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13. L'AQUACULTURE A LA JAMAIQUE

par

Agronome Jean Robert Badio
Projet d'Aquaculture

1. INTRODUCTION

L'aquaculture a commencé à la Jamaïque en 1940 avec l'introduction du Tilapia mossambica à travers un projet de la FAO. Plus de 1000 bassins de 2 ares ont été construits dans un vaste programme de vulgarisation mené avec succès. Après le projet, cette activité a connu un déclin dû au manque de moyens disponibles pour l'encadrement des pisciculteurs. En 1979, la Jamaïque importait encore 10.000 tonnes de poissons pour satisfaire le marché local.

En 1980, le gouvernement a crée un organisme AGRO 21 que l'on considère comme un second ministère de l'agriculture. Ce dernier a avec l'aide de plusieurs projets financés par l'USAID contribué de manière significative au développement de l'aquaculture.

2. STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT

2.1. Introduction de nouvelles espèces

De nouvelles espèces de Tilapia plus performantes tant pour la croissance que pour leur taille à maturité telles T. nilotica (silver perch), T. aurea, tilapia rouge ainsi que de nouvelles souches de carpes communes et herbivores ont été introduites. Ces espèces répondaient mieux aux besoins du marché local qui demande des poissons colorés et de taille supérieure à 250 g.

2.2. Viabilité économique de l'aquaculture

Deux fermes commerciales d'environ 20 ha chacune ont été construites par les projets réalisés par AGRO 21. Avec une gestion efficace, ces fermes ont prouvé au secteur privé la viabilité économique de l'aquaculture à la Jamaïque. Après une période de démonstration, ces fermes ont été vendues au secteur privé qui actuellement contrôle la quasi totalité de la production.

2.3. Encadrement

AGRO 21 apporte un encadrement technique aux investisseurs jamaïcains qui s'intéressent à l'aquaculture. Des prêts spéciaux sont également accordés aux exploitations couvrant plus de 8 ha.

Le gouvernement a aussi encadré et financé l'implantation d'usines d'aliments indispensables pour le développement au niveau intensif.

3. RÉSULTATS OBTENUS.

L'encadrement et le support accordés à l'aquaculture ont entrainé l'implantation d'une soixantaine de fermes commerciales privées. La production aquicole qui était considérée comme nulle en 1980 est passé à 1,84 million de livres en 1985 pour atteindre 3,2 millions en 1986. La grande majorité de la production est constituée de tilapia rouge et est écoulée sur le marché local.

4. SYSTEMES UTILISES

4.1. Élevage du tilapia monosexe

Le système intensif est le plus utilisé à la Jamaïque. La production en général est basée sur le monosexe où le tilapia mâle est obtenu après changement de sexe par les hormones. Dans certaine fermes ils utilisent le système de sexage manuel pour faire le monosexe, parce qu'à la Jamaïque il existe des spécialistes dans ce domaine; cinq hommes peuvent sexés jusqu'à 5 à 6000 poissons/ jour avec 2 % d'erreur.

Des expériences montrent aussi que l'hybride du Tilapia nilotica (femelle) avec le Tilapia aurea (mâle) peut donner près de 98 % de mâle.

4.2. Production obtenue et densité utilisée

Dans les bassins de reproduction pour une superficie de 1 acre (40 ares) on utilise 3000 femelles pour 1000 mâles. Les bassins de production sont empoissonnés avec une densité varient de 8 à 10.000 / acre et reçoivent une alimentation contenant 28 à 30 % de protéines donnent à la fin du cycle de 12 semaines une production de 40.000 lbs / acre avec un poids moyen de 0,5 livre. Notons que des applications engrais organiques ou minéraux (12-24-12) sont régulièrement effectuées.

D'autres systèmes un peu plus intensif sont empoissonnés à la densité de 20.000 poissons / acre avec un changement de 30 à 50 % de l'eau par jour et une application d'engrais de 50 kg /ha /jr. La production varie alors de 6000 à 8000 lbs /acre pour une période d'élevage de 16 semaines; ce qui donne trois récoltes par an.

5. CONCLUSION

Il paraît que l'aquaculture est marquée par un développement spectaculaire à la Jamaïque avec un secteur privé dynamique gérant des fermes aquicoles de grande superficie bénéficiant d'un support réel du gouvernement. L'expérience jamaïcaine prouve également que le développement de l'aquaculture, à partir d'un programme de vulgarisation au niveau des paysans, présente ses limites et ne permet pas de diminuer les importations en fruit de mer. Nous invitons les représentants du secteur privé ici présents à réaliser que nous comptons beaucoup sur eux pour diminuer nos importations en fruits de mer qui s'élèvent à 12.000 tonnes / an soit environ 8 millions de dollars.


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