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6. ANALYSE ET EVALUATION DES RESULTATS DES REGIONS D'ANTSIRABE ET DE FIANARANTSOA

6.1. La (rizi)pisciculture pratiquée sur une grande échelle

6.1.1. Nombre de (rizi)pisciculteurs

Le pourcentage de (rizi)pisciculteurs dans la région d'Antsirabe (51%) est plus élevé que dans la région de Fianarantsoa (41%). Ceci s'explique par le nombre d'années pendant lesquelles le projet MAG/88/005 (et son prédécesseur MAG/85/014) a été actif respectivement dans les deux zones. Tandis que le premier projet a commencé avec la vulgarisation de la (rizi)pisciculture dans la région d'Antsirabe, le projet actuel a continué à partir de 1989 dans la région d'Antsirabe avec une extension dans celle de Fianarantsoa.

Etant donné que l'enquête géographique a avancé le pourcentage des exploitations agricoles enquêtées dans les régions d'Antsirabe et de Fianarantsoa qui pratiquaient la (rizi)pisciculture, et que notre échantillon a été tiré au hasard, une extrapolation, selon le RNA de 1984–1985 pour toutes les 139.823 exploitations agricoles dans la zone d'Antsirabe et les 131.495 exploitations agricoles dans la zone de Fianarantsoa, est possible et donne les résultats suivants (cf tableau 6.1.):

Tableau 6.1.: Extrapolation des résultats de l'enquête géographique pour toutes les exploitations agricoles, régions d'Antsirabe et de Fianarantsoa, campagne 1991–1992.

RégionRésultats enquête géographique (%)Extrapolation selon RNA (Nombre d'exploitants)
Pratiquants (rizi)piscicoles/ total Pratiquants rizipiscoles et piscicoles Pratiquants rizipiscolesPratiquants piscicolesPratiquants (rizi)piscicoles totalPratiquants rizipiscicoles et piscicolesPratiquants rizipiscicolesPratiquants piscicoles
Antsirabe519231971.31012.58432.15926.567
Fianarantsoa418161753.91310.52021.03922.354
Moyenne/Total468,519,518125.22323.10453.19848.921

Avec une précision de 8,3% pour la région d'Antsirabe, nous pouvons estimer le nombre de (rizi)pisciculteurs dans cette région entre 65.391 et 77.229. Pour la région de Fianarantsoa où la précision est de 5,3%, le nombre de (rizi)pisciculteurs est estimé entre 51.056 et 56.770.

Des 71.310 pratiquants de la (rizi)pisciculture dans la région d'Antsirabe, 44.743 pratiquent l'élevage de poissons en rizière (rizipisciculture) et 39.150 en étang (pisciculture). Concernant la région de Fianarantsoa, des 53.913 (rizi)pisciculteurs, 31.559 pratiquent la rizipisciculture et 32.874 la pisciculture. Notons que puisque certains exploitants pratiquent en même temps la rizipisciculture et la pisciculture, le nombre de (rizi)pisciculteurs est inférieur à la somme des rizipisciculteurs et pisciculteurs.

6.1.2. Comparaison des résultats de l'enquête géographique avec les informations existantes

Les résultats de cette enquête montre de façon incontestable que l'aquaculture - au sens large du terme - est pratiquée par beaucoup d'exploitations agricoles. Le fait que le pourcentage d'exploitations agricoles qui pratiquent la (rizi)pisciculture soit plus élevé dans la région d'Antsirabe s'explique par le fait que le projet actuel et son prédécesseur y est actif depuis 1985, tandis que le développement de l'aquaculture par la CIRRH/projet n'a commencé qu'en 1989 dans la région de Fianarantsoa.

Malgré une période de développement relativement courte, 7 années pour la région d'Antsirabe et 3 années pour celle de Fianarantsoa, les pourcentages d'exploitants agricoles qui pratiquent d'une façon ou d'une autre l'élevage de poissons en rizière ou en étang dans les deux régions sont très élevés. Ceci peut être expliqué par (i) la tradition piscicole : en effet, dans les années 60, la pisciculture - en particulier l'élevage de tilapia en étang - s'était développée, même si en règle générale ces étangs étaient très petits (< 1 are) (Kiener, 1963) ; (ii) l'interprétation du terme “aquaculture” : dans le contexte de ce rapport, toute personne qui, d'une façon ou d'une autre, intervient pour élever des poissons dans des rizières et/ou des étangs est considérée comme (rizi)pisciculteur. Cette intervention peut être limitée à attraper des poissons d'eau libre dans des rizières lors des inondations, à ensemencer un bassin/rizière avec quelques poissons pêchés dans un ruisseau mais inclut également tout degré d'application des normes techniques préconisées par les CIRRH/projet pour assurer une bonne récolte. Il s'agit donc de l'aquaculture au sens large du terme.

Il sera intéressant de comparer les résultats de l'enquête géographique avec les données disponibles au projet avant cette enquête.

Depuis la campagne 1986–1987, les agents de terrain de la région d'Antsirabe ont réalisé chaque année au mois d'avril-mai un recensement piscicole permettant de déterminer le nombre de rizipisciculteurs et pisciculteurs. Sachant que les agents de terrain recensent en général les pratiquants qu'ils encadrent, la cellule Suivi-Evaluation a préparé une enquête rizipiscicole en collaboration avec l'Opération de Développement Rural (ODR) et la Circonscription de la Production Agricole (CIRPA) d'Antsirabe (il est à noter que cette enquête concerne uniquement la rizipisciculture). Les résultats de cette enquête ont permis d'estimer le nombre de pratiquants rizipiscicoles de la région d'Antsirabe.

Pour la région de Fianarantsoa, le nombre de paysans rizipisciculteurs et pisciculteurs a été calculé par extrapolation dès la première campagne (1989–190) à partir des reçus de cession une fois que ces données ont été vérifiées auprès d'une grande partie des acheteurs.

Les nombres de pratiquants déterminés par les recensements réalisés par les agents de terrain ainsi que par l'enquête rizicole/rizipiscicole (ODR/projet) et l'enquête géographique sont présentés dans le tableau 6.2. Ce tableau confirme que les recensements ne tiennent compte que d'une partie restreinte des paysans qui pratiquent l'élevage en étang et/ou rizière, c'est-à-dire, a priori, ceux qui achètent une partie de leurs alevins chez les producteurs d'alevins et/ou au projet.

A part les différences entre les résultats des recensements et ceux des enquêtes, on constate à première vue une importante différence entre le nombre de rizipisciculteurs estimé par l'enquête ODR/projet et celui de l'enquête géographique. En effet, si la première enquête a estimé le pourcentage de rizipisciculteurs par rapport au nombre d'exploitations agricoles à 13%, la deuxième donne un chiffre de 35%.

Tableau 6.2. : Comparaison du nombre de pratiquants (rizi)piscicoles des différents recensements et enquêtes réalisés par/avec la CIRRH/projet.

CIRRHPratiquants (nombre)RecensementEnquête
ODR/projetgéographique
86/8787/8888/8989/9090/9190/9191/92
VakinankaratraRizipisciculteurs8902.7674.9815.3558.25018.54744.743
Pisciculteurs2.2492.7453.9673.6145.050-39.151
Total partiel(Rizi)pisciculteurs12.9404.8808.9488.96913.300-71.310
FianarantsoaRizipisciculteurs---3.0065.513-31.599
Pisciculteurs---1.9462.844-32.874
Total partiel(Rizi)pisciculteurs1---4.9578.357-53.913
Total(Rizi)pisciculteurs1---13.92621.657-125.223

1- Dans la mesure du possible, nous avons tenu compte du nombre de paysans qui pratiquent les deux activités en même temps.

Néanmoins, en analysant cette enquête rizipisciculture/rizipisciculture réalisée en collaboration avec l'ODR/CIRPA, nous pouvons constater que :

Par conséquent, toutes ces constatations nous amènent à croire que le nombre de paysans qui pratiquent la rizipisciculture (18.457) déterminé par l'enquête ODR/projet était une importante sous-estimation de la situation réelle.

Quoi qu'il en soit, il est incontestable que les pourcentages de 51% des exploitations agricoles qui pratiquent la (rizi)pisciculture pour la région d'Antsirabe et de 41% pour la région de Fianarantsoa sont assez élevés. Néanmoins, si le nombre de (rizi)pisciculteurs est très important, la qualité de leurs activités (rizi)piscicoles reste pour l'instant faible ou même très faible. N'oublions pas qu'une grande partie des 125.223 (rizi) pisciculteurs pratiquait de manière traditionnelle la (rizi)pisciculture, sans appliquer les techniques améliorées telles que vulgarisées par la CIRRH/projet. Même ceux encadrés par la CIRRH/projet appliquent en général assez mal les normes techniques.

Cependant, les enquêteurs ont confirmé que les pratiquants de l'aquaculture la font en général de façon extensive, mais toujours sérieuse. Ceci démontre le manque de connaissances techniques (rizi)piscicoles en milieu rural.

Le taux très important de (rizi)pisciculteurs et en particulier de ceux qui pratiquent la (rizi)pisciculture de façon traditionnelle dans les deux zones d'action de la CIRRH/projet, ainsi que le pourcentage élevé de non-pratiquants qui connaissaient la (rizi)pisciculture et en avaient même une certaine expérience (surtout dans la région d'Antsirabe) sont des informations nouvelles.

En conclusion, nous pouvons dire que l'ancienne méthode de suivi-évaluation de la CIRRH/projet (recensement) a toujours sous-estimé de façon substantielle la pratique et la connaissance de l'aquaculture. Ces résultats auront des conséquences sur la stratégie de vulgarisation piscicole de la CIRRH/projet, notamment sur la méthode actuelle de sensibilisation qui ne semble plus justifiée pour la plus grande partie des deux zones d'action du projet (notamment dans la région d'Antsirabe). Il serait à présent approprié de concentrer la sensibilisation/information sur les (rizi)pisciculteurs traditionnels plutôt que sur ceux qui ne connaissent pas l'activité.

6.2 La superficie totale importante des rizières et des étangs empoissonnés

6.2.1. (Rizi)pisciculteurs disposant d'une superficie totale plus élevée

La superficie totale moyenne des exploitants agricoles qui pratiquent l'aquaculture (cf tableaux 4.2. et 5.2.) était en général plus grande (29% pour la région d'Antsirabe et 7% pour la région de Fianarantsoa) que celle des exploitations agricoles qui ne la pratiquaient pas. Cela s'explique par le fait qu'un exploitant disposant de plus de terre peut choisir plus facilement un site favorable pour une rizière ou construire un étang.

6.2.2. La superficie rizipiscicole, jusqu'à présent sous-estimée

La superficie en rizières empoissonnées par rizipisciculteur recensé par l'enquête géographique était de 15,8 ares pour la région d'Antsirabe et de 20,0 ares pour la région de Fianarantsoa (cf tableaux 4.3. et 5.3.). Une extrapolation pour les 44.743 rizipisciculteurs estimés dans la région d'Antsirabe donnera une superficie rizipiscicole totale de 7.069 hectares (cf tableau 6.3.). Cette même extrapolation pour la région de Fianarantsoa où l'enquête géographique a estimé le nombre de rizipisciculteurs à 31.559, donnera une superficie en rizières empoissonnées de 6.312 hectares.

Concernant l'ensemble de la zone d'intervention du projet, nous pouvons dire que le nombre de pratiquants rizipiscicoles s'élève à 76.302 pour une surface empoissonnée de 13.381 hectares.

Les résultats de l'estimation des superficies en rizières empoissonnées de l'enquête géographique (13.381 ha) sont dix fois plus importants que ceux du dernier recensement rizipiscicole de la campagne 1990–1991 (1.317 ha). Ces chiffres confirment la fiabilité restreinte de l'ancien système de suivi-évaluation qui était limité à ceux qui achètaient des alevins chez les producteurs d'alevins et/ou auprès du projet.

Tableau 6.3.: Extrapolation des résultats concernant le nombre et la surface des rizières empoissonnées pour toutes les exploitations agricoles, régions d'Antsirabe et de Fianarantsoa, campagne 1991–1992.

RégionRésultats enquête géographiqueExtrapolation selon le RNA
Rizières empoissonnées par rizipisciculteurPratiquants rizipiscicoles
(%)
Pratiquants rizipiscicoles
(nombre)
Rizières empoissonnées
Nombre totalSuperficie totale
(ha)
NombreSuperficie totale
(are)
Antsirabe2,915,83244.743129.7557.069
Fianarantsoa2,620,02431.55982.0536.312
Total---76.302211.80813.381

6.2.3. Un quart des rizières empoissonné

L'enquête géographique a montré qu'environ 25% des rizières appartenant aux rizipisciculteurs ont été empoissonnées. Selon le Service Technique de la CIRRH/projet, environ 20% à 25% de la surface totale des rizières dans ces deux zones d'action sont propices à la rizipisciculture, c'est-à-dire ayant une maîtrise d'eau qui permet simultanément la culture du riz et l'élevage de poissons. Le chiffre avancé par l'enquête paraît donc, à première vue, assez élevé.

Néanmoins, le grand nombre de paysans qui avait abandonné la rizipisciculture à cause de problèmes d'eau indique déjà que les rizières n'ont pas été toutes bien choisies.

En outre, les résultats moyens en rizipisciculture (cf. rapports “Vérification de production (rizi)piscicole, campagne 1991–1992” des deux circonscriptions) montrent que les paysans (rizi)pisciculteurs ne sont pas toujours au courant de l'importance d'une bonne maîtrise d'eau.

En conclusion, on peut dire que beaucoup de rizières (un quart) sont empoissonnées mais apparemment pas toujours celles ayant une bonne maîtrise d'eau.

6.2.4. Beaucoup de pisciculteurs, mais des étangs relativement petits

La pisciculture est très répandue, aussi bien dans la région d'Antsirabe que dans la zone de Fianarantsoa. Dans cette dernière zone, la pisciculture en étang est même plus pratiquée (25% des exploitants agricoles) que la rizipisciculture (24%). La tradition de l'élevage de poissons en étang dans cette zone n'est certainement pas étrangère à ce phénomène.

Tableau 6.4.: Extrapolation des résultats concernant le nombre et la superficie des étangs piscicoles pour toutes les exploitations agricoles, régions d'Antsirabe et de Fianarantsoa, campagne 1991–1992.

RégionRésultats enquête géographiqueExtrapolation selon le RNA
Etangs empoissonnés par pisciculteurPratiquants piscicoles
(%)
Pratiquants piscicoles
(nombre)
Etangs empoissonnés
NombreSuperficie totale
(are)
Nombre totalSuperficie totale
(ha)
Antsirabe1,61,72839.15162.642666
Fianarantsoa1,22,92532.87439.449953
Total---72.025102.0911.619

Le tableau 6.4. montre que la superficie totale des étangs par pisciculteur recensé était de 1,7 are dans la région d'Antsirabe et de 2,9 ares dans la région de Fianarantsoa. Une extrapolation pour les 39.151 pisciculteurs estimés dans la zone d'Antsirabe donnera une superficie totale en étang de 666 hectares pour 62.642 étangs. Quant à la région de Fianarantsoa, cette extrapolation donne une superficie de 953 hectares pour 39.449 étangs appartenant à 32.874 pisciculteurs.

Il apparaît que la pisciculture en étang a pris un grand essor depuis la dernière estimation de Rabelahatra en 1988. La tradition en pisciculture, la vulgarisation piscicole actuellement bien organisée ainsi que l'installation de producteurs privés d'alevins en milieu rural sont sans doute à la base de ce développement.

Malgré le fait que l'estimation de la superficie totale en étang est assez élevée, la superficie moyenne par étang (de 1,1 are pour la région d'Antsirabe et de 2,4 ares pour la zone de Fianarantsoa) est toujours inférieure à celle préconisée par les CIRRH/projet pour la pisciculture améliorée (5 ares minimum).

Comme pour les superficies en rizière, ces résultats confirment la fiabilité restreinte de l'ancien système de suivi-évaluation. En effet, la superficie totale en étang est à présent estimée à 10 fois plus importante par rapport à celle du dernier recensement (1.605 ha contre 158 ha).

6.2.5. Comparaison entre la superficie totale recensée et celle de la liste de base

La liste de base venant du RNA de 1984–1985 donne par exploitation agricole une superficie totale. Une des questions que devaient poser les enquêteurs aux exploitants était “Quelle est la superficie totale de l'exploitation ?”. Nous avons trouvé une grande différence entre la superficie figurant sur la liste de base et celle réellement trouvée par les enquêteurs (cf. tableau 6.5.).

Tableau .6.5.: Comparaison de la superficie totale moyenne des exploitations agricoles enquêtées et celle suivant les données de la liste de base, régions d'Antsirabe et de Fianarantsoa, campagne 1991–1992.

FivondronanaExploitations agricoles enquêtées
NombreSuperficie totale moyenne par exploitation
Enquête géographique
(are)
Liste de base
(are)
Antsirabe II2816067
Betafo-Ouest20219185
Betafo-Est2021789
Faratsiho2121278
Ambatolampy204964
Antanifotsy4119360
Total/Moyenne Antsirabe15017784
Ambositra11115570
Fandriana1517761
Ambohimahasoa2624268
Fianarantsoa2764063
Ambalavao12379107
Total/Moyenne Fianarantsoa9135770

1- Des données relatives à la superficie n'ont été obtenues que de 11 des 13 exploitations enquêtées.

La superficie totale moyenne par exploitation agricole telle que recensée par les enquêteurs de l'enquête géographique est de 177 ares pour la région d'Antsirabe. Suivant les données de la liste de base (RNA 84–85), elle était de 84 ares. Pour la région de Fianarantsoa, cette différence est encore plus importante : 357 ares suivant l'enquête géographique et 70 ares selon la liste de base.

La différence entre la superficie totale réelle et celle de la liste de base est due à la méthode. En effet, pendant la formation des enquêteurs, ils ont reçu comme instruction de demander “la superficie totale de l'exploitation”, c'est-à-dire la surface cultivée à laquelle on ajoute la surface non cultivée. Alors que suivant la définition du RNA, la superficie totale est “toutes les terres utilisées entièrement ou en partie par la production agricole” (cf. paragraphe 3.1.). Par conséquent, notre définition de “superficie totale” a été beaucoup plus large.

Nous avons également demandé l'opinion des enquêteurs de zone de la région d'Antsirabe sur les raisons de la différence entre la superficie réelle et celle de la liste de base. Ces derniers ont avancé comme explication complémentaire que, au moment du RNA, les paysans enquêtés avaient eu peur des impôts et par conséquent, avaient déclaré disposer de moins de terre que dans la réalité. Il y avait également des endroits, par exemple dans le Fivondronana de Betafo, où l'extension d'une exploitation agricole a été facile grâce à une grande disponibilité en terre libre.

En outre, une communication personnelle de la part du Conseiller Technique Principal du projet PNUD/FAO-MAG/87/013 dénommé “Système permanent des statistiques agricoles” sur les résultats d'un recensement national agricole en 1992 confirme que, malgré la faible augmentation du nombre total des exploitations agricoles sur les Hautes-Terres, leur superficie totale moyenne s'est agrandie.

En conclusion, la différence entre la superficie totale telle que trouvée par l'enquête géographique et celle de la liste de base est due à (i) la définition de “superficie totale” ; (ii) la crainte des paysans de devoir payer des taxes au moment du RNA de 1984–1985; et (iii) l'extension des exploitations agricoles depuis 1984.

De plus, ce tableau nous permet de vérifier si nos échantillons ont été pris de façon représentative ou non. En effet, cette moyenne de la superficie totale par exploitation calculée de la même façon sur l'ensemble des exploitations de la liste de base nous donne 81 ares pour la région d'Antsirabe et 70 ares pour celle de Fianarantsoa. La faible différence entre ces chiffres et ceux de nos deux échantillons confirme que ces derniers sont représentatifs.

6.3. La (rizi)pisciculture

6.3.1. Espèce de loin préférée : la carpe

Pour la rizipisciculture ainsi que pour la pisciculture, les espèces utilisées étaient par ordre d'importance : les tilapias, la carpe commune et le trondro gasy. Ce dernier était plus utilisé dans la région d'Antsirabe que dans celle de Fianarantsca. Un autre phénomène intéressant est le fait qu'environ deux tiers des enquêtés pratiquent la polyculture et seulement un tiers la monoculture.

Pourtant, lorsqu'ils étaient enquêtés sur leur préférence, les (rizi)pisciculteurs se prononcaient de façon claire pour la carpe avec le trondro gasy et les tilapias respectivement en deuxième et troisième lieu pour la région d'Antsirabe. Pour celle de Fianarantsoa, les tilapias arrivaient nettement en deuxième position, bien avant le trondro gasy.

Ces résultats nous confirment d'une part l'importante place que tiennent les tilapias dans l'aquaculture sur les Hautes-Terres de Madagascar sans aucun effort particulier d'encouragement ni de vulgarisation et, d'autre part, le manque d'alevins de la carpe commune malgré une augmentation substantielle du nombre d'alevins disponibles en milieu rural par rapport aux années précédentes. Ce manque en carpillons de bonne qualité pourra entraîner des conséquences pour le développement de l'aquaculture sur les Hautes-Terres.

En effet, les CIRRH/projet, conscientes de ce problème ont développé une stratégie de privatisation de la vulgarisation basée sur un noyau de producteurs privés d'alevins (notamment de la carpe) installés en milieu rural. Cette stratégie prometteuse est indispensable pour un développement autonome et durable de la pisciculture à Madagascar.

6.3.2. Un marché d'alevins parallèle important

Les tableaux 4.4., 4.6., 5.4. et 5.6. nous ont permis de connaître l'origine des alevins mis en grossissement dans les rizières et/ou étangs des enquêtés pour chaque région aussi bien pour la rizipisciculture que pour la pisciculture. A partir de ces tableaux, les tableaux 6.6., 6.7 et 6.8. reprennent respectivement la répartition (en pourcentage) des transactions par région et par activité, la répartition des acheteurs et la répartition des nombres de sources d'alevins.

Tableau 6.6. : Origine des alevins destinés à la (rizi)pisciculture : répartition (%) des transactions d'alevins par région et par activité, campagne 1991–1992.

RégionActivitéTotal des transactionOrigine des alevins
CIRRH/ projet et/ou producteurs privésPêche familialeReproduction familialeVendeurs alevinsEmpoissonnement naturel
AntsirabeRizipisciculture100173324215
Pisciculture100253930150
Moyenne partielle/Antsirabe1002132,527182,5
FianarantsoaRizipisciculture100304113105
Pisciculture10025596,536,5
Moyenne partielle/Fianarantsoa10028501066
Moyenne100254118124

Tableau 6.7. : Origine des alevins destinés à la (rizi)pisciculture : répartition (%) des acheteurs par région et par activité, campagne 1991–1992.

RégionActivitéTotal des transactions1Origine des alevins
CIRRH/ projet et/ou producteurs privésPêche familialeReproduction familialeVendeurs alevinsEmpoissonnement naturel
AntsirabeRizipisciculture137234633296
Pisciculture142354343210
Moyenne partielle/Antsirabe140294538253
FianarantsoaRizipisciculture177547323189
Pisciculture1393583949
Moyenne partielle/Fianarantsoa158447816119
Moyenne149366227186

1 II est à noter qu'une partie des (rizi)pisciculteurs achète des alevins de plusieurs sources.

Tableau 6.8.: Répartition (%) du nombre de sources des acheteurs d'alevins enquêtés par région et par activité, campagne 1991–1992.

RégionActivitéOrigine des alevins
UneDeuxTrois
AntsirabeRizipisciculture65332
Pisciculture60382
Moyenne partielle/Antsirabe62362
FianarantsoaRizipisciculture365014
Pisciculture69229
Moyenne partielle/Fianarantsoa523612
Moyenne57367

Ces trois tableaux intéressants nous permettent d'approfondir nos connaissances concernant le marché d'alevins, notamment en ce qui concerne les transactions en alevins lors de la période de mise en charge des bassins/rizières.

Premièrement, un peu plus de la moitié des paysans (57%) n'achète leurs alevins que d'une source. En effet, presque la moitié des paysans (43%) achète des alevins de plusieurs sources dont la grande majorité (84%) de deux sources et 16% de trois.

Deuxièmement, seulement un quart (25%) des transactions concernant un peu plus d'un tiers (36%) des acheteurs concerne les achats chez les producteurs privés et/ou auprès des CIRRH/projet. Ces données confirment l'existence d'un marché parallèle. Il y a apparemment peu de différence entre le marché parallèle de la région d'Antsirabe et celui de la région de Fianarantsoa.

Troisièmement, parmi les différentes sources de ce marché parallèle, la pêche familiale est la plus importante (41% des transactions concernant 62% des acheteurs), en particulier dans la région de Fianarantsoa (50% des transactions concernant 78% des acheteurs). La reproduction familiale et l'achat chez un revendeur sont surtout importants dans la région d'Antsirabe. En revanche, les empoissonnements naturels ne sont effectués que de façon sporadique (4% des transactions et 6% des acheteurs). De plus, dans la plupart des cas, il s'agit de la seule source d'approvisionnement d'alevins.

Quatrièmement, la présence d'un marché parallèle, y compris la pratique de la reproduction familiale dans les deux zones, confirme la tradition piscicole et l'engouement pour la (rizi)pisciculture sur les Hautes-Terres malgaches. De même, la diminution de l'importance des transactions de la pêche familiale au profit de la reproduction familiale et des revendeurs (en particulier dans la région d'Antsirabe) est sans doute un effet secondaire de l'installation des producteurs d'alevins par les CIRRH/projets. Cette tendance devrait s'accentuer lors des prochaines campagnes.

Malheureusement, l'enquête géographique ne donne pas de réponse sur le nombre d'alevins par transaction, ni sur l'espèce. A l'avenir, des questions concernant ces sujets devront être incluses dans le questionnaire, afin de pouvoir obtenir des chiffres plus complets sur le marché d'alevins.

Malgré ce manque d'informations, ces résultats nous permettent de mieux connaître le marché d'alevins et de mieux cibler la stratégie de marketing à mettre en œuvre pour le secteur privé producteur d'alevins encadré par les CIRRH/projet.

6.3.3. Le travail (rizi)piscicole : une activité familiale

Pour la plus grande partie des exploitations agricoles qui pratiquaient la (rizi)pisciculture, les travaux s'y rapportant ont été effectués par des membres de la famille. Il sera intéressant de spécifier dans le questionnaire pour des enquêtes géographiques ultérieures qui fait quel travail, afin de pouvoir analyser le rôle de chacun dans la (rizi)pisciculture, en particulier celui de la femme.

6.3.4. Les bénéficiaires directs de la production (rizi)piscicole : la population rurale

La plus grande partie des poissons produits dans les rizières et étangs était destinée à l'autoconsommation, soit entièrement, soit en partie. Dans le dernier cas, les poissons restant après la consommation familiale étaient vendus sur le site ou au marché local, ou plus rarement utilisés comme cadeaux ou salaire en nature. Les rapports “Suivi de production (rizi)piscicole, campagne 1991–1992” des deux circonscriptions donneront des chiffres complets sur la répartition de la récolte de poissons.

6.3.5. La (rizi)pisciculture, une spéculation rentable

La majorité des (rizi)pisciculteurs trouvaient l'activité rentable, avaient l'intention de la refaire lors de la campagne suivante et beaucoup d'entre eux ont déclaré augmenter leur superficie empoissonnée et ceci aussi bien pour la rizipisciculture que pour la pisciculture. L'enquête géographique suivante devrait inclure des questions concernant la production en milieu rural afin de mieux définir la perception de rentabilité de la (rizi)pisciculture par les paysans. Il serait alors plus simple de combiner l'enquête géographique (essentiellement quantitative) avec celle de la vérification de production (surtout qualitative) en une seule enquête de suiviévaluation. De plus, la combinaison de ces deux enquêtes permettra de vérifier la production auprès de l'ensemble des pratiquants contre seulement chez ceux qui ont un contrat direct avec la CIRRH/projet, c'est-à-dire ceux qui achètent une partie de leurs alevins chez les producteurs privés et/ou à l'occasion des cessions organisées par les CIRRH/projet.

6.4. Les non-pratiquants de l'aquaculture

6.4.1. La (rizi)pisciculture connue par presque tous les paysans

Pour la région d'Antsirabe ainsi que pour la région de Fianarantsoa, très peu de paysans ne connaissaient pas la (rizi)pisciculture (respectivement 2 et 7%). Le fait que cette technique soit donc très connue dans les deux zones d'action des CIRRH/projet est directement ou indirectement le résultat des efforts de vulgarisation de cette dernière. Désormais, les efforts de sensibilisation, comme les CIRRH/projet l'ont incontestablement fait jusqu'à maintenant, ne semblent donc plus être adaptés.

6.4.2. Une expérience rizipiscicole pour beaucoup de non-pratiquants

Des non-pratiquants de l'aquaculture, 65% dans la région d'Antsirabe et 27% dans la région de Fianarantsoa en ont une certaine expérience de 1 à 18 années même. Le pourcentage de paysans ayant une expérience plus élaborée en (rizi)pisciculture pour la région d'Antsirabe est vraisemblablement lié directement au nombre plus important d'années de vulgarisation dans cette région. Il sera également intéressant de voir de près les raisons d'abandon de la (rizi)pisciculture.

6.4.3. Raisons de désaffection pour la (rizi)pisciculture

Il y a deux raisons principales avancées par les exploitants agricoles qui avaient abandonné la rizipisciculture, parfois après plusieurs années :

A. Les problèmes d'eau

La raison la plus importante de ne pas pratiquer la (rizi)pisciculture est le problème d'eau, soit un manque (problèmes d'approvisionnement en eau, sécheresse, etc …), soit un surplus (inondations). En effet, ni les rizières, ni les sites ne sont tous propices à la rizipisciculture et à la pisciculture puisqu'une bonne maîtrise d'eau leur est indispensable pour l'élevage de poissons.

Aussi bien dans la region d'Antsirabe que dans celle de Fianarantsoa, les problèmes d'eau ont tous leur origine dans la méconnaissance des techniques améliorées de la (rizi)risciculture telles que préconisées par la CIRRH/projet. Il est conseillé, avant de commencer la (rizi)pisciculture, de choisir un site qui soit propice à cette activité. A part quelques autres critères, un bon site doit avoir une parfaite maîtrise d'eau. Le fait que l'enquête géographique ait montré que beaucoup de paysans ont eu des problèmes d'eau prouve qu'ils ne connaissaient pas la (rizi)pisciculture améliorée. Ainsi, la vulgarisation des nouvelles techniques est plus que jamais d'actualité.

Les résultats de l'enquête géographique semblent indiquer une déficience dans la bonne maîtrise d'eau des étangs et des rizières qui étaient empoissonnés au cours de cette enquête.

B. Le vol

Sans trop exagérer le problème d'insécurité en milieu rural, il s'avère nécessaire d'étudier ce problème de près, et cela surtout par les autorités locales. L'insécurité est un problème qui touche tous les secteurs et est à présent certainement le plus important obstacle au développement rural. Par ailleurs, il existe déjà un peu partout en milieu rural des comités de sécurité, et il y a donc intérêt à inclure dans leurs tâches la “résolution ” du problème de braconnage de poissons.

6.5. Profil du (rizi)pisciculteur

Malgré le fait qu'il existe certes des différences individuelles entre les (rizi)pisciculteurs recensés par l'enquête géographique dans les deux zones d'action des CIRRH/projet, un effort sera fait dans ce chapitre pour donner quelques caractéristiques communes.

Des exploitations agricoles qui pratiquent l'aquaculture, 6% avaient un chef d'exploitation féminin. L'âge des pratiquants de la (rizi)pisciculture se situait entre 46 et 50. Dans la région de Fianarantsoa, les (rizi)pisciculteurs étaient plus jeunes que les non-pratiquants, surtout les (rizi)pisciculteurs féminins.

La taille du ménage des pratiquants de la (rizi)pisciculture était supérieure à celle des non-pratiquants, cela étant dû à un nombre plus important de non-actifs (enfants de moins de 6 ans et/ou scolarisés).

Le niveau d'instruction des paysans qui pratiquaient l'aquaculture était à comparer avec celui de l'ensemble des paysans enquêtés, à l'exception des (rizi)pisciculteurs féminins dont aucune n'avait de formation supérieure au niveau primaire. La (rizi)pisciculture telle que pratiquée est, par conséquent, une activité en principe faisable par tout le monde, et ne demandant pas de formation préalable. L'enquête géographique n'a pourtant pas fait de distinction entre la (rizi)pisciculture traditionnelle et la (rizi)pisciculture améliorée.

Les (rizi)pisciculteurs avaient autant de professions non agricoles que les non-pratiquants.

Il n'est pas surprenant que l'enquête géographique ait montré que davantage de pratiquants de la (rizi)pisciculture connaissaient l'existence de la CIRRH/projet par rapport aux non-pratiquants.

6.6. Comparaison des résultats de l'enquête géographique avec les résultats des cessions des CIRRH/projet

L'enquête géographique a montré que dans la région d'Antsirabe, pour 29 pour cent des acheteurs (cf tableau 6.6.), 21% des transactions en alevins ont été faites par et sous le contrôle des CIRRH/projet, c'est-à-dire par les producteurs privés d'alevins encadrés ou lors des cessions d'alevins organisées par les CIRRH/projet. Pour la région de Fianarantsoa, le pourcentage de transactions contrôlées par la CIRRH/projet est de 28 pour 36 pour cent des acheteurs.

Le nombre réel d'acheteurs d'alevins est connu1: 5.660 acheteurs auprès de la CIRRH/projet et/ou des producteurs privés qu'elle encadre pour la région d'Antsirable, et 5.689 acheteurs pour la région de Fianarantsoa (rizipisciculture ainsi que pisciculture).

En sachant que dans la région d'Antsirabe 17% des pratiquants de l'aquaculture pratiquent la rizipisciculture et la pisciculture en même temps (cf tableau 4.1.), 5.660 acheteurs représentent les 83% des éleveurs qui pratiquent soit la rizipisciculture, soit la pisciculture. Ainsi, corrigé sur 100%, le nombre de (rizi)pisciculteurs serait en réalité de 6.819. Cette correction donnera, pour la région de Fianarantsoa où 18% des pratiquants font la rizipisciculture et la pisciculture en même temps, un nombre de 6.938 (rizi)pisciculteurs.

1- Compte rendu de la campagne de cession 1991–1992 des CIRRH du Vakinankaratra et de Fianarantosa.

Si dans la zone d'Antsirabe, 6.819 (rizi)pisciculteurs correspondent aux 29 pour cent des acheteurs qui ont acheté des alevins auprès des producteurs et/ou des CIRRH/projet, le nombre de rizipisciculteurs serait de 23.513.

Pour la zone de Fianarantsoa, une extrapolation pour les 6.938 (rizi)pisciculteurs et les 36% des acheteurs qui se sont fournis chez un producteur privé et/ou auprès des CIRRH/projet donnera un nombre de (rizi)pisciculteurs de 19.272.

Ces deux chiffres sont nettement moins élevés que l'estimation de l'enquête géographique du nombre de (rizi)pisciculteurs dans la zone d'Antsirabe et la zone de Fianarantsoa, respectivement de 71.310(±5.919) et de 53.913 (±2.857).

Une part de cette différence peut être expliquée par le fait que le nombre d'acheteurs d'alevins auprès des CIRRH/projet et/ou des producteurs privés encadrés est une sous-estimation du nombre réel de pratiquants de la (rizi)pisciculture avec les alevins des CIRRH/projet. En effet, d'une part, un nombre inconnu de ventes mais certainement important concerne les commandes groupées, et par conséquent, le nombre de (rizi)pisciculteurs est en réalité beaucoup plus élevé que le nombre d'acheteurs. D'autre part, surtout dans la région de Fianarantsoa, les enquêteurs ont noté comme source d'alevins “producteur privé”, sans en toutefois spécifier le nom. Il n'est donc pas impossible que parmi ces producteurs d'alevins figurent quelques paysans producteurs non encadrés par le projet.

6.7 Analyse de la méthode

6.7.1. L'échantillonnage

La méthode utilisée pour calculer la taille de l'échantillon des exploitations agricoles s'est avérée valable et utile. Néanmoins, il est apparu nécessaire d'adapter le nombre d'exploitations par responsable de zone. L'harmonisation du nombre d'exploitations agricoles à enquêter par responsable de zone a changé la précision totale, mais surtout pour les BRIPA de Betafo-Est et Betafo-Ouest. Tandis que l'échantillon dans la zone d'Antsirabe a été plus grand, sa taille a été diminuée dans la zone de Fianarantsoa. Cela montre l'avantage du fait que les questionnaires retenus ont été fiables, mais la précision a diminué.

Cependant, un contrôle de la superficie totale moyenne des exploitations agricoles de l'échantillon comparée à celle de l'ensemble des exploitations agricoles de la liste de base confirme que l'échantillon est représentatif.

6.7.2. Le questionnaire

Après la décision de faire l'enquête géographique également dans la zone de Fianarantsoa dès la campagne 1991/1992, et de la lancer pendant la réunion mensuelle des vulgarisateurs piscicoles de février 1992, il ne restait pas assez de temps pour tester les questionnaires. Il est apparu que le niveau du français des questions était trop élevé pour certains enquêteurs. De plus, l'objectif de certaines questions n'était pas toujours très clair malgré la formation des enquêteurs avant l'enquête proprement dite. Il faudra adapter le questionnaire pour des enquêtes géographiques ultérieures par l'introduction de questions de contrôle afin de vérifier si les enquêteurs et/ou les paysans les ont comprises. Une traduction en malgache du questionnaire facilitera le travail des enquêteurs, et évitera des malentendus en raison de l'utilisation du français. Cela pose aussi l'avantage du fait que les questions seront posées indirectement, selon la coutume malgache.

6.7.3. Les enquêteurs

Les principaux critères de choix des 6 responsables de zone dans la région d'Antsirabe comme enquêteurs ont été :

La motivation de travail des responsables de zone était très satisfaisante. Après une formation préalable, ils ont été suivis et contrôlés par la cellule Suivi-Evaluation.

Quant à la région de Fianarantsoa, pour les 30 vulgarisateurs piscicoles, la plupart de ces motifs n'étaient pas valables. Mais après vérification des questionnaires et l'exclusion des vulgarisateurs non motivés, les résultats de l'enquête géographique de cette zone sont tout à fait valables et confirment ceux de la région d'Antsirabe.

Cependant, ni les responsables de zone, ni les vulgarisateurs piscicoles n'étaient des enquêteurs professionnels. Toutes les conclusions devront ainsi être interprétées avec prudence.

6.7.4. Problèmes rencontrés lors de l'enquête

Il était évident qu'une enquêtée basée sur une liste qui datait d'avant 1984 comporterait des difficultés. Toutefois, la majorité des exploitations agricoles a été retrouvée par les enquêteurs. Des 150 exploitations enquêtées, 19 ont été remplacées au cours de l'enquête à cause du morcellement de l'exploitation, ou de l'impossibilité de retrouver l'exploitation. Un simple changement du chef de l'exploitation (par exemple à cause de l'héritage) n'a pas été une raison pour changer une exploitation par une autre.

A part cela, le plus grand problème a été de retrouver une exploitation dont l'adresse n'était spécifiée que par le terme de Fokontany (village malgache). En sachant qu'un Fokontany est composé de plusieurs hameaux et peut avoir quelques milliers d'habitants, la recherche d'une certaine personne dont, en général, le prénom n'était pas connu, s'avérait très difficile. Dans la plupart des cas, la recherche a pris plusieurs jours par exploitation.

En somme, l'enquête géographique a pris beaucoup du temps des responsables de zone qui ont fait ce travail en complément de leurs autres tâches. Une répétition de l'enquête géographique chaque année n'est pas à conseiller, vu le volume et l'importance de leur travail (par exemple, le nombre de producteurs privés d'alevins à encadrer augmente chaque année). En outre, les données de cette enquête ne sont pas sujettes à des changements radicaux.

Néanmoins, il sera intéressant de refaire cette enquête d'ici deux ou trois campagnes. Il est souhaitable d'envisager la possibilité d'engager des enquêteurs professionnels temporairement ou de confier l'enquête à un bureau d'études national.


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