Page précédente Table des matières Page suivante


3 - CONCLUSION

Malgré un séjour très limité à Madagascar, cette mission nous permet de tirer les conclusions qui suivent.

La disponibilité en matières premières locales utilisables pour la production des aliments de qualité destinés à une aquaculture économique est très limitée. Premièrement les sources de proteines animales sont inexistantes deuxièmement les sources en proteines végétales si elles existent sont mals connues et les produits de qualité douteuse (facteurs antinutritionnels du soja, aflotoxine du tourteau d'arachide…). Les autres produits importants pour la formulation des aliments aquacoles, acides gras polyinsaturés, vitamines et oligo éléments stabilisés et liants spécifiques ne sont pas produits dans le pays. la disponibilité des matières premières locales est enfin limité du fait de la mauvaise logistique pour le transport de celles ci entre le lieu de leur production et le lieu de leur consommation. Il faut donc envisager si nous voulons produire des aliments de qualité à Madagascar importer dans un premier temps pratiquement la totalité des ingrédients nécessaires. La part des produits importés serait diminuée progressivement au fur et à mesure que des produits locaux de bonne qualité seront disponibles.

La production industrielle à Madagascar des aliments aquacoles peut, malgré la nécéssité d'importer les matières premières, être plus économique que d'importer les aliments tout fait des autres pays. Cette production locale serait par ailleur un facteur important de développement pour le pays et ce à différents niveaux :

Le démarrage d'un projet industriel de production d'aliments pour l'aquaculture est conditionné par l'existance d'une demande, par conséquent d'une production industrielle aquacole mais également par une étude préalable de faisabilité. Cette étude comportera une partie importante sur les matières premiéres locales, leur disponibilité, qualité et prix. Il faudra également étudier avec précision le coût d'une implantation d'une unité de production d'aliments pour l'aquaculture ainsi que les conditions sociaux économiques d'une telle installation. A première vue il serait avantageux d'installer une telle unité près des sources de matières premières (farines de poisson, farines de blé, tourteau de soja…) et près de la demande. Ces deux conditions supposent à priori que l'usine serait installée sur la côte près d'un port pour l'apport des matières premières.

La qualité des aliments aquacoles qui seront produits à Madagascar, outre de dépendre des technologies de formulation et de production sera conditionnée par le système de contrôle de qualité qui sera mis en place. Le système de contrôle de qualité devrait permettre la vérification systhèmatique que toutes les étapes de production de l'achat des matières premières à l'utilisation des aliments sur les fermes en passant par le stockage des ingrédients et la fabrication des aliments sont effectivement réalisées comme il faut.

La ferme pilote de Nossy-Be a déjà démontré que le rendement des élevages de crevettes à Madagascar dépend pour une part important de la qualité des aliments. Ceci est d'autant plus vrai que l'élevage est intensif, ou en d'autres termes que la biomasse que l'on veut atteindre est plus élevée. Sur le site, avec des moyens dérisoirs, le personnel de la ferme pilote a produit un aliment composé avec uniquement des ingrédients disponibles localement. Les résultats obtenus avec cet aliment sont très décevants et démontrent clairement l'absence localement d'ingrédients riches en proteines animales et que les autres ingrédients riches en proteines végétales renferment des facteurs antinutritionnels qui empèchent leur incorporation dans l'aliment. Ce dernier point a été largement confirmé par les résultats d'analyses chimiques réalisées sur ces produits en France.

Pour faire une démonstration qu'il est possible de produire localement un aliment de qualité il faudrait que la ferme pilote dispose d'une petite unité de production d'aliment qui comprendrait un mélangeur, un extrudeur et un broyeur à marteaux et de matières premières riches en proteines animales. Ces matières premières peuvent être préparées en France et prémélangées et éxpédiées à Madagascar sous la forme d'un concentré qui pourrait rentrer à 50% de la formule finale. Il m'apparait important de procéder à cet essai pilote qui pourrait représenter par ailleurs une bonne formation pour le personnel de la ferme.


Page précédente Début de page Page suivante