Il s'agit ici d'un essai d'élevage mixte dans un bassin de 2,2 Ha de deux espèces, Penaeus indicus et Penaeus monodon, en filière extensive pour la première et en semi-intensive pour la deuxième. L'aliment utilisé pour ce grossissement a été le “Président”.
Du fait de l'existence de suintement permanent d'eau a travers le sol et les digues, l'assec du basin 6 a été presque impossible. Le labour du bassin, bien qu'indispensable à cause de la mauvaise qualité du la totalité du fond, n'a pas pu être effectué convenablement.
Le traitement au chlore du fond a été nécessaire, étant donné l'existence de flaques d'eau.
La mise en eau du bassin a été entreprise une semaine avant l'ensemencement car il ne dispose que d'un seul moine d'entrée.
Pour l'espèce Penaues indicus, l'ensemencement a été effectué de façon directe le 26.03.93, avec 33374 post-larves (P31) de 0,0575 g de poids moyen et à une densité de 1,59 individus/m2. L'acclimatation a duré une heure à cause de l'augmentation rapide de la température dans le bassin.
Quant à P. monodon, l'ensemencement de 150.000 juvéniles prégrossis de 55 jours et à 1,5 g de poids moyen, a été réalisé le 02.04.93, à une densité initiale de 7,16 individus/m2.
Les concentrations moyennes en oxygène dissous ont été de 2,9 ppm le matin et 5,4 ppm le soir.
La moyenne des températures, 28,3°C le matin et 30,3°C le soir, ainsi que celle du pH égale à 7,48 ont été des paramètres favorables à la croissance.
La salinité moyenne a été relativement élevée avec 37 ppt, compte tenu de la quasi absence des précipitations et de l'importance de l'évaporation en cette saison.
La valeur moyenne du secchi, avec 50 cm, traduit une mauvaise qualité du milieu (turbidité élevée). Ce fait a été confirmé par l'aspect noirâtre des branchies des animaux dû à l'accumulation de particules boueuses en provenance de la vase du fond.
Les renouvellement d'eau continu variaient de 0 à 25 % par jour. Quant aux changements d'eau séquentiels, les taux appliqués ont été de 10 à 30 %, une à trois fois par semaine, ceci en fonction de l'évolution de la biomasse et de l'état du milieu.
Pour le calcul de la quantité de l'aliment à distribuer, il a été tenu compte de la biomasse totale des deus espèces en sachant pertinement que les P. indicus en élevage ectensif utiliseront tout ce qui est disponible comme nourriture dans le milieu.
La distribution de l'aliment “Président” a été répartie en trois repas par jour. L'observation par plongée des restes d'aliment et les résultats de la vitesse de consommation des mangeoires, montrent que l'aliment a été bien utilisé.
La croissance journalière a été assez faible dans l'ensemble pour les deux espèces, 0,12 g pour Penaues indicus et 0,16 g pour Penaeus monodon. Le même phénomène de ralentissement de croissance affectant l'espèce Penaeus indicus survenant généralement à partir de 10 g a été observé une fois de plus au cours de cet élevage. Pour P. monodon, un ralentissement de la croissance s'est fait sentir également à partir de 19 g.
Il convient de noter l'existence de mortalités sporadiques, enregistrées après les échantillonnages et touchant les individus prélevés.
L'histogramme de fréquence, révèle une dispersion importante de poids chez la population de Penaues indicus, le coefficient de variation étant égal à 36,58 %. Cette dispersion de poids est également élevée pour la population de Penaeus monodon avec un coefficient de variation égal à 26,11. La courbe de répartition pondérale montre l'existence d'une classe dominante chez la population de Penaeus monodon, la classe 16–25 g représentant presque les 60 % de la population. Quant à l'espèce Penaeus indicus, la courbe présente quatre classes importantes : la classe 10–12 g, la classe 12–14 g, la classe 14–16 g et la classe 16–25 constituant respectivement les 20 %, 17 %, 12 % et de 27 % de la population.
Cet essai d'élevage de deux espèces dans un même bassin n'a pas apporté les résultats escomptés. Bien que la survie ait été satisfaisante avec 73 et 81 % pour P. indicus et P. monodon, on note des croissances qui sont restées plutôt moyennes. P. indicus, malgré une faible densité d'ensemencement, ne dépasse 15 g et P. monodon seulement 20 g. La raison principale de ce médiocre résultat provient de l'état du bassin qui est de plus en plus réduit et malheureusement impossible à nettoyer. Depuis le début des essais sur la Ferme Pilote pratiquement aucun élevage n'a vraiment réussi en comparaison avec les autres bassins. Le rendement cumulé de 3,7 T/Ha/an reste tout de même un bon résultat mais l'indice de conversion de 2,36 est au dessus de l'acceptable.
