Page précédente Table des matières Page suivante


II. COMMERCIALISATION DES PRODUITS HALIEUTIQUES

1. Réglementation et administrations concernant le contrôle et les suivis

Comme tout commerçant effectuant des actes de commerce, les opérateurs et les activités de commercialisation de produits halieutiques sont soumis aux mêmes dispositions réglementaires générales concernant le commerce : obligation de déclaration d'existence, obligation d'inscription au régistre de commerce, acquittement des taxes et impôts, respect des normes de consommation et de salubrité, etc… Il faut souligner que ces derniers temps les nouveaux textes législatifs facilitent la procédure d'enregistrement de collecteur (revendeur), de conditionneur-stockeur et d'exportateur (cf. Décret No88–327 du 1er septembre 1988 fixant les modalités d'application de l'Ordonnance No88–014 du 1er septembre 1988 relatives à la politique d'exportation, et les arrêtés provinciaux relatifs à la collecte de produits locaux dans le Faritany - publiés durant les derniers mois de 1989).

Mais, il existe aussi des dispositions particulières à la commercialisation des produits halieutiques. Il y a maintenant une vingtaine de textes sur la législation et la réglementation consacrées au contrôle de salubrité et de commercialisation de ces produits.

Certains textes traitent simultanément de la commercialisation, de la fabrication et de la salubrité, d'autres à la fois la condition de commercialisation et le contrôle douanier. Dans la majorité des cas, ces textes peuvent être divisés en trois groupes, ceux :

Certains aspects de la commercialisation sont aussi touchés, soit directement soit indirectement par les textes réglementant la pêche ou l'activité maritime en général. (Voir en annexe 6 la liste des textes les plus importants).

Le suivi et le contrôle de l'application de cette réglementation officielle sont confiés aux différents services administratifs : la D.P.A. et ses services décentralisés, le service du commerce, le service municipal et le service des contributions directes.

Les services décentralisés de la D.P.A. sont chargés, au niveau de la commercialisation des produits halieutiques :

En outre, les expéditions hors Fivondronana, ainsi que les exportations sont suivies et contrôlées (qualitativement et quantitativement) en vue de la délivrance d'un Certificat d'Origine et de Salubrité (C.O.S.). Ce certificat permet de quantifier les produits expédiés par les particuliers ou les sociétés en dehors du Fivondronana concerné.

Il faut remarquer cependant que faute de moyens techniques, humains et financiers, ces rôles ne sont réalisés que partiellement malgré les efforts déployés par les services. Ce qui limite d'ailleurs la portée et l'utilisation des informations obtenues.

Le Service du Commerce chargé auparavant de la fixation et du contrôle des prix au niveau des marchés (établissement des mercuriales), est maintenant limité au contrôle des exportations en collaboration avec les Services des Douanes. En effet, l'arrêté 989/89 du 20 février 1989 du Ministère du Commerce, soumettant les marges bénéficiaires de tous les produits et marchandises de toute origine et de toute provenance au régime de la libre concurrence, rend caduque l'exercice de la fixation et du contrôle des prix.

Les Services des Contributions Directes interviennent dans la commercialisation des produits halieutiques, par l'exigence d'une déclaration d'existence de l'opérateur et de ses activités, ainsi que par la fixation du montant des taxes et impôts à payer, par exemple la “patente” qui est payée annuellement. Dans le régistre des Contributions Directes, les opérateurs sont classés suivant leur spécialisation (produits frais, séchés …) et aussi suivant leur fonction (grossistes et unités d'exploitations, détaillants fixes et détaillants ambulants). On peut constater actuellement, que très peu d'opérateurs sont déclarés au niveau de ces services. Seuls, les grossistes et les détaillants-poissonniers ayant des magasins, sont enregistrés. En conséquence, la liste établie par ces services ne peut constituer une source valable de données statistiques sur les opérateurs.

Le Service Municipal de Marché intervient dans l'organisation et l'entretien du marché : ouverture et fermeture du marché, prélèvement des tickets ou taxes de marché, nettoyage, assainissement. Pendant la réalisation de l'enquête sur la commercialisation et la consommation, l'équipe d'enquêteurs a visité 37 marchés dans dix villes. L'analyse des renseignements collectés permet de constater que pour une forte partie, les marchés ne sont pas suffisament nettoyés, sans électricité ni eau courante, mal abrités et trop étroits.

D'une manière générale, on peut conclure que malgré l'existence de règlementation assez complète, le suivi et le contrôle restent partiels sinon défaillants.

2. Caractéristiques des produits commercialisés

D'une manièrale, générale, on peut trouver cinq types de produits (ou modes de conservation) dans l'ensemble des marchés malgaches, dont les produits frais, salés-séchés, fumés, congelés et les conserves. Ce dernier produit est en majorité importé, tandis que les autres sont tous d'origine locale.

Les produits frais sont fournis par la pêche traditionnelle aussi bien maritime que continentale. Leurs lieux de débarquement sont situés relativement proches des marchés. Ils se commercialisent le plus souvent entier mais de temps en temps on en trouve des morceaux pour les poissons de grandes tailles.

Les produits salés-séchés et fumés proviennent aussi de la pêche traditionnelle. Mais compte tenu des difficultés d'écoulement et de vente des produits frais, en particulier pour les villages éloignés, du fait du manque de moyen de transport et du mauvais état des routes ainsi que le caractère saisonnier de la pêche, les pêcheurs sont obligés de traiter leurs captures. En réalité, ce traitement n'ajoute pas de la valeur aux produits mais sert plutôt à les conserver.

Le séchage-salage est appliqué à tous types de poissons de taille moyenne et grande. Après éviscérage, ouverture en deux, incision de la chair et lavage, ils sont mis en saumurage pendant 1 ou 2 jours à raison de 250 g de sel pour 1 Kg de poisson. Enfin après séchage, ils peuvent être stockés plusieurs mois.

Le séchage direct au soleil est pratiqué pour les petits poissons pélagiques (anchois, sardines, etc…) et des poissons d'eau douce de taille modeste. Les grands poissons de mer sont tranchés et filétés avant le séchage au soleil.

En ce qui concerne le fumage, on peut observer deux méthodes : le fumage à chaud et le fumage à froid. En réalité, à Madagascar, le fumage à chaud est plutôt une façon de “griller” les poissons. On peut en distinguer deux manières : soit on place le poisson entier ou rarement filété sur un treillis métallique soutenu par une structure de bois, au dessus d'un brasier à une distance de 25 cm à 30 cm, soit le poisson est coincé entre deux tiges fichées dans le sol à proximité du brasier. Les poissons traités de cette manière se conservent de 4 à 5 semaines en climat sec et 2 semaines en climat humide. En revanche, le fumage à froid consiste à amener dans le four de la fumée produite de l'extérieur et avec laquelle il n'y a plus de risque de cuire le poisson par une trop grande chaleur. Toutefois, cette technologie est rarement utilisée faute de fumoir adéquat.

Pour la pêche artisanale et industrielle de poisson de mer, la congélation en vue de la vente à l'intérieur du pays domine nettement. Si pour la pêche industrielle, une forte partie des poissons d'accompagnement est congelée à bord des chalutiers-crevettiers, par contre pour la pêche artisanale les poissons soit collectés, soit péchés sont congelés à terre. On utilise deux techniques de congélation : en tunnel qui donne des produits congelés en vrac et en armoire de congélation (congélateur à plaques) qui prépare les produits en bloc.

3. Circuits de commercialisation

L'analyse de l'organisation de la commercialisation du produit halieutique permet de distinguer deux grandes catégories de circuits : le circuit spatial et le circuit par opérateurs.

3.1. Circuit spatial

Le circuit spatial peut se subdiviser en circuit intra-régional ou même à l'intérieur d'un Fivondronana, et en circuit inter-régional ou même national. Le premier circuit concerne essentiellement les poissons frais commercialisés en général entiers. En effet, d'après l'enquête menée auprès des revendeurs presque trois-quarts des poissons frais sont commercialisés à l'intérieur de leur Fivondronana d'origine (cf. tableau R-18, tome II). Tandis que les produits salés-séchés, congelés et fumés dominent dans le circuit inter-régional.

Le circuit court des poissons frais est lié à la faiblesse sinon à l'inexistence de chaîne de froid (magasin frigorifique, transport spécialisé, production et utilisation de la glace). Cela peut s'expliquer par :

Les pêcheurs traditionnels n'utilisent presque pas de glace. Ce moyen de conservation est aussi rarement pratiqué par les revendeurs et les détaillants. Il est évident que dans cette situation, les poissons frais doivent être écoulés rapidement, dans un délai qui ne dépasse pas deux jours.

En revanche, les produits traités peuvent rester dans le circuit commercial plus longtemps (de deux semaines à plusieurs mois) et en conséquence être vendus dans les centres de consommation plus éloignés. Certaines informations plus détaillées concernant ce circuit peuvent être obtenues, pour les produits marins, de l'analyse des C.O.S.1 et pour les produits d'eau douce, du rapport No11 du projet MAG/85/014. On peut constater à la base des C.O.S. 1988 que 78% des échanges inter-régional eu lieu entre trois provinces : deux provinces de production - Toliara et Mahajanga et une province de consommation - Antananarivo. Si on analyse plus précisément ces données pour tout Madagascar, on peut dire que dix Fivondronana sont considérés comme les principales régions de production (expédiant au total plus de 95% de produits contrôlés par les C.O.S.) : Mahajanga, Toliara, Morondava, Toamasina, Morombe, Nosy-Be, Belo-sur-Tsiribihina, Antsiranana, Antsohihy et Tolagnaro. Tandis que cinq Fivondronana peuvent être classés comme des régions de consommation, c'est-à-dire ceux qui s'approvisionnent le plus souvent pour des quantités importantes auprès d'autres Fivondronana : Antananarivo, Antsirabe, Fianarantsoa, Arivonimamo et Manakara. Ces cinq Fivondronana reçoivent plus de 95% de produits enregistrés par les C.O.S. La carte 2 montre l'inadéquation entre les Fivondronana de production et ceux de consommation. Il faut constater aussi que le Fivondronana de Toamasina est à la fois expéditeur de produits congelés vers Antananarivo et également destinataire de produits salés-séchés et fumés provenant des autres Fivondronana.

1 Pour l'instant, les informations sur la quantité des produits commercialisés en dehors des Fivondronana ne sont pas complètes car le taux de couverture du système des C.O.S. est encore assez restreint. Les poids portés sur le certificat sont ceux indiqués par l'expéditeur et ne concordent pas nécessairement avec les poids réels. On rencontre aussi un double comptage, essentiellement pour certains produits qui passent par Antananarivo pour être réexpediés vers les autres centres de consommation. Néanmoins, les données des C.O.S. permettent d'identifier les principaux circuits spaciaux, ainsi que les grands centres de production et de consommation des produits halieutiques marins. Sur la base des données des C.O.S., on peut constater aussi quel type (mode de conservation) de produit domine parmi les produits expédiés en dehors du Fivondronana.

L'analyse des données des C.O.S. montre donc que :

En ce qui concerne la commercialisation des poissons d'eau douce, qui n'est pas contrôlée par les C.O.S., certaines informations peuvent être obtenues dans la publication de T. Rafalimanana (1990). La carte 3 montre qu'une forte partie de poisson est écoulée dans les grands centres de consommation de l'Ile, notamment sur la capitale et Antsirabe. Les poissons frais commercialisés dans ces villes proviennent des lacs situés dans la province d'Antananarivo ou dans la zone de Miandrivazo (province de Toliara). Pour les zones de pêche plus éloignées de la capitale, les produits sont acheminés à l'état séché ou fumé. Les centres de consommation secondaires tels que Tsiroanomandidy, Moramanaga, Manjakandriana, Vavatenina et Mandritsara s'approvisionnent en poissons, généralement frais, auprès des zones de pêche avoisinantes.

3.2 Circuit par opérateurs

Le circuit par opérateurs est assez complexe et dépend des types de produits, de la spécialisation des opérateurs et de la distance entre le lieu de production et le marché. On peut distinguer :

SCHEMA 1 : CIRCUITS DE COMMERCIALISATION PAR OPERATEUR

SCHEMA 1

Parmi les revendeurs on distingue, le collecteur qui achète directement au producteur-pêcheur en quantité réduite, ensuite le mareyeur qui collabore soit avec le collecteur, soit avec plusieurs, les producteurs-pêcheurs, et enfin le grossiste qui travaille soit avec les sociétés de pêche, soit avec les collecteurs ou mareyeurs pour des quantités plus importantes. Les caractéristiques socio-métriques, la description et le niveau d'activités, l'approvisionnement, les débouchés, de même que le mode de financement et affectation des bénéfices, ainsi que les problèmes et les perspectives concernant les revendeurs et les détaillants sont donnés dans le deuxième tome de cette étude.

Si le circuit direct est plutôt informel et plus traditionnel, le circuit indirect par contre, est mieux organisé, plus moderne et mieux équipé donc, demandant un niveau d'investissement plus important. En particulier, le produit congelé nécessite des installations frigorifiques adéquates ainsi qu'une spécialisation plus poussée des opérateurs.

4. Distribution des produits halieutiques.

Avant d'arriver jusqu'au consommateur, les produits doivent passer par les étapes de distribution suivantes:

En définitive, on peut dire que l'organisation de cette distribution influence, entre autres, largement la qualité et la quantité des produits offerts aux consommateurs.

4.1. Transport

L'analyse des résultats de l'enquête (cf. tableau R-13 et D-14, tome II), montre que tous les moyens de transport et de locomotion sont utilisés pour acheminer les produits halieutiques : du transport à pied jusqu'au transport par camion, en passant par les taxi-brousse, le bus, le pousse-pousse, la pirogue, la charette à boeuf, la bicyclette et le train.

En fait, le choix d'un mode de transport est déterminé par le rayon d'action de l'opérateur, la quantité transportée, le type de produit, l'accessibilité des lieux de débarquement et la disponibilité financière de l'opérateur. Les modes de transports les plus utilisés sont : le taxi-brousse, le transport à pieds, le pousse-pousse, ensuite le camion (et la camionnette) et enfin la pirogue. Les trois premiers modes de transport dominants sont liés au faible rayon d'action des revendeurs, ainsi qu'à la domination dans le circuit des poissons frais, dont la quantité par achat est très limitée.

Tandis que le camion et la camionnette sont utilisés surtout pour les transports des produits traités sur une distance plus longue. Les produits salés-séchés et fumés sont transportés par n'importe quel type de camion ou de camionnette et souvent avec d'autres marchandises, à l'aller ou au retour après la livraison d'autres produits (par exemple transport de fruits et légumes vers Toliara et au retour le camion est chargé de poisson). Par contre pour les produits congelés et très rarement pour les produits frais sous glace, on utilise des camions frigorifiques. Les embarcations sont, par ailleurs, utilisées par les revendeurs dans les régions où l'accés aux villages des pêcheurs par la voie terrestre est très difficile ou impossible. C'est le cas de Morondava, de Toliara, de Mahajanga, de Manakara et d'Antsiranana.

Les quantités moyennes transportées par mode de transport sont évidemment plus faibles pour les détaillants que pour les revendeurs. Par exemple pour les revendeurs, le porteur à pieds transporte environ 30 kg par achat (variant de 15 kg à 50 kg), par taxi-brousse 145 Kg (variant de 10 à 550 Kg) et par pirogue environ 100 Kg (variant de 20 à 450 Kg). Pour le camion et la camionnette, la quantité varie en moyenne de 1.500 Kg à 2.000 Kg par achat.

En ce qui concerne la propriété des modes de transports, on constate que dans la majorité des cas, les revendeurs et les détaillants utilisent des moyens qui ne leur appartiennent pas. Toutefois, on peut remarquer que 1/3 des revendeurs et 1/7 des détaillants possèdent leurs propres moyens de transport.

4.2. Conditionnement et stockage

D'après les données de l'enquête, peu d'opérateurs conditionnent leurs produits. D'abord seulement 17% des détaillants et 22% des revendeurs valorisent des produits, par le fumage, par le salage-sechage et par la congélation ainsi que par le découpage en morceaux (cf. tableau D-13 et R-11, tome II). Il faut cependant remarquer, qu'en partie, ces traitements n'ajoutent pas véritablement de la valeur aux produits. Mais ils servent plutôt à les conserver sous une autre forme. C'est pourquoi, les quantités ainsi transformées restent assez faibles. Elles sont souvent liées aux quantités des invendus et au moyen de stockage. Mais il faut rappeler, que ce sont les pêcheurs eux-mêmes qui effectuent la grande partie des transformations des produits, pour les mêmes raisons que ci-dessus d'ailleurs.

Ensuite, 15% des revendeurs et 10% des détaillants spécialisés en produits frais utilisent la glace (cf. tableaux R-12 et D-17, tome II). Comme les produits sont facilement écoulés, dans la même journée, les opérateurs semblent penser, d'une manière générale, que la conservation sous-glace est inutile. Par contre, elle peut constituer des dépenses supplémentaires. Les autres raisons, jugées moins importantes, par les opérateurs sont le prix élevé de la glace et sa non-disponibilité.

Enfin, la grande majorité des opérateurs enquêtés ne disposent pas de moyen de stockage comme le magasin à température ambiante, le réfrigérateur, l'entrepôt frigorifique et le congélateur. Il n'y a que 12% des détaillants et 8% des revendeurs qui ont déclaré disposer d'un de ces moyens de stockage (cf. tableaux R-10 et D-11, tome II). En revanche, on peut aussi constater, à la base des données du tableau 6 et des annexes 2, que la majorité des moyens de stockage frigorifiques existants à Madagascar appartient aux producteurs (sociétés de pêches industrielles et artisanales et certains producteurs privés). 36% de ces moyens se trouvent dans la province de Mahajanga, 22% à Toamasina et 17% à Antananarivo.

Tableau 6: Installations frigorifiques utilisées pour la pêche
F a r i t a n yG l a c eCapacité de
congélation de
produit (tonnes/jour)
Stockage de produit
(en tonnes)
Production
(tonnes/jour)
Stockage
(m3)
1. Antananarivo5,8--744
2. Antsiranana39,012469582
3. Fianarantsoa5,0-3060
4. Mahajanga47,71721351.541
5. Toamasina2,54586941
6. Toliara9,569101438
    T O T A L109,54104214.306

Sources : Annexe 2

A partir du tableau 6, on peut constater que la production de glace est aussi effectuée en grande partie par les sociétés de pêches industrielles et artisanales, dont 80% dans deux provinces : Antsiranana et Mahajanga. Il semble donc, que d'une manière générale la capacité de production de glace est insuffisante et mal répartie par rapport aux besoins et aux principaux centres de production et de collecte. Par exemple les revendeurs de la capitale sont obligés de transporter de la glace d'Antananarivo vers les lieux de production (lac Alaotra, Miandrivazo, Ambato-Boéni).

Par contre, les capacités de congélation sont beaucoup plus réparties entre plusieurs provinces dont, 32% à Mahajanga, 24% à Toliara et 20% à Toamasina. Mais il faut mentionner qu'à Toamasina 76% de cette capacité n'est pas utilisée exclusivement pour les produits halieutiques. Il en est de même pour 25% de cette capacité de congélation dans la province de Mahajanga (annexe 2).

En ce qui concerne les produits congelés, la capacité de stockage semble être aussi moins grande par rapport aux besoins, essentiellement dans la capitale. Par exemple pendant la fermeture de la pêche crevettière ou durant la grande saison d'exploitation des crevettes dans la partie occidentale, les produits congelés sont moins disponibles sur les marchés d'Antananarivo. Tandis que pendant les autres périodes, l'offre dépasse souvent la demande.

4.3. Infrastructure et mode de vente

La majorité des détaillants (87%) vendent leurs produits sur des étals dont 69% au marché et 18% au bord de la rue. Les détaillants distribuant leurs produits dans un magasin ne constituent que 8% de l'ensemble. Le reste vend les produits au porte à porte ou directement aux hotels-restaurants (cf. tableaux D-12, tome II). Les magasins de vente se trouvent surtout à Antananarivo où on vend en particulier les produits congelés. En général, ces magasins (poissonneries ou mixtes) sont mieux équipés et par conséquent offrent aux consommateurs des produits d'assez bonne qualité. Par contre, les produits vendus au marché ou au bord de la rue sur des étals présentent des qualités moindre surtout pour les produits frais. Toutefois, la mauvaise qualité des produits frais est limitée par la rapidité de leur écoulement du fait de l'existence d'une demande assez élevée par rapport à une offre insuffisante.

On peut aussi constater que sur les 37 marchés visités par les enquêteurs dans les dix villes (annexe 3) :

Le nettoyage régulier des étals dépend de l'existence d'une installation d'eau courante ; 32% des marchés en sont ravitaillés, à savoir ceux d'Antananarivo, d'Antsiranana, de Fianarantsoa, de Toamasina et de Toliara. Le reste des marchés est privé d'eau et également d'électricité. Les détaillants y sont obligés d'utiliser des seaux d'eau pour mouiller les poissons. Les eaux usées ne sont pas évacuées et sont réutilisées plusieurs fois. Les canaux de drainage font défaut. Les produits sont ainsi exposés à de forts risques de contamination.

Par ailleurs le mode de vente le plus fréquent est la vente par tas qui concerne surtout les produits salés-séchés et fumés. Ensuite, la vente au poids qui est utilisée pour la distribution de poissons congelés et frais. Et, enfin à la pièce ou par morceau utilisés essentiellement pour les poissons frais ou, de temps en temps, pour les poissons salés-séchés de grandes tailles (cf. tableau D-29, tome II).

On peut dire que la qualité des produits dépend des modes de conservation, des lieux, de l'infrastructure et des équipements de vente. Pour les produits congelés, commercialisés en général dans les poissonneries ou dans les magasins mixtes, la qualité est satisfaisante. Par contre, les produits congelés vendus au marché, décongelés et tranchés en morceaux, présentent souvent des qualités médiocres. En revanche, les produits salés-séchés sont jugés de qualité satisfaisante. Les opinions des consommateurs sur les produits fumés sont beaucoup plus critiques (cf. tableau C-6, tome II). Enfin, les poissons frais très recherchés par la clientèle sont dans la majorité des cas de bonne qualité, sauf pour certains produits arrivant l'après-midi et qui sont revendus le lendemain, ou ceux provenant des régions lointaines. Il en est de même durant la saison de pêche où l'offre est quand même assez élevés et pendant laquelle une certaine quantité reste au soleil plusieurs heures.

5. Formation des prix et analyse des revenus

D'abord on peut dire, d'après les résultats de l'enquête, que les prix sont plutôt exprimés par les marchés que par les opérateurs. C'est à dire que les opérateurs n'ayant pas la possibilité d'imposer des prix calculés à partir des coûts, sont obligés de s'adapter aux prix acceptés par les consommateurs et à l'évolution générale des prix. Mais il faut remarquer que les prix sur les marchés sont assez différents selon les villes (cf. tableau D-33, tome II). Les raisons en sont : la disponiblité des produits, le niveau de la demande, l'espèce commercialisé, la provenance (eau douce, eau de mer), la concurrence, les lieux de vente, la distance des marchés par rapport aux lieu de production, la qualité, la taille, et également les prix des autres produits de substitution, la saison etc… En outre on constate aussi qu'en général, les prix dans les villes côtières sont naturellement beaucoup moins chers que dans les villes des hauts-plateaux, sauf à Toamasina et à Manakara, où les prix sont très proches de ceux des villes continentales. Cela, à cause d'une production assez limitée du fait des conditions de mer trés difficiles dans ces régions.

Ensuite, le tableau 7 présente les marges globales brutes, ventilées selon les types de produits. Il apparaît ainsi que les poissons frais offrent la plus grande marge brute globale (93%) tandis que pour les autres produits, elle oscille entre 48% et 68%. Cette marge brute globale assez élevée pour les poissons frais, justifie en partie, sans doute, le nombre assez important d'opérateurs spécialisés dans ce type de produit. En conséquence, il semble que la concurence est ainsi plus vive sur les produits frais que sur les autres produits. En revanche, la concurrence, quoique réelle, est moindre sur les produits salés-séchés. Cependant, il faut ramarquer que ces produits sont quand même appréciés par les consommateurs. Par contre, les poissons congelés bénéficient en grande partie d'une situation de concurrence monopolistique. En effect, les opérateurs commerciaux ne sont pas nombreux pour ce produit et souvent liés aux producteurs (sociétés de pêche et de collecte). Par conséquent, une certaine entente implicite existe entreeux.

Tableau 7 : Prix moyens par produit et marge brute globale
Type de produitsPrix d'achat aux producteurs
(FMG/Kg)
Prix de vente au détaillant
(FMG/Kg)
Marge brute globale
(en %)
Poisson frais7501.45093
Poisson congelé1.1001.65050
Poisson salé-séché1.1001.85068
Poisson fumé1.1501.70048

Source : tableau R-22 et D-33, tome II.

Enfin, par opérateur, l'analyse des tableaux R-22 et R-29, tome II, permet de calculer les marges brutes au niveau des revendeurs. Ainsi, on constate que ce sont les produits frais qui apportent les plus grandes marges brutes pour les revendeurs spécialisés dans ce type de produit (40%). Pour les autres produits: salés-séchés, fumés et congelés, cette marge brute est respectivement de 32%, 30% et 27%.

En revanche, pour les détaillants spécialisés, les marges brutes les plus élevées concernent respectivement les poissons frais (38%) et les poissons congelés (32%). Les poissons fumés ne donnent que 26% de marge brute, tandis que pour les poissons salés-séchés elle est de 23% (cf. tableaux D-23 et R-33, tome II). Il faut souligner que les pourcentages ci-dessus ne tiennent pas compte exactement des nombres d'intermédiaires intervenants dans le circuit. De même pour les produits traités, certains détaillants achétent directement aux producteurs et cumulent ainsi les marges d'intermédiaires. C'est pourquoi, la somme des pourcentages pour les détaillants et les revendeurs ne correspond pas aux marges brutes globales présentées au tableau 7.

On peut donc constater que les marges brutes sont presque les mêmes pour les poissons frais et pour les détaillants spécialisés et pour les revendeurs. Tandis que pour les autres produits, les détaillants gagnent un peu moins par kilo que les revendeurs. Toutefois si on considère la quantité globale commercialisée par les revendeurs laquelle est de 4,5 à 10 fois plus élevée que celle des détaillants (respectivement pour le poisson frais et salé-séché), on peut dire que le revenu brut des revendeurs est beaucoup plus important que celui des détaillants. C'est peut être pourquoi, les revendeurs sont plus intéressés à l'investissement dans le secteur de la pêche que ces derniers.

Par ailleurs, il est intéressant de connaître les marges nettes des différents opérateurs, mais bien que les questions sur ce sujet (les dépenses) ont été posées, l'enquête n'a pu donner des informations fiables. C'est que, presque tous les opérateurs enquêtés ne possèdent ni comptabilité ni simple enregistrement des dépenses, sauf les opérateurs travaillant sur les poissons congelés liés aux sociétés de pêches.

Toutefois trois exemples à titre indicatif de calcul de revenu net ont pu être réalisés, l'un sur le poisson congelé, le deuxième sur le poisson salé-séché et le dernier sur le poisson frais.

Premier exemple : produit congelé, opérateur individuel, achetant les poissons d'accompagnement auprès de Somapêche à Mahajanga et vendant ses produits aux détaillatns d'Antananarivo.

 Prix de vente(FMG/Kg)1.200  
 Prix d'achat-"-900  
 Marge brute-"-300 33%
Dépenses (FMG/Kg)- transport120   
 - emballage25   
 - taxe9   
 Total154154  
 Marge nette 146FMG/Kg16%

Deuxième exemple : produit salé-sécé, opérateur individuel, achetant ses produits auprès des pêcheurs à Mahajanga et vendant aux grossistes d'Antananarivo.

 Prix de vente(FMG/Kg)1.300  
 Prix d'achat-"-950  
 Marge brute-"-350 37%
Dépenses (FMG/Kg):- transport86   
 - emballage20   
 - taxe9   
 autres dépenses30   
 Total145145  
 Marge nette 205FMG/Kg22%

Comme cet opérateur effectue deux voyages d'environ 2 tonnes chacun par mois, on peut estimer son revenu net à 820.000 FMG par mois. Mais il faut remarquer qu'il existe des faux-frais d'intermédiations diverses qui diminuent en réalité ce revenu.

Troisième exemple : produit frais, opérateur individuel achetant les poissons frais auprès des pêcheurs d'Ambato-Boéni (province de Mahajanga, plus de 450 Km d'Antananarivo) et vendant ses produits aux détaillants d'Antananarivo (transport par fourgon avec de la glace en barres).

 Prix de vente(FMG/Kg)1.450  
 Prix d'achat-"-950  
 Marge brute-"-500 53%
Dépenses (FMG/Kg):- transport180   
 - glace60   
 - emballage10   
 autres10   
 Total260260  
 Marge nette 240FMG/Kg25%

6. Comportement des opérateurs

6.1. Stimulation de la demande en fonction des produits disponibles

La stimulation de la demande peut être considérée au niveau des produits, de la clientèle ainsi qu'à celui des infrastructures de vente.

D'abord, on constate que les opérateurs commerciaux n'agissent que très peu sur les produits. La cause principale semble être la préférence des consommateurs pour les produits frais vendus en l'état lesquels dominent dans l'échantillon de l'enquête. Les autres raisons en sont l'obligation de diminuer les frais et la spécialisation, en particulier sur les produits frais. Même pour les produits traités, dans une grande partie, ce sont les producteurs eux-mêmes qui effectuent la transformation.

Ensuite, la publicité et la promotion de vente ne sont utilisées que par une trés faible partie des opérateurs sur les poissons congelés de mer. Sauf les quelques sociétés d'Antananarivo (par exemple Martin Pêcheur, SOPROMER, SOGEDIPROMA) ; aucune n'estime nécessaire cette action sur la clientéle (cf. tableaux R-33 et D-36, tome II). Cela peut s'expliquer en ce que la grande majorité des opérateurs n'affrontent pas de difficultés pour écouler leurs produits. Par ailleurs, on constate qu'il n'existe pas de nouveaux produits dans le secteur depuis assez longtemps, sauf pour les produits congelés qui ne sont, d'ailleurs, pas tout à fait nouveaux, mais pénètrent de plus en plus l'ensemble des marchés, soit par une quantité plus élevée, soit par la diversification des espèces.

Enfin, la majorité des opérateurs n'investissent pas pour l'amélioration de leurs infrastructures de vente. Les moyens de stockage sont très limités. L'usage de la glace ou de la congélation est très peu répandu (sauf pour les poissonniers, agents des grandes sociétés et certains opérateurs privés). Mais la moitié des détaillants sont propriétaires de leurs lieux de vente (étals). D'ailleurs, l'habitude du métier, l'expérience et la coutume sont les caractéristiques dominantes de ces opérateurs, qui semblent ainsi ne pas éprouver des besoins d'innovation ou de changement dans leurs méthodes de vente.

Par ailleurs, il faut remarquer que l'investissement dans les moyens de collecte ainsi que dans la pêche (engin, embarcation) intéressent quand même une partie des revendeurs (cf. tableaux R-7 et R-31, tome II). Il s'agit en fait d'actions visant à assurer une offre suffisante de poisson. De même, le financement par certains revendeurs des activités de certains détaillants semble être un moyen pour eux de maîtriser le circuit de distribution (cf. tableau D-16, tome II).

6.2. Adaptation de l'offre à la demande

L'adaptation de l'offre sera considérée au niveau de la quantité, des types de produits, de la localisation des points de vente vis-à-vis de la clientèle, et du choix du circuit.

On constate que la faiblesse de la quantité offerte d'une manière générale est liée à l'insuffisance de la production et au faible rayon d'actions des opérateurs, mais aussi au manque de fonds de roulement. Cependant on remarque également une certaine prudence de la part des opérateurs, en particulier ceux travaillant sur les poissons frais, lesquels préfèrent de temps en temps limiter volontairement la quantité commercialisée afin de maintenir le niveau de prix désiré.

Les critères de choix des types de produits sont déterminés en grande partie par les préférences de la clientèle. En effet, les consommateurs malgaches semblent préférer surtout les poissons frais. Mais en outre, d'autres critéres sont aussi considérés comme : la disponibilité et les facilités d'approvisionnement, la distance entre le marché et le lieu de débarquement, l'habitude familiale du métier. Il faut aussi remarquer que le taux trés élevé de la marge brute sur les produits frais constitue un élément très favorable dans le choix de ce type de produit. Par ailleurs, les pêcheurs eux-mêmes sont aussi très interéssés à vendre plutôt des produits frais que des produits traités. C'est parce que le revenu obtenu des produits frais est plus important que celui des produits traités. De même, le choix du circuit court est lié à la préférence de la clientèle pour les produits frais. En effet, on constate que 44% des détaillants achètent directement chez les pêcheurs-producteurs (cf. tableau D-19, tome II).

En outre, la vente de poisson est toujours effectuée dans des magasins ou des marchés spécialisés à cet effet. La vente dans des magasins mixtes ou dans les grandes surfaces est limitée. Cela, parce que la stimulation de la vente de poisson par la présence ou la vente d'autres marchandises n'est pas toujours évidente. En effet, l'acte d'achat des poissons par les consommateurs semble être délibéré et réfléchi, préparé à l'avance, non spontané, ni impulsif. C'est pourquoi le prix et la qualité des produits sont les critères les plus prépondérents dans la décision d'achat.

En résumé, on peut donc décrire le comportement des opérateurs de la manière suivante :


Page précédente Début de page Page suivante