A notre connaissance aucune étude approfondie n'a été conduite sur ce sujet à Madagascar. Or, si un jour un projet industriel devait se mettre en place à Madagascar, il serait au préalable important de bien connaitre la situation du marché des matières premières dans ce pays. En particulier identifier pour chaque matière première la disponibilité réelle (saisons, transport, prix compatible, demande par industrie concurrente etc.) et la qualité. Les résultats d'une telle étude permettront alors de définir les matières premières à importer et en définitive le prix d'un aliment crevette de bonne qualité produit à Madagascar.
Le peu d'informations que nous disposons nous laisse cependant croire que les matières premières que l'on peut trouver à Madagascar ne répondent pas aux contraintes de disponibilité et de qualité pour la production industrielle d'un aliment crevette. Ceci laisse supposer que si une production industrielle d'aliment devait se faire un jour elle dependra dans un premier temps de l'importation d'une grande majorité des matières premières. Cependant si cette activité industrielle de production d'aliments crevettes devait se mettre en place, cela conduirait àu développement d'une industrie de service qui valoriserait les déchets de l'agriculture et des pêches pour répondre à la demande en matières premières de qualité de l'industrie de production d'aliments pour crevette.
Il est bien sûr que l'utilisation des matières premières locales permet de baisser le prix de l'aliment, mais cela ne veut pas dire que la fabrication d'un aliment à partir de produits importés ne répondra pas à la contrainte économique des élevages de crevettes. Ainsi certains pays d'Asie en particulier, qui ne disposent pas de matières premières propres ont pourtant à partir de produits importés réussi à faire des aliments de très bon rapport qualité prix.
Reduire la taille des particules est une fonction essentielle de la fabrication des aliments. Le passage des matières premières à travers un broyeur se justifie pour les raisons suivantes :
Dans ces conditions, la manutention et le magasinage des produits sont facilités.
Le broyage apporte par ailleur une amélioration de la digestibilité de l'aliment, de l'acceptabilité, des propriétés de mélange, de pressage et augmente la masse volumétrique de certains ingredients.
Les ingrédients prébroyés sont pesés. La pesée se fait de façon manuelle ou automatique, la formule de l'aliment à produire pouvant être préprogrammée.
Les ingrédients sont alors déchargés dans un mélangeur. Le mélange est une opération importante dans la mesure ou la formule de l'aliment sera respectée uniquement si cette opération à été réalisée dans de bonnes conditions.
Il existe de nombreux types de mélangeurs mais les plus largement utilisés en production d'aliments pour les animaux sont de type horizontal.
Théoriquement, l'operation de mélange est très complexe. Néanmoins, on considère généralement que cette opération est empirique et dépend davantage du savoir faire du technicien et donc de son art que des résultats obtenus scientifiquement.
Les ingrédients qui rentrent pour une part peu importante de la formulation sont préparés à part pour former un premix qui est ensuite incorporé dans le mélangeur horizontal avec les autres ingédients. La préparation du premix se fait à l'aide de mélangeurs de petite capacité.
Le pressage est une opération trés simple qui consiste à forcer à l'aide de rouleaux une farine à travers des orifices (filière) de diamètre et d'épaisseur spécifiques. Les granulés qui sortent de l'autre côté de la filière sont coupés par un couteau à des longueurs définies.
Le pressage et sa réussite dépend du respect par l'opérateur d'un certain nombre de contraintes :
Choix des ingrédients dans la formule. Certains ingrédients sont plus faciles à presser que d'autres et surtout du fait de leur comportement pendant le conditionnement à la vapeur permet d'obtenir des aliments très stables à l'eau.
Conditionnement à la vapeur et maturation qui permettent la gélatinisation partielle des amidons et activer certains produits qui dans ces conditions sont plus digestibles et améliorent la stabilité à l'eau de l'aliment produit.
Comme nous l'avons vu précédemment, le broyage fin de l'ensemble des ingrédients améliore la dureté et stabilité à l'eau des granulés.
Enfin, comme nous le verrons l'opération de séchage et refroidissement après pressage améliore également la stabilité à l'eau du produit fini.
Les aliments pour crevettes sont généralement riches en proteines (35%) avec des niveaux en matières grasses compris entre 4 et 9 %. Avec ce type de formules, il est très difficile techniquement d'obtenir des aliments qui soient stables à l'eau.
Les conditions d'humidité et de température du mélange avant pressage, construction et dessin de la filière et la bonne connaisance et savoir faire concernant les propriétés fontionnelles des ingrédients sont essentiels pour produire par le pressage un aliment de qualité.
Des additifs peuvent également être rajoutés à la formule pour diminuer la formation de fines et augmenter la stabilité à l'eau des aliments produits.
La cuisson extrusion - La cuisson extrusion peut également être utilisée pour la production d'aliments pour crevette. Néanmoins, l'investissement initial pour l'acquisition d'un cuiseur extrudeur bi-vis est à peu près 5 fois plus élevé et l'opération et la maintenance est de près de 90% supérieur que pour une presse de capacité identique. Les avantages de l'extrusion serait la gélatinisation des amidons offrant ainsi un aliment plus digestible. Néanmoins cet avantage doit être démontré et quantifié en élevage en bassin pour pouvoir décider si cette technique est envisageable pour la production à l'échelle industrielle des aliments crevettes.
Une fois que le granulé est formé, l'excès d'eau doit être enlevé et sa température ramenée à un niveau non supérieur à 10 % au dessus de la température ambiante.
Le séchage à une température de 90°C permet en outre la formation d'une mince croûte autour du granulé qui augmente sa stabilité à l'eau. L'évacuation rapide de l'eau résiduelle durant cette opération provoque un affaissement des particules du granulé améliorant la cohésion entre elles et donc la stabilité à l'eau et la dureté de l'aliment produit.
Le séchage et le refroidissement peut se faire sur un même appareil ; le sécheur-refroidisseur horizontal. Sur la première partie de l'appareil de l'air chaud est soufflé à travers les granulés et sur la deuxième partie de l'appareil de l'air froid est soufflé.
Après refroidissement, les granulés peuvent être emiettés (si necessaire) pour produire des microgranulés adaptés aux stades juvéniles des crevettes.
Les granulés ou les micro-granulés sont alors tamisés pour enlever les fines qui ont pu se former pendant les différentes opérations. L'élimination des fines est une prévention nécessaire pour éviter la pollution des eaux d'élevage qui peuvent intervenir si les fines sont utilisées, celles ci n'étant pas consommées par les animaux.
En résumé, les aliments pour l'aquaculture demandent un grand nombre d'ingrédients différents, sont de valeur nutritionnelle élevee, et présentent des tailles et des formulations très variées pour répondre aux besoins des nombreuses espèces de crevettes à différents ages. Les producteurs de poissons ou crevettes ont un unique objectif, celui d'optimiser l'utilisation des aliments artificiels et d'augmenter le rendement de leur production. Pour atteindre cet objectif, les étapes décrites ci-dessous de fabrication des aliments doivent être respectées :
Sélection des matières premières de très haute qualité avec le minimum de fibre et sans facteurs antinutritionnels ;
Les matières premières doivent être aussi choisi en fonction de leur propriété à être granulées pour baisser le coût de production et obtenir des granulés stables à l'eau ;
Choisir des ingrédients ayant des propriétés liantes ou rajouter dans la formule des liants spécifiques ;
Conception de la chaine de fabrication et les matériels pour la fabrication doivent être adéquats pour la production d'aliments destinés à l'aquaculture ;
Bon broyage des ingrédients pour un meilleur mélange et meilleur stabilité à l'eau des produits finis ;
Conditionnement à la température et vapeur avant pressage ;
Utilisation d'une filière adaptée avec une bonne compression ;
Sécher et bien refroidir les granulés après pressage ;
Des granules de bonne qualité permettent de produire des miettes de qualité ;
Tamiser les granulés et ou miettes pour diminuer les fines.
Une chaine pour la fabrication des aliments destinés au crevettes respectants toutes les données décrites ci-dessus coûte selon sa taille :
Production | PRIX |
2 tonne/heure | 4'500'000 FF |
1 tonne/heure | 3'000'000 FF |
Ces prix comprennent l'ensemble des machines et réseau électrique mais ne comprennent pas le matériel de remplacement, le transport sur le site du matériel, le matériel pour l'entretien, le programme informatique pour la production automatisée, oeuvre civile, le bâtiment, la structure metallique, les installations de services (eau, vapeur, électricité, air comprimé), liquides, bascules pour camions, transformateur et stations électrique.
Les éléments rapportés ci-dessus nous permettent de comprendre pourquoi, un usine conçue pour la production d'aliments pour le bétail ou poulet ne peut pas convenir à la production d'aliments Aquacoles. Par contre une usine d'aliments pour l'aquaculture permet de produire des aliments destinés aux poissons aussi bien qu'aux crevettes, et sans modification des structure elle pourrait également produire des aliments destinés aux animaux terrestres.