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8. FICHE BIOTECHNIQUES
91.12 – 91.13 – 91.14

Les élevages sur les trois bassins d'expérimentation no 2 (B2), no 3 (B3) et no 4 (B4) de la Ferme Pilote sont réspectivement numérotés : 91.12, 91.13 et 91.14.

L'élevage 91.12 est nourri avec l'aliment “Président” et les deux autres avec le “Végecal” qui est un aliment expérimental dont les protéines sont de provenance végétale.

8.1. Renouvellement d'eau

Les changements d'eau sont faits après observation du Secchi et du calcul de la biomasse effectué chaque début de semaine. Les renouvellements d'eau séquentiels varient de 10 à 30 % par semaine pendant les 100 premiers jours d'élevage (février). De plus, un changement d'eau en continu journalier est maintenu : de 4 à 20 % pour B2 et B4 et jusqu'à 25 % pour B3. Son intensité augmente avec la biomasse.

Deux arrêts de renouvellement d'eau dûs à une pollution au niveau de l'eau du pompage et à un problème de groupe électrogène ont été notés.

8.2. Paramètres physico-chimiques

a) Température

La température observée le matin est légèrement plus faible que celle constatée le soir. Cependant, la température est relativement stable au cours de l'élevage : elle varie en moyenne entre 29°C et 31°C. La baisse de température à partir de février est due à des précipitations abondantes.

b) Oxygène dissous

Les valeurs enregistrées le matin et le soir sont en moyenne assez basses : elles varient entre 3 et 4 ppm. Des mesures d'oxygène inférieures à 2 ppm ont été observées le soir sur les 3 bassins. En effet, après des périodes de pluies, le phytoplancton, et par conséquent la photosynthèse chutent. Environ 50 % des valeurs d'oxygène notées le matin sont inférieures à 3 ppm.

Ce problème d'oxygène n'est pas dû aux paramètres des bassins, mais plutôt à la qualité d'eau du pompage, qui, mesurée régulièrement l'après-midi, ne dépassait pas 5 ppm.

Pour éviter des baisses trop importantes et trop fréquentes d'oxygène pouvant causer des retards de croissance ou de mortalité élevée, le recours à l'utilisation d'aérateurs “Paddle Wheel” s'est avéré nécessaire à partir du mois de décembre.

Ces aérateurs électriques n'ont pas été mis en marche en raison de l'augmentation de la biomasse, mais plutôt du fait de la mauvaise qualité de l'eau (période de diminution du phytoplancton, pluies et stratifications …).

c) Matières en suspension - Phytoplancton

Le secchi descend régulièrement pour se stabiliser à partir de décembre jusqu'à la récolte avec des valeurs moyennes de 35 à 45 cm. Toutefois, le bassin B4 est légèrement plus clair.

L'augmentation des matières en suspension est régulière jusquà la récolte pour atteindre respectivement 110, 100 et 80 mg/l pour les bassins B2, B3 et B4.

Les variations importantes observées dans les courbes de concentration de matières en suspension sont dûes pour une bonne part aux changements séquentiels et aux arrêts de pompage.

Les matières en suspension qui augmentent en cours d'élevage empêchent le développement du phytoplancton et par conséquent diminuent la photosynthèse. Ceci explique l'arrêt de la fertilisation fin novembre : d'où la faible quantité d'engrais utilisée au cours de tout l'élevage.

En début d'élevage (novembre - décembre) une bonne concentration du phytoplancton est notée (10 à 19 cellules/ml). A partir de décembre, la densité diminue jusqu'à la récolte (2 à 6 cellules/ml).

Les courbes du phytoplancton montrent que l'évolution de la population alguale passe par une succession de blooms et de chutes.

Il y a une relation directe du phytoplancton avec les matières en suspension qui sont très faibles en début d'élevage : les pics observés sur les courbes en octobre et novembre sont dûs à une méthodologie où l'échantillon n'a pas été rincé à l'eau distillée.

En conclusion, la disparition progressive du phytoplancton remplacé par une augmentation de la charge en matières en suspension n'a pas affecté le comportement et la croissance des crevettes.

d) Salinité

Pour l'ensemble des bassins, la valeur de la salinité a été 36 en début d'élevage. Les pics ponctuels de baisse de salinité, 22 à 24 sont toujours dûs à des précipitations importantes. Cette déssalure ne dure généralement que 24 à 48 heures. On retrouve la salinité moyenne les jours suivants.

e) pH

Le pH est assez faible tout au long des élevages avec des moyennes de 7,30 à 7,50. Ce niveau de pH est plus bas que celui de l'eau de mer qui est de 8,20.

Il diminue au cours de la première moitié d'élevage en raison de la diminution du phytoplancton et du faible renouvellement d'eau quotidien. Ce phénomène est aussi lié à l'acidité du fond des bassins qui était un sol de mangroves.

En deuxième moitié d'élevage, le pH remonte légèrement à cause de l'augmentation des renouvellements d'eau quotidien.

f) Nitrites - Nitrates

Les mesures ont toujours donné des résultats proches de zéro. Il aurait été plus intéressant d'analyser l'ammoniaque, mais le manque d'équipement ne nous a pas permis ce genre d'analyse. Toutefois, pour ce type d'élevage semi-intensif à densité relativement basse (densité initiale : 5/m2), il est peu probable que l'on ait pu trouver des doses de NH4 significatives. En fin d'élevage, les renouvellements d'eau quotidiens entre 15 et 30 % (nécessaires pour remonter les taux d'oxygène) effaceront toute trace d'ammoniaque.

8.3. Identification du phytoplancton et du zooplancton

Les diatomées présentes dès le début de l'élevage ont persisté jusqu'en fin d'élevage. Elles constituent le groupe dominant du phytoplancton dans les bassins (Fig. 1 et Tableau 2).

Fig.1

Fig. 1 : Les espèces phytoplanctoniques dominantes.

Tableau no 2 : Inventaire des groupes phytoplanctoniques

GROUPESB2B3B4
DIATOMEES CENTRIQUES   
Coscinodiscus sp.+  
DIATOMEES PENNEES   
Skeletonema costatum+ +
Chaetoceros sp.+ +
Phizosolenia sp.  + +
Asterionella japonica + 
Synedra undulata+  
Thalassiothrix delicatula+  
Pleurosigma sp.+ + ++ ++ + +
Bacillaria sp. + 
Navlcula sp.+ +++
Nitaschia sp.+ + ++++ + +
PERIDINIENS   
Ceratium sp.+  
Podolampas bipedes  +
DInophysis sp.++ 
Coniaulax sp.+ +
CYANOPHYCEAE   
Oscillatoria sp.  +

+++ : abondance
++   : abondance moyenne
+     :présence

Fig.2

Fig. 2 : Les familles zooplanctoniques dominantes

Les Copépodes constituent l'essentiel du zooplancton. Leurs densités peuvent aller jusqu'à 75 % du zooplancton et atteindre des maxima pouvant dépasser 3.000 Copépodes/m3. La liste des familles les plus fréquement rencontrées est donnée dans le tableau no 3 et les figures 2.

Tableau no 3 : Inventaire des groupes zooplanctoniques

GROUPESB2B3B4
COPEPODES (Familles)   
Augaptilidés+ + ++ + ++ + +
Calanidés+ ++ ++ +
Oithonidés+ ++ ++ +
Oncaeidés+ ++ +++
Sapphirinidés+  
Acartiidés++ 
Setillidés+  
CHEVAQUINES   
Acetes sp.+ + ++ + ++ + +
CHAETOGNATHES   
Sagitta sp.+  
DECAPODES (larves)   
Nauplius+++
Zoé+  
GASTEROPODES (larves) + 

+++ : abondance
++   : abondance moyenne
+     : présence

8.4. Alimentation

8.4.1. Les aliments à expérimenter

L'aliment “PRESIDENT” est produit par la société PRESIDENT de Taiwan. Il est destiné généralement à des élevages intensifs de P. monodon. Son prix est de 1,10 USD/Kg CIF Madagascar. Il est emballé dans des sacs de 20 Kg.

L'aliment “VEGECAL” est un granulé pour le grossissement de crevettes de mer P. monodon formulé par la société France-Aquaculture/SAFONI. S'agissant d'un aliment expérimental, le prix estimé rendu Madagascar est de 0,8 USD/Kg.

Les formules exactes de ces aliments industriels ne sont pas connues de leur source protéinique : l'aliment PRESIDENT est constitué à partir de protéines animales telles que farine de poisson blanc, calmar…. Quant à l'aliment VEGECAL, il est uniquement constitué de farines d'origine végétale (Tourteaux de Soja, Blé, Maîs, Son …)

Tableau no 4 : Compositions proximales et caractéristiques physiques des granulés

Type d'alimentPRESIDENTVEGECALTolérances
a) Composition (1)(2)(3) 
- Protéines39,63540
- Lipides5,12,56
- Glucides1,43,515
- Minéraux3,6914
- Humidité9,611<10
- Cendres10,2  
b) Caractéristiques physiques(4)(4)Grossissement P. monodon
- Longueur (mm)4 à 95 à 105 à 20
- L. moyenne (mm)68 
- Diamètre (mm)2,53,52 à 3
- Tenue à l'eau (h)24 à 62

(1) Les valeurs sont en pourcentage de poids
(2) Analyses faites par la FO.FI.FA Antananarivo. Recherche Scientifique
(3) Chiffres indiqués sur l'emballage
(4) Les mesures ont été effectuées sous binoculaire sur une centaine de granulés pris au hasard

Néamoins, un test de détermination du taux d'humidité au laboratoire de la Ferme Pilote, par étuvage et pesées a révélé une valeur de 8 % pour le PRESIDENT et 12 % d'humidité pour le VEGECAL.

Cette dernière nous semble assez élevée car des moisissures sont apparues sur cet aliment dès sa réception. La date de fabrication marquée sur l'emballage est de juillet 1991. Ce qui laisse supposer que le séchage du produit avant expédition n'a pas été suffisant ou encore que sa qualité s'est altérée durant le transport.

L'aliment PRESIDENT a été congelé dans la chambre froide des PNB5 à -18° C. L'aliment VEGECAL a été stocké en container réfrigéré (+2 à +4° C). Cependant, suite à des coupures de courant, il y a eu des grandes variations de température (+12° C) favorisant la prolifération des moisissures décelées sur plusieurs sacs de VEGECAL au cours de l'élevage.

5PNB : Pêcheries de Nossi-Be.

Pour déterminer lequel de ces deux aliments attire mieux les crevettes, des tests d'appétance sont effectués sur des crevettes adultes qui n'ont pas été habituées à ces aliments auparavant. Les tests ont été réalisés dans les 2 bacs de maturation de l'écloserie. Dans chaque bac, l'aliment a été distribué dans 2 mangeoires avec 50 granulés de VEGECAL dans l'une et 50 granulés de PRESIDENT dans l'autre. Le lendemain, les 4 mangeoires sont relevées et le reste des granulés est compté. Seul 5 granulés de VEGECAL restaient dans une mangeoire. D'après ces résultats, on peut avancer que ces deux types d'aliments ne sont pas significativement différents du point de vue pouvoir attractif sur les crevettes, étant donné que les deux aliments ont été également consommés.

8.4.2. Ration alimentaire

La quantité d'aliment nécessaire à distribuer pour avoir une bonne croissance sans polluer le bassin est fonction de la densité et du poids des crevettes, de la production naturelle du bassin, de la qualité de l'aliment et de facteurs physiques, tels que température, salinité et oxygène (AVALLE et ROTHUIS - 1991). Quand des chutes du taux d'oxygène sont observées (l'après-midi, lorsque le temps est couvert, ou tôt le matin avant la photosynthèse), il est préférable de diminuer ou même d'arrêter la distribution d'aliments. Le seuil minimum d'oxygène est estimé à 3 ppm.

8.4.3. Distribution et contrôle de la consommation

La ration quotidienne d'aliment a été fractionnée en 2 distributions : 40 % le matin (vers 05H 30) et 60 % le soir (17H 30), la crevette étant surtout active la nuit.

La distribution se fait à la volée à partir des digues.

Il faut faire très attention à la consommation réelle des crevettes : le calcul donne une valeur théorique qu'il convient d'ajuster suivant la consommation pour minimiser les risques de se trouver avec une indice de conversion élevé en fin d'élevage.

Pour la contrôler : 3 méthodes sont combinées :

  1. La première consiste à utiliser des mangeoires fabriquées avec un cadre en bois (1m × 0,5 m) équipé d'une maille de 1 mm. Au cours de la distribution, une petite quantité de granulés est répandue dans la mangeoire que l'on immerge au fond du bassin. Après 15 à 30 mn, la vérification des restes est effectuée en relevant les mangeoires. Dans ces bassins d'élevages, 2 mangeoires par bassin ont été placées, l'une du côté du canal d'adduction, l'autre vers la sortie, à l'opposé.

  2. La deuxième méthode de vérification s'effectue en plongeant dans le bassin, 2 heures après la distribution, pour constater de visu : l'état du fond du bassin (sol réduit), les éventuels restes d'aliment, le comportement et l'état des crevettes.

  3. Enfin, la troisième méthode consiste à observer directement les crevettes à partir des bords. Des crevettes visibles sur les bordures des bassins pendant la journée sont un indice de sous-alimentation.

Pour les élevages 91.13 et 91.14 (bassins B3 et B1) sur VEGECAL, l'indice de conversion est légèrement supérieur (1,97 et 2,32). La raison semble être une moins bonne maîtrise de la biomasse de ces bassins que l'on fait fluctuer en fonction des résultats de dénombrements réalisés en cours d'élevage.

L'indice de conversion aurait pu être plus bas pour les bassin sur VEGECAL si l'alimentation avait été fractionnée avec un troisième repas.

8.5. Indice de conversion

La méthode de stockage par congélation pour le PRESIDENT et en température positive pour le VEGECAL, a pu modifier les performances de l'aliment VEGECAL. De plus, le pourcentage d'humidité de ce dernier était plus élevé (12 %) que celui du PRESIDENT (8 %). On sait que dans ces conditions de stockage, un aliment perd ses qualités (disparition des vitamines, oxydation des graisses).

Malgré cela, les observations fournies par les mangeoires ont montré que ces deux aliments avaient une appétance identique : les temps de consommation mesurés à la montre étaient sensiblement les mêmes dans les bassins, aussi bien en période de consommation rapide (quelques minutes) ou lente (une heure).

Pour l'élevage 91.12 (bassin B2) sur aliment PRESIDENT, l'indice de conversion (1,8) est bon et conforme aux résultats d'élevage réalisés précédemment à la Ferme Pilote.

8.6. Croissance et Survie

(i) Croissance

Si l'élevage 90.24 (P. monodon ensemencée à 7/m2 nourri sur PRESIDENT et réalisé en saison chaude sur la Ferme) est pris comme référence de comparaison, les courbes de croissance sont quasiment identiques en début d'élevage jusqu'à 15 g de poids moyen.

Un fort ralentissement de croissance est observé à ce stade en raison d'un arrêt de la station de pompage pendant 4 jours (du 21 au 23/12/91) à cause d'une pollution de la baie par des hydrocarbures. Aucun renouvellement d'eau n'a pu être effectué.

Un deuxième arrêt de croissance est noté à 25 g de poids moyen pour cause de panne du groupe électrogène pendant 2 jours (le 12 et le 13/01/92), d'où, arrêt de pompage.

Une très faible croissance est notée pour l'élevage 91.14 à partir de 25 g pour des raison inexpliquées, éventuellement dûes à une charge trop importante de matières organiques sur le fond du bassin. Les deux autres élevages continuent normalement leur croissance jusqu'à la récolte (25,7 g pour le 91.12 nourri avec l'aliment PRESIDENT et 37 g pour le 91.13 alimenté sur VEGECAL).

Sur les trois bassins, la différenciation de croissance mâles-femelles est visible à partir de 10 g et va en augmentant jusqu'à la récolte (fig. 3).

(ii)Survie

Les taux de survie sont respectivement de 85, 77 et 79 % pour les élevages 91.12, 91.13 et 91.14.

Une mortalité a été observée dans les trois bassins une semaine après l'ensemencement. Les crevettes étaient attirées par l'arrivée d'eau dans le moine d'alimentation. Le manque d'oxygène a entraîné une mortalité que l'on a supposée importante. Par la suite, une grille a été placée à l'entrée de la buse du moins d'alimentation afin d'éviter que les crevettes ne viennent s'y accumuler.

Cette mortalité a entraîné une certaine imprécision sur la quantité de crevettes restantes dans le bassin. Des dénombrements (3) ont été réalisés en cours d'élevage pour essayer de mieux connaître la biomasse.

Par rapport aux estimations en cours d'élevage, les survies étaient légèrement meilleures que celles supposées. Ces survies sont très satisfaisantes malgré les problèmes techniques rencontrés en cours d'élevage : absence de renouvellement d'eau et taux d'oxygène très bas.

8.7. Distributions de fréquence et répartition des poids

- Courbes de distribution de fréquence (fig. 4–5–6–7)

Pour analyser la croissance avec plus de précision que lors des échantillonnages hebdomadaires, une analyse de fréquence des poids individuels des mâles et femelles aux jours J104, J139 et J193 a été réalisé.

* * Courbes de J104:

La différence mâle-femelle est très faible. Les femelles ont 10 % de plus de poids moyen que les mâles. Les populations mâles et femelles sont très homogènes.

* * Courbes de J139 :

La différenciation mâle-femelle s'accentue. Le poids moyen des femelles est supérieur de 17 %. Le poids des mâles reste assez homogène. La répartition des poids des femelles devient plus large, allant jusqu'à 40 g pour un poids moyen de 20 g.

La répartitions mâle-femelle semble identique pour les trois élevages.

* * Courbes de J 193 :

La différence de poids entre mâles et femelles est encore plus accentuée pour atteindre 26 à 29 % en fin d'élevage (Tabl. no 5).

Le coefficient de variation montre une meilleure homogénéité de l'élevage 91.12 avec 21,58 % cumulé mâles-femelles par rapport aux 27 % de l'élevage 91.13 et aux 26 % de l'élevage 91.14.

Fig.3

sur aliment VEGECAL (B3)

Fig.3

sur aliment VEGECAL (B4)

Fig.3

Fig. 3 : Courbes de croissance mâle-femelle par bassin.

P=10,8g P.m=10g P.f=11.5g N=103 104j

Fig.4

P=19,2g P.m=17,3g P.f=21,3g N=199 139j

Fig.4

P=35,7g P.m=29,7g P.f=40,3g N=201 193j

Fig.4

Fig. 4 : Courbes de distribution de fréquence réalisées sur l'élevage 91.12 au début, au milieu et en fin d'élevage.

P=11,4g P.m=10,8g P.f=12.3g N=110 104j

Fig.5

P=20.9g P.m=18.7g P.f=22,9g N=155 139j

Fig.5

P=37,0g P.m=29.9g P.f=42.1g N=188 196j

Fig.5

Fig. 5 : Courbes de distribution de fréquence réalisées sur l'élevage 91.13 au début, au milieu et en fin d'élevage

Fig.6

P=20,ig P.m=18,3g P.f=21,3g N=187 139j

Fig.6

P=31,8g P.m=25,4g P.f=35,6g N=179 192j

Fig.6

Fig. 6 : Courbes de distribution de fréquence réalisées sur l'élevage 91.14 au début, au milieu et en fin d'élevage

Bassin B2 P.m=35,7g Nb=201 Age=192j

Fig.7

Bassin B3 P.m=37,0g Nb=188 Age=196j

Fig.7

Bassin B4 P.m=31,8g Nb=179 Age=192j

Fig.7

Fig. 7 : Courbes de distribution de fréquence réalisées à la pêche.

ELEV.9112 (B2) sur aliment PRESIDENT

Fig.8

ELEV.9113 (B3) sur aliment VEGECAL

Fig.8

ELEV.9114 (B4) sur aliment VEGECAL

Fig.8

Fig. 8 : Répartition par classes de poids.

Tableau no 5 : Différence de poids entre mâles et femelles à la pêche

BassinsPoids moyen
total (g)
Poids
(g)
MâleFemelle%
(*)
B.235,7mini
moyen
maxi
19,17
29,7
40,72
26,19
40,3
61,57
26,3
B.337,0mini
moyen
maxi
14,79
29,9
43,27
17,49
42,1
84,45
28,9
B.431,8mini
moyen
maxi
11,22
25,4
38,67
15,9
35,6
52,17
28,5

(*) : accroissement du poids moyen de la femelle par rapport à celui du mâle.

- Répartition des poids

La répartition par classes des poids (fig. 8) reprend la classification des calibres commerciaux.

8.8. Rendement

Les rendements sont de 3,8 T/Ha/an pour l'élevage 91.12, 3,5 T/Ha/an pour l'élevage 91.13 et 3,15 T/Ha/an pour 91.14.

La différence de rendement entre les élevages 91.12 et 91.13 s'explique par une meilleure survie du premier. Par contre, le rendement plus faible du 91.14 est dû à une croissance qui s'est fortement ralentie en fin d'élevage révélée par un poids moyen plus faible par rapport aux 2 autres bassins.

Malgré la faiblesse de la densité d'élevage (5/m2 à l'ensemencement) les rendements sont bons pour ces trois bassins d'élevage. Une augmentation de densité à l'ensemencement à 8/m2 au lieu de 5/m2 aurait permis d'atteindre des rendements de l'ordre de 6 T/Ha/an. On peut rapprocher ce rendement théorique des résultats déjà obtenus sur la Ferme Pilote en 1990 avec les élevages 90.23 et 90.24 avec respectivement 5,8 et 5,6 T/Ha/an (densité finale : 7,5 et 8/m2).

8.9. Discussion

L'analyse de tous les paramètres relevés au cours des élevages montre que sur la Ferme Pilote, la croissance ne semble pas être affectée par des conditions physico-chimiques relativement défavorables (salinité élevée, oxygène bas, turbidité élevée …). Ce qui tendrait à démontrer l'importance de la qualité de l'aliment pour la croissance des crevettes.

Dans des conditions d'élevage très favorables, sites présumés des futures grandes fermes industrielles, on peut espérer que la part de la production naturelle sera plus importante et permettra donc d'obtenir des rendements plus élevés avec des indices de conversion plus bas.
L'analyse des résultats montre une croissance quasiment semblable sur les trois élevages, excepté sur le 91.14 en fin d'élevage. Les différences portent plutôt sur les survies et l'indice de conversion.

Le rendement obtenu avec le 91.12 (bassin PRESIDENT) est le plus élevé car la survie est de 85 % et le poids moyen final est de 35,7 g. Si l'on prend le meilleur résultat VEGECAL (Elevage 91.13) où la survie est de 77 % et le poids moyen de 37 g, un rendement très proche de celui du 91.12 est obtenu.

L'indice de conversion (1,8) obtenu sur 91.12 est conforme aux résultats acquis sur des élevages équivalents à la Ferme Pilote. Il est même possible, lorsqu'on augmente la densité d'élevage à 8/m2 de baisser cet indice de conversion à 1,6.

Quant aux élevages 91.13 et 91.14, l'indice de conversion respectif qui est de 2,3 et 2 est trop élevé dans une optique de ferme industrielle où l'indice de conversion maximal doit se situer entre 1,6 et 1,8.

Ces indices assez élevés ne remettent pas en cause la qualité de l'aliment VEGECAL tant au niveau de sa formulation que de sa fabrication. Les problèmes techniques survenus surtout en début d'élevage (les observations de mortalité des crevettes n'ont pas permis de cerner avec toute la précision voulue les paramètres d'estimation de la biomasse).

Des indices de conversion situés dans la fourchette 1,8 et 2 sont tout à fait réalistes surtout si les densités d'élevage sont légèrement augmentées afin d'améliorer la consommation de l'aliment.

Une des données les plus intéressantes obtenues durant ce travail concerne le suivi individuel des animaux pour établir les courbes de distribution de fréquence au début, au milieu et en fin d'élevage. Une différence de poids entre mâles et femelles, à l'avantage de ces dernières, a été notée. Elle est de 10 % à 10 g, de 20 % à 20 g et 30 % en fin d'élevage.

Cette souche de P. monodon semble ne pas avoir toutes les qualités de croissance comparées à certaines souches élevées dans certains pays asiatiques, où les différences entre mâles et femelles n'apparaissent qu'à partir de 30 à 40 g (AVALLE. comm. pers.).

Il serait intéressant lors d'élevages futurs à la Ferme Pilote de prolonger la durée d'élevage pour permettre d'observer l'évolution de la croissance des femelles au-delà de 40 g et de 30 g pour les mâles. En effet, dans un bassin où le sex-ratio est de 1/1, la rentabilité des élevages est directement proportionnelle à la répartition par classes de poids.

Un des résultats qui étaient attendus avec les élevages alimentés sur VEGECAL concernait la qualité des crevettes à la récolte. Par comparaison avec l'élevage sur Président où les crevettes avaient une tendance à prendre une coloration bleue, les élevages VEGECAL présentent un très bel aspect, que ce soit du point de vue de la coloration ou de l'état de la carapace et des appendices. Cette tendance à “bleuir” avec l'aliment PRESIDENT a toujours été observée à la Ferme Pilote et dans les élevages asiatiques dès que la densité d'élevage est supérieure à 3 ou 4/m2. Ce problème est dû à une carence vitaminique. (LIET. CHIM, 1990).

D'autre part, un test de cuisson a révélé une prise de coloration acceptable pour les crevettes nourries au VEGECAL.

Enfin, le pourcentage (en poids) des crevettes traitées en usine en “Head On” (H.O) a été de 85 % pour l'élevage sur PRESIDENT et respectivement 80 et 90 % pour les deux élevages 91.13 et 91.14 sur VEGECAL.


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