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2. ECLOSION

2.1. Séparation des larves et des oeufs morts

Une fois que l'embryogenèse est achevée, la larve vésiculée éclate en brisant la membrane de l'oeuf. Cette opération mécanique est secondée par des enzymes de l'embryon qui dissolvent l'intérieur de cette enveloppe. On pourra faire éclore plus rapidement les oeufs en augmentant la température jusqu'à environ 30°C à l'aide d'un élément chauffant. Ceci est très facile si l'on utilise la méthode d'incubation en eau stagnante plutôt que celle en eau courante. En pratiquant cette dernière méthode on retarde l'éclosion car les enzymes chargées de dissoudre l'enveloppe des oeufs sont évacuées par le courant d'eau.

Au moment de l'éclosion, l'enveloppe se déchire aidée par la larve qui s'agite; la région caudale de la larve se dégage la première. La larve commence à se débattre vigoureusement de façon irrégulière. Ces mouvements permettent le dégagement de la larve hors de son enveloppe en reculant. L'éclosion s'étale en général sur 2 à 3 heures de temps (température moyenne de 25° C).

La larve qui vient d'éclore est très différente du poisson adulte. Elle ne possède ni bouche, ni barbillons, ni intestin, ni cloaque, ni branchies. Elle est juchée sur sa vésicule vitelline qui lui fournit les ressources énergétiques nécessaires à sa croissance et à son développement. Cette larve que l'on appelle larve vésiculée, pèse environ 1.0 à 1,5 mg et mesure environ 4 mm. A ce stade, la région céphalique est fortement courbée sur la vésicule vitelline. Le corps est incolore et le vitellus a une couleur verdâtre (fig. 1).

Ces larves vésiculées fraîchement écloses reposent sur la plaque perforée. Les trous de 1.0 mm sont trop petits pour que les larves puissent traverser la plaque. Elles se déplacent irrégulièrement en agitant énergiquement leurs queues. Les larves de C. Lazera sont lucifuges c'est-à-dire qu'elles fuient la lumière. Approximativement I heure après l'éclosion, les larves viables se trouvent amassées dans les quatre coins du panier d'incubation. Chaque coin est équipé d'un bout de tuyau PVC (diamètre 25 mm, longueur, 30 cm) placé dans un trou de même diamètre. Il suffit maintenant d'enlever ce tuyau pour que les larves vésiculées tombent au fond du bac. Après plus ou moins une heure, toutes les larves ont traversé le panier d'incubation, et on peut enlever celui-ci qui ne contient plus que les oeufs morts, champignonnés et les débris des oeufs éclos (disques adhésifs) attachés au plateau.

L'utilisation des paniers d'incubation pourvus des plaques perforées d'un diamètre plus grand (1,2 à 1,3 mm) ne nécessite pas le recours à ces petits tuyaux. Dans ce cas-là, les larves nouvellement écloses peuvent traverser directement la plaque perforée et tombent sur le fond du bac, après quoi les paniers peuvent être enlevés.

La séparation active proposée ci-dessus est un premier tri important entre les larves mal formées et les larves viables. En général, on trouve un pourcentage de larves visiblement mal formées compris entre 5 et 10 % (en pourcentage du nombre d'oeufs incubés). La plupart des anomalies sont représentées par des déformations de la queue ou l'absence de celle-ci. Les larves sérieusement déformées sont incapables de se déplacer et ne peuvent donc pas traverser en nageant la plaque perforée. Cette première séparation est moins évidente quand on utilise des crépines-écran avec une maille de 1,2 à 1,3 mm.

2.2. Développement des larves et du jeune frai

Le processus de développement des larves et du jeune frai (ou métamorphose de C. Lazera est décrit ci-dessous d'après Micha (1973), Buton (1979), et complété par les observations personnelles. (fig. 1)

La larve vésiculée, nouvellement éclose, est juchée sur sa poche vitelline. La plupart des organes essentiels se développent pendant la métamorphose qui a lieu pendant la vie larvaire et la vie du jeune frai. Aussitôt après l'éclosion, la larve incapable de nager, tombe sur le fond du bac et se trouve amassée dans les angles du bac d'éclosion. Cette larve n'a pas de branchie. Le réseau capillaire de la peau qui recouvre la vésicule vitelline, leur sert d'organe respiratoire. Un frétillement de leurs queues assure le renouvellement d'eau et l'apport d'oxygène. Une nageoire larvaire enrobe plus que la moitié postérieure du corps.

Vingt quatre heures après l'éclosion, une grande partie du vitellus est résorbée. La région céphalique est très bien développée ainsi que l'ébauche occulaire. La bouche se dessine, les fentes bronchiales sont formées, ainsi que les ébauches cardiaques où une circulation intense se manifeste. L'ébauche de la colonne vertébrale et les myomères sont nettement visibles. L'extrémité caudale du corps est fortement relevée. De temps en temps les larves se déplacent grâce à une nageoire rudimentaire, après quoi elles retombent sur le fond où elles s'entassent les unes sur les autres à la recherche d'un abri.

Après quarante-huit heures, la poche vitelline est réduite des deux tiers, et la larve a nettement pris du volume. Les fentes bronchiales sont recouvertes d'un opercule. La bouche est ouverte, les tractus intestinal ainqi que l'orifice génital se développent. On distingue l'apparition de zones de pigmentation sur la tête et sur les flancs. L'ébauche des barbillons est bien visible. A ce stade les larves commencent à circuler librement à la recherche de nourriture.

Trois jours après l'éclosion le vitellus a presque disparu, les larves commencent à prendre nettement la forme d'un petit silure. Tout le corps est pigmenté et les barbillons sont très bien développés. Les activités de recherche de nourriture sont intensifiées.

Quatre jours après la naissance, les nageoires pectorales font leur apparition. Le cinquième et le sixième jours sont caractérisés par la formation des nageoires abdominales et des nageoires impaires. On commence à distinguer des rayures à la caudale. Le vitellus a complètement disparu.

A une température moyenne de 24 à 27°C, la métamorphose se termine entre le 9ème et le I2ème jour. L'organe respiratoire accessoire est bien développé et le jeune frai monte à la surface pour prendre l'air. A partir de ce moment il n'y a plus de modifications importantes à part une croissance caractérisée par une prise de poids et un accroissement de la longueur totale.


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