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5.- MAITRISE ET AMELIORATION DE L'ENVIRONNEMENT

En plus de la maîtrise de l'eau dont il a été question au point 2.1, on recherche en pisciculture et plus encore en alevinage, à créer et maintenir les conditions les plus favorables à la croissance de poissons sains et vigoureux. Les améliorations du milieu aquatiques doivent être faites simultanément, sans aucune omission : une déficience dans l'un des aspects de l'environnement réduit, limite ou annihile les effets des autres améliorations apportées. Par exemple, en répandant de la fumure dans un étang déjà envahi de végétation, l'effet de la fumure se traduira par une croissance encore plus dense de cette végétation au lieu de contribuer à la croissance du poisson, et comme effet secondaire, un appauvrissement de la productivité de l'étang ; de même si l'étang est infesté de poissons sauvages, têtards, etc… ceux-ci profiteront bien plus des résultats de la fertilisation et de la nourriture que le poisson élevé.

Le contrôle de l'environnement porte notamment sur la lutte contre les prédateurs, les parasites et maladies, ainsi que sur la végétation aquatique.

5.1 - Contrôle des prédateurs

Quelques têtards, poissons sauvages, de même que des escargots dans un étang-frayère ou d'incubation peuvent détruire des milliers d'oeufs en un seul jour. Des crustacés carnivores du zooplancton tels que Cyclops, Cladocères - Copépodes peuvent exterminer des milliers de larves fraîchement écloses. En premier alevinage où la densité de poisson est forte, des insectes et/ou leurs larves (Libellule, Notonecta, Nepa, Hydrophilus, Ranatra, Dytique, etc…) sont capables de détruire des milliers d'alevins, de même que les grencuilles, oiseaux et serpents.

Les ceufs traités contre les champignons et mis en incubation en caisses spéciales (réf. point 4.1.5) sont parfaitement à l'abri des pestes. Les larves de moins d'une semaine et maintenues en caisses doivent être nourries au plancton sélectif indemne de Cyclops, Copépodes et Cladocères (traitement du plancton au Trichlorfon à 1–2 ).

La meilleure défense contre les poissons sauvages, les insectes et leurs larves consiste dans l'assec complet des étangs (combler les poches d'eaux éventuelles) dès qu'ils ne sont pas utilisés : on débarrasse le fond de ces étangs de toute végétation.

La chaux vive (traitement idéal) faisant défaut à Madagascar, on peut ; 15 jours avant remise sous eau, traiter les étangs en appliquant une désinfection à l'aide de 400 Kgs/Ha de déchets de tabac que l'on recouvre d'une mince couche d'eau : v danger complètement avant remise sous eau définitive. Le tabac peut être remplacé par la roténone diluée à 5%.

L'adduction d'eau des étangs doit être contrôlée par une grille à très fines mailles (réf. point 2.1.), ou par une boîte de protection filtrant l'eau à travers une grille en plastique, système fixé à l'extrémité du canal d'alimentation, efficace contre l'envahissement de poissons sauvages. Les insectes sont éliminés par l'application d'une solution à 0,5 de Dipterex (Dylox), 0.3 de Sumithion ou 0,25 de Lebacyd. L'éradication des pestes se fait aussi communément en appliquant une solution à 2,5–10 de Saponin (graines de thé en poudre) ou encore, à l'aide de Cyanide de potassium.

Dans la protection du frai de Carpe - en reproduction naturelle, on évitera cependant l'emploi fréquent d'insecticides, car les larves et insectes prédateurs s'immunisent rapidement contre ce traitement : on peut leur substituer l'emploi de gas-oil répandu en surface, après la porte, à raison de 40 l/Ha. L'opération est répétée tous les 2 – 3 jours jusqu'à ce que le frai ait 13–15 mm, taille atteinte en 7 à 10 jours et à laquelle on considère l'alevin comme sauvé.

Les grenouilles et têtards finissent toujours par envahir les étangs : on facilitera la surveillance en dégageant bien les berges de toute végétation immergée : si l'on repère des serpents, on les tue au bâton. Les grenouilles peuvent être capturées à l'épuisette (également en pêche à la ligne) ; les oeufs de grenouille enveloppés de gélatine et flottants sont assez facilement repérables et doivent être détruits. Les têtards se rassemblent rapidement autour d'un as de fumier déposé dans un coin peu profond et ensoleillé de l'étang, où il est donc facile de les capturer concentrés, par encerlement à l'aide d'un petit filet traînant, à fines mailles.

Les oiseaux, (martins-pêcheurs hérons, etc.…=) sont chassés au fusil mais à défaut d'armes (ou de munitions, on peut les écarter en installant un réseau de cordages s'entre-croisant au-dessus des étangs d'alevinage, fixés à des piquets plantés sur les digues.

5.2 - Contrôle des parasites - maladies

L'assec complet des étangs non utilisés et leur désinfection constituent la première mesure préventive élémentaire contre les parasites et autres agents pathogènes. Ceux-ci sont le plus souvent réintroduits dans les étangs, par les géniteurs ou par des poissons sauvages infectés de germes ou parasites dont notamment Ichtyophtirius, poux qui se fixe sur le poisson (tête - peau - nageoires couverts de points blancs) et Gyrodactylus, ver suçant le sang des branchies.

Une excellente pratique consiste à donner aux Carpes un bain de sel avant leur transfert dans les étangs ; 1,5 Kg NaCl pour 100 l. d'eau, pendant 1 à 1,30 H : l'adduction d'oxygène est nécessaire pendant le traitement.

Les géniteurs sont traités contre Ichtyophtirius en les baignant pendant 1,30 H. dans 1 m3 d'eau contenant 6–7 grammes de vert de malachite : contre Gyrodactylus, un bain salé pendant 15 minutes dans 100 litres d'eau contenant 2,5 kg de NaCl. On peut également répandre sur toute la surface de l'étang une solution à 1 de Dipterex 80 ou à 0,6–0,7 de Dipterex 95 - Contre Argulus, on applique une solution à 0,5 de BHC (Lindane), ou un bain de lysol (1 cm3 de lysol dans 5 l. d'eau) pendant 5 à 15 secondes suivi de rinçage ; ou 1 gr de permanganate de potasse dans 1 l. d'eau, durant 40 secondes.

La pourriture des branchies due à un protozoaire est combattue en baignant les poissons pendant 20 minutes dans une solution à 8 de sulfate de cuivre.

On prévient les maladies intestinales (inflammation bactérienne) en incorporant à la nourriture 100 mgr de Sulfaguanidine ou 10 mgr de Chloramp hénicol par kilo de poisson, une fois tous les 2 mois, ou mensuellement.

L'infection par champignon et moisissures est traitée par une solution à 0,1–0,2 de vert de malachite, ou 1 – 2 de bleu de méthylène.

5.3 - Contrôle de la végétation aquatique

Selon leur nature, la végétation aquatique sera submergée, flottante ou émergeante. En petite quantité elle est utile, voire nécessaire, mais elle a souvent un caractère envahissant.

Les plantes submergées absorbent les matières nutritives nécessaires à la production primaire ; elles centrarient le libre déplacement des poissons et rendent difficile l'utilisation de filets. De plus, les plantes flottantes (les moins désirables) et émergeantes trop denses obscurcissent les eaux et font écran aux rayons solaires arrêtant de ce fait toute production primaire (photosynthèse). Les étangs peu profonds ou insuffisamment pourvus en eau (gestion) sont prédisposés à l'envahissement par les plantes aquatiques entraînant une productivité piscicole insignifiante.

Le maintien d'une profondeur d'eau suffisante dans les étangs constitue la mesure préventive de base contre l'envahissement de la végétation aquatique (gestion de l'eau). Si malgré tout le fléau s'installe, on peut arracher les plantes à la main au début de leur croissance, ou courcircuiter le cyle biologique à certaines d'entre elles en coupant les têtes émergeantes, avant floraison. Toutes les plantes arrachées ou coupées doivent être sorties de l'étang, leur putréfaction rapide dans l'eau pouvant entraîner une déficience en oxygène. Etant donné la faible surface des stations piscicoles, il n'y a pas lieu d'envisager des interventions mécaniques par faucardeuses ou autres engins.

L'usage de produits chimiques dans la lutte contre les plantes aquatiques doit être fait avec beaucoup de circonspection et par du personnel averti ; le contrôle des algues filamenteuses notamment (fréquentes en bassins d'alevirage) peut être assuré par l'application d'une solution à 0,5 – 1 de sulfate de cuivre, opération qu'il faut répéter si nécessaire (par prudence on traite un Quart de la surface de l'étang en une fois). Contre la jacinthe d'eau (Eichornia Crassipes) une solution aqueuse à 80 % de 2 – 4 - D (2 – 4 - acide acétique Dichlorophenox)est très efficace, répandue à la dose de 4 à 6 Kg/Ha (projection par pulvérisation des plantes, après dilution de la quantité de produit dans le volume d'eau jugé nécessaire pour traiter une surface déterminée). De nombreux autres herbicides sélectifs existent, mais leur utilisation dans la lutte contre la végétation aquatique ne peut encore être généralisée en pisciculture.

Des moyens de lutte biologique existent également, et pourraient être appliqués à bon escient :

Les algues filamenteuses qui envahissent souvent les étangs d'alevinage disparaissent en introduisant quelques Carpes de 1 ou 2 ans.

Des canards peuvent également être élevés en étangs, au taux de 500 environ à l'Ha ; ils broutent les feuilles, les bourgeons et les jeunes pousses des plantes limitant ainsi leur prolifération ; ils consomment également les mollusques jusqu'à une profondeur de 40 – 50 cm et peuvent contribuer à l'éradication de la bilharziose. Ils peuvent aller d'un étang à l'autre selon les nécessités de leur intervention, à l'exception toutefois des étangs de premier alevinage à très haute densité de mise en charge.


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