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Chapitre 6
PRODUCTION SEMI-INTENSIVE DE POISSON DE CONSOMMATION EN ETANG (contd.)

6.4 L'ELEVAGE DES TILAPIAS EN CHINE

L'élevage des tilapias en Chine est d'acquisition relativement récente. En effet, ce n'est qu'en 1957 que Sarotherodon mossambicus (syn. T. mossambica) fut introduite pour la première fois du Viet Nam. Une seconde espèce, S. niloticus, fut introduit il y a seulement quelques années et tend actuellement à remplacer S. mossambicus dans les élevages.

C'est à la Commune populaire de Hele (Jiangsu) que le groupe d'étude a eu l'occasion d'observer un élevage de tilapia. L'introduction des premiers S. mossambicus y date de 1971 seulement, S. niloticus n'ayant été introduit expérimentalement qu'en 1978. Cette dernière espèce sera cultivée en étang de production à partir de 1980.

Le climat hivernal étant trop froid, les géniteurs et alevins s'élèvent de novembre à mai en serre plastique, où la tempèrature des étangs ne descend pas en-dessous de 17°–20°C (Figure 42). Deux étangs en terre de 120 m2 chacun sont empoissonnés aux charges respectives de 5 kg/m2 (géniteurs) ou 500 ind./m (alevins nés en août-septembre). L'alimentation consiste en son de riz, distribué tous les 2–3 jours à la ration de 0,5 pour cent de la biomasse. Les géniteurs se reproduisent dès que la température de l'eau atteint plus de 20°–22°C et l'on y a observé qu'une femelle S. mossambicus de 50 g peut produire en moyenne 350 alevins/an.

A partir de mai, les tilapias s'élèvent en étang de grossissement bien fertilisé, comme espèce secondaire de polyculture (Tableau 22). La mise en charge moyenne avec des alevins de 5–7 g est de 1,5 ind./m2. En 120 jours d'élevage, ils atteignent 50–70 g de poids moyen. Trois mois plus tard, les femelles pèsent en général 100+ g et les mâles au moins 250 g. Les

rendements avec S. mossambicus peuvent atteindre en 4–5 mois respectivement 975–1 125 kg/ha sans alimentation supplémentaire et 1 875 kg/ha avec alimentation. Des croissances et des rendements plus élevés devraient être possibles avec S. niloticus.

Tableau 31

PRODUCTIONS ET COEFFICIENTS DE CONVERSION RELATIFS A L'INTEGRATION DE LA PISCICULTURE A L'AGRICULTURE ET L'ELEVAGE

A. PRODUCTIONS ANNUELLES
(a)Production végétales
 -Herbes à éléphant (Pennisetum), Guangdong: 225 t/ha
 -
Plantes aquatiques: Lemna, Azolla, Wolffia …, Guangdong: 150–187 t/ha
jacinthe d'eau (Eichornia), Guangdong: 400–750 t/ha
 -Canne à sucre; feuilles, Guangdong: 90 t/ha
 -Mûrier; feuilles, Guangdong: 135 kg/plant ou 45 t/ha
(b)Productions de fumure organique
 -Porc: 7,8–8 t/indiv.
  (C.P. de Hele: 6 porcs = 21 t en 5 mois, de porcelet à 65 kg poids vif)
 -Vache: 6–9 t/indiv. (C.P. de Hele = 21 t/indiv.)
 -Canards, C.P. de Hele, Jiangsu: 150 kg/indiv.
(c)Vase
 -Taux d'accumulation à la C.P. de Hele, Jiangsu: 10 cm/an
 -Production en étang: 125–225 t/ha
B. CONVERSION EN SYSTEME CULTURAL INTEGRE
(a)Cultures végétales
 -Plantes aquatiques: 1 ha peut nourrir 150 porcs
 -Plantes terrestres (déchets): 1 ha peut nourrir 15 porcs
(b)Pisciculture
 -Plantes terrestres: 0,1 ha peut nourrir 1 ha d'étangs
 -Compost: 4 kg produisent 1 kg de poisson
 -
Vers à soie: - 1 ha mûriers = 45 t feuilles = soie + 150 kg de poisson
      - 10–20 kg déchets produisent 1 kg de poisson
 -Porcs: 45–75 indiv./ha d'étang (C.P. de Hele: optimum = 90 indiv./ha)
 -Poules: 450 indiv./ha d'étang
 -Canards: max. 1 200–1 400 indiv./ha d'étang
 -Vase: 2 ha d'étang permet la fertilisation d'un hectare de cultures

Figure 42

Figure 42. Hivernage sous serre de tilapias en étangs de terre, équipés d'aérateurs flottants. Commune populaire de Hele, Wuxi, Jiangsu

Dans la Province Guangdong, la polyculture de carpes chinoises avec S. mossambicus comme espèce secondaire se fait également après sexage et triage des mâles (Anon., 1980). Des erreurs de sexage étant cependant présentes vu la petite taille des alevins (6–7, 5 cm), le contrôle de toute reproduction ultérieure se fait par l'empoissonnement simultané d'un prédateur (par exemple 450–600 Ophicephalus de 3–3, 6 cm à l'hectare). Les étangs sont bien fertilisés. La faible densité de charge des tilapias mâles (0,3–0,45 ind./m2), associée au climat chaud, permet en 60–90 jours d'élevage de produire des poissons de consommation de 100–200 g chacun. Deux élevages peuvent ainsi être réalisés dans l'année, les empoissonnements ayant lieu au début mai et en fin juillet. La densité de charge des tilapias ne peut être augmentée sans courir le risque de créer une compétition alimentaire non seulement avec les espèces planctonophages principales, mais aussi avec la carpe de vase détritivore.

Le tilapia est parfois également cultivé en polyculture comme espèce principale, principalement en eaux très fertiles et enrichies par des eaux résiduaires domestiques (Anon., 1980). Dans ce cas, l'on empoissonne une fois par an un mélange de grands alevins (30 g; densité 0,15 ind./m2) et de petits alevins (1,3 g; densité 2,25–3 ind./m2). Il y a ensuite trois périodes de récolte: i) après les premières reproductions, lorsque les grands alevins ont atteint 100+ g (20% récolte annuelle); ii) à partir du neuvième mois, pêches sélectives des plus gros individus (50% récolte annuelle); et iii) en fin d'année (30% récolte annuelle), les poissons destinés à la consommation et une quantité déterminée d'alevins, placés en hivernage.

6.5 LES CARACTERISTIQUES DES ETANGS DE GROSSISSEMENT

6.5.1 Conception des exploitations piscicoles

La majorité des exploitations piscicoles sont conçues comme faisant étroitement partie des systèmes culturaux communaux, afin de favoriser l'association pisciculture/agriculture/ élevage. Le plan de la ferme variera donc selon l'importance relative de la production piscicole par rapport aux autres productions.

Par exemple, lorsque la commune populaire est spécialisée en pisciculture, les étangs sont généralement groupés en un bloc piscicole, les digues intermédiaires étant relativement étroites (1,5–3,5 m au sommet). Par contre, là où l'agriculture représente l'activité principale, les étangs deviennent plus dispersés dans les cultures et celles-ci se pratiquent sur les digues intermédiaires.

Selon l'importance relative que représente le commerce des alevins, la proportion de la superficie totale des étangs réservée à la production de poissons de consommation peut varier, par exemple, de 45% (C.P. Leliu, Guangdong) à 86,4% (B.P. “Octobre”, District Xishui, Hubei). Cependant, à la Commune populaire de Hele (Jiangsu), les techniciens considèrent que la proportion optimum serait d'environ 70%.

L'alimentation en eau des étangs se fait généralement par l'intermédiaire du réseau d'irrigation agricole, dans les plaines deltaïques et les bas-fonds. L'eau est élevée par pompage et déversée dans les canaux d'irrigation desservant à la fois les champs cultivés et les étangs. Cependant, chaque fois que la possibilité existe, l'alimentation en eau par gravité est utilisée, comme par exemple en aval du réservoir de Qingshan, Zhejiang (Section 7.2).

Pour le pompage, l'emploi de pompes électriques1 est généralisé suite à l'important développement de l'électrification rurale et au coût peu élevé de l'énergie électrique (C.P. Hele, Jiangsu: 0,06 yuan/kWh). Des dispositifs traditionnels d'élévation de l'eau (par exemple la roue “dragon”) sont cependant encore utilisés dans certaines régions.

Généralement, les étangs ne sont pas vidangeables et, ici encore, le pompage électrique est utilisé pour vider l'eau, partiellement ou totalement par exemple pour la récolte des poissons, le nettoyage de l'étang et sa désinfection. La vidange totale ne se pratique tout au plus qu'une fois par an, plusieurs techniciens préférant conserver de l'eau dans l'étang pendant deux et même trois ans.

6.5.2 Construction des étangs piscicoles

La grande majorité des étangs piscicoles sont en terre. L'argile sablonneuse est considérée comme offrant les meilleures conditions: bonne étanchéité; meilleure décomposition des matières organiques; bonne fixation des engrais et conservation des sels minéraux; aération modérée du fond.

Lors de la visite des nouveaux étangs de la ferme d'Etat de Baitan Hu (Hubei), les énormes possibilités du travail manuel dans ce domaine ont été découvertes par le groupe d'étude (Figures 43 et 44). En deux hivers consécutifs, 1 500 000 m3 de terre ont été déplacés manuellement par 4 000 personnes travaillant pendant 200 jours. En moyenne 1,875m3 de terre ont été creusés et déplacés, par homme-jour de travail. Un bloc de 72 étangs de 1,5 ha chacun (55 × 270 m) a ainsi été aménagé sur 133 ha de terrain.

1 Ce sont généralement des pompes mobiles à faible refoulement (1–3 m), débitant 2–4 m3/min

Figure 43

Figure 43. Construction manuelle d'un étang piscicole (Photo F. Botts)

Figure 44

Figure 44. Construction manuelle d'un étang piscicole: découpage, transport et placement des mottes de terre (Photo F. Botts)

Les talus des digues ont généralement une pente de 1:1,5 à 1:2. Cette pente cependant peut être plus douce, afin de procurer des surfaces plus importantes pour les cultures agricoles associées. La largeur de la couronne varie selon son utilisation: piétonnière (1,5–2 m), ou cultures associées (10 m et plus). Ainsi que décrit précédemment (Section 6.3), les digues peuvent être cultivées sur la majorité de leur surface, afin de produire sur place les aliments nécessaires aux élevages animaux, pisciculture inclue.

Divers étangs cimentés ont également été visités par le groupe d'étude, où se pratique de préférence la pisciculture intensive (Chapitre 7).

6.5.3 Caractéristiques des étangs de grossissement

La superficie individuelle des étangs de grossissement varie de 0,26 ha à plus d'un hectare. Cependant, l'on préfère pour les étangs en terre une superficie d'environ 0,7 ha. De plus grandes superficies sont choisies en sol moins imperméable. L'on considère que l'étang doit être suffisamment grand que pour profiter des effets bénéfiques du vent sur le brassage des masses d'eau et sur leur oxygénation. Par contre, de trop grands étangs résultent en difficultés de gestion et d'opération, ainsi qu'en une alimentation inégale des poissons (Anon., 1980).

La profondeur de l'eau varie aux environs de 2–3 m, ce qui assure une stabilité relative des températures et des teneurs en oxygène dissous, tout en procurant verticalement l'espace nécessaire à la pratique de la polyculture avec trois niveaux d'alimentation. En climat plus froid, et principalement pour la carpe de vase, des étangs un peu plus profonds peuvent être construits. La pente du fond des étangs négligeable, la profondeur de l'eau est pratiquement constante.

La forme préférée des étangs de terre est rectangulaire, le rapport de la longueur à la largeur étant soit 3:2, soit 2:1. Les anciens étangs de forme irrégulière (exploitation d'argile à brique; lit de rivière; bas-fond) ont été pour la plupart remodelés et réaménagés, afin d'en augmenter la production. Pour l'élevage intensif en bassin cimenté, il fut mentionné que la forme ovale est préférable à la forme circulaire, car elle permet un nettoyage plus facile des déjections (Centre piscicole du Réservoir de Qingshan, Zhejiang).

L'orientation des étangs a également son importance. De préférence la longueur doit être orientée nord-sud de façon à assurer sur l'étang une durée d'ensoleillement maximum (réchauffement hivernal; photosynthèse/oxygénation). Dans certaines situations, l'on tient également compte de la direction des vents dominants et l'on place la longueur des étangs perpendiculairement à celle-ci afin de réduire l'érosion des digues par de trop fortes vagues (C.P. Hele, Jiangsu).

6.6 GESTION DES ETANGS DE GROSSISSEMENT

6.6.1 Inspection journalière des étangs

Chaque jour, les étangs de grossissement sont inspectés et les observations suivantes faites:

  1. au lever du jour: suivant la façon dont les poissons surfacent dans l'étang (intensité/durée), la qualité de l'eau est ajustée si nécessaire;

  2. le matin et en fin d'après-midi: observations des poissons lors de leur alimentation (appétit surtout); ajustement de la fertilisation et de l'alimentation future; si nécessaire, traitement thérapeutique des poissons;

  3. en cours de journée: contrôle des mauvaises herbes; enlèvement des restes végétaux de fertilisation et d'alimentation après un certain temps; ajustement du niveau d'eau; réparation des fuites d'eau; vérification de la qualité de l'eau, et, si nécessaire, amélioration de cette qualité.

L'amélioration de la qualité de l'eau (principalement son oxygénation) peut se faire en augmentant le débit d'entrée d'eau fraîche, en fertilisant l'étang afin d'augmenter la concentration de phytoplancton, en éliminant les microcrustacés planctoniques (solution de trichlorfon, par exemple Dipterex, 1 500 kg/ha) et les fleurs-d'eau à cyanophycées (solution de sulfate de cuivre, 1, 5–3 kg/ha), ainsi qu'en précipitant les colloîdes organiques en suspension (solution d'alun 22,5–45 kg/ha). L'utilisation de l'aération mécanique en surface se généralise rapidement, basée sur l'électrification rurale intensive, le coût peu élevé de l'électricité et la fabrication locale d'aérateurs à aubes (Section 14.1).

6.6.2 Fertilisation et alimentation régulières

Ces deux activités sont régies et déterminées selon les “quatre fixes” et les “quatre observations” (Section 6.2.3).

6.6.3 Prévention et traitement des maladies piscicoles

En général, de rigoureuses mesures prophylactiques sont appliquées en cours d'élevage afin de prévenir l'apparition de maladies chez les poissons: contrôle des mauvaises herbes dans les étangs, nettoyage et désinfection des étangs avant l'empoissonnement (voir ci-après), traitement des alevins, stérilisation des outils, désinfection des aires mangeoires.

Il arrive cependant que certaines maladies se déclarent. Elles sont alors immédiatement traitées selon des méthodes thérapeutiques établies expérimentalement. Les principales maladies des poissons ainsi que leur traitement ont été rapidement décrits au groupe d'étude lors de la visite de l'Institut des Recherches en Hydrobiologie à Wuhan, Hubei (Section 4.1.3). Plus de détails sont présentés dans les publications piscicoles chinoises (e.g., Anon., 1980, pp. 96–121).

6.6.4 Traitement chimique des étangs avant empoissonnement

Après chaque récolte totale des poissons et avant son réempoissonnement, l'étang de grossissement est nettoyé (Section 6.6.5) et traité chimiquement. Ce traitement a pour buts principaux l'éradication d'organismes nuisibles (par exemple poissons prédateurs, oeufs/ têtards de grenouilles, insectes aquatiques, crabes, etc.) et la désinfection de l'étang par l'élimination des organismes pathogènes. Le traitement s'effectue soit lorsque l'étang est pratiquement vidé de son eau, soit lorsqu'il en contient encore une quantité importante (Figures 45 et 46). Dans ce dernier cas, les doses tiennent également compte de la profondeur d'eau présente. Trois produits sont principalement utilisés en fonction de leur disponibilité locale: la chaux vive, le tourteau de thé ou la poudre à blanchir (Tableau 32).

La chaux vive (CaO) est considérée comme le produit le plus recommandable car il possède plusieurs effets secondaires très favorables sur la qualité de l'eau (Anon., 1980). En effet, non seulement son utilisation permet d'éliminer tous les organismes nuisibles (y compris les spirogyres filamenteuses et les plantes aquatiques tendres à enracinement superficiel), mais elle contribue encore: i) à clarifier l'eau par l'agglutination et la précipitation des colloïdes organiques en suspension; ii) à fertiliser l'eau en libérant l'azote, le phosphore, le potassium, etc. absorbés sur la vase; iii) à stabiliser le pH de l'eau à une valeur légèrement alcaline, favorable au développement du plancton et à la croissance du poisson; iv) a augmenter la teneur de l'eau en calcium, élément nutritif essentiel tant pour les végétaux que pour les animaux. Dans un étang presque vidé de son eau, la dose de chaux vive à utiliser (Figure 45) varie selon la quantité de vase organique présente (Tableau 32).

Le tourteau de thé est un sous-produit de la production d'huile au départ des graines de thés oléagineux d'altitude du genre Camellia (C. sasangua, C. semiserrata et C. deifera). Ce tourteau contient environ 30 pour cent de saponine, une toxine hémolytique mortelle pour les poissons en 11 heures d'exposition à la dose de 10 ppm (Anon., 1980). L'effet toxique disparaît d'autant plus rapidement de l'étang que la température de l'eau est élevée et, en général, en 5–10 jours. Le tourteau de thé est broyé et mis à tremper pour 24 heures en eau tiède (env. 25°C). Cette solution est alors diluée et distribuée sur tout l'étang en eau (Figure 46). Ceci permet l'éradication des poissons sauvages, des oeufs/têtards de grenouille, des petits mollusques, des sangsues et de certains insectes aquatiques.

Figure 45

Figure 45. Epandage de chaux vive dans un petit étang partiellement vidé de son eau. Pour des grands étangs l'on se sert d'une barque comme à la Figure 46 (Photo F. Botts)

Figure 46

Figure 46. Traitement d'un grand étang au tourteau de thé, à l'aide d'une embarcation (Photo F. Botts)

Tableau 32

DESINFECTION DES ETANGS PISCICOLES
(D'APRES ANON., 1980)

PRODUITTRAITEMENT
Eau présente dans l'étangDose de produit1 Remarques
1.Chaux vive6–7 cm750–900 kg/hapeu de vase au fond de l'étang fond de l'étang vaseux
 6–7 cm900–1 125 kg/ha
 importante1 875–2 250 kg/ha/m
2.Tourteau de thé importante525–675 kg/ha/m5–10 jours
avant l'empoissonnement
3.Tourteau de thé et chaux viveimportanteTT: 525–675 kg/ha/m
CV: 100 kg/ha/m
5–10 jours
avant l'empoissonnement
4.Poudre à blanchirimportante 203 kg/ha/m 5 jours
avant l'empoissonnement

1 kg/ha/m: kg/ha per mètre de profondeur d'eau

Généralement, l'on préfère à cette dernière méthode celle qui consiste à traiter d'abord l'étang au tourteau de thé (dose normale), suivi d'un épandage de chaux vive destiné à améliorer la qualité de l'eau (Tableau 32).

La poudre à blanchir, contenant environ 30 pour cent de chlore actif, possède un important pouvoir oxydant en présence d'eau, ce qui permet son utilisation comme agent stérilisateur. Ce produit, mis en solution au moment de l'emploi, est immédiatement appliqué à l'étang et bien distribué dans les diverses masses d'eau (mélange/brassage). L'effet toxique est presque identique à celui de la chaux vive, bien que moins prononcé en eau fertile. La toxicité disparaît en cinq jours.

6.6.5 Récolte finale des poissons

En fin d'élevage, la récolte finale des poissons se fait manuellement, soit en pêchant à la seine après avoir en partie baissé le niveau d'eau, soit par vidange complète de l'étang (Figure 47).

6.6.6 Assec des étangs

Une vidange complète de l'étang n'est envisagée qu'à un intervalle plus ou moins long, variant en général d'un à trois ans. Les effets bénéfiques d'un assec annuel d'une durée de 15–20 jours (contrôle de la végétation, élimination des parasites, minéralisation du fond) sont cependant reconnus des techniciens chinois. Mais son application dépend essentiellement des contraintes locales imposées par l'association pisciculture/agriculture/élevage et la gestion de l'eau disponible.

6.6.7 Nettoyage des étangs vidangés

En cours d'élevage, l'application de grandes quantités d'engrais organiques et d'aliments végétaux favorise l'accumulation sur le fond de l'étang d'une couche de matières organiques. A la Commune populaire de Hele (Jiangsu) par exemple, le taux d'accumulation est d'environ 10 cm par an. Ce dépôt vaseux dont l'épaisseur ne devrait pas dépasser 10 à 15 cm, contribue à l'augmentation de la consommation d'oxygène dissous et à l'acidification des couches d'eau profonde. Afin d'éviter une détérioration irréversible de la qualité de l'eau de l'étang, une couche de vase est régulièrement enlevée (Figure 48) et utilisée comme engrais organique pour les cultures végétales associées à l'élevage piscicole (Section 6.3).

Figure 47

Figure 47. Récolte des poissons par seinage de l'étang (Photo F. Botts)

Figure 48

Figure 48. Nettoyage d'un étang et enlèvement d'une couche de vase (Photo F. Botts)

Chapitre 7
LA PISCICULTURE INTENSIVE EN ETANG

7.1 PISCICULTURE INTENSIVE EXPERIMENTALE

La production en étang de poisson de consommation par l'application d'un système cultural intensif, basé sur l'alimentation artificielle, prend actuellement de plus en plus d'importance en Chine. Lors de la visite par le groupe d'étude de l'Institut des Produits Aquatiques de Shanghai (Section 4.1.2), cette importance fut soulignée par les techniciens responsables des recherches à ce sujet.

La Municipalité de Shanghai (10,8 millions d'habitants dont 50 pour cent de citadins) souffre d'une carence en poisson, malgré le développement de sa pêche maritime (240 bateaux de pêche), qui produit 90 pour cent du tonnage du poisson aujourd'hui commercialisé (200 000 t/ an). La municipalité désire dès lors développer la pisciculture industrielle urbaine. Trois types de système cultural intensif sont à l'étude: système ouvert et système à recyclage partiel ou complet de l'eau. Afin de réduire la durée du cycle de production, l'utilisation des rejets d'eau chaude (25°–28°C) d'usines hydro-électriques est expérimentée depuis deux ans et des productions annuelles atteignant 300 t/ha ont été obtenues. Le passage à l'échelle pilote de production dans 1,33 ha de bassins cimentés est planifié pour un proche avenir.

Il est également planifié de pratiquer l'élevage intensif dans 67 ha d'étangs. Dans ce but, des aliments piscicoles complets et équilibrés ont été développés au départ de sous-produits disponibles en quantités industrielles dans la région de Shanghai: sons de riz et d'orge, tourteaux de soja et farine de poisson. Des granulés secs contenant 22–42 pour cent de protéines ont été mis au point pour l'élevage intensif de carpes herbivores (granulés flottants)1 et de carpes noires (granulés non flottants) avec des quotients nutritifs avoisinant 2,5 à 3. La densité de charge est de 2,25–3 ind./m2 (éq. 4 500 kg/ha). L'aération artificielle au lever du jour devient nécessaire dès que l'ichtyomasse atteint 7 500 kg/ha. La production moyenne varie de 15 à 22,5 t/ha/an.

D'autres recherches sont également en cours à l'Institut des Produits Aquatiques du Zhu Jiang, à Guangzhou (Section 4.1.1). L'on y expérimente l'élevage intensif de carpes herbivores en bassin cimenté de 4 m3 de capacité avec recirculation partielle de l'eau. La mise en charge consiste d'individus de 250 g de poids moyen, empoissonnés à la densité de 80–100 ind./m3, soit 20–25 kg/m3. L'eau des bassins est échangée quatre à six fois chaque 24 heures. Des granulés secs sont distribués à la ration journalière de 2 à 4 pour cent de la biomasse présente. La teneur en protéines de ces granulés varie de 30–50 pour cent (jeunes poissons) à 20 pour cent (poissons plus âgés) et leur quotient nutritif est d'environ 2,6. En supplément, du fourrage vert est distribué (Qn 10–15). Les carpes herbivores croissent de 750 g en 30 jours et atteignent alors le poids final d'un kilogramme. La production moyenne est ainsi de 40–50 kg/m3/mois.

1 Le groupe d'étude a assisté à la préparation de granulés flottants pour carpes herbivores lors de la visite de la Commune populaire “Libération” (District Qingpu, Shanghai). Ils avaient la composition suivante: son de blé (30% du poids sec), son d'orge (25%), tourteau de soja (15%), farine de poisson (15%), fourrage vert (10%) et mais (5%); teneur finale en eau: 22%; prix de revient: 0,5 yuan/kg

7.2 PISCICULTURE INTENSIVE PILOTE

C'est dans la Province Zhejiang que le groupe d'étude a pu observer l'application du système cultural intensif à la production pilote soit de carpes herbivores (Réservoir de Qingshan), soit d'anguilles japonaises (Hangzhou).

En aval du Barrage de Qingshan, la Municipalité de Hangzhou a aménagé un centre de pisciculture intensive, réutilisant l'eau d'alimentation des turbines de la centrale hydro-électrique (Figures 49 et 37). La production intensive de carpes herbivores d'un kilogramme s'y réalise chaque année, au cours de la saison chaude (mai-octobre) lorsque la température de l'eau se maintient aux environs de 22°–25°C. Seize bassins cimentés de 24 m3 de capacité individuelle sont alors empoissonnés avec des alevins de 18 cm (40 g), à la densité de 125 ind./m3 soit 5 kg/m3. Ces poissons sont alimentés plusieurs fois par jour avec des granulés secs flottants contenant 20 pour cent de protéines (coût: 0,15 yuan/kg), à la ration journalière de 3 à 4 pour cent de la biomasse. Leur quotient nutritif (Qn = 2) est relativement peu élevé. Des fourrages verts sont distribués en supplément (Qn 10–15). En cinq mois d'élevage intensif, chaque bassin produit environ 2 700 kg de carpes herbivores, ce qui en moyenne équivaut à une production nette de 100–110 kg/m3 ou, en moyenne, 20–22 kg/ m3/mois.

Le Centre Expérimental des Produits Aquatiques de Hangzhou réutilise également l'effluent d'une centrale hydro-électrique pour la pisciculture intensive. L'élevage des anguilles (Anguilla japonica) en eau chaude (24°–27°C) s'y pratique depuis février 1980, dans le but de produire des individus de 150–200 g (30–40 cm) en six mois et de les exporter vers le Japon. La surface totale d'élevage est de 2 733 m2, dont 633 m2 sous serre (Figure 50) et le reste en plein air, comme suit: 3 bassins cimentés de 51 m2 chacun et 4 bassins cimentés de 120 m2 (serre); 4 bassins circulaires de 260 m2 et 2 bassins circulaires de 530 m2 (extérieurs). Les civelles (0,12–0,14 g), originaires des eaux saumâtres de la province, sont stockées dans les plus petits bassins au taux de charge de 0,5 kg/m3. Lorsque ce taux y atteint 2 kg/m3 après environ 20 jours d'élevage, les jeunes anguilles sont triées par taille et transférées dans les bassins de capacité double. La charge initiale est à nouveau de 0,5 kg/m3. Triage et transfert s'effectuent vers des bassins de la taille supérieure lorsque la biomasse y atteint 2 kg/m3. Ce même procédé est répété une troisième fois, jusqu'à la récolte finale des plus grands bassins. L'alimentation à base de farine de poisson vitaminée (coût 2 yuans/kg) se distribue à l'abri de la lumière sous la forme d'une pâte, à la ration journalière de 6–8 pour cent de la biomasse. L'on espère un quotient nutritif avoisinant deux. L'échange d'eau est important. Une teneur en oxygène dissous d'au moins 60 pour cent de la saturation est maintenue par la diffusion d'air comprimé et, si nécessaire, par les aérateurs à aubes flottants. Au cours d'un cycle d'élevage annuel, l'on escompte une production brute de 28 tonnes d'anguilles en six mois, soit en moyenne 10,25 kg/m2.

Figure 49

Figure 49. Elevage intensif de la carpe herbivore au Centre piscicole du Réservoir de Qingshan, Zhejiang

Figure 50

Figure 50. Elevage intensif d'anguilles au Centre expérimental de Hangzhou, Zhejiang. Vue de l'un des bassins cimentés placés sous serre et équipé d'un aérateur flottant et d'une tente pour l'alimentation artificielle


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