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4. ROLE ET INVESTISSEMENTS DES SECTEURS PUBLICS ET PRIVES DANS LE DEVELOPMENT DES PECHES CONTINENTALES ET DE L'AQUACULTURE

De l'analyse sectorielle et revue des projets qui précèdent, se dégagent les rôles respectifs des opérateurs publics et privés dans le développement des pêches continentales et de l'aquaculture à Madagascar.

4.1 Rôle du secteur privé

4.1.1 Dans le secteur des pêches continentales

Ce secteur est déjà pratiquement entièrement privatisé, tant dans le domaine de la production que dans celui de la commercialisation, et son dynamisme n'a pas fait défaut au cours de ces 20 dernières années.

La seule carence du secteur privé est ici un manque évident d'initiative dans l'approvisionnement en matériels et équipements de pêches adéquats, les pêcheurs ne disposant de temps à autre que de fils de nylon à partir desquels ils tissent eux-mêmes leurs propres filets. Le plus souvent ils ont encore recours aux ficelles internes récupérées sur les pneus hors d'usage, notamment pour fabriquer les filets-sennes.

4.1.2 Dans le secteur de l'aquaculture en eaux douces

Un regain de l'intérêt du privé, resté longtemps en veilleuse, se précise actuellement dans la piscicultrue en étangs doublée d'une nouvelle spéculation en devenant producteur d'alevins, pour répondre à la demande de carpillons des rizipisciculteurs.

Le privé “sent” qu'il y a là un marché largement ouvert, notamment dans les régions des hauts plateaux déjà sensibilisés et qui gagne rapidement du terrain.

Seuls les privés détenteurs de terrains suffisants et disposant d'assez d'eau toute l'année auront accès à cette nouvelle activité en cours d'initiation/vulgarisation, avec l'aide du pouvoir public et de la FAO.

A moyen terme, certains privés situés dans la zone d'influence d'une station piscicole d'Etat, productrice d'alevins, construiront des étangs qui serviront de relais de stockage, pour la revente locale de ces alevins aux rizipisciculteurs. Simultanément, d'autres privés situés hors des périmètres d'intervention des stations piscicoles d'Etat, construiront des mini-centres piscicoles producteurs d'alevins, dont le module technico-économique sera connu et mis au point d'ici 1991.

A long terme, le secteur privé sera progressivement à même d'assurer la production et la distribution d'alevins, à l'ensemble du milieu rural concerné; rizipisciculteurs et/ou pisciculteurs en étangs, pour autant que l'Etat lui assure les services d'appui indispensables (voir section 4.2.2 ci-après).

4.1.3 Dans le domaine de l'aquaculture marine

Le secteur privé se montre actuellement particulièrement dynamique dans le domaine spécifique des élevages de crevettes marines. Madagascar dispose de terrains particulièrement propices à la mariculture, et se trouve sollicité par des entreprises industrielles spécialisées, disposées à consentir de lourds investissements.

Dans cette spéculation à risque, le secteur privé joue parfaitement son rôle de promoteur et d'investisseur, et en cas de succès, peut contribuer d'une manière substantielle à l'amélioration de la balance des paiements, toute la production étant destinée à l'exportation vers les pays industrialisés.

Cependant l'Etat, en concédant ses terrains littoraux, prive les collectivités locales d'une possibilité d'y établir leur propre mariculture en poisson de consommation, tel que des élevages de Chanos chanos, ce qui demande, en toute logique, une certaine compensation de la part du secteur privé en faveur des collectivités (voir section 4.2.3).

4.2 Rôle du secteur public

4.2.1 Dans le domaine des pêches continentales

  1. Pallier la carence du secteur privé dans l'approvisionnement en matériels de pêche adéquats.

    On sait qu'un commerce en articles de pêche traditionnelle n'est économiquement rentable que s'il est associé à une autre activité principale, et c'est la seule raison pour laquelle le secteur privé délaisse partout cette activité “accessoire”, qu'il incombe, dans ce cas à l'Etat de combler.

  2. Désenclaver les zones de pêche encore isolées et entretenir les pistes d'accès pour promouvoir le développement de ces zones.

  3. Assurer la gestion rationnelle des plans d'eau (voir section 2.1.4 et 2.1.4.2).

4.2.2 Dans le secteur de l'aquaculture en eaux douces

  1. Garder un minimum de stations piscicoles dont celles d'Andasibé/Périnet, Analabé, Ambohidray, Ambatolampy et Ampamaherana (Vallée heureuse, séries B et D) indispensables comme appuis logistiques aux objectifs suivants:

    1. continuer à fournir le nombre d'alevins nécessaires jusqu'au moment où le secteur privé sera à même de prendre la relève et ensuite:

    2. produire les alevins nécessaires aux réempoissonnements périodiques dans certains grands plans d'eau (carpes, Tilapia et autres);

    3. constituer les stocks nécessaires de prégéniteurs et géniteurs afin de fournir le secteur privé engagé dans la production d'alevins et dont les géniteurs seront à renouveler régulièrement tous les 6 à 8 ans;

    4. assurer la sélection indispensable au maintien des souches pures et des qualités génétiques des géniteurs;

    5. assurer le maintien et le renouvellement des stocks de certains types de carpes ne se reproduisant pas naturellement en milieu fermé; en assurer la reproduction artificielle en écloserie et procéder aux réempoissonnements annuels de leurs alevins, dans certains plans d'eaux;

    6. assurer la formation technique et pratique des personnels du secteur public responsable des pêches-aquaculture, ainsi que celle des privés se destinant à la production d'alevins.

  2. Tenir en réserve la station d'Ivoloina (à réhabiliter), comme appui logistique au programme d'aquaculture proposé pour les Pangalanes (voir section 6 (iii).

4.2.2.1 Avenir des stations piscicoles secondaires du secteur public, délaissées ou non opérationnelles

Certaines d'entre elles, dont Andépombé notamment, doivent être définitivement abandonnées car inactives depuis des décennies.

Les autres, récupérables et justifiant une réhabilitation, pourraient une fois remises en état, servir d'appui logistique au secteur privé qui les ferait fonctionner comme stations-relais d'alevinage et de distribution et/ou comme station de production d'alevins. Dans ce cas, le pouvoir public doit proposer au secteur privé une formule libérale d'occupation du bien domanial, par convention de longue durée (10 à 20 ans) renouvelable pour autant que le privé gère le bien “en bon père de famille”.

4.2.3 Dans le domaine de l'aquaculture marine

Afin de compenser les collectvités locales de la privatisation d'une partie de leurs terres traditionnelles et de préserver leurs droits d'occupants, la convention d'établissement de mariculture industrielle devrait inclure une clause obligeant le privé à mettre à la disposition des collectivités concernées, une superficie d'étangs de mariculture fonctionnels, dans la proportion de 1/10ème des surfaces concédées (par exemple) afin de permettre auxdites collectivités d'y pratiquer l'élevage de Chanos chanos.

Une autre alternative compensatoire serait l'obligation du privé, de fournir annuellement aux collectivités concernées, des équipements de pêche adéquats selon un quota à déterminer (par exemple du type TVA de 0,5% sur les produits exportés, comme contribution proposée aux pêches industrielles crevettières).

Dans tous les cas, l'Etat se doit d'assurer la protection intégrale de toutes les zones de mangrove, dans lesquelles il devrait être interdit d'implanter des installations de mariculture industrielles.


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