Deux types d'échantillonnage ont été réalisés:
un échantillonnage de prospection au moyen de pêches expérimentales;
un échantillonnage pour évaluer les quantités exploitées par la pêche artisanale.
3.1 Les échantillonnages de prospection ont été réalisés avec une batterie de filets maillants de mailles différentes (comprises entre 28 et 80 mm). Le découpage des secteurs est indiqué sur les figures 1 et 2. De novembre 1966 à décembre 1967, les pêches réalisées par Moulhérat et Vincke (1968) dans chacun des secteurs ont été mensuelles. D'octobre 1978 à novembre 1979 elles ont été trimestrielles. Pour chacune des périodes 1966/67 et 1978/79, les données recueillies ont été rassemblées sous forme de tableaux espèce secteur en biomasse (annexe 1). Chaque espèce de rang i est ensuite rangée selon son abondance qi dans l'ordre décroissant avec 1 < i < n espèces et Q = ∑ qi.
3.1.1 Les peuplements échantillonnés ont été caractérisés par trois indices:
la richesse spécifique (R.S.) qui indique le nombre d'espèces récoltées. D'après Legendre et Legendre (1979), cette mesure donne des renseignements sur la variété des niches écologiques qu'un écosystème peut abriter;
l'indice de diversité de Shannon (Ish):
Ish = - ∑ (qi/Q) log2 (qi/Q)
Il tient compte à la fois du nombre d'espèces et de leur abondance respective mesurée en biomasse (diversité de Wilhm, 1968). Il caractérise “la structure du peuplement, c'est-à-dire la façon dont la masse totale de matière vivante se trouve répartie entre les diverses niches dont chacune est concrétisée par l'espèce qui l'occupe” (Daget, 1976).
la constante du milieu de Motomura (m): les données rang-abondance sont ajustées selon le modèle de Motomura (in: Daget, 1976).
log qi = (i - l) log m + log qi
Selon Amanieu et al. (1980) ce modèle convient à l'analyse des peuplements dans lesquels les relations interspécifiques sont élémentaires. La compétition est essentiellement limitée au niveau d'une ressource. C'est le cas des peuplements observés dans un environnement stressant. Par des variations brusques de salinité et de température ces conditions sont souvent réalisées en milieu lagunaire.
3.1.2 Les peuplements de poissons des lagunes sont en général constitués de populations de stratégies différentes, soit parce qu'elles migrent entre la mer et la lagune, soit parce qu'elles sont plus ou moins sédentaires. Afin de mettre en évidence des populations de stratégie différente dans les peuplements observés, trois analyses successives ont été réalisées:
à partir des tableaux (espèces-secteurs en annexe 1) on calcule une demi matrice de similarité espèces-espèces calculée avec le coefficient de Steinhaus (S17 in Legendre et Legendre, 1979):
S17(x1,x2) = 2 W/ (A+B) avec A la biomasse totale de l'espèce x1 observée dans tous les secteurs, B celle de l'espèce x2 et W la somme du minimum d'abondance de x1 comparée à x2 pour chacun des secteurs. On fait de même avec les espèces x2 x1…x2 xn,…xn xn. Pour tenir compte de la dispersion importante des valeurs observées une transformation logarithmique a été réalisée sur les données initiales.
utilisant les résultats précédents (demi matrice de similarité) une analyse en coordonnées principales permet de situer les espèces dans un espace de dimension réduite (Gower, 1966). Les groupes mis ainsi en évidence sont ensuite matérialisés par des “courbes de niveau” (voir figure 3) dont les valeurs, mesurant l'association, ont été calculées par la méthode du groupement flexible de Lance et Williams (1966, 1967) (in Legendre et Legendre, 1979).
3.2 Les techniques d'exploitation traditionnelle et le contexte historique et régional ont été décrits par Moulhérat et Vincke (1968). On rappellera que le systéme de capture est diversifié avec des engins passifs sous forme de pièges, nasses, “Vilasilaka” (barrage homologue de la bordique méditerranéenne), “vovo” (sorte d'acadja miniature ou fagot planté sur le fond, spécialisé pour capturer les crevettes), sennes et filets maillants. Tenant compte des prises réalisées par chaque type d'engin et de leur nombre, les rendements d'exploitation de la pêche artisanale, c'est-à-dire les captures annuelles par engin 1, ont pu être évaluées pour chacun des secteurs de prospection.