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3. STATION PISCICOLE D'AMBATOLAMPY

3.1 Description générale

3.1.1 Historique

La situation forestière et piscicole d'Ambatolampy est située à 5 km d'Ambatolampy dans le Firaisana d'Ambatofotsy. Elle a été créée en 1950 après le rachat par le gouvernement d'une station essentiellement forestière appartenant au privé. L'essentiel des travaux de développement qui ont donné à la station ses installations actuelles (étangs barrés, étangs piscicoles, bâtiments) ont été réalisés entre 1954 et 1957. En 1980 alors que la station était prise en charge par un projet coréen furent ajoutées des porcheries et canardières pour l'élevage associé. Les activités de la station consistaient principalement en production/cession d'alevins, production de poissons marchands, cession de plants (pin et eucalyptus) ainsi que riziculture. En 1983, après le départ des Coréens, le domaine des Eaux et Forêts fit l'acquisition d'un lot de 38 ha situé à Ambohimandroso et distant de 22 km de la station. L'exploitation de ce lot fut confiée à la station pour la production de cultures sèches devant servir à l'alimentation de l'élevage-associé, cette exploitation a été pratiquement abandonnée par suite de l'éloignement et de la difficulté de surveillance. Pour la pisciculture et après divers essais, c'est l'élevage de la carpe commune var. royale qui a été retenue car cette espèce piscicole donne les meilleures performances de croissance.

3.1.2 Description sommaire

3.1.2.1 Aménagements

La station comprend 8 étangs de barrage et couvre une superficie de 36,16 ha. Ces étangs sont barrés et munis de systèmes d'évacuation d'eau. Ces étangs alimentent le réseau d'étangs piscicoles aménagés et pourraient être utilisés pour la pisciculture extensive.

L'exploitation piscicole se pratique dans le réseau d'étangs aménagés qui couvre 2,62 ha de plan d'eau, alimenté par l'étang no4, et réparti comme suit:

6 étangs de 25 a150 a
10 étangs de 10 a100 a
12 étangs de 1 a  12 a
 
TOTAL     2,62  ha
 
6 bacs de stabulation de 3 m2 chacun 

Un autre réseau de bassins situés en aval de l'étang no7 est depuis longtemps à l'abandon et ne sera vraisemblablement pas remis en exploitation par suite de son éloignement qui le rend difficile à surveiller.

Faute d'entretien suffisant, l'érosion affecte à différents degrés les berges des étangs, et certains bassins piscicoles gardent mal l'eau et devraient être bétonnés.

3.1.2.2 Infrastructures

Les installations de la station comprennent un ensemble de 7 bâtiments comprenant un bureau, le logement du chef de station, 2 magasins, et 4 logements pour les ouvriers de la station.

Un bâtiment en construction est prévu pour abriter le broyeur et servir de magasin. Ces bâtiments construits en 1954 et 1955 souffrent d'un manque d'entretien et des travaux d'urgence sont à prévoir principalement pour la réparation des toitures.

3.1.2.3 Equipement et matériel

L'équipement de la station comprend une TOYOTA Pick Up, un tracteur Ford, une motopompe, une pompe, une charrue Bourguignon, une pompe à huile STAM, et un broyeur qui n'a pas encore été mis en route. L'installation électrique comprend une alimentation force de 70 ampères et une alimentation lumière de 50 ampères. Les véhicules (TOYOTA et tracteur) présentent des signes d'usures et devront bientôt être remplacés.

Le matériel piscicole inclut filet maillant, sennes, filet pour alevins, pesons, balances, coffrages métalliques pour buse et moines, épuisettes, seaux, brouettes, etc…

La station est également dotée de matériel optique, topographique et de laboratoire.

3.1.2.4 Personnel

Les effectifs actuels de la station s'élèvent à 12 permanents payés par la DPA et soumis à différents statuts :

1 chef de station/adjoint technique fonctionnaire,
1 ELD agent piscicole, chef de travaux,
1 ELD conducteur,
1 ECD chauffeur,
2 ECD gardiens,
1 ECD porcher,
1 ECD bouvier,
3 ECD ouvriers polyvalents,
1 ECD agent forestier.

Les ELD (emploi de longue durée) sont des contractuels intégrés à la fonction publique, les ECD (emploi de courte durée) sont sous statut du code de travail. Ils sont révocables sous réserves des procédures prévues dans le code du travail.

L'équipe des permanents est renforcée d'Avril à Décembre par des EMO (emploi main d'oeuvre) qui sont recrutés pour une durée déterminée et payés au mois.

Enfin pour des travaux spécifiques, de la main d'oeuvre occasionnelle est recrutée et payée à la journée ou à la tâche

Seuls le porcher, le bouvier, et les gardiens sont affectés à plein temps. Le reste du personnel est polyvalent et participe aux diverses activités selon les directives établies jour par jour par le chef de station.

L'horaire de 40 heures par semaine sur 5 jours de 7h00 à 15h00 ne prévoit pas d'heure supplémentaire. Les travaux indispensables en dehors de l'horaire font l'objet d'une récupération.

3.2 Mandat de la station

3.2.1 Mandat actuel

Le développement de la rizipisciculture sur les hauts-plateaux repose essentiellement sur :

Vulgarisation et production d'alevins sont en quelque sorte les deux piliers sur lesquels repose l'action de développement de la rizipisciculture et de la pisciculture en étang.

• Le rôle et l'objectif essentiel de la station est en conséquence la production d'alevins afin de satisfaire les besoins des rizipisciculteurs de la zone couverte par le projet. Le programme de cession établi par les vulgarisateurs, en tenant compte des demandes exprimées par les paysans, doit être réalisé par priorité en quantité et qualité ainsi que les besoins propres de la station pour la reproduction et renforcement du cheptel de géniteurs et donneurs d'hypophyses (ces besoins se limitent à quelques centaines d'alevins).

• Les autres activités élévage/associé, pisciculture et rizipisciculture, riziculture et culture sèche, doivent être considérées comme complémentaires (élévage associé) ou annexes et passer après l'objectif principal de production d'alevins. Ces activités ne doivent pas pour autant être négligées, car, bien menées, elles permettent de rentabiliser le potentiel de la station en réduisant les coûts de l'activité principale de production d'alevins.

• Le rôle également important de stations pilotes de formation et de vulgarisation se trouve actuellement limité, en effet :

3.2.2 Mandat futur de la station

Il appartient à la DPA de réfléchir et de décider si la station se verra confiée dans les années à venir d'autres missions que son mandat actuel de production d'alevins.

Les options possibles sont:

  1. Production de géniteurs pour cession aux éleveurs artisanaux d'alevins. Le développement prévu du réseau privé de producteurs d'alevins suppose la mise en place d'un circuit de distribution de géniteurs. Cette activité de production à cycle long (il faut 3–4 années pour obtenir des géniteurs cessibles) nécessitera des investissements complémentaires et une importante immobilisation en fonds de roulement couvrant les 3–4 années des charges encourues pour la production des géniteurs. Une recherche d'accompagnement pour la sélection des géniteurs devra également être prévue.

  2. Centre de formation pour les producteurs artisanaux d'alevins ; si la station doit jouer ce rôle, la mise en place de structures d'accueil devront être prévues et financées.

3.3 Caractéristiques de l'exploitation

3.3.1 Exploitation à risques

Il s'agit d'une exploitation à risques et même à “hauts risques” :

i) Les cataclysmes et aléas climatiques

(tornades, grêles, inondations, sécheresse, baisse brutale des températures, maladies, invasion de prédateurs etc…) ont une incidence directe sur les résultats de l'exploitation. Ils obligent pour y faire face à une réaction immédiate qui ne peut se faire dans le cadre d'une gestion administrative : moyens financiers et embauche de main d'oeuvre pour les réparations des infrastructures, la conservation des géniteurs ; transfert dans d'autres étangs non contaminés et désinfections, réparation des digues et ouvrages d'art, pompage en cas de sécheresse, etc…etc… Les dégâts souvent considérables grèvent lourdement l'exploitation ;

ii) La sécurité

La station s'étend sur une grande superficie d'ailleurs mal délimitée, elle est difficile à garder et les vols sont fréquents causant des préjudices considérables, et, rendant aléatoire sinon impossible certaines spéculations comme la culture sèche, la pisciculture en étangs barrés, la riziculture et la rizipisciculture. Il s'agit :

Le rétablissement d'une sécurité acceptable peut être considéré comme un préalable à une saine gestion de la station. L'ensemble du personnel de la station devrait être concerné par le renforcement de la sécurité faute de laquelle une exploitation rentable n'est pas envisageable.

3.3.2 Autres caractéristiques

Une autre caractéristique de l'exploitation, d'ailleurs commune aux fermes intégrées, est l'étendue des compétences exigées pour la direction de la station. Le responsable de la station doit, en effet, être halieute spécialisé pour la pisciculture, vétérinaire pour l'élévage associé, agronome pour les cultures, et enfin bon gestionnaire. C'est beaucoup demander à un responsable qui ne pourra s'acquitter de sa tâche que si il est d'un niveau général élevé, et, que si il bénéficie d'une assistance technique appropriée.

3.4 Activités : évolution et perspectives

3.4.1 Pisciculture

3.4.1.1 Production d'alevins

Les activités piscicoles sont concentrées sur la production d'alevins cessibles de carpe royale destinée à la mise en charge des rizières.

Le cycle de production/commercialisation porte sur 6 mois :

 AoûtSeptOctNovDécJanv
Préparation/fertilisation des étangs------------------------------------------------    
Reproduction ----------------------------------------------------------------------  
Alevinage  ------------------------------------------------------------------------ 
Vente d'alevins   15 Nov    -    15 Janv

De Février à fin Juillet, il est procédé à l'entretien général de la station et à la remise en état des étangs piscicoles.

Le processus qui exige le respect scrupuleux du calendrier et des normes techniques, ainsi qu'une surveillance constante des eaux sont bien maîtrisés par le personnel de la station, sauf peut être en ce qui concerne les mesures immédiates à prendre en cas d'imprévus (aléas climatiques, cataclysmes, et autres).

Les résultats pour les trois dernières campagnes ont été les suivants :

Année 85/86     86/87     87/88    
GestionGestion adminitrative par DAPGestion directe par le projetGestion mixte DPA/Projet
Productions d'alevins
Ventes/cessions d'alevins
240 000
108 494
470 000
345 374
551 000
416 275

La faiblesse de la production de la campagne 85/86 s'explique par les nombreux blocages dus à la gestion administrative de la station : écroulement en Septembre 1985 des bacs de stabulation qui n'ont pu être réparés immédiatement faute de crédits, impossibilité de fertiliser les étangs avec du fumier qui ne pouvait être qu'acheté cash aux paysans, impossibilité de recruter la main d'oeuvre occasionnelle nécessaire etc…

Perspectives

Il faut, avant de parler perspectives, évoquer la capacité de la station en matière d'alevinage. Cette capacité est théoriquement fonction du nombre d'étangs disponibles pour l'alevinage et de la densité de la mise en charge d'alevins par are.

La capacité telle que prévue par l'étude de Mr. A. Collart en 1978 était de 5.100.000 alevins par an. Mr. l'Heureux économiste qui avait apprécié en 1985 les possibilités réelles de la station fixait cette capacité entre 1.000.000 et 2.000.000 d'alevins par an.

Il apparaît raisonnable de retenir ce dernier chiffre (1 à 2 millions d'alevins par an) comme objectif à l'horizon des 4 à 5 années à venir. Bien entendu, cette agmentation de production sera progressive, car elle dépend de l'amélioration de la fertilisation des étangs, et, du renouvellement des géniteurs, et on ne peut passer de 551.000 (production de 87/88) à 1.000.000 ou 2.000.000 d'alevins qu'en l'espace de 4–5 années.

L'objectif réaliste que l'on peut se fixer est le suivant :

87/88....................................   551.000 alevins
88/89....................................   800.000 alevins
89/90....................................1.200.000 alevins
90/91....................................1.600.000 alevins
91/92....................................2.000.000 alevins

3.4.1.2 Production de poissons de consommation

En 85/86 les étangs disponibles après alevinage ont été utilisés pour l'élevage des carpes destinées au renouvellement du cheptel des géniteurs et des donneurs d'hypophyses. La mise en charge des rizières a donné en rizipisciculture des résultats décevants : 75 kg de poissons pour 14 parcelles rizicoles d'une superficie d'environ de 1,5 ha, alors que les paysans rizipisciculteurs obtiennent en moyenne 183 kg/ha soit pour la même superficie 275 kg. En 86/87 la situation en rizipisciculture et pisciculture en étangs piscicoles a été à peine meilleure : 110 kg de poissons vendus.

En 87/88 la production n'est pas encore connue.

En résumé:

3.4.2 Elevage associé

L'élevage associé poissons-porcs, le seul pratiqué actuellement, entraîne d'excellents rendements piscicoles. Il a été intensifié en 86/87 mais uniquement “porcs à l'engraissement”, qui limitent les risques de maladies et ne nécessitent qu'un suivi vétérinaire bien maîtrisé par le personnel de la station. En 87/88 la reproduction a été reprise avec les risques élevés de maladies pour les porcelets au sevrage et le besoin de soins intensifs pour les jeunes porcelets. Le personnel de la station ne maîtrise pas les techniques beaucoup plus délicates de l'élevage naisseur, une assistance technique d'un vétérinaire spécialisé serait nécessaire.

Si on décide de reprendre l'élevage associé poissons-canards sur une base moderne (incubateurs, couveuses, importation de canetons de souche appropriée) une assistance technique quasi permamente des services spécialisés de l'élevage sera nécessaire car le personnel de la station n'a pas la compétence requise pour mener à bien cette opération.

3.4.3 Riziculture

La station exploite présentement 2,6 ha de rizières, mais cette exploitation ne couvre qu'une partie du potentiel de la station, les paysans des communautés environnantes ayant depuis plusieurs années utilisé à leur compte les surfaces à potentiel rizicole. La production en 85/86 a atteint 1.309 kg, soit 509 kg à l'hectare. La faiblesse du rendement est imputable au non respect des techniques culturales (semences, engrais, labours, traitements insecticides, etc…) mais également à des vols.

En 86/87 les surfaces des rizières ont été agrandies à 460 ares, des semences sélectionnées et traitées achetées, les travaux de labour, herbage, sarclage effectués pour une grande partie par la main-d'oeuvre occasionnelle. Le résultat environ 3.000 kg de paddy a été aussi médiocre qu'en 85/86 par suite des innondations et également des vols.

En 87/88 le résultat de l'exploitation réalisé sur une surface restreinte n'est pas connu.

En résumé, la riziculture est possible et devrait se développer à condition de renforcer la surveillance au moment de la récolte, du battage, du séchage et de l'ensachage du paddy.

3.4.4 Cultures sèches

Le potentiel est très important puisque près de 100 ha sont disponibles à la station sans compter les 38 ha situés à Ambohimandroso.

• En 87/88 les cultures sèches ont été abandonnées.

Il apparaît que les cultures sèches doivent être reprises en respectant les techniques culturales et en assurant la sécurité pendant la récolte.

3.5 Gestion de la station piscicole d'Ambatolampy

Pour la station trois systèmes de gestion ont été appliqués:

  1. Du début de l'exploitation et jusqu'en juillet 1986: Gestion administrative à distance, la station étant en quelque sorte un service (ou division) décentralisé de la DPA gérée selon les règles formelles de gestion budgétaire du domaine public.

  2. De Juillet 1986 à Juin 1987 : Mise à la disposition de la station au projet MAG/82/014. Gestion directe du projet par l'intermédiaire d'un cadre-associé sur place chargé de la gestion courante en commun avec le chef de station, et règlement des dépenses indispensables grâce à la mise en place du “Sub Income Account”.

  3. De Juillet 1987 à maintenant : Gestion mixte DPA/Projet avec l'appui technique et financier du Projet. Le Projet palliant aux carences de l'administration en matière d'approvisionnement en intrants, règlement de la main-d'oeuvre occasionnelle et des petites dépenses indispensables.

Pendant ces deux dernières périodes le Projet a pris en charge les plus grandes parties du coût des transports (entretien, réparations, changement de pneumatique, assurances et une partie du carburant lubrifiant).

Le personnel de la station payé directement par la DPA ne peut, dans le système administratif, être rétribué selon ses performances, ce qui entraîne une certaine démotivation et un manque d'autorité pour le chef de station. Des sanctions en cas de manque de conscience professionnelle sont certes possibles (avertissement, blâme, mise à pied, etc…), mais dans la pratique elles ne sont pas appliquées.

La mise en place du “Sub Income Account” a permis de débloquer la situation et de rendre possible l'exploitation.

Les résultats en production et cession d'alevins sont à cet égard significatifs:

Campagne85/8686/8787/88
Production d'alevins
(en nombre)
240.000400.000551.000
Ventes d'alevins par projet
(en nombre)
108.494345.374416.275
Nombre d'acheteurs1.1143.4875.102

Sur le plan de la gestion et du suivi des opérations, le Projet a mis en place un système de contrôle, de saisie des coûts et d'informations statistiques.

Ce système pourra être appliqué après quelques améliorations et aménagements à la future station piscicole autonome. En particulier la comptabilité analytique mise en place au Projet et traitée sur l'ordinateur personnel du CTP est applicable a quelques modifications et renforcements près au contrôle de gestion de la future station autonome. Les renseignements économiques et financiers recueillis ont permis d'estimer la rentabilité et les prix de revient.

3.5.1 Gestion administrative d'unités de production

Ce type de gestion est incompatible avec la gestion économique et efficace d'une unité de production tel que la station d'Ambatolampy qui exige une autonomie et un système de gestion qu'on appelle (souvent à tort) du type privé.

L'autonomie de gestion suppose :

  1. Responsabilisation : Un seul responsable, maître à bord, qui a l'autorité sur son personnel et qui rend compte à une seule entité (conseil d'administration, comité de gestion, tutelle directe d'un département ministériel etc…) - Pas d'ingérence dans la gestion courante de l'entité chargée de la supervision de l'unité de production.

  2. Gestion prévisionnelle : Un plan d'exploitation pour chaque campagne traduit en budget qui est négocié entre l'autorité de tutelle et le Responsable de l'unité de production. Ce plan d'exploitation engage les deux parties : le Responsable de l'unité de production qui sera jugé sur ses résultats par rapport à ce plan, et l'autorité de tutelle qui s'engage à mettre à disposition en temps et en heure et selon la qualité ou qualification requise les moyens humains, matériels et financiers nécessaires à la réalisation du plan.

  3. Souplesse et adaptation : Le Responsable de l'unité doit pouvoir faire face à tout imprévu, s'adapter immédiatement aux situations qui peuvent se présenter et disposer des moyens principalement financiers pour y faire face (achats urgents, embauche de main d'oeuvre occasionnelle), il doit également être libre de réaliser certaines ventes au bon moment pour profiter des fluctuations du marché.

  4. Connaissance des coûts de production : Un système simplifié de saisie des coûts (comptabilité analytique) doit être mis en place afin de permettre au Responsable de gérer en toute connaissance de cause en minimisant les coûts, sans nuire bien sûr, à la qualité de la production. Dans le choix de toute décision de gestion, un bon Responsable/Manager doit toujours avoir à l'esprit le coût économique des opérations afin de choisir la solution la plus économique. A noter qu'à Madagascar le coût des transports est très élevé (valeur élevée des véhicules à l'achat et qu'il faut amortir, coût excessif des réparations, pièces de rechange et des pneumatiques etc…). La gestion économique des transports devrait être une préoccupation constante du Responsable.

  5. Intéressement : Il est normal que le personnel de l'unité de production soit intéressé matériellement aux résultats de l'exploitation ; la motivation du personnel repose sur la mise en place d'un système simple et compréhensif pour tous d'une rémunération stimulante en rendement. Pour le Responsable de l'unité de production il pourrait s'agir d'un intéressement aux résultats d'exploitaton par comparaison au plan d'exploitation. Pour l'équipe permanente d'une prime de rendement basée sur la plus ou moins bonne éxécution des tâches à accomplir. Un réglement intérieur devrait prévoir les conditions d'emploi de personnel, les primes et indemnités et les sanctions en cas d'abus ou de manque de conscience professionnelle.

3.5.2 Gestion administrative : blocages et surcoûts

Pour bien comprendre l'origine des blocages et surcoûts entraînée par une gestion administrative centralisée de la station d'Ambatolampy, il importe d'analyser le système d'établissement des budgets et de l'utilisation des crédits :

Etablissement des budgets

3 budgets sont concernés :

  1. Le budget général qui prend en charge le personnel (fonctionnaires et ELD) et les dépenses de fonctionnement de l'administration (1 année civile)

  2. Le FNDE - Fonds National de Développement et d'Equipement qui prend en charge les frais de fonctionnement et d'équipement des Projets de développement (personnel ECD et EMO et frais de fonctionnement et d'équipement)(1 année civile).

  3. Le PIP - Programme d'Investissement Public, établi sur 3 ans et dont la lère année coïncide avec le FNDE.

La préparation du budget 1989, suit les étapes suivantes :

Février/Mars 1988 : 1er étape : Devis programme (ou budget programme.) La DPA (ou SPPA et plus tard CIRPA) établi le budget en dépenses et recettes de la station pour l'année à venir.

Les devis-programmes se basent sur les projets de plans d'exploitation que doit (ou devrait) établir le chef de station :

Avril/Mai 1988 : 2ème Etape :
Centralisation au niveau des CIRPA - SPPA - DPA - MPAEF de l'ensemble des devis-programmes pour établir le budget global du MPAEF (Budget Général et FNDE). Déjà certaines coupures ou aménagements sont opérés pour tenir compte des prévisions en ce qui concerne l'enveloppe globale allouée.

Juin à Septembre 1988 : 3ème étape :
Exploitation des projets de budget par le MPFE - Tenue des conférences budgétaires - Détermination de l'équilibre général de la loi des finances. Nouvelles restrictions et aménagements probables.

Octobre 1988 : 4ème Etape :
Présentation et vote du budget (ou loi des finances) par l'Assemblée Nationale Populaire après rectification et aménagements éventuels.

5ème Etape :
Mise en place et répartition des crédits par Ministère - Crédits alloués aux utilisateurs. Pour le budget général, les allocations de crédits et autorisations de dépenses s'effectuent dès début Janvier - Par contre, le FNDE n'est mis en place qu'en Mars/Avril de l'année civile et aucune dépense n'est possible sur ce budget pendant le ler trimestre de chaque année.

3.5.2.1 Blocages

La station agit dans le cadre de crédits alloués dont elle n'a d'ailleurs pas toujours connaissance.

Quatre sortes de blocages pour la fourniture des intrants et autres matériels ainsi que le règlement du personnel:

  1. Les crédits demandés (devis-programmes) ont été réduits ou sous estimés, la demande de commande adressée par le Chef de station à la DPA ne peut être satisfaite, et aucune livraison ne sera faite.

  2. Les crédits sont disponibles, la DPA passe la commande, envoie le bon de commande (ou bon d'enlèvement) à la station (durée du circuit entre demande de fourniture du chef de station et réception du bon de commande : environ 3 mois) mais entre-temps les prix ont varié, et les fournisseurs refusent d'honorer la commande d'autant plus que les règlements par le trésor durent environ 3 mois et parfois plus. Certaines fournitures comme le fumier doivent être payées cash au x paysans et ne peuvent faire l'objet d'un bon de commande.

  3. La mise en place tardive du budget FNDE (3mois de décalage) bloque l'exploitation pendant le ler trimestre de chaque année. Rappelons que le FNDE' est la principale source de financement de la station, et prend en charge le personnel ECD, la main d'oeuvre occasionnelle et les intrants.

  4. Le principe sacro-saint de non affectation des recettes aux dépenses ne permet pas d'alimenter directement une caisse d'avance pourtant indispensable pour régler les dépenses imprévues et celles que l'on ne peut payer avec des bons de commande. Toute dérogation à ce principe par les utilisateurs est passible de la juridiction de la chambre des comptes de la cour suprême et de celle du conseil de discipline financière.

3.5.2.2 Surcoûts

Sans parler du coût pour l'administration de cette gestion (temps passé par les fonctionnaires, coût des imprimés et fournitures de bureaux, télécommunications, coûts des transports en particulier celui du billeteur qui vient de Tananarive pour payer chaque mois le personnel ECD et EMO etc…, etc…) les surcoûts pour la station ont deux origines:

  1. Le choix des fournisseurs par la DPA qui n'a pas toujours les informations pour choisir ceux qui présentent les meilleures conditions de prix et de qualité.

  2. Et surtout le coût des transports supporté par la station pour l'acheminement des intrants et matériels qu'il faut chercher à Tananarive et Antsirabe, alors qu'ils sont souvent disponibles sur place, d'où déplacement de la Toyota souvent pour rien puisque les fournisseurs refusent parfois d'honorer les bons de commande, ou pour une quantité moindre que prévu en cas de disponibilité réduite etc…

A ce titre l'approvisionnement en carburant illustre d'une façon caricaturale les surcoûts supportés:

Le carburant doit être obtenu du garage administratif qui se trouve à Tananarive, ce même garage est d'ailleurs chargé de la réparation et entretien du parc de véhicules. Pour le carburant, le garage souffre d'un engorgement chronique et n'arrive que rarement à satisfaire la demande.

Pendant la mission, la Toyota est partie chercher 200 litres de gasoil, chauffeur et véhicule sont restés 3 jours bloqués à Tananarive pour obtenir en fin de compte 18 litres de carburant.

Un rapide calcul économique chiffre ainsi le coût de l'opération:

Résultat de l'opération

Produit: Acquisition de 18 litres de gasoil
Valeur 387 FMG/litre à la station service d'Ambatolampy: 18×387
  6.966FMG
Charges:
 *Immobilisation chauffeur pendant 3 jours (salaires + charges sociales)  4.600 FMG
*Carburant/lubrifiant 160 km (Aller-Retour
Ambatolampy-Tananarive) à 59 FMG/km
  9.440 FMG
*Prix de revient de l'entretien, réparations, pneumatiques et assurances:
160 Km à 223 FMG
35.600 FMG
*Amortissement du véhicule (hors taxes)
160 Km à 265 FMG
42.400 FMG
 TOTAL "Charges92.040 FMG
Marge brute (perte sèche):85.074 FMG

Cf. en Annexe: Prix de revient kilométrique de la Toyota en service à l a station.

3.6 Rentabilité et prix de revient

Il est important pour le MPAEF comme pour le PNUD et la FAO d'apprécier la rentabilité de la station et le prix de revient des alevins cédés actuellement aux paysans au prix de 20 FMG l'unité. Cette connaissance des coûts et de la rentabilité pourra, en effet, guider les autorités nationales dans le choix des solutions sur l'avenir de la station, en particulier dans l'optique envisageable de la privatisation, car seules les activités rentables ou susceptibles de le devenir peuvent intéresser le privé.

Les estimations ont porté sur 3 périodes:

  1. Campagne 86/87 du ler Juillet 1986 au 30 Juin 1987.

  2. Situation actuelle 87/88 en isolant la production et la commercialisation des alevins.

  3. Prévisions campagne 88/89 à partir du plan d'exploitation établi pendant la mission.

Les résultats sont résumés ci-après:

3.6.1 Campagne 86/87

Production:470 000 alevins
Vente/Cession:345 374 alevins

Résultat d'exploitation 86/87
(en 000 FMG)

ActivitésPiscicultureElevage associé
(porcs)
RizicultureCultures sèchesTotaux
1.Produit     
 1.1Ventes7 040,75 416,61 103,3013 560,6    
 1.2Variation stocks+503,31 570,0  -718,9-1 354,4    
 Total “Produit”7 544,06 986,6   384,4014 915,0    
2.Coûts directs1 058,47 243,2   200,3104,08 605,9    
3.Marge brute (1–2)6 485,6  -256,6   184,1-104,06 309,1    
4.Charges de structures     
 4.1Personnel permanent    5 500,0    
 4.2Fournitures/Consommations    638,9    
 4.3Transport (entretien, réparation,pneumatique, assurance d'un véhicule : TOYOTA
PickUp affecté à la station)
    2 676,0    
 4.4Frais divers de gestion    300,0    
      
Total “Charges de structure”    9 114,9    
      
5.Résultat brut avant     
  amortissement
(perte) (3–4) cash flow
    -2 805,8    
6.Amortissement     
  (véhicule uniquement hors taxes)    3 175,0    
7.Résultat net     
  après amortissement
(perte) (5–6)
    -5 980,8    

L'exploitation est déficitaire de 2,8 millions avant amortissement et de près de 6,0 millions après amortissement.

Ces résultats sont donnés à titre historique et indicatif car depuis Juillet 87 les conditions économiques ont été radicalement modifiées (doublement du prix du gasoil, pièces de rechange, intrants, augmentation progressive de près de 20 % de frais personnel, etc…) ce qui ne permet pas la comparaison avec les résultats d'exploitation des années suivantes.

3.6.2 Situation actuelle : campagne de production et de commercialisation d'alevins 1987/1988

Le cycle de production/commercialisation d'alevins se déroule sur 6 mois d'Août à fin Janvier selon le schéma suivant :

 AoûtSeptOctNovDécJanv
Préparation des étangs---------------------------------------------    
Reproduction 15 Sept – 15 Nov  
Alevinage (grossissement)  -------------------------------------------------------------------------------- 
Commercialisation d'alevins   15 Nov   -   15 Janv

Les coûts parfaitement cernés du cycle de 6 mois ont été affectés directement à la production et à la commercialisation. Pour tenir compte des pertes dans le calcul des prix de revient, on a retenu une production utile de 504 450 alevins à la station et pour la commercialisation le nombre effectif d'alevins vendus, soit 416 275 alevins.
Les charges de structures, qui comprennent principalement l'entretien de la station piscicole, le gardiennage, et les coûts des transports de la station ont été estimés au plus près et affectés directement.

L'amortissement retenu ne concerne que les véhicules hors taxes, l'hypothèse étant faite que le renouvellement pourra s'effectuer hors taxes.

Enfin, l'approche choisie est celle du calcul direct des prix de revient sans passer par le compte d'exploitation.

PRIX DE REVIENT “ALEVINAGE”

Situation actuelle:

Production:551.000 alevins
Production utile:504.450 alevins
Commercialisation:416.275 alevins

A-Production (504 450 alevins utiles)

 Charges
en
(000 FMG)
Prix de revient en
FMG par alevins
Totaux
1.Charges directes   
1.1Consommations (intrants, petit matériel, conditionnement)1 495,42,96 
     
1.2Personnel directement affecté pendant le cycle “Alevinage ” de 6 mois (permanents + travaux)3 215,56,38 
      
2.Charges de structures   
2.1Entretien Général et Gardiennage   
    • Personnel1 970,33,90 
    • Consommations (fournitures et petits matériels)650,01,29 
     
2.2Transports (9 000 Km à 568 FMG/Km)5 112,010,13 
     
2.3Frais divers de gestion (électricité, fournitures de bureau, PTT, etc…)500,00,99 
      
Sous Total12 943,225,65 
3.Prix de revient alevin départ station conditionné (hors amortissements)  25,65
      
4.Amortissements (véhicule hors taxes uniquement):
9 000 Km à 359 FMG
3 231,06,40 
      
 TOTAL16 174,232,05 
 5. Prix de revient alevin départ station
après amortissement
  32,05
    

B-Commercialisation (416 275 alevins vendus aux paysans).

  Charges
en
(000 FMG)
Prix de revient en FMG par alevinsTotaux
1.Consommations/Fournitures   323,8  0,78 
2.Publicité   240,2  0,58 
3.Personnel   750,6  1,80 
4.Transport (11 400 Km à 568 FMG/Km)6 475,215,56 
Sous Total7 789,818,71 
5.Prix de revient commercialisation alevin
(hors amortissements)
  18,71
6.Amortissements
(Véhicules hors taxes): 11 400 Km à 329 FMG/Km
  3 750,6  9,00 
Total11 540,427,71 
7.Prix de revient commercialisation alevins
(après amortissement)
  27,71

En résumé:

Hors amortissements: (en FMG par alevin) 
Prix de revient départ station:25,65
Prix de revient “commercialisation”18,71
Prix alevin rendu paysan:44,36
Amortissements compris: (en FMG par alevin) 
Prix de revient départ station:32,05
Prix de revient “commercialisation”27,71
Prix de revient rendu paysan:59,76

C-Structure du prix de revient rendu paysan par nature de charges

 Hors amortissementsAmortissements compris
Prix de revient%Prix de revient%
Consommations  5,03 11,45,03  8,4
personnel12,08 27,212,08  20,2
Transport25,68 57,9 41,08*  68,8
Frais divers de gestion  1,57  3,51,57   2,6
     
Total44,36100,059,76 100,0

* L'amortissement porte uniquement sur les véhicules et donc sur les frais de transport.

D-Compte d'exploitation “Alevinage” campagne 87/88 (en 000 FMG)

Produit 
 Vente d'alevins 8 325,5
  
Charges 
  
 Production12 943,2
 Commercialisation  7 789,8
  20 733,0
  
Résultat brut avant amortissement(perte)-12 407,5
  
Amortissement 
  
 Production  3 231,0
 Commercialisation  3 750,6
    6 981,6
  
Résultat net après amortissement (perte)-19 389,1

3.6.3 Compte d'exploitation prévisionnel campagne 88/89

Objectif de production:

Pisciculture:800.000 alevins cessibles, soit une production d'environ 870.000 alevins
2.360 kg de poissons marchands dont 2.000 kg en étang piscicoles et 360 en rizipisciculture
Elevage associé:100 porcs
Cultures associées3.000 kg de riz
2.000 kg de blé
1.500 kg de soja

Pour évaluer le résultat prévisionnel d'exploitation on a procédé classiquement comme suit:

  1. Détermination des marges brutes par spéculation

  2. Evaluation des charges de structures et répartition de ces charges au prorata des marges brutes dégagées; (répartition jugée la plus plausible après analyse des charges de structures)

  3. Détermination du résultat net avant amortissement;

  4. Amortissement au prorata des marges dégagées et détermination du résultat net après amortissement;

  5. Etablissement du prix de revient des alevins;

L'évaluation des charges de structures et le délai des calculs figurent en annexe. Dans les tableaux ci-après la commercialisation/distribution des alevins est présentée séparément.

A-Resultat prévisionnel d'exploitation campagne 88/89 de la station d'ambatolampy (en FMG)

 AlevinagePoissons marchandsElevage associé (porcs)Cultures associéesTotaux
1.Produits: (ventes)16 000 0002 360 00012 150 0001 565 00032 075 000
2.Coûts directs: (personnel directement affecté, travaux, consommations) Marge brute (1 – 2)2 357 800
13 642 170
1 687 830
672 170
10 184 830
1 965 170
956 750
608 250
15 187 240
16 887 760
3.Charges de structures (personnel permanent, consommations/fournitures, transports, frais divers)11 417 256562 5451 644 669509 05014 133 520
4.Résultat brut avant amortissement(au niveau de la station) : cashflow [(1–2) - 3]2 224 914109 625320 50199 2002 754 240
5.Amortissement de la station3 803 027187 381547 830169 5624 707 800
6.Résultat net après amortissement: (au niveau de la station) (4–5)- 1578 113- 77 556- 227 329- 70 362- 1 953 560
7.Frais de commercialisation alevins hors amortissemement8 088 300   8 088 300
8.Amortissement “commercialisation”4 092 600   4 092 600
9.Résultat brut avant amortissement : perte (production station + commercialisation alevins) (4 – 7)- 5 863 386109 625320 50199 200- 5 334 060
10.Amortissement “station + commercialisation” (5 + 8)7 895 627187 381547 830169 5628 800 400
11.Résultat net après amortissement station + commercialisation : perte (9 –10)13 759 013- 77 556- 227 329- 70 362-14 134 260

En résumé:

bénéfice de 2 754 240 avant amortissement, sans commercialisation
perte de 1 963 560 après amortissement, sans commercialisation
perte de 5 334 060 avant amortissement, avec commercialisation
perte de 14 134 260 après amortissement, avec commercialisation

B- Prix de revient alevins

Global hors amortissements (en FMGpar alevin)
• Départ station :17,22
• Commercialisation :10,11
• Rendu paysan :27,33
 
Global amortissements compris (en FMG par alevin)
• Départ station :21,97
• Commercialisation :15,23
• Rendu paysan :37,20

C- Structure du prix de revient rendu paysans part nature des charges

 Hors amortissementsAvec amortissements
Prix de revient%Prix de revient%
Consommations  3,80  13,9  3,80  10,2
Personnel  7,63  27,9  7,63  20,5
Transport15,00  57,9 24,87  66,9
Frais divers de gestion  0,90   3,3  0,90    2,4
Total27,33100,037,20100,0

3.6.4 Commentaires et conclusions

L'exploitation est déficitaire aussi bien en 87/88 qu'en 88/89 :

87/88 : perte de 19,4 millions pour un chiffre d'affaire d'environ 20 millions (8,3 millions alevins + 10 millions porcs et 1,7 million autres spéculations).

88/89 : perte de 14,1 millions pour un chiffre d'affaire de 32,1 millions.

En 87/88 : le résultat brut (cash flow) au niveau de la station est négatif de 4,3 millions et la station n'est équilibrée en matière de trésorerie que grâce à la prise en charge par le gouvernement des frais de personnel. Pour l'ensemble production/commercialisation, le cash flow est négatif de 12,4 millions et l'équilibre de trésorerie n'est obtenu que principalement grâce à la prise en charge par le projet de la commercialisation.

En 89/90 : la situation s'améliore nettement : le résultat brut (cash flow) au niveau de la station est positif de 2,8 millions, ce qui signifie que si la station cède l'alevin 20 FMG, elle sera équilibrée en trésorerie et pourra même couvrir environ 60 % de ses amortissements. Le prix de revient de l'alevin rendu paysan diminue de 59,76 FMG en 87/88 à 37,20 FMG en 89/90 par suite de l'augmentation de la production/commercialisation (800 000 alevins en 88/89 contre 416 275 en 87/88) et aussi, et surtout grâce à une diminution des coûts de transport: 41,08 FMG l'alevin en 87/88 pour 24,87 en 88/89. Cette diminuation importante des coûts de transport est principalement imputable à une meilleure organisation de la distribution. Il est prévu en effet de commercialiser en 88/89, 800 000 alevins sur un parcours de 12 000 km du même ordre de grandeur qu'en 87/88 pour 416 275 alevins.

Réduction des prix de revient des alevins

La structure des prix de revient des alevins se présente ainsi: (en FMG)

 Campagne 87/88Campagne 88/89
Prix de revient%Prix de revient%
Consommations  5,03    8,4 3,80   10,2
Personnel12,08   20,2 7,63   20,5
Transport41,08   68,824,87   66,9
Divers  1,57     2,6 0,90    2,4
Prix de revient rendu paysan amortissement compris59,76100,0037,20100,00

Pour réduire les prix de revient, il faut s'attaquer aux postes principaux de coûts, à savoir en premier lieu des transports (66,9 % en 88/89) et ensuite les frais de personnel (20,5 % en 88/89), les autres postes de coûts sont difficilement compressibles pour les consommations et ne représentent qu'un faible pourcentage pour les divers.

Pour les transports, il s'agit de mieux gérer les véhicules, à savoir supprimer tout déplacement inutile, regrouper les courses pour une meilleure utilisation de la charge utile, attacher plus d'importance à l'entretien courant et en général “planifier” les transports en enregistrant systématiquement les dépenses correspondantes.

En matière de planification, le circuit de distribution (65 points de vente pour un circuit de 11 400 km s'étendant sur près de 5 000 km2) pourrait faire l'objet d'une recherche opérationnelle traitée sur informatique.

Pour le personnel, il s'agirait de mieux équilibrer les effectifs: moins de personnel permanent mais plus qualifié, en faisant plus largement appel à la main d'oeuvre occasionnelle. En tout état de cause, il n'y a pas actuellement pléthore de personnel à la station, et c'est l'augmentation de la production à effectifs permanents inchangés qui permettra une réduction des prix de revient.

Perspectives

Toute projection au-delà de la campagne 88/89 est actuellement aléatoire, et ne pourra être valablement réalisée qu'en début 89 après que les résultats de 88/89 seront connus avec précision.

Il est possible toutefois, d'envisager pour 89/90 une nouvelle baisse du prix de revient de l'alevin rendu paysan à environ 30 FMG par alevin rendu paysan à condition que les conditions économiques restent inchangées, que les activités annexes se développent, et que les efforts de diminution des coûts de transport se poursuivent.

Il n'est pas envisageable d'augmenter dans l'immédiat le prix de cession car le risque serait trop grand d'un rejet par les paysans compromettant le développement de la rizipisciculture qui a certes bien démarré mais est encore fragile.

En conséquence, il faudra subventionner l'opération pendant encore quelques années et jusqu'à ce que la production artisanale d'alevins se développe, prenne le relais des stations en rapprochant consommateurs paysans des producteurs, et permette de minimiser les coûts de transport en alignant, sous réserves d'une étude qui reste à faire, le prix de cession au prix de revient réel.


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