La réorganisation de la recherche halieutique devrait s'inscrire dans une stratégie d'ensemble visant à apporter des solutions fonctionnelles aux aspects suivants :
une structuration des centres qui réponde aux particularités de la recherche d'appul aux productions animales et végétales et à la conservation du patrimoine naturel national ;
un rééquilibrage et une intégration des programmes, par l'analyse des systèmes de production ;
une sélection des programmes qui tienne compte des différences d'intérêt et de responsabilité des secteurs public et privé, comme des attitudes et des capacités d'assimilation différentes des entreprises com-merciales et des sociétés rurales vis-à-vis de l'innovation technique ;
une recherche de synergies entre les établissements de recherche nationaux qui travaillent sur la conservation de l'environnement, le développement économique et social des productions animales et végétales, et la promotion des communautés rurales ;
le renforcement des mécanismes et des structures de coopération :
entre les établissements de recherche et d'enseignement complémentaires: FOFIFA, CNRE, CNRO, ESSA et IHSM ;
entre établissements de recherche finalisée, administrations techniques, et opérateurs économiques ;
une gestion des personnels qui cherche explicitement à valoriser les potentialités individuelles, à stimuler l'initiative, et à rechercher l'efficacité.
Tous ces aspects sont liés. Cependant, toutes les mesures qui répondent à cette stratégie ne peuvent être prises immédiatement. Le plan de renforcement de la recherche malgache devra donc distinguer :
celles qui peuvent être lancées immédiatement dans les conditions actuelles;
celles dont la réalisation dépend de l'attribution des moyens humains et financiers complémentaires, ou de décisions à haut niveau.
Dans les sections suivantes, cette distinction est indiquée (tabl. III).
Le tableau II résume sous forme synoptique :
les principaux programmes de recherche ;
leur priorité et leur urgence pour Madagascar; ces deux notions sont distinctes ; des recherches pourront devenir prioritaires avec l'évolution du secteur (par exemple, le contrôle du développement de la crevetticulture compte tenu de la capacité biotique des mangroves); à l'inverse, d'autres peuvent être utiles immédiatement, sans être absolument indispensables (par exemple, la participation de la recherche à la formation est utile aux établissements d'enseignement comme à l'approtondissement des connaissances théoriques de chercheurs);
les centres, ou l'administration, structurellement les mieux qualifiés pour en assurer la maîtrise d'œuvre ; ceci n'implique pas qu'il y ait de domaine de recherche réservé ;
des compléments d'explication sur leur contenu, leur priorité, ou leur conduite.
Ces programmes ont la priorité suivante :
première priorité : impact de la crevetticulture sur l'environnement, évaluation des stocks halieutiques, économie et sociologie halieutiques, système statistique national ;
seconde priorité : environnement aquatique (eaux continentales et zones littorales, hors programme précédent), zootechnie et technologie aquacoles, contrôle de qualité des produits ;
troisième priorité : technologie des pêches, technologie des produits.
Les centres malgaches ne disposent pas de toutes les compétences nécessaires pour conduire les recherches immédiatement prioritaires. Les programmes qui devraient être lancés ou renforcés immédiatement, mais ne peuvent l'être par suite d'un manque de personnels dans certaines disciplines, sont les suivants :
évaluation et suivi des stocks de crevettes ;
évaluation des stocks exploités par la pêche traditionnelle;
évaluation économique des pêcheries industrielles ;
organisation sociale et économique des systèmes halieutiques traditionnels;
innovations institutionnelles nécessaires à la régulation des usages et la conservation des écosystèmes ;
système statistique national : la DRH a pris la décision de créer un tel système ainsi qu'une unité d'analyse économique ; elle aura pour cela besoin d'un appui technique (traitement de l'information) ; un tel appui devrait pouvoir être apporté par les centres de recherche, mais les compétences du CNRO dans ce domaine ne sont actuellement pas suffisantes ; il ne possède notamment pas d'informaticien.
Ce bilan montre que le manque de personnels est à la fois quantitatif et qualitatif (disciplines). Même en évaluation des stocks, la discipline la mieux représentée, l'effectif est très inférieur à celul qu'il faudrait pour réaliser les recherches les plus urgentes et les étendre à l'ensemble de la ZEE malgache. Compte tenu de l'absence totale de compétences en ce domaine, la création d'un département en économie et sociologie halieutique - qui implique l'affectation initiale d'au moins deux économistes, un sociologue et un technicien - est la plus urgente.
Tableau II - Programmes prioritaires
Domaines | Programmes | Priorité* | Echéance** | Maîtrise d'œuvre*** | Commentaires |
---|---|---|---|---|---|
I - Environnement | 1.1. Normes de densité et de rejet des fermes crevetticoles1.2 Suivi de l'extension et des rejets des fermes crevetticoles | *** *** | Assez
rapidement Quelques années | CNRE, CNRO CNRE, CNRO | Deux
étapes : - avant l'achèvement des projets actuels de crevetticulture, compilation de l'information disponible sur le sujet, ou consultance ; - après leur achèvement, suivi sur place des rejets et évaluation des impacts. Globalement, les écosystèmes aquatiques sont encore relativement peu altérés ; ce qui explique l'échéance moins immédiate attribuée à ce programme ; sa priorité croîtra parallèlement au développement de la crevetticulture ; un programme détaillé est déjà en cours de préparation (MAG/92/004). |
1.3. Impacts des pollutions sur les écosystèmes dulçaquicoles | ** | Immédiate ; partiellement en cours | CNRE | S'assurer que les programmes en cours correspondent aux urgences de conservation des écosystèmes aquatiques. | |
1.4. Cartographie des sources de pollution marine | * | Quelques années | CNRE, CNRO | Une cartographie permettrait de hiérarchiser les sources de pollution, ainsi que les écosystèmes et les secteurs géographiques les plus menacés. | |
II. Evaluation des stocks halieutiques | 2.1. Stocks de crevettes | *** | Immédiate ; en cours | CNRO | Le programme (application de modèles analytiques multispécifiques et plurimétiers par zones) a une très grande priorité immédiate. Toutefois, la qualité des évaluations, ainsi que la validité et l'application des résultats, dépendent de la mise en place d'un régime d'aménagement approprié. Les capacités nationales n'ont pas encore atteint un niveau permettant l'autonomie. |
2.2. Evaluation des ressources exploitées par la pêche traditionnelle | *** | Immédiate ; partiellement en cours | CNRO | Deux programmes sont conduits: (1) évaluation d'espèces cibles
et nobles, surexploitées ou en voie de l'être (langoustes,
holothuries); (2) typologie des métiers. Vus les difficultés de
régulation, et le caractère plurispécifique et l'objectif de
développement assigné à la
pêche traditionnelle, le second programme est, pour la
recherche, plus prioritaire. Toutefois, sa couverture géographique et
thématique actuelle est insuffisante. Le programme devrait s'étendre à l'ensemble du plateau continental - en commençant par la zone côtière - et porter sur la cartographie des métiers et des ressources dans les secteurs non exploités. Une information utile existe déjà (campagnes d'évaluation). Un tel programme permettrait d'apprécier les potentialités d'extensification de la pêche traditionnelle, de définir les ensembles de ressources qui peuvent être évalués globalement, et de localiser les interactions potentielles entre pêcheries. | |
2.3. Evaluation des stocks dulçaquicoles | ** | Immédiate ; travail entamé | FOFIFA | Ce travail est compliqué par la grande dispersion des ressources et la multiplicité des facteurs anthropiques susceptibles de modifier la production des stocks. | |
2.4. Evaluation des stocks thoniers | * | Quelques années | CNRO | Actuellement, les priorités pour Madagascar diffèrent de celles des pays pêcheurs. Pour Madagascar, l'évaluation de la rente foncière potentielle et ses modalités d'extraction est plus prioritaire que l'évaluation des stocks. Des connaissances sur la disponibilité des stocks dans la ZEE malgache peuvent Y contribuer, ainsi qu'à apprécier les possibilités de développement d'une pêche locale. | |
III. Technologie des pêches | 3.1. Typologie des métiers traditionnels | ** | Immédiate ; partiellement en cours | CNRO | Voir § 2.2. Pour la pêche traditionnelle, il y a intérêt à combiner l'étude des engins et celle des ressources. La typologie des métiers peut fournir les informations suivantes: catalogue des engins, structure des ressources, variations spatio-temporelles des rendements,… |
IV. Zootechnie et technologie aquacoles | 4.1. Crevetticulture | *** | Immédiate ; en cours | Secteur privé, CNRO, FOFIFA | La maîtrise des techniques est assurée par le secteur industriel :
écloserie et grossissement (réalisé), formulation d'un aliment
à partir d'ingrédients locaux (en cours), domestication d'une
souche de reproducteurs (P. monodon; à terme), suivi
pathologique des cheptels (à terme). La recherche publique ne
devrait pas rester à l'écart d'un tel développement, mais elle
devrait se consacrer d'abord aux travaux hors de portée du
secteur privé (aménagement, cf. § 1.1, 1.2, 6.3, 7.1). Le
lancement au CNRO de programmes zootechniques devrait être
conditionné au renforcement de l'efficacité de ses
recherches. L'ouverture de ses programmes à l'aquaculture devrait se faire en concertation avec le FOFIFA qui possède déjà des compétences en zootechnie. |
4.2 - Artémiculture | * | En cours | IHSM | Evaluer les perspectives commerciales et les conditions de transfert aux opérateurs privés à la fin du présent projet. | |
4.3. Pisciculture et rizipisciculture d'eau douce | * | Quelques années ; partiellement en cours | FOFIFA | Les priorités de recherche indiquées concernent la
génétique (conservation d'une souche de carpe), la formulation d'un
aliment local, la comparaison des techniques de grossissement. A condition qu'elles soient assimilables, ces techniques peuvent être en partie importées. La priorité des recherches zootechniques devrait être réévaluée à partir d'une analyse des systèmes d'aquaculture rurale et de la politique de privatisation des fermes d'alevinage. | |
V. Technologie des produits | 5.1. Contrôle de qualité | * | Immédiate; partiellement en cours | CNRE, CNRO, FOFIFA | Les entreprises industrielles d'exportation ont mis en place un système de contrôle de qualité. Le CNRE a un programme sur ce thème. Les administrations techniques (MERH) et les centres de recherche ont à définir conjointement des programmes nationaux de contrôle et de suivi de la qualité des eaux, des cheptels et des produits, et à définir le partage des tâches avec le secteur privé. |
VI. Economie et sociologiehalieutiques | 6.1. Evaluation économique des pêcheries industrielles | *** | Immédiate ; acquisition graduelle des capacités nécessaires | CNRO | Une évaluation bio-économique de la pêcherie de crevette a été faite. Elle devrait être répétée pour évaluer les niveaux d'exploitation à rechercher. Ces analyses devront être répétées pour évaluer les implications économiques et sociales (emploi) de différents schémas de partage de la production crevettière entre branches industrielle, artisanale et traditionnelle. La rente foncière potentielle de la pêche thonière et ses modalités d'extraction devraient être évaluées. |
6.2. Organisation sociale et économie des groupes de pêcheurs et d'aquaculteurs ruraux | *** | Immédiate ; acquisition graduelle des capacités nécessaires | CNRO, initialement en collaboration avec le FOFIFA et le CNRE | Ce programme, dont la priorité est élevée, devrait porter sur:- la typologie des systèmes d'exploitation halieutique (systèmes traditionnels de mer et d'eaux douces) ;- l'analyse de ces systèmes halieutiques ; avec la priorité suivante : (1) systèmes aquacoles continentaux (pisciculture et rizipiscicultures), (2) systèmes halieutiques marins. Ce travail contribuera à améliorer l'objectivité des politiques de recherche (pré-programmation) et d'intervention (développement). | |
6.3. Innovations institutionnelles | *** | Immédiate ; acquisition graduelle des capacités nécessaires | CNRO, CNRE, FOFIFA | Analyse de l'adéquation des régimes de propriété, des mécanismes d'allocation des droits d'usage, des supports physiques de ces droits (licences, quotas, rejets, …), et structures de mise en œuvre, aux caractéristiques écologiques, techniques, économiques et sociales des usages des ressources renouvelables. Priorités : (1) pêches industrielles (crevette, thon); (2) concessions crevettières dans la mangrove ; (3) pêcheries traditionnelles. Compte tenu du caractère général du problème, les trois centres devraient coopérer à cette étude (modes de régulation des usages des ressources renouvelables). | |
VII. Système statistique national | 7.1. Aménagement des pêches et de l'aquaculture | *** | Immédiate | DRH, avec le concours du CNRO et du FOFIFA | La DRH doit disposer d'un système statistique pour l'aménagement et la conservation des ressources. Priorités: (1) pêcheries industrielles (crevette, puis thon) ; (2) crevetticulture; (3) pêches traditionnelles. La maîtrise du système national devrait être assurée par la DRH. Les différents fournisseurs et utilisateurs de données devraient y participer, les centres de recherche apportant un appui technique (informatisation). |
* Ces priorités sont jugées indépendamment des moyens disponibles et de l'échéance des études correspondantes ; les moyens peuvent actuellement fairedéfaut pour des études hautement prioritaires ; des études peuvent devenir prioritaires dans quelques années.
** Cette colonne fournit une indication sur l'échéance du démarrage des programmes correspondants.
*** Cette colonne indique le (ou les) centre(s) de recherche, et éventuellement l'administration, structurellement le(s) mieux qualifié(s) pour assurer la maîtrised'œuvre du programme correspondant. Cette indication ne tient pas compte de l'expertise acuellement disponible.
Les propositions suivantes concernent essentiellement les petits centres -le CNRO principalement, le CNRE dans une moindre mesure. Elles ne s'appliquent pas non plus directement aux établissements de formation dont le mandat est different. Toutefois, ces derniers pourront y trouver des principes d'organisation utiles.
Autonomie administrative et scientifique
Les centres doivent conserver leur autonomie administrative et scientifique. La recherche est un métier. Son administration requiert des compétences et une expérience professionnelles. La solution au manque de concertation avec les administrations techniques ne se trouve pas dans une implication directe des administrations dans la direction et le fonctionnement des centres, mais dans la mise en place de structures et de mécanismes de concertation appropriés, comme de procédures d'évaluation des centres, des programmes et des personnels qui intègrent l'obligation de résultat (mesure immédiate). Les centres ne pourront maîtriser leurs politiques de recherche et se construire comme tels que s'ils sont responsables de la programmation de leurs activités, et s'ils gèrent eux-mêmes leurs moyens - et notamment le recrutement et la formation de toutes les composantes de leurs personnels. En contrepartie de cette autonomie, les directions doivent être comptables des résultats.
Ces observations s'appliquent à tous les centres. Toutefois, les petits centres n'ont pas la taille suffisante pour mettre en oeuvre les différents structures et organes subsidiaires nécessaires. La solution à cette contrainte de masse critique se trouve dans le rapprochement de centres dont les mandats et les compétences sont analogues ou complémentaires (mesure optionnelle). En effet, la dispersion institutionnelle actuelle de la recherche halieutique malgache est un handicap majeur. La décision d'un tel rapprochement incombe aux ministères concernés. Si la réaction à cette proposition était positive, les modalités de rapprochement devraient faire l'objet d'une étude spécifique. Mais, dès maintenant, indépendamment de la décision qui pourra être prise, une meilleure synergie (débat d'idées, décloisonnement des équipes, sélection des priorités, répartition des financements, utilisation des infrastructures, …) peut être obtenue par la mise en place d'un réseau de structures et de procédures visant à renforcer la cohésion de la recherche et son interaction avec ses partenaires. Le réseau qui est proposé sera présenté après la discussion sur les ajustements internes.
Structure interne
Dans les petits centres qui pour des raisons de masse critique ne peuvent se doter d'un service spécialisé de gestion des ressources humaines, la Direction Générale doit assurer directement cette fonction (mesure immédiate ; voir plus loin).
La structure des départements scientifiques doit fournir une solution fonctionnelle au double impératif :
1) de stratification verticale : celle-ci est nécessaire pour répondre aux spécificités des différentes phases de la recherche et de l'appui au secteur productif, à savoir:
transmission des connaissances et des résultats: fourniture à l'administration des évaluations des ressources et des pêcheries pour leur aménagement, participation avec les opérateurs économiques à des opérations de recherche-action et de formation, contribution à la formulation de projets de développement (voir plus loin);
analyse des systèmes productifs9 ; ces analyses serviront de base à la programmation des recherches thématiques (priorité et cohérence des recherches à partir de l'identification et la hiérarchisation des opportunités et des contraintes propres aux principaux systèmes de production), des actions de transfert, et à la contribution à l'élaboration de politiques d'intervention réalistes ;
recherche thématique disciplinaire ;
2) de stratification horizontale (recherche thématique) : les personnels de recherche seront répartis par ensembles de disciplines voisines ; aux départements actuels de l'environnement et d'évaluation des ressources halieutiques (dénominations qui affichent leur finalité appliquée), le CNRO adjoindra dès qu'il pourra procéder aux recrutements nécessaires, un département d'économie et de sociologie halieutiques et, dans un second temps, un département de zootechnie aquacole.
Pour tous les travaux qui requièrent la contribution de plusieurs unités, ou lorsque les effectifs disponibles dans un discipline sont trop faibles pour justifier la création d'une structure (permanente) spécialisée, l'organisation des activités se fera par programmes ou projets à objectif et durée déterminés. Chaque programme ou projet pluridisciplinaire précisera les contributions respectives des différentes structures du centre.
Ces principes d'organisation sont à appliquer immédiatement.
Programmation des recherches
La préparation de plans de développement sectoriels fournit à la recherche une hiérarchie de priorités à partir de laquelle cette dernière peut définir sa propre politique. Le CNRE a élaboré ses programmes à partir des six programmes nationaux de recherche pour le développement (PIRD). Le Plan Directeur de la Pêche maintenant disponible fournit aux centres un cadre de référence pour la préparation de leurs propres programmes. La préparation systématique de plans pluriannuels de développement, et de recherche, doit améliorer l'interaction indispensable entre les administrations techniques et les centres de recherche.
On a indiqué dans l'introduction pourquoi un Plan Directeur de la Recherche Halieutique ne pouvait être préparé immédiatement. Dès que les décisions indispensables relatives aux recommandations de ce rapport seront connues, il peut l'être par les centres de recherche eux-mêmes avec l'appui de consultants confirmés. Ces consultants devraient suivre, par des visites périodiques, l'exécution des programmes. La rédaction de programmes et la formation sur le tas des chercheurs nationaux par leur participation aux activités de recherche sont rarement suffisants pour créer une capacité de recherche nationale autonome. La réussite d'une entreprise aussi complexe et de longue haleine dépend d'actions visant explicitement à l'acquisition par les structures nationales d'une compétence spécifique. C'est pourquoi le suivi de l'exécution des programmes par les chercheurs ayant participé à leur formulation apparaît comme une condition de réussite d'un Plan Directeur.
Pour finaliser le Plan Directeur, la préparation de programmes nationaux est proposée. Pour cela, la procédure suivante est recommandée :
préparation d'un programme national pour chacun des sept domaines figurant au tableau II ; l'ensemble de ces programmes constituera le Plan Directeur; ultérieurement, la même procédure sera conservée pour toute nouvelle action de recherche justifiant l'intervention concertée de plusieurs établissements ; le Collège des Directeurs (voir plus loin) aura la responsabilité d'identifier les nouveaux sujets et d'organiser la préparation des programmes nationaux ;
ces programmes seront préparés par des groupes de travail nationaux (inter-établissements), animés chacun par un chercheur national de compétence scientifique reconnue ; le Collège des Directeurs rédigera le mandat de ces groupes, et en désignera le responsable et les membres; pour la préparation de chacun des sept premiers programmes, un consultant international confirmé sera recruté et un modèle standard de programme fourni aux responsables nationaux et aux consultants ; ce modèle comprendra les éléments suivants :
justification économique et sociale du domaine de recherche ;
problématique de recherche ;
stratégie de recherche ;
actions de recherche et leurs priorités ;
partage des tâches et modalités de coopération entre les centres ;
échéancier ;
moyens disponibles et moyens additionnels nécessaires (personnels, consultances, équipements, budget);
les programmes ainsi élaborés seront soumis :
à l'avis des utilisateurs potentiels des résultats, notamment la DRH, par l'intermédiaire du Comité de la Recherche Halieutique (voir plus loin) ;
aux donateurs potentiels pour la recherche de financement, par l'intermédiaire du Comité de financement de la recherche Halieutique (voir plus loin) ;
aux établissements de recherche pour la présentation éventuelle, au groupe de travail correspondant, de propositions de recherche pour lesquels des compléments de financement sont requis (dépenses marginales) ;
les groupes de travail responsables des programmes nationaux :
évalueront les propositions de recherche des établissements, et ventileront sur la base de ces évaluations les crédits de recherche complémentaires ;
évalueront les résultats des travaux dans chaque programme ;
organiseront des groupes de travail sur des aspects théoriques et méthodologiques des programmes (formation interne) ;
prépareront des synthèses des résultats à destination des utilisateurs.
Dans les conditions actuelles, la préparation de programmes nationaux de recherche présente les avantages suivants :
la procédure apporte la caution d'une programmation scientifique rigoureuse ;
elle améliore l'utilisation des compétences nationales et l'intégration de moyens actuellement dispersés entre les centres et dans les établissements d'enseignement spécialisés ; le caractère ouvert et professionnel de la procédure réduira les comportements de chapelle; l'émulation scientifique sera renforcée ;
la participation à cet exercice contribuera à la formation des établissements à la programmation ; ceux-ci pourront s'appuyer sur les programmes nationaux pour préparer leurs propres documents de programmation ;
en laissant aux directions des centres et au Collège des Directeurs (voir plus loin) la responsabilité collective de l'exercice, les compétences nationales seront dynamisées ;
la soumission, pour avis, de ces programmes aux utilisateurs - et notamment à la DRH - assurera la concertation indispensable recherche-usagers ;
les programmes contribueront à l'harmonisation des financements par les tutelles, les administrations techniques, et les donateurs.
Une idée de projet a été préparée dans ce but (annexe II).
La réalisation d'analyses des systèmes halieutiques et aquacoles, qui devrait figurer expressément dans le programme d'économie et de sociologie halieutiques, permettra progressivement de fonder les programmes de recherche sur une appréciation objective des atouts et des contraintes des différents systèmes de pêche et d'aquaculture nationaux. Etant donné la méconnaissance de leur dynamique, ces études commenceront par l'analyse des systèmes traditionnels.
Indépendamment des programmes nationaux, les centres prépareront de façon systématique des plans pluriannuels (5 ans). Ces documents comprendront trois parties :
les activités de recherche (en distinguant les analyses de systèmes, les recherches thématiques, les opérations de recherche-action) ;
un plan de recrutement et de formation continue ;
un plan de financement (moyens matériels et financiers disponibles et demandés).
Ces programmes serviront de base pour la préparation de révisions annuelles, définissant les activités et les demandes budgétaires.
Chaque centre préparera un rapport annuel, rendant compte de ses activités et comparant les résultats obtenus aux objectifs affichés. La rédaction des rapports annuels offrira aux centres l'occasion de présenter aux administrations des avis scientifiques sur l'aménagement et le développement des pêches et des aquacultures nationales, et la conservation de l'environnement.
A leur échéance, les différents programmes d'activité seront soumis à évaluation selon des critères et des procédures différents selon la nature des activités (critères scientifiques pour les programmes de recherche, critères économiques pour les projets de développement et d'aménagement).
Les programmes pluriannuels, les programmes annuels et les évaluations seront soumis pour information et avis aux organes subsidiaires compétents de l'établissement (Comité scientifique) et nationaux (Comité de la recherche halieutique, Comité du financement de la recherche halieutique, voir plus loin).
Toutes ces dispositions sont applicables immédiatement.
Gestion des ressources humaines
La gestion des ressources humaines doit porter sur :
les procédures de recrutement (définition des qualifications requises à partir des tâches à effectuer définies dans les programmes pluriannuels et annuels, sélection des candidats sur la base de la comparaison de leurs qualifications et de celles requises);
l'évaluation périodique (tous les deux ou trois ans) des chercheurs et des techniciens sur la base des résultats de leurs travaux; ceux-ci seront présentés dans un mémoire individuel ; ces documents seront évalués par le(s) responsable(s) hiérarchique(s) des départements, par un chercheur de la même discipline extérieur à l'établissement et, finalement, par le Comité scientifique de l'établissement ;
les avancements, sur propositions du Comité scientifique ;
l'attribution, sur la base des évaluations des personnels, d'une prime de recherche, de stages de formation continue, et de participations aux activités scientifiques internationales ; pour promouvoir l'émulation, il est essentiel que ces attributions soient basées sur les performances individuelles et leur évaluation objective et transparente.
Toutes ces procédures doivent être formalisées et figurer dans un règlement intérieur d'établissement.
Dans les grands centres comme le FOFIFA, la gestion des ressources humaines est assurée par la Direction scientifique. Celle-ci s'appuie sur un Comité scientifique. La composition d'un tel comité peut comprendre le Directeur Général ou le Directeur scientifique, les directeurs des Départements scientifiques, deux10 chercheurs du Centre, et deux10 personnalités scientifiques externes. La participation d'un chercheur étranger ayant une solide expérience de l'organisation de la recherche dans le domaine de compétence du centre peut être temporairement utile. La présidence de ce Comité devrait être assurée par une personnalité malgache de compétence scientifique reconnue.
Les petits centres ne pourront pas se doter d'une structure aussi complète. L'essentiel de ces fonctions sera assuré par une structure réduite, par exemple par un sous-directeur responsable de l'ensemble de ces activités (mesure immédiate). La mise en place d'un Comité scientifique reste nécessaire. Cet organe aura pour mandat d'évaluer périodiquement, avec la Direction scientifique ou la personne chargée de cette fonction, les programmes de recherche (propositions nouvelles et résultats) et les personnels de recherche (au moins les chercheurs).
Le Comité scientifique pourrait aussi servir de comité de lecture. Mais une formule plus ouverte et plus souple est préférable. Les centres peuvent adresser leurs manuscrits à différents chercheurs nationaux et étrangers de compétence reconnue dans chaque domaine.
10 Ces chiffres sont donnés à titre indicatif.
Collège des directeurs
Lors du Séminaire du 27 juillet 1993, la création d'un Collège des Directeurs des établissements de recherche et d'enseignement halieutique a été décidée (mesure acquise). La création de ce collège est une première initiative pour renforcer la coopération entre les centres et leur concertation avec l'administration technique (DRH). Ce Collège comprendra le Chef du DRFP du FOFIFA, les Directeurs du CNRE, du CNRO, de l'IHSM, et le Professeur responsable du Laboratoire Elevage de l'ESSA. La présidence de ce Collège sera tournante. Le mandat pourra être de deux ans. Le Président préparera après consultation des members l'ordre du jour des réunions et veillera à ce le Collège connaisse les réponses données par les établissements à ses recommandations. Le Collège se réunira au moins deux fois par an.
Le Collège aura pour mandat d'étudier et de définir les modalités de coopération entre les centres identification et organisation des programmes nationaux et, plus généralement, de toute action concertée, formation continue (e.g., séminaires de formation interne), plan de développement et d'utilisation commune des infrastructures décentralisées, … Sa première tâche consistera à élaborer une première réponse commune aux besoins de recherche exprimés par la DRH dans le Plan Directeur de la Pêche.
Comités scientifiques des centres
Si leur composition est convenablement choisie (participation croisée), les comités scientifiques des établissements décrits dans la section 4.3.1 peuvent dynamiser la coopération. L'examen des programmes des établissements offre en effet une excellente occasion pour identifier les coopérations potentielles.
Programmes de recherche nationaux
L'intérêt des programmes nationaux pour renforcer la coopération entre les établissements de recherche et de formation a été explicité (voir § 4.3.1).
Rapprochement des centres de recherche halieutique, agronomique et environnementale
La petite taille du CNRE et du CNRO ne leur permet pas de se doter de l'ensemble compétences scientifiques, des structures de fonctionnement, et des infrastructures indispensables. Vraisemblablement, il en sera ainsi pendant longtemps. Les ministères de tutelle devraient donc étudier l'éventualité d'une intégration du FOFIFA, du CNRE et du CNRO (mesure différable optionnelle). Un tel rapprochement se justifierait pour les raisons suivantes :
homogénéité des domaines de recherche (problématique) : conservation de l'environnement, productions animales et végétales, promotion des communautés rurales de petits producteurs ;
similarité des disciplines : évaluation des écosystèmes aquatiques et des stocks halieutiques, zootechnie aquacole, économie et sociologie rurales - notamment l'analyse des systèmes de production et l'économie des ressources renouvelables;
intégration des recherches en halieutique où les trois centres interviennent;
meilleure utilisation des ressources humaines, scientifiques notamment;
meilleure harmonisation du financement des recherches - y compris les contributions des donateurs;
réalisation d'une masse critique au niveau des structures internes et externes, ainsi que des infrastructures décentralisées indispensables au déploiement des observations de terrain.
Cette intégration reviendrait à répercuter au niveau de la recherche le rassemblement, déjà opéré au sein du Ministère de l'Agriculture, des administrations responsables de l'ensemble des productions animales et végétables. Elle affecterait directement assez peu les équipes travaillant dans les centres et les stations.
Les mesures transitoires préconisées pour renforcer la coopération entre les centres (Collège des directeurs, Comité de la recherche halieutique) permettra à ces derniers d'apprécier l'intérêt du rapprochement proposé. Quelle que soit la décision prise, le CNRE et le CNRO ont besoin, comme le FOFIFA, d'un réseau de stations décentralisées pour le déploiement géographique de leurs observations et leur coopération avec les opérateurs économiques. L'utilisation par les trois centres du même réseau de stations provinciales permettrait d'appréciables économies d'échelle. L'intérêt d'une utilisation commune des infrastructures demeure, même sans intégration formelle des établissements. Le Collège des directeurs devrait préparer un plan de développement et d'utilisation en commun des infrastructures secondaires (mesure immédiate).
La qualité de l'interaction entre les centres de recherche finalisée et les utilisateurs de leurs travaux dépend plus de l'existence de structures fonctionnelles de concertation que de la préparation de documents ou d'instructions. En préambule à la présentation des propositions dans ce domaine, on rappellera quelques principes généraux :
la recherche finalisée ne répondra pas aux besoins du secteur économique si ses utilisateurs potentiels ne peuvent exprimer leurs besoins et connaître les capacités de réponse de la recherche dans des organes subsidiaires des établissements de recherche; des structures permanentes de concertation sont donc indispensables pour améliorer simultanément la pertinence et la cohérence des programmes (adéquation des recherches aux besoins du secteur), ainsi que celle des financements; l'unicité des structures à l'échelon national est un facteur de cohérence; à défaut de pouvoir mettre en place des structures permanentes, on peut recourir à des mécanismes ad hoc ;
les utilisateurs comprennent les administrations techniques (pêche et aquaculture, mais aussi environnement, agriculture, développment rural, santé publique,…), et les opérateurs privés (associations professionnelles); parmi ces derniers, les entreprises industrielles, le secteur artisanal et le monde traditionnel doivent être distingués car ils n'ont ni les mêmes besoins, ni les mêmes capacités d'assimilation; l'intérêt pour l'innovation technique des communautés traditionnelles ne peut être tenu pour acquis; il y a donc lieu de se préoccuper des moyens de stimuler les échanges et la contribution de la recherche à la promotion des communautés de producteurs; pour motiver les paysans et leur donner un moyen d'action, le gouvernement malien, par exemple, attribue aux associations de paysans des fonds (fournis par des bailleurs) avec lesquels ces derniers contribuent au financement de travaux de R & D qui les intéressent ;
dans la mesure où la décentralisation est opérationnellement et financièrement possible, la concertation doit être structurée aussi à des niveaux inférieurs à l'échelon national; pour une concertation décentralisée, plusieurs découpages, non exclusifs, sont à envisager: géographique (provinces), professionnels (systèmes de pêche et de culture, groupes cibles),…; le développement de la crevetticulture, par exemple, pourra conduire à la création d'une structure de concertation spécialisée dans la technologie de ce type d'élevage ;
on a généralement intérêt à confier la responsabilité des structures de concertation aux destinataires des produits de la recherche ; c'est par exemple le cas des opérateurs privés car ils ont la responsabilité d'intégrer les techniques et les facteurs dans des systèmes de production viables et rentables : en d'autres mots, c'est eux qui font le développement ;
à une plus petite échelle encore, l'exécution de projets de recherche-action justifie la mise en place de mécanismes ad hoc pour la conception, le suivi et l'évaluation finale des projets ;
enfin, l'articulation recherche-application pose la question du mécanisme de sélection des programmes de recherche.
Structure nationale
Pour la structure de concertation nationale, deux solutions sont envisageables : des structures distinctes pour chaque établissement, ou une structure commune à l'ensemble des établissements de recherche et d'enseignement halieutique et aquacole. La seconde présenterait le double avantage de contribuer à l'harmonisation des programmes des centres, ainsi qu'à celle des aides extérieures. Elle coïncide aussi avec l'existence d'un seul Ministère chargé de l'ensemble des productions animales et végétables. La mise en place d'un Collège des directeurs faciliterait aussi le fonctionnement d'un Comité unique. Cette option peut être réalisée par la création d'un Comité de la recherche halieutique, composé de représentants des administrations techniques - et en particulier de la DRH - et des ministères de tutelle de la recherche (MRSTD, Ministère de l'Enseignement Supérieur), des principales associations professionnelles nationales (pêches et aquacultures industrielles, artisanales et traditionnelles), et du Collège des directeurs. Ce Comité serait présidé par le Directeur des Ressources Halieutiques. Le secrétariat serait assurée par la recherche. Les représentants des associations professionnelles seraient désignés par le MERH.
En assurant un dialogue permanent entre la recherche et ses utilisateurs, le Comité de la recherche halieutique contribuerait à une meilleure compréhension de la contribution potentielle de la recherche, comme des contraintes et opportunités des différents systèmes de production. Il aurait spécifiquement pour mandat :
de contribuer à l'élaboration et à la révision périodique de la politique nationale de recherche sectorielle ;
d'étudier les besoins de recherche des utilisateurs publics et privés, et de présenter des avis sur leur priorité ;
de connaître les documents de programmation des centres et de donner son avis sur leur pertinence par rapport aux besoins ;
de faire des propositions sur la coopération entre les centres.
Il se réunirait au moins deux fois par an.
Les Centres finaliseraient leurs programmes pluriannuels et annuels sur la base des recommandations du Comité de la recherche. Ces programmes serviraient de base aux demandes budgétaires en direction du MRSTD et du MERH, ainsi que des bailleurs de fonds. Les demandes budgétaires feraient ainsi l'objet d'une intégration au niveau national - entre les centres de recherche d'abord par l'intermédiaire du Collège des directeurs, avec les utilisateurs publics et privés ensuite par l'intermédiaire du Comité de la recherche, auprès des bailleurs de fonds enfin auxquels un document commun produit par les structures nationales pourrait alors être soumis (voir plus loin).
Structures et mécanismes décentralisés
En ce qui concerne la concertation décentralisée, le FOFIFA attend de la mise en place d'une Direction de la Recherche et du Développement le renforcement de ses relations avec les groupes d'utilisateurs privés (au niveau des provinces et de groupes de paysans engagés dans les mêmes systèmes de culture notamment). Vu leurs contraintes de masse critique, l'extension au CNRO et au CNRE de structures permanentes de ce genre n'est pas concevable. Une contrainte forte à l'interaction entre ces centres les utilisateurs privés de leurs recherches demeurera. Seul le rapprochement des centres permettrait de la surmonter (mesure optionnelle).
Dans l'immédiat, seule la mise en place de mécanismes de concertation ad hoc pour les groupes ou les systèmes de pêche et d'aquaculture faisant l'object de projets de recherche-action particuliers est possible. Ces mécanismes auront une triple fonction :
Lorsque les centres s'engageront dans des programmes de R & D de plus grande envergure (e.g., en zootechnie aquacole), le recours à des structures permanentes de liaison profession-recherche sera nécessaire dans chacun des domaines (mesure différable). Des modèles de montage ayant fait leur preuve existent dans le monde agricole. Compte tenu de la complexité des relations recherche-profession dans les productions animales et végétales, il sera important de s'y référer (éventuellement par le recrutement d'un consultant, mesure ultérieure).
Enfin, la fourniture d'informations et de connaissances nécessaires à l'identification et à la formulation de projets de développement est une responsabilité directe de la recherche finalisée. Les centres doivent apporter leur plein appui à cette tâche (mesure immédiate).
Unité statistique et d'analyses économiques de la DRH
La décision de la DRH de se doter d'une unité de ce genre peut améliorer beaucoup pour les relations entre la recherche et l'administration (mesure immédiate). Une telle unité ne fera pas double emploi avec les unités de recherche en économie et en sociologie halieutiques recommandées pour les centres. Au contraire, l'existence dans la recherche et l'administration de personnels disposant d'une formation dans les mêmes disciplines facilitera la communication. Essentiellement opérationnelle, l'unité de la DRH devrait être le maillon actif entre la recherche et la gestion récurrente du secteur par les services de l'administration. Les unités de recherche économique des centres travailleraient sur des analyses plus conceptuelles et plus prospectives.
Mécanismes de sélection des programmes et projets de recherche
Le financement par les administrations techniques des coûts marginaux des recherches dont elles ont besoin contribuerait grandement à la hiérarchisation des priorités. Lorsqu'elles n'ont pas à être financées, les demandes des administrations ont en effet de grandes chances d'excéder les capacités des centres. Le recours à des critères économiques se justifie par ailleurs pour gérer des investigations à finalité appliquée.
La mise en place de régimes fonctionnels d'aménagement des pêches et des cultures industrielles peut fournir à la DRH les fonds nécessaires pour cela. La fonction d'aménagement des usages des ressources naturelles coïncide avec la responsabilité du propriétaire des ressources. L'exercice de cette responsabilité - la gestion en bon père de famille du patrimoine naturel national - implique des dépenses (recherche, système statistique, négociations avec les usagers, application des réglementations). Pour les productions industrielles (pêches crevettières et thonières, crevetticulture), le recours à des mécanismes économiques - indirects (redevances) ou directs (marché) - pour l'allocation des droits de pêche et de concessions dans les mangroves peut largement couvrir les dépenses qui incombent à l'administration, tout en améliorant considérablement l'efficacité de l'aménagement. L'affectation prioritaire des recettes de l'aménagement à ce fonds pour couvrir les dépenses du secteur public suppose que le Ministère des Finances fasse exception au principe de non-réallocation des recettes publiques (mesure immédiate). II semble que le principe de la création d'un Fonds de développement de la pêche soit maintenant acquis (Bonucci, 1992).
Un financement par les administrations du coût marginal de leurs demandes est compatible avec une responsabilité d'ensemble du MRSTD sur l'administration des centres et la gestion des personnels de recherche. En dehors des dépenses afférentes à ces tâches, le MRSTD concentrerait son financement sur les recherches plus prospectives pour lesquelles il n'existe pas encore de demande solvable (mesure optionnelle).
Toutefois, le recours au même mécanisme n'est pas envisageable pour les pêches traditionnelles car il n'est pas compatible avec l'organisation sociale et économique des communautés de pêcheurs. En revanche, si elle était applicable, une redevance sur les exportations pourrait, en prélevant une partie de la rente foncière, empêcher le taux d'exploitation des espèces nobles destinée au marché international d'atteindre des niveaux incompatibles avec la conservation des stocks. Au moins un pays en développement applique effectivement ce système à sa pêche traditionnelle.
Dans le même ordre d'idées, on a signalé qu'une participation financière de l'entreprise ou sous forme de prestation de service par le groupe cible fournissait une évidence de leur intérêt direct et immédiat pour un projet de recherche-action. S'assurer de cette condition peut être la première étape de la coopération.
La coopération régionale peut être renforcée de deux façons :
par le développement de coopérations bilatérales et multilatérales avec les centres de pays de la sous-région travaillant sur les mêmes questions: évaluation des stocks de crevettes, techniques aquacoles (crevette, rizipisciculture, pisciculture,…), analyse des pêcheries traditionnelles, usages et aménagement des mangroves, aménagement des pêches industrielles (crevettes, thons), … ; cette coopération est potentiellement très utile pour l'échange de connaissances, la conception conjointe des programmes de recherche, la confrontation des résultats, … (mesure immédiate) ;
la participation aux organismes régionaux; la politique nationale vis-à-vis de ces organismes devrait viser à :
agir sur les politiques des organismes pour qu'elles coïncident bien avec les préoccupations nationales ;
distinguer la coopération scientifique et la coopération économique; les applications de développement et d'aménagement ressortent généralement directement de l'échelon national ; c'est pourquoi les opportunités de coopération sont souvent plus restreintes dans le domaine économique que dans celui de la recherche ;
oeuvrer pour un rapprochement des organismes régionaux dans un ensemble responsable de l'ensemble de la recherche halieutique, aquacole et environnementale ; pour les mêmes raisons qu'au niveau national, la similitude des problèmes de valorisation et d'aménagement des ressources halieutiques, et l'intensification des interactions entre usages par l'intermédiaire des écosystèmes aquatiques militent dans ce sens au niveau régional.
La pleine utilisation de ces structures pour le développement de la recherche halieutique malgache dépend d'un renforcement de la participation des centres à leurs activités.
La responsabilité de l'utilisation des aides extérieures est une prérogative nationale. Les structures nationales sont aussi en meilleure position pour donner aux aides extérieures la cohérence nécessaire et les intégrer aux efforts nationaux. Toutefois, l'implication souvent grandissante des agences étrangères dans cette fonction est aussi révélatrice d'insuffisances sérieuses dans la planification nationale. La préparation des plans pluriannuels et annuels de recherche, conformes aux plans de développement sectoriels préparés par les administrations, et la mise en place d'un Comité national de financement de la recherche halieutique, devraient améliorer significativement la capacité nationale à mieux gérer l'aide internationale. Ceci impliquerait notamment le rejet de toutes les propositions d'appui qui n'auraient pas reçu l'aval de la procédure de programmation nationale.
Ces dispositions n'impliquent pas nécessairement que les mécanismes en place soient modifiés. Le FOFIFA pourrait continuer à soumettre ses propositions à son propre Comité de financement de la recherche agricole. Les autres centres devrait alors se doter de structures comparables. Toutefois, pour les raisons mêmes qui ont été analysées lors de la présentation du Collége des directeurs et du Comité de la recherche halieutique, la recherche halieutique malgache a intérêt à se doter d'une structure de concertation unique. L'ensemble des programmes de recherche halieutique préparés par les centres, harmonisés par le Collège des directeurs, et approuvés par le Comité de la recherche halieutique, serait alors soumis à un Comité national de financement de la recherche halieutique unique. Le MRSTD, les administrations techniques du MERH, l'ONE, les Directions des Centres de recherche, et les bailleurs de fonds seraient représentés dans ce comité (mesure optionnelle). Cette participation contribuerait à l'harmonisation des financements nationaux, bilatéraux et multilatéraux.
L'expérience de l'appui à la recherche montre que la conduite de recherches en coopération et la formation sur le tas par la participation à des programmes communs sont rarement suffisantes pour créer des capacités de recherche autonomes. L'appui au renforcement des capacités nationales de recherche devrait figurer en haut de la liste des demandes d'aide extérieure, comme dans les priorités des agences bilatérales et multilatérales de développement. Cette aide devrait porter en priorité sur :
le renforcement de la capacité des instituts à gérer la recherche (structure et gestion scientifique des centres, programmation scientifique, gestion des ressources humaines);
le renforcement des capacités scientifiques (formation initiale et continue).