Pour créer la pisciculture d'étang, il faut de l'eau dans les sites favorables. L'Empire Centrafricain est assez bien arrosée par les cours d'eau.
La ville de Bouar à l'ouest du pays, est sur le bassin versant de 3 grandes rivières, le Chari, la Nana et la Lobaye. Ces rivières débutent en marigots qui sont la Bollé, le Yalé et la Paya. Ces cours d'eau reçoivent d'autres petits marigots et ruisseaux le long desquels se trouvent des étangs privés.
La ville de Bambari au centre est, est travervée par la Ouaka, une rivière dans laquelle se jettent beaucoup de marigots et ruisseaux. Cette région est une zone de savane ; Bambari est l'une des grandes villes de l'Empire Centrafricain.
La ville de Bangui, capitale du pays, est la zone transitoire savane et forêt. Elle est située de la rivière Oubangui en bas des collines. De nombreux marigots descendent ces collines pour former une ceinture autour de Bangui.
A côté de ces cours d'eau, on trouve des sources et des marécages qui sont souvent les plus exploités par les pisciculteurs.
Le type du sol préféré en pisciculture est un sol argileux. A Bouar, zone montagneuse, le sol a une structure granitique ; dans les vallées, le sol est sablo-argileux. A Bangui et à Bambari, les sols sont sablo-argileux en surface et argilo-sableux en profondeur.
La reprise des pluies est souvent nécessaire pour les étangs saisonniers qui sont souvent des étangs construits dans la nappe phréatique. Ces étangs ne fonctionnent qu'en saison des pluies. Les grandes pluies sont néfastes aux étangs ruraux dont les digues sont fragiles. Durant les mois les plus pluvieux, les étangs qui sont construits dans les bas fonds sont de fois inondés et les poissons emportés après rupture des digues. La pluviométrie de ces villes est résumée dans le Tableau 1 avec les mois les plus pluvieux. Pour la pisciculture, au niveau de ces trois villes, la pluviométrie est presque identique allant de 1.200 mm à 1.500 mm/ an. En ce qui concerne les inondations, les mois les plus dangeureux qui demandent un travail supplémentaire aux pisciculteurs sont les suivants : Juillet, Août et Septembre.
Ville | Pluviométrie (mm/an) | Mois les plus pluvieux |
BAMBARI | 1.200 | Août - 205.7 mm |
BOUAR | 1.500 | Août - 306.6 mm |
BANGUI | 1.500 | Septembre - 260.8 mm |
De préférence les étangs doivent être installés sur versant de vallée avec une pente faible de moins de 10%.
A Bouar, on trouve de moins en moins de sites favorables, les nouveaux pisciculteurs ont tendance à sortir de la ville pour construire des étangs.
A Bangui et à Bambari, beaucoup de sites ont été abandonnées pour vol de poisson ou pour décès des pisciculteurs, par conséquent le problème de sites ne se pose pas encore.
La pisciculture demande un milieu à activité agricole évoluée pour l'approvisionnement en sousproduits agricoles et la commercialisation du poisson frais. Ces trois villes répondent assez bien à cet impératif. Elles ont le taux le plusélevé en population agricole. En plus on trouve dans ces villes toutes les culturos vivrières et industrielles sauf à Bangui, où le coton n'est pas cultivé. Le Tableau II nous donne les po pulations totales et agricoles avec leur pourcentage.
VILLE | Population totale ( nombre ) | Population agricole(nombre) | Population agri- cole % du total |
BAMBARI | I56.274 | 140.639 | 90 |
BOUAR | 40.120 | 36.108 | 90 |
BANGUI | 346.700 | 15.954 | 4,6 |
En Empire Centrafricain, les habitudes alimentaires varient très peu. Lepopulation consomme co qu'elle a de disponible. La viande et le manioc constituent l'aliment de base. Le poisson est rare il reste un aliment de luxe dans les grandes villes du pays. Le poisson rentre pour 2% dans le coût de la consommation totale (Minh. 1976) par rapport à la viande qui est de 12%. Certains auteurs pensent que le centrafricain consomme en moyenne 3 kg de poisson par an cependant d'autres signalent une consommation de 6,5 kg par an (Minh. 1976). Une étude sérieuse doit être entreprise concernant la consommation du poisson en Centrafrique. Le Tableau III nous résume en pourcentage la consommation moyenne par personne par ration alimentaire en Centrafrique.
A L I M E N T S | % |
Légumes | 9 |
Tubercules et plantain | 53 |
Céréales et Féculents | 8 |
Oléagineux | 6 |
Fruits | 5 |
Poisson, Crustacés | 2 |
Viandes | 12 |
Boissons | 2 |
Divers | 2 |
Des enquêtes ont été faites dans les trois villes d'étude. Elles ont porté sur des sujets comme le nombre moyen de personne par famille, le nombre d'actifs par exploitation. L'alimentation des poissons et le choix des sites. Un exemplaire des fiches est présentée à la figure 1.
L'enquête a été ménée dans le but de détecter les facteurs limitants l'amélioration des productions des étangs privés et le nombre moyen de personnes par famille bénéfiaire de la pisciculture. Les autres points recherchés sont les suivants.
L'alimentation des poissons - Le type d'aliment le plus donné aux poissons
Le choix des sites - Qui a choisi le site ? Le paysan ou le moniteur ?
Matériel utilisé pour la construction de l'étang. On estime que la pelle, la pioche, la brouette sont nécessaires pour la construction d'un bon étang.
PROJET PISCICOLE | EMPIRE CENTRAFRICAIN | |
FAO - CAF/76/007 | Unité - Dignité - Travail | |
Avril/1978 |
FICHE INDIVIDUELLE DE RENSEIGNEMENT AUPRES DE PISCICULTEURS par Léon MBANGASSI IUTA M'BAIKI
NOM : KOMBO Paul | Activités | Superficie |
VILLAGE : GEZI | - Paysan | |
Age : 45 ans | - Vivriers | |
1 - Bassin | 0,76 ares |
Main d'oeuvre familiale Femmes | Enfants | |||||
Nombre | Age | Activité agricole | Nombre | Age | Sexe | Scolarité/ Agri-act. |
1 | aide aux travaux vivriers | 8 | 13 | |||
11 | ||||||
9 | ||||||
7 | ||||||
5 | ||||||
4 | ||||||
2 |
• Matériel utilisée pour la construction du bassin - pelle empruntée
as-tu une pelle : non
brouette : non
pioche : non
• Production
n1 | n2 | n3 |
7,7 | 10kg | 12kg |
• Difficultés rencontrées - choix de site, alimentation bouse de vache | ||
son de mil | ||
feuille de papaye, manioc | ||
pas de vols de poisson |
Les enquêtes ont été menées auprès de 32 pisciculteurs privés à Bouar, 27 à Bamabari et 12 à Bangui. Soulignons que les difficultés qu'on a à rencontrer des pisciculteurs de Bangui qui sont occupés par leur fonction et distraction. A Bouar et à Bambari, l'enquête n'a été possible que les après-midi. Cela est dû aux activités champêtres dans la matinée. Sur les fiches d'enquêtes, les signes conventionnels utilisés sont détaillés ci-après :
• Le mode de calcul du nombre d'actifs par famille est calculé en fonction des critéres suivants :
1 homme adulte = 1 actif
1 femme adulte = 1 actif
1 fille de 12 – 15 ans = 1/2 actif
1 garçon de 12 – 15 ans = ½ actif
1 viellard de 60 ans = ½ actif
• Sur les fiches et au Tableau IV de dépouillement les aliments sont representés par les lettres de l'alphabets suivantes
A = Contenu de panse + du sang
B = Fourage - feuille de manioc
- feuille de papaye, de coton, stylosanthès
- autres légumineuses
C = Graine de coton
D = Son de manioc, de riz, de mil
E = Termites
F = Drèche de brasserie
• Sur les fiches et au Tableau de dépouillement, nous avons les signes suivants :
+ = le choix a été fait par un moniteur
- = le choix a été fait par le pisciculteur lui-même
Le nombre d'actifs est de 2,4 par famille de 7,04 en moyenne. Les activités piscicoles comme la construction d'étang, l'entretien d'étang et l'alimentation des poissons sont souvent effectués par le chef de famille et ses enfants âgés de 12 ans et plus. Les femmes se chargent de la récolte et de commercialisation des poissons.
En moyenne pour les trois villes, il y a 1 pelle pour 3 personnes 1 brouette pour 16,3 personnes et 1 pioche pour 13,3 personnes. En fait le pisciculteur utilise la houe et la grande assiette pour creuser et déplacer la terre. Ces matériels sont moins adaptés aux travaux piscicoles, ils ne facilitent pas les travaux de construction et d'entretien d'un étang.
L'enquête sur l'alimentation des poissons devait nous permettre de détecter l'aliment le plus distribué aux poissons au niveau des villes. A Bangui, la drèche de brasserie est l'aliment de base le plus donné aux poissons. En province à Bouar et à Bambari, le fourrage reste l'aliment le plus donné aux poissons; après viennent le son de mil, de riz et de manioc. On note parmi les aliments l'absence des graines de coton qui n'est pas acessible de l'usine aux paysans. Quant au choix du site, une étude portant sur 71 bassins construits a démontré que 55 sites soit 77,4 % ont été choisis par les pisciculteurs eux-mêmes et les autres ont été choisis par les moniteurs. Ces derniers sont mieux placés pour choisir une zones assez favorable à une construction d'étang. Les rósultats ont été résumés au Tableau IV.
Ville | Nbre total de person | Nbre moyen parfamille | Actif moyen | Qultil/personne | Surface
moyenne (are) | Nbre aliment (1) | Nombre choix de site (2) | |||
+ | - | |||||||||
pelle | pioche | brouette | ||||||||
BOUAR | 42 | 6,0 | 2,5 | 1/3,2 | 1/10 | 1/16 | 1,16 | 12A 32B 3C 7E | 9 | 23 |
BANBARI | 27 | 8,0 | 2,9 | 1/4,2 | 1/27 | 1/27 | 1,05 | 5A 27B 27D 27E | 7 | 20 |
BANGUI | 12 | 8,2 | 2,4 | 1/1,5 | 1/3 | 1/6 | 2,50 | 9B 12F 1E | 1 | 12 |
TOTAL Moyenne | 71 23,6 | 22,2 7,04 | 7,8 2,4 | 1/3 | 1/13 | 1/1 6,3 | 4,71 1,57 | 17 | 55 |
2 + = choix a été fait par un moniteur
- = choix a été fait par le pisciculteur lui-même
2.2.3. Répartition par occupation des pisciculteurs
La pisciculture est une activité accessible à toutes les personnes qui ont un terrain propice à la pisciculture. Elle est considérée comme une activité agricole secondaire qui ne prend pas beaucoup de temps. Les travaux les plus pénibles sont faits à la création de l'étang et aux vidanges dans les étangs. Le fait que la pisciculture soit considérée comme une activité secondaire rend la vulgarisation difficile car le contact avec les pisciculteurs n'est pas toujours facile, dû au fait qu'ils sont occupés par leurs activités professionnelles. Des études faites en 1977 nous résument la répartition des psiciculteurs selon leur catégorie socio-professionnelle dans le Tableau V.
BANGUI | BOUAR | BAMBARI | TOTAL | ||||
N | % | N | % | N | % | ||
Cultivateurs | 70 | 24,5 | 255 | 59,1 | 252 | 90,0 | 577 |
Fonctionnaires | 35 | 12,2 | 70 | 16,2 | 7 | 2,7 | 112 |
Manoeuvres | 51 | 17,8 | 19 | 4,4 | 10 | 3,8 | 80 |
Cuvriers | 75 | 26,2 | 34 | 7,9 | 8 | 3,1 | 117 |
Ancien combattant | 16 | 5,6 | 22 | 5,1 | 0 | - | 35 |
Militaires | 8 | 2,8 | 3 | 0,6 | 0 | - | 11 |
Institutions | 7 | 2,4 | 1 | 2,1 | 1 | 0,3 | 9 |
Eléves | 18 | 6,3 | 9 | 0,2 | 1 | 0,3 | 28 |
Commerçants | 6 | 2,1 | 18 | 4,2 | 1 | 0,3 | 25 |
TOTAUX | 286 | 431 | 280 | 977 |
1 Source : Ndjikara Emmanuel ; James W. Miller, 1978
Les sous-produits retenus en fonction de leur disponibilité sont les suivants :
Les sous-produits agricoles
déchets de manioc
fruits avariés
ordures ménagères
déchets d'abattoir - contenu de panse et sang
Les sous-produits agro-industriels
les drèches
les graines de coton
les tourteaux de sésame, d'arachide, de coton, de palmiste
Autres produits
feuilles de manioc, de papayes, légumineuses
les termites
Au niveau de l'Empire Centrafricain, les sous-produits agricoles ne sont pas rares mais l'accès à ces produits par le paysan et la collecte reste difficile à cause des distances et le manque de moyen logistique. Le marché des céréales est dispersé et reste limité aux petits preneurs.
A Bangui, la drèche de brasserie et la levure de bière sont disponibles toute l'année et sont gratuits. La disponibilité des tourteaux est saisonnière et ils sont chers aux paysans; en fait ils sont trés peu utilisés en pisciculture privée. La graine de coton peut être disponible toute l'année mais elle n'est pas facilement accessible aux paysans, elle n'existe pas à Bangui. Le manioc est disponible toute l'année. En fait la plupart des pisciculteurs nourrissent lours poissons avec les aliments gratuits qui sont près de leurs étangs. Ces alimonts consistent principalement en fourrage - feuille de manioc et autres plantes; et en drèches de brasseries industrielles et artisanales.
La disponibilité de ces sous-produits est résumée dans le Tableau VI (Miller 1977).
Sous-produits | TONNES | Coût/F CFA/kg | Saison disponible |
Drèche de bière | 1.200 | 0 | 12 mois |
Levure de bière | 35.000 litres | 0 | 12 mois |
Tourteau de coton | 250 | 40 | Février-Octobre |
Tourteau arachide | 215 | 40 | Février-Juillet |
Tourteau sésame | 189 | 40 | Février-Octobre |
Graine coton | 30 | 0 | Février-Octobre |
Sang frais (2) | 228.125 litres | ? | 12 mois |
Maïs | 30 | 60 | Juillet-Mars |
Riz (Paddy) | 30 | 60 | Juillet-Mars |
Manioc | 41.090 | 125 | 12 mois |
Feuilles de manioc | - | - | 12 mois |
Feuilles de papaye | - | - | 12 mois |
autres légumineuses | - | - | 12 mois |
1 Source : James W. Miller, 1976
2 Basé sur 125 boeufs tués par jour 51/de sang frais récupérable
Le Tilapia nilotica espéce vulgarisée à l'heure actuelle est un phytophage qui profite aussi des déchets inutilisés (nourriture artificielle). Ces Tilapia sont éfficaces sur le plan alimentaire. Ces poissons mangent les sous-produits de mauvaises qualités qui est la drèche de brasserie 12/1.
On définit le coefficient de transformation comme le rapport entre la quantité d'aliment distribué et le gain en poids de poissons, cité dans la formule ci-après.
D'après Hickling P. (19) pour avoir 1 kg de poisson, il faut donner entre 10 et 20 kg de feuilles de manioc ; 4,5 kg de farine de manioc donne 1 kg de poissons. Le pisciculteur, en fait, cherche à alimenter le moins cher possible. La drèche de brasserie donne le rapport 12/1.
Le Tableau VII résume le coefficient de transformation des sous-produits agricoles divers.
No | Sous produits | Coefficient de transformation | référence | |
1 | Granulés à 30% de protéine | 1,3 – 4,0 | : 1 | Landjia-Tilapia |
2 | Drèche de brasserie | 12 | : 1 | " " |
3 | Graine de coton pilée | 8 | : 1 | " " |
4 | Maïs (farine) | 3,5 | : 1 | Hickling-Tilapia |
5 | Riz (farine) | 4,5 | : 1 | " " |
6 | Tourteau d'arachide | 3,6 | : 1 | " " |
7 | Feuille de manioc | 10–20 | : 1 | " " |
8 | Farine de manioc | 3,5 | : 1 | " " |
9 | Farine de poisson | 1,5–3 | : 1 | " " |
Dans le cadre de l'amélioration de la production piscicole rurale, il serait intéressant de distribuer des graines de coton non traitées aux psiciculteurs, lors de la distribution des graines traitées pour le semis. A Bangui la brasserie Mocaf distribue gratuitement de la drèche aux pisciculteurs.