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- PREMIER PARTIE - (continuer)

3. ESQUISSE D'UN PROGRAMME DE DEVELOPPEMENT DES PECHES CONTINENTALES ET DE L'AQUACULTURE, de 1980 à l'an 2000

Ce programme couvre 3 domaines :

  1. la promotion de la pisciculture, notamment de la rizipisciculture en eau douce.

  2. la pêche dans les plans d'eaux naturels, lacs, lagunes, marais ainsi que dans les mangroves ; de même, dans les plans d'eaux artificiels, barrages réservoirs, etc…

  3. le développement de l'aquaculture en eau saumâtre, soit en lacs côtiers ou en lagunes en communication avec la mer, soit en vastes bassins piscicoles côtiers aménagés ; c'est une combinaison particulière des 2 secteurs précédents, pisciculture et pêche.

N.B. Cette étude n'aborde que les grands secteurs de développement piscicole susceptibles d'avoir un impact direct sur la qualité de la nutrition des masses populaires.

D'autres possibilités de développement sectoriel existent, mais elles relèvent de piscicultures ou d'élevages plus spécialisés et à portée alimentaire relativement restreinte, tout en présentant cependant certains aspects économiques non négligeables. A titre indicatif et non exhaustif on notera :

- des possibilités de Salmoniculture

Les zones propices à l'élevage et à la reproduction de la Truite sont limitées aux régions d'altitude, au climat froid et aux rivières à eaux claires, notamment celles d'AMBATOLAMPY, ANTSIRABE, FIANARANTSOA, MONTAGNE D'AMBRE : c'est également la zone à Ecrevisses.

La Truite étant carnivore, son élevage intensif (commercial) implique une nourriture de croissance riche en protéines (farine de viande ou de poisson - sang séché, etc…) au prix de revient élevé ; la production et/ou la récolte éventuelle d'insectes, vers, larves, mollusques, voire du poisson sans valeur pour la consommation humaine (trashfish) grèvera toujours lourdement le prix de production de ce type de poisson, notamment si l'on envisage une production commerciale destinée de toute évidence à une clientèle aisée et sélective.

Aussi, l'élevage de la Truite apparaît ici plutôt comme une opération spéculative, et Madagascar pourrait utiliser ses potentialités salmonicoles dans 3 directions très intéressantes :

- des possibilités d'élevages de Grenouilles

Jusqu'alors, les stocks naturels disponibles sont exploités par simple cueillette qui semble plus ou moins satisfaire la demande locale. Des potentialités existent en quantité, dont notamment les vastes marais, les zones sucrières qui disposent de réseaux de canaux d'irrigation pouvant servir de base à une production industrielle et pratiquement naturelle de “cuisses de nymphes” destinées tant à l'élargissement du marché local qu'à l'exportation (apport en devises).

et d'autres possibilités à caractère beaucoup plus spéculatif (devises)

- élevages d'Anguilles

L'Anguille fumée est très recherchée et le marché mondial pour ce type de produit est largement ouvert, notamment en pays industrialisés, riches.

Toutefois, comme pour la Truite, il s'agit d'un poisson carnivore, et le même problème de nourrissage (et de coût de production) se pose. Son élevage en pisciculture commerciale implique au préalable la connaissance des époques de remontée des civelles (alevins d'anguilles) aux embouchures des rivières. Une telle spéculation ne peut donc être envisagée dans l'immédiat, mais étant donné l'intérêt économique de la question, une étude préalable pourrait être encouragée en coopération avec une aide bi-latérale, ou directement avec des promoteurs potentiels spécialisés dans ce genre d'élevage.

- élevages de Crustacés

Bien que Madagascar dispose de stocks de crevettes marines non encore exploités (région Sud Ouest ; de MAINTIRANO à la MANGOKY et région Est ; en Baie d'ANTONGIL) des élevages de grande crevette d'eau douce (Macrobrachium) ainsi que de Penaeus sp. (mer) pourraient être envisagés dans le même cadre d'assistance que pour l'Anguille, et toujours dans le but d'améliorer la balance des paiements (apports en devises). A titre indicatif ce type d'élevage se développe à l'Ile Maurice, Philippines, etc…, on peut également inclure l'élevage du crabe de palétuvier, (Scylla serrata), à long terme.

- élevages de Tortues

Les Chéloniens sont localisés notamment sur la Côte Sud et Sud-Ouest du Pays. Aussi, l'étude de l'aménagement piscicole de certaines baies et lagunes devrait inclure cette possibilité. Il s'agit de nouveau d'un produit de luxe au marché très ouvert et d'autant plus intéressant qu'il se commercialise sous forme de produit fini (soupes en boîtes). La promotion de ce secteur, dans le cadre de fermes d'élevage, pourrait se réaliser en coopération avec la Section Piscicole concernée, l'industrie alimentaire existante (Usines de Corned beef) et les populations locales. Ce genre d'activité se développe à l'île de la Réunion.

3.1. Promotion de la Pisciculture - Rizipisciculture (eau douce)

On met d'emblée l'accent sur ce secteur pour les raisons suivantes :

Le seul problème de base ici, est celui de la production et de la distribution d'alevins de Carpe en quantité suffisante pour assurer l'empoissonnement annuel de ces rizières ; à raison de 2.500 alevins à l'Ha, 10.000 Ha de rizières demandent 25 Millions d'alevins ; 150.000 Ha = 375 Millions d'alevins (ANTANANRIVO - FIANARANTSOA) et 300.000 Ha, (ensemble Madagascar) 750 Millions d'alevins. Le problème à résoudre est à cette échelle, au niveau de la mise en valeur totale des rizières du pays, aménageables en rizipisciculture (50 % de la surface totale des rizières irriguées). Jusqu'alors, la production d'alevins cessibles des Stations Piscicoles en reproduction naturelle de la Carpe, a été de l'ordre de 500.000 unités/an.

La seule solution au problème posé consiste à créer en zone rizicole des Ecloseries de moyenne importance, d'une capacité de 15 à 20 Millions d'alevins/an, chargées d'assurer l'empoissonnement régulier - annuel de 6.000 à 8.000 Ha de rizières de la zone environnante (distribution), en pratiquant la reproduction artificielle de la Carpe.

En admettant une production minimale de 10/15 Millions d'alevins âgés de 6 à 8 semaines maximum par Ecloserie, et un taux de survie en rizière de 50 %, atteignant un poids moyen de 100 grammes/poisson après 4 mois, la production serait de l'ordre de 500/750 Tonnes, soit l'équivalent de 4.000 à 6.000 boeufs-carcasse.

Le rythme possible de développement de tels Centres Producteurs d'alevins destinés au secteur rizi-piscicole ne sera pas supérieur à 2 Ecloseries tous les 5 ans à compter de 1980, soit 8 Ecloseries de 1980 à l'an 2.000, et pour causes :

R. Autant que possible, ces Ecloseries seront créées en annexe à de petits lacs - réservoirs ou grands étangs existants, alimentés par un ruisseau à débit suffisant (10 l. sec. Ha) pouvant être aménagés pour servir à l'alevinage ainsi qu'au maintien des stocks géniteurs et donneurs d'hypophyses : à raison de 20.000 alevins à l'are (2 Millions à l'Ha) des plans d'eaux de 10 – 15 Ha seraient parfaitement indiqués pour entreprendre ces opérations.

On notera que ces Centres Piscicoles une fois créés seront parfaitement capables de s'auto-financer. Ils n'entraîneront par conséquent aucune charge récurrente nouvelle à l'Etat, pour autant qu'ils soient gérés par du personnel compétent.

Ils peuvent également être imaginés dans le cadre de Coopératives rizicoles, mais leur gestion impose leur encadrement par des Techniciens piscicoles confirmés.

3.1.1 - Résultats escomptés

Pour autant que le planning de ce programme puisse être respecté (budget personnel - stock géniteurs - sélection de sites - disponibilité des terrains - constructions piscicoles et annexes, etc….) l'incidence de ces structures piscicoles sur la production poisson sera respectivement de :

-1980/85=2 Ecloseries= 1000 à 1500 T/an - (Tonnage renouvelable chaque année).
-1985/90=4       "= 2000 à 3000 T/an                                -"-
-1990/95=6       "= 3000 à 4500 T/an                                -"-
-1995/2000=8       "= 4000 à 6000 T/an                                -"-

Comme il a déjà été signalé, ces Ecloseries sont à implanter par priorité dans les régions d'ANTANANARIVO et de FIANARANTSOA.

Le résultat prévisionnel de ce programme indique qu'en l'an 2000, on sera parvenu au huitième (13 %) de la potentialité de l'ensemble des rizières irriguées du Pays aménageables en rizipisciculture, et au quart de celles des 2 régions prioritaires (ANTANANARIVO - FIANARANTSOA).

R. La création de piscicultures industrielles aux environs des villes pourrait être encouragée, là où existent certaines conditions :

La productivité - donc la rentabilité de telles piscicultures est directement liée à la nourriture disponible qualitative et quantitative, ainsi qu'à la technique d'élevage (polyculture).

On ne pose pas ici la question d'alimentation par provende dont la disponibilité est, et sera de plus en plus problématique et coûteuse.

Des possibilités existent, théoriquement, mais sans poser le simple problème de gestion de telles entreprises, leur réalisation pratique implique l'intervention de trop d'autorités administratives (Domaines, Santé, Agriculture, Génie Rural, Production Animale, Travaux Publics - Urbanisme - Municipalités, etc…) pour espérer leur mise en application dans un avenir suffisamment proche pour pouvoir être prises en considération dans cette êtude ; toutefois, elles méritent de retenir l'attention des autorités responsables, car bien conduites, de telles piscicultures peuvent produire environ 5 T/an/ha, voire davantage.

Tableau 7
Récapitulatif de l'Opération Rizi-Pisciculture

Période de PlanificationInfrastructure Antananarivo FianarantscaInvestissement en Millions FMGProduct annuelle alevins en Mil,Surface Rizière annuelle Empoissonade HaProduction RizipiscicoleEncadrement (8)
Annuelle en TonnesValeur Millions FMGIng.Adj.T.Mo
(1)(2)(3)(4)(5)(6) (7) 
1980 – 852 Ecloseries  60  2510.0001.2501252  4  34
1985 – 902          "  70  5020.0002.5002502  4  34
1990 – 952          "  80  7530.0003.7503752  4  34
1995 – 20002          "  9010040.0005.0005002  4  34
1980 – 20008 Ecloseries30010040.0005.000500816136

(1)- Ecloseries établies de préférence en annexe à des petits lacs de 10 – 20 ha pour l'alevinage

(2)- Investissement immédiatement rentable. Auto-financement assuré - n'entraînant aucune charge budgétaire nouvelle. (Statut particulier des Ecloseries - Gestion Technicité) voir Tableau No8 ; il s'agit toutefois de chiffres approximatifs.

(3)- Sur la base de 12.5 Millions d'alevins cessibles, par Ecloserie.

(4)- Sur la base de 2.500 alevins à l'Ha.

(5)- Sur la base de 50% de taux de survie de l'alevin en rizière et d'un poids moyen minimum de 100 gr. par poisson en 4 mois (le poids peut varier de 50 à 300 gr. par poisson, selon la qualité des rizières).

(6)- Sur la base d'un prix moyen social de 100 FMG/Kg soit 25 à 30% du prix moyen actuel de la viande et du poisson.

(7)- 15 Ouvriers spécialisés y inclus 2 chauffeurs + 1 Secrétaire + 1 Comptable par Ecloserie : une main d'oeuvre occasionnelle de 10 H/mois pendant 5 mois sera nécessaire.

(8)- La vulgarisation Rizipiscicole doit être effectuée par les Agents de l'Agriculture de l'Encadrement Rural recevant une formation spéciale à cet effet. (Manuel de Rizi-pisciculture).

Tableau 8
Prévision de Rentabilité d'une Ecloserie

1 -Recettes :   
 - Capacité de production d'alevins cessibles à 3 FMG/pièce x 12.500.000 *  37.500.000
2 -Dépenses (coûts d'exploitation)   
Personnel   
 - Chef Ecloserie - Ingénieur Halieute1.800.000  
- 2 Adjoints Techniques confirmés2.000.000  
- 15 M.O. spécialisés4.500.000  
- Secrétaire + Comptable1.000.000  
- Main d'oeuvre occasionnelle1.000.000  
Matériaux d'entretien1.500.000  
Fumures2.000.000  
Provendes3.500.000  
Prédateurs500.000  
Distribution alevins4.000.000  
Amortissements2.000.000  
Imprévus(environ 5 %)1.300.000  
  Coûts Totaux25.000.000 37.500.000
  Bénéfice Prévisible12.500.000  
  Balance37.500.000 37.500.000

* Le prix de vente ou de cession à 3 FMG est un prix social.

3.2 - Développement des Pêches dans les plans d'eaux naturels

Il concerne à Madagascar :

  1. les grands lacs naturels : ALAOTRA, KINKONY, ITASY, etc…

  2. les marais : ANKETRAKA, DIDY, etc…

  3. les lagunes : PANGALANES, LOZA, ANONY, etc…

  4. les mangroves (domaine sous influence directe des rivières et des marées qui offrent des possibilités simultanées en Pêche et en Aquaculture en eau saumâtre (*)

(*) Une petite mise au point semble nécessaire au départ :

Il est d'usage de dire que les eaux continentales malgaches couvrent une surface de 550.000 Ha. Or ce chiffre inclue 300.000 Ha de mangrove (palétuviers) qui, en tant qu'essence ligneuse, relève du domaine des Eaux et Forêts. Mais en tant que “Plan d'eau continentale”, il s'agit d'une surface “fictive” soumise aux marées, inondée à marée haute, à sec à marée basse : en fait il s'agit d'une zone de transition aux eaux saumâtres, résultant du brassage des eaux de rivières avec les eaux de mer, aux marées, créant dans les zones inondées, des conditions favorables au développement du palétuvier. En tant que plan d'eau continental, ce domaine reste entièrement à conquérir sur la mer, par de vastes endiguements, là où les conditions le permettent, et ce problème sera traité au chapitre réservé à l'aquaculture en eau saumâtre.

Telle quelle cependant, la mangrove est intéressante pour la pêche qui peut se pratiquer dans les chenaux, les passes, les bras de rivières et zones libres ; surtout les pêches de barrages aux époques des grandes marées bimensuelles de Nouvelle et de Pleine Lune.

En faisant donc la part des choses, il y a en réalité quelque 250.000 Ha d'eaux douces, dont il faut encore exclure environ 100.000 Ha de rivières et marais, improductifs tels quels sur le plan piscicole, à l'exception de quelques rivières dont notamment l'IHOSY, la LILY, le MANINGORO, etc…

Un correctif cependant ; la plupart des eaux de rivières improductives parce qu'à très forte turbidité (érosion) se retrouvent “productives” en rizières irriguées, par décantation et changement de milieu : le même phénomène se réalise dans les lacs résiduels des grandes plaines inondées.

Mais vu sous l'angle pratique de la pêche qui concerne ce chapitre, il reste en réalité quelque 150.000 à 160.000 Ha de plans d'eaux douces directement concernés, dont voici la répartition selon leur importance :

-   22lacs et lagunes de plus de 1.000 Ha totalisant  94.051 Ha
-   21   "           "      de 500 à      999 Ha  14.062   "
-   46   "           "      de 250 à      499 Ha  14.746   "
-   96   "           "      de 100 à      249 Ha  14.820   "
- 338   "           "      de   20 à        99 Ha  17.018   "
  523lacs et lagunes, totalisant 154.697 Ha

Les tableaux suivants donnent la répartition régionale des lacs et lagunes selon leur étendue. La structure de l'encadrement des pêches sera de toute évidence en relation directe avec la localisation et l'importance de ces plans d'eaux ; on remarquera de suite que cette structure sera beaucoup plus forte en régions de MAHAJANGA, TOAMASINA et TOLIARY qu'en régions d'ANTANANARIVO, ANTSIRANANA et FIANARANTSOA.

Il est évident qu'à court et moyen termes ces plans d'eaux doivent être sériés par priorité selon leur surface, leur stade d'exploitation, leur potentialité, leur accessibilité, etc…; mais à long terme, tous seront mobilisés dans la production piscicole, y compris les marais récupérables.

D'ici l'an 2.000, il est certain que la structure de la Division des Pêches Continentales et Pisciculture permettra de couvrir l'ensemble des plans d'eaux de plus de 500 Ha et c'est sur cette base que reposeront les présentes perspectives de développement et d'encadrement de ce secteur.

La promotion de la pêche et de ses aménagements dans les grands plans d'eaux relève directement de la responsabilité de l'Etat, tandis que celle des petites surfaces (50 – 250 Ha) pourrait relever de l'initiative des collectivités locales directement concernées, avec évidemment l'encadrement technique nécessaire ; mais étant donné leur grande dispersion, leur isolement ou leur inacoessibilité, ainsi que la rareté des cadres, des interventions à ce niveau ne peuvent être envisagées qu'à long terme; il est toutefois recommandé de procéder dès que possible à des essais pilotes de développement de ce secteur (programmes intégrés associant l'agriculture, l'élevage, la pêche et pisciculture) dans le cadre d'assistances bi ou multilatérales.

Tableau 9
Répartition générale des plans d'eaux de plus de 20 Ha directement concernés par la Pêche

FaritanyFivondronanaSurfaces(Ha)
ANTANANARIVOImerina  4.927
Itasy  4.204
Vakinankaratra    187
Total partiel 9.318
FIANARANTSOAFarafangana2.561
Fianarantsoa      24
Mananjary  2.680
Total partiel 5.265
TOAMASINAAmbatondrazaka23.108
Fénérive    137
Toamasina11.975
Total partiel 35.220
MAHAJANGAAntsohihy36.259
Maintirano14.375
Mahajanga26.533
Total partiel 77.167
TOLIARYTolagnaro  5.448
Morondava (1)11.610
Toliary (2)  5.227
Total partiel 22.285
ANTSIRANANAAntalaha  1.919
Antsiranana  2.287
Nosy Be  1.236
Total partiel 5.442
Total Madagascar154.697

(1) Lac Ihosy compte pour 2.000 Ha (max. 9400 min. 1000 Ha)
(2) Lac Tsimanampetsotsa de 3.000 Ha exclu puisque non-empoissonnable.

Tableau 10
Répartition détaillée des Plans d'eaux

SurfacesANTSIRANANAFIANARANTSOAM A H A J A N G ATOAMASINAANTANANARIVOTOLIARY
Plus de1 Vohémar1 Vangaindrano1 Analalava1 Antsalova1 Ambatondraz1 Andramasina1 Tolagnaro
1.000 Ha1.000 Ha1.320 Ha15.600 Ha  1.586 Ha20.000 Ha2.333 Ha  2.262 Ha
  1 Nosy Varika1 Bealananao1 Maintirano1 Moramanga1 Manj.driana2 Belo/Tsirib.
  1.098 Ha12.438 Ha  1.471 Ha  2.016 Ha1.375 Ha1547–1810 Ha
   1 Mitsinjo1 Maevatanana2 Brickaville1 Itasy1 Morombe
   13.700 Ha  1.247 Ha1148–2000 Ha3.500 Ha  2.000 Ha
     1 Mahanoro (*)
       1.189 Ha  
     1 Toamasina  
       3.411 Ha  
de 500 à1 Sambava1 Manakara1 Bealanana1 Ambato-Boéni1 Ambat.zaka-1 Tolagnaro
     999 Ha  2 Port-Bergé2 Maevatanana2 Brickaville 2 Belo/Tsirib.
   2 Antsalova1 Marcvoay1 Toamasina 1 Morombe
    2 Mitsinjo   
de 250 à1 Antalaha2 Manakara1 Antsohihy5 Besalampy1 Mahanoro2 Anjozorobe4 Tolagnaro
     499 Ha1 Sambava2 Mananjary1 Mandritsara1 Ambat.Boéni  3 Belo/Tsirib.
 1 Vchémar1 Nosy Varika4 Port-Bergé4 Maevatanana  3 Miandrivazo
   7 Antsalova1 Mitsinjo  1 Morombe
de 100 à3 Sambava1 Vangaindrano1 Antsohihy3 Maintirano2 Andilamena1 Amb.trimo2 Tolagnaro
     249 Ha2 Antsiranana2 Mananjary1 Analalava3 Morafenobe1 Fénérive1 Anjozorobe4 Belo/Tsirib,
 1 Vohémar 1 Bealanana3 Soalala3 Brickaville1 Antsirabe5 Manja
 1 Ambilobe 5 Mampikony7 Amb.Boéni1 Toamasina 9 Miandrivazo
 1 Nosy Be 2 Port-Bergé5 Maevatanana3 Vatomandry 1 Beroroha
   4 Antsahavola2 Mahajanga  1 Ankazoabo
   3 Besalampy3 Mitsinjo  1 Betioky
       6 Merombe
Total partiel4.000 Ha4.900 Ha-68.195 Ha34.200 Ha8.181 Ha18.203 Ha
    de 203 Sambava1 Ihosy13 Antsohihy1 Morafenobe3 Ambat.zaka1 Amboh.trimo3 Betroka
 4 Antsiranana6 Mananjary6 Analalava3 Soalala2 Andilamena3 Anjozorobe13 Tolagnaro
à 99 Ha7 Vohémar 9 Bealanáná39 Amb.Boéni3 Moramenga1 Ankzobe11 Belo/Tsirib.
 16 Ambilobe 4 Mampikony23 Maevatanana3 Brickaville3 Antananarivo4 Mahabo
 3 Nosy-Be 21 Port-Bergé13 Mahajanga3 Mahanoro1 Arovonimamo7 Manja
   14 Maintirano3 Marovoay2 Toamasina1 Itasy23 Miandrivazo
   21 Antsalova4 Mitsinjo3 Vatomandry3 Soavi-driane2 Beroroha
   18 Besalampy3 Tsaratanana 4 Tsiroanomandidy3 Betioky
      1 Antsirabe10 Morombe
Total partiel1.442 Ha365 Ha-8.972 Ha1.020 Ha1.137 Ha4.082 Ha
Total général- 46 -- 18 --- 259 -- 40 -- 36 -- 124 -
154.697 Ha5.442 Ha5.265 Ha-77.167 Ha35.220 Ha9.318 Ha22.285 Ha

(*) Morombe - Lac Ihotry - compté pour 2.000 Ha - surface moyenne de décrue.

3.2.1. - Situation générale actuelle

Exception faite des lagunes dont la plupart en communication avec la mer disposent d'une faune assez variée (marine et euryhaline) et renouvelée constamment, la faune piscicole naturelle des eaux continentales malgaches (eaux douces) est pauvre, et aucune espèce autochtone ne possède les qualités requises pour en faire un poisson d'élevage ou d'exploitation intensive : croissance rapide, chaîne alimentaire courte, haute résilience, rusticité, apprécié à la consommation, etc…

Jusqu'alors on a tenté de corriger cette carence par des introductions successives de Carpe miroir en 1914 et de Tilapia divers, de 1950 à 1960; l'introduction de Carpe royale ne date que de 1959, et celle d'Hétérotis niloticus de 1963 : celle du Black-bass (vorace) remonte à 1951.

Aujourd'hui l'essential des ressources piscicoles des eaux intérieures est composé de Carpe et Tilapia.

Depuis une dizaine d'années, les zones facilement accessibles tels que les lacs ITASY et ALAOTRA, de même que les régions nouvellement désenclavées (routes bitumées d'ANTANANARIVO - MAHAJANGA - ANTSOHIHY - ANTSIRABE - MIANDRIVAZO) sont soumises à un effort de pêche de plus en plus intensif, résultant de la pression démographique (demande poisson accrue alors qu'il y a manque progressif de viande) si bien que partout, apparaissant les signes infaillibles de surexploitation des stocks Carpe-Tilapia. Faut-il rappeler le cas concret du Lac ITASY, oú en 1967–68 il a fallu interdire la pêche pour y permettre la reconstitution partielle des stocks. En 1978 des observations statistiques au Lac ALAOTRA indiquent une baisse de production d'environ 30 %; aux PANGALANES, la productivité a baissé de 60% au cours des 10 dernières années (surexploitation combinée à l'appauvrissement du milieu).

3.2.2. - Développement des Pêches


3.2.2.1 - Dans les grands lacs intérieurs:

(ALAOTRA, KINKONY - ITASY - MANTASOA - TSIAZOMPANIRY - Lacs de la TSIRIBIHINA - KAMORO - BETSIBOKA - SOFIA, etc…).

Bien qu'il conviendra d'étudier à moyen terme un programme de développement et de gestion spécifique pour chaque plan d'eau important ayant une entité particulière, on peut d'ores et déjà affirmer que les grandes zones de pêche demandent, à court terme, un aménagement piscicole.

En effet, la faune Carpe-Tilapia s'avère incapable d'exploiter à elle seule toutes les ressources nutritives naturelles et renouvelables de ces plans d'eaux ; il faut donc la compléter par une association d'autres espèces nouvelles, choisies en raison de leurs qualités piscicoles et de leurs capacités d'exploiter les maillons disponibles des chaines alimentaires présentes, de manière à renforcer au maximum la productivité piscicole naturelle de ces plans d'eaux; il s'agira selon le cas particulier de chacun des plans d'eaux concernés, de l'introduction des espèces suivantes ne présentant absolument aucun danger pour l'environnement, étant donné qu'elles ne se reproduiront pas naturellement du fait du contexte local; milieu fermé et rivières trop courtes; (liste non - exhaustive) :

Ces espèces nouvelles jointes en polyculture à Carpe commune et Tilapia nilotica notamment, sont capables d'atteindre de hauts rendements; leur croissance est très rapide dans les eaux tropicales où elles peuvent parvenir en l'espace de 6 à 8 mois à une taille moyenne de 0,5 Kg.

Le développement des pêches dans les lacs intérieurs et leur aménagement piscicole reposent sur les principes suivants:

  1. l'introduction d'espèces nouvelles, adéquates et à haute productivité.

    Cependant, du fait que les espèces proposées ne se reproduisent pas en milieu fermé (lacs) mais bien en rivières longues et profondes, caractéristiques auxquelles ne répondent pas les rivières malgaches, leur introduction (élevage et propagation) implique un volet “reproduction artificielle” qui relève du domaine de la pisciculture. Il faudra donc prévoir l'aménagement et la gestion d'un stock adéquat de géniteurs, par grand plan d'eau; procéder à la reproduction artificielle de ces espèces, à l'alevinage et au réempoissonnement annuel de ces mêmes plans d'eaux. Ces travaux peuvent être conduits dans un diverticule aménagé en enclos, ou dans un petit lac annexe équipé d'un laboratoire - écloserie. Partout où les conditions le permettent, ce type d'aménagement devrait être associé à une ferme d'élevage (poro-canard, etc…) dont la fumure assureait une haute productivité de plancton nécessaire aux géniteurs et à l'alevinage.

R. Les collectivités locales des pêcheurs, pourraient et devraient être associées à ces opérations pour en assurer elles mêmes la gestion, à long terme. Mais dans l'immédiat, elles relèvent de l'iniative gouvernemantale et elles impliquent la nécessité d'un encadrement technique confirmé, certainement permanent jusqu'à l'an 2.000.

  1. la protection des zones frayères Carpe - Tilapia, par la création de “Réserves” temporaires ou permanentes, selon le cas; ces zones doivent être identifiées par plan d'eau, dans le temps et l'espace: elles peuvent également impliquer des travaux d'aménagement écologique.

  2. l'adoption d'une réglementation adéquate de la pêche, par plan d'eau (pêcheurs, droit de pêche et modalité, engins - mailles, etc…). Il pourrait être des plus utiles d'envisager par exemple l'interdiction saisonnière de pêches commerciales (pas des pêches de subsistance) pendant 1 ou 2 mois d'époque de reproduction intensive reconnue, de même que l'utilisation d'engins grands preneurs (sennes - filets maillants) dans les eaux pélagiques, pendant la période de croissance des alevins d'espèces introduites (réf. point (1)).

  3. l'organisation des pêcheurs et de leurs activités collectives; production, commercialisation, équipements, etc…. posant des problèmes sociaux dont l'approche demande du personnel averti.

N.B.: Le schéma de développement des pêches dans les lacs artificiels, réservoirs, barrages, etc… est identique à celui appliqué aux lacs naturels; en fonction des chaines alimentaires présentes, on pratique une polyculture sélective nécessitant les aménagements piscicoles adéquats et spécifiques par plan d'eau; de même on y procède à l'organisation des pêcheurs et de leurs activités.

• La construction de nouveaux barrages tels que ANDEKALEKA, etc… devrait toujours impliquer une étude préalable du milieu, en vue de leur aménagement écologique et piscicole.

3.2.2.2 - Dans les Marais

Pour situer leur importance, la région d'AMBATONDRAZAKA compte à elle seule quelque 90.000 Ha de marais, dont 75.000 Ha ceinturant la partie Ouest du Lac ALAOTRA, et le marais de DIDY, de 15.000 Ha. FARAFANGANA a un marais de 15.000 Ha (Fontsivony) BEALANANA, 12.000 Ha(Anketraka).

Les marais sont des lacs en voie de comblement dont ils représentent la dernière phase d'évolution avant d'être soit récupérés par l'agriculture, soit transformés en tourbières. Tels quels, ils sont impropres à la pisciculture en raison:

Ces plans d'eaux sont cependant “récupérables” mais ils demandent un aménagement écologique et piscicole préalable.

L'aménagement écologique consisterait ici à créer un vaste réseau de “trous à poissons”, en creusant mécaniquement de larges chenaux parallèles (6–8m) et très longs, dont les terres de rejet constituent les bourrelets de berges ou plate-formes exploitables en agriculture (plantation de maïs - haricot, etc.…). Cette formule paraît plus adéquate que celle à première vue plus simple et souvent appliquée, de la conversion de ces marais en étangs où, par difficulté d'entretien, le marais reprend bien vite le dessus.

Il s'agit donc de vastes programmes intégrés d'aménagement et de récupération tant des terres que de l'eau, dont la réalisation est à étudier conjointement avec l'Agriculture et le Génie Rural, par exemple dans le cadre de la campagne “Rattrapage Paddy”. Des zones pilotes de 500 à 1.000 Ha devraient être délimitées et aménagées à moyen terme (1980 – 85) et le programme poursuivi à long terme, en associant les collectivités locales aux activités diversifiées et intégrées ; agriculture - pêche.

Les trous à poissons a'exploitent selon la technique simple des étangs piscicoles, en y pratiquant la polyculture : les zones pilotes serviront à la mise au point du choix des espèces piscicoles à associer; il sera peut-être indiqué dans ce cas d'introduire des espèces très tolérantes à l'acidité et peu exigeantes en oxygène.

3.2.2.3 - Dans les Lagunes

Elles se présentent ici sous 2 formes :

  1. les lagunes fermées, ou rarement en communication avec la mer;
  2. les lagunes ouvertes, en communication permanente avec la mer.

(1) Les lagunes fermées (ou telles quelles) demandent un aménagement écologique et piscicole, notamment les PANGALANES et le lac ANONY.

On sait en effet que la production piscicole des lagunes, qualitative et quantitative, est généralement très élevée (500 kg à 1 T/Ha/an) quand ces plans d'eaux sont soumis à des cycles réguliers d'échanges en eaux de mer; celles-ci en mélange avec les eaux douces constituent le milieu des eaux saumâtres à haute productivité naturelle, dans lesquelles se développent très rapidement beaucoup d'espèces piscicoles euryhalines venues de la mer au stade d'alevins, au moment de la montée de la montée des eaux (poissons et crustacés).

L'aménagement écologique consiste dans ce cas à créer des chenaux de communication mer-lagune, munis de vannes pour la maîtrise des échanges d'eaux et la sauvegarde des empoissonnements naturels ou autres. Il s'agit donc ici de réaliser des oeuvres d'art relevant du génie maritime et demandant une étude spécifique de chaque cas; courants côtiers - transports de sable - maréesépis rocheux de protection, chenaux et vannes, etc…. Les études préalables de factibilité ainsi que leur réalisation (pré-investissement et infrastructure) pourraient être négociées dans le cadre des programmes d'assistance bi ou multilatérales.

L'aménagement piscicole comprendra la montée naturelle (par gravitation) d'espèces marines et/ou euryhalines complétée par l'introduction d'autres espèces adéquates; la création et selon le cas, la protection des zones frayères; le cas échéant, les installations nécessaires à la reproduction artificielle de certaines espèces, l'alevinage, etc…; les techniques d'exploitation et de gestion des stocks.

(2) Les lagunes ouvertes, en communication permanente avec la mer dont notamment la LOZA, la MAHAJAMBA et la BETSIBOKA.

Ce sont les parties basses des rivières fortement élargies et sous l'influence directe des marées; elles ont donc un caractère mixte (eau douce - mer) et, tenant compte du débit des eaux, des courants et des marées, il n'y a pas lieu d'y envisager des aménagements écologiques et piscicoles quelconques; la productivité y est très élevée, car le réempoissonnement par la mer s'effectue en permanence, autorisant un effort de pêche intensif et soutenu.

C'est le cas le plus simple, où il suffit d'y développer la pêche artisanale (senne, filet maillant, filet de barrage, épervier, trabaque, minichalut, etc.…); celle-ci demande l'organisation des pêcheurs et l'approvisionnement de leurs équipements, ainsi que la création de facilités pour le débarquement du poisson et la commercialisation.

R. - Le Lac KINKONY figurant déjà au point 3.2.2.1 est repris ici du fait de son entité particulière; il n'est pas sous influence directe des marées, mais sa communication permanente avec la mer par la Mahavavy-Sud et la Kotomay permet la remontée de poissons euryhalins s'adaptant aux eaux douces, dont notamment Mugil robustus, Chanos chanos et Megalops cyprinoides, ainsi que des voraces tels que: Anguilles, Eléotris, Arius, etc…

Son aménagement écologique et piscicole demande la maîtrise du contrôle des migrations des poissons de la mer ver le Lac et vice-versa, pour laquelle il suffirait d'assurer l'entretien du chenal (ou des chenaux) de communication par dragage périodique (peut-être tous les 5 ans) et par l'installation de grilles amovibles fixées sur des supports en béton, de manière à faciliter l'entrée du poisson, à la montée, mais d'empêcher sa fuite ultérieure (type d'aménagement similaire à celui réalisé dans les “Valli” ou lagunes de l'Adriatique et de la Méditerrannée).

Il convient au préalable de recueillir les données relatives aux époques de montée des larves et alevins des espèces marines concernées par ce type d'élevage qui est dans ce cas, apparenté à l'aquaculture en eau saumâtre. Cependant, vu l'importance de la surface concernée et la non-garantie absolue d'une montée annuelle suffisante de larves de poissons d'espèces marines (Mugil - Chanos, Mégalops, etc.…) pour assurer l'empoissonnement optimum, l'aménagement piscicole du Lac KINKONY devra certainement être complété par l'introduction d'espèces d'eaux douces telles que Carpe commune, Carpe argentée, Carpe marbrée, Tilapia nilotica, etc… Certaines de ces espèces devront être propagées artificiellement chaque année, activité s'apparentant directement ici à la pisciculture, nécessitant la création d'une Ecloserie.

Comme on peut le remarquer, de par son emplacement privilégié et sa haute potentialité, le Lac KINKONY est appelé à un développement exceptionnel, dirigé simultanément vers l'élevage d'espèces marines (euryhalines) et d'eaux douces. Si la polyculture préconisée y est bien conduite, on peut prévoir retirer du lac quelque 5.000 à 10.000 Tonnes de poisson par année. Cette assurance vaut une priorité absolue au problème de son désenclavement, pour la commercialisation de cette production.

Des possibilités à peu près similaires sont offertes par l'ensemble des lacs de la TSIRIBIHINA, où Chanos chanos et Mugil robustus, entre autres, abondent.

3.2.2.4 - Dans les Mangroves

Bien que le milieu “mangrove” soit à protéger en raison du fait qu'il joue un rôle primordial dans le cycle biologique de beaucoup d'espèces marines (et euryhalines) - poissons et surtout ici les crustacés (penaeidae) à leur stade larvaire ou juvénile le plus vulnérable, cela ne signifie pas pour autant que cette mangrove doive rester intégralement à l'état “sauvage ou naturel”. Elle peut et doit être aménagée tant pour des raisons sylvicoles que pour les besoins de la pêche, sans nuire à sa fonction première de “nourricerie”, notamment dans l'optique “Pêche” uniquement, par;

La précaution élémentaire et obligatoire à respecter dans ce cas consiste à laisser face à la mer, une bande de palétuviers absolument intacte d'une largeur de 50 à 100 mètres.

Ce type d'aménagement devrait avoir un caractère collectif, relevant directement du village de pêcheurs concerné dans chaque région où de telles opérations seront envisagées ; pendant la période 1980 – 85, 2 ou 3 sites pilotes devraient être réalisés à l'initiative du Service de la Production Animale (ou du Projet l'assistant) aux fins d'expérimentation et de vulgarisation ultérieure.

Il y a donc lieu ici d'assurer progressivement l'encadrement technique des pêcheurs, par mangrove importante, pour y planifier et diriger les travaux d'aménagement, effectués de préférence par les Collectivités concernées, et pour y organiser la pêche, incluant la fourniture des équipements nécessaires aux pêcheurs. Ces interventions complètent celles prévues au point 3.2.2.3, concernant les lagunes et baies ouvertes sur la mer. Dans le cadre de ce programme, des aménagements pilotes de 500 Ha chacun, par exemple dans la mangrove de la LOZA (Antsohihy) de la MAHAJAMBA (Port-Bergé) et de la BETSIBOKA (Marovoay) pourraient être envisagés au cours de la période 1980 – 85.

3.2.3 - Résultats escomptés:

Si, comme on le propose, l'enoadrement technique et méthodique des pêches s'effectue normalement, les opérations de développement préconisées concerneront progressivement de 1980 à l'an 2.000 une surface lacustre et lagunaire de quelque 100.000 Ha (tous les plans d'eaux supérieurs à 500 Ha), soit environ 60% de l'ensemble des plans d'eaux continentaux du pays.

D'autre part, les interventions préconisées pour l'augmentation substantielle de la production piscicole reposent sur les principes suivants:

En Chine par exemple, on réempoissonne habituellement les grandes surfaces (plus de 1.000 Ha) au taux de 1.500 alevins/Ha, et produisant environ 225 Kg/Ha/an: mais dans les lacs de moins de 500 Ha, il est commun d'y mettre 15.000 alevins/Ha et d'y produire 1 Tonne de poisson par Ha/an; ces petits lacs sont sous aménagement intensif (stooks - fertilisation - pêche - subdivision du plan d'eau, aérateurs, etc.…, en programme intégré associant Pêche - Elevage et Agriculture).

En se basant uniquement sur les ressources nutritives renouvelables, disponibles naturellement, (algues - zooplanoton - détritus) on peut d'ores et déjà avancer le chiffre moyen et probablement minimum de 500 alevins à l'Ha qu'il conviendrait d'introduire chaque année dans les plans d'eaux choisis. Au taux de survie de 50%, il faut donc pouvoir produire annuellement quelque 100 Millions d'alevins de ces espèces, pour mieux exploiter la productivité naturelle des eaux (100.000 Ha); ce chiffre implique l'aménagement de 1985 à l'an 2000 de 6 Ecloseries: KINKONY, ALAOTRA, ITASY, PANGALANES, TSIRIBIHINA et KAMORO/BETSIBOKA.

Bien que ces chiffres n'aient pour l'instant qu'une simple valeur indicative et probablement minimale, ces compléments d'empoissonnements annuels donneront à la pêche (dirigée) une possibilité additionnelle de capture, après 6 – 8 mois de grossissement, d'environ 50 Millions de poissons ayant alors atteint un poids moyen minimum de 300 gr.; tous ne seront pas évidemment pêchés en même temps, mais ils représenteront un tonnage piscicole annuel complémentaire et disponible de l'ordre de 10.000 à 15.000 Tonnes. Si l'on y ajoute les résultats possibles et raisonnables de développement progressif des pêches directes en lagunes et baies ouvertes, ainsi qu'en mangroves aménagées, que l'on peut évaluer à 5.000 Tonnes, on peut estimer que d'ici l'an 2.000, la production actuelle des pêches sera améliorée d'un minimum de 15.000 Tonnes, objectif qui peut certainement être atteint (référence : voir Tableau 11).

Des chiffres plus élevés ne semblent pas réalistes. Déjà pour parvenir au résultat minimum escompté il faut:

Les empoissonnements destinés à la pêche ne pourront donc commencer pratiquement qu'à la seconde, voire à la troisième génération des souches introduites, soit de 1985 à 1990, et devront être répétés annuellement. A compter d'alors, des résultats tangibles commenceront à se concrétiser, et au-delà de l'an 2.000, la technologie piscicole étant alors bien maîtrisée, l'aménagement intensif des petits lacs (plus de 400) réalisé si possible dans le cadre de programmes intégrés, ouvrira d'autres perspectives plus larges, en raison des rendements élevés qui peuvent y être atteints. Cette dernière perpective à long terme n'empêche nullement, au contraire, de procéder dès que possible aux essaispilotes d'aménagement de ces plans d'eaux, en faisant appel par exemple à l'assistance bilatérale, ou multilatérale.

3.3. Promotion de l'Aquaculture en eau saumâtre

Dans le cadre des objectifs prioritaires actuels de ce programme, le développement de l'aquaculture en eau saumâtre s'orientera vers 2 types d'activités:

  1. des élevages piscicoles en bassins côtiers aménagés, tributaires des eaux de mer, avec possibilités d'apports en eaux douces.

  2. des élevages piscicoles (espèces marines, euryhalines, et d'eaux douces) en lagunes et lacs communiquant périodiquement avec la mer (cet aspect a déjà été traité au point 3.2.2.3, développement des pêches lagunaires).

(1.) - Elevages piscicoles en bassins tributaires des eaux de mer:

Ce type d'élevage demande l'aménagement de sites propices à l'aquaculture côtière, par la oréation de vastes bassins en zone de mangrove, mais sans détruire celle-ci. Le cas le plus simple et le plus économique est celui de l'endiguement des goulets d'étranglement (commandés par des vannes) donnant accès aux basses terres inondées par les marées, où l'on peut facilement maîtriser les échanges d'eaux et contrôler les montées de poissons (alevins et larves).

En général, pour être rentables, en élevage extensif, des sites de 20–40 Ha constituent la taille minima de ce genre d'entreprise, mais des surfaces de 100–200 Ha seraient évidemment plus avantageuses; leur rendement approximatif sera de l'ordre de 500 Kg/Ha/an de poisson de consommation.

On retiendra notamment la possibilité d'utiliser certains diverticules de lagunes et baies en communication avec la mer, parfaitement indiqués pour ce type d'élevage; l'aménagement de ces diverticules peut se faire par endiguement et vannes, ou encore simplement par des élevages en enclos. Ces aménagements peuvent prendre le caractère de fermes collectives d'élevages piscicoles; ceux-ci seront intensifs s'ils sont associés à un programme intégré-pisciculture - élevage - agriculture, par les possibilités de fumure qu'ils offrent et dans ce cas, leur productivité pourrait atteindre facilement 1 T/Ha/an de poisson de consommation.

On pense toutefois que d'ici l'an 2.000, seuls quelques aménagements de sites piscicoles pourront être réalisés; ils nécessitent une reconnaissance minutieuse de terrain et une grande technicité de l'aménagement comme de l'élevage piscicole. Les zones prioritaires à développer seront évidemment celles proches des villes côtières, où l'accès tant aux sites qu'aux marchés est assuré. Par contre les élevages marins-euryhalins dans les diverticules de lagunes aménagées, plus économiques et plus faciles à réaliser, peuvent prendre une extension plus rapide.

Le projet actuel réalise 2 Centres aquicoles côtiers tributaires des eaux de mer, dont l'un à ANTSIRANANA et l'autre à MAHAJANGA. Ils serviront de Centres pilotes pour la mise au point des techniques d'élevage de : Chanidae, Mugilidae, Elopidae, Lethrinidae, Serranidae, Pomadasydae, Soatophagidae, Anguillidae, Bagridae, Albulidae, etc… La formation des personnels techniques et de gestion y sera assurée, de manière à promouvoir la vulgarisation de ces techniques d'élevage non seulement dans des Centres piscicoles, mais surtout dans les plans d'eaux côtiers aménagés.

N.B Dans le cas où des Sociétés thonières se concrétiseraient, leurs besoins en appâts (Chanos - Tilapia mossamoica) pourraient être assurés par un Centre aquicole spécialisé, dont la création (financement - réalisation) devrait figurer au dossier des conditions d'agréation de telles entreprises. Ce Centre pourrait être géré par une Collectivité locale côtière, encadrée pendant 5 ans au moins par du personnel technique et spécialisé du Service de la Production Animale (Section Aquaculture).

(2) Elevages piscicoles marins - euryhalins en lagunes et lacs communiquant périodiquement avec la mer.

Ce type d'intervention qui relève de l'aquaculture en eau saumâtre combinée dans certains cas à la pisciculture (Lac KINKONY, par exemple) est cité pour mémoire, ayant déjà été traité au point 3.2.2.3 de ce document.

3.3.1- Résultats escomptés

Pendant la décade 1980 – 90, le développement des Centres pisoicoles côtiers ne sera certainement pas très important, en raison des investissements nécessaires, mais une émulation plus rapide pourrait se manifester dans ce domaine au-delà de 1990, au vu des résultats auxquels parviendront les premiers Centres pilotes: c'est pourquoi 2 Fermes-pilotes de 100 – 200 Ha sont proposées pendant la période de 1990 – 2000. C'est plutôt dans les lacs et lagunes de la côte qui seront d'abord aménagés à bon compte, en vue d'y appliquer les techniques d'aquaculture, que les résultats les plus concrets se matérialiseront: ils sont incorporés dans l'évaluation des 10.000/15.000 Tonnes avancée comme résultat vraisemblable de l'ensemble des interventions envisagées pour l'amélioration écologique et piscicole des plans d'eaux continentaux (référence : Tableau 11).

Tableau 11
Récapitulatif des Opérations' de Développement des Pêches Continentales, Aquaculture 1980–2000
(y inclus les Ecloseries Piscicoles du Tableau 7)

Périodes de Planification et Nature des pérationsInfrastructures - Aménagements écologiques, piscicoles et pêcheInvestissements - EstimationAugmentation Annuelle de la Production Pêche & PiscicultureEncadrement
Lacs et LagunesMaraisMangroveAquicultIngén. halieuteAdj. techn.Agent techn.
Million FmgTonnesValeur Mil. Fmg
(1)(2)(3)(4)(5)(6)(7)
1980–851000 HaHaHa2 Centres en fonction      
• Ecloseries Pisc. 2    (1.250)(125)   
• Introd.espèces nouvelles     de    
X  Elevages Pilotes & Formation 100    
• Aménagem.partiels pilotes    à    
 X250  150017550010 – 50  3  912
1985–90          
Poursuite des :1000 Ha  Aquacult. appliquée en zones côtières aménagées (2.500)(250)   
- introductionsX   de    
- aménagementsX   1000    
• Ecloseries Pis.Pêche2+2+ 1250  4500 à    
   2003000100–300  3  912
1990–951000 Ha  Création (3.750)(375)   
Poursuite des :   Ferme aquicole côtière dede   
- introductionsX   6.000600   
- aménagementsX   àà   
• Ecloseries Pisc.P2+2+ 3500  9000100–200 Ha25010.0001.000  3  912
1995–20001000 Ha  Création Ferme aquicole côtière (5.000)(500)   
Poursuite des :  500 Ha   dede   
- introductions  X   12.0001.200   
- aménagements  X   àà   
• Ecloseries Pisc.P.2+2+ 500015000100–200 Ha27518.0001.800  3  912
Totauxenviron  200–400 Ha (5.000)(500)   
Empoissonnements Aménagements200.000 Ha1000030000 90015.0001.500123648

(1)- Ecloseries de mëme type que celles prévues en pisciculture
(2)- Programme intégré Agriculture - Pêche
(3)- Layons principaux et équipement Pêcheurs
(4)- Auto-financement à l'exploitation
(5)- Sur la base estimative de 30/50 Millions Fmg/an - Finandement possible sur aide extérieure.
(6)- Fourchette des rendements annuels pêche prévisibles, les plus logiques. ( )= Production Piscicole - Tableau 7
(7)- Sur la base de 100 Fmg/Kg - Prix Producteur. ( ) = Valeur Production Pisciculture - Tableau 7.


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