2. LES PRODUCTIONS EN ALIMENTANT AVEC DE LA DRECHE DE BRASSERIE

Le sous produit agricole le moins oher et disponible en grandes quantités toute l'année à Bangui est la drêche de brasserie Mocaf. Ce produit est disponible gratuitement à la brasserie en ville à 12 km du Centre Piscicole et il nous coûte 1,1 F CFA (240 F CFA = $1.00 U.S.) par kg pour le transport et la main d'oeuvre.

En alimentant avec la drêche, nos étangs deviennent très fertiles et riches en phytoplancton, donnant de bonnes conditions pour la croissance des Tilapia nilotica, une espèce phytophage.

Selon Hastings (1973) une analyse chimique de la drêche est présentée au Tableau II.

Hastings (1973) a effectué des essais en bacs de béton en alimentant le Tilapia nilotica avec de la drêche de brasserie uniquement. Nalgré le fait que ces essais étaient à une petite échelle, ils ont donné un coefficient de transformation de 12,6. C'est-à-dire qu'il faut donner 12,6 kgs de drêche pour produire un kg de Tilapia. Bien que la croissance obtenue en distribuant de la drêche n'était pas très élevée, (moins de 0,3 g de croissance/poisson/jour), elle est utilisée, vu son intérêt économique et sa disponibilité réello (voir Tableau VI).

L'autre produit pris en considération ici est la farine avariée (PAM) du Programme Alimentaire Mondial de l'ONU. Ce produit était destiné à la consommation humaine mais de grande tonnages ont été avariés et mis à la disposition du Centre Piscicole. Cet aliment est composé de farine de soja, de mais et du lait en poudre; la teneur en proteîne s'éléve à 18–20 %.

Il faut admettre qu'en alimentant avec les produits avariés nous ne pouvons pas compter sur leur qualité ni sur leur disponibilité. Donc pour la planification de l'alimentation sur la station, on ne pout pas les considérer pour l'avenir.

2.1 Monocultures de Tilapia nilotica nourris avec de la drêche de brasserie uniquement.

Deux essais ont été éffectués en alimentant avec de la drêche de brasserie uniquement des Tilapia nilotica, en étang. Ces essais ont été lancés pour étudier une autre méthode d'alimentation avec de la drêche, basée sur la superficie à un taux fixe'de 1,5/kg/are. D'autres résultats obtenus en alimentant à un taux de 33 % du poids total de poisson estimé dans l'étang ont souvent abouti à des coeffioients de transformation drêche : poissons inéfficaces dépassant parfois 30 : 1.

Les résultats de ces deux essais sont présentés au Tableau III. Bien que les productions nettes totales s'élévent en moyenne à 3.709kg/ha/an il faudra noter que la production marchande ne s'éléve qu'à 1.451/kg/ha/an. Cependant le coefficient de transformation est bon (12,65 en moyenne) et conforme aux résultats de Nastings. En continuant l'analyse il faut remarquer que le coût/kg de gain est très bas (13,92 F CFA) et l'indice de profit est bon.

Comme signale par Miller (1975) l'indice de profit est calculé par la formule suivante :

Cet indice donne un chiffre brut permettant de comparer différentes résoltes, en fonction de leur profit ou rentabilité. Si cet indice s'éléve à 7, celaveut dire que pour chaque franc investi, il y a 7 francs de bénéfices.

Il faut signaler cependant les mauvaises survies. (Tilapia marchands par rapport au nombre empoissonné) de Tilapia nilotica obtenu (en moyenne 53,5 %). Nous ignorons les raisons de ce fait, mais il semble qu'on a perdu la moitié des productions possibles. Ces mortalités dépassent les pertes normales qui ne doivent pas dépasser 5–10 % avec une espèce résistante comme le T. nilotica. Pour pouvoir améliorer la survie de Tilapia, il nous faut une évaluation critique des méthodes d'élevage utilisées (manipulation des alevins, prédation, types de culture, techniques utilisés à la vidange et à la vente).

Afin d'éviter une sous-alimentation à la fin de la production, il est recommandé que les prochains essais, en alimentant à un taux fixe en fonction de la superficie soient faits à un taux de 2,0 kg/are/jour. En général, les avantages de cette méthode d'alimentation sont : 1) elle donne une floraison rapide de phytoplancton, ce qui favorise une croissance rapide de Tilapia, et 2) elle simplifie beaucoup l'alimentation, vu que le poids ne change pas.

Cette méthode d'alimentation n'est pas conseillée pour les élevages intensifs, bien sur. Mais elle pourra être utile dans les cas où il est difficile de contrôler l'alimentation, ou dans la vulgarisation.

2.2 Nonocultures de Tilapia nilotica nourris avec de la drêche de brasserie plus des farines avariées

Deux essais en alimentant avec de la drêche plus des farines avariées ont été éffectués. Les deux produits-drêche et farine avariée- ont été mélangés dans une proportion de 2 : 1 et donnés à un taux de 33 % du poids total estimé des poissons dans l'étang par jour. Le coût de ce mélange est estimé à 4 F CFA par kg.

Les résultats de ces expériences sont résumés au Tableau IV.

Bien que certains éléments importants manquent dans ces résultats, il va sans dire que les productions sont impressionnantes et très élevées (nette totale 7.281 kg/ha/are et nette marchand 3.354 Kg/ha/are). A cause du manque des données notre analyse de ces expériences est limitée. De toutes façons, le poids des poissons marchands représente 67 % en moyenne du poids total sorti des étangs ; ce qui est intéressant pour une monoculture de Tilapia.

2.3 Monocultures de Tilapia nilotica alimenté avec de la drêche de brasserie en combinaison avec l'utilisation de fumier de boeuf comme engrais organique

Il y a eu deux expériences avec la combinaison de drêche comme aliment et de fumier comme engrais organique. Les résultats sont présentés au Tableau V.

Nême si les productions nette totales font en moyenne 4.894kg /ha/are, il faut noter que la production nette marchande, le facteur plus important, ne s'éléve en moyenne qu'à 1,466 kg/ha/are. Le poids moyen des Tilapia marchands n'est pas acceptable (62,6 g) et dans chaque cas le poids des alevins atteint plus de 50 % (en moyenne 62,6 %) du poids total récolté. Cela veut dire tout simplement qu'on ne gagne pas beaucoup d'argent à la vidango.

La croissance était assez lente faisant en moyenne 0,24 g/poisson/jour. Aussi il faut remarquer que le coefficient de transformation est très élévé étant de 20,8 en moyenne. Le fait que la conversion est élevée ne rend pas l'indice du ceût de la ration pour produire un kg de poisson trop fort car la drêche ne coûte que 1,1 F CFA/kg. Donc, en moyenné, cet indice s'éléve à 22,8 F CFA/kg.

En comparant les Tableaux III et V nous pouvons avoir une idée de l'effet du fumier entre ces deux traitements en alimentant avec de la drêche uniquement, ou de la drêche plus du fumier. Il faut noter que les résultats moyens des productions nettes marchandes sont les mêmes - 1.451kg/ha/an en rapport avec 1.466 kg/ha/an respectivement. Mais en comparant les productions nettes totales on découvre une production de 1.185 kg/ha/an avec le fumier. Cela nous permet de dire que l'apport du fumier dans la production totale est d'environ une tonne. N'oublions pas de noter que l'augmentation en production est due principalement à une augmentation en production des alevins.