3. LES PRODUCTIONS EN ALIMENTANT AVEC UNE RATION SOUS FORME DE GRANULES

3.1 Fabrication des granulés-une nouvelle technologie pour l'Afrique

Le fait que nous avons une machine à granuler des aliments pour poissons à la Landjia nous donne une occasion presque unique en Afrique. Cette technologie pour faire des boulettes avec une ration composée de plusieurs ingrédients, a révolutionné l'alimentation des poissons en Europe et en Amérique. Surtout dans l'élevage des truites et d'autres espéces qui demandent un niveau de nutrition très élevé, cette technique a apporté beaucoup d'avantages sur l'alimentation en rations sous forme de farine. Quelques avantages importants compris, une croissance plus rapide, une conversion de nourriture/poisson très basse, et une meilleure économie.

Quant à notre situation, il reste à savoir les avantages et les desavantages, en alimentant avec des granulés les Tilapia et les Clarias, sous un climat tropical et dans un pays en voie de développement. Jusqu'à maintenant, les résultats sont encourageants mais le fait qu'ils soient héterogènes les rend préliminaires.

Avant d'aller plus loin dans notre discussion, discutons la technologie de granulation. En bref il comporte :

1. formulation des rations conformément aux besoins des poissons on culture.
2. stockage des produits pour la ration.
3. broyage des ingrédients en particules fines.
   Le broyage rend les ingrédients plus disponibles pour une digestion complète ; de plus, le mélange des produits bien broyés donne de meilleures boulettes.
4. fabrication des boulettes avec la machine à granuler
   Le mélange des ingrédients est passé dans la machine à granuler avec le processus suivant : ils sont soumis à une température élevée et une humidité d'environ 20 %, ensuite le mélange passe dans une presse, et en sortant de la presse, les cylindres sont découpés en boulettes d'environ 1,0 cm de longueur.
5. séchage des boulettes - il faut moins de 6 % d'humidité pour assurer un stockage sans moisissures. Dono les boulettes sont séchées au soleil pendant une matinée avant stockage.

Quels sont les besoins nutritionnels de nos poissons Tilapia et Clarias ? Il n'y a pas eu de recherches déterminant les besoins nutritionnels de ces espèces, mais celles sur le silure Ictalurus punctatus aux Etats Unis d'Amérique indiquent que cette espèce a besoin d'une formule, comme indiqué au Tableau VI.

* 25 % des proteïnes doivent être d'origine animale.

Nous ne pouvons pas aller trop loin dans ce sujet complexe. Pour le moment, il suffit de dire que nos espèces sont différentes et leurs besoins nutritionnels sont probablement différents de ceux de l'Ictalurus punctatus. Par exemple notre T. nilotica est phytophage, done ses besoins nutritionnels doivent être très différents de ceux d'Ictalurus et de Clarias, qui sont des piscivores/omnivores.

3.2 Disponibilité des sous produits pour la fabrication des granulés

Si une pisciculture est basée sur l'alimentation par granulés, il faut connaître la disponibilité des sous produits agricoles nécessaires pour composer la ration. En Afrique, la disponibilité des sous produits agricoles est souvent faible et sans sélection. De plus, on n'en trouve pas en quantité suffisante, ni en produits de bonne qualité du point de vue teneur proteique, etc.

La disponibilité des sous produits agricoles à Bangui est présentée au Tableau VII. Il faut noter que ce tableau comprend les disponibilités en 1972 et 1976.

3.3 Résultats en alimentant avec des granulés

Le nutritioniste W.H. Hastings, a amené la technologie des granulés (granulation) en B.C.A. en 1971 avec le premier projet de la FAO. Pendant son séjour de six mois, l'expert a fait plusieurs expériences et en a débuté d'autres. Il a obtenu des résultats très interessants concernant les possibilités de grande production et les taux de conversion. Le projet actuel poursuit cette technologie mais avec des résulte moins intéressants à cause de l'irrégularité de la disponibilité de sous produits. Nous présentons les différentes expériences effectuées.

3.3.1 Monocultures de Tilapia nilotica

Hastings a effectué deux essais on moncoulture de T. nilotica nourris avec des granulés. Il a essayé les deux rations citées au Tableau VIII.

Les analyses chimiques de ces rations sont présentées au Tableau IX.

Hastings a obtenu les résultats présentés au Tableau x en alimentant avec ces deux rations. Il faut noter que la meilleure conversion (1, 17) a été obtenue avec les granulés contenant des protéines animales. Cependant la meilleure production fût obtenue avec les granulés ne contenant que des protéines végétales (nette-totale-7, 167 kg/ha/are et nette marchands-4.215 kg/ha/are). Le pourcentage du poids total sorti des poissons marchands est à 70,6 % et 62,9 % respectivement. L'incidence du coût de la ration pour produire un kg de poissons (coût/kg de gain) arrive à 45,0 F et 52,1 F respectivement, ce qui est trés bon.

Il est regrettable qu'il n'y ait pas eu des répétitions des expériences de Hastings à l'époque. Le projet courant a effectué six essais en monoculture avec T. nilotica nourris avec des granulés. La ration utilisée dans ces essais varie selon la saison mais elle a toujours une teneur en protéine de 30 %. Il faut signaler que le son de blé et le son de riz ont été suprimés de la ration, parcequ'ils ne sont plus disponibles dans le pays (voir Tableau VII).

Les résultats des six essais sont présentés au Tableau XI. Les différences entre les résultats d'Hastings et le projet actuel sont assez fortes. Hastings a obtenu une conversion de 1.4 en moyenne alors que les résultats actuels donnent 3,76 avec une variation entre 1,38 et 8,0. L'indice du coût de la ration pour un kg de poisson arrive à 52,1 F CFA pour Hastings mais à 102,2 F CFA-le double actuellement. De plus les différences de production sont très importantes.

La baisse générale des résultas obtenus en alimentant avec des granulés, après le départ de Hastings, peut être attribué en grande partie aux points suivants :

1. La disponibilité des sous produits agricoles a varié beaucoup depuis l'époque d'Hastings (voir Tableau VII). Donc la ration établie par Hastings n'était plus possible.
2. Dans des essais effectués après Hastings il y a eu certains chagement dans la formule de la ration, même pendant les essais, à cause de la pénurie des sous produits.
3. Il y a eu plusieurs pannes de longue durée du groupe électrogène, qui fait fait marcher la machine à granulés.
4. Hastings a utilisé des distributeurs de granulés sur demande pour certains de de ses/essais (sans précision). Ces distributeurs sont de simples caisses sur pilotis dans l'étang. Il y a un trou au fond par lequel sort une tige métallique avec une plaque au bout qui pend dans l'eau. Les poissons font bouger la plaque qui déplace la tige et ensuite les boulettes tombent à travers le trou. D'après Hastings, ces distributeurs marchent bien avec Tilapia nilotica, mais pas avec Clarias lazera qui préfére rester près du fond de l'étang. Enfin des essais effectués après Hastings en alimentant avec ces distributeurs ont abouti à des coefficients de transformation très élevés à cause de gaspillage des granulés par le Tilapia nilotica qui semble avoir commencé à jouer avec la plaque. Quoiqu'il en sort cette technologie mérited être étudiée dans un petit étang de recherche pour avoir des précisions sur l'utilisation des distributeurs de granulés sur demande.
5. Egalement Hastings a fait distribuer les aliments (granulés) jusqu'a trois fois par jour mais nous n'avons pas de précisions là-dessus.

3.3.2 Monocultures avec Clarias lazera

La plus grande production piscicole obtenue à la Landjia provient d'une monoculture de Clarias lazera nourris avec une ration de 31 % de protéines végétales pendant une production de 201 jours dans un étang de 3,7 ares. Les résultats de cette étude sont présentés au Tableau XII et la composition et l'analyse chimique de la ration utilisée sont indiquées dans les Tableaus VIII et IX.

En étudiant le Tableau XII on constate que tous les poissons ont atteint une taille moyenne de 603 g et que la production nette marchande s'éléve jusqu'en 16.932 kg/ha/an. Avec une survie de 82,1 %, les Clarias ont eu une oroissance de 2,9 gram/poisson/jour. Le taux de conversion s'éléve à 3,6 donnant une incidence du coût de la ration pour un kg de poisson (coût/kg de gain) à 115,2 F CFA. De toutes façons, la production de cette étude est assez fantastique. Il est regrettable qu'il n'y ait pas eu plusieurs répétitions. Le projet actuel a fait une seule étude à cet égard mais il s'est terminé par un échec dû au cannibalisme et au fait qu'une grande quantité de poissons sauvages ont pénétré dans l'étang.

La recherche avec le Clariasa été toujours freinée à cause d'une pénurie d'alevins. Plusieurs essais en polyculture ont été effectués mais souvent la densité d'empoissonnement de Clarias a été déterminée uniquement par la disponibilité d'alevins.

3.3.3 Polyculture de T. nilotica et C. lazera

Les résultats des expériences avec T. nilotica et C. lazera nourris avec des granulés sont présentées au Tableau XIII. Vu les résultats d'Hastings en monoculture avec Clarias ces résultats sont décourageants. Les productions ne sont pas tellement élevées (en moyenne-nette-totale 4.950 kg/ha/are et nette marchande 3.719 kg/ha/are) mais le pourcentage des poissons marchands du poids total sorti fait en moyenne 88,0 %. Un tel système de culture doit nous offrir beaucoup de possibilités, si nous pouvons augmenter la production.

Il nous reste beaucous de recherches à faire avant de pouvoir mettre cette polyculture au point. Il faut noter que e'est une relation entre une espèce proie-T. nilotica-et une espèce de prédatrice le Clarias lazera. Alors quelle est l'espèce principale en culture ? Il doit être le T. nilotica car le Clarias est uno espèce de luxe étant donné qu'il lui faut 3-4 kg de Tilapia pour gagner un kilogramme en poids.

Les facteurs qui agissent dans cette polyculture sont les suivants et leurs effets ne sont pas nécessairement indépendants :

1. la taille respective à l'empoissonnement de Tilapia et Clarias
2. la période de l'empoissonnement de Clarias
3. la proportion des Tilapias par rapport aux Clarias
4. l'alimentation
5. l'état de l'étang sans herbes ou avec beaucoup d'herbes. (Avec beaucoup d'herbes, l'éfficacité du Clarias comme prédateur diminue).

Le but d'une telle polyculture deitviser d'obtenir 100 % des poissons marchands à la récolte. Les étangs uniquement pour la reproduction fourniront les alevins de Tilapia.

3.4 Les granules une nécessité ou non ?

En considérant les résultats héterogènes des recherches effectuées avec des granulés comme aliment, une étude a été faite, avec pour but de detreminer si la granulation d'une ration est nécessaire pour le Tilapia nilotica. L'essai a compris deux traitments avec deux répétitions de chaque. Une ration (Tableau XIV) a été appliquée sous deux formesgranulés ou farine. Sauf pour la forme de la ration distribuée, tous les étangs utilisés dans l'étude ont été traitésde même. La ration a eu une teneur en protéine de 30 %.

1) Teneur en protéine - 30 %

La densité de l'empoissonnement a été effectuée à 2 alevins m² et le taux de l'alimentation journalier a été fixé à 4 % du poids total estimé des poissons. L'alimentation a été augmentée en fonction des pêches de contrôle effectuées toutes les deux semaines. Ces résultats sont présentés dans le Tableau XV.

D'abord il faut noter que les résultats des deux traitements en alimentant avec des granulés sont homogènes mais les résultats des traitements avec la farine sont hétérogènes. Le fait qu'il y a eu quelques Clarias dans trois de ces étangs à la vidange n'a pas aidé à l'uniformité des conditions, ni des récoltes.

Les résultats en moyenne sont présentés dans les deux colonnes centrales du Tableau XV. Il faut noter que nous avons séparé les sexes à la vidange réunissant les données essentielles sur leur croissance.

1) P.M. = poids moyen (g)

Il n'y a pas de grandes différences entre ces résultats. La croiscance avec les granulés a été légérement meilleure (0,57g/poisson/jour par rapport à 0,53 g avec la farine); de même pour la conversion (1,42 VS 1,67). Les productions sont un peu différentes mais il faut noter la variation entre les deux répêtitions, en alimentant avec la farine.

La différence importante entre les deux traitements concerne l'incidence du coût de la ration pour un kg de poissons (coût/kg de gain). Comme la ration sous forme de farine coûte 16,7 F CFA/kg et que la même ration sous forme de granulés coûte 38,5 F CFA/kg, l'alimentation avec les granulés coûte à peu près le double de celle avec la farine (54,8 F VS 27,9 F).

D'après ces résultats, il semble qu'il n'est pas nécessaire de nourrir T. nilotica avec des granulés, car on obtient à peu près la même production avec la moitié du prix avec alimentation de la même ration sous forme de farine.

Il faut signaler que dans cet essai on a obtneu des données intéressantes sur la production des alevins. En débutant avec les poissons (géniteurs) de 24 g de poids moyen à une densité de 2/m², nous avons obtenu le tiers (en poids) de la production totale en alevins. Ces alevins sont classés en quatre classes d'âges de longueur totale, respectivement 20 mm, 30 mm, 50 mm et 65 mm.