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4 Recommandations pour l'amélioration du rôle des Collectivités locales dans les SADA


4.1 Elaborer des politiques et des programmes d'approvisionnement et de distribution alimentaires
4.2 Améliorer la collaboration entre les Autorités locales et l'Administration centrale
4.3 Instituer des échanges entre les Autorités locales
4.4 Perfectionner le système d'information
4.5 Concevoir et fournir des infrastructures de base
4.6 Promouvoir la participation du secteur privé
4.7 Susciter la contribution des consommateurs
4.8 Rechercher des formes de partenariat et de coopération avec les agences de développement et les bailleurs de fonds

Souvent, par le passé, la gestion urbaine s'est concentrée sur des priorités qui étaient autres que les politiques alimentaires: électrification, équipements collectifs pour la santé, éducation et affaires sociales, réseaux d'adduction d'eau, de drainage et de voirie. Aujourd'hui se présente une nouvelle priorité, celle du ravitaillement des villes en produits alimentaires suffisants et au moindre coût. Comment les communes peuvent-elles s'impliquer davantage dans les SADA et améliorer l'efficacité de ces systèmes? On peut retenir les huit recommandations qui suivent.

4.1 Elaborer des politiques et des programmes d'approvisionnement et de distribution alimentaires

L'intervention des Autorités locales doit être précédée, voire conditionnée, par la définition d'une politique et de stratégies d'approvisionnement et de distribution alimentaires des villes. A cette fin, on peut souhaiter que les gestionnaires des cités prennent l'initiative d'une réflexion qui conduira à considérer l'alimentation urbaine comme un objectif majeur de développement et pas seulement comme une mesure d'accompagnement des politiques agricoles. En effet, la ville ne peut plus être considérée, aujourd'hui, uniquement comme un débouché pour les productions rurales.

Les Autorités locales devraient donc avoir une vision claire du fonctionnement des SADA et une prise de conscience de leur impact sur la vie urbaine. A cette idée elles devraient gagner également les autorités locales et centrales afin d'aboutir, avec elles, à la décision politique d'intégrer la question des SADA dans des documents de planification, comme les plans quinquennaux et sectoriels de développement, les schémas ou plans directeurs locaux et régionaux.

Les objectifs de cette politique devront être explicitement formulés et les moyens de sa mise en oeuvre estimés et programmés, dans la perspective de l'espace urbain à venir. Les liens que les SADA peuvent avoir avec d'autres secteurs d'activités devront être mis en exergue afin que tous les champs d'intérêt communs soient pris en compte.

4.2 Améliorer la collaboration entre les Autorités locales et l'Administration centrale

Cette recommandation découle de la situation qui prévaut actuellement entre les Autorités locales et les services de l'Administration centrale. Une meilleure coordination entre eux est nécessaire pour garantir aux SADA une plus grande efficacité. Les conditions de cette amélioration sont: l'élaboration d'une réglementation adaptée, la clarification des attributions des services impliqués dans les SADA, l'instauration d'échanges réguliers.

La collaboration sera également fructueuse si, en fonction de leurs domaines respectifs de spécialisation, les services centraux aident les structures et les personnels municipaux à être plus performants. Dans ce cadre, plusieurs formes de partenariat sont possibles. La première se situe au niveau de la formation et de la sensibilisation. La formation et le recyclage du personnel aux techniques comptables et de gestion, aux procédures judiciaires, aux méthodes et techniques de recensement des différentes unités d'observation comme les contribuables et les infrastructures, et à la confection des budgets prévisionnels, sont des activités indispensables. La formation peut concerner également les usagers des SADA que sont les commerçants, les transporteurs et les consommateurs.

Une deuxième forme de partenariat peut concerner la réglementation. Elle viserait l'harmonisation des points de vue sur des sujets tels que le respect des schémas directeurs, la conduite à tenir dans les conflits avec les propriétaires coutumiers et les rapports avec le secteur privé.

L'avant-dernier point de partenariat pourrait être l'assistance technique pour l'organisation et la gestion des infrastructures commerciales et de transport ainsi que pour l'établissement de bases de données, la rédaction de bilans, la constitution d'archives, et la réalisation d'études d'impact et de comportement. On peut enfin suggérer que la surveillance et le contrôle des produits et des instruments de mesure, ainsi que l'inspection des conditions de vente et la protection de l'environnement fassent l'objet d'actions conjointes.

Les SADA ayant des liens avec de nombreux secteurs, une collaboration diversifiée et étendue ne peut qu'être profitable aux entreprises communales. L'idée de base est de donner une meilleure compréhension des SADA et de favoriser une implication plus responsable des Administrations directement concernées par l'alimentation urbaine: santé, habitat, environnement, commerce, tourisme. C'est ensemble que devraient être envisagés les aspects pratiques sur lesquels porteront les actions concertées.

4.3 Instituer des échanges entre les Autorités locales

Il est souhaitable que soient institués des échanges entre les municipalités pour favoriser les partages d'expériences pouvant les aider à s'élever ensemble. Le partage aide les communes les plus jeunes à éviter les obstacles qui ont entravé la progression des plus avancées. Il a donc pour effet de réduire, à terme, les disparités structurelles et conjoncturelles.

Si les échanges sont nécessaires, c'est aussi parce qu'ils peuvent inciter les communes à concentrer leurs efforts sur des actions d'intérêt commun. La complémentarité des énergies permet de minimiser les coûts et le temps de réalisation des projets.

A cette fin, il est souhaitable que soient encouragés les cadres de concertation comme l'Association des villes, les Associations intercommunales, les villes et communes jumelées et l'Association des personnels des mairies, qui sont des structures encore peu nombreuses. Leurs actions doivent être renforcées et diversifiées. Elles pourraient porter sur la constitution de banques de données ou la création d'observatoires économiques destinés à éclairer les analyses sur les filières et à aider à la prise de décisions.

4.4 Perfectionner le système d'information

Dans le système commercial, les informations sont utiles pour la pratique d'une activité compétitive. Elles aident les commerçants à identifier les lieux de production, à connaître les quantités disponibles, à estimer les coûts, à pratiquer des prix concurrentiels, à réguler l'écoulement des produits en fonction des périodes d'abondance ou de pénurie, à rendre leurs gains moins fluctuants.

Pour les Collectivités locales, un bon système d'information permettrait une meilleure prise en charge des activités et des opérateurs économiques, favoriserait une programmation plus fiable de la demande et de l'offre alimentaires, aiderait à mieux planifier les aménagements à créer.

4.5 Concevoir et fournir des infrastructures de base

Tant que subsisteront les communes, les Autorités locales auront à développer des initiatives dans la fourniture des infrastructures de base. Concevoir des marchés fonctionnels et des réseaux de communication demeurera leur tâche principale. Elles devront, par conséquent, considérer ces investissements comme une obligation de leur mission.

Dans tous les pays aujourd'hui, l'absence de marchés de gros est considérée comme une grave lacune pour le système d'approvisionnement et de distribution alimentaires urbains. La réalisation de ce type d'infrastructure fait partie des charges des CL. Le marché central au poisson de Dakar, qui est un marché de gros en fonctionnement depuis 1993, et le futur marché de gros de Bouaké en Côte d'Ivoire, dont l'ouverture est prévue pour le mois de juin 1997, sont des expériences qui méritent d'être poursuivies pour doter les pays d'un véritable réseau de marchés de gros de production et de consommation.

On peut souhaiter que ces infrastructures soient relayées, à l'intérieur des communes, par des installations bien équipées, suffisantes, judicieusement implantées, aux dimensions raisonnables, d'accès facile, et proposées aux commerçants à des prix de location acceptables. Dans la même perspective, les Autorités devraient s'investir dans la fourniture d'espaces commerciaux hiérarchisés à l'intérieur des quartiers, comme par exemple des marchés de demi-gros. Ces marchés devraient comprendre une série d'équipements adaptés à toutes les filières alimentaires et à l'importance démographique et économique des quartiers. Un réseau de marchés de proximité les complèterait, qui contribuerait à prévenir les installations spontanées. Dans le même ordre d'idées, les Autorités locales devraient promouvoir des marchés hebdomadaires ou de fin de semaine dans les quartiers pour mettre en contact producteurs, grossistes et consommateurs, et fournir des produits frais aux résidents.

Les Autorités locales devraient, par ailleurs, respecter la vocation commerciale traditionnelle de certains quartiers comme Treichville ou Adjamé en Côte d'Ivoire, en les dotant d'infrastructures valorisant leur image. Chacun sait que le caractère fonctionnel d'un espace commercial dépend de son architecture, de la qualité de ses équipements, de l'existence de services annexes: ce sont autant de facteurs dont les municipalités devraient tenir compte. Un partenariat intelligent avec les opérateurs économiques peut leur garantir des appuis financiers dans l'édification de ces infrastructures qui représente une part importante des budgets d'investissement. En général, les commerçants ne voient pas d'inconvénient à être partie prenante dans de tels projets, à condition que soient prises un certain nombre de mesures, par exemple sur la sécurité foncière, les baux et le niveau de contribution de chaque opérateur.

Elles devraient se montrer intransigeantes sur l'hygiène des lieux de vente et le respect des normes d'entretien, afin que la qualité des produits vendus soit préservée. Cette activité constituera un complément utile à l'action des services techniques centraux qui requiert une compétence plus pointue puisqu'elle porte sur le contrôle de la qualité des produits.

4.6 Promouvoir la participation du secteur privé

Une amélioration des rapports entre les Autorités locales et les opérateurs économiques est souhaitable. Pour ce faire doivent d'être créés et maintenus entre eux une concertation et un dialogue permanents sur tous les sujets touchant aux conditions de travail des opérateurs. Il est évident qu'un environnement plus propice aux initiatives des commerçants permettrait à ceux-ci de contribuer au développement et à l'amélioration des SADA.

La fourniture d'installations adéquates est la première forme de soutien qui peut leur être assurée par les municipalités. Elle doit s'accompagner de mesures complémentaires: information, sensibilisation et formation des opérateurs, intervention des municipalités comme interface auprès des organismes internationaux, etc.

L'information et la sensibilisation des opérateurs peuvent se faire à travers les visites périodiques des agents municipaux sur le terrain. Elles peuvent être assurées également à travers des antennes d'écoute ou des services techniques annexes à créer dans l'enceinte ou dans le voisinage des marchés.

En ce qui concerne la formation, on peut souhaiter que l'Autorité municipale programme des sessions de mise à niveau, par exemple dans le domaine des techniques comptables, la gestion des micro-entreprises, l'organisation et le fonctionnement des unions, en vue d'améliorer les capacités professionnelles des opérateurs.

La promotion de l'activité commerciale passe aussi par des foires, des semaines ou des quinzaines commerciales. On peut souhaiter qu'elles soient maintenues et perfectionnées.

Enfin les Autorités devraient avoir à coeur d'encourager les associations commerciales et professionnelles, les organisations de base et les ONG qui aident les opérateurs à défendre leurs intérêts ou à mobiliser des ressources. Dans cette perspective, elles devraient servir d'interface aux usagers des SADA vis-à-vis des bailleurs de fonds et des organismes internationaux. En favorisant ainsi les relations avec les organismes étrangers qui s'intéressent à leurs activités, les collectivités ne peuvent qu'aider les actifs à tirer le meilleur parti des opportunités offertes, qui demeurent souvent ignorées et sous-exploitées.

4.7 Susciter la contribution des consommateurs

Pour l'amélioration des SADA, il importe de susciter une présence et une contribution actives des associations de consommateurs. Elles sont les mieux placées pour exprimer les préoccupations des consommateurs, renseigner l'opinion publique et alerter les Autorités sur les questions liées à l'alimentation urbaine. Qu'il s'agisse de la qualité et des prix des produits vendus dans les rues et les marchés, ou de la prolifération des débits de boissons aux abords des écoles et des cités d'étudiants, ou des nuisances occasionnées par la circulation routière aux alentours des espaces commerciaux, ou encore des implantations illégales des espaces de vente, les consommateurs ont leur mot à dire et, en général, ils ne peuvent pas se faire entendre sans passer par le secours d'associations fortes.

On peut souhaiter que les Autorités locales s'impliquent dans les efforts de création de ces associations. Elles devraient également participer à leur formation et les sensibiliser à la nécessité de prendre leurs responsabilités. Les associations devraient en effet, à terme, être capables par elles-mêmes de saisir la justice et faire appliquer les lois.

4.8 Rechercher des formes de partenariat et de coopération avec les agences de développement et les bailleurs de fonds

Il est dans l'intérêt des Autorités locales de trouver des formes de coopération et de partenariat avec les agences de développement et les bailleurs de fonds. De là peuvent, en effet, provenir des moyens indispensables, tant financiers que matériels et techniques, pour les aider à remplir les missions qui leur sont dévolues. Les limites des compétences techniques des personnels communaux, la faiblesse des budgets d'investissement, l'étendue des tâches à accomplir, l'enjeu même que représente l'approvisionnement alimentaire, tout cela constitue un faisceau de raisons qui rendent indispensable cette recherche.


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