L'élevage 93.11 est un grossissement de Penaeus monodon en filière semi-intensive. L'aliment utilisé vient de la Réunion, de la coopérative URCOOPA3. Il est composé à 30 % d'ingrédients de Madagascar. Les élevages 93.11 et 93.12, tout les deux alimentés avec “l'URCOOPA”, constituent la suite logique des essais réalisés sur la Ferme Pilote pour tenter de mettre au point un aliment local.
Le bassin B4 (0,5 Ha) a été mis en assec du 10/06/93 au 09/10/93. Divers travaux d'entretien du sol (labour des sédiments réduits) ainsi que la réfection des drains envasés ont été réalisés pendant cette période.
Après la chloration et le rinçage du bassin a suivi le remplissage effectué le 09/10/93.
Pour favoriser le développement de la production naturelle (phytoplancton et zooplancton), le bassin a été fertilisé avec 2 Kg de triplesuperphosphate et 6 Kg d'urée.
L'ensemencement du bassin a été effectué le 15/10/93, avec 28.450 juvéniles prégrossis âgés de 117 jours et de 2 Kg de poids moyen. Une grande dispersion de la taille des crevettes au moment du transfert a été notée, elle est dûe à la durée très importante du prégrossissement.
La teneur moyenne en oxygène dissous, enregistrée le matin a été acceptable, un peu moins le soir, soit respectivement de 3,4 ppm et 4,7 ppm.
Il en est de même pour la température, le secchi et le pH, dont les valeurs moyennes respectives étaient de 29,3°C et 31,3°C (matin et soir), 52 cm et 7,47.
La salinité a été par contre assez élevée, la moyenne étant de 36,3 ppt, en raison de l'importance de l'insolation et de l'évaporation d'une part et de l'insuffisance des précipitations d'autre part.
3 Voir en annexe l, la composition et les analyses biotechniques de cet aliment.
Les renouvellements d'eau continus ont augmenté progressivement de 4 % à 25 % par jour, suivant l'évolution de la biomasse totale.
Les renouvellements séquentiels ont suivi l'évolution de la biomasse et ont été effectués en tenant compte de différents paramètres tels que l'oxygène dissous, turbidité et couleur de l'eau. La biomasse est passée de 12 à 121 g/m2 et les renouvellements séquentiels de 15 à 25 % par semaine.
La composition de l'aliment “URCOOPA” est donnée en annexe ainsi que les analyses correspondantes.
Pour éviter le remplacement brusque de l'aliment “Président” utilisé en prégrossissement par l'aliment “URCOOPA”, celui-ci a été intégré progressivement à la ration. A partir de 6 g de poids moyen, la ration a été intégralement de l'“URCOOPA”.
La distribution de l'aliment a été fractionnée en 5 repas par jour, espacés chacun de 4 heures :
Cette méthode a été nécessaire, à cause de la très mauvaise tenue à l'eau de cet aliment, qui est au maximum de deux minutes.
L'aliment “URCOOPA” a été par contre bien consommé par les crevettes, ceci étant confirmé par l'observation dans les mangeoires qui étaient vides en quelques minutes.
L'obtention d'un poids moyen final de 37 g en 105 jours de grossissement montre que la croissance a été très bonne, la moyenne journalière est de 0,37 g.
La survie finale n'est par contre que de 53,67 %, ce qui peut expliquer cette vitesse de croissance élevée. Les animaux élevés en densité assez bien ont profité largement de l'excès d'aliment.
L'indice de conversion a été très élevé, du fait des pertes d'aliment par désagrégation rapide des granulés. Le mauvais contrôle de la mortalité en cours de l'élevage a conduit à surestimer à la biomasse totale, donc à surnourrir.
Le rendement extrapolé a été de 3,8 T/Ha/an.
L'histogramme de fréquence pondérale montre une bonne homogénéité entre la population des deux sexes, le coefficient de variation étant égal à 15,55 % pour les femelles et 15,41 % pour les mâles. La courbe de répartition par classe de poids fait apparaître l'existence de deux classes dominantes : les individus de la classe 25–33 g et ceux de la classe 33–50 g, formant respectivement les 32 % et 58 % de la population.
Cet essai de grossissement semi-intensif avec l'aliment “URCOOPA” démontre qu'il est possible, avec une formulation relativement simple d'obtenir des bons résultats d'élevage. Il reste toutefois à baisser l'indice de conversion à des valeurs proches de 2. Ce qui ne sera possible qu'en améliorant la tenue à l'eau soit en choisissant un liant plus efficace, soit en apportant une modification dans la méthode de granulation.
