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2. ETUDE DES FACTEURS POTENTIELS DE LA PRODUCTION PISCICOLE

2.1. Facteurs physiques

2.1.1. Hydrographie

Pour créer la pisciculture d'étang, il faut de l'eau dans les sites favorables. L'Empire Centrafricain est assez bien arrosée par les cours d'eau.

La ville de Bouar à l'ouest du pays, est sur le bassin versant de 3 grandes rivières, le Chari, la Nana et la Lobaye. Ces rivières débutent en marigots qui sont la Bollé, le Yalé et la Paya. Ces cours d'eau reçoivent d'autres petits marigots et ruisseaux le long desquels se trouvent des étangs privés.

La ville de Bambari au centre est, est travervée par la Ouaka, une rivière dans laquelle se jettent beaucoup de marigots et ruisseaux. Cette région est une zone de savane ; Bambari est l'une des grandes villes de l'Empire Centrafricain.

La ville de Bangui, capitale du pays, est la zone transitoire savane et forêt. Elle est située de la rivière Oubangui en bas des collines. De nombreux marigots descendent ces collines pour former une ceinture autour de Bangui.

A côté de ces cours d'eau, on trouve des sources et des marécages qui sont souvent les plus exploités par les pisciculteurs.

2.1.2. Nature du sol

Le type du sol préféré en pisciculture est un sol argileux. A Bouar, zone montagneuse, le sol a une structure granitique ; dans les vallées, le sol est sablo-argileux. A Bangui et à Bambari, les sols sont sablo-argileux en surface et argilo-sableux en profondeur.

2.1.3. Pluviométrie

La reprise des pluies est souvent nécessaire pour les étangs saisonniers qui sont souvent des étangs construits dans la nappe phréatique. Ces étangs ne fonctionnent qu'en saison des pluies. Les grandes pluies sont néfastes aux étangs ruraux dont les digues sont fragiles. Durant les mois les plus pluvieux, les étangs qui sont construits dans les bas fonds sont de fois inondés et les poissons emportés après rupture des digues. La pluviométrie de ces villes est résumée dans le Tableau 1 avec les mois les plus pluvieux. Pour la pisciculture, au niveau de ces trois villes, la pluviométrie est presque identique allant de 1.200 mm à 1.500 mm/ an. En ce qui concerne les inondations, les mois les plus dangeureux qui demandent un travail supplémentaire aux pisciculteurs sont les suivants : Juillet, Août et Septembre.

TABLEAU I
Pluviométrie comparative des 3 villes avec les mois les plus pluvieux. Année 1977.
VillePluviométrie
(mm/an)
Mois les plus pluvieux
BAMBARI1.200Août - 205.7 mm
BOUAR1.500Août - 306.6 mm
BANGUI1.500Septembre - 260.8 mm

2.1.4. Sites favorables

De préférence les étangs doivent être installés sur versant de vallée avec une pente faible de moins de 10%.

A Bouar, on trouve de moins en moins de sites favorables, les nouveaux pisciculteurs ont tendance à sortir de la ville pour construire des étangs.

A Bangui et à Bambari, beaucoup de sites ont été abandonnées pour vol de poisson ou pour décès des pisciculteurs, par conséquent le problème de sites ne se pose pas encore.

2.2. Facteurs humains

2.2.1. Population

La pisciculture demande un milieu à activité agricole évoluée pour l'approvisionnement en sousproduits agricoles et la commercialisation du poisson frais. Ces trois villes répondent assez bien à cet impératif. Elles ont le taux le plusélevé en population agricole. En plus on trouve dans ces villes toutes les culturos vivrières et industrielles sauf à Bangui, où le coton n'est pas cultivé. Le Tableau II nous donne les po pulations totales et agricoles avec leur pourcentage.

TABLEAU II
Comparaison de la population totale et agricole dans 3 villes d'étude de l'Empire Centrafricain Année 1977
VILLEPopulation totale ( nombre )Population agricole(nombre)Population agri- cole % du total
BAMBARII56.274140.63990
BOUAR40.12036.10890
BANGUI346.70015.9544,6

2.2.2. Habitudes alimentaires

En Empire Centrafricain, les habitudes alimentaires varient très peu. Lepopulation consomme co qu'elle a de disponible. La viande et le manioc constituent l'aliment de base. Le poisson est rare il reste un aliment de luxe dans les grandes villes du pays. Le poisson rentre pour 2% dans le coût de la consommation totale (Minh. 1976) par rapport à la viande qui est de 12%. Certains auteurs pensent que le centrafricain consomme en moyenne 3 kg de poisson par an cependant d'autres signalent une consommation de 6,5 kg par an (Minh. 1976). Une étude sérieuse doit être entreprise concernant la consommation du poisson en Centrafrique. Le Tableau III nous résume en pourcentage la consommation moyenne par personne par ration alimentaire en Centrafrique.

TABLEAU III
Consommation moyenne mensuelle par personne de la ration alimentaire en Empire Centrafricain exprimé en pourcentage (1)
A       L       I       M       E       N       T       S%
Légumes9
Tubercules et plantain53
Céréales et Féculents8
Oléagineux6
Fruits5
Poisson, Crustacés2
Viandes12
Boissons2
Divers2

(1) Source : Minh. 1976

2.2.3. Résultats d'enquêtes faites auprés des pisciculteurs

Des enquêtes ont été faites dans les trois villes d'étude. Elles ont porté sur des sujets comme le nombre moyen de personne par famille, le nombre d'actifs par exploitation. L'alimentation des poissons et le choix des sites. Un exemplaire des fiches est présentée à la figure 1.

2.2.3.1. Méthode de conduito d'enquête

L'enquête a été ménée dans le but de détecter les facteurs limitants l'amélioration des productions des étangs privés et le nombre moyen de personnes par famille bénéfiaire de la pisciculture. Les autres points recherchés sont les suivants.

PROJET PISCICOLE EMPIRE CENTRAFRICAIN
FAO - CAF/76/007 Unité - Dignité - Travail
Avril/1978 

FICHE INDIVIDUELLE DE RENSEIGNEMENT AUPRES DE PISCICULTEURS par Léon MBANGASSI IUTA M'BAIKI

NOM : KOMBO PaulActivitésSuperficie
VILLAGE : GEZI- Paysan 
Age : 45 ans- Vivriers 
 1 - Bassin0,76 ares

Main d'oeuvre familiale
Femmes
Enfants
NombreAgeActivité agricoleNombreAgeSexeScolarité/ Agri-act.
1 aide aux travaux vivriers813  
   11  
   9  
   7  
   5  
   4  
   2  

• Matériel utilisée pour la construction du bassin - pelle empruntée
as-tu une pelle : non
brouette : non
pioche : non

• Production

n1n2n3
7,710kg12kg
• Difficultés rencontrées - choix de site, alimentation bouse de vache
  son de mil
  feuille de papaye, manioc
  pas de vols de poisson

Les enquêtes ont été menées auprès de 32 pisciculteurs privés à Bouar, 27 à Bamabari et 12 à Bangui. Soulignons que les difficultés qu'on a à rencontrer des pisciculteurs de Bangui qui sont occupés par leur fonction et distraction. A Bouar et à Bambari, l'enquête n'a été possible que les après-midi. Cela est dû aux activités champêtres dans la matinée. Sur les fiches d'enquêtes, les signes conventionnels utilisés sont détaillés ci-après :

• Le mode de calcul du nombre d'actifs par famille est calculé en fonction des critéres suivants :

1 homme adulte = 1 actif

1 femme adulte = 1 actif

1 fille de 12 – 15 ans = 1/2 actif

1 garçon de 12 – 15 ans = ½ actif

1 viellard de 60 ans = ½ actif

• Sur les fiches et au Tableau IV de dépouillement les aliments sont representés par les lettres de l'alphabets suivantes

A = Contenu de panse + du sang

B = Fourage - feuille de manioc

- feuille de papaye, de coton, stylosanthès

- autres légumineuses

C = Graine de coton

D = Son de manioc, de riz, de mil

E = Termites

F = Drèche de brasserie

• Sur les fiches et au Tableau de dépouillement, nous avons les signes suivants :

+ = le choix a été fait par un moniteur

- = le choix a été fait par le pisciculteur lui-même

2.2.3.2. Dépouillement des enquêtes

Le nombre d'actifs est de 2,4 par famille de 7,04 en moyenne. Les activités piscicoles comme la construction d'étang, l'entretien d'étang et l'alimentation des poissons sont souvent effectués par le chef de famille et ses enfants âgés de 12 ans et plus. Les femmes se chargent de la récolte et de commercialisation des poissons.

En moyenne pour les trois villes, il y a 1 pelle pour 3 personnes 1 brouette pour 16,3 personnes et 1 pioche pour 13,3 personnes. En fait le pisciculteur utilise la houe et la grande assiette pour creuser et déplacer la terre. Ces matériels sont moins adaptés aux travaux piscicoles, ils ne facilitent pas les travaux de construction et d'entretien d'un étang.

L'enquête sur l'alimentation des poissons devait nous permettre de détecter l'aliment le plus distribué aux poissons au niveau des villes. A Bangui, la drèche de brasserie est l'aliment de base le plus donné aux poissons. En province à Bouar et à Bambari, le fourrage reste l'aliment le plus donné aux poissons; après viennent le son de mil, de riz et de manioc. On note parmi les aliments l'absence des graines de coton qui n'est pas acessible de l'usine aux paysans. Quant au choix du site, une étude portant sur 71 bassins construits a démontré que 55 sites soit 77,4 % ont été choisis par les pisciculteurs eux-mêmes et les autres ont été choisis par les moniteurs. Ces derniers sont mieux placés pour choisir une zones assez favorable à une construction d'étang. Les rósultats ont été résumés au Tableau IV.

TABLEAU IV
Résultats comparatifs du dépouillement des enquêtes réalisés auprès des pisciculteurs à Bouar, Bangui et à Bambari
VilleNbre total de personNbre moyen parfamilleActif moyenQultil/personneSurface moyenne
(are)
Nbre aliment (1)Nombre choix de site (2)
+-
    pellepiochebrouette    
BOUAR426,02,51/3,21/101/161,1612A 32B 3C 7E923
BANBARI278,02,91/4,21/271/271,055A 27B 27D 27E720
BANGUI128,22,41/1,51/31/62,509B 12F 1E112
TOTAL
Moyenne
71
23,6
22,2
7,04
7,8
2,4
1/31/131/1
6,3
4,71
1,57
 1755

1 Aliments : un pisciculteur peut ou ne peut pas combiner les aliments suivants
A = Contenu de panse + sang
B = Fourrage
C = Graines de coton
D = Son de manioc, de mil, de riz
E = Termite
F = Dreche de brasserie

2 + = choix a été fait par un moniteur
- = choix a été fait par le pisciculteur lui-même

2.2.3. Répartition par occupation des pisciculteurs

La pisciculture est une activité accessible à toutes les personnes qui ont un terrain propice à la pisciculture. Elle est considérée comme une activité agricole secondaire qui ne prend pas beaucoup de temps. Les travaux les plus pénibles sont faits à la création de l'étang et aux vidanges dans les étangs. Le fait que la pisciculture soit considérée comme une activité secondaire rend la vulgarisation difficile car le contact avec les pisciculteurs n'est pas toujours facile, dû au fait qu'ils sont occupés par leurs activités professionnelles. Des études faites en 1977 nous résument la répartition des psiciculteurs selon leur catégorie socio-professionnelle dans le Tableau V.

TABLEAU V
Répartition des pisciculteurs par catégorie socio-professionnelle dans 3 régions en Centrafrique 1 1977.
 BANGUIBOUARBAMBARITOTAL
 N%N%N% 
Cultivateurs7024,525559,125290,0577
Fonctionnaires3512,27016,272,7112
Manoeuvres5117,8194,4103,880
Cuvriers7526,2347,983,1117
Ancien combattant165,6225,10-35
Militaires82,830,60-11
Institutions72,412,110,39
Eléves186,390,210,328
Commerçants62,1184,210,325
TOTAUX286 431 280 977

1 Source : Ndjikara Emmanuel ; James W. Miller, 1978

2.3. Disponibilité en sous produits agro-industriels

2.3.1. Inventaire des sousproduits utilisés en pisciculture rurale

Les sous-produits retenus en fonction de leur disponibilité sont les suivants :

Au niveau de l'Empire Centrafricain, les sous-produits agricoles ne sont pas rares mais l'accès à ces produits par le paysan et la collecte reste difficile à cause des distances et le manque de moyen logistique. Le marché des céréales est dispersé et reste limité aux petits preneurs.

A Bangui, la drèche de brasserie et la levure de bière sont disponibles toute l'année et sont gratuits. La disponibilité des tourteaux est saisonnière et ils sont chers aux paysans; en fait ils sont trés peu utilisés en pisciculture privée. La graine de coton peut être disponible toute l'année mais elle n'est pas facilement accessible aux paysans, elle n'existe pas à Bangui. Le manioc est disponible toute l'année. En fait la plupart des pisciculteurs nourrissent lours poissons avec les aliments gratuits qui sont près de leurs étangs. Ces alimonts consistent principalement en fourrage - feuille de manioc et autres plantes; et en drèches de brasseries industrielles et artisanales.

La disponibilité de ces sous-produits est résumée dans le Tableau VI (Miller 1977).

TABLEAU VI
Disponibilité annuelle des produits agricoles en E.C.A. 1976 1
Sous-produitsTONNESCoût/F CFA/kgSaison disponible
Drèche de bière1.200012 mois
Levure de bière35.000 litres012 mois
Tourteau de coton25040Février-Octobre
Tourteau arachide21540Février-Juillet
Tourteau sésame18940Février-Octobre
Graine coton300Février-Octobre
Sang frais (2)228.125 litres?12 mois
Maïs3060Juillet-Mars
Riz (Paddy)3060Juillet-Mars
Manioc41.09012512 mois
Feuilles de manioc--12 mois
Feuilles de papaye--12 mois
autres légumineuses--12 mois

1 Source : James W. Miller, 1976
2 Basé sur 125 boeufs tués par jour 51/de sang frais récupérable

2.3.2. Conversion des aliments par les poissons

Le Tilapia nilotica espéce vulgarisée à l'heure actuelle est un phytophage qui profite aussi des déchets inutilisés (nourriture artificielle). Ces Tilapia sont éfficaces sur le plan alimentaire. Ces poissons mangent les sous-produits de mauvaises qualités qui est la drèche de brasserie 12/1.

On définit le coefficient de transformation comme le rapport entre la quantité d'aliment distribué et le gain en poids de poissons, cité dans la formule ci-après.

D'après Hickling P. (19) pour avoir 1 kg de poisson, il faut donner entre 10 et 20 kg de feuilles de manioc ; 4,5 kg de farine de manioc donne 1 kg de poissons. Le pisciculteur, en fait, cherche à alimenter le moins cher possible. La drèche de brasserie donne le rapport 12/1.

Le Tableau VII résume le coefficient de transformation des sous-produits agricoles divers.

TABLEAU VII
Coefficient de transformation des sous-produits agricoles et divers utilisés en pisciculture rurale.
NoSous produitsCoefficient de transformationréférence
1Granulés à 30% de protéine1,3 – 4,0: 1Landjia-Tilapia
2Drèche de brasserie12: 1"       "
3Graine de coton pilée8: 1"       "
4Maïs (farine)3,5: 1Hickling-Tilapia
5Riz (farine)4,5: 1"       "
6Tourteau d'arachide3,6: 1"       "
7Feuille de manioc10–20: 1"       "
8Farine de manioc3,5: 1"       "
9Farine de poisson1,5–3: 1"       "

2.3.3. Distribution des sous produits

Dans le cadre de l'amélioration de la production piscicole rurale, il serait intéressant de distribuer des graines de coton non traitées aux psiciculteurs, lors de la distribution des graines traitées pour le semis. A Bangui la brasserie Mocaf distribue gratuitement de la drèche aux pisciculteurs.


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