, Rome, 1965 et chiffres nationaux.

TABLEAU IV-26. - EVOLUTION DE LA CONSOMMATION DE VIEUX PAPIERS ET DE PÂTE DE FIBRES AUTRES QUE LE BOIS POUR LA FABRICATION DE PAPIER ET CARTON EN EUROPE OCCIDENTALE ET AUX ETATS-UNIS


Consommation totale de fibres pour la fabrication de papier et carton

Vieux papiers

Consommation de vieux papiers en pourcentage de la consommation totale de fibres

Pâte de matières premières fibreuses autres que le bois

Pâte de matières premières fibreuses autres que le bois en pourcentage du total des fibres

EUROPE OCCIDENTALE

Millions de tonnes

Milliers de tonnes

1960

19,70

4,82

24

1,56

8

1963

22,97

5,58

24

1,48

6

1965*

25,35

6,17

24

1,40

5

1970*

32,57

7,66

23

1,18

4

1975*

39,95

9,04

23

1,13

3

ETATS UNIS






1919

6,6

1,9

29

0,7

11

1929

11,6

3,8

33

1,4

12

1940

15,5

4,7

30

1,0

6

1950

25,9

8,0

31

1,4

5

1960

35,7

9,0

25

1,0

3

1961

36,6

9,0

24

0,9

2

1962

38,6

9,1

23

1,0

2

1970*

48,9

10,9

22

1,0

2

1980*

65,0

12,7

19

1,3

2

1990*

84,9

15,1

18

1,7

2

SOURCES: Europe: Comité consultatif FAO de la pâte et du papier. Mai 1965. Doc. II-11, p. 9. - Etats-Unis: U.S. Department of Agriculture. Timber trends in the United States. Washington, D.C., 1965. Forest Resource Report No. 17.
* Estimations.

MODIFICATION DE LA FOURNITURE

Dans la plupart des pays producteurs, la part des vieux papiers et des fibres autres que le bois dans les matières premières papetières va sans doute diminuer on emploiera donc le bois pour satisfaire une proportion croissante des besoins de fibres, sauf dans les régions en voie de développement (Asie, Amérique latine et une partie de l'Afrique). Mais, comme ces régions ne produisent qu'une faible partie du total, on peut prévoir à l'échelle mondiale une augmentation de la consommation moyenne de bois par tonne de pâte et de papier produite. La progression des pâtes chimiques 24 (qui donnent un faible rendement par unité de matière première) aux dépens des autres qualités de pâte, tend également à accroître les besoins moyens de bois. (Le tableau IV-27 indique les grandes différences entre les rendements moyens obtenus avec les différents procédés de fabrication de pâte en usage en Europe). L'augmentation rapide de la production de pâte semi-chimique à fort rendement joue en sens inverse. De plus, le rendement tend à augmenter avec presque tous les procédés grâce aux progrès techniques.

24 Cet accroissement de la part des pâtes chimiques s'explique en grande partie par le fait que la production de papier journal, principale utilisation de la pâte mécanique à fort rendement, progresse de façon relativement lente.

Jusqu'à présent, les effets opposés de ces tendances de la fourniture, des proportions des différents types de pâte et du rendement sur les besoins moyens de bois par tonne de pâte produite sont, dans l'ensemble, à peu près équilibrés En Europe comme aux Etats-Unis la consommation moyenne de bois par tonne de pâté produite est stationnaire depuis bien des années. Aux Etats-Unis, elle est d'environ 3,5 m³ depuis les années 1920 pour l'ensemble des pâtes. En Finlande, de 1940-44 à 1959 elle est restée à environ 4,8 m³ pour la pâte au bisulfite et a même légèrement baissé pour la pâte au sulfate. Sans trop s'avancer, on peut donc prévoir que la résultante de ces tendances ne modifiera pas de façon radicale la consommation moyenne de bois par tonne de pâte, qui restera sensiblement la même en 1975 qu'en 1960.

VARIATION DE LA STRUCTURE DES INDUSTRIES PAPETIÈRES

Malgré les progrès techniques qui donnent une plus grande latitude dans le choix des matières premières, l'industrie tend nettement, à l'échelle globale, à se spécialiser géographiquement par type de produit et de matière première.

La production des qualités de pâte, de papier et de carton contenant une forte proportion de fibres longues de bois ou bien qui sont absorbées par de vastes débouchés tend à se concentrer dans les pays qui possèdent d'importantes ressources en résineux et des industries papetières déjà développées (Europe septentrionale et Amérique du Nord et, dans une moindre mesure, Japon et U.R.S.S.). Par contre, le papier d'emballage, par exemple, qui contient un mélange de matériaux très variés tels que les vieux papiers, les chiffons, etc., est plutôt fabriqué au voisinage de la source de vieux papiers dans les grands pays consommateurs.

TABLEAU IV-27. - RENDEMENTS APPROXIMATIFS EN PÂTE DE LA MATIÈRE PREMIÈRE EN EUROPE


Rendement en pourcentage 1

Pâte à dissoudre

30-40

Pâte chimique

40-55

Pâte chimique à haut rendement

56-65

Pâte semi-chimique

65-85

Pâte mécano-chimique

85-90

Pâte mécanique

90-95

SOURCE: Nations Unies/FAO. Consommation, production et commerce du bois en Europe, évolution et perspectives: nouvelle étude 1950-1975. New York, 1964
1 Production de pâte séchée à l'absolu en pourcentage du poids du bois séché à l'absolu pesé sans écorce à l'usine.

Les fabriques produisant plusieurs qualités spéciales de papier sont aussi généralement situées dans les pays consommateurs, car ce sont alors les débouchés plutôt que l'approvisionnement en matières premières qui conditionnent le choix d'un emplacement. Cette tendance à une polarisation de l'industrie est déterminée par la concurrence croissante dont les débouchés et les matières premières font l'objet entre les principaux pays producteurs et qui les obligent à élever la productivité dans les diverses branches de l'industrie.

Caractères économiques de l'industrie et économies d'échelle

La fabrication de pâte et de papier est une industrie à forte densité de capital dans laquelle les économies d'échelle sont souvent considérables. Ces présentent toutefois, suivant les procédés et les situations, de telles variations que les chiffres généraux n'ont guère de sens. Cependant, les chiffres figurant au tableau IV-28 donnent une idée des ordres de grandeur en jeu. Le coût de la main-d'œuvre et les frais généraux par tonne produite diminuent sensiblement lorsque l'ampleur des opérations s'accroît; par contre, lorsqu'il faut faire parvenir un grand volume de matière première jusqu'à l'usine, le coût du bois augmente parce que la distance moyenne des transports est plus grande. C'est, dans une large mesure, pour contenir la hausse du coût des matières premières qu'il a fallu mettre au point des procédés de fabrication donnant plus de liberté dans le choix de la matière première et permettant d'obtenir un rendement plus élevé: dans les zones où les ressources forestières comprennent plus d'une essence, cette souplesse permet de concentrer l'approvisionnement en matière première et, par conséquent, d'en réduire le coût. On a déjà attiré l'attention sur les façons de rationaliser l'abattage, le débardage et le transport des grumes. Certains aspects de cette phase de la production, commune à toutes les industries primaires du bois, sont étudiés dans la suite du présent chapitre. Dans les industries papetières, on s'est particulièrement attaché à régulariser l'approvisionnement en matière première: étant donné ses besoins très considérables, une fabrique de pâte doit avoir des stocks énormes et très coûteux lorsque l'exploitation et la livraison de bois sont saisonnières (en outre la qualité du bois à pâte baisse souvent pendant l'emmagasinage). On tend donc à poursuivre l'exploitation forestière toute l'année. La hausse du prix du bois a également attiré l'attention sur les possibilités de produire dans diverses régions du monde du bois à pâte peu coûteux dans des plantations d'essences à croissance rapide et à fort rendement. On estime, par exemple, qu'en Amérique du Sud (zone ouest) le coût du bois ne représenterait qu'environ 46 pour cent du total des coûts directs de fabrication dans une fabrique de pâte au sulfate écru pouvant produire 300 tonnes par jour et utilisant surtout du bois de plantation, alors qu'en Scandinavie, pour une usine d'une capacité comparable cette proportion serait d'environ 77 pour cent.

TABLEAU IV-28. - ECONOMIES D'ÉCHELLE DANS DIFFÉRENTS TYPES DE FABRIQUES DE PÂTE ET DE PAPIER

 

Capacité de production quotidienne (tonnes)

25

50

100

200

Investissement fixe en milliers de dollars par tonne de production quotidienne

FABRIQUES NON INTÉGRÉES





Pâte chimique écrue

235

175

135

105

Pâte chimique blanchie

325

240

190

150

FABRIQUES INTÉGRÉES





Papier écru

300

230

180

140

Papier blanchi

390

295

235

185

SOURCE: Jack C Westoby Le rôle des industries forestières dans la lutte contre le sous-développement économique. FAO Unasylva, vol. 16 N° 67, 1962.

TABLEAU IV-29. - CAPACITÉ MOYENNE DES FABRIQUES DE PÂTE AUX ETATS-UNIS, PAU TYPE DE FABRIQUE, POUR CERTAINES ANNÉES, 1920 A 1961

 

Moyenne pour tous les types

Pâte au bisulfite

Pâte au sulfate

Pâte mécanique 1

Pâte a la soude

Pâte semi-chimique 2

Tonnes en 24 heures

1920

47

57

33

42

57

-

1930

69

80

94

60

62

23

1940

115

108

261

74

70

68

1950

169

136

361

95

89

133

1956

202

165

468

119

120

101

1959

226

174

527

123

132

129

1961

254

185

584

141

146

139

SOURCE: D'après: U.S. Department of Agriculture, Forest Service, Woodpulp mills in the United States, 1961.
1 Y compris la pâte mécano-chimique.
2 Y compris les usines produisant des pâtes défibrées et explosées qui servent surtout à la production de panneaux isolants, de panneaux durs et de feutres pour toitures. Ne comprend pas les fabriques de panneaux de particules.

Mais il faut des débouchés suffisants pour que les économies d'échelle scient possibles. Par conséquent, ce sont surtout les qualités de consommation massive telles que le papier journal, le papier pour périodiques, les doublages kraft et le papier kraft pour sacs qui sont produits dans de grandes usines. Sous la pression croissante de la concurrence internationale et nationale qui s'exerce dans ces secteurs de l'industrie, les usines deviennent toujours plus grandes et la fabrication de papier s'intègre avec la fabrication de pâte. Cette intégration, outre la réduction des frais administratifs, permet, lorsque l'essentiel de la fourniture consiste en une seule catégorie principale de pâte, d'abaisser fortement les frais de production parce qu'il n'est plus nécessaire de sécher, emballer, emmagasiner, transporter et réhumidifier la pâte. D'autre part, avec les grandes usines, l'approvisionnement en matière première et la commercialisation du produit posent des problèmes, ce qui donne l'impulsion à une intégration verticale plus poussée, d'un côté avec la production de bois et, de l'autre, avec la transformation du papier et la commercialisation et la distribution des produits finis.

Le tableau IV-29 montre que la dimension moyenne des nouvelles usines construites aux Etats-Unis augmente. De même au Canada, on construit de grandes usines. Les grandes industries exigent des investissements très élevés, de sorte qu'il est de plus en plus difficile pour des nouveaux venus de se faire une place dans l'industrie des pâtes et papiers de grande consommation, sauf si les prix de revient et les marchés sont particulièrement favorables. Si les coûts sont bas, ou s'il s'agit de fournir des marchés éloignés des grands exportateurs, la production à relativement petite échelle peut rester compétitive.

Il est également vrai que les grandes usines offrent beaucoup moins d'avantages pour la production des papiers spéciaux ou des papiers et cartons fabriqués avec un mélange de matières premières fibreuses. Lorsque la concurrence nationale a provoqué une certaine concentration dans ces secteurs de l'industrie qui dépendent de leurs débouchés, il en est spécialement résulté une intégration avec les marchés plutôt qu'avec la production de matières premières.

Conclusion

L'industrie de la pâte et du papier se distingue parmi les industries forestières comme celle qui met en jeu les techniques les plus complexes et la plus forte densité d'utilisation du capital. La majeure partie de la production provient d'usines de grande dimension, fortement organisées et intégrées. Les besoins de capitaux et de personnel spécialisé sont considérables, de sorte que, pour les produits de grande consommation, seuls quelques pays sont en mesure d'entreprendre une production massive qui puisse soutenir la concurrence internationale. Contrairement à ce qui se passe pour les autres produits forestiers, le marché mondial de ces produits de grande consommation est caractérisé par une forte intégration internationale. Cependant, pour beaucoup de qualités de papier et carton, la production reste en majeure partie orientée vers les marchés nationaux et se fait souvent dans des usines de dimension modeste.

Les principaux problèmes qui se posent, comme pour la plupart des autres industries forestières, sont la hausse du coût du bois et la concurrence pour les approvisionnements. L'industrie a fait face à ces pressions en rationalisant son approvisionnement en bois, en mettant au point des procédés qui permettent une fabrication efficace avec un plus grand nombre d'essences et avec des dimensions et des qualités plus varices (notamment avec des essences feuillues et des résidus d'autres industries forestières), et, enfin, en basant la production sur des plantations d'essences à croissance rapide. En conséquence, l'industrie s'est sensiblement assouplie et peut utiliser plus efficacement les ressources forestières, soit là où elle est déjà établie, soit dans des zones où son implantation était jusque-là économiquement impossible.

Bien que d'autres régions présentent des conditions très favorables pour l'industrie de la pâte et du papier, on prévoit que l'expansion de loin la plus importante de la capacité totale de production de pâte et de papier d'ici 1975 se situera, comme par le passé, dans les régions tempérées de l'Amérique du Nord, de l'U.R.S.S., de l'Europe septentrionale et du Japon.

Avenir des industries primaires du bois

Pour chacune des industries primaires du bois, comme pour toutes les industries, l'avenir dépendra de l'accroissement de la demande ainsi que de la mesure dans laquelle on aura pu réaliser une combinaison optimum de l'emploi des biens d'équipement, de la main-d'œuvre et des matières premières disponibles pour la fabrication et la commercialisation du produit. On a étudié au chapitre II la demande finale de produits du bois, au chapitre III les ressources sur lesquelles leur production est basée, et au début du présent chapitre la structure des diverses industries du bois et l'évolution de leur organisation et de leurs techniques. Il est un problème commun à toutes les industries forestières: celui d'un approvisionnement suffisant et économique en bois; quelle est l'influence de ce problème et comment les industries y réagissent-elles? De quelle façon leur avenir sera-t-il déterminé par ce problème ainsi que par la situation de chacune dans le processus de fabrication et par la recherche de débouchés? Telles sont les questions qu'il nous reste à étudier.

D'une manière générale, le coût de la matière première est en hausse dans les industries forestières; d'une part, en effet, la concurrence croissante entre utilisateurs fait augmenter le prix du bois sur pied et d'autre part les salaires augmentent sans que le remplacement de la main-d'œuvre par des biens d'équipement et le relèvement de la productivité du travail en forêt permettent toujours d'en compenser les effets. Comme le coût du bois franco usine représente une forte proportion du prix de revient total dans la plupart des industries forestières primaires, ce problème revêt une importance fondamentale.

Le présent chapitre fait une grande place aux mesures prises par les diverses industries du bois pour faire face à cette tendance à la hausse du coût de la matière première. En bref, ces mesures portent sur les points suivants: a) amélioration constante des procédés techniques en vue d'obtenir, à partir d'un mètre cube de bois, un plus grand volume et une plus grande valeur de produit; b) utilisation d'une gamme plus étendue d'essences, de qualités et de dimensions (et notamment des résidus de bois), rendue possible par le progrès technique et scientifique ainsi que par l'évolution des exigences touchant les produits; c) amélioration des techniques de culture, d'aménagement et de récolte permettant de réduire le prix franco usine du bois.

Mais, comme les diverses industries forestières primaires utilisent une même matière première: le bois, il existe entre elles un faisceau de relations mutuelles qui exercent une profonde influence sur l'application des solutions évoquées ci-dessus au problème du prix de revient des matières premières.

1. Les besoins des industries forestières sont, dans une large mesure, complémentaires: pour les grumes de grand diamètre et de haute qualité, la meilleure utilisation est généralement l'industrie des placages et des contre-plaqués; les grumes moins grosses mais de bonne qualité conviennent à l'industrie des sciages; quant aux industries de la pâte et des panneaux, bien qu'elles puissent employer des bois de qualités et de dimensions très variées, elles utilisent des rondins souvent trop petits ou de trop basse qualité pour être employés en scierie. Le développement de complexes industriels intégrés permettrait donc d'utiliser les ressources forestières de façon plus complète et souvent plus rationnelle que ne le pourraient des industries isolées.

2. La possibilité d'utiliser les résidus des sciages ou des placages et des industries secondaires telles que l'ameublement pour la production de pâte ou de panneaux de fibre et de particules accentue encore le caractère complémentaire des diverses branches utilisatrices du bois.

3. Cependant, les ressources en bois les plus facilement disponibles font l'objet d'une certaine concurrence entre toutes les industries utilisatrices du bois. Parfois, cette concurrence peut porter sur presque toutes les dimensions et qualités, comme c'est le cas pour l'industrie de la pâte et celle des panneaux; par contre, entre ces deux industries et celle des sciages ou entre l'industrie des sciages et celle des contre-plaqués et placages, la concurrence ne porte que sur certaines dimensions et qualités de bois rond, qui, par leurs caractéristiques, peuvent convenir à l'une et l'autre industries.

Ces rapports mutuels ont exercé et continueront d'exercer sur le développement des diverses industries forestières une influence à la fois directe (approvisionnement en bois) et indirecte (transformation industrielle et commercialisation).

Les pressions favorisant une utilisation totale du produit de la forêt pour les divers emplois complémentaires sont partiellement neutralisées par deux facteurs: d'une part, une grande partie des terres forestières appartient à l'Etat ou à de petits propriétaires privés; d'autre part, la liaison fait trop souvent défaut entre la production du bois destiné à l'industrie - l'entretien des terres et du matériel sur pied - et les étapes qui lui font suite, à savoir la récolte et la transformation. Mais, dans de nombreuses entreprises fabriquant de la pâte et dans les grandes scieries, l'industrie, on l'a vu, tend à s'intégrer avec la production de bois afin de s'assurer un approvisionnement en matières premières. Les entreprises s'intéressent de plus en plus à l'intégration ou à l'association avec d'autres industries primaires du bois, qui permet d'utiliser plus complètement le potentiel des forêts et de répartir plus largement le coût de la propriété et de la protection des terres forestières.

L'intégration horizontale est également stimulée par les progrès des techniques d'exploitation: l'abattage, le débardage et le transport représentent généralement la partie de loin la plus importante du coût du bois livré à l'usine. On attache donc beaucoup d'attention à la réduction des coûts à ce stade. Nous avons déjà signalé certaines orientations nouvelles constatées dans des industries déterminées, par exemple la tendance à abattre le bois à pâte toute l'année de façon à assurer la régularité des approvisionnements. Il existe également une tendance marquée à couper un volume maximum à l'hectare de façon à répartir plus largement le coût de l'exploitation et du transport. Dans un peuplement pouvant produire à la fois des grumes de sciage et du bois à pâte, l'extraction d'un seul de ces types de bois devient souvent trop coûteuse.

Comme la main-d'œuvre représente une partie très importante du coût d'exploitation, on s'efforce de réduire au minimum l'emploi de main-d'œuvre en vidangeant les arbres entiers ou débarrassés seulement des parties qui ne seront d'aucune utilité, le tronçonnage le façonnage et le tri se faisant dans des chantiers centralisés où la mécanisation du travail peut être poussée au maximum. Mais une organisation de ce genre ne produit son plein effet que si les bois de toutes qualités et de toutes dimensions sont ensuite dirigés vers des usines géographiquement groupées. Plus il faut de tris et de transports ultérieurs, plus le coût de ces opérations neutralise les économies de main-d'œuvre réalisées en forêt 25 (en outre, l'emploi des machines, pour être rentable, exige que soit traité un volume considérable de bois et convient donc particulièrement aux grandes entreprises).

25 D'un autre côté, le développement du transport par camion a amélioré la position concurrentielle du système plus souple qui consiste à tronçonner l'arbre et à trier les grumes par dimensions dans la forêt. Ce système permet souvent de transporter le bois, sinon de la souche, du moins de la route jusqu'à l'usine sans manutention ou tri ultérieur. La mise au point de simples crochets de chargement montés sur camion accroît encore les possibilités de réaliser des économies avec ce système.

Au stade de la transformation, l'intégration ou l'association des diverses industries primaires du bois est stimulée principalement par l'emploi, comme matière première pour la pâte et les panneaux de fibre et de particules, des résidus de bois plein provenant des scieries, des fabriques de contre-plaqués et de placages et des industries secondaires telles que l'ameublement. On a déjà, dans le présent chapitre, indiqué l'importance de cette utilisation des résidus pour les industries qui les produisent comme pour celles qui les emploient. Les industries très prospères des panneaux de fibre et de particules se sont, dans une large mesure, développées grâce à l'utilisation de résidus de bois bon marché, qui occupent désormais aussi une place importante parmi les matières premières qu'emploient de nombreuses usines de pâte et de papier.

On prévoit que la consommation de résidus comme matière première industrielle augmentera considérablement d'ici 1975 - elle atteindra, sans doute, pour le monde entier, 100 millions de m³ de résidus grossiers par an. Mais, comme il ressort du tableau IV-30, on ne prévoit pas que la proportion du volume total des matières premières qui sera économiquement disponible sous forme de résidus en Europe et aux Etats-Unis doive beaucoup progresser. Dans la plupart des grandes zones productrices de ces régions, les résidus utilisables dans le cadre des limites économiques et technologiques existant actuellement sont déjà exploités, et le volume de résidus produit n'augmente pas aussi vite que la demande de matière première bois.

TABLEAU IV-30. - PART DES RÉSIDUS DANS LA CONSOMMATION TOTALE DE BOIS D'ŒUVRE ET D'INDUSTRIE AUX ETATS-UNIS ET EN EUROPE, 1961 ET 1975

 

Résidus

Consommation de bois d'œuvre et d'industrie

Quantité totale de résidus utilisables économiquement

Part des résidus dans la consommation totale de bois d'œuvre et d'industrie

ETATS-UNIS

Millions de m³ ®

Pourcentage

1961

¹ 288

18

6,3

1975

1 376

35

9,3

EUROPE




1961

2 259

14

5,4

1975

2 376

25

6,6

1 Equivalent en bois rond de la consommation de produits de bois.
2 Equivalent en matière première bois de la consommation de produits du bois.

Cependant, il existe de grandes quantités de résidus tels que l'écorce et la sciure qui ne sont pas encore utilisées à l'échelle industrielle. Le tableau IV-31 indique l'importance relative et le volume absolu de ces types de résidus de bois en Europe et aux Etats-Unis. On va sans doute redoubler d'efforts afin de repousser les limites techniques et économiques qui restreignent l'utilisation de ces catégories de résidus, par exemple pour la fabrication de pâte et de panneaux de fibre. Il est évident que, si l'on y parvient, les liens entre les industries qui produisent des résidus et celles qui les utilisent se trouveront encore resserrés.

TABLEAU IV-31. - STRUCTURE DE LA CONSOMMATION DE RÉSIDUS DE BOIS EN EUROPE ET AUX ETATS-UNIS, PAR TYPE DE RÉSIDUS ET TYPE D'UTILISATION, AU DÉBUT DES ANNÉES SOIXANTE

 

Disponibilités totales de résidus

Consommation de résidus dans le l'industrie de le pâte

Autres usages industriels 3 et utilisation comme combustible

Résidus non utilise

Grossiers 1

Fins ²

Grossiers

Fins

Grossiers

Fins

Grossiers

Fins

EUROPE (1959-61)

Millions de m³

Toutes essences

26

26

8,5 -

2,5

1

15

25


ETATS UNIS (1962)


Résineux

60,4

18,4

15,3

11,0

15,7

Feuillus

17,2

1,6

6,2

4,0

5,3

Toutes essences

77,6

20,0

21,5

10,0

21,0

SOURCES: Nations Unies/FAO. Consommation, production et commerce du bois en Europe, évolution et perspectives. nouvelle étude 1950-1975. New York, 1964. - Etats-Unis: U. S. Department of Agriculture. Timber trends in the United States. Washington, D.C., 1965. Forest Resource Report. No. 17.

¹ Europe: définis comme «résidus solides D: Etats-Unis: matières premières non utilisées et convenant à la fabrication de copeaux comme les dosses, les délignures et les noyaux de déroulage.

2 Europe: y compris la sciure et les résidus d'écorçage; Etats-Unis: sciures, résidus de rabotage, etc. ne convenant pas à la fabrication de copeaux.

3 Y compris la consommation Pour la fabrication de panneaux de particules et de fibre et diverses autres utilisations industrielles.

Comme on l'a noté plus haut dans le présent chapitre, l'apparition de débouchés pour ses résidus a transformé la situation de l'industrie des sciages, améliorant la situation économique des scieries assez importantes pour pouvoir s'équiper en vue de traiter les résidus, et rendant encore plus précaire celle des autres. Cette nouvelle source de recettes est d'autant plus précieuse pour l'industrie des sciages que cette dernière est généralement défavorisée dans la concurrence entre les diverses industries pour les approvisionnements en matière première bois. L'industrie de la pâte et, dans une moindre mesure, celle des panneaux de fibre et de particules, lui disputent une part de plus en plus importante des grumes de petites dimensions, et l'industrie des contre-plaqués exerce une concurrence similaire pour les grumes de grandes dimensions (en outre, les progrès techniques permettant de dérouler des grumes de plus petit diamètre élargissent la gamme des assortiments sur lesquels porte la concurrence pour une espèce donnée). D'une façon générale, dans ces industries, le coût de la matière première bois pèse moins sur les prix de revient totaux que dans la scierie et comme, d'autre part, ces industries peuvent généralement réaliser plus d'économies sur les autres coûts de production, elles sont souvent mieux à même que l'industrie des sciages d'absorber la hausse du coût des grumes. On a remarqué que, parmi les grandes scieries scandinaves, bien peu seraient économiquement viables si leurs liens avec les industries de la pâte, du papier et des panneaux de fibre ne leur assuraient des débouchés pour leurs résidus.

Certes, la concurrence ne se limite pas à ce seul domaine: elle s'exerce comme on l'a signalé plus haut, entre l'industrie de la pâte et celle des panneaux, portant dans ce cas sur les résidus et les bois ronds de petites dimensions; dans l'ensemble, cette concurrence joue au détriment de l'industrie des panneaux, qui est réduite aux bois de qualité inférieure ou bien se trouve repoussée dans des régions où les disponibilités ou les débouchés ne permettent pas le fonctionnement d'une fabrique de pâte ou de pâte et de papier.

Résumant ce qui précède, on peut affirmer que les rapports entre les différentes industries primaires du bois tendent presque tous à encourager des accords ou associations à mesure que s'intensifie la concurrence dont les ressources en matière première et les débouchés font l'objet. Rappelons que les progrès permettant de réduire le prix de revient favorisent également une intégration verticale entre les différentes étapes de la fabrication d'un produit donné du bois. Dans la plupart des industries forestières, on cherche généralement à augmenter la productivité en accroissant la dimension des entreprises de façon à réaliser des économies d'échelle sur le capital, la main-d'œuvre, l'administration, les frais généraux, etc. Cette tendance est surtout prononcée dans certaines branches de l'industrie de la pâte et du papier, où la densité d'utilisation du capital est très élevée (et où une intégration matérielle des deux étapes de la production - pâte et papier - permet en outre des économies spéciales); elle l'est particulièrement peu dans la scierie. Dans toutes les industries du bois, on l'a vu, les grandes entreprises se heurtent souvent à des problèmes d'approvisionnement et de débouchés, ce qui suscite l'intégration avec la production de bois, la transformation et la commercialisation du produit.

Si donc il est vrai que les forces agissant sur les industries utilisatrices du bois tendent à favoriser une intégration horizontale, on peut ajouter que cette intégration s'opère également dans le sens vertical. Par exemple, en Scandinavie, où l'on approche de la limite maximum des possibilités d'approvisionnement en bois, la résultante des divers facteurs en jeu exerce un effet notable sur la structure d'ensemble des industries forestières et sur leurs rapports mutuels. De plus en plus, les utilisation du bois à l'état brut - que ce soit pour le feu ou pour d'autres usages - cèdent le pas aux utilisations industrielles et, parmi celles-ci, les industries de la pâte et des panneaux emploient de plus en plus des grumes qui, autrefois, auraient été considérées comme assez grandes pour la scierie. L'accroissement de la production des scieries est donc tenu en échec par les autres industries, où le rapport par mètre cube de matière première est plus élevé. En outre, l'industrie de la pâte et du papier tend à produire moins de pâte commerciale et plus de papier et carton; les industries forestières de l'Europe septentrionale peuvent ainsi obtenir une valeur ajoutée plus élevée en traitant la matière première disponible.

En U.R.S.S. et dans certains pays d'Europe orientale, beaucoup des entreprises nouvelles sont prévues dès le départ sous forme de grand combinats totalement intégrés. Par exemple, à Bratsk (U.R.S.S.), un ensemble industriel déjà presque achevé traitera 4 millions de m³ de bois rond par an, produisant 200 000 tonnes de pâte à dissoudre, 280 000 tonnes de doublages kraft, 54 000 tonnes de levure fourragère, 860 000 m³ de sciages, 65 000 m³ de panneaux de particules, et du mobilier pour une valeur de 30 millions de roubles.

Mais signalons que ces tendances ne s'exercent pas partout. Le volume et la composition de la production dans une zone donnée refléteront la situation du marché et des coûts, qui est loin d'être la même dans toutes les régions du monde. On peut résumer comme suit l'effet de ces facteurs sur les diverses industries.

Lorsque les débouchés sont réduits mais que l'on dispose d'un approvisionnement de bois de grandes dimensions et de bonne qualité, la scierie, même dans de petites entreprises, a des chances de se développer plus rapidement que les autres industries du bois, du moins pour satisfaire la demande croissante des populations locales. Dans ce cas, les forces favorisant l'intégration ne s'exerceront guère. De plus, si des sciages bon marché sont disponibles, les panneaux dérivés du bois auront du mal à conquérir sur le marché une place justifiant la création d'une industrie spécialisée. Subsistant dans quelques secteurs des pays développés, cette situation se rencontre surtout dans les régions sous-développées, soit à l'intérieur ou à proximité des forêts denses tropicales soit dans les meilleures forêts sèches. Dans la plupart des pays en voie de développement, la consommation de sciages est encore très loin du point de saturation. On a souligné au chapitre II que la part des régions en voie de développement dans l'accroissement de la consommation mondiale de sciages sera d'un tiers. Ces régions offrent donc des perspectives favorables à un essor des scieries. Mais il faudra se préoccuper du produit: dans trop de régions du monde, la mauvaise qualité a, jusqu'ici, déterminé une réaction défavorable du marché.

Dans les pays industrialisés, les sciages continueront probablement à être l'objet des pressions analysées ci-dessus, tant du côté de l'approvisionnement en bois que du côté des débouchés. Au total, ces derniers ne pourront connaître qu'une expansion très limitée. Cette situation pèsera sans doute lourdement sur les petites entreprises, mais les secteurs les plus progressifs de l'industrie devraient continuer à se développer. L'industrie de ces régions connaîtra vraisemblablement une nouvelle phase de réorientation et de réformes dans le sens de la grande entreprise fortement mécanisée.

Les industries des placages et du contre-plaqué doivent être conçues en fonction des ressources existantes ou bien dépendre d'un approvisionnement régulier en grumes de bonne qualité. L'association avec une scierie est souvent avantageuse en vue d'une utilisation optimum de toute la gamme des bois de grand diamètre employés pour l'une et l'autre fabrication. Etant donné que (surtout pour les placages), une usine, même relativement petite, peut être rentable, c'est souvent là le premier type de panneaux dérivés du bois dont la fabrication se développe. Mais il faut généralement un marché intérieur important pour que la fabrication de contre-plaqué puisse être intégrée avec celle des panneaux de fibre ou de particules en raison des nombreuses similitudes qui existent entre ces deux groupes de produits. Pour les placages et le contre-plaqué un approvisionnement suffisant en grumes de placage restera une des conditions importantes de l'expansion; toutefois, la gamme des dimensions et des espèces acceptables s'élargit. A l'heure actuelle, cette industrie importe une grande partie de ses matières premières, mais on prévoit qu'à l'avenir elle se développera de plus en plus près des ressources naturelles qui l'alimentent.

L'expansion des industries des panneaux de fibre et de particules devrait, selon les prévisions, intervenir surtout dans deux types de zones: celles qui possèdent des marchés susceptibles d'absorber leur production sans préjudice de la consommation de sciages et de contre-plaqué, ou bien celles dont l'approvisionnement en grumes de sciage et de placage est insuffisant pour satisfaire la demande locale de produits du bois. Dans la premier cas, il y aura généralement intégration avec d'autres industries forestières; dans le second, le succès dépendra souvent d'un bon approvisionnement en matières premières de qualité inférieure, qu'il s'agisse de résidus ou de bois ronds de basse qualité. Ainsi, dans les pays développés, les meilleurs chances seront offertes soit par des fabriques de panneaux intégrées dans des combinats d'industries du bois, soit par des usines isolées traitant des bois ronds qui, par leur dimension ou leur qualité, ne conviennent pas à la production de sciages, de placages ou de pâte. Les conditions permettant de créer une industrie des panneaux existent probablement dans beaucoup de zones des forêts sèches du monde. Le produit des coupes d'éclaircie dans les plantations pourrait également permettre de créer des fabriques de panneaux, même avant le début de la production de grumes ou l'établissement d'une fabrique de pâte.

Vraisemblablement, l'industrie de la pâte et du papier se développera surtout dans les zones où les capitaux nécessaires seront disponibles (ainsi que d'autres ressources et notamment l'eau) et où les approvisionnements en matière première appropriée seront suffisants pour alimenter une usine de la plus petite dimension rentable. Or, comme il s'agit d'une industrie à forte densité d'utilisation de capital, la dimension minimum est souvent très grande, de sorte que les nouvelles usines, comme celles qui existent déjà, seront probablement, surtout pour la fabrication de pâte, construites en majeure partie dans les pays de la zone tempérée nord qui possèdent de vastes débouchés ou d'abondantes ressources de matières premières ou qui en sont situées à proximité. Mais l'expansion des marchés dans le reste du monde déterminera sans doute des pressions croissantes et l'industrie se développera régulièrement aussi en dehors de la zone tempérée nord, là où les conditions du marché ou les prix de revient permettront le fonctionement d'usines plus petites.

Reste à examiner l'évolution probable des industries primaires du bois dans les différentes régions: mais cette question relève plutôt du chapitre VI, où l'on examinera ensemble les divers éléments d'un bilan futur du bois.

Cependant, on peut dès à présent signaler ici que, bien que le commerce des produits forestiers s'intensifie relativement plus vite que la consommation, et malgré les changements intervenus dans la structure de l'offre mondiale de bois, le développement industriel, au moins sur le plan régional, restera probablement parallèle à l'accroissement de la consommation.

TABLEAU ANNEXE IV-A. - PRODUCTION DE SCIAGES, 1960-62, ET VARIATION DE LA PRODUCTION, 1956-61

1 L'estimation de la production totale 1960-62 et la production enregistrée sont différentes, car on a tenu compte de la production non enregistrée. (Voir à l'annexe l'explication dos différences.) - ² Traverses comprises, - ³ Traverses non comprises.

TABLEAU ANNEXE IV-B. - PRODUCTION DE PANNEAUX DÉRIVÉS DU BOIS 1, 1960-62, ET VARIATION DE LA PRODUCTION, 1956-61

¹ Placage non compris.

2 Lorsque la production enregistrée est sensiblement différente de la production totale estimée, elle est indiquée entre parenthèses. (Voir à l'annexe l'explication des différences,)

3 La production n'a commencé dans la sous-région qu'après 1955-57.

TABLEAU ANNEXE IV-C. - PRODUCTION DE PÂTE DE BOIS, 1960-62, ET VARIATION DE LA PRODUCTION, 1966-61

1 La production n'a commencé dans les sous-régions qu'après 1955-57.

TABLEAU ANNEXE IV-D. - PRODUCTION DE PAPIER ET CARTON, 1960-62, ET VARIATION DE LA PRODUCTION, 1956-61

1 Lorsque la production enregistrée est sensiblement différente de la production totale estimée, elle est indiquée entre parenthèses. (Voir à l'annexe l'explication des différences.)

2 La production n'a commencé dans les sous-régions qu'après 1955-57.

3 Compris avec les «Autres papiers et cartons»


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