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4. RESULTATS

4.1 Organisation des peuplements

L'essentiel des résultats obtenus est résumé dans le tableau l et illustre en partie (fig. 2).

Quelle que soit l'année de prélèvement, 1966/67 ou 1978/79, la richesse spécifique et la diversité diminuent au fur et à mesure que l'on s'éloigne des communications avec la mer (zones estuariennes), d'une part du Nord vers le Sad, et d'autre part, du Sud vers le Nord. On observe cependant une légère remontée des indices au niveau des lacs Ampitabe et Tampina, c'est à dire au niveau de la ligne de partage des eaux, endroit qui a été creusé en 1901 pour mettre en communication les deux systèmes lagunaires autrefois distincts.

Quel que soit le secteur de prélèvement, estuaire ou lac, les richesses et les indices ont apparemment diminué de 1966/67 à 1978/79 avec une diminution plus importante au niveau des minima que des maxima.

Les captures annuelles d'exploitation artisanales varient en 1966/67, (tableau 1, fig.2) suivant les secteurs. Les maxima de capture correspondent aux maxima de richesse, de diversité et de constante de Motomura. Il en est de même pour les minima. La meilleure liaison (tableau 2) a été recherchée entre, d'une part, la quantité annuelle exploitée et les différents indices de peuplement retenus (richesse, diversité et constante de Motomura) et d'autre part les quantités annuelles exploitées par engin et par hectare (indice de prise par unité d'effort de pêche) et les mêmes indices. Dans ce but les coefficients de corrélation de rang de Spearman ont été calculés.

Pour un seuil de 5 pour cent seule la capture totale annuelle est significativement liée d'une part à la richesse spécifique et d'autre part à la constante de Motomura. La liaison est toutefois meilleure avec la constante de Motomura (r = 0,971) qu'avec les autres indices.

REMARQUES

La meilleure relation est obtenue entre les captures totales (y) et la constante de Motomura (m). Dans ce cas la meilleure fonction simple obtenue est la suivante:

y = 305,33 m6,99

Le résultat obtenu peut s'expliquer si l'on admet qu'en milieu lagunaire l'efficacité 1 des captures dépend non seulement de l'engin mais aussi de la structure du milieu. Les engins passifs seront plus efficaces dans un secteur constitué de passes, culs-de-sac peu profords que dans une vaste étendue sans passage préférentiel des poissons. En fait, les engins d'exploitation traditionnels sont adaptés par leur efficacité à la capture des poissons en déplacement (quel que soit le secteur d'origine). De ce fait la notion d'effort de pêche perd de son importance par rapport au type d'engin et de son usage, c'est-à-dire à l'efficacité.

La constante de Motomura étant liée aux captures d'exploitation, la diminution apparente de diversité entre 1966/67 et 1978/79 doit être accompagnée d'une diminution des captures. Si l'on admet que les statistiques des captures commercialisées sont représentatives des captures totales, cette hypothèse est confirmée par le tableau suivant:

ANNEES19711972197319741975197619771978
CAPTURES
(Commercialisées en tonnes)
 119  115    91   70   52    68    49

(La pression de pêche en nombre de pêcheurs et en nombre d'engins n'a pas sensiblement varié durant la période 1971/78).

4.2 Composition des peuplements

L'analyse illustrée par la figure 3 conduit aux résultats suivants:

4.2.1 1966/67

Groupe A: il représente 5 pour cent de la biomasse des captures totales de prospection (tous secteurs confondus). Il comprend les espèces 2 [(27, 39, 40, 41) (42, 43, 44)]. Elles fusionnent à une distance respective de 0,07, 0,06 et globalement à 0,09. Toutes ces espèces n'ont pu être mises en évidence que dans l'estuaire sud.

1 On admet généralement que la capture (y) est fonction de l'effort de pêche (f) mesuré par le nombre d'engin, leur dimension, leur durée d'utilisation, etc., de l'efficacité de l'engin (q), type, caractéristique, stratégie de pêche, etc. et du stock B selon la relation : y = f q B Le stock B dépend de l'aire géographique (surface)

2 Voir correspondance code-espèce (annexes 1 et 2)

Groupe B: il représente 37 pour cent de la biomasse totale capturée. Il est constitué par les espèces [(24, 25, 35) (26, 28, 30, 29, 32, 23, 36, 33, 37) (38, 34, 31)]. Elles fusionnent à des distances de 0,05, 0,07, 0,03 et globalement à 0,085. Toutes ces espèces sont communes aux deux estuaires nord et sud. Elles n'ont pas été mises en évidence dans les autres secteurs de prélèvement.

Les différences entre les deux groupes A et B résident probablement dans le régime différent des deux estuaires (débit, cours, turbidité, etc.)(tableau 5) qui fait que le groupe A serait plus marin que le groupe B. Les espèces des groupes A et B sont peu euryhalines. Elles pénètrent dans les estuaires probablement pour des raisons trophiques (ou fuite des prédateurs). Elles sont présentes toute l'année. Elles n'effectuent jamais de long séjour, mais plutôt des va-et-vient brefs et fréquents entre mer et estuaire.

Les espèces (17, 20, 21) fusionnent avec le groupe B à une distance de 0,12. Elles présentent les mêmes caractéristiques que celles du groupe B mais pénètrent en plus dans le secteur situé immédiatement au sud de l'estuaire nord. Elles ont probablement une eurhyalinité et une répartition légèrement plus grande que celles du groupe B.

Groupe C: il représente 23 pour cent de la biomasse totale capturée. Il est constitue par les espèces [(9,11,15) 19,16,13] qui fusionnent globalement à une distance de 0,26. Ce groupe, comme le B, migre entre la mer et les lagunes mais avec une plus large répartition. Ces espèces se trouvent en général dans des zones d'influence marine, soit directe au niveau des estuaires, soit par infiltration, à mi-distance entre les deux estuaires. Elles peuvent traverser des zones dessalées. Il semble qu'un retour en mer soit obligatoire pour boucler le cycle.

Groupe D: Il représente 28 pour cent de la biomasse totale capturée. Il est constitué par les espéces [(1, 3, 4, 8, 10) 5, 2, 7] qui fusionnent à la distance 0,09 et 0,11. Il s'agit d'espèces de très large répartition présentes dans tous les secteurs. Sauf 1 et 5, elles peuvent toutes réaliser leur cycle complet en lagune. Fortement eurhyalines elles peuvent être considérées comme sédentaires. Enfin 6 et 12 sont deux espèces du genre Mugil qui fusionnent avec le groupe D.

REMARQUES

Dans la figure 3 (du haut), l'axe horizontal semble être un axe d'eurhyalinité et l'axe vertical d'amplitude de déplacement.

4.2.2 Année 1978/79

Le schéma des groupements donne une image différente de la précédente. Les groupements d'espèces apparaissent moins évidents car les distances de fusion sont plus grandes.

Groupe E: il représente 2 pourcent de la biomasse totale capturée. Les espèces [(21, 26, 55) (45, 56, 31)], fusionnent respectivement aux distances 0,07 et 0,14. On retrouve les espèces 21, 26, 31 du groupe B précédent (1966/67). En revanche, elles n'ont pu être mises en évidence qu'au niveau du seul estuaire sud au lieu des deux précédemment.

Groupe F: il représente 1 % de la biomasse totale capturée. Les espèces [(24, 30, 37) (18, 53) 44, 52] fusionnent à des distances de 0,03, 0,07, 0,09 et 0,18. Comme le groupe E, elles ont une répartition limitée au seul estuaire sud. De même on y retrouve les espèces 24, 30, 37 du groupe B de 1966/67 et qui étaient commúnes aux deux estuaires.

Les espèces du groupe B de 1966/67, communes aux deux estuaires se retrouvent 10 ans plus tard dans les groupes E ou F de répartition plus restrictive car limitée à un seul estuaire.

Groupe G: il représente 10 % de la biomasse totale capturée. Les espèces (9, 11, 16) et (19, 25, 13) fusionnent à une distance de 0,10 et 0,17. On y retrouve les espèces 9, 11, 16, 19 et 13 du groupe C de 1966/67 avec une répartition moins large. En effet, elles ont été échantillonnées aux deux estuaires et zones immédiatement avoisinantes.

Groupe H: il représente 78 % de la biomasse totale échantillonnée. Les espèces (2, 5, 4, 10) (51, 8) 7, 48, 49, 54 fusionnent à des distances de 0,20, 0,24, 0,36. On y retrouve mais en plus diffus les espèces de large répartition et sédentaires du groupe D de 1966/67.

Le tableau 3 résume l'essentiel des résultats. Il montre, d'une part, les correspondances entre les groupes de 1966/67 et ceux de 1978/79 et d'autre part, leurs aires de répartition.

Les variations dans l'espace des indices de peuplement (diversité, richesse, etc.) se traduisent par des différences de composition de population suivant d'une part leur répartition à partir des ouvertures sur la mer et d'autre part leur sédentarité. L'appauvrissement est visible dans les groupes formés aussi bien que dans les indices de richesse spécifique.

Etant donné les différences de protocole d'échantillonnage entre 1966/67 et 1978/79, les comparaisons des peuplements entre ces deux périodes ne peuvent évidemment avoir qu'un caractère indicatif et ne sauraient en aucun cas être généralisables. Il semble que des populations migrantes qui autrefois (1966/67) avaient une large répartition à l'intérieur de l'ensemble lagunaire y pénètrent actuellement plus difficilement, les séjours y sont plus brefs et limités seulement aux zones d'ouvertures. Les migrants qui représentaient 65 % du peuplement échantillonnés, ne présentent plus actuellement que 13 %. En revanche les sédentaires sont passés de 28 % à 78 %.

3.2.3 Les peuplements ont été examinés suivant les grandes catégories de régime alimentaire. Compte tenu d'une part des variations diurne et nocturne de régime et, d'autre part, de la disponibilité saisonnière des proies, les régimes ont été regroupés en trois grandes catégories:

Tenant compte des résultats précédents, les peuplements des deux grandes catégories d'écosystème ont été regroupés: d'une part les estuaires, Ivondro et Rianila, et d'autre part; tous les lacs, d'où le tableau 4.

Les variations de l'importance relative des omnivores détritivores et herbivores planctonophages par opposition aux carnivores, vérifient bien les observations de variation de peuplement et de composition des populations. C'est-à-dire:


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