V. Le commerce du bois et des produits du bois

Structure générale des échanges
Évolution du commerce des produits forestiers

Nous avons vu dans les chapitres précédents que, d'ici 1975, une large part de la demande supplémentaire de bois et de produits du bois viendra des pays dont les ressources forestières ne répondent pas à l'accroissement de leurs besoins. Parallèlement, une grande partie des ressources potentielles de bois se trouvent dans des régions où, pendant cette période, il ne se produira aucun accroissement important de la demande locale. On peut donc escompter que ces tendances de l'économie mondiale des forêts et des produits forestiers se traduiront par des changements importants dans le commerce de ces produits, du double point de vue du volume total et de la structure des échanges.

Comme la transformation du bois brut peut entraîner une réduction de poids ou de volume allant jusqu'à 70 pour cent et que la valeur des produits forestiers, à leurs divers stades de transformation, varie considérablement à leur entrée sur le marché international, il est également vraisemblable qu'un accroissement du commerce sera accompagné de modifications dans l'éventail des produits.

L'évolution probable de l'ampleur et de la structure des échanges mondiaux de produits forestiers d'ici 1975 ne sera étudiée que dans le dernier chapitre de cette étude. Celui-ci est consacré à l'examen de la nature et des tendances du commerce au cours des dernières années, en particulier des caractéristiques qui laissent prévoir une expansion future du commerce, ainsi que des problèmes et des difficultés susceptibles de la freiner.

Pour analyser le commerce mondial des produits forestiers, nous considérerons les pays et régions selon qu'ils sont: a) exportateurs nets ou importateurs nets, b) développés ou en voie de développement, ou c) combinant a et b. On peut ainsi voir dans quelle mesure les pays et régions possèdent ou non les ressources forestières, les capitaux, la main-d'œuvre qualifiée et les autres facteurs de production qu'exige la création d'industries de transformation du bois. Dans ce cadre, nous envisagerons également les effets que peuvent avoir sur la structure de l'offre des facteurs tels que l'avantage relatif et la dimension du marché ainsi que la façon dont les droits à l'importation et les restrictions quantitatives, les taxes ou encouragements à l'exportation, les unions douanières et autres formes d'accords multilatéraux ou bilatéraux peuvent influer sur les échanges. Enfin, nous examinerons brièvement la question des frets et des prix.

Structure générale des échanges

Eventail des produits
Structure géographique des échanges

Pour la période 1960-62, la valeur estimée des exportations mondiales de tous produits forestiers s'est élevée à environ 6,1 milliards de dollars (f.o.b) par an et celle des importations à 6,9 milliards de dollars (c.a.f.), c'est-à-dire environ 5 pour cent de la valeur totale annuelle des échanges mondiaux pendant cette période.

Eventail des produits

Le tableau V-1 indique l'éventail du commerce de produits forestiers, en montrant pour chaque produit la part de la production mondiale qui entre dans le commerce international. Exprimées en volume de bois brut, les exportations mondiales de produits forestiers se font pour un cinquième sous forme de bois rond, la majeure partie étant destinée aux scieries et aux fabriques de contre-plaqués, de placages et de pâte de bois. Un autre quart du total représente un semi-produit, la pâte de bois. Les sciages représentent un peu moins des deux cinquièmes du total, les papiers et cartons environ un sixième.

En volume, donc, une large part des produits forestiers qui font l'objet d'échanges internationaux est à l'état brut ou semi-transformé. Il est toutefois significatif que la proportion exportée soit généralement d'autant plus forte que les produits sont plus élaborés, l'exemple le plus frappant étant celui du papier journal dont la production mondiale est pour moitié exportée. Cela tient dans une large mesure aux avantages concurrentiels dont bénéficient, par suite de l'économie d'échelle, les immenses unités verticales de production des pays riches en forêts de résineux ¹. C'est la forte position commerciale des producteurs qui disposent d'abondantes ressources de matières premières et de vastes usines de transformation qui explique aussi le large commerce de pâte chimique ², de sciages de résineux et de certaines qualités de papier, notamment de papier kraft.

¹ Il convient de noter que le commerce du papier journal se caractérise par le volume considérable des exportations du Canada vers les Etats-Unis, puisque celles-ci représentent environ 75 pour cent du total des échanges mondiaux de ce produit.

² L'importance relativement faible du commerce de pâte mécanique tient au fait qu'elle est en majeure partie produite et transformée en papier journal dans des usines intégrées.

TABLEAU V-1. - EXPORTATIONS MONDIALES DE BOIS ET DE PRODUITS DU BOIS, 1960-62

	Unité	Valeur		De chaque produit	Volume
					Eu équivalent de bois rond ¹		Exportations en pourcentage de la production mondiale
		Millions de dollars U.S.	Pourcentage	Millions	Millions de m³ ®	Pourcentage
Grumes de sciage (résineux)	Mètres cubes ®	104,1	1,7	5,50	5,50	2,8	1,1
Grumes de sciage (feuillus)	Mètres cubes ®	362,1	6,0	14,03	14,03	7,2	9,2
Bois à pâte	Mètres cubes ®	142,2	2,3	12,08	12,08	6,2	5,9
Bois de mine	Mètres cubes ®	40,2	0,7	2,95	2,95	1,5	5,9
Poteaux	Mètres cubes ®	48,4	0,8	1,88	1,88	1,0	1,3
Bois de feu	Mètres cubes ®	13,6	0,2	1,63	1,63	0,8	0,15
Charbon de bois	Tonnes	6,2	0,1	0,16	0,16	0,1	-
Sciages de résineux	Mètres cubes (s)	1375,9	22,6	36,89	61,61	31,5	13,9
Sciages de feuillus	Mètres cubes (s)	273,6	4,5	4,33	7,88	4,0	6,0
Traverses de chemin de fer	Mètres cubes (s)	34,5	0,6	0,89	1,62	0,8	7,3
Placages	Mètres cubes (s)	92,4	1,5	0,34	0,65	0,3	13,8
Contre-plaqués	Mètres cubes (s)	219,3	3,6	1,62	3,73	0,9	9,5
Panneaux de fibre	Tonnes	79,1	1,3	0,87	1,74	0,9	18,5
Panneaux de particules	Tonnes	23,3	0,4	0,21-	0,42	0,2	0,9
Pâte mécanique	Tonnes	84,2	1,4	1,27	3,18	1,6	6,8
Pâte chimique	Tonnes	1135,8	18,7	8,63	42,29	21,6	19,8
Papier journal	Tonnes	981,6	16,1	7,57	21,20	10,8	52,8
Papier d'impression et papier d'écriture	Tonnes	254,6	4,2	1,07	3,75	1,9	7,5
Autres papiers et cartons	Tonnes	807,3	13,3	3,85	9,63	4,9	7,9
TOTAL		26078,4	100,0		195,93	100,0

¹ Los quantités de produits du bois ont été converties en volumes équivalents de bois rond en utilisant les coefficients de conversion types publiés dans l'Annuaire statistique des produits forestiers de la FAO.

² Diffère de la valeur enregistrée des exportations mondiales qui figure au tableau V-2, car on a tenu compte des échanges non, enregistrés.

TABLEAU V-2. VALEUR ENREGISTRÉE DES ÉCHANGES DE BOIS ET PRODUITS DU BOIS, 1960-62

	Valeur des exportations	Pourcentage des exportations totale			Valeur de importations	Pourcentage des importation totales
	Millions de dollars U.S.	Pourcentage			Millions de dollars U.S.	Pourcentage
EUROPE	2756	47	4	EUROPE	3612	54	5
Dont:				Dont:
Europe septentrionale	1763	40	28	CEE	1713	26	5
Europe centrale	294	5	9	Royaume-Uni et Irlande	1208	18	9
				U.R.S.S.	91	1	2
U.R.S.S.	356	6	6	AMÉRIQUE DU NORD	1628	24	8
AMÉRIQUE DU NORD	2075	35	8	Dont:
Dont:				Etats-Unis	1516	23	10
Canada	1557	26	27	AMÉRIQUE LATINE	303	5	3
Etats-Unis	518	9	3	AFRIQUE	243	4	3
AMÉRIQUE LATINE	92	2	1	Afrique septentrionale	119	2	5
AFRIQUE	201	3	3	Afrique méridionale	68	1	5
Dont:				ASIE ET PACIFIQUE ¹	798	12	4
Afrique occidentale	162	3	10	Dont:
ASIE ET PACIFIQUE ¹	424	7	3	Japon	284	4	5
Dont:				Région du Pacifique	167	3	5
Asie du Sud-Est 2	225	4	5
Japon	133	2	3
TOTAL MONDIAL	5904	100	5	TOTAL MONDIAL	6675	100	5

¹ Non compris la Chine continentale.
² Asie du Sud-Est insulaire et continentale.

TABLEAU V 3. - PRINCIPAUX COURANTS D'ÉCHANGES DE PRODUITS FORESTIERS, 1959-61

(Valeur moyenne annuelle des exportations en millions de dollars, f.o.b.)

Exportations à destination de/en provenance de	Toutes destination	I	II	II
		Pays développés a économie de marche	Pays en voie de développement	Pays a économie centralement planifiée
Toutes origines	5357	4413	675	269
I	4452	3813	505	134
II	465	345	117	4
III	440	256	53	131

En fait, une part relativement restreinte du total de la production mondiale de bois rond est commercialisée sous sa forme brute - comme on peut s'y attendre dans le cas d'un produit dont la valeur par unité de poids ou de volume est aussi faible et qui subit de fortes pertes en cours d'usinage. Font principalement exception les grumes de feuillus destinées aux fabriques de contre-plaqués et de placages. Au tableau V- 1, elles sont comprises dans les grumes de sciage de feuillus, mais il est probable qu'en 1960-62 une bonne moitié des grumes de feuillus utilisées dans le monde à la fabrication des placages a été importée du fait que les fabriques de contre-plaqués et de placages de feuillus situées dans la zone septentrionale tempérée sont de plus en plus tributaires des importations de grumes de feuillus tropicaux. Une forte proportion de contre-plaqués et de placages de feuillus (environ un cinquième de la production totale du monde) fait également l'objet d'échanges internationaux.

Structure géographique des échanges

Plus d'un quart du commerce total de produits forestiers (en valeur) se fait entre le Canada et les Etats-Unis d'Amérique, tandis que les échanges entre pays européens en représentent environ un tiers. Dans chacune de ces régions, le courant des échanges va principalement des pays septentrionaux (c'est-à-dire de la zone des résineux) vers le reste de la région, et consiste surtout en sciages de résineux, pâte de bois chimique, papier journal, et papier kraft et carton. En valeur, les exportations mondiales totales de produits forestiers viennent pour 40 pour cent du nord de l'Europe et pour un quart du Canada, tandis que les pays de la CEE représentent le quart des importations totales (en valeur), les Etats. Unis un peu plus d'un cinquième et le Royaume-Uni et l'Irlande un sixième.

TABLEAU V - 4. - STRUCTURE DES ÉCHANGES DE PRODUITS FORESTIERS: PRINCIPAUX COURANTS D'ÉCHANGES

Orientation	Principaux produits	Tendances enregistrées au cours des dix dernières années	Remarques
Entre les pays d'Europe (33 pour cent) 1	Tous produits, mais particulièrement sciages de résineux, pâte de bois, papier et carton, bois à pâte. Modification de la structure des exportations scandinaves dans le sens d'une plus grande importance relative des pâtes et papiers, aux dépens des sciages de résineux.	Assez forte expansion; importations en croissance plus rapide que les exportations et par conséquent détérioration de la balance des échanges.	Echanges principalement orientés du nord vers le sud-ouest et l'ouest, avec un courant secondaire venant de l'est vers l'ouest et le sud-ouest. Le commerce des produits manufacturés à l'intérieur de la CEE et de l'AELE s'accroît à mesure que s'abaissent les barrières douanières entre les pays qui font partie de ces groupements.
Entre les pays d'Amérique du Nord (26 pour cent) ¹	Sciages de résineux, papier journal, pâte chimique et bois rond de résineux.	Expansion soutenue, sauf pour les échanges de bois à pâte du nord vers le sud, qui ont fléchi brutalement.	Principal courant d'échanges allant du Canada vers les Etats-Unis, mais commerce réciproque de bois rond-grumes de sciage en provenance des Etats-Unis vers le Canada, et de bois à pâte dans le sens inverse.
De l'Amérique du Nord vers l'Europe (6 pour cent) ¹	Sciages de résineux, papier journal, autres papiers et cartons, pâte chimique, contre-plaqués.	Jusqu'à ces dernières années tendance plutôt irrégulière. Depuis environ 1962, signes plus nets d'expansion. Echanges entre le Canada et la CEE en accroissement rapide.	Courant d'échanges surtout du Canada vers le Royaume-Uni.
De l'U.R.S.S. vers l'Europe (orientale et occidentale) [6 pour cent] ¹	Sciages de résineux, bois rond de résineux, contre-plaqués, pâte chimique.	Expansion rapide, les faibles niveaux de l'après-guerre ayant, vers 1964, dépassé les niveaux d'avant-guerre.	A évincé la Finlande comme principal fournisseur de bois rond et de sciages de résineux à destination de l'Europe.

¹ Les pourcentages représentent la portion approximative du commerce mondial total (en valeur).

FIGURE 3. - PRODUCTION, EXPORTATIONS ET CONSOMMATION DE BOIS D'ŒUVRE ET D'INDUSTRIE ¹, PAR RÉGION. 1960-62

¹ Equivalent en matière première bois de tous les produits du bois consommés (non compris les placages et la pâte à dissoudre). Il n'est fait état que des courants d'échanges représentant plus d'un million de m³ ® par an.

TABLEAU V-5.- STRUCTURE DES ÉCHANGES DE PRODUITS FORESTIERS: COURANTS D'ÉCHANGES SECONDAIRES ^l

Orientations	Principaux produits	Tendances enregistrées au cours des dix dernières années	Remarques
De l'Europe vers d'autres régions (10 pour cent).	Pâte et papier, sciages de résineux, panneaux de fibre, sciages de feuillus.	Commerce dans l'ensemble stationnaire ou en déclin à mesure que s'accroît la concurrence d'autres exportateurs (particulièrement le Canada) et des fabricants des pays importateurs.	Produits à base de résineux surtout en provenance de la Scandinavie vers toutes les régions. Fléchissement des exportations ou des ré exportations de papier en provenance du Royaume-Uni vers les pays du Commonwealth. Tendance à l'accroissement des exportations de sciages de feuillus de l'Europe du Sud-Est vers le reste de la région méditerranéenne .
De l'Amérique du Nord vers d'autres régions (6 pour cent).	Pâte et papier, sciages de résineux, bois rond de résineux	Commerce généralement en forte expansion, mais les tendance à se rentes régions varient selon les conditions locales.	Augmentation des exportations du Canada et des substituer aux produits scandinaves en Amérique latine. Commerce de bois rond entre les Etats-Unis et le Japon sujet à fluctuations.
De l'Asie du Sud-Est vers l'Asie orientale (3 pour cent).	Presque exclusivement des grumes de feuillus tropicaux.	Le développement très rapide n'est pas encore sérieusement affecté par les problèmes de disponibilités dans les principaux pays exportateurs.	En majorité des Philippines et de la Malaisie (Sabah et Sarawak) à destination du Japon, de la Corée (Rép. de), de Hong-kong et de la Chine (Taiwan). Le principal type d'essence est le lauan.
De l'Afrique vers l'Europe et l'Amérique du Nord (2,5 pour cent).	Grumes de feuillus tropicaux, sciages de feuillus, contre-plaqués et placages.	Expansion rapide, davantage pour les grumes que pour les produits transformés. Difficultés croissantes pour maintenir la production des essences les plus demandées dans les qualités souhaitées.	En provenance de pays situés sur la côte occidentale de l'Afrique vers l'Europe occidentale. La majeure partie des exportations accrues de grumes vont vers les pays de la CEE. Le Royaume-Uni est le principal importateur de sciages de feuillus et de contre plaqués d'origine africaine. (Autre courant d'échanges de l'Afrique septentrionale vers l'Amérique du Nord)
D'Extrême - Orient vers l'Amérique du Nord et l'Europe 2,5 pour cent).	Contre-plaqués (exportations et réexportations), placages, sciages de feuillus, grumes de feuillus.	Expansion rapide, notamment des exportations de contre-plaqués (surtout des contre-plaqués fabriqués à partir de grumes de lauan importées) en provenance du Japon, de la Chine ((Taïwan)) et de la Corée (Rép. de) vers l'Amérique du Nord, également exportations de contre-plaqués et de placages des Philippines vers l'Amérique du Nord et de sciages de feuillus de Malaisie vers l'Europe.	L'accroissement du commerce de d'exportation de contre plaqués fabriqués à partir de grumes importées pré sente un intérêt pour les exportateurs en puissance des pays en voie de développement. Du fait de la durée du transport vers l'Europe et l'Amérique du Nord, le commerce des grumes est demeuré relativement modeste.
Entre pays d'Amérique latine (1 pour cent).	Sciages de résineux, grumes et sciages de feuillus, pâte chimique.	En baisse, par suite de l'instabilité économique et politique et de l'insuffisance des transports intérieurs.	Le commerce le plus important se fait en provenance du Brésil, du Paraguay et du Chili vers l'Argentine. Sujet à de très fortes fluctuations qui reflètent celles de la balance du commerce de l'Argentine.

Outre les grands courants d'échanges du nord au sud, on note également un commerce important d'est en ouest, à destination des pays du nord-ouest de l'Europe en provenance de pays de l'Europe centrale (Autriche), de l'Europe du Nord-Est et du Sud-Est, ainsi que de l'U.R.S.S. ³. De échanges ont également lieu vers l'est depuis l'Amérique du Nord vers les pays de l'Europe du Nord-Ouest, et vers l'ouest à destination du Japon - lequel importe également des quantités substantielles de ces produits en provenance du nord-est de l'U.R.S.S., tandis qu'il exporte des produits finis, principalement à destination des Etats-Unis d'Amérique. Il y a également d'importants courants d'échangés de grumes de feuillus tropicaux du sud au nord, depuis l'Asie insulaire du Sud-Est vers le Japon, et depuis l'Afrique occidentale vers l'Europe, avec un courant plus faible, mais encore important, d'exportations, surtout vers l'Europe, de sciages de feuillus en provenance de l'Asie continentale du Sud-Est.

³ En volume, l'U.R.S.S. est l'un des principaux exportateurs de produits forestiers du monde, mais comme ces exportations consistent jusqu'à présent en bois rond et en produits semi-transformés de faible valeur, la part de ce pays dans la valeur totale des exportations mondiales n'est que d'environ 6 pour cent.

TABLEAU V-6. - STRUCTURE DES ÉCHANGES DE PRODUITS FORESTIERS: COURANTS COMMERCIAUX ENCORE MODESTES MAIS SUSCEPTIBLES D'EXPANSION

Orientation	Principaux produits	Tendances enregistrées au cours des dix dernières années	Remarques
De l'U.R.S.S. vers le Japon et autres pays d'Extrême-Orient et du Pacifique (1 pour cent).	Bois rond et sciages de résineux pâte chimique.	Parti d'un niveau presque nul, le commerce entre L'U.R.S.S. et le Japon s'est développé et atteint main tenant un volume annuel considérable. L'U.R.S.S. s'efforce de créer un courant d'exportations vers l'Australie et les pays d'Extrême-Orient.	Le développement futur subordonné aux moyens est transport entre les grands complexes industriels de Sibérie et les ports de la côte orientale de l'U.R.S.S.
De la Nouvelle-Zélande vers l'Australie et l'Extrême-Orient.	Bois rond et sciages de résineux, pâte chimique et papier journal.	Partis d'un niveau insignifiant, les échanges ont atteint en quelques années un volume substantiel. Jusqu'à présent, exportations principalement vers l'Australie mais possibilité d'une répartition plus vaste qui pourrait éventuellement atteindre l'Europe.	Commerce alimenté entièrement par les plantations de P. radiata
De l'Afrique méridionale vers l'Europe.	Pâte chimique, panneaux de fibre et de particules.	Commerce autrefois inexistant, encore très modeste, mais susceptible de développement.	Surtout à destination du Royaume-Uni. Alimenté exclusivement par les plantations d'essences résineuses.
De l'U.R.S.S. vers la région méditerranéenne.	Surtout sciages de résineux.	Une certaine expansion, en grande partie aux dépens des exportateurs scandinaves et autrichiens. Concurrence de la Roumanie et de la Yougoslavie.	La République arabe unie est le plus gros client.
De l'Amérique latine vers l'Amérique du Nord (0,5 pour cent).	Sciages de résineux, grumes et sciages de feuillus.	Niveau stable des exportations de sciages de résineux (pin Parana brésilien) et de feuillus à destination de l'Europe occidentale (surtout Royaume-Uni et Rép féd. d'Allemagne). Augmentation des exportations de sciages de feuillus et diminution des exportations de grumes à destination des Etats-Unis.	La réalisation du potentiel des exportations est subordonnée à l'amélioration des transports intérieurs et à la création de liaisons maritimes régulières avec les marchés d'exportation. Le Mexique est en principe bien placé pour conquérir le marché d'Amérique du Nord.
(De l'Amérique latine vers l'Extrême-Orient et le Pacifique).	(Grumes et sciages de feuil lus pâte).	Commerce négligeable actuellement, mais les importateurs, notamment le Japon, sont désireux de trouver de nouvelles sources d'approvisionnement, particulièrement en grumes de feuillus.	Voir la remarque précédente

Le commerce mondial du bois et des produits du bois est donc caractérisé surtout par la forte proportion d'échanges entre pays développés. En 1959-61, les échanges entre pays développés (pays à économie de marché ou centralement planifiée) ont représenté plus de 80 pour cent du commerce total des produits forestiers (tableau V-3). Le solde se composait principalement d'exportations en provenance de pays développés à économie de marché vers des pays en voie de développe ment et d'un courant (moins important en valeur) en sens contraire. Les échanges ont été très faibles entre les pays en voie de développement et, collectivement, ces derniers ont enregistré en 1959-61 pour les produits forestiers un déficit d'environ 300 millions de dollars (valeur des exportations f.o.b., valeur des importations c.a.f.). Ce déficit peut être en partie attribué au fait que les importations de ces pays consistent surtout en produits du bois très élaborés, tandis qu'ils exportent en majeure partie des bois ronds et des semi-produits de faible valeur. Tandis que les exportations de produits forestiers représentent 5,5 pour cent de la valeur des exportations de tous les produits dans les pays développés à économie de marché, et 4 pour cent dans les pays développés à économie centralement planifiée, elles n'atteignent que 2 pour cent dans les pays en voie de développement.

Les traits caractéristiques de chacun des courants d'échanges sont résumés dans les tableaux V-4, V-5, et V-6 qui peuvent également servir d'introduction à la section suivante, consacrée aux tendances récentes des échanges.

Évolution du commerce des produits forestiers

Tendances des exportations
Tendances des importations
Tendances de la balance commerciale

Tendances des exportations

Entre 1955-57 et 1960-62, la valeur enregistrée des exportations mondiales de produits forestiers est passée de 4,70 milliards de dollars (f.o.b., prix courants du marché) à 5,90 milliards de dollars. Le tableau annexe V-A indique l'accroissement du volume des exportations pour chaque produit et sous-région. Comme le commerce de presque tous les produits se fait entre un nombre relativement restreint de pays, nous bornerons ci-après notre analyse aux courants d'échanges entre grandes régions productrices de résineux et de feuillus.

EXPORTATIONS DE RÉSINEUX DES RÉGIONS SEPTENTRIONALES

Il ressort du tableau V-7 que les exportations mondiales de bois rond et de sciages de résineux viennent en majeure partie du Canada, de l'Europe septentrionale et de l'U.R.S.S., tandis que la pâte de bois, les papiers et cartons ⁴ exportés proviennent surtout de l'Amérique du Nord et de l'Europe septentrionale. Le Canada est également le principal fournisseur de contre-plaqués de résineux sur le marché international. Quelques pays de l'Europe orientale, notamment l'Autriche, exportent également de grosses quantités de ces produits, surtout de bois rond et de sciages. En fait, les sous-régions du tableau V-7 entrent pour au moins 85 pour cent dans le total des exportations mondiales de chacun de ces produits résineux.

⁴ Bien que des quantités considérables de feuillus scient utilisées pour la fabrication de pâte de bois, de papier et de carton, la majeure partie des produits exportés, sur tout en provenance des pays ou régions mentionnés ici, sont à base de résineux.

Bois rond résineux

Il ressort du tableau V-7 que les exportations de bois rond résineux sont en forte augmentation; il s'agit surtout de grumes de sciage exportées au Japon par l'U.R.S.S. et les Etats-Unis, et de bois à pâte exporté par l'U.R.S.S. vers le Japon et l'Europe. La montée en flèche, au cours de ces dernières années, des exportations de grumes de résineux de grande dimension à partir des Etats-Unis est due à la nécessité de dégager rapidement de vastes régions battues par les vents le long de la côte occidentale. Le taux d'accroissement qui ressort de la comparaison entre les exportations qui ont eu lieu entre 1962 et 1964 et celles des années précédentes est donc très supérieur à la réalité.

Les ventes de bois rond soviétique au Japon correspondent à la mise en exploitation de vastes forêts de résineux dans l'Extrême-Orient soviétique. C'est là un événement d'une portée considérable, car cette région offre d'immenses ressources; d'autre part, étant éloignée des principaux marchés intérieurs de l'U.R.S.S., elle continuera probablement à desservir en partie le marché d'exportation, mais comme on y construit des usines de transformation on peut escompter aussi une réduction des exportations de bois rond au bénéfice des exportations de produits finis, du moins d'ici un certain temps.

Dans les autres principales régions exportatrices, les exportations de bois rond ont fléchi. En Europe septentrionale, en particulier, il n'est guère possible, désormais, d'accroître la production. Comme nous le faisions remarquer au chapitre IV, les pays scandinaves se préoccupent de développer les transformations poussées du bois, de sorte que les exportations d'Europe septentrionale consistent de plus en plus en produits plus coûteux comme la pâte et surtout le papier.

Sciages de résineux

De tous les produits forestiers, les sciages de résineux sont de très loin ceux qui représentent la plus large part des échanges mondiaux puisqu'ils représentent près du quart de la valeur totale des produits forestiers et plus de 30 pour cent du volume de bois qui entre sur le marché international. La moitié environ des sciages de résineux du commerce est destinée aux pays de l'Europe du Nord-Ouest et le quart aux Etats-Unis. Ainsi qu'il ressort du tableau V-7, le commerce des sciages de résineux s'est fortement développé ces temps derniers.

C'est l'U.R.S.S. qui a enregistré l'accroissement le plus rapide des exportations, principalement vers l'Europe. Le volume des exportations du Canada, de loin le plus gros fournisseur de sciages de résineux sur le marché mondial, a augmenté encore davantage, principalement vers l'Europe, ces dernières années. En Europe, les exportations de la Finlande et de la Suède, qui sont toujours les plus gros fournisseurs de la région, n'ont progressé que lentement, en partie par suite de la concurrence exercée par les industries des pâtes et papiers aux dépens du bois brut. Les exportations de l'Autriche, autre gros exportateur européen, ont baissé, mais celles de la Tchécoslovaquie, de la Pologne, de la Roumanie et de la Yougoslavie sont en hausse. Il s'agit, toutefois, de quantités beaucoup plus faibles et, tout compte fait, une part croissante des besoins de l'Europe se trouve couverte par des importations provenant de pays extérieurs à la région.

L'autre grand courant d'échanges de sciages de résineux, qui va du Canada aux Etats-Unis, a pris une extension sensible depuis quelques années. En outre, ces deux pays d'Amérique du Nord exportent des quantités accrues vers le Japon. Les exportations de sciages de résineux à destination de l'Afrique septentrionale et du Proche-Orient ont augmenté, surtout en provenance de l'U.R.S.S., mais les exportations à destination de la plupart des autres régions en voie de développement ont fléchi. Les exportations du Brésil, seul producteur important de résineux en dehors de la zone septentrionale, ont eu également tendance à fléchir, par suite de la fluctuation des achats de l'Argentine, son plus gros client. L'accroissement des échanges de sciages de résineux a, par conséquent, eu lieu presque exclusivement entre pays développés, l'augmentation des exportations étant principalement due au Canada et à l'U.R.S.S.

Pâte et papier

En revanche, les pays du Nord ont accru leurs exportations de pâte de bois, de papier et de carton vers la plupart des parties du monde, bien que la majeure partie des exportations de l'Europe septentrionale (en fait une part croissante) aille toujours vers le reste de l'Europe, et que le gros des exportations du Canada soit encore dirigé vers les Etats-Unis. En Europe, les échanges de papier et de carton se sont développés plus vite que ceux de la pâte de bois ⁵, tant en raison du développement des industries de transformation du bois dans les pays d'Europe septentrionale, comme indiqué ci-dessus, que par suite du désarmement douanier entre les pays de l'Association européenne de libre échange (AELE), qui a renforcé la position des exportateurs de papier et de carton d'Europe septentrionale vers leur marché le plus important, celui du Royaume-Uni. En fait, l'Europe septentrionale compte pour moitié environ dans l'accroissement des exportations annuelles de pâte dans le monde depuis 1955-57, et pour la majeure part, dans l'augmentation des échanges mondiaux de papier et de carton.

⁵ Pour plus de précision, les échanges européens «d'autres papiers et cartons» se sont accrus plus rapidement que ceux de papier journal, et on enregistre un progrès substantiel du commerce de la pâte chimique alors que celui de la pâte mécanique s'est très peu développé.

Les exportations canadiennes à destination des Etats-Unis n'ont progressé que lentement, par suite de la faible demande de papier journal, qui constitue la majeure partie de ce commerce, tandis que les exportations canadiennes de pâte et de papier vers les Etats-Unis semblent avoir souffert des progrès techniques de l'industrie de la pâte et du papier de ce dernier pays, qui semblent compenser certains des avantages dont jouissaient jusqu'ici les producteurs canadiens.

TABLEAU V-7. - EXPORTATIONS DES PRINCIPALES CATÉGORIES DE BOIS DE RÉSINEUX, 1955-57 A 1963

(Milliers d'unités)

¹ Grumes. bois à pâte et bois de mine. Il est possible que sous la rubrique «bois à pâte et bois de mine» scient comprises certaines quantités peu importantes de bois rond de feuillus.

² Dont: Tchécoslovaquie, 774000 m³ (+ 50%); Pologne, 777500 m³ (+ 121%); Roumanie, 1320300 m³ (+ 66%).

En améliorant sa capacité de fournir certaines qualités de pâte et de papier, l'industrie des Etats-Unis a également renforcé sa position à l'exportation. Le Canada et les Etats-Unis ont accru leurs exportations de pâte de bois, de papier et de carton vers l'Europe et, depuis quelques années, ces deux pays vendent également des quantités accrues de pâte de bois au Japon.

Comme nous l'avons vu au chapitre IV, producteurs de pâte et de papier du Japon et d'Europe ont effectué des investissements dans les usines de production en Amérique du Nord, tandis que les producteurs d'Amérique du Nord investissaient dans des usines de transformation sur le marché européen. L'accroissement des échanges est donc en partie dû à cette intégration interrégionale plus poussée de l'industrie de la pâte et du papier, puisque ce commerce de produits semi-finis a lieu entre les usines d'une société qui travaille dans deux régions. C'est un facteur du même ordre qui a influé sur l'accroissement des échanges de pâte de bois dans le sens ouest-est de l'Atlantique: l'importance croissante de la production de papier et de carton dans les pays du nord de l'Europe, qui a ralenti l'expansion des offres de pâte sur les marchés d'Europe.

Bien que les échanges aient été quantitativement plus faibles, les exportations de pâte et de papier de l'Amérique du Nord et de papier d'Europe septentrionale vers le reste du monde ont, dans l'ensemble, augmenté régulièrement en dépit d'une baisse des importations de ces produits par certains pays, tels qu'Afrique du Sud, Australasie, Chili, Brésil, Inde et Pakistan, qui ont accru leur propre capacité de production. L'U.R.S.S., qui est encore en train de développer son industrie de pâte et papier afin de répondre à des besoins intérieurs en accroissement rapide, n'est pas encore en mesure d'alimenter substantiellement le marché mondial.

Contre-plaqués de résineux

En fait, les seuls échanges importants de ce produit se font en provenance du Canada vers le Royaume-Uni et ils se sont fortement développés. Depuis un an ou deux, les exportations canadiennes de contre-plaqués de résineux à destination de l'Europe continentale montrent également des signes d'expansion.

Panneaux de fibre

La Scandinavie a de tout temps été le principal fournisseur de ce produit au reste du monde. Ses exportations vers les autres pays d'Europe se sont récemment développées, tandis qu'à destination d'autres régions elles demeuraient stationnaires. En Europe, les exportateurs scandinaves ont dû faire face à une concurrence accrue de la part des producteurs d'Europe occidentale qui exportent en particulier des types spéciaux de panneaux et, plus récemment, de la part de l'U.R.S.S. et des pays d'Europe orientale qui exportent des panneaux d'un prix peu élevé.

En ce qui concerne l'offre générale de bois résineux sur le marché international, les faits les plus saillants sont donc l'accroissement notable des quantités de bois rond et de sciages exportés par l'U.R.S.S., de bois rond, de sciages et de pâte et papier exportés par l'Amérique du Nord et, en Europe septentrionale, la baisse des exportations de bois rond et de sciages au profit des exportations de pâte et, plus encore, de papier et de carton.

EXPORTATIONS DE RÉSINEUX DE L'HÉMISPHÈRE SUD

Depuis quelques années, un certain nombre de pays de l'hémisphère Sud ont commencé à exporter des bois résineux et des pâtes et papiers. Très faibles par rapport au total des exportations mondiales, ces exportations ont l'intérêt de provenir de forêts artificielles. On peut donc les considérer comme le début d'une entreprise bien plus vaste ainsi que d'une grande expansion des développements de ce genre.

Les principaux pays en cause sont actuellement: la Nouvelle-Zélande, qui exporte des grumes de sciage de résineux à destination du Japon, ainsi que des sciages de résineux et du papier journal vers l'Australie ⁶, l'Afrique du Sud, qui exporte vers l'Europe et l'Amérique du Nord de la pâte chimique et des panneaux de bois, et le Chili, qui exporte des sciages de résineux, de la pâte de bois chimique et du papier journal vers les pays voisins d'Amérique latine, en particulier l'Argentine. Le Chili écoule également des quantités encore faibles de sciages de résineux et de bois à pâte sur le marché européen.

⁶ L'Australie et la Nouvelle-Zélande ont conclu en août 1965 un accord prévoyant, dans certaines limites, un libre échange entre les deux pays. Les industries de produits forestiers de la Nouvelle-Zélande seraient parmi les principaux bénéficiaires de cet accord.

Le tableau annexe V-A montre l'origine récente de ces échanges et leur évolution au cours des dernières années. L'accroissement des ressources et de la capacité de l'industrie du bois dans les pays en question a eu, en outre, pour conséquence de réduire les importations de ces produits. Comme nous l'avons vu au chapitre III, d'autres pays, en particulier l'Australie, la Rhodésie et le Brésil, ont également développé des plantations et des industries utilisatrices pour être moins tributaires des importations; d'autres sont en train d'établir des plantations à une échelle qui leur permettra d'alimenter des industries d'exportation: c'est le cas notamment du Kenya et du Malawi.

EXPORTATIONS DE FEUILLUS TROPICAUX

Par suite de la demande croissante dans les pays développés de grumes de déroulage et de grumes pour la fabrication de placages décoratifs et de sciages, le commerce des feuillus tropicaux a pris depuis la guerre une expansion remarquable. Ces produits figurent maintenant en tête des échanges mondiaux de produits forestiers. Ainsi qu'il ressort du tableau V-8, ce commerce porte actuellement sur un volume considérable de grumes de feuillus pour placages et sciages, un volume beaucoup plus faible, encore qu'important, de sciages de feuillus et un volume encore moindre de contre-plaqués et de placages de feuillus.

Le nombre de pays qui exportent des quantités importantes de feuillus tropicaux est relativement faible et le commerce des grumes en particulier se limite étroitement au courant d'échanges en provenance de l'Afrique occidentale (Cameroun, Côte-d'Ivoire, Congo [Brazzaville], Congo [République démocratique du], Gabon, Ghana et Nigeria ⁷) à destination de l'Europe, et de l'Asie insulaire du Sud-Est (Philippines, Sabah et Sarawak) vers le Japon et l'Asie orientale (Chine [Taïwan], Corée [Rép. de] et Hong-kong). Il ne fait pas de doute que les frets élevés, qui peuvent atteindre 30 à 40 pour cent au moins du coût c.a.f. des grumes importées en Europe en provenance de l'Afrique occidentale, ne sont pas de nature à favoriser l'expansion de ces échanges qui restent donc limités à des distances relativement courtes du sud vers le nord. Il n'existe pratiquement pas de commerce de grumes entre l'Afrique occidentale et le Japon, et les exportations de grumes en provenance de l'Asie du Sud-Est vers l'Europe sont faibles par rapport à celles de l'Afrique occidentale vers l'Europe. En revanche, une part importante des exportations de sciages de feuillus de l'Asie continentale du Sud-Est va vers l'Europe. L'Amérique latine, éloignée de ces deux marchés, n'exporte pratiquement pas de feuillus tropicaux ⁸,

⁷ Il existe également un important courant d'exportations de la Guinée espagnole vers l'Espagne.

⁸ Il existe, cependant, du Paraguay vers l'Argentine un courant d'échanges considérable, mais en baisse ces dernières années.

TABLEAU V-8. - EXPORTATIONS DE FEUILLUS, 1955-57 A 1963

(Milliers de mètres cubes)

	Grumes de feuillus		Sciages de feuillus		Contre-plaqués et placages de feuillus
	1963	Evolution de 1955-57 à 1963	1963	Evolution de 1955-57 à 1963	1963	Evolution de 1955-57 à 1963
FEUILLUS TROPICAUX		Pourcentage		Pourcentage		Pourcentage
Afrique occidentale	15171	+82	471	+29	158	+92
Asie insulaire du Sud-Est	210560	+219	342	-2	3403	+750
Asie continentale du Sud-Est	255	+123	703	+64	4	+150
Asie orientale	-		-		4525	+190
TOTAL DES EXPORTATIONS MONDIALES DE FEUILLUS TROPICAUX	16405	+141	1870	+33	1171	+170
FEUILLUS DES ZONES TEMPÉRÉES
Finlande	44,9	-28	31,5	+68	384,1	+42
CEE	5771,4	+26	5431,3	+7	6255,3	+42
Europe orientale	3,8	+100	7702,6	+98	7119,3	+193
U.R.S.S.	63,8	+42	-		144,7	+84
Canada	82,8	-22	366,6	+16	..	..
Etats-Unis	325,2	+142	223,6	-22	..	..
Japon	0,3	-40	196,0	-23	..	..
TOTAL DES EXPORTATIONS MONDIALES DE FEUILLUS	17841	+127	4432	+25	..	..

¹ Dont: Congo (Brazzaville), 425400 m³ (+140%); Gabon, 1157400 m³ (+37%); Ghana, 670500 m³ (+16%); Côte-d'Ivoire, 1445000 m³ (+355%), Nigeria, 666400 m³ (+42%)

² Dont: Philippines, 6520800 m³ (+280%); Sabah, 3000800 m³ (+630%); Sarawak, 874700 m³ (+470%).

³ Dont: Philippines, 374300 m³ (+1000%).

⁴ Dont: Japon, 344500 m³ (+25%); Chine (Taiwan), 133400 m³ Ces chiffres comprennent de faibles quantités de contre-plaqués de feuillus des zones tempérées.

⁵ Dont: France, 613400 m³ de grumes (+ 32%) et 316700 m³ de sciages (+4%).

⁶ Y compris de faibles quantités de contre-plaqués de feuillus tropicaux et de contre-plaqués de résineux.

⁷ Dont: Roumanie, 627600 m³ de sciages (+96%) et 83800 m³ de contre-plaqués et de placages (+560%).

Les échanges de l'Afrique occidentale sont également influencés, tant du point de vue de leur orientation que de leur composition, par le fait que la création des liaisons commerciales y remonte à l'époque coloniale. Ainsi, les importations du Royaume-Uni viennent encore pour la majeure partie des pays du Commonwealth et celles de la France de ses anciennes colonies. Jusqu'à une date récente, cette structure des échanges était encore renforcée par les ententes tarifaires conclues respectivement par le Royaume-Uni et la France avec leurs anciens territoires d'outre-mer ⁹. En revanche, des pays comme la République fédérale d'Allemagne et l'Italie font appel, pour s'approvisionner en feuillus tropicaux, à une plus large gamme de fournisseurs.

⁹ Lors d'une réunion des ministres de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), on mai 1963 quelques pays développés, y compris la France et lé Royaume-Uni, ont décidé de supprimer les droits de douane sur les feuillus tropicaux quelle qu'en soit l'origine. Cet accord est entré en vigueur le 1^er janvier 1964 pour une première période de deux ans. Il semble toutefois qu'il ne s'applique qu'aux grumes et aux sciages de feuillus tropicaux, les contre-plaqués et les placages de feuillus demeurant assujettis aux droits de douane.

Les liens commerciaux créés durant l'ère coloniale ont également influé sur l'éventail de produits du commerce de feuillus tropicaux. Le Royaume-Uni, par exemple, qui n'a guère d'industries de transformation à soutenir ou à protéger, a couvert la majeure partie de ses besoins en important des sciages, des contre-plaqués et des placages plutôt que des grumes. Cette structure des échanges a été favorisée à la fois par la politique tarifaire (tableau V-9) et par les capitaux que les industries britanniques du bois ont investis dans la création de scieries et d'usines de contre-plaqués dans des pays comme le Ghana, le Nigeria, la Birmanie et la Malaisie. Bien que les circonstances aient été un peu différentes, on pourrait citer ici les investissements effectués par les Etats-Unis aux Philippines. Toutefois, ainsi qu'il ressort du tableau V-9, les droits de douane appliqués par les Etats-Unis défavorisent produits de bois ouvrés.

Dans les pays d'Europe continentale et au Japon, qui recherchent surtout des grumes brutes destinées aux industries nationales, les structures tarifaires étaient conçues de manière à décourager les importations de sciages, de contre-plaqués et de placages; c'est encore plus ou moins le cas pour ces deux derniers produits.

Grumes de feuillus

Jusqu'à ces dernières années au moins, les exportations de grumes, aussi bien d'Afrique que de l'Asie du Sud-Est, ont augmenté plus rapidement que celles de sciages, de contre-plaqués et de placages, bien que pour ces derniers, elles se scient considérablement accrues. Le tableau V-8 trahit les accroissements massifs des exportations de grumes depuis 1955-57.

En Asie, les échanges avaient lieu jusqu'à une date récente, principalement dans le sens Philippines - Japon, mais, depuis quelques années, Sabah et Sarawak sont également devenus de gros exportateurs et leurs exportations se développent actuellement plus vite que celles des Philippines. Parallèlement, une part croissante des exportations se fait maintenant à destination des pays de l'Asie orientale autres que le Japon: Chine (Taiwan), Corée (Rép. de) et Hong-kong qui ont également créé des industries de fabrication de contre-plaqués et de placages utilisant, comme au Japon, des matières premières importées. Entre-temps, les Philippines ont également créé une importante industrie de fabrication de contre-plaqués et de placages.

En Afrique occidentale, les exportations de certains des pays qui étaient autrefois en tête de ce commerce, le Ghana et le Nigeria, ont également fléchi, en partie par suite des difficultés et des coûts croissants qu'entraîne la production des essences et des qualités les plus recherchées. Les exportations de la Côte-d'Ivoire ont continué à augmenter et celles du Gabon, du Cameroun et du Congo (Brazzaville) progressent également. Plus de la moitié du volume exporté d'Afrique occidentale va encore vers la France et la République fédérale d'Allemagne, mais c'est avec l'Italie que les échanges se sont développés le plus rapidement.

Quelques-uns de ces pays d'Afrique occidentale s'efforcent également de développer leurs propres industries de transformation, en vue d'exporter leurs bois non plus sous la forme brute, mais sous forme de produits semi-finis et finis. Bien que l'expansion des industries nationales de transformation aux Philippines et dans ces pays d'Afrique occidentale n'ait pas encore sensiblement modifié la structure générale des échanges de feuillus tropicaux, elle a sans aucun doute contribué à réduire la quantité de grumes que certains pays peuvent exporter et à nous montrer dans quel sens le commerce va probablement évoluer.

Sciages, contre-plaqués et placages de feuillus

L'accroissement des exportations de sciages de feuillus tropicaux n'est pas très marqué. Les exportations du Ghana et du Nigeria, principalement à destination du Royaume-Uni, ont légèrement progressé, tandis que celles de la Malaisie et de la Côte-d'Ivoire marquaient une nette avance. Ailleurs, on n'a enregistré que peu de changements.

TABLEAU V-9. - DROITS DE DOUANE APPROXIMATIFS AUXQUELS SONT ASSUJETTIS CERTAINS PRODUITS DU BOIS DANS LES PRINCIPAUX PAYS IMPORTATEURS

(Pourcentage ad valorem, sauf indication contraire)

	France ¹	République fédérale d'Allemagne 1	CEE tarif extérieur commun ¹	Royaume Uni 2	Etats-Unis	Japon
Bois à pâte	0	0	0	0	0	0
Grumes de sciage et grumes de placage	0	0	0	38	0	40-5
Sciages de résineux	0	0	0	58s.	6$ 0,35-1,50	40-10
Sciages de feuillus	0	0	0	8	6 $ 1,50-3,00	40-10
Feuilles pour placages	11,4-17,4	2	10	8	8-16,66	415
Contre-plaqué	10,6-15,6	7-11	15	10	15-40	20
Panneaux de particules	13,9	11-13,5	13	20	12	15-20
Panneaux de fibre	15	6-10	15	20	5-9	15-20
Pâte de bois	6	0,6	6	0	0	5
Papier journal	1,7	0	7	0	70	7,5
Papier d'impression et papier d'écriture	16-19,3	10	16-18	16,7	4-7,5	10
Autres papiers et cartons	18-19,3	10	18	14-15	5-15	10-20

¹ Au 1^er janvier 1965, les droits de douane sur les échanges à l'intérieur de la CEE ont été ramenés à 30 pour cent de leur niveau de base et le tarif extérieur commun à 70 pour cent du niveau qu'il atteignait à cette date. Les produits importés par la CEE en provenance des pays qui lui sont associés entrent en franchise.

² Au 1^er janvier 1965, les droits de douane perçus sur les échanges à l'intérieur de l'AELE ont été ramenés a 30 pour cent de leur niveau de base. Les produits importes par le Royaume-Uni en provenance de pays du Commonwealth entrent en franchise.

³ Sur le grumes de feuillus; les droits de douane sur les grumes de résineux sont de 8 s. le standard

⁴ Le droit de douane perçu sur certaines essences est de 20 pour cent.

⁵ Par standard.

⁶ Par 1000 board feet.

⁷ Sur le papier journal de qualité standard

En revanche, les exportations de contre-plaqués et de placages ont progressé très vite. De tous les pays tropicaux, ce sont les Philippines qui ont réalisé la plus forte expansion, en prenant une part considérable et croissante du marché des contre-plaqués de feuillus aux Etats-Unis d'Amérique. En Afrique occidentale, le Gabon, le Nigeria et le Ghana ont tous augmenté leurs exportations de contre-plaqués et de placages, surtout à destination de l'Europe. Le côté frappant du commerce de contre-plaqués et placages de feuillus tropicaux, c'est qu'environ la moitié des exportations mondiales de ces produits viennent de pays situés en dehors des régions tropicales, où on les fabrique à partir de grumes de feuillus tropicaux importées. C'est ainsi que procèdent le Japon, la Chine (Taïwan) et la République de Corée qui fabriquent et exportent des contre-plaqués de feuillus tropicaux destinés principalement aux Etats Unis, et Israël, qui les exporte vers l'Europe ¹⁰.

¹⁰ Une part des échanges intra-européens de contre-plaqués consiste également en contre-plaqués de feuillus tropicaux fabriqués en Europe.

La concurrence de plus en plus vive dont font l'objet les grumes de feuillus tropicaux s'explique par l'existence de grandes industries qui continuent à se développer en dehors des régions tropicales en utilisant comme matière première des grumes de feuillus tropicaux, par la création de nouvelles industries de ce type et enfin par le fait que les principaux fournisseurs tropicaux de cette matière première s'efforcent d'édifier ou de développer leurs propres industries de transformation. Les conséquences à longue échéance de cette évolution seront examinées dans le dernier chapitre. A brève échéance, il semble probable que le commerce continuera à se développer dans les régions qui disposent encore d'importantes réserves de qualité appropriée, c'est-à-dire le centre - ouest de l'Afrique, Sabah et Sarawak, l'Indonésie et certaines parties de l'Amérique latine.

EXPORTATIONS DE FEUILLUS DE LA ZONE TEMPÉRÉE

L'accroissement massif du commerce et de l'utilisation de feuillus tropicaux a masqué le rythme d'expansion plus lent du commerce des feuillus de la zone tempérée ¹¹. Comme on le voit au tableau V-8, ce commerce ne correspond plus qu'à une faible part du commerce total des grumes de feuillus (la forme sous laquelle les feuillus sont le plus souvent exportés), mais représente encore une large proportion de tous les sciages, contre-plaqués et placages de feuillus commercialisés.

¹¹ C'est l'accroissement relativement lent, dans la zone tempérée, de la production intérieure de feuillus de la dimension et de la qualité requises qui a le plus contribué à accroître la demande de feuillus tropicaux.

Les exportations françaises de grumes de feuillus, surtout à destination de pays voisins, ont fléchi, mais les exportations des Etats-Unis vers l'Europe ont augmenté. On note un accroissement considérable des exportations de sciages de feuillus en provenance de l'Europe du Sud-Est (Roumanie, Yougoslavie et Bulgarie) qui possède encore des ressources considérables et inexploitées de feuillus. La Roumanie est actuellement le plus gros exportateur mondial de sciages de feuillus, en grande partie vers l'U.R.S.S.; mais l'Italie est également un gros acheteur de ces bois. Les échanges intra-européens de sciages de feuillus ont progressé régulièrement, tandis que le volume des échanges entre pays d'Amérique du Nord et celui des exportations d'Amérique du Nord sur l'Europe sont demeurés pratiquement inchangés. Les exportations du Japon, autre gros exportateur de ce produit, ont fléchi par suite d'une diminution des quantités exportables de chêne japonais.

Le commerce de contre-plaqués fabriqués à partir de feuillus de la zone tempérée a progressé régulièrement, en participant à l'accroissement général de la demande pour la fabrication de panneaux. Le principal exportateur est la Finlande, dont les contre-plaqués de bouleau sont exportés surtout à destination du Royaume-Uni et des Etats-Unis d'Amérique. l'U.R.S.S. expédie des quantités importantes et croissantes de ce type de contre-plaqué vers le Royaume-Uni et les exportations de la Roumanie et de la Yougoslavie progressent également très vite. En outre, des échanges considérables ont lieu à l'intérieur de l'Europe, en provenance de la France, de la République fédérale d'Allemagne, de la Belgique et des Pays-Bas ¹².

¹² Comme indiqué plus haut, une partie de ces échanges intra-européens consiste en contre-plaqués de feuillus tropicaux.

Tendances des importations

Entre 1955-57 et 1960-62, la valeur enregistrée des importations mondiales de produits forestiers est passée de 5 milliards de dollars (c.a.f., prix courants du marché) à 6,7 milliards de dollars. L'origine, l'évolution et l'orientation des échanges globaux de chaque produit ont été examinées plus haut, à l'occasion de l'examen des tendances des exportations. Dans la présente section, nous nous limiterons donc à étudier la structure générale des importations et son évolution dans les principales régions importatrices. (Le tableau annexe V-B donne, pour chaque sous-région, les importations ventilées par produits.)

Quatre sous-régions ou pays comptent pour près des trois quarts de la valeur totale des importations mondiales de produits forestiers. Ce sont le Royaume-Uni et l'Irlande, les pays de la CEE, les Etats-Unis et le Japon. On peut voir au tableau V-10 qu'au cours des dernières années, les importations de ces quatre pays et groupe de pays se sont développées considérablement en valeur absolue, la différence ne résidant que dans la nature des produits importés.

On peut nettement distinguer d'une part le Royaume-Uni et l'Irlande et les Etats-Unis, qui ont de plus en plus tendance à couvrir leurs besoins par voie d'importation de produits semi-transformés ou transformés, et de l'autre, les pays de la CEE et encore plus le Japon, qui ont encore recours aux importations de bois brut pour satisfaire une partie des besoins de leurs industries de transformation primaire existantes ou en expansion.

Au Royaume-Uni, les importations de bois rond ont baissé, celles de pâte de bois ont progressé modérément et celles de papiers et cartons, de sciages et de contre-plaqués, ont fortement augmenté. Comme l'indique le tableau V-10, le Royaume-Uni et l'Irlande importent actuellement très peu de bois rond. Leurs importations consistent, dans une large mesure, en sciages et pâte chimique et en papier, carton et panneaux.

TABLEAU V-10. - IMPORTATIONS DE BOIS ET DE PRODUITS, DU BOIS, 1955-57 A 1963 ¹
(Milliers d'unités)

¹ Voir aussi le tableau annexe V-B.

² Toute l'Afrique (non compris l'Afrique méridionale), l'Asie (non compris le Japon et In Chine continentale) et l'Amérique latine

³ Pas d'importations on 1056-67,

⁴ Grumes de sciage, de placage et pour traverses.

Les importations des Etats-Unis ont suivi une tendance analogue, avec cette différence que les importations de papier journal ont progressé très lentement, en raison du faible accroissement de la demande et de la position commerciale, apparemment améliorée, des producteurs intérieurs. A noter également l'accroissement rapide des importations de contre-plaqués et placages de feuillus aux Etats-Unis. Celles-ci sont passées (en volume équivalent de bois rond) de 13 pour cent des besoins des Etats-Unis en 1952 à 46 pour cent en]962. Malgré les droits de douane élevés auxquels sont soumis ces produits la plupart, des importations effectuées vers la fin de cette période consistaient en produits transformés plutôt qu'en grumes.

Les pays de la CEE ont importé des quantités croissantes de presque tous les produits, mais les importations de grumes ont progressé plus rapidement que celles de sciages, de contre-plaqués ou de placages. Les importations de la sous-région se composent pour la majeure partie de sciages, de pâte chimique et de papier et carton, mais en équivalent de bois brut un cinquième environ des importations de la CEE ont encore lieu sous forme de bois rond.

Les importations japonaises consistent pour les trois quarts en bois rond et durant la période couverte par le tableau V- 10, les importations de bois sous cette forme ont progressé plus rapidement que les importations de différents produits transformés. Néanmoins, ce qui intéresse probablement plus l'avenir, c'est que depuis quelques années le Japon a commencé d'importer des sciages et de la pâte chimique en quantités substantielles et qui s'accroissent rapidement. En d'autres termes, il semble que le Japon lui aussi commence à recourir plus largement, pour couvrir ses besoins croissants, à des importations de produits semi-transformés plutôt que de bois brut.

Le quart des échanges mondiaux de produits forestiers s'est effectué en dehors de ces quatre principales régions importatrices et se répartit largement entre les autres pays du monde. D'après la tendance générale constatée, ces échanges ont consisté surtout en pâte et papier et autres produits du bois hautement ouvrés. En ce qui concerne l'Asie ¹³, l'Afrique ^l4, et l'Amérique latine, les importations de sciages ne se sont développées de façon sensible entre 1955-57 et 1963 qu'en Afrique septentrionale et au Proche-Orient. Ailleurs, l'augmentation de la production a couvert celle des besoins intérieurs.:Nous avons fait état, au chapitre IV, de l'expansion considérable des industries de fabrication de pâte, de papiers et de panneaux dans toutes les régions, qui aboutit à freiner les importations. Cependant, de nombreuses branches de ces industries tirent parti des économies d'échelle, et beaucoup de pays dont le marché est encore trop restreint pour alimenter leurs industries continuent de dépendre de leurs importations. Entre 195355 et 1959-61, la valeur des importations de produits forestiers dans l'ensemble des pays en voie de développement a augmenté au rythme moyen de 6,6 pour cent par an et, à la fin de cette période, les pâtes et papiers représentaient (en valeur) les deux tiers des importations de produits forestiers de ces pays.

¹³ Non compris le Japon.
¹⁴ Non compris l'Afrique méridionale.

Tendances de la balance commerciale

Pour compléter ce tableau du commerce mondial des produits forestiers, il reste à étudier l'évolution des excédents nets exportables ou des besoins à couvrir par voie d'importation et à en déduire les changements intervenus dans la nature et dans la degré d'interdépendance des différentes parties du monde.

La tendance la plus marquante du commerce mondial des produits forestiers au cours des dix à quinze dernières années a peut-être été l'ampleur croissante des importations nettes de bois et de produits du bois de deux des principales régions consommatrices du monde: Europe du:Nord-Ouest et Japon. Ainsi qu'il ressort du tableau V-11, les importations nettes de ces deux régions sont déjà très importantes et elles s'accroissent rapidement. Aux Etats-Unis, autre grande région importatrice, les importations nettes de la plupart des produits forestiers ont baissé. Elles ne constituent d'ailleurs qu'une part relativement faible des disponibilités globales de bois de ce pays.

Du côté des grandes régions exportatrices, ce n'est qu'en Europe septentrionale que la restriction des disponibilités de bois brut commence à freiner l'expansion des exportations (en volume). Il faut toutefois noter que, parallèlement à une évolution en faveur des produits qui doivent subir une plus grande transformation, le total des exportations nettes de produits du bois de la région est encore en forte augmentation. Mais il est maintenant évident que l'Europe septentrionale n'est plus en mesure d'augmenter ses excédents exportables de bois, en volume, et que l'Europe dans son ensemble est devenue importatrice nette. Ses importations nettes déjà notables, ne cessent de croître, ce qui présente manifestement une importance primordiale pour l'économie forestière et les industries du bois du reste du monde.

Ni le Canada ni l'U.R.S.S., les deux autres principaux pays exportateurs, ne sont menacés d'une insuffisance imminente de leurs disponibilités de bois brut. Comme nous l'avons vu au chapitre III, ces deux pays disposent encore d'énormes ressources forestières inexploitées. L'un et l'autre ont, ces dernières années, considérablement accru leurs exportations nettes de bois vers le reste du monde, principalement vers l'Europe et le Japon. Tandis que les exportations de l'U.R.S.S. se font surtout sous forme de sciages et de bois rond, les exportations du Canada, qui possède des industries forestières hautement développées, consistent surtout en sciages, en pâte de bois et en papier.

L'Europe occidentale et le Japon deviennent par conséquent de plus en plus tributaires du reste du monde pour leur approvisionnement en bois et en produits du bois. Leurs importations supplémentaires viennent actuellement surtout de l'Amérique du:Nord et de l'U.R.S.S., et pour d'importantes quantités, de l'Afrique occidentale et de l'Asie du Sud-Est.

Quant aux pays en voie de développement, l'élargissement du marché dont nombre d'entre eux bénéficient à permis d'accroître la production intérieure, même des produits les plus ouvrés. En termes absolus, cependant, le volume des importations s'accroît, particulièrement dans les pays les plus petits et les moins développés et comme peu de ces pays ont été en mesure de créer un commerce d'exportation de produits du bois, le déficit net (en valeur) du commerce des produits forestiers s'est aggravé chez beaucoup d'entre eux, sinon chez la plupart. Etant donné le très faible volume des échanges intrarégionaux de produits forestiers en Asie, en Afrique ou en Amérique latine, la majeure partie des produits du bois qu'ils doivent importer pour couvrir leurs besoins accrus viennent encore principalement d'Amérique du Nord et d'Europe.

TABLEAU V 11. COMMERCE RÉGIONAL NET, 1955-57 ET 1960-62

(Millions d'unités, exportations nettes [+], importations nettes [-])

¹ Grumes de sciage, de placage et pour traverses, bois à pâte et bois de mine.
² Non compris les placages.

Il ressort du présent chapitre que les échanges mondiaux de produits forestiers ont connu ces dernières années et connaissent encore des changements importants, tant du point de vue de leur composition et de leur orientation que de leur volume. Il est probable que cette évolution se fait en partie dans le sens d'un retour à la situation antérieure. Si l'on considère l'évolution des échanges sur une période plus longue que nous ne l'avons fait ici, on constate qu'ils ont subi un certain nombre de fluctuations momentanées. Dans le passé récent, la seconde guerre mondiale, notamment, a causé d'importants bouleversements dans la structure des échanges: par exemple, c'est depuis quelques années seulement que l'important courant d'exportation de sciages de résineux en provenance de l'U.R.S.S. vers le Royaume-Uni a de nouveau atteint le volume qu'il avait autour de 1935. D'autres changements tiennent toutefois à des faits nouveaux intervenus dans l'économie du bois; ainsi, l'ampleur jusqu'alors sans précédent de la demande de bois et de produits du bois dans certaines des principales régions consommatrices; l'emploi croissant du bois sous forme de pâte et de panneaux; les progrès techniques qui ont élargi la gamme des matières premières employées par les industries du bois; enfin, la mise en exploitation de nouvelles ressources forestières. L'évolution des échanges de quelques produits forestiers, tels que les grumes tropicales à placage, traduit nettement ces modifications intervenues dans les secteurs producteurs et utilisateurs de bois de l'économie mondiale.

Le dernier chapitre de la présente étude aura entre autres pour objet d'examiner comment l'évolution prévue pour la période allant jusqu'en 1975 pourrait aller de pair avec d'autres modifications du commerce mondial des produits forestiers.

TABLEAU ANNEXE V-A. - EXPORTATIONS DE BOIS ET PRODUITS DÉRIVÉS DU BOIS, 1955-57 A 1960-62

(Milliers d'unités)

¹ Grumes de sciage, de placage et pour traverses, bois à pâte et bois de mine.
² Non compris les Placages.

TABLEAU ANNEXE V-B. IMPORTATIONS DE BOIS ET PRODUITS DÉRIVÉS DU BOIS, 1956-57 A 1960-62

(Milliers d'unités)

¹ Grumes de sciage, de placage et pour traverses, bois à Pâte et bois de mine.
² Non compris les placages.
³ Dans les cas où les importations totales: ⁴25; ⁵160; ⁶48; ⁷72; ⁸135;⁹81; ¹⁰102; ¹¹178; ¹²90; ¹³69; ¹⁴12; ¹⁵50; ¹⁶77;¹⁷58; ¹⁸38; ¹⁹22. Voir à l'annexe des explication plus détaillées.