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Chapitre 1
INTRODUCTION: LE VOYAGE D'ETUDE ET LA REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE

1.1 LE VOYAGE D'ETUDE SUR LE DEVELOPPEMENT DE L'AQUACULTURE CHINOISE

Depuis 1977, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Gouvernement de la République populaire de Chine organisent chaque année des voyages d'étude dans un but de formation rurale de techniciens de pays en voie de développement. Suite à la mission effectuée en Chine en 1976 par quatre fonctionnaires FAO pour l'étude de la pêche et de l'aquaculture en eaux continentales, il fut recommandé notamment “…d'encourager l'emploi de la compétence et de l'expérience chinoises…” à l'occasion de “voyages d'étude pour les administrateurs et les planificateurs des pêches dans les eaux intérieures, afin de leur ouvrir des perspectives nouvelles (ou différentes) sur leurs propres problèmes” (Tapiador et al., 1978).

Un premier voyage d'étude sur le développement de l'aquaculture, organisé pour des techniciens anglophones africains et asiatiques, eut lieu en 1978 (ADCP, 1979). Un second voyage d'étude portant sur le même sujet fut ensuite organisé pour des techniciens francophones africains. Il eut lieu, au départ de Paris, du 22 avril au 20 mai 1980, avec l'aide financière du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en tant que projet régional (RAF/79/071). Les données recueillies au cours de ce voyage d'étude forment la base du présent rapport.

L'aquaculture étant l'un des domaines dans lesquels la Chine a fait de nombreux progrès, un intérêt grandissant s'est développé pour l'étude de son organisation et de sa technologie ainsi que pour l'évaluation des possibilités de transfert de celles-ci à d'autres pays. Ce voyage d'étude a donc eu pour objet de donner la possibilité à des techniciens africains de haut niveau d'observer le développement de l'aquaculture dans les eaux continentales chinoises, la stratégie en la matière, le dispositif d'élaboration des politiques et des programmes, ainsi que l'ordre des priorités et leur mise en oeuvre. Les participants eurent aussi l'occasion d'observer les principes qui inspirent le développement dans ces domaines, les rapports étroits qui l'unissent à l'expansion agricole en général et au développement rural intégré en particulier, ainsi que les aspects organisationnels du développement de la production des produits aquatiques dans son ensemble. Les moyens dont dispose la Chine pour la recherche et la formation aquacoles purent également être appréciés.

Le groupe de 18 participants (Annexe 1; Figures 1 et 2)1 arriva à Beijing le 23 avril 1980, venant de Paris sous la conduite du Team Leader FAO/Afrique, le Dr W. Q. -B. West, Fonctionnaire régional pour les Pêches en Afrique. Le Team Leader FAO/Quartier Général rejoignit le groupe ce même jour pour en prendre la direction. M. R. Li, Chef de la Division Internationale du Département des Affaires Etrangères au Bureau National des Produits Aquatiques, ainsi que deux interprètes y prirent le groupe d'étude en charge au nom du Gouvernement chinois. Ils l'accompagnèrent ensuite au cours de tous ses déplacements à travers le pays.

1 Toutes les photographies sont de A.G. Coche, Team Leader FAO/QG, excepté celles attribuées à Mlle F. Botts, Photographe professionnelle, GII/FAO.

Figure 1

Figure 1. Les participants du voyage d'étude et leurs hôtes à l'IPA de Shanghai

Figure 2

Figure 2. Visite par le groupe d'étude d'un ancien temple boudhiste, Guangdong

Lors de la préparation de ce voyage d'étude, la FAO avait indiqué à l'avance les activités aquacoles dans lesquelles le groupe serait tout particulièrement intéressé. Dès l'arrivée, le Gouvernement hôte proposa un programme incluant ces suggestions et qui fut aussitôt adopté (Annexe 2). Ce programme permit de visiter plusieurs communes populaires, brigades et équipes de production ainsi que des institutions qui s'étaient distinguées dans leurs domaines respectifs. Elles démontrèrent clairement ce qui pouvait être réalisé dans les conditions prévalant en Chine, tout en permettant d'évaluer les possibilités d'application de l'expérience chinoise dans les pays africains participants. Le groupe d'étude eut l'occasion de visiter les Provinces Guangdong, Hubei, Zhejiang et Jiangsu, ainsi que les Municipalités de Beijing et Shanghai (Figures 3 et 4).

Les principales activités aquacoles étudiées par le groupe furent les suivantes: fermes piscicoles d'Etat; fermes piscicoles de communes populaires, de brigades de production et d'équipes de production; production intégrée de poisson, de produits agricoles et d'animaux d'élevage; pisciculture extensive en lacs, réservoirs, chenaux et rivières; pisciculture semi-intensive en étangs; pisciculture intensive en bassins cimentés; élevage de poissons en cages; recherches piscicoles et hydrobiologiques; production massive d'oeufs, de larves et d'alevins de poisson; distribution et commercialisation du poisson d'eau douce.

Dans la plupart des endroits visités, les techniciens responsables concernés donnèrent d'abord un bref aperçu des conditions dans lesquelles s'était développée l'aquaculture, décrivant les augmentations progressives des productions piscicoles ainsi que les moyens mis en oeuvre. Il s'en suivit une visite guidée des installations, bien souvent accompagnée de démonstrations pratiques (Figure 5). Les discussions amorcées alors se poursuivirent ensuite au cours d'une séance de questions/réponses (Figures 6 et 10). Ceci permit aux participants de recueillir un bon nombre d'informations, à la fois quantitatives et qualitatives, qui servent de base au présent rapport.

A plusieurs reprises, nos hôtes exprimèrent leur intérêt de découvrir les technologies piscicoles d'autres pays. Afin de répondre à ces demandes, deux séances d'information furent organisées. Au cours de celles-ci, les techniciens de l'Institut des Produits Aquatiques de Shanghai ainsi que ceux de la Commune populaire de Hele (près de Wuxi, Jiangsu) eurent l'occasion d'écouter et de discuter divers exposés présentés par des participants sur des sujets piscicoles africains. Des diapositives furent également projetées et commentées par le Team Leader FAO/QG. Des documents techniques FAO traitant de divers sujets aquacoles furent soit distribués à la fin de plusieurs visites, soit remis au Bureau National des Produits Aquatiques à Beijing. Cette documentation fut ensuite complétée de FAO-Rome au retour.

1.2 LA REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE

La République populaire de Chine, troisième pays au monde sur la base de sa superficie (env. 9,6 millions km2), présente une variété extrême d'ensembles topographiques et de zones climatiques. Des bords nord et est des hauts plateaux occidentaux du Xizang (Tibet) et du Qinghai - situés aux environs de 4 000 m d'altitude - l'on passe successivement d'une zone intermédiaire de chaînes de montagnes et de bassins (1 000–2 000 m d'altitude) à des régions orientales de collines et de plaines, généralement inclinées vers la Dong Hai. Les climats sont tout aussi variés que le relief, leurs températures et pluviosité étant determinées en fonction de la latitude (4°N – 53°N), de l'altitude et de la continentalité (mousson).

Sur ces bases, l'on subdivise généralement la Chine en deux ensembles distincts (Figure 3). La Chine occidentale (princ. Xizang, Qinghai, Xinjiang, Nei Monggol) est un vaste ensemble de très hauts plateaux - climat arctique d'altitude - et de régions désertiques. Bien qu'il y ait de nombreux plans d'eau dans le Xinjiang par exemple, le développement piscicole y est très récent et encore relativement peu important. La Chine orientale se subdivise elle-même géographiquement en quatre régions principales: a) nord-est, un vaste plaine ondulée et adossée à l'ouest à des chaînes montagneuses; climat froid (to moy.ann. -4o à 10°C) avec hiver sec et été chaud; Provinces Heilongjiang, Jilin et Liaoning; b) nord, plateau et plaines de loess; climat tempéré continental (to moy.ann.sup. 8°C) avec été chaud; pluviosité 250–750 mm/an; Beijing, Tianjin et Provinces Hebei, Shandong, Henan, Shanxi, Shaanxi et Gansu; c) centre, zone de collines, de montagnes et de vallées (Chang Jiang - affluents et delta); climat sub-tropical, tempéré à chaud (to moy.mens. 6o–28°C), avec saison sèche et froide plus ou moins longue; pluviosité 700–2 500 mm/an; Shanghai et Provinces Jiangsu, Zhejiang, Jiangxi, Anhui, Hubei, Hunan et Sichuan; d) sud, large bande côtière, collines et montagnes, plaines du Xi Jiang et du Zhu Jiang (delta); climat subtropical chaud influencé par la mousson (to moy.ann. 20o–22°C); pluviosité 1 000–2 500 mm/an; Provinces Fujian, Guangdong, Guizhou, Yunnan et Région autonome Guangxi.

Figure 3. Carte administrative générale de la Chine et itinéraire du voyage d'étude

Figure 3
Figure 4a

Figure 4a. Localisation des principales réalisations visitées dans la Province Guangdong

Figure 4b

Figure 4b. Localisation des principales réalisations visitées dans la Province Hubei

Figure 4c

Figure 4c. Localisation des principales réalisations visitées dans le Shanghai Shi et dans les Provinces Jiangsu et Zhejiang

Figure 5

Figure 5. Visite des installations piscicoles du Centre d'alevinage de Hengjiang, District de Xinhui, Guangdong

Figure 6

Figure 6. Briefing détaillé et discussion générale des participants avec les techniciens de la Commune populaire de Hele, Jiangsu

Du point de vue administratif, la République populaire de Chine est subdivisée en 30 régions relevant directement du Gouvernement central (Figure 3). Ces régions se répartissent en 22 provinces (sheng), 3 municipalités (shi) - Beijing, Tianjin et Shanghai - et 5 régions autonomes (zizhiqu) - Nei Monggol, Xinjiang, Xizang, Ningxia et Guangxi. Au niveau administratif suivant se situent les “districts” et les “cités”. Dans certains cas, plusieurs districts sont regroupés en une “préfecture”. Les districts eux-mêmes sont formés de plusieurs communes populaires (Sec. 3.2).

La population actuelle s'élève à près d'un milliard de personnes, dont la grande majorité vit en Chine orientale. Le principal langage officiel est basé sur le dialecte de Beijing, bien que de nombreux autres dialectes soient parlés régionalement, comme par exemple ceux de Guangzhou, Fujian et Shanghai. Pour l'écriture, l'on utilise les caractères chinois (simplifiés depuis 1949) et, de plus en plus, leur romanisation “pinyin” officialisée depuis le ler janvier 1979. Le présent rapport utilise cette transcription officielle pour les noms de personnes, de lieux, de rivières et de lacs par exemple.1

L'on estime la superficie totale de la Chine à 960 millions d'hectares. De cette superficie, les forêts occupent environ 12,7 pour cent et les terres cultivées en permanence également 10 pour cent, dont environ 45 pour cent sous irrigation. Quant aux eaux continentales, elles s'étendent sur près de 1,77 pour cent de la superficie totale, ainsi que détaillé ci-après.

Le système métrique de mesure est de plus en plus utilisé, sauf pour les unités de superficie encore couramment exprimée en “mu”. Les données recueillies par le groupe d'étude ont été converties dans le système métrique sur la base des facteurs de conversion présentés au début du présent rapport (page xvi).

1 Référence: Anon. 1977 “Zhonghua renmin gongheguo fen sheng dituji (hanyu pinyinban)”, Ditu chubanshe, Beijing, 169 pages (Atlas de la République populaire de Chine, par provinces - en pinyin)


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