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P A R T I E  II

PROGRAMMES D'ACTIONS (suite.)

I.I. Diversification et développement des produits marins d'exportation

Programme 5 - Augmentation des captures de crustacés et autres produits marins

5.1. Situation actuelle et contraintes

L'exportation des produits halieutiques est caractérisée par une croissance constante depuis la fin des années 60, époque à laquelle la flottille des chalutiers crevettiers a commencé son activité. Actuellement, les produits de pêche occupent en valeur la troisième place des principaux produits exportés de Madagascar, après le café et la vanille (13% des exportations totales en 1990). Pendant cette période les produits ont progressé de façon permanente de 18,5 millions de dollars E.U. en 1980 à 39,5 millions de dollards E.U. en 1990. La pêche est donc devenue l'une des principales activités contribuant à un apport substantiel de devises. Cette exportation est basée essentiellement sur la vente de crevettes, (98% d'exportation totale en 1985 et 85% en 1990). Depuis 1985, on note une croissance plus dynamique de l'exportation des autres produits tels que les langoustes, les crabes, les trépangs et différents poissons.

La contrainte majeure qui empêchera dans l'avenir le développement de la pêche crevettière est le stock limité qui a déjà probablement atteint un niveau d'exploitation proche du plafond maximal. Toutefois, certaines possibilités d'accroissement de la production et de l'exportation de ces crevettes existent essentiellement dans la pêche artisanale et traditionnelle. Mais ces possibilités sont souvent freinées par leur mauvaise qualité due au manque d'infrastructures frigorifiques et au manque de respect des normes de qualités exigées par le marché international.

La langouste est actuellement placée en deuxième position parmi les produits halieutiques exportés (6% de l'exportation totale). Sa progression rapide, ces trois dernières années, est expliquée par l'augmentation du nombre des collecteurs en raison de la fin du monopole de la société d'Etat LANSU en 1986 et l'instauration de la libre concurrence, ainsi que par les premiers essais de pêche langoustière dans les eaux profondes. Toutefois, malgré les estimations des ressources de 500 à 1.000 tonnes et la production se situant un peu au-dessus de 300 tonnes, des réserves doivent être émises quant aux perspectives de développement de la pêche traditionnelle aux langoustes dans le Sud de l'île où presque la totalité de la production actuelle est réalisée. Ce stock côtier semble être limité et très fragile à cause de sa reproduction naturelle très lente et d'un effort de pêche excessif ces dernières années. Outre l'état du stock langoustier au Sud de l'île et le manque de connaissances sur d'autres zones ou sur des stocks plus éloignés de la côte, d'autres contraintes sont à noter :

La production de crabes, qui a été stimulée à partir de 1988 par la construction d'une usine de traitement de chair de crabe, a noté cės dernières années une baisse. Les contraintes qui pourraient freiner à l'avenir la production de crabes ne résident ni dans les capacités de capture ni dans celles du conditionnement. Le verrou de développement de cette activité est le marché international car l'offre de crabes en morceaux sature la demande de la Réunion et de l'île Maurice. Les autres marchés sont très souvent consacrés à la chair de crabe. La chair de crabe de palétuvier ne possède pas les qualités organoleptiques des crabes de mer froide. De plus, elle est concurrencée à la fois par les produits thaïlandais à des prix plus compétitifs et par les produits préparés à base de poisson aromatisé au crabe. En conséquence, le prix du crabe a diminué au cours des deux dernières années. Pour Madagascar, les coûts de collecte ainsi que les charges de fonctionnement de l'usine, associés au faible prix du produit fini à l'exportation, semblent être les éléments majeurs qui rendent difficile une exploitation rentable du crabe.

Le trépang a occupé en 1990 la quatrième position parmi les produits exportés par le secteur des pêches avec une forte tendance à la hausse. Cependant, pour son avenir deux contraintes majeures sont à noter. La première est la méconnaissance de son potentiel et de sa répartition sur la côte. La deuxième est sa reproduction naturelle assez lente qui fait que le stock peut être rapidement surexploité (c'est le cas de certains stocks de la côte Sud).

Pour ce qui est des autres produits, on en exporte très peu (5% de la valeur totale d'exportation en 1990), malgré l'existence de ressources abondantes. Pour le poisson par exemple, le facteur le plus important qui limite son exportation est la position géographique de Madagascar situé loin des principaux marchés de poissons. Le commerce du poisson en dehors de la sous-région souffre du coût élevé du transport et de l'absence de compétitivité du poisson malgache.

Une autre contrainte au développement de l'exportation des produits peu ou pas exportés, est le manque d'informations sur le marché international pour les espèces identifiées à propos des prix, des principaux importateurs et des exigences du marché (technologie de traitement et de conditionnement et normes qualitatives).

Le respect de la qualité des produits d'exportation ne constitue pas une contrainte majeure pour les grandes sociétés qui disposent de moyens et de laboratoires modernes. Au contraire, pour les sociétés artisanales et les opérateurs individuels, ce problème de qualité constitue souvent un obstacle à l'exportation et ternit l'image des produits malgaches à l'étranger.

5.2. Possibilités de développement et propositions d'actions

Parmi les principales ressources peu ou pas exploitées actuellement on peut citer les thonidés et autres gros poissons pélagiques, les poissons démersaux, les crustacés et les requins de profondeur, ainsi que les crabes de palétuviers, les langoustes néritiques et les algues. Le niveau d'exploitation industrielle des crevettes pénéides côtières avoisine actuellement l'optimum et ne permet plus une augmentation significative de sa production (sous réserve que les anciennes estimations du potentiel ne soient pas modifiées). Néanmoins, on ne peut écarter la possibilité d'augmentation de la production traditionnelle et artisanale grâce à l'extension géographique des activités vers les zones enclavées ou difficilement accessibles qui ne sont pas exploitées par les chalutiers crevettiers.

La pêche orientée vers l'exportation (essentiellement la pêche industrielle crevettière) semble avoir été stimulée largement par la nouvelle politique économique mise en place au cours des années 1980. Cette politique, basée sur la libéralisation des échanges internes et externes, sur le désengagement de l'Etat dans les activités de production, sur une dévaluation importante de la monnaie malgache et sur une exonération de certains impôts et taxes d'exportation a contribué à l'extension de l'exploitation. D'autres facteurs ont également favorisé le développement de la pêche industrielle, notamment : la confirmation de l'existence d'un potentiel de crevettes dans le Sud-Ouest du pays, l'assurance de débouchés pour les produits grâce aux contrats avec les sociétés-mères, le faible niveau d'imposition et l'attribution, à partir de 1986, de zones de pêche exclusives à des sociétés industrielles crevettières.

Par ailleurs, la libéralisation des échanges et la dévaluation importante de la monnaie malgache ont contribué aussi à l'augmentation de l'exportation des produits halieutiques autres que les crevettes. La fin du monopole des sociétés étatiques de collecte de certains produits, la facilité des procédures d'enregistrement des collecteurs-revendeurs, des conditionneurs-stockeurs et des exportateurs ont favorisé la concurrence, l'augmentation des prix aux producteurs, l'élargissement des rayons de collecte et, en conséquence, l'augmentation des captures et de l'exportation.

L'idée de la coopération régionale plus étroite et plus fructueuse pourrait se concrétisée également par l'organisation d'une foire régionale afin de présenter les possibilités de production dans le domaine nutritionnel, dont de la pêche et de l'aquaculture et afin d'identifier les nouveaux clients.

5.2.1. Crevettes

Etant donné que le niveau actuel de l'exploitation des crevettes avoisine l'optimum, les actions à mener concernent pricipalement les mesures d'aménagement. Cependant, une des possibilités d'augmentation de la production crevettière est l'exploitation des ressources d'eau profonde. Ainsi, il faut analyser les différentes possibilités de développement de la production des crustacés d'eau profonde sur la base d'activités de prospection pour déterminer les différents modes d'exploitation.

5.2.2. Langoustes

Son prix élevé rend naturellement rentable la production, ainsi que la collecte et la commercialisation de la langouste, ce qui provoque une forte demande d'autorisation de la collecte. Cependant, il est peu probable que le stock côtier le plus exploité actuellement (entre Tolagnaro et le Nord de Maroroy) puisse supporter une intensification de l'effort de pêche. Ceci nécessite l'amélioration et l'application des méthodes d'aménagement appropriées.

L'augmentation de la production dépend de l'élargissement des zones de pêche à la langouste. Pour cela il faudrait mener une exploration systématique, de type commercial, de nouvelles zones pour permettre de déterminer la distribution géographique et bathymétrique réelle des potentiels langoustiers ainsi que les technologies les plus adéquates pour leur exploitation.

L'amélioration des techniques de pêche, de traitement, de conservation, de commercialisation et de gestion d'entreprise devra figurer également parmi les actions prioritaires à mener dans les prochaines années afin d'aider les opérateurs à mieux exploiter les stocks de langoustes. Il faut également assurer la diffusion des informations et conseiller directement les opérateurs qui souhaitent se lancer dans l'exploitation des langoustes ainsi que ceux dont les activités sont limitées par des obstacles techniques et organisationnels, grâce à l'assistance de consultants spécialisés.

5.2.3. Crabes

Le développement de la production du crabe dépend essentiellement des possibilités à l'exportation de ce produit étant donné que les ressources sont toujours sous-exploitées. Il est clair que vu la saturation du marché international par des produits bon marché, la carte de la qualité doit être celle qui pourrait permettre de prendre place dans ce marché. Ceci suppose un produit parfait, naturel et attrayant. Parallèlement, il faut rechercher de nouveaux marchés et rentabiliser le système de collecte avant d'envisager l'augmentation des capacités de capture et de traitement du crabe des mangroves. Il faudrait également poursuivre l'analyse des données récoltées et entreprendre un complément d'étude socio-économique des populations intéressées par la collecte. Une étude de marché au niveau international aiderait à mieux déterminer le type de produit adapté à l'entreprise concernée.

5.2.4. Autres produits

Pour favoriser l'augmentation de la production des autres produits marins, il est important d'identifier les espèces potentiellement exportables et de fournir aux opérateurs toutes les informations nécessaires à propos du marché international. On devra identifier ces espèces et assurer la plublication d'un bulletin d'information sur le marché international des espèces exportables, concernant les prix, les principaux exportateurs, les régimes fiscaux et les normes de qualité en vigueur dans les pays importateurs, les tendances en technologie de traitement et d'emballage.

Une autre forme de soutien aux opérateurs intéressés par le développement de la pêche et de l'exportation d'espèces peu ou non encore exploitées (par exemple calmar, poulpes, requins, thons mineurs) est à envisager. Elle doit consister à fournir les conseils ponctuels des consultants spécialisés dans le développement des espèces citées, dans le domaine des techniques de pêche, de traitement, de commercialisation et de gestion d'entreprise.

Pour le trépang, il est recommandé de faire une étude pour évaluer l'état du stock actuellement exploité et d'identifier les nouveaux sites favorables à son exploitation ainsi que les méthodes de captures appropriées.

Programme 6 - Meilleure intégration de l'exploitation thonière dans l'économie nationale

6.1. Situation actuelle et contraintes

Les activités de pêche thonière à Madagascar ont véritablement démarré en 1986, année où fut signé l'accord de pêche entre la Communauté Economique Européenne et Madagascar. Cependant, des essais d'exploitation des thonidés de surface ont été réalisés entre 1971 et 1975. Malgré plusieurs tentatives de création de sociétés mixtes d'exploitation thonière, la production industrielle nationale de thon n'existe pas encore et la production artisanale et traditionnelle de certains thons mineurs reste négligeable. La dernière tentative pour la constitution d'un armement national de pêche au thon à la canne (sous forme de projet pilote exécuté en 1991) n'a pas donné de résultats positifs.

En attendant la création de sociétés de droit malgache, le Gouvernement essaie de tirer le maximum de profit du passage saisonnier des thons dans les eaux malgaches par la vente de licences. Cette vente permet une rentrée de devises, à laquelle s'ajoutent les bénéfices économiques et sociaux liés au transbordement, au traitement d'une partie des captures, aux opérations d'avitaillement et de réparations navales et à d'autres services à Antsiranana.

La vente de licences de pêche aux thons a permis une recette en devises de l'ordre de 2,13 milliards de FMG (1,3 million de dollars US $) en 1989. Cependant, la somme perçue en 1990 est chiffrée seulement à 245 millions de FMG. La différence est due au fait qu'en 1990, il n'y a pas eu de versement effectué se rapportant aux volets “Compensation financière” et “Programme scientifique”.

Les autres rentrées de devises résultent des différents services fournis aux thoniers étrangers en transbordement à Antsiranana. En 1990, toutes ces opérations ont procuré au pays environ 17 milliards de FMG (11,4 millions de dollars US) dont celles concernant la réparation navale (6 milliards FMG environ), la vente de carburant (8,5 milliards FMG), le transport aérien des marins (1 milliard FMG), le service portuaire (1,1 milliard FMG - manutention, consignation, frais agence), la vente de sel (0,6 milliard FMG). Outre les avantages économiques, la pêche thonière génère autour de 1150 emplois.

Plusieurs contraintes empêchent les opérateurs malgaches d'investir dans l'activité thonière. Parmi ces contraintes il convient de signaler la migration qui caractérise cette espèce et l'obligation de collaborer avec les autres pays. A cette contrainte s'ajoutent les problèmes liés à la maîtrise d'une haute technologie, au financement onéreux et au marché mondial difficile à maîtriser. A noter enfin que les ressources sont mal connues, parce qu'il n'y pas de recherches nationales et que des armateurs étrangers opérant dans la ZEE malgache ne fournissent pas à l'administration des pêches les statistiques de production et autres informations nécessaires. Le Gouvernement malgache ne dispose d'aucun moyen de contrôle des opérations des bateaux étrangers dans sa zone exclusive, ce qui réduit les avantages que le pays pourrait tirer du paiement des redevances.

6.2. Possibilités de développement et propositions d'actions

Les eaux malgaches sont relativement moins riches en thons que d'autres zones de la région du Sud-Ouest de l'Océan Indien. Ce fait, lié au caractère migratoire du thon nécessite la conclusion d'accords réciproques d'accès dans la zone économique exclusive des différents pays. Toutefois, grâce à ses infrastructures à Antsiranana, Madagascar peut constituer une des principales bases pour les thoniers étrangers opérant dans cette région. Le port d'Antsiranana offre plus d'avantages que celui de Victoria aux Seychelles, en ce qui concerne les opérations de transbordement. Le coût y est plus réduit (12.000 Fmg par tonne contre 50.000 Fmg à Victoria), il en est de même pour les opérations d'avitaillement. En ce qui concerne le sel, aucun concurrent n'existe, sauf le Yemen qui produit du sel de basse qualité. Enfin, le port dispose d'un chantier de réparations navales capable d'accueillir des bateaux de très fort tonnage, de fournir des services de qualité et d'effectuer des carénages ou autres interventions. Le fonctionnement depuis mars 1991 d'une usine de conserverie à Antsiranana, pouvant traiter 50.000 tonnes de thon par an et faisant travailler 700 personnes, constitue une garantie pour la continuité de l'activité thonière.

Dans le contexte actuel, une meilleure intégration de l'exploitation thonière dans l'économie nationale doit encore s'articuler pour le moyen et long terme autour de quatre pôles.

Premièrement, par la poursuite de la vente de licences aux bateaux étrangers, tant que l'on n'arrivera pas à mettre en place des sociétés de droit malgache capables d'exploiter les ressources disponibles. Cette vente permet des rentrées de devises, si minimes soient-elles, au lieu de laisser passer les thons ou de permettre à certains bateaux de les pêcher illicitement. Les licences à vendre doivent être réparties judicieusement entre les différents armateurs utilisant différentes techniques de pêche. Cela permettrait d'exploiter à l'optimum les ressources thonières existantes.

Deuxièmement, la maximisation des profits à terre, c'est à dire le développement à Antsiranana d'un complexe industriel de transbordement, de stockage et de transformation des produits pêchés dans le Sud-Ouest de l'Océan Indien, ainsi que la poursuite de l'amélioration des services d'entretien, de réparation des bateaux, de ravitaillement et ceux relatifs à la relève des équipages afin d'attirer le maximum de bateaux étrangers opérant dans la région. La réhabilitation des infrastructures par l'extension d'un quai pour les thoniers et le dragage d'un fond à 11 m sont nécessaires dans l'immédiat.

Troisièmement, compte tenu du fait qu'actuellement Madagascar ne maîtrise pas encore les techniques d'exploitation thonière, il n'est pas prudent d'investir seul dans cette filière, pour laquelle les équipements coûtent très chers. A titre indicatif pour un armement thonier d'une flottille de 2 à 3 unités, un investissement de l'ordre de 50 milliards de FMG est obligtoire. Aussi, compte tenu de la spécificité de la pêche thonière, d'un côté (haute technologie, financement onéreux, marché mondial difficile à maîtriser, ressources mal connues) et de l'autre les réalités économiques malgaches, la coopération avec l'étranger pour la constitution de sociétés mixtes semblent être la meilleure solution pour développer cette branche d'activité. Pour promouvoir la production nationale des thonidés, il s'avère nécessaire de bien définir et suivre les opérations de prospection ainsi que de bien choisir les méthodes de pêche appropriées.

Quatrièmement, l'utilisation au maximum des cadres institutionnels, en particulier la commission des pêches pour l'Océan Indien en matière d'aménagement des ressources, de renforcement de l'expérience des scientifiques malgaches et la formation des cadres spécifiques pour la collecte et l'analyse des données statistiques, sont nécessaires pour le suivi des activités thonières à Madagascar et dans la région. Pour ce faire, la création d'une cellule de gestion composée de scientifiques et de cadres spécifiquement formés, doit être réalisée à Madagascar.

Pour augmenter les gains provenant de l'exploitation thonière, l'administration doit trouver des moyens suffisants pour le contrôle des captures et en général des activités des thoniers étrangers.

Programme 7 - Promotion de l'aquaculture de crevettes marines

7.1. Situation actuelle et contraintes

Parmi les différentes expériences réalisées actuellement en mariculture (élevage de Chanos chanos, d'huîtres et de crevettes côtières) la plus prometteuse est l'élevage de crevettes. Pour cette activité, le secteur privé peut jouer parfaitement son rôle de promoteur et d'investisseur. La crevetticulture peut assurer la longévité de l'industrie des crevettes et contribuer d'une manière substantielle à la rentrée de devises dans le pays.

Avant d'envisager l'exploitation industrielle, une phase pilote visant à démontrer la faisabilité technico-économique de l'aquaculture de crevettes à Madagascar a été réalisée avec l'appui du projet PNUD/FAO/MAG/88/006 “Aquaculture de crevettes - ferme pilote” et d'un opérateur privé. Ce projet a permis de conclure que l'espèce à retenir pour l'élevage est le Penaeus monodon qui présente des caractéristiques de croissance satisfaisante et un poids moyen final correspondant à un produit de haut de gamme (moins sensible, dans un contexte de concurrence internationale active, aux variations de prix enregistrées ces dernières années).

La crevetticulture étant une activité nouvelle pour Madagascar, malgré la démonstration effectuée sur la faisabilité technique de cet élevage au niveau de la ferme pilote et l'identification de nombreux sites favorables pour le pratiquer, plusieurs problèmes et contraintes restent encore à surmonter, principalement ceux liés :

Si les conditions naturelles sont favorables dans l'ensemble à la crevetti-culture, le développement rencontrera dans sa phase initiale un obstacle majeur lié à l'insuffisance d'infrastructure pour l'accès et la desserte terrestre ou maritime des sites sélectionnés, ainsi que la faiblesse du peuplement de la plupart de ces zones. Cet obstacle est de loin le plus important car il impose aux promoteurs de mettre en place des moyens permettant le désenclavement de ces zones. De tels investissements ne se justifient que si le projet atteint une taille industrielle. Mise à part cette contrainte sur les conditions naturelles, le problème majeur semble être la production locale massive d'aliments riches en protéines. Actuellement, il n'existe pas à Madagascar de fabrique d'aliment pour crevettes.

Un autre contrainte est liée aux conditions économiques et juridiques. Le développement d'une crevetticulture semi-intensive nécessite de gros investissements en infrastructure et passe également par la nécessité d'importer une technologie mais aussi certains consommables (pétrole, produits chimiques, aliments, etc). Les dépenses d'énergie, pour une ferme industrielle semi-intensive, représentent en général environ 15% des coûts de production. L'aliment sera sans doute importé, dans un premier temps, ce qui augmentera les coûts de production et réduira la rentabilité de l'activité.

Un développement aquacole de cette envergure doit tenir compte des aspects sociaux du milieu et ne peut se faire qu'avec le plein accord du pouvoir coutumier (droit coutumier), ceci impliquant de la part des promoteurs comme du pouvoir public une certaine compréhension et la nécessité de procéder parfois par étape, à un rythme qui n'est pas toujours compatible avec les impératifs économiques.

7.2. Perspectives de développement et propositions d'actions

Les prospections faites en 1986 et en 1990 ont démontré l'existence à Madagascar, notamment sur la côte Ouest, de plusieurs dizaines de milliers d'hectares de terrain propice à l'aquaculture de crevettes (55.000 ha avec un potentiel de production estimé à 58.000 t/an, soit plus de 6 fois que le potentiel de la pêche crevettière). La ferme pilote a montré tout l'intérêt et toutes les possibilités de l'élevage de crevettes à Madagascar. Les principaux verrous biotechniques ont déjà été levés, une partie du personnel local d'encadrement est disponible.

Etant donné que la croissance des crevettes est optimale lorsque la température de l'eau est comprise entre 28° et 30°C et qu'en dessous de 24°C cette croissance est fortement ralentie pour s'arrêter vers 22°C, il est évident que pour obtenir le rendement le plus élevé, il faut en premier lieu mettre en valeur les sites localisés dans la zone Nord-Ouest de Madagascar.

Des mesures doivent être prises pour sauvegarder l'environnement, notamment pour éviter la destruction des mangroves. L'administration doit veiller à ce que l'élevage des crevettes se développe sur des zones d'arrière mangroves (tanne ou “sira sira”) et non pas au détriment de celle-ci. La mangrove doit être absolument conservée et protégée, car il s'agit d'un écosystème contribuant de manière significative à la richesse du milieu. Il conviendra également de définir des mesures pour limiter le développement éventuel non contrôlé d'une crevetticulture extensive (basée sur une alimentation par la marée), qui s'effectue souvent au détriment de la mangrove.

Compte-tenu des contraintes indiquées plus haut, seuls des projets industriels seront susceptibles de supporter les investissements nécessaires. Ces projets seront réalisés par le secteur privé national ou étranger et doivent être intégrés et comprendre des infrastructures de base indispensables, une écloserie industrielle pour un approvisionnement fiable en post-larves, des unités de préconditionnement ou conditionnement permettant l'évacuation de produits dans des conditions optimales, des unités de stockages ou de fabrication d'aliments, des bassins d'élevages et des bâtiments de services et d'exploitation. Ces unités jouant un rôle de “nucleus”, permettront à terme la réalisation de fermes satellites qui pourront bénéficier des infrastructures mises en place par les fermes industrielles. A travers des contrôles d'assistance, les fermes industrielles devront aider des fermes satellites en leur fournissant des conseils et des aliments (et éventuellement d'autres consommables), des post-larves et des équipements. Elles devront par ailleurs conditionner les produits des fermes satellites et faire bénéficier ces dernières de leur connaissance du marché.

Le secteur public, qui a participé en tant que promoteur à la première étape du développement (ferme pilote) en associant étroitement, dès cette phase, le secteur privé (les pêcheries de Nossi-Be), limitera son engagement. Il semble maintenant souhaitable que le relais soit pris par le secteur privé, et essentiellement par les sociétés de pêche industrielle aux crevettes qui en maîtrisent déjà le conditionnement et le marché, qui peuvent assez facilement trouver les sources de financement nécessaires pour les investissements et qui sont suffisamment sensibles à la protection des côtes.

Le gouvernement doit créer les conditions favorables (financières, juridiques et fiscales) au développement de cette activité, notamment en allégeant autant que possible les contraintes administratives, en favorisant la concertation entre opérateurs privés et ministères concernés sur différents problémes relatifs, en particulier, aux questions fonciéres et à la définition des règles qui fixeront les conditions de mise en place de ces fermes afin d'éviter un développement anarchique et préjudiciable à long terme. Dans certains cas, il serait également souhaitable que l'Etat puisse aider au désenclavement des zones aquacoles, car les projets d'aquaculture peuvent aussi servir de catalyseur à un développement agricole régional.

L'administration responsable de la pêche et de l'aquaculture aura aussi comme obligation de diffuser largement les résultats d'études, déjà réalisées ou à effectuer, sur les possibilités d'aquaculture des crevettes. Pour comprendre certaines limitations sociales et éviter des conflits éventuels avec les populations locales, une étude socio-économique devrait être réalisée dès que possible. L'administration devra également former un noyau de cadres suffisants, pour elle même et pour les opérateuŕs privés, pour assurer le démarrage et le développement de cette activité. Elle doit en parallèle stimuler les recherches et les études nécessaires pour pouvoir appuyer et orienter les actions des opérateurs privés. Aussi, il faut poursuivre certaines activités du projet pilote : la formation des biologistes, des techniciens, des gestionnaires et du personnel d'encadrement, l'amélioration de la technologie d'un aliment fabriqué à Madagascar et surtout l'assistance aux opérateurs privés dans la préparation des dossiers de leurs projets.

Par ailleurs, il faut prévoir la construction d'un centre de développement aquacole à Mahajanga, zone où la plupart des opérateurs ont prévu d'installer leurs bassins d'élevage. Toutefois, au lieu de construire un grand centre de production, tel qu'il est négocié actuellement avec le gouvernement japonais, il est préférable de mettre en place un petit centre de développement afin d'éviter la concurrence avec les fermes industrielles qui produiront elles mêmes les post-larves. Ce centre doit viser en priorité les objectifs suivants : formation, mise au point de techniques et approvisionnement en post-larves des fermes artisanales. La formation touchera tous les domaines d'élevage (techniques d'application, biologie et aliment). Pour cette formation, le centre devrait disposer d'une petite écloserie, de quelques bassins de démonstration, d'un petit laboratoire et d'infrastructures d'accueil (hébergement, salle de cours). Ce laboratoire servira d'analyse pathologique mais aussi permettra de réaliser certaines recherches appliquées orientées directement sur des possibilités d'application des nouvelles technologies à Madagascar. En produisant des post-larves, le centre pourrait aider les petits opérateurs et pourrait aussi subvenir à certaines dépenses de son fonctionnement. Il est important de prévoir dans ce centre une cellule de documentation disposant de documents et publications sur les tendances et le développement de la crevetticulture dans le monde. L'avantage de la création d'un petit centre réside dans le fait que l'administration peut prendre la reléve de la gestion après l'assistance internationale. D'ailleurs, dans le protocole d'accord de création de ce centre, il faudra définir les conditions et le mode de fonctionnement et de gestion dudit centre ainsi que la relève du financement extérieur.

I.I.I. Renforcement et amélioration et de la gestion du secteur

Programme 8 - Aménagement des pêcheries et conservation des stocks

8.1. Situation actuelle et contraintes

En général, les problèmes et contraintes recontrés dans la formulation et l'application d'un plan d'aménagement pour une pêcherie sont l'absence d'informations fiables pour l'évaluation des stocks, l'insuffisance de la couverture administrative et les fausses interprétations effectuées par certains décideurs et opérateurs concernant les principes et les mesures d'aménagement qui peuvent aller à l'encontre des intérêts qu'ils défendent.

L'exploitation des crevettes, a probablement déjà atteint dans son ensemble un niveau d'effort maximal. Cela a été compris par les décideurs qui ont sérieusement analysé la situation et qui ont pris la décision de geler l'effort de pêche, vu la baisse du rendement par unité d'effort et la diminution de la taille, donc du prix des crevettes. L'octroi de nouvelles licences, avant une nouvelle évaluation des stocks, pourrait avoir des conséquences négatives et conduire à la surexploitation de la ressource. Un déséquilibre de la pêcherie est à craindre, d'autant plus que la concurrence de l'aquaculture fait baisser les prix de la crevette sur le marché international. Pour la répartition des autorisations de chalutage par zone, l'attribution de zones exclusives à certaines sociétés est interprétée par certains comme l'octroi d'un avantage particulier de monopole. Mais cette mesure est justifiée par le souci de mieux adapter l'effort de pêche aux possibilités temporelles de la ressource.

Les incompréhensions sus-évoquées rendent difficile l'application du plan d'aménagement retenu pour le chalutage crevettier. Par ailleurs, cette difficulté est renforcée par l'insuffisance du contrôle concernant le respect des attributions des zones et des déclarations (sur fiches de pêche) des captures réalisées par zone. Et les opérateurs sont réticents pour transmettre des données financières réelles et suffisamment détaillées pour permettre à l'administration de définir un modèle d'aménagement bio-économique approprié. Pour les données nécessaires à l'évaluation des stocks, jusqu'à présent seules celles qui se rapportaient à la pêche industrielle sur la côte Ouest ont été utilisées. De ce fait, on ne peut pas définir un plan de gestion de l'exploitation des crevettes sur la côte Est. Même l'évaluation des stocks exploitables sur la côte Ouest reste incomplète car elle ne prend pas en considération les activités des branches traditionnelle et artisanale qui sont relativement importantes. Par ailleurs, le plan d'aménagement appliqué actuellement ne tient pas compte des interactions possibles entre les différentes pêcheries, surtout pour les zones de pêche proches des côtes où l'on note une concurrence entre les activités industrielle, artisanale et traditionnelle.

Pour les thonidés, il n'existe aucun plan d'aménagement précis. Les stocks étant mal connus, la politique appliquée est l'octroi de licences à différents armateurs qui en font la demande pour essayer de tirer le maximum de profit du passage des thonidés dans les eaux malgaches. Il est actuellement difficile d'évaluer les stocks disponibles dans les eaux malgaches. D'abord, parce que ce sont de grands migrateurs dont seulement une partie de la population passe saisonnièrement dans la ZEE malgache, le reste, apparemment la partie la plus importante, se concentre dans les eaux seychelloises et les eaux internationales du Nord-Est de Madagascar. Ensuite, l'administration malgache ne dispose pas de données sur les activités thonières pouvant être utilisées pour l'évaluation des stocks. Cette lacune est aggravée par la faiblesse de la collaboration entre les administrations des pays concernés de la région Ouest de l'Océan Indien. A ces problèmes s'ajoutent l'absence d'un contrôle effectif et l'insuffisance des compétences nationales dans l'évaluation des stocks thoniers.

En ce qui concerne les langoustes du Sud, en dehors de la règlementation prévue au niveau des captures (interdiction de l'usage de harpon et de fusils, interdiction de capture des femelles ovées et des individus n'ayant pas dépassé l'âge de la reproduction, limitation de la campagne de pêche à huit mois), la recherche de la régulation de l'effort de pêche est effectuée par la limitation du nombre de collecteurs par zone de production (le débouché étant limité, les pêcheurs ne chercheront pas à produire plus). Dans la pratique, la concurrence entre les sociétés de collecte, dont le nombre a encore augmenté, a incité les pêcheurs à produire davantage en allant jusqu'à capturer les juvéniles qui représenteraient, selon les opérateurs plus sensibles à la protection des stocks, 60% des mises à terre. La dispersion des villages de pêcheurs et l'insuffisance de la couverture administrative ne permettent pas la collecte régulière des informations et le contrôle des activités de pêche à la langouste. La méthode de régulation de l'effort de pêche n'est pas efficace.

Enfin, concernant les principaux lacs. on prévoit actuellement des mesures d'aménagement telles que la limitation du nombre d'engins utilisés par surface d'eau et la fermeture de la pêche pendant la période de reproduction. L'insuffisance de la couverture administrative rend difficile l'application de ces mesures d'aménagement. En outre, les procédures d'octroi d'autorisations de pêche sont tellement longues et compliquées que les pêcheurs s'abstiennent de les suivre et le plus souvent, ce sont les collecteurs qui fournissent le matériel de travail aux pêcheurs qui demandent les permis de pêche. Par ailleurs, cette législation qui impose le paiement d'une redevance et qui n'est pas appliquée systématiquement pour les plans d'eaux continentaux semble être discriminatoire si l'on se rappelle que l'exercice de la pêche maritime (traditionnelle, artisanale et même industrielle) est gratuit. L'aménagement de l'exploitation des principaux lacs est impératif pour que la pêche continentale puisse maintenir son niveau de production actuelle. En parallèle, la prolifération du fibata, poisson vorace qui se place en haut de la pyramide alimentaire de la faune ichtyque, constitue une menace pour la biomasse de l'ensemble des plans d'eaux continentaux. Toujours dans le domaine de la pêche continentale, il faut signaler le problème particulier de certains plans d'eaux envahis par des plantes aquatiques qui gênent et parfois rendent impossible leur exploitation.

8.2. Propositions d'actions

Les soucis d'aménagement doivent être concentrés principalement sur l'exploitation des ressources susceptibles d'être ou étant déjà soumises à une pêche intensive. Ainsi l'action de base à mener est de suivre en permanence les différentes pêcheries, de prendre et d'appliquer les mesures d'aménagement nécessaires dès que l'effort de captures s'intensifie et avant que n'apparaissent les premiers signes de surexploitation. Cette action reste l'une des activités principales du système statistique à mettre en place. Pour les produits destinés au marché extérieur, il faut considérer en priorité les crevettes, puis les langoustes, ensuite les thonidés et enfin diverses ressources apportant aux pêcheurs des revenus appréciables et à l'économie nationale un complément de devises non négligeable.

En ce qui concerne les crevettes, il faut d'abord évaluer les stocks sur la côte Est et réévaluer ceux sur la côte Ouest, en intégrant les paramètres se rapportant à l'exploitation par les pêches traditionnelle et artisanale. Ensuite, il faut réunir les données socio-économiques (notamment coûts-avantages) sur les différentes pêcheries (industrielle, artisanale, traditionnelle) pour préparer une modélisation bio-économique présentant les revenus et bénéfices socio-économiques pour chaque option possible d'aménagement. Enfin, formuler un plan d'aménagement, l'expliquer et le discuter au cours d'un séminaire réunissant les décideurs, les techniciens et les représentants des différentes branches de la profession. En attendant ces nouvelles règles qui doivent régir l'exploitation des ressources crevettières et par mesure de prudence, il faut geler l'effort de pêche à son niveau actuel et appliquer strictement les mesures d'aménagement prises jusqu'à présent.

Pour la pêche à la langouste du Sud, il faut continuer et compléter la collecte des données sur la capture et l'effort de pêche ainsi que des informations socio-économiques sur l'ensemble de la filière (pêche, collecte, conditionnement, commercialisation). Ces éléments doivent être analysés pour la formulation d'un plan d'aménagement de l'exploitation de la langouste du Sud de Madagascar qui, comme celui des crevettes, doit être examiné par les décideurs, les techniciens et les opérateurs concernés avant sa mise en application. En attendant, il faut prendre des mesures drastiques pour empêcher la pêche et la commercialisation des individus n'ayant pas dépassé l'âge de reproduction (20 cm de long) et des femelles ovées. Pour ce faire, une action de sensibilisation intensive doit être menée au niveau des pêcheurs et un contrôle strict, appuyé d'une menace de sanction sévère (retrait provisoire ou définitif de l'autorisation), doit être appliqué au niveau des sociétés de collecte. Enfin, il faut raccourcir la durée et changer la période de fermeture de la campagne langoustière.

Dans le domaine thonier, l'administration doit en priorité mettre en oeuvre les différentes actions déjà citées en ce qui concerne le contrôle des activités de pêche pour pouvoir obtenir un maximum d'informations. Une étroite collaboration avec les pays pêcheurs et avec les états riverains de l'Ouest de l'Océan Indien est une nécessité impérieuse :

  1. - avec les pays pêcheurs, pour avoir accès aux informations détaillées de base et comprendre leur stratégie de développement. Dans ce cas la collaboration peut être formalisée au niveau des accords de pêche en prévoyant l'obligation pour le partenaire de prendre en charge la mission d'un scientifique ou d'un technicien national auprès de l'institution chargée de compiler et d'analyser les données de pêche des bateaux autorisés à pêcher dans la ZEE malgache;

  2. - avec les états riverains de l'Ouest de l'Océan Indien, pour essayer d'adopter un plan d'aménagement et une politique de développement communs visant à harmoniser les stratégies adoptées par chaque pays. La voie à suivre est de soutenir l'idée de la création de la WIOTO (West Indian Ocean Tuna Organization) ou organisation thonière de l'Ouest de l'Océan Indien, d'y adhérer et de participer activement à ses activités.

Pour la pêche continentale, l'action urgente et prioritaire à mener est la formulation et l'application de plans d'aménagement appropriés pour les lacs Alaotra, Kinkony, Itasy, Tsiazompaniry, Mantasoa et Antohomaro. Le système de gestion de l'exploitation actuel est trop lourd et difficile à appliquer. Plus tard, on doit envisager le réempoissonnement de ces lacs, si les mesures d'aménagement prises n'arrivent pas à reconstituer le niveau du potentiel halieutique normal de ces lacs. Il faut souligner que cette disposition nécessite un financement assez important alors qu'un plan d'aménagement bien conçu aussi contraignant soit-il, ne demande aucun investissement. L'autre action importante à mettre en oeuvre immédiatement est la maîtrise de la prolifération du fibata qu'il faut, si possible, limiter par l'identification et l'application de mesures appropriées. Enfin, pour certains plans d'eaux continentaux envahis par les plantes aquatiques (jacinthes, nénuphars, algues filamenteuses) il faut identifier et appliquer les méthodes permettant de les éliminer ou, du moins, de limiter leur prolifération. Il convient de réaliser un test au niveau d'un plan d'eau avant de généraliser l'application des méthodes retenues (introduction d'herbivores, action mécanique ou chimique, etc). A noter que l'élimination de ces plantes aquatiques nécessitera un programme à long terme et assez coûteux.

En dernier lieu, pour compléter les actions urgentes à mener dans le domaine de l'aménagement des pêcheries et la conservation des stocks, il faut mentionner la nécessité de localiser et de posséder une description détaillée de l'exploitation de certaines ressources soumises à une exploitation intensive telles que les trépangs et les coquillages à nacre et d'ornementation. Dans un premier temps, il faut que les services décentralisés de la DRH établissent une monographie de ces pêcheries afin de déterminer les études nécessaires à leur aménagement. En attendant, l'application rigoureuse des règlementations en viguer, notamment celles concernant la taille marchande, est une nécessité.

Programme 9 - Amélioration de l'intervention de l'administration

9.1. Situation actuelle et contraintes

Les problèmes et contraintes qui gênent ou limitent l'intervention de l'administration dans la promotion, la gestion et le suivi du développement de la pêche et de l'aquaculture sont tout d'abord l'insuffisance des moyens dont elle dispose et ensuite l'absence d'une coordination appropriée de l'intervention aussi bien des différents départements et institutions concernés que des organismes de coopération et de financement extérieurs. Ainsi, même dotée d'un plan directeur définissant les actions qu'elle doit entreprendre, la DRH ne possède pas les capacités financières et matérielles nécessaires ainsi que les cadres suffisants pour son exécution. Ces problèmes sont aggravés par le fait que sa structure reste incompléte et mal adaptée à la réalisation de ses attributions qui sont, par ailleurs, surchargées inutilement d'activités de production mieux assurées par le secteur privé.

La structure actuelle de la DRH ainsi que l'organisation de son fonctionnement présentent, aux échelons central et décentralisé, des lacunes notamment pour la collecte et le traitement des données statistiques, pour la mise en oeuvre des actions de vulgarisation et d'appuis techniques à fournir aux opérateurs et pour l'application d'un contrôle effectif des activités concernées par la pêche. Les nombreuses subdivisions verticales au niveau des services décentralisés alourdissent les flux d'informations et de décisions et compliquent la coordination entre les cellules d'exécution et l'organe de conception centrale.

La compilation des données statistiques provenant des agents de terrain et des opérateurs économiques des pêches est effectuée seulement au niveau central. Des statistiques structurelles sur la pêche traditionnelle maritime et continentale ont été obtenues par un recensement exhaustif au niveau de tous les villages de pêcheurs. La collecte des données sur l'effort et la capture de la pêche traditionnelle a été réalisée en 1990 mais doit être effectuée de façon permanente. Les autres éléments statistiques (débarquement des chalutiers crevettiers, pêche étrangère aux thons dans la ZEE malgache, production d'alevins, collecte de crevettes, collecte de langoustes, collecte de crabes, volume et valeur des exportations, consommation locale de produits halieutiques) sont fournis, partiellement et irrégulièrement. La disponibilité permanente de ces données statistiques est pourtant primordiale afin de mieux gérer les activités des différentes pêcheries.

En ce qui concerne la vulgarisation de nouvelles techniques et l'appui technique aux opérateurs, ils n'ont été effectifs et efficaces que dans le cadre de projets précis, bien localisés et bénéficiant d'une assistance extérieure tant technique que financière (projet PNUD/FAO pour la rizipisciculture et l'aquaculture de crevettes, projet GTZ pour la pêche traditionnelle améliorée, don japonais pour la pêche artisanale).

Quant aux contrôles, ils restent limités aux environs immédiats des localités où est représentée l'administration. Les agents assurent en même temps le rôle de vulgarisateurs et d'agents de répression ce qui pose parfois des problèmes au niveau de l'exécution des activités de terrain, surtout concernant la sensibilisation des pêcheurs. Le contrôle au niveau de la pêche traditionnelle est très peu significatif vu l'importance de la dimension de cette pêcherie et l'insuffisance de la couverture administrative. Pour les pêches artisanale et industrielle, les contrôles (capture, zone de pêche) se font, à postériori, à partir des fiches de pêche et des rapports des opérateurs. Des contrôles plus poussés sont effectués au niveau de la commercialisation (origine et salubrité), mais en général, notamment en ce qui concerne la qualité des produits, l'agent de contrôle se fie au savoir-faire de l'opérateur et se limite à un examen visuel pour la délivrance des certificats prévus à cet effet.

Enfin, il faut signaler que le développement de la pêche et de l'aquaculture implique l'intervention de plusieurs départements ministériels. La coordination institutionnelle entre la plupart de ces départements se fait à l'heure actuelle seulement au niveau de la Commission Interministérielle des Pêches et ne concerne que la pêche maritime. Il est aussi à remarquer que le Ministère chargé de la défense et celui de la recherche participent à cette commission, par le biais de leur représentant (Etat Major des Forces aéronavales et CNRO) seulement à titre d'observateur. Par ailleurs, les différents départements ministériels et institutions agissent souvent en ordre dispersé et leurs soucis pour la réalisation des mêmes objectifs sont parfois divergents, voire contradictoires, faute de concertation et de coordination. Tel est par exemple le cas de certaines taxes qui, pour les uns, doivent être diminuées ou supprimées pour stimuler la production et pour les autres doivent être augmentées ou maintenues pour renflouer les caisses de l'Etat, tout cela dans l'objectif commun de redresser l'économie dans son ensemble.

Enfin, aussi bien au niveau de la conception que de l'exécution des projets de développement, il faut signaler que l'approche différente des bailleurs de fonds et organismes d'assistance technique ainsi que le manque de concertation entre eux ont conduit très souvent à la mise en oeuvre séparée d'actions pourtant complémentaires ou à l'acquisition d'un financement important pour des projets dont la priorité n'est pas évidente au niveau du plan national.

9.2. Possibilités de développement et propositions d'actions

Des séries de mesures synergiques et complémentaires sont à prendre pour améliorer l'intervention de l'administration. D'abord, il faut (i) démarrer et suivre l'exécution du plan directeur et, en même temps, (ii) il faut redéfinir les attributions de la DRH et adapter sa structure et ses moyens aux besoins du secteur. En parallèle, on doit (iii) créer un environnement économique et juridique favorable au développement du secteur et (iv) rendre effectif et plus efficace le système de contrôle. Enfin, il est impératif (v) de renforcer la coordination entre les institutions concernées par la pêche et l'aquaculture.

9.2.1. Démarrage et suivi de l'exécution du plan directeur

Le processus de planification doit être permanent et par conséquent ne s'achève pas avec le document du plan directeur car les objectifs peuvent changer et des éléments nouveaux (ex: découverte de nouvelles ressources, large succès ou échec d'une action retenue comme prioritaire) peuvent conduire à la réorientation des actions prévues dans le plan directeur. A cet effet, il faut développer les capacités de planification régionale (pour les services provinciaux) et de planification nationale (pour la direction centrale). Cette action nécessite des explications clarifiant le choix des priorités des actions à mener au niveau de chaque région, la formation des cadres et la réorganisation de la structure de la DRH.

Pour pouvoir démarrer le plan et atteindre les objectifs fixés selon le planning prévu, un Programme cadre de développement de la pêche et de l'aquaculture (pour la période 1992–1996), qui regroupe les actions prioritaires, est proposé. Le financement de ce programme cadre ne pourra pas être couvert uniquement par les possibilités du Gouvernement. Aussi, fallait-t-il prospecter les bailleurs de fonds potentiels du secteur en essayant d'orienter et de concentrer leurs apports pour le soutien de ce programme afin d'éviter un gaspillage des ressources financières pour des projets hors programme. En parallèle, et c'est évident, tous les moyens de l'administration doivent servir à la réalisation de son plan.

Pour mobiliser les fonds, rationaliser leur utilisation, coordonner l'intervention des organismes de financement et d'assistance technique et démarrer le programme, il faut créer une structure d'appui à la gestion et à l'exécution dudit programme. Cette structure sera chargée d'assister l'administration dans la conduite de la réalisation du programme cadre à laquelle doit participer les différents services, aussi bien centraux que décentralisés de la DRH.

9.2.2. Redéfinition des attributions de la DRH et adaptation de sa structure et de ses moyens aux besoins du secteur

Il faut en priorité que la DRH délaisse les activités de production pour mieux assurer et mieux concentrer ses activités sur les autres fonctions. Ainsi, elle doit arrêter le ravitaillement des pêcheurs en matériel de pêche. Cette fonction devant être assurée par les commerçants spécialisés et, comme il a été déjà mentionné, par les collecteurs, surtout dans les villages éloignés des centres urbains.

Une autre action à mener est la privatisation progressive de la production d'alevins de poissons d'eau douce destinés, pour une large part, à la rizipisciculture. Il faut tout d'abord abandonner définitivement les stations piscicoles secondaires inactives depuis plus d'une décennie. D'autres, justifiant économiquement une réhabilitation pourraient, une fois remises en état, être confiées à des opérateurs privés comme station de production d'alevins. Enfin, une ou deux stations, au maximum, doivent être gardées et utilisées par l'administration pour la formation, la recherche et le maintien des souches de géniteurs performants. Par ailleurs, il faut promouvoir le développement de la production d'alevins en milieu paysan. Cette action doit être soutenue par un effort intense de vulgarisation de la pisciculture afin de démontrer la rentabilité de l'opération et afin d'ouvrir un marché important à la cession d'alevins qui deviendra, dès lors, une activité lucrative qui intéressera les opérateurs privés. Le rôle de l'administration doit être concentré sur l'encadrement des producteurs d'alevins.

Par ailleurs, la station salmonicole de Manjakatompo, ayant comme seule activité la production de truite portion destinée aux restaurateurs ou directement aux consommateurs de la capitale, doit être confiée à un opérateur privé, sa gestion par l'administration n'ayant aucune justification. Cette mesure doit être aussi appliquée à la station ostréicole de Toliara et un peu plus tard, au centre d'élevage de crevettes de Nosy-Be.

Enfin le mode d'exploitation actuel des dons octroyés au gouvernement, qui restent propriété de l'administration mais qui sont gérés en location par des privés; doit être revu. La meilleure formule, si elle est acceptée par les donateurs, est la vente au meilleur offrant (prix et compétence technique) ou, à défaut, la location avec un coût incluant les frais d'amortissement réels. Ces formules permettent d'éviter, d'une part, la concurrence déloyale avec les opérateurs devant investir par leurs propres moyens et, d'autre part, permettent à l'administration d'éviter des dépenses de réhabilitation des infrastructures et équipements, la plupart du temps usés avant terme.

La Direction des Ressources Halieutiques doit aussi simplifier et mieux adapter sa structure pour réaliser ses principaux objectifs. La simplification concerne les structures des services de terrain à quatre niveaux (services provinciaux, circonscriptions, sections et brigades) qu'il faut ramener tout de suite à trois niveaux en transformant les sections en circonscriptions, puis à deux niveau dans les régions où cela est justifié. Il est jugé peu rationnel de disposer d'un Service Provincial des Ressources Halieutiques et d'une Circonscription des Ressources Halieutiques dans la même ville, ce qui est actuellement le cas. Cette nouvelle structure permettra non seulement d'accélérer le flux des informations et des décisions entre les cellules d'exécution et l'organe de décision mais surtout d'atteindre directement les opérateurs. Même si un changement de découpage territorial intervenait, il faudrait veiller à garder ces trois ou deux échelons. Outre la simplification de l'organisation, il faudrait redéfinir et bien différencier les attributions de chacun des services de terrain, décentraliser les moyens techniques et financiers et prévoir les moyens de fonctionnement avant l'installation d'un service décentralisé. Quant au renforcement, il conviendrait également d'adapter et de mettre en place un systéme statistique bien approprié. Ce qui doit se traduire par la création d'un service statistique au niveau de la direction centrale et par le recrutement d'agents permanents chargés de la collecte des données au niveau du terrain. Ce service statistique devra réaliser, d'une part, des enquêtes-cadres, selon une périodicité de cinq ans, pour obtenir une photographie de l'ensemble du secteur et, d'autre part, un suivi permanent selon un rythme mensuel pour disposer d'informations quantifiées sur la production et l'effort de pêche des principales ressources jugées importantes pour le moment et parmi lesquelles on relève :

Ensuite, il faut créer un poste d'économiste-planificateur au niveau central ; celui-ci sera appelé à gérer la mise en oeuvre du plan directeur et sera le responsable direct de la définition et de la coordination de l'exécution des programmes à prévoir pour l'application du plan.

La DRH doit aussi renforcer sa fonction d'encadrement non seulement au niveau de la production, mais aussi du stockage, du traitement et de la distribution des produits pour améliorer la qualité et éviter le gaspillage par altérations diverses. L'amélioration de l'intervention des encadreurs se fera, dans un premier temps, à travers les projets retenus dans le programme cadre à moyen terme, donc dotés des moyens nécessaires pour être réellement opérationnels.

9.2.3. Amélioration de l'environnement économique et juridique

L'une des actions à mener par la DRH pour consolider sa mission consiste à adapter le régime fiscal et juridique actuel aux besoins du secteur. Cette action doit viser notamment la promotion des investissements du secteur privé et l'amélioration des recettes de la caisse de l'Etat.

Pour la pêche traditionnelle, tout en favorisant le développement du crédit communautaire dans le cadre des projets intégrés, il faut faciliter l'accés au crédit institutionnel aussi bien pour le pêcheur individuel que pour les groupements. La DRH doit ainsi améliorer l'information halieutique des cadres des banques afin de mieux apprécier et juger les dossiers présentés et préparer avec eux des contrats types incluant la demande de crédits et la reconnaissance de dette.

Pour encourager les investisseurs dans la petite pêche, il faudrait diminuer les taxes d'importation des moteurs marins de petite puissance (inférieure à 25 CV) réservés à la pêche (gas-oil, pétrole) ainsi que des pièces détachées nécessaires, réduire celles sur les hameçons, sur certaines matières premières (essentiellement les fils) pour la fabrication des filets et sur certains équipements frigorifiques (fabriques de glace, isolant). L'ensemble des opérateurs du secteur des pêches devrait avoir un accès plus facile aux devises car ce secteur constitue une source importante de devises et le taux de croissance (en valeur) de l'exportation des produits halieutiques est plus rapide que celui des autres produits. Par ailleurs, au niveau de la collecte des poissons destinés au marché local, les impôts devraient être limités à la patente qui doit être fixée selon la nature des produits collectés et selon la fonction des opérateurs. En dehors de ces points, il faut identifier les autres mesures pour solutionner les problèmes fiscaux qui bloquent ou génent le développement des pêches traditionnelle et artisanale, dans le cadre d'une étude à mener dans le court terme. Cette étude doit aussi examiner en profondeur la création du fonds de développement des pêches qui apparaît d'une importance capitale, vu les difficultés d'accès au crédit institutionnel, l'insuffisance du budget alloué à l'administration et la nécessité de ne pas toujours dépendre de l'assistance extérieure. Ce fonds est destiné à financer ou à subventionner les investissements des pêcheurs principalement de la branche traditionnelle, à cautionner leurs prêts auprès des banques, à financer des projets de développement de la petite pêche et de l'aquaculture familiale, des projets de création de petites et moyennes entreprises pour la pêche ou la collecte ainsi que le financement des activités de recherches appliquées et les opérations de contrôle et de surveillance des pêches. Il peut être alimenté par une partie de la vente des licences, de la vente des dons, des amendes, etc.

Si d'un côté, on demande à l'Etat de diminuer ou de supprimer certaines taxes, de l'autre on propose d'imposer le paiement des licences à toute activité de pêche et d'aquaculture, nationale ou étrangère, sauf pour la branche traditionnelle.

Dans le domaine de la législation, il faut préparer les textes d'application de la nouvelle ordonnance règlementant la pêche et l'aquaculture en commançant par ceux destinés à être utilisés immédiatement et couramment :

D'autres textes, bien qu'étant moins urgents, devraient être entrepris dans un délai relativement rapide, à savoir :

9.2.4. Contrôle
9.2.4.1. Contrôle des activités de pêche

L'un des domaines les plus importants où l'administration doit améliorer son intervention est celui du contrôle. Au préalable, il faut souligner que toute action de contrôle doit être précédée et accompagnée de campagnes de sensibilisation, de vulgarisation et même de formation pour montrer ou expliquer ce que l'on doit faire et ce que l'on ne peut pas faire (techniques et engins prohibés, tailles minima pour les captures, technologie de traitement, qualité des produits, etc.). L'utilisation de matériel audio-visuel et d'affiches a déjà fait ses preuves pour améliorer les résultats de ces campagnes. Il faudrait qu'à terme, les agents de terrain ne s'occupent que de la vulgarisation et que le contrôle soit réalisé par des agents de la DRH spécialement mandatés à cet effet.

Au niveau de la capture, il faut exercer un contrôle pour éviter la surexploitation ou une mauvaise exploitation des ressources (captures de juvéniles ou d'individus n'ayant pas encore dépassé l'âge de la reproduction, etc.) qui pourraient conduire à la destruction des stocks.

Pour la pêche traditionnelle, la dispersion et l'enclavement des villages de pêcheurs conjugués à l'insuffisance de la couverture administrative limite les possibilités de contrôle. Dés lors, il faut concentrer le contrôle sur les ressources destinées au marché extérieur supportant un effort de pêche intensif et sur celles se trouvant proches des centres de consommation (langoustes, crevettes, trépangs, certains coquillages à nacre ou d'ornementation, faune ichtyque des lacs). Le contrôle doit être effectué au niveau des engins et techniques utilisés ainsi qu'au niveau des captures. Compte tenu des contraintes évoquées précédemment, il convient d'effectuer un contrôle de la collecte qu'il faut recouper par un contrôle au niveau des usines de traitement, de conditionnement et de stockage ainsi qu'au niveau de la commercialisation, afin de dissuader les opérateurs d'accepter des produits ne répondant pas aux normes exigées. Les pêcheurs ne trouvant plus de débouchés pour de tels produits, seront obligés de limiter leur exploitation.

Pour la pêche artisanale, encore peu développée et basée essentiellement dans les villes côtiéres, un contrôle exhaustif au port peut et doit être effectué notamment pour les licences, les engins de pêche et les captures.

En ce qui concerne la pêche industrielle nationale, le contrôle des engins, des zones de travail et des captures est à effectuer de temps à autre à bord et par des observateurs à imposer aux sociétés. Le contrôle doit aussi être appliqué systématiquement au niveau de l'usine (composition des débarquements, quantité et qualité) ainsi qu'au moment des expéditions.

Pour la pêche étrangère, il faut doter la DRH d'un réseau de stations radios côtières reliées à une antenne à l'échelon central pour recevoir les déclarations des bateaux à l'entrée et à la sortie de la Zone Economique Exclusive malgache (positions, captures à bord). Ensuite, la DRH doit exiger, sous peine de suspension de la licence ou d'autres sanctions, la transmission rapide et régulière des fiches de pêche et être dotée des moyens matériels et des compétences techniques pour traiter les informations reçues.

En outre, il faut imposer dans les accords la possibilité d'embarquer des observateurs formés préalablement. D'autres mesures doivent être prises pour renforcer le contrôle des activités des bateaux étrangers telle que l'instauration de la concurrence, par exemple par l'octroi de licences à des armateurs différents, voir à des pays différents. Les irrégularités des uns non tolérées par les autres seront signalées.

Par ailleurs, la DRH doit instituer un mécanisme de collaboration très étroite avec le Ministère de la Défense (Forces aéronavales) afin de mobiliser, le cas échéant, le plus rapidement possible les moyens que peut apporter cette dernière. Il faut dans le court terme, mener une étude sur les coûts et avantages d'un système de contrôle basé sur des moyens plus conséquents (bateau, avion) ou sur des méthodes beaucoup plus persuasives. Sur le plan de la coopération, la DRH doit avoir une relation très étroite avec les organismes des pays à qui appartiennent les bateaux étrangers pêchant dans les eaux malgaches et qui sont chargés de compiler et de traiter leurs données de pêche.

Pour le cas spécifique des crustacés en eaux profondes, ressources relativement plus sédentaires et proches des eaux territoriales, il faut prévoir l'obligation pour les bateaux étrangers de venir dans un port malgache, pour contrôle, embarquement ou débarquement d'observateurs, avant et après chaque marée. Le transbordement sur un navire de transport doit être effectué à quai.

9.2.4.2. Contrôle de qualité

En ce qui concerne la qualité des produits, il faut en priorité former les agents de contrôle de l'administration et les doter de moyens appropriés. Dans un premier temps, on doit installer des laboratoires de contrôle de qualité au niveau des principaux centres d'exportation (Antsiranana, Nosy-Be, Mahajanga, Tolagnaro, Toamasina, Antananarivo). Ce contrôle de qualité à l'exportation est important, non seulement pour préserver l'image de marque des produits malgaches à l'extérieur, mais aussi pour éviter que des quantités plus ou moins importantes de produits avariés incitent l'importateur, seul ou tacitement avec l'exportateur, à augmenter les pertes déclarées officiellement.

Pour le marché local, il faut renforcer le système de contrôle de qualité au niveau des marchés et autres magasins dans les localités où la DRH est représentée et faire appel à la collaboration des agents d'autres départements (Elevage, Eaux et Forêts) pour les autres endroits. Ces derniers devraient être préalablement formés. Dans ce domaine de contrôle de qualité des produits destinés au marché intérieur, il faut porter une attention particulière au problème des poissons saisonièrement et totalement ou partiellement toxiques. Une étude doit être menée pour protéger les consommateurs et éviter un manque à gagner au niveau des pêcheurs si on en interdisait complètement la commercialisation.

9.2.5. Renforcement de la coordination

Pour compléter l'amélioration de l'intervention de l'administration, il faut renforcer la coordination entre les différentes institutions impliquées dans le développement de la pêche et de l'aquaculture.

Tout d'abord, la Commission Interministérielle des Pêches doit élargir ses membres au Centre National des Recherches Océanographiques et au Ministère de la Défense, actuellement invités à titre consultatif. En plus, elle doit adjoindre à ses membres une représentation consultative d'organisation de la profession (pêches industrielle, artisanale, traditionnelle et aquaculture). Il faut étendre les domaines de sa compétence à la pêche continentale et à l'aquaculture. Par ailleurs, le nombre peu élevé des réunions de la Commission milite en faveur de la création, en son sein, de comités techniques restreints.

Ensuite, pour se rapprocher beaucoup plus du terrain, pour identifier et résoudre les problèmes auxquels il faut faire pour développer la pêche et l'aquaculture, il faut instituer des Conseils de la pêche et de l'aquaculture au niveau des faritany, regroupant des représentants de l'administration, des différentes institutions concernées et des opérateurs.

Par ailleurs, il faut intensifier les mécanismes de coopération et renforcer le flux d'informations entre l'administration (des pêches, de la recherche, de la formation) et les professionnels. Dans ce sens, on doit, entre autres, renforcer la capacité matérielle et budgétaire de la documentation de la DRH, des institutions de recherches et de formation pour permettre une large diffusion des documents et publications ayant trait au développement ou à l'aménagement du secteur.

Enfin, les programmes de recherches et de formation doivent être conçus en collaboration étroite avec la DRH et les institutions de recherches et celles de la formation.

Programme 10 - Support aux institutions concernées par le développement des pêches

10.1. Situation actuelle et contraintes

Les principales institutions de soutien des programmes de développement des pêches sont celles de la recherche et celles de la formation.

Parmi les institutions de recherches dans le domaine de la pêche et de l'aquaculture, il faut citer le Centre National de Recherches Océanographiques et l'Unité de Formation Supérieure Halieutique, mais aussi les Universités de Toliara et d'Antananarivo. Ces institutions ont toujours agi en ordre dispersé sans directives claires et précises concernant les programmes prioritaires à exécuter. L'identification de leurs activités a été laissée à l'initiative des responsables de laboratoire ou des directeurs de centre de recherches qui ont opté le plus souvent pour des études fondamentales ne répondant que rarement aux besoins du secteur. Cela est principalement dû à l'absence d'une réelle collaboration, se traduisant par l'absence d'une coordination des actions, entre le ministère chargé de la pêche et de l'aquaculture et les institutions de recherches. Par ailleurs, ces dernières n'arrivent pas à obtenir des opérateurs les éléments nécessaires à la réalisation de leurs activités. En effet, si ces opérateurs privés acceptent, tant bien que mal, de transmettre des informations à la DRH chargée d'examiner et d'approuver, le cas échéant, leurs projets, ils ne voient pas, en revanche, l'intérêt de communiquer des données aux institutions de recherches qui, de ce fait, préfèrent s'orienter vers d'autres études pour lesquelles les renseignements nécessaires sont plus faciles à obtenir. De surcroît, l'insuffisance des moyens mis à leur disposition oblige ces institutions à se limiter à des programmes peu coûteux et pas nécessairement prioritaires. Même doté de moyens matériels plus conséquents, tel un bateau de recherche, un centre de recherches n'arrive pas à supporter les frais de fonctionnement et d'entretien, de telle sorte que les investissements réalisés sont mal utilisés et ne sont pas rentabilisés. Enfin, parmi les problèmes des institutions de recherches dans le domaine de la pêche et de l'aquaculture, il faut signaler l'insuffisance d'expériences pratiques d'une partie des chercheurs qui possèdent toutefois les connaissances de base nécessaires.

Dans le domaine de la formation, Madagascar possède plusieurs structures spécialisées : l'UFSH, qui forme des ingénieurs halieutes, l'EASTA, pour la formation d'agents techniques et l'ENEM, spécialisé dans la formation du personnel naviguant. Par ailleurs, des centres de formation de pêcheurs ont été mis en place dans le cadre de projets (Apostolat de la mer à Toamasina pour la pêche artisanale et GTZ à Nosy-Be pour la pêche traditionnelle). Ces structures ont été mises en place d'urgence pour répondre à des besoins sentis et non chiffrés. Actuellement, la meilleure connaissance du secteur et l'identification des grands axes de développement à suivre permettent de constater que les profils de formation existants ne satisfont pas à tous les besoins du secteur, aussi bien pour l'administration que pour le secteur privé. Le problème crucial pour les structures de formation est l'insuffisance des moyens financiers et du personnel enseignant. Certaines structures, comme l'UFSH et le centre de formation des pêcheurs à Nosy-Be, risquent de péricliter sans la poursuite de l'assistance extérieure. Les conditions de formation à l'EASTA de Mahajanga sont très précaires à cause du manque de crédit de fonctionnement et d'enseignants permanents ainsi que de l'inexistence de matériel pédagogique. En plus, le programme a été conçu initialement pour la formation de techniciens destinés à l'administration qui n'a pas de poste budgétaire pour leur recrutement. Or, les techniciens formés n'ont pas reçu les connaissances théoriques et pratiques nécessaires pour travailler dans le secteur privé. Enfin, la formation des pêcheurs traditionnels dans un établissement scolaire limite la zone d'action et crée différents problèmes pour les intéressés. En effet, il est difficile de déplacer les pêcheurs loin de leur village. Par ailleurs, le départ de chez eux laisse leur famille sans ressource et il est inconcevable de leur demander de payer des frais de formation. Une telle structure, sans une assistance extérieure, ne peut pas être viable.

10.2. Propositions d'actions

10.2.1. Recherche

L'action prioritaire à mener est l'élaboration d'un plan de recherches appliquées prioritaires pour le secteur de la pêche et de l'aquaculture Cette action qui, dans son exécution, doit impliquer étroitement la DRH, les centres et les institutions de recherches concernées et les opérateurs privés, doit marquer le début d'une collaboration et d'une concertation à renforcer entre ces entités. Il est patent que les programmes à retenir dans ce plan doivent soutenir les nouvelles stratégies définies pour le développement de la pêche et de l'aquaculture. La priorisation de ces programmes doit correspondre à celles des actions prévues pour promouvoir et gérer l'exploitation halieutique et l'aquaculture L'étape suivante est la mobilisation des moyens nécessaires pour la mise en oeuvre de ce plan de recherches, en prospectant aussi bien l'administration que les bailleurs de fonds extérieurs et les sociétés qui, en fait, peuvent être les principaux bénéficiaires des résultats de ces recherches.

Pour élaborer ce plan, il conviendrait premièrement de réactualiser les études effectuées au cours des cinq dernières années sur les disponibilités humaines et techniques (y compris l'inventaire des principaux équipements et matériels) des centres et institutions concernés par la recherche en pêche et en aquaculture (CNRO, CNRE, FOFIFA, UFSH, Universités, projets, etc.). Deuxièmement, il faut effectuer un inventaire des recherches en cours ou projetées à court et moyen terme, identifier les contraintes et évaluer l'adéquation des activités de recherches par rapport aux statuts ou termes de références des institutions concernées. Troisièmement, il faudrait analyser les besoins et dégager les priorités en matière de recherches appliquées à court et moyen terme, compte tenu des orientations du présent Plan directeur et des disponibilités en personnel et en intrants (équipements, financement local et international). Quatrièmement, il faut proposer un système d'échange d'informations et un système de coordination des activités de recherches entre les différentes institutions et centres concernés et entre ces institutions, la DRH et les opérateurs privés.

Pour chacun des thèmes de recherche prioritaires retenus, une fiche synoptique précisant les objectifs, les activités, les budgets, les besoins éventuels en formation et le plan de travail, en tenant compte de la synergie entre les différents thèmes/activités retenus, doit être élaborée. Ensuite, une liste des thèmes de recherches appliquées et fondamentales à envisager à plus long terme sera dressée.

Par ailleurs, au lieu d'investir dans l'acquisition de navires de recherches trop coûteux et dont les charges de fonctionnement dépassent les possibilités de l'administration, la meilleure formule pour le moyen terme est d'encourager la conclusion d'un protocole de recherches avec les sociétés privées qui, soit durant les campagnes de pêche, soit durant les périodes de fermeture, peuvent mener, sous la conduite des scientifiques et selon des conditions à définir, des programmes de recherches qui intéressent les activités de ces sociétés.

Enfin pour perfectionner la spécialisation des chercheurs, il ne faut pas hésiter à faire appel à des compétences internationales pour les encadrer dans le cadre de différents programmes soutenus par un financement extérieur.

10.2.2. Formation

Le préalable le plus important est la connaissance des besoins du secteur de la pêche et de l'aquaculture en personnel spécialisé, aussi bien par l'administration que pour le secteur privé. Une étude a été menée dans ce sens. Cette étudė a eu pour objectifs : de déterminer les besoins en formation actuel et futur dans le secteur halieutique et aquacole, d'évaluer ensuite l'efficacité et l'utilité des systèmes actuels de formation et enfin de formuler les nouvelles orientations de la formation halieutique par rapport aux besoins du secteur et par rapport aux possibilités du pays 1. Il ressort de cette étude qu'il faut favoriser les formations plus professionnelles, plus particulièrement celles de courte durée, répondant aux besoins à court et moyen terme exprimés par les opérateurs. Par ailleurs, il faut assurer la formation à tous les niveaux, péréniser la formation des ingénieurs halieutes, et coordonner les activités des établissements de formation existant.

Pour ce faire,

1 Adaptation de la formation halieutique aux besoins du secteur (analyse et propositions), Antananarivo, 1993
2 Institut Halieutique et des Sciences Marines (IHSM) a été créé en fin d'année 1992 au sein de l'Université de Toliara. Il regroupe la station marine, la filière océanologie et l'UFSH.

Certaines conditions doivent être remplies pour que la formation soit efficace et utile : la disponibilité en équipements et infrastructures nécessaires, la présence d'un encadrement suffisant et permanent et l'octroi d'un budget conséquent. En ce qui concerne le cas spécifique de l'EASTA, si on n'arrive pas à la doter du matériel et de l'équipement didactique adéquat, il serait préférable de fermer cet établissement. Le recours à l'assistance extérieure apparait indispensable compte tenu des moyens limités de l'administration, mais cette dernière doit chercher les meilleures solutions pour permettre à ces structures de formation de poursuivre leur mission au delà de cette assistance. Pour ce faire, il faut en priorité se pencher sur la formation des formateurs et avoir la volonté de réserver un budget suffisant pour ces structures au même titre, sinon un peu plus, que les établissements scolaires ou universitaires qui forment pour la plupart des généralistes. Certaines spécialités telles que celles des techniciens et cadres supérieurs en froid, maintenance, finances, gestion et commercialisation pourraient être mieux satisfaites par d'autres instituts ou écoles spécialisées déjà existants (INPF, Polytechnique, INSCAE, ISCAM, etc.) que par les quatre établissements spécialisés en pêches et aquaculture. Enfin, il faut prévoir des stages de formations spécifiques de courte durée dans des domaines particuliers tels que la collecte, la gestion des petites et moyennes entreprises, le conditionnement et la transformation des produits.

Pour la formation des pêcheurs traditionnels, la meilleure formule est d'envoyer des vulgarisateurs dans les villages des pêcheurs. Ainsi pour le court terme, après avoir formé les vulgarisateurs selon les spécificités des améliorations techniques et technologiques à apporter dans une zone donnée, il faut commencer la formation des pêcheurs à travers des projets pilotes bien localisés. Le choix des projets pilotes doit être dicté par le souci de réaliser les principaux objectifs fixés par le plan. Compte tenu de l'étendue des zones de pêche exploitées par la pêche traditionnelle et en raison des moyens limités de l'administration, il est difficile de concevoir une assistance technique couvrant toutes les pêcheries. La méthode à suivre consiste à prioriser les projets et à les réaliser au fur et à mesure de l'acquisition des moyens nécessaires pour leur mise en oeuvre.

Pour une meilleure harmonisation des actions de formation et une coordination plus efficace dans l'utilisation des moyens matériels et humains, il est proposé d'organiser périodiquement (par exemple 2 fois par an) des rencontres entre les différentes entités concernées par la formation (formateurs, entrepreneurs, administration). Le coordonnateur du Programme cadre ou le Directeur des Ressources Halieutiques peuvent assurer l'organisation de ces rencontres. L'Administration de la pêche et de l'aquaculture chargée de la gestion du secteur, doit collaborer avec les responsables des écoles dans la recherche de stages et pour le suivi des sortants. Elle devrait également réserver des bourses à la formation des formateurs. Par ailleurs, elle devrait faciliter les contacts avec les bailleurs de fonds afin de permettre l'acquisition d'équipements et de documentation et de favoriser la mise en place des projets.


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