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4. CONCLUSIONS GENERALES

Le succès de l'activité de production de toute écloserie marine repose sur quatre bases fondamentales:

  1. les reproducteurs: constitution d'un stock suffisant de reproducteurs et gestion correcte de ce parc au niveau de l'alimentation, l'état sanitaire et les manipulations;

  2. la production massive de plancton: production et fourniture garantie d'aliment vivant en étroite relation avec les exigences de l'élevage larvaire;

  3. la qualité de l'eau: choix du site de prélèvement de l'eau, traitement préliminaire de l'eau en amont de l'écloserie, contrôle et gestion de la qualité de l'eau (surtout dans le cas de systèmes à recyclage);

  4. les aspects économiques: le prix de revient de l'alevin doit être compatible avec le bilan économique de la phase de grossissement.

Le parc de reproducteurs, pratiquement inexistant au cours de la première saison d'activité, est en voie de constitution et, si d'une part il ne pourra pas résoudre encore entièrement l'approvisionnement en oeufs pour la saison actuellement en cours, de l'autre l'apport supplémentaire de nouveaux exemplaires jusqu'à l'hiver prochain (1985/86) devrait aboutir à un stock suffisant.

Quant à la production massive de phyto- et zooplancton comme aliment vivant pour l'élevage larvaire, la CENMAR a été limitée par des problèmes de qualité de l'eau au niveau de toutes les unités; le traitement préliminaire de l'eau sur filtre à sable puis sur cartouches et une stérilisation correcte en amont devrait proter cette année la productivité de ce secteur à des niveaux normaux.

Le choix du site pour la réalisation de l'écloserie s'est malheureusement avéré tout à fait inadéquat par rapport aux exigences d'une telle installation vis-à-vis des propriétés physico-chimiques de l'eau. Les températures minimales de l'eau au niveau de la station de pompage et des bassins extérieurs prévus pour le stockage des reproducteurs obligent à envisager une solution globale pour le maintien du parc de géniteurs pendant l'hiver et les pontes (trois hypothèses dans ce sens sont proposées dans ce rapport); la conception même de la prise d'eau, son ubication dans la lagune et l'absence de tout traitement préliminaire de l'eau (décantage et filtration) ont rendu souvent impossible l'approvisionnement hydrique dans l'écloserie (manque d'eau à la prise et turbi-- dité excessive à marée basse, fluctuations journalières et saisonnières trop fortes et trop rapides de température et teneur en oxygène dissous, etc.). Pour pallier à cette situation la CENMAR a été obligée de projeter et réaliser une autre prise d'eau en mer à près d'un kimomètre de l'écloserie ce qui ne résoudra toutefois pas le problème dans sa totalité.

Une approche sommaire des aspects économiques de la gestion de l'écloserie a été également proposée car ceux-ci doivent représenter le point de départ de toute initiative industrielle de telle envergure et doivent conditionner étroitement le choix et les critères adoptés au niveau des projets, des méthodologies de production et de la gestion générale de l'écloserie. Plusieurs aspects techniques de l'écloserie de Nin entraînent une demande excessive en énergie (électricité, chauffage de l'eau) et, surtout, en main-d'oeuvre; si d'une part les coûts de l'énergie et du travail en Yougoslavie sont tels que ces éléments ne compromettent pas le bilan économique de l'initiative, de l'autre une écloserie ainsi conçue serait insoutenable dans le cadre d'une économie de type occidental (France ou Italie par exemple).

Le bilan global de cette première saison de production de l'écloserie est appréciable : plus d'un million (1.102.430) d'alevins produits et mis en grossissement, malgré le retard initial qui a compromis une partie de la période de reproduction naturelle du bar; ce nombre ne doit toutefois pas être interprété uniquement dans sa valeur absolue mais surtout en rapport avec la dimension de l'écloserie et les taux de survie obtenus.

La productivité pourrait toutefois être améliorée d'une part par le décalage des saisone de reproduction et de l'autre par la reproduction artificielle d'autres espèces marines comme la daurade (dont la mise en production durant la mission a déjà donné des résultats positifs) et la crevette japonaise; on pourrait ainsi exploiter l'installation pendant près de neuf mois par an et augmenter considérablement la production annuelle de l'écloserie.

Ces résultats, auxquels il faut également juxtaposer le succès obtenu par la CENMAR en phase de grossissement, tant au niveau de l'accroissement que de la survie finale en première année, confirment donc la possibilité d'atteindre aussi bien la production potentielle prévue pour l'écloserie, soit 1.5 million d'alevins sevrés, que la production finale en cages de 300 tonnes/an de poisson et font de l'initiative de la CENMAR le plus gros projet existant de reproduction et élevage du bar.


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