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4. LES ASPECTS ECONOMIQUES DE CETTE PISCICULTURE RURALE

4.1. Etude des productions psicicoles

Les résultats de 116 vidange (Tableau X) effectués dans les trois grandes villes durant l'année 1977 nous permettent de oalculer la production moyenne. Le nombre des résultats obetnus aux récoltes par les moniteurs est assez réduit car les vidanges se font souvent en fin Novembre et début Décembre et à ce moment, les moniteurs sont le plus souvent absents sur le terrain.

Globalement, la production moyenne est égale à 20,86 kg/are/an avec une superficie moyenne de 1,84 are comme présenté au Tableau X. En 1976, la production moyenne était de 18,70 kg/are/an avec la même superficie. Le taux de croissance de la production moyenne entre 1976 et 1977 est de 13,7%. L'objectif de 25 kg/are/an n'est pas encore atteint mais la qualité des productions piscicoles s'améliore.

4.1.1. Les différents niveaux de production

Au niveau du projet FAO, les pisciculteurs sont classés selon le niveau de leur production et on a réparti les pisciculteurs en trois groupes, comme cité ci-dessous (Miller, 1976)

Groupe I - Les psiciculteurs dont la production est inférieure à 1.499 kg/ha/an

Groupe II - Ceux qui obtiennent entre 1.500 kg et 3.990 kg/ha/an

Groupe III Ceux qui obtiennent plus de 4.000 kg/ha/an

Dans le Tableau X qui résume la production dans les 3 grandes villes de l'année 1977, on constate que sur les 116 vidanges :

50,86 % de pisciculteurs sont dans le groupe I

36,86 % de pisciculteurs sont dans le groupe II

12,93 % de pisciculteurs sont dans le groupe III

Ces différents niveaux sont strictement liés aux niveaux techniques des pisciculteurs. Selon les constations faites pendant la vulgarisation (Miller, 1975; Mbangassi, 1978) le groupe I renferme des étangs qui sont mal contruits, mal entrenus, souvent envahis par les mauvaises herbes et où l'alimentation aux poissons est rès irrégulière. Le groupe II renferme des étangs presqu'identiques à ceux du premier groupe mais un léger entretien et avec une alimentation régulière aux poissons. En plus ils font du compsot dans leurs étangs ce qui augmentent la productivité de l'eau. Le Groupe III renferme souvent des étangs en dérivation, dotés d'une moine ou d'un système de vidange. Le pisciculteur alimente rugulièrement en quantité importante.

L'amélioration de la production moyenne totale avec un taux de croissance de 13,7 % ressort plus de la pisciculture privée de Bangui. Dans le Tableau X résumant la production piscicole dans les 3 villes, on constate que le groupe I à Bangui est passé de 8,23 KG/are/an en 1976 à 10,31 kg/are/an avec un taux de croissance de 24,84% alors qu'à Bouar et à Bambari le niveau est resté presque stationnaire. A Bangui, l'encadrement est assez bon, et les psiciculteurs s'arrangent pour une distribution régulière de la drèche de brasserie qui est gratuite.

TABLEAU X
Productions1 piscicoles familiales dans trois régions de L'E.C.A. 31 Déc. 1977
REGIONRésultats GlobauxGroupe I 14,99kg/are/anGroupe II 15,0–39,9kg/are/anGroupe III 40,0 kg/are/an
Produc kg/are/ anNombre d'étangsuperficie (are)Prod. kg/are/ anNombre d'étangssuperficie (are)Prod. kg/are/ anNombre d'étangsSuperficie (are)Produc kg/are/ anNombre d'étangsSuperficie (are)
BANGUI29,68513,4710,35164,3528,68212,9953,27143,47
BAMBARI14,84581,176,79371,1125,4201,1871,0811,23
BOUAR10,6970,8959,8961,0415,4810,75   
TOTAL
Moyenne 
( % )
-
20,86
116
-
-
1,84
8,07
-
59
-
50,86

3,33
-
24,7942
-
36,86
2,02
54,46
-
15
-
12,93
3,32

1 Production nette totale (kg/are/anGroupe I : Ces psiciculteurs n'entretiennent presque pas leurs étangs, ils nourrissent irrégulièrement lespoissonsGroupe II : Ces pisciculteurs entretiennent régulièrement leurs étangs et ils nourrissent les poissons plu-sieurs fois par semaine; ils constituent 86,6% des psiciculteursGroupe III : Ces psiciculteurs ont des investissements importants dans leurs étangs, ils alimentent intensive-ment et pratiquent le compost. Ils constituent 12,93 % des psiciculteurs

4.2. Commercialisation des poissons venant d'étangs privés

Le pisciculteur privé vend ses poissons récoltés en tas de 4 à 5 poissons de poids moyen par pièce allant de 100 g à 120 g à 200F cfa. D'après de nombreuses études faites sur les marchés à Bangui (Miller, 1975) et à Bouar (Kelleher, áçèè), le prix d'un kilogramme de poissons marchands de Tilapia nilotica est de 450 F cfa. Les poissons sont vendus frais sans traitement car la totalité de la quantité mise sur le marché est rapidement vendue.

4.3. Consommation des poissons d'étang.

Tilapia nilotica est une espèce consommée partout dans les 3 villes et aucune interdiction ne semble être observée à sa consommation. Sa forte production peut améliorer le niveau de la consommation de poisson qui est de 6,5 kg par personne par an (d'après Minh, 1976). Une étude a été faite sur le marché de Pétévo en 1977 par Mbangassi, avec 28 kg de poisson venant d'un étang privé, cette étude a permis d'avoir la quantité moyenne de poisson achetée par une famille de 8,3 personnes en moyenne. Cette quantité est de 0,900 kg en moyenne. La même étude faite à Bouar par Kelleher donne 0,776 kg par achat et une autre étude faite par Miller en 1976 donne 0,360 kg. La moyenne de ces trois chiffres donne 0,6 kg. L'étude faite en 1977 sur le marché et l'étude faite sur la consommation de Tilapia nilotica nous a donné quelques informations sur le mode de préparation par les femmes à Bangui (Mbangassli, 1977). Ces informations sont résumées au Tableau XI. D'après cette étude 46% de Tilapai nilotica sont frits, 13% sont grillés et 3,3% sont préparés en galette. Les galettes contrafricaines …

Les . Les galettes Centrafricaines sont souvent préparés avec les alevins ce qui peut constituer un obstacle au réempoissonnement des étangs par les fermiers. En plus l'étude a montré que les alevins se vendent à 380 F le kg. Le pisciculteur privé préfére vendre ou consommer ses alevins que de réempoissonner, vu que les stations lui en fournissent à moitié prix. Une solution adoptée à Bouar de vendre les alevins aux anciens pisciculteurs au double du prix est la meilleure.

TABLEAU XI

Etude socio economique de la pisciculture privée à Bangui

AcheteursQuantité en moyen ne achetée par achat (gramme)Nombre de personnes bénéficiaires en moyenneRECETTE CUISINE
Sexe
Nbre M
%Sexe
NbSe F
%TotalFritureGaletteSauce tomategrille
Nbre%Nbre%Nbre%Nbre%
15501550300,9008,2134613,31136,6513

4.4. Impact économique selon les niveaux de production

4.4.1. Facteurs de production

Dans le milieu rural, il est assez difficile de faire une étude économique vu le niveau d'instruction des paysans et la non valorisation du temps du paysan. Pour appuyer cette étude de la vulgarisation piscicole, il est nécessaire de démêler les différents facteurs qui permettent de faire apparaître les profits ou les pertes de l'activité piscicole privée. Dans cette étude la pisciculture familiale est définie comme un élément d'une exploitation agricole où l'on distingue les points suivants :

  1. Les activités d'investissement

    1. Coût de création de l'étang (F CFA)

    2. Coût des matériaux utilisés (F CFA)

  2. Les activités d'exploitation

    1. Achat des alevins (F CFA)

    2. Coût d'entretien en hommes jours x cfa/j.

    3. Coût des aliments (F CFA)

    4. Coût de la vidange hommes jours x 200 F CFA

  3. Taux de productivité du capital investi et marge brute à l'are

    1. Le taux de productivité du capital investi est le rapport entre la valeur de production brute en F cfa et le coût des facteurs de production en F cfa cité dans la formule suivante :

    2. La marge brute à l'are = production brute en cfa - coût des activités d'exploitation. La pisciculture familiale est une activité de subsistance et les investissements sont faibles. Dans le calcul de la marge on ne tient compte que du produit brut et des coûts d'exploitation.

Les données en hommes - jours sur la construction, l'entretien, l'alimentation et la vidange sont tirées des rapports Miller (1975) et Kellcher (1976). Ces données ont été complétées par d'autres informations recueillies auprès des psiciculteurs qui font l'objet de l'étude qui suit :

Pour construire un étang d'un are il faut 15,61 H.J/are (120 résultats)

Hommes - jours = 15,61 (moyenne de 120 résultats, calculée à partir du rapport Kellcher £çè-).

4.4.2. Coût et rentabilité des étangs

Le calcul du taux de productivité du capital signifie que si on a investi 1.000 F cfa, le pisciculteur du Groupe I récolte 485 F, celui du Groupe II a 1.580 F, et celui du Groupe III a 2.220 F ceci après 6 ou 7 mois de production.

Au niveau du Groupe I on atteint pas ce qu'on a investi, par contre au niveau des deux autres groupes on dépasse la valeur investie. La marge brute à l'are calculée est très élevée dans les deux groupes II et III, car elle faible dans le Groupe I. Cela résulte de l'entretien de l'étang et de la meilleure alimentation des poissons. En fait le calcul est théorique; en pratique le pisciculteur utilise la main-d'oeuvre familiale, qui n'est pas comptabilisée. La plus grande partie de la production est reservée à la consommation familiale, les recettes ne sont pas aussi élevées. Les étangs du Groupe I connaissent assez souvent une rémunération faible et, en cas d'incident quelconque manque d'alevins, vol de poisson et inondation, le pisciculteur abandonne l'étang. La production des étangs des groupes II et III est en grande partie commercialisée d'où nécessité d'un marché. A l'heure actuelle le marché du Tilapia est favorable, grâce à son succès auprès des consommateurs. Les Tableaux XII, XIII et XIX présentent les différents comptes d'exploitation de chaque groupe d'étang. Le tout est résumé et ramené à l'are dans le Tableau XV.

TABLEAU XII
Compte d'exploitation d'un étang familial qui produit moins de 14.99 kg/are/an
Groupe I
A- Construction de l'étang
 a)Superficie 0,91 are
 b)Main d'oeuvre pour creuser l'étang = 20 hommes jour Coût de la main d'oeuvre à 200 F cfa/j = 4.000 F cfa
 c)Volume de terre déplacée 71,39 m2
 d)Alimentation = nappe phréatique
 e)Equipement néant, pas de frais
 f)Coût de construction = 4.000 F cfa
 g)Coût de construction/are = 4.935 F cfa
B- Alimentation (nourriture)
 a)aliments pour poisson - feuille de manioc (sans coût)
 b)main d'oeuvre- entretien4,2 h.j.
   - vidange7,0 h.j.
   - alimentation3,0 h.j.
     Total14,2 hommes jours
 c)coût d'entretien et récolte 14,2 × 200 F = 2.840 F cfa

C - Production

a)empoissonnement - Tilapia a 2/m2= 2kg × 150 F = 300 F
b)Période de production == 6 mois
c)récolte et valeur= 7,7 × 450 = 3.465 F cfa
d)production nette= 10,99 kg/are/an

Investissement et coût d'opérationCoût F CFACoût à l'are F CFA
Coût construction  
- main d'oeuvro à 200Fcfa/j4.0004.395,6
- matériaux00
Coût alevins à 150F cfa/kg300300,0
Coût de main d'oeuvre pour l'ali mentation et l'entretien  2.840  3.120,87
Coût total7.1407.816,4
ProductionProduit F cfaProduit/are F cfa
Valeur de poisson 7,7 × 4503.4653.870
Taux de productivité du capital investi =
Marge brute/are = 3.870 = 3.120,8 = 749,2 F cfa

TABLEAU XIII
Groupe II
Compte d'exploitation d'un étang familial qui produit entre 1.500 et 3.999 kg/are/an
A- Construction de l'étang
 a)Superficie 1,60 are
 b)main d'oeuvre pour creuser l'étang = 35,8 hommes jour
  Coût de la main d'oeuvre : 35,8 × 200 F = 7.160F cfa
 c)Volume de terre déplacée 127,88 m3
 d)Equipement - néant
 e)alimentation - nappe phréatique 
 f)coût de construction7.160 F
 g)coût de construction/are4.475 F
B- Alimentation (nourriture)
 a)aliment - feuille de manioc, drèche de bière, termites tous les jours
 b)main d'oeuvre- entretien8 h.j.
   - alimentation6 h.j.
   - vidange4 h.j.
  coût18 h.j × 200 F = 3.600
C- Production
 a)empoissonnement Tilapia 2/m2 4 kg × 150 = 600 F
 b)durée d'élevage 7 mois
 c)Poids total récolte et valeur de récolte 40 kg × 450 = 18.000 F
 d)Production nette 3.792 kg/ha/an

Investissement et coût d'opérationcoût F cfacoût F cfa/are
Coût de construction  
main d'oeuvre à 200 F cfa/j7.1604.475
matériaux00
Coût des alevins à 150 F cfa600300
Coût de main d'oeuvre alimentation entretien, vidange  3.600  2.208,1
Coût total11.3606.983,10
ProductionProduitProduit en F cfa
Valeur de poisson 40 kg × 45018.000 F cfa11.042,94
Taux de productivité du capital
Marge brute/are = 11.042,94 - 6.983,10 = 4.058,84 F

TABLEAU XIV
Groupe III
Compte d'exploitation d'un étang familial qui produit plus de 40,00 kg/are/an
A- Construction de l'étang
a)Superficie 5,39 ares
b)main d'oeuvre pour creuser l'étang - 118,5 hommes jour
coût de la main d'oeuvre 118,5 × 200 F = 23.700 F cfa
c)Volume de terre déplacée 420,79 m3
d)Equipement - néant
e)alimentation - canal en dérivation
g)coût de construction23.700 F cfa
f)coût à l'are4.397 F cfa
B- Alimentation (nourriture)
a)aliments - feuilles de manioc, drèches, sang frais ruissage de manioc très régulier et grande quantité
b)compost - fumier - boux de vache - feuille sèche
c)main d'oeuvre - entretien14 h.j 
 - alimentation13 h.j 
 - vidange4 h.j 
 coût d'entretien31 h.j × 200 F = 6.100 F cfa
C- Production
a)empoissonnement 12 kg × 150 F= 1.800 F cfa
b)période de production 7 mois
c)poids total récolté et valeur 157 kg × 450 F= 70.630 F cfa
e)production nette = 5.219 kg/ha/an

Investissement et coût d'opérationCoût F cfaCoût F cfa/are
Coût de construction main d'oeuvre à 200 F cfa/j23.7004.397,3
matériaux00
Coût alevins à 150/kg1.800300,0
Coût d'entretien, alimentation vidange6.2001.150,6
Coût total31.7005.547,9
ProductionProduit en CFAProduit/are F cfa
Valeur de poisson 157 × 450 F70.63013.103,8
Taux de productivité du capital
Marge brute/are = 13.103,8 - 5.547,9 = 7.555,9 F cfa

TABLEAU XV
Résumé des 3 comptes d'exploitation des 3 groupes
Groupe    Investissement (F CFA/are)  Production (F CFA/are)  Marge bru te FCFA/a retaux de productivite (%)Période de pro duction  
I7.816,43.870749,248,56
II6.983,1011.042,044058,841587
III5.547,913.103,67555,92227

4.4.8. Comparaison de la pisciculture avec les autres activités agricoles

La pisciculture est considérée comme une activité marginale, la comparaison avec les autres activités agricoles démontre qu'elle est une activité économiquement valable. La journée de travail de la pisciculture est assez valorisée. Elle est de 625,8 F cfa dans un ancien étang d'1 are où l'entretien, l'alimentation et la vidange ne prennent en moyenne que 15 hommes jours. Dans un nouvel étang d'l are où on ne disocie epas les temps de travaux de construction de l'étang elle est de 280 F cfa. Dans une jeune plantation de café la valorisation de la journée de travail est de 233 F cfa. Le coton donne 103,4 F cfa. (Source d'information : Mémento d'agronome). Le Tableau XVI résume cette comparaison.

TABLEAU XVI
Comparaison de la production piscicole avec la production des autres productions agricoles
Activités    P   R   O   D   U   C   T   I   O   NTemps de travaux/are  Valorisation de journée de travail en F cfa
kg/ha/an    Valeur/kg en F cfa  Valeur à l'are F cfa  
Pisciculture2.0864509.38735,31 (1)280,0
Café7001007003,00 (2)233,3
Coton300501501,45 (3)103,3

1o Ce temps renferme le temps des travaux - Construction - entretien, alimentationvidange.
2o Temps de travaux effectués dans une jeune plantationSource d'information : Mémento
3o Source d'information : mémento

Remarquons que si on disocie les temps de travaux de construction des étangs des temps d'entretien qui est de 15 hommes - jour/are, la valorisation de la journée de travail s'éleve à 625 F cfa.


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