5. POTENTIEL DE PRODUCTION DES FORMATIONS FORESTIERES

Il est difficile sinon hasardeux de vouloir calculer le volume des arbres composant les forêts naturelles et les plantations forestières au Togo.

Le calcul du volume sur pied, du volume commercial et l’estimation de la biomasse ligneuse en forêt naturelle aussi bien qu’en plantations forestières requiert l’organisation d’inventaires forestiers, établis à des fins statistiques, et les mesures prises sur le terrain. Malheureusement l’absence d’une institution nationale chargée de la recherche et des statistiques forestières, ainsi que la modicité des ressources annuellement affectées au développement forestier, ne permettent pas ce genre d’activité.

D’une manière générale, les forêts togolaises sont, en raison de l’expansion démographique et des difficultés économiques du pays, confrontées à  :

la diminution constante de leurs superficies pour les besoins de l’agriculture et de l’élevage,

la dégradation du couvert due aux nombreux prélèvements généralement illicites perpétrés par des ouvriers ambulants armés de tronçonneuses mécaniques. Ces coupes sélectives opérées tant en forêts naturelles qu’en plantations forestières modifient la densité des arbres et la qualité des peuplements.

Les seuls inventaires forestiers organisés en forêts naturelles dans le pays au cours des deux dernières décennies sont destinés à la collecte des données nécessaires à l’aménagement de petites forêts en vue de la production de bois d’œuvre. Les travaux entrepris avec l’assistance financière de l’OIBT portent sur  :

la forêt classée de MISSAHOE (1450 ha) en 1998 (Annexe 3)

les reliques de forêts naturelles de la zone de BATO (1180 ha) en 1999 (Annexe 4)

Les sites des deux inventaires forestiers sont montagneux et localisés dans l’Ouest de la Région des PLATEAUX, dans la zone éco-floristique IV.

Conformément aux termes de référence des études, les résultats de ces inventaires doivent permettre d’avoir des données sur  :

la composition floristique des forêts inventoriées,

l’importance et la fréquence des essences exploitables pour la production de bois d’œuvre.

l’importance et la densité des tiges d’avenir,

le volume des grumes commercialisables susceptibles d’être récoltées, au cours des trois premières années des travaux d’aménagement dans les massifs forestiers, objets des études.

Les résultats des inventaires, portant exclusivement sur le volume commercial, donnent  :

pour la forêt classée de MISSAHOE (1450 ha), un volume moyen de 54,106m3/ha (188,48 m3 pour les galeries forestières et les forêts rupicoles, 51,350 m3/ha pour les zones de culture et les recrus forestiers, 2,450 m3/ha pour les zones de savanes).

pour la zone de BATO (1180 ha), un volume commercial de 60, 149 m3/ha dans le périmètre des reliques de forêts naturelles (dans la montagne) tandis que le volume moyen est de 156,670 m3/ha dans les galeries forestières de la plaine.

Les résultats des inventaires forestiers ci-dessus ne portant pas sur le volume de bois sur pied (VOB), ils ne peuvent pas servir de données pour le calcul de la biomasse forestière totale.

Les investigations ont, par ailleurs, permis de trouver un document intitulé « Sauvegarde de la forêt naturelle, aménagement des forêts de teck et reboisement rural » par U.R. MARSCH, HE (Hambourg 1984). Ce document présente les données suivantes  :

Types de formations forestières	Superficie (1000 ha)	Potentiel productif brut (millions de m3)	Volume/ha (1) (en m3)
Forêts feuillues productives	253	38,2	151
Forêts feuillues improductives	51	9,2	180
Jachères dans les forêts feuillues	250	-	-
Savanes productives	150	3,0	20
Savanes improductives	1230	-	-
Jachères dans les Savanes	1200	-	-
Formations arbustives	2270	-	-
TOTAL	5404	50,4	9

Source  : ARLT, UR  ; MARSCH, H.E. (1984) – Sauvegarde de la forêt naturelle, aménagement des forêts de teck et reboisement rural. Hambourg/Saul tau volume sur pied avec l’écorce du bois d’œuvre de 10 cm de diamètre à hauteur de poitrine.

Ces données, notamment le volume de bois d'œuvre/ha et le Potentiel Productif brut, sont certainement des estimations d’Experts de classe internationale. Elles seraient très intéressantes si on peut connaître la proportion du volume de bois d’œuvre dans les différents peuplements c’est-à-dire le pourcentage du volume de bois sur pied (VOB) qu’il représente.

L’harmonisation de cette classification des formations forestières avec celle qui est adoptée dans le pays ainsi que l’actualisation de ces données ne suffisent pas pour avoir les éléments nécessaires au calcul de la biomasse ligneuse.

5.1.1 Volumes de bois

Les inventaires forestiers requis pour avoir des données fiables, pour ce pays, n’ayant jamais été faits, il est nécessaire de faire des estimations à partir des résultats des inventaires organisés à l’échelon local, dans de petites forêts (forêt classée de MISSAHOE et Reliques de forêts naturelles de la zone de BATO).

Les estimations suivantes, portant sur le volume moyen à l’hectare, sont faites pour les besoins du calcul.

forêt dense semi-décidue 80 m3/ha

forêt dense sèche 70 m3/ha

forêt dense sèche de montagne 60 m3/ha

savanes boisées et arborées 5 m3/ha

forêt dense semi-décidue 210

forêt dense sèche de plaine 180

forêt dense sèche de montagne 160

savanes boisées et arborées 25

Ainsi les volumes commerciaux et les volumes sur pied (VOB) sont les suivants  :

5.1.1 Biomasse ligneuse

Les travaux d’inventaire des plantations forestières togolaises sont rares. L’inventaire 1989 réalisé par ODEF-UGETAP a porté sur les superficies et les âges des plantations. Il ne s’agit pas de travaux de comptage statistique qui auraient permis le calcul de la surface terrière des arbres en croissance sur le terrain et l’estimation du volume du bois sur pied (VOB).

Faute de données et compte tenu des prélèvements anarchiques constamment effectués dans les plantations, il n’est pas possible de calculer le volume de bois sur pied (VOB) et estimer la biomasse forestière totale pour les plantations.

Dans les deux cas, forêts naturelles et plantations forestières, il s’agit d’une lacune assez grâce dans les activités du Sous-Secteur forestier au Togo. Les institutions internationales de financement (Système des Nations Unies et Union Européenne) devraient se préoccuper de cette situation et apporter leurs assistances financières et techniques à l’organisation des travaux d’inventaires forestiers tant dans les forêts naturelles que dans les plantations forestières. Le gouvernement togolais devra, au préalable, prendre les mesures nécessaires pour la mise en place d’une véritable structure de recherche investie des prérogatives pour l’organisation du sous-secteur forestier et la constitution d’une banque de données.

Dans les plantations forestières, le volume commercial se rapproche du volume sur pied (VOB). Le calcul portera exclusivement sur le volume commercial. Ce volume par hectare est estimé à 300 m3 toutes essences confondues. Ainsi  :

Volume sur pied (VOB) =

Volume commercial =

300 m3 X 37 629 =

11 288 700 m3

5.2.2 Calcul de la biomasse ligneuse

la biomasse forestière est de  :

11 288 700 X 0,56 X 0,50 = 3 160 836 tonnes

5.3.1 Volume commercial total

24 227 000 m3 + 11 288 700 m3 =

35 515 700 m3

5.3.2 Volume total sur pied (VOB)

6 962 400 m3 + 11 288 700 m3 =

80 912 700 m3

5.3.3 Biomasse ligneuse totale

19 494 720 + 3 160 836 =

22 655 556 tonnes

5.4.1 Accroissement de la biomasse

Des études récentes menées pour le compte du Projet « Communications Nationales sur les Changements climatiques » (CNCC) dans le cadre de l’Inventaire des Gaz à Effet de Serre (GES) ont permis de calculer l’accroissement annue l de la biomasse ligneuse qui est de 1213490 tonnes. Le travail est maintenant terminé mais il revient au commanditaire de l’approuver avant toute publication.

Il y a lieu de faire remarquer que les données de base pour le calcul et la méthodologie préconisée sont différentes des nôtres. Ainsi la classification des forêts naturelles se présente comme suit  :

forêts humides à courtes saisons sèches

forêts humides à longues saisons sèches

forêts sèches

savanes

Les arbres hors forêts comprenant les plantations d’arbres d’alignement, les arbres des villes, le cocotier, le palmier à huile, les caféiers et cacaoyers sont par ailleurs pris en compte pour les besoins de ce calcul. Bien plus les documents de base mis à la disposition des Consultants ainsi que les feuilles de calcul proposés ne permettent pas d’estimer le volume sur pied (VOB) avant le calcul de la biomasse ligneuse.

5.4.2 Prélèvements

Comme précisé dans les pages qui précèdent, les prélèvements de produits tant dans les forêts naturelles que dans les plantations forestières sont courants et diversifiés. Les coupes illicites et officielles sont faites de manière anarchique partout dans le pays en raison de la faiblesse des services forestiers qui n’ont pas les moyens de contrôler cette activité. Les données disponibles sont des estimations faites en 1991 par THIAM, Consultant FAO, et en 1998 par les responsables de la cellule du PAFN.

Au terme des études du Consultant THIAM, la consommation annuelle du bois par tête d’habitant est de  :

Bois de chauffe 347 Kg

Charbon de bois 59 Kg

Bois de Service 0,080 m3

Bois d’œuvre 0,009 m3

Coquaires (bois de borassus) ¼ d’unité

Bambou 1/5 de tige

Panneaux 0,45 Kg

La population togolaise est estimée à 3.530.100 habitants en 1990 (Donnée de la Direction Statistique). Avec un taux d’augmentation de 2,9 % par an, cette population sera de 4.698.300 habitants en 2000. La variation de la consommation des produits ligneux s’établit comme suit  :

Les données du tableau 9 ci-dessus correspondent aux besoins de consommation du Togolais moyen. Tous ces produits proviennent des forêts du pays à l’exception du Bois d’œuvre (production nationale estimée 15.000 m3/an, donc inférieure à la demande) et des panneaux (essentiellement des produits d’importation).