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14 - BARRACKPORE

Créé en 1947 puis établi à Barrackpore depuis 1959 sur la rive gauche de la rivière Hooghly, le C.I.F.R.I. conduit des études scientifiques qui déboucheront sur la maximisation de la production de poissons dans les plans d'eau continentaux. Ces études couvrent plusieurs domaines aussi bien dans les eaux douces que dans les eaux saumâtres : biologie des poissons; hydrologie et écologie de différents plans d'eau; dynamique des poissons dans les lacs, réservoirs, rivières, estuaires; formulation d'aliments artificiels de haute valeur nutritive et techniques de nourrissage; techniques de gestion.

Les travaux de l'Institut revêtent deux aspects :

d'où l'existence de 3 divisions:

L'Unité Chimie du Sol est établie à Calcutta, tandis que la section Documentation et Bibliothèque et l'Unité Vulgarisation se trouvent à Barrackpore.

D'autres nouveaux projets de recherches ont pris naissance en 1971 : polyculture de poissons endémiques et exotiques, élevage de poissons pulmonés en marécage, écologie et pêches en réservoirs d'eau douce, prospection de géniteurs de carpes pondant en rivière et techniques de collecte.

14.1 - Visites des sections et unités à l'Institut Central de Barrackpore.

141.1 - Section Nourriture

Elle cherche à formuler des aliments de qualité et bon marché avec les matières premières locales : son de riz, tourteau d'arachide, farine de poisson.

Différents taux de contenus protéiniques sont testés : 25%, 30% et 35%.

141.2 - Section Laboratoire biochimique

Le laboratoire est suffisamment équipé pour pouvoir mener des études sur :

Comme équipements, il faut citer entre autres : conductivimètre, colorimètre photoélectrique Klet Summerson, pHmètre et thermomètre combiné, spectromètre, turbiditimètre, analyseur Gallenkamp (Voir liste).

141.3 - Section Régénération d'eau en étang

Un système simple alimente quatre étangs cimentés de 2,25 ares de superficie individuelle en circuit fermé. Les eaux usées sont pompées vers un bac en béton situé en amont où elles sont purifiées par décantation. Les pierres déposées au fond du bac retiennent les algues et les bactéries. L'ammoniac est aussi éliminé et l'oxygène enrichi de 2 mg/l, ne nécessitant pas l'emploi de diffuseur d'air (Voir photo). Un apport d'eau est néanmoins nécessaire pour compenser les pertes.

Les étangs ne sont pas fertilisés mais l'eau est bien verte, couleur caractéristique des eaux riches en éléments planctoniques.

Les poissons sont nourris à la provende composée de farine de poisson, de tourteau et de farine de blé. Cette provende est distribuée très tôt le matin sous forme de boulettes semi-asséchées et son contenu protéinique est de 28–30%.

La densité de mise en charge varie entre 150.000 et 200.000 mais peut aller jusqu'à 500.000 selon l'espèce élevée. Si les alevins ont 7–10cm de longueur à l'empoissonnement, ils atteignent un poids individuel moyen de 500–600 g après 6 mois d'élevage, avec un taux de survie de 96%.

L'élevage est toujours pratiqué en monoculture. Les espèces ayant déjà fait l'objet d'études sont le Clarias sp, les carpes indiennes catla et rohu, l'Hétéropreustes sp.

Ce système exige peu d'entretiens et une main-d'oeuvre réduite mais nécessite des contrôles fréquents des caractères physico-chimiques du milieu et des pompages d'eau quotidiens.

141.4 - Section Culture de masse d'organismes planctoniques

Pour leur croissance et un meilleur taux de survie, les poissons, au stade larvaire, exigent une nourriture naturelle adéquate composée de plancton, de plantes microscopiques et de bactéries. “Pas de plancton, pas de poissons” affirment les biologistes, d'où leur culture en masse soit en laboratoire, soit sur terrain.

Principales espèces phytoplanctoniques élevées :

Algues bleu vertes : Oscillatoria limusa, Chlorella vulgaris, Scenedesmus obliquus.

Diatomées : Skeletonema costatum, Navicula lanceolata.

Principales espèces zooplanctoniques élevées :

Rotifères : Brachyonus sp., Asplanchna sp., Keratella sp.

Cladocères : Moïna dubia, Daphnia sp.

Copépodes : Cyclops sp., Diaptomus sp.

Phyllopode : Artemia salina.

Parfois, des organismes phytoplanctoniques sont cultivés en vue de faire multiplier et développer les organismes zooplanctoniques; c'est le cas du Chlorella qui est très apprécié par le Brachyonus.

141.5 - Section Pollution

La Section “Pollution” relève de la Division Estuaire qui fait des recherches sur les possibilités d'élevage et de pêche de poissons et de Pénaeidés dans les lacs et les estuaires d'eau saumâtre. Les investigations ont surtout lieu dans les zones où :

14.2 - Visites des stations directement rattachées à l'Institut Central de Barrackpore.

142.1 - Station de Rahara

Les activités principales de la station sont la reutilisation des eaux d'égoûts et la rizipisciculture.

1421.1 - Les eaux d'égoûts : sont caractérisées par leur richesse en matières organiques, et l'opération de fertilisation est alors inutile. Les poissons ne sont pas nourris, mais un contrôle régulier du plancton et du taux d'oxygène dissous est indispensable.

Deux types d'élevage sont pratiqués dans les étangs dont les superficies varient de 0,04 à 0,50 hectare :

1421.2 - La rizipisciculture

La station dispose de 16 parcelles contigues de rizières dont l'ensemble couvre une superficie de 0,75 ha. Les aménagements piscicoles ont un caractère particulier en ce sens que le canal périphérique habituellement établi à l'intérieur des parcelles ceinture plutôt l'ensemble des rizières. Les diguettes séparant les rizières entre elles sont surelevées (Voir photo).

On pratique dans ces rizières 2 cultures par an.

Fiche technique

Aménagement des rizières

Dimensionsdu canal périphérique : profondeur : 2 m.; largeur : 3 m.;superficie : 0,25 ha.

de la digue périphérique : hauteur au-dessus de la plate-forme : 60cm largeur du sommet : 2 m.

des diguettes individuelles : hauteur : 50 cm; largeur : 50 cm.

Riz :-1ère saison : coïncidant avec la période de pluie; submersion de la plateforme et du canal périphérique.

Variété : longue tige; long cycle.

Fertilisation : Néant

Récolte : Mois de décembre, l'eau se retire dans le canal périphérique.

Rendement : 1.100 Kg/paddy/ha.

-2ème saison :

Variété : courte tige; court cycle : 120 jours

Repiquage : Janvier

Fertilisation : organique et minérale

Rendement : 4.500 Kg/paddy/ha.

Poisson :

Espèce : Monoculture de carpe indienne ou en association avec Clarias

Densité : 6.000 alevins/ha

Durée d'élevage : pendant les deux saisons de riz. A la première récolte e riz, les poissons se retirent en même temps que l'eau dans le canal périphérique et l'élevage se poursuit.

Traitement : Nourrissage à 5% du poids.

Rendement : 750 Kg/ha

Objectif : Obtenir un rendement de 1.000 Kg/ha

J'estime que ce type de rizipisciculture qui propose un profond canal périphérique et qui nécessite un investissement coûteux, ne serait pas favorablement accueilli.

1421.3 - Autres activités à Rahara

  1. Un laboratoire de recherches sur les maladies de poisson est en cours de constitution.

  2. La station vulgarise auprès des pisciculteurs privés les techniques de la pisciculture en rizière et en étang (association d'espèces). L'action se traduit par des visites suivies d'assistance technique.

142.2 - Centre de Recherches de Krishnagar

Situé à 100 Km au Nord de Barrackpore, le Centre de Krishnagar se livre à deux activités principales :

1422.1 - Elevage associé porcs-poissons et canards-poissons

J'ai visité deux fermes piscicoles privées appartenant à des missions religieuses.

Les porcs sont exclusivement nourris aux déchets de cuisine. Six espèces de poissons sont utilisées dans le même étang : carpes chinoises (carpe argentée, carpe herbivoire), carpes indiennes (Catla, Rohu, Mrigal) et carpe commune.

J'ai reproduit ici des chiffres représentant les recettes et les dépenses résultant d'études économiques de l'opération, en ruppees (7):

Elevage associé poro-poisson : Superficie de l'étang : 0,1 ha

RecettesDépenses
Vente de poissons : Porcs:  Achat de porcelets 
730,64 Kg à 7,62 RS
5.567  
Concentré
 
Vente de porcs : 
Médicaments
 
1.095,7 Kg à 5,50 RS
6.026   Poissons:  Engrais 
  
Médicaments
 
  
Main-d'oeuvre
5.133  
             
Bénéfice net
6.460  
 11.593 RS  11.593 RS

Elevage associé canard-poisson : Superficie de l'étang : 1,48 ha

RecettesDépenses
Vente de canards : Canards : 
250 Kg à 10 RS
2.500  
Achat de jeunes canards
1.272    
Vente d'oeufs de canards : 
Nourriture
1.100    
1.835 à 0.4 RS
735
Médicaments
97
Vente de poissons : Poisson : 
6.397 Kg à 5,5 RS
35.183     
Engrais
 
  
Médicaments
 
  
Main-d'oeuvre
8.820     
              
Bénéfice net
27.119      
   38.418 RS 38.418 RS

(7) 1 $ U.S. = 7,9 Ruppees.

1422.2 - Polyculture

La productivité des fermes piscicoles a été multipliée par 8 depuis que le C.I.F.R.I. a développé la technique de polyculture en étang.

Des essais visant à étudier l'économie ainsi que le potentiel réel de l'opération ont été menés à Krishnagar en étang de 1,93 ha et de 2,15 ha. Six espèces de poissons de différents régimes alimentaires ont été utilisées de façon à ce qu'il n'y ait pas de niches écologiques vides et non exploitées dans l'étang. C'est la combinaison judicieuse d'espèces exotiques et d'espèces locales : Hypophtalmichtys molitrix, Aristichtys nobilis, Cténopharygondon idella, Cyprinus carpio, Catla catla, Labeo rohita, Cirrhina mrigala. Il va de soi que les étangs étaient fertilisés et les poissons nourris.

Les résultats ont donné des rendements de l'ordre de 4 tonnes/ha et la technologie est économiquement viable. Un rendement de 9,400 tonnes/ha/an a été obtenu dans certains étangs expérimentaux dont les dimensions varient de 10 à 40 ares. Avant l'introduction de la technologie, les mêmes étangs ne produisaient que 450 Kg/ha/an de poissons.

Ces résultats prometteurs ont amené les vulgarisateurs à intensifier l'adoption à large échelle de la technologie en milieu rural qui contribuera par conséquent à l'apport supplémentaire non négligeable de protéines et à la baisse du prix des poissons.

1422.3 - Centre de Recherches de Cuttack

Ce Centre se spécialise dans la reproduction artificielle de carpes indiennes et de carpes chinoises par injection d'hormones hypophysaires. L'incubation se fait en laboratoire, en carafes. En ce qui concerne la carpe commune, sa reproduction a lieu en hapa à double paroi. Les géniteurs sont déposés dans le hapa intérieur à mailles légèrement inférieures à celles des oeufs et sont retirés après qu'ils aient pondu sur les branchages. A l'éclosion, les larves passent à travers les mailles de hapa intérieur qui est enlevé par la suite; elles continuent de grossir dans le hapa extérieur. Les géniteurs peuvent être utilisés une seconde fois au cours de la même saison à condition qu'ils soient bien nourris. En général, les géniteurs sont remplacés tous les ans et deviennent donneurs d'hypophyses.

A partir de 30 géniteurs femelles et les 60 géniteurs mâles, le Centre produit 10 millions d'alevins de 3 semaines par an.

La mise au point de la technique de préservation d'extraits pituitaires en ampoules contenant de la glycérine a contribué à l'établissement d'une Banque d'hypophyses au centre de Cuttack.

1422.4 - Autres activités

• La Section “Contrôle des végétations aquatiques” a entrepris des recherches sur l'élimination de ces dernières en étang dont l'existence en excès crée des sérieux problèmes aux pisciculteurs; en effet, les poissons ne peuvent pas se déplacer librement en eaux infestées, la végétation utilise les éléments qui auraient dû être utilisés par les poissons pour leur croissance, et la récolte ellemême est rendue difficile par la présence de la végétation. Les rendements sont médiocres.

Parmi ces végétations, les plus communes sont : Hydrilla, Naja, Miriophyllum, Eichornia, Salvinea, Spirodella, Lemna, Nymphoïde, etc… Elles peuvent être effectivement contrôlées par des méthodes manuelles, mécaniques, chimiques et biologiques.

En ce qui concerne le contrôle biologique, l'agent le plus effectif est la carpe chinoise herbivore, le Ctenopharyngodon idella. Cette espèce ingurgite aussi bien de la végétation submergée que des plantes flottantes qui, converties en chair, contribuent à sa rapide croissance. En plus, ses excréments peuvent soit constituer la nourriture des autres espèces de carpes élevées en association, soit favoriser le développement du plancton dans l'étang.

• On sait que l'hypophyse secrète plusieurs hormones, mais seules, deux d'entre elles sont responsables de la maturation des gonades, d'où la nécessité de procéder, à l'aide d'absorptiomètre, à l'isolement de ces deux hormones spécifiquement sexuelles. Cette extraction est importante en ce sens qu'on obtient toujours avec succès la ponte, la fécondation et l'éclosion des oeufs. Il n'est plus nécessaire de considérer l'âge et la maturité sexuelle du poisson donneur d'hypophyses.

• Comme dans tous les autres centres, la Section Vulgarisation opère par :

Le Centre de Recherches Piscicoles de Cuttack qui ne comporte que 5 étangs expérimentaux sera sous peu transféré à Dauhli.

1422.5 - Le Centre de Dauhli, 45 Km de Cuttack

Opérant actuellement sur une superficie de 27 hectares, le futur centre national et international pour le développement de la recherche, de la formation et de la vulgarisation en Aquaculture d'eau douce de Dauhli est en cours de construction et comportera en tout 800 étangs de 144 ha de superficie.

La Division Recherche comportera plusieurs sections dont voici la liste : Pisciculture - Reproduction - Génétique et hybridation - Poissons exotiquesChimie du sol et de l'eau - Contrôle de la Végétation - Technologie - Statistique et Economie - Pathologie - Utilisation des Eaux d'Egoûts - Pisciculture des Poissons pulmonés - Culture des Grenouilles - Biochimie - Nutrition - Microbiologie - Radio isotope et Biologie de la radiation - Groupe de travail et équipement - Documentation.

1422.6 - Le Centre de Kakwip, à 110 Km de Barrackpore

Le nouveau Centre de Recherches piscicoles d'eau saumâtre de Kakwip couvre actuellement une superficie de 4 ha. L'extension en cours porte sur 45 ha d'étangs supplémentaires.

En raison de la nature des sols qui ne permet pas l'installation de végétation, les sommets des digues sont revêtus d'une rangée de briques pour éviter l'érosion des sols vers les étangs.

Les essais qu'on y mène se rapportent à :

L'étude en laboratoire consiste essentiellement en chimie du sol.

Etang cimenté à eau régénérée, Barrackpore, Indes. L'eau d'alimentation est pompée vers le bac de décantation, à droite, en amont, avant d'être réutilisée. (Cliché de l'auteur)

Rizières expérimentales où se pratique la pisciculture à Rahara, Indes. A droite, canal périphérique ceinturant une série de rizières. (Cliché de l'auteur).

Formation sur terrain de Vulgarisateurs piscicoles à Kakdwip, Indes. (Cliché de l'auteur).

Les problèmes auxquels le Centre doit faire face sont les suivants :


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