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Chapitre 6
PRODUCTION SEMI-INTENSIVE DE POISSON DE CONSOMMATION EN ETANG

Traditionnellement, la production de poisson de consommation pesant entre 0,5 et 1,5 kg se pratique en Chine au départ d'alevins de deuxième âge, élevés en étang de grossissement pendant quelques mois. Suivant la température et la fertilité des eaux de la région considérée, le cycle complet de production (de l'oeuf au poisson de table) dure ainsi généralement 2–3 ans, pouvant se réduire exceptionnellement à un an dans les régions méridionales les plus chaudes et les plus fertiles.

Le système cultural le plus répandu se base principalement sur la polyculture d'espèces complémentaires, la fumure organique des eaux et l'alimentation supplémentaire. Ceci nous a conduit à le définir comme “semi-intensif”, par opposition au système intensif basé essentiellement sur l'alimentation artificielle des poissons en élevage (Chapitre 7) et au système extensif basé sur l'alimentation naturelle (Chapitres 8, 9 et 10).

Il s'agit en fait d'un système cultural bien adapté non seulement aux espèces piscicoles utilisées, mais aussi à la politique actuelle du développement intégré des productions végétales et animales, ainsi qu'à celle de l'auto-suffisance alimentaire, poursuivies dans le milieu rural chinois. Historiquement, les principes fondamentaux de gestion de ce système semi-intensif étaient déjà connus au XVème siècle (Tableau 10), mais ce n'est que récemment, depuis 1960, qu'ils purent être appliqués à grande échelle (Section 2.6).

6.1 POLYCULTURE DES ESPECES PISCICOLES CHINOISES EN ETANG

6.1.1 Principes de la polyculture chinoise

La polyculture piscicole chinoise repose sur trois principes:

  1. l'utilisation complète de l'étang sur toute sa profondeur, depuis la zone de surface jusqu'à la zone benthique, et sur toute sa superficie;

  2. l'utilisation complète de tous les types de nourriture naturelle présents dans l'étang: phyto- et zooplancton, benthos, aufwuchs, détritus, plantes aquatiques;

  3. tirer parti des bénéfices mutuels tout en évitant la compétition alimentaire. Plusieurs espèces piscicoles sont ainsi élevées simultanément dans l'étang de grossissement. En fonction du type de nourriture localement disponible, l'on choisit une ou deux espèces piscicoles principales, parmi les carpes chinoises argentée, marbrée, herbivore, noire ou de vase. L'on y associe alors des espèces complémentaires secondaires sur la base des principes repris ci-dessus et de l'écologie des espèces considérées (Tableau 17).

Par exemple:

  1. les excréments de carpe herbivore étant riches en fibres végétales non digérées, ils favorisent le développement du plancton et l'alimentation des carpes argentées et des carpes marbrées1

  2. pour le contrôle des mollusques l'on introduit 75–100 carpes noires par hectare, tandis que pour contrôler les petits poissons et les crevettes sauvages, l'on peut ajouter 450–600 poissons carnivores si la vidange est annuelle;

  3. la carpe commune fouille le fond de l'étang pour se nourrir, ce qui favorise l'aération des sédiments, l'oxydation des matières organiques, le recyclage des minéraux, et finalement le développement du plancton ainsi que la croissance des espèces piscicoles planctonophages;

  4. par contre une certaine compétition peut se développer entre la carpe commune et la carpe de vase, la carpe argentée et la carpe marbrée ou la carpe argentée et la carpe de vase, ce qui conduit à limiter dans ces cas l'une ou l'autre de ces espèces (carpe commune: 150–225 kg/ha; carpe argentée: 300–450 kg/ha).

1 Selon un adage chinois: “En nourrissant bien une carpe herbivore, l'on peut nourrir trois autres poissons”

Au cours du voyage d'étude, plusieurs exemples de polyculture ont pu être identifiés auxquels s'ajoutent ceux mentionnés dans la litérature (Tableau 22). Ils illustrent bien la variabilité régionale des mélanges piscicoles utilisés. La carpe de vase par exemple se confine au climat subtropical chaud tandis que la carpe noire malacophage gagne en importance à proximité des lacs, comme par exemple dans la Province Jiangsu. Le nombre total des espèces utilisées en polyculture varie généralement entre quatre et huit, bien que la tendance actuelle soit d'en augmenter le nombre.

Tableau 22

MELANGES PISCICOLES UTILISES EN POLYCULTURE
(Nt: nombre total des poissons, Pt: poids total des poissons)

Espèce piscicoleGUANGDONGHUNANHUBEIJIANGSU
C.P. LeliuDeltaF.E. LinfuC.P. ShihuF.E. BaitanhuC.P. HeleC.P. Holi
% Nt% Pt% Pt% Pt% Pt% Pt% Pt
C. argentée  3,57,84558,66030,738,5
C. marbrée  5,847,32017,815  9,5  7,0
C. herbivore  9,318,82011,32028,419,6
C. de vase81,418,8-----
C. noire-1,6---12,420,0
C. commune-1,6  53,5  3  3,0  5,0
B. Wuchang-1,0---10,0  8,5
Carassin----  2  2,0  0,6
Tilapia-3,1---  4,0  0,8
Divers--108,8---
RéférenceComm.
pers.
Anon.,
1980
ADCP, 1979Comm. pers.Comm. pers.ADCP, 1979

6.1.2 Taux et densité de charge en polyculture

Idéalement, l'on considère qu'en conditions naturelles d'élevage le taux de charge total d'un étang de grossissement ne devrait dépasser à aucun moment 6 000–6 750 kg/ha, afin d'y maintenir des taux d'oxygène dissous suffisamment élevés et d'y assurer des taux de croissance adéquats (Anon., 1980).

Pour chacune des quatre carpes familières, il existe également des taux de charge spécifiques qu'il est recommandé de ne pas dépasser en polyculture (Tableau 23).

Tableau 23

TAUX DE CHARGE SPECIFIQUES MAXIMUM EN POLYCULTURE
(D'APRES ANON., 1980)

Espèce de Carpe chinoiseTaux de charge maximum initial
(kg/ha)
Taux de charge maximum final
(kg/ha)
C. de vase660–1 2001 875–2 400
C. herbivore480–7501 350–1 500
C. marbrée150–300450–600
C. argentée105–195300–450

La densité de charge initiale de l'étang, exprimée en nombre d'individus de chaque espèce par unité de surface, se calcule en divisant le taux de charge maximum final pour l'espèce par la taille individuelle finale désirée pour sa commercialisation. Cette taille varie suivant la région et l'espèce. Par exemple, dans la Province Guangdong, les carpes argentées, marbrées et herbivores se vendent à la taille de 1–1,5 kg alors que dans la Province Hubei une taille de 0,5–1 kg suffit. Par contre, les carpes de vase se consomment à 125–250 g. Dès lors, si l'on désire produire des carpes marbrées d'un kilogramme chacune, la densité de mise en charge ne devra pas dépasser 600 kg/ha divisé par 1 kg soit 600 ind./ ha. Cette densité pourra cependant être doublée si la taille finale des poissons est réduite à 0,5 kg. L'on pourrait en outre tenir compte du taux de mortalité escompté en cours d'élevage (par exemple 5 pour cent) et corriger ainsi la densité de mise en charge calculée ci-dessus.

6.1.3 Polyculture traditionnelle: méthode équienne

Traditionnellement, la production de carpes chinoises de consommation se fait au départ d'alevins de deuxième âge, élevés en polyculture par classes d'âges séparées (méthode équienne). Le cycle complet d'élevage en étang comprend ainsi trois étapes successives, dont deux d'alevinage (Chapitre 5) et une de grossissement. Au cours de cette dernière étape, des alevins de même âge, représentant les espèces piscicoles choisies, sont élevés en mélange dans un même étang.

D'une à trois espèces sont considérées comme principales et elles sont accompagnées d'autres espèces secondaires. La composition de l'élevage, basée sur les principes de polyculture (Section 6.1.1), varie également en fonction: i) de la situation géographique et des alevins disponibles; ii) de l'alimentation à utiliser; et iii) de la fertilité des étangs.

Ainsi par exemple:

En zone subtropicale, les espèces principales sont généralement la carpe marbrée, la carpe de vase et la carpe herbivore. Un exemple concret de ce type d'élevage est présenté pour la région deltaîque du Zhu Jiang, Guangdong (Tableau 24).

6.1.4 Polyculture améliorée: méthode des âges multiples et méthode polyéquienne

La méthode traditionnelle a été améliorée au cours de ces dernières années. Actuellement, il existe deux types principaux de polyculture améliorée, celui où l'élevage se fait par classes d'âges mélangées (méthode des âges multiples) et celui où il se fait par classes d'âges séparées (méthode polyéquienne).

a) La polyculture améliorée par classes d'âges mélangées (localement dénommée “récolte et empoissonnement en rotation”) a essentiellement pour objectif de maintenir les taux de charge spécifiques à leur niveau optimum tout au long de la période d'élevage. Dans ce but, un nombre suffisant d'alevins des espèces piscicoles choisies et de divers âges sont initialement mis en charge dans l'étang de grossissement. Après quelques mois de croissance, les individus ayant atteint une taille commerciale sont récoltés par des pêches sélectives et remplacés par d'autres alevins. La fréquence des récoltes et des empoissonnements varie suivant l'espèce, les tailles initiales, les tailles commerciales, l'alimentation distribuée, etc. Mais, en général, cette méthode permet de faire annuellement une à deux récoltes de carpes de vase, carpes communes et carpes noires (espèces à croissance plus lente), deux récoltes de carpes herbivores et carpes argentées, et jusqu'à cinq à six récoltes de carpes marbrées. C'est pourquoi, la méthode des âges multiples s'est rapidement développée.

Des exemples de cette méthode ont pu être observés lors de la visite de la Brigade de Production “Octobre” du District de Xishui (Hubei). Deux étangs y ont été réaménagés dans un ancien lit de rivière et l'on y pratique la polyculture de sept espèces, dont la carpe herbivore principalement. De grands alevins (c. herbivores de 500 g et divers de 100 g chacun) sont empoissonnés deux fois l'an, en janvier et juillet. Le plus fertile des deux étangs (0,47 ha), empoissonné à la forte densité de 8 300 alevins/ha par charge, fortement fertilisé (fumier) et alimenté (herbes aquatiques), a produit en 1979 deux récoltes totalisant 7 450 kg/ha. Le second étang (4 ha), qui n'a reçu que deux mises en charge de 3 225 alevins/ha chacune, a cependant fourni en deux récoltes 4 100 kg/ha de poisson de consommation au cours de la même annèe.

Des données plus détaillées existent pour un étang expérimental (0,48 ha) de la région de Wuxi, Jiangsu (ADCP, 1979), où la polyculture améliorée par classes d'âges mélangées était déjà pratiquée en 1977 à un niveau relativement intensif (Tableau 25). Des alevins d'âges différents, représentant huit espèces (principalement carpe argentée, c. herbivore et c. noire), furent empoissonnés initialement en janvier; ceci permit une première récolte sélective en juin-septembre de carpes herbivores (plus de 1 kg), de carpes argentées et de carpes noires (plus de 500 g). D'autres empoissonnements se firent en mai (carassin et tilapia), fin juin (carpe commune) et août (carpe argentée et carpe marbrée), au fur et à mesure que les étangs se réchauffèrent et que la première récolte s'intensifia. L'alimentation et la fumure furent assez intensives et l'aération artificielle de l'eau fut utilisée fréquemment. Une récolte finale eut lieu en fin d'année et les poissons n'ayant pas atteint la taille commerciale furent utilisés pour le nouveau cycle d'élevage. Cette méthode permit ainsi des densités et des taux de charge initialement très élevés, par exemple en janvier 38 595 ind./ha soit près de 5 500 kg/ha. De six à huit mois plus tard, après les premières captures de gros individus, une majorité de petits alevins furent empoissonnés. En fin d'année, cet étang avait produit plus de 16 t/ha ce qui correspondait à une récolte de 22,8 t/ha. Des essais ultérieurs confirmèrent ces résultats.

Tableau 24

POLYCULTURE TRADITIONNELLE PAR CLASSES D'AGES SEPAREES, DANS LA REGION DU DELTA DU ZHU JIANG, GUANGDONG
(ADAPTE D'APRES ANON., 1980, p.84)

Espèce piscicoleMISE EN CHARGERECOLTEMortalité N %PRODUCTION
Taille
(g)
Densité
(indiv./ha)
Taux de charge
(kg/ha)
% PtTaille
(g)
Densité
(indiv./ha)
Taux de charge (kg/ha)kg/ha% total
C. marbrée500   2 2501 12547,01–1 500  2 1752 7153,31 59027,2
C. de vase25–50 14 000  45018,8120–16013 0501 9586,81 50825,8
C. herbivore250   1 800  45018,81–1 500  1 4401 815 201 36523,3
C. argentée250     750  1877,81 000     705   7056517,0  8,8
Tilapia15–20  4 000    753,1   150  3 750562,56,2487,5  8,3
C. commune100     375 37,51,6   900     30027020232,5  4,0
C. noire500       75 37,51,62 000      6012020  82,5  1,4
B. Wuchang  50     525    301,3   250    37597,528,6  67,5  1,2
TOTAL 23 7752 392100 21 8558 2438,15 851100

Tableau 25

POLYCULTURE AMELIOREE PAR CLASSES D'AGES MELANGEES COMMUNE POPULAIRE DE HOLI, PRES DE WUXI, JIANGSU
(ADAPTE D'APRES ADCP, 1979)

Espèces piscicolesMISE EN CHARGERécolte totale (kg/ha)PRODUCTION
MoisPoids moyen1 (g)Densité (indiv./ha)1Taux (kg/ha)1 % Ptkg/ha% total
C. argentéejanv.    215 2 655     
 janv.    380 2 685(2 504)38,6   
 août    130 7 020     
    2 957*  7 615* 4 658* 28,5* 
C. marbréejanv.    110     885 
 janv.    400     885(453)6,9   
 août    (2)     945     
C. noirejanv.1 070     900     
 janv.   261     9151 30320,03 340  2 03712,5
 janv.     18  4 875     
C. herbivorejanv.   940     945     
 janv.   315  1 1251 28419,63 353  2 06912,7
 janv.      7  6 375     
C. communejanv. 185  1 770   331  5,01 849  1 518  9,3
 juin  (2)  1 770
B. Wuchangjanv.  4610 410   553  8,52 750  2 19713,5
 janv.  17  4 170
Carassinmai  (3)(12 500)   37,5  0,61 543  1 505  9,2
Tilapiamai    4  8 850   52,1  0,82 383  2 33114,3
 juill.  2,5  6 255
TOTALjanvier-38 5955 498----
 autres-37 3401 020----
 GENERAL--6 518-22 83316 315-

1 Entre parenthèses, valeur estimée

* Valeur totale pour les C. argentées et C. marbrées

b) La polyculture améliorée par classes d'âges séparées (localement dénommée “multi-grade conveyor culture”) est une technique plus récente et plus localisée que la précédente. Elle est surtout populaire dans le delta des Xi/Zhu Jiang (Guangdong) où elle s'est développée parallèlement aux efforts de production agricole collective (Anon., 1980). Elle dérive directement de la méthode équienne traditionnelle mais, au lieu de se limiter à deux périodes d'alevinage séparées, elle en utilise généralement quatre (méthode polyéquienne), ce qui permet la mise en charge de plus grands alevins dans les étangs de grossissement. L'élevage se fait en polyculture et les principes de base y sont appliqués (Section 6.1.1), ainsi que ceux déterminant les taux et densité maximum de charge (Section 6.1.2). La période d'élevage est raccourcie, le nombre de récoltes augmenté, et il devient plus facile de produire des poissons de la taille marchande désirée. Cette méthode a cependant l'inconvénient d'exiger un grand nombre d'étangs pour réaliser une production piscicole à grande échelle.

Il est très important, pour assurer le succès de cette polyculture améliorée, d'éviter les arrêts de production causes par le manque d'alevins d'une des catégories. Dans ce but, la superficie des étangs utilisés doit donc être subdivisée en fonction des besoins pour le grossissement (généralement 65 pour cent de la superficie totale) et des besoins successifs en alevins de diverses tailles (35 pour cent), permettant d'empoissonner finalement ces étangs de grossissement. La méthode polyéquienne varie ainsi dans son application d'une espèce à l'autre. A titre d'exemples, les plans de gestion pour trois des principales espèces de carpes chinoises sont schématiquement présentés au Tableau 26.

L'on y remarque que les étangs d'accumulation sont en fait par définition des étangs d'alevinage (Section 5.2 et 5.3) soit de premier/second alevinage (par exemple carpe herbivore), soit de second alevinage précoce (c. argentée) ou avancé (c. marbrée). Lorsque le cycle complet de production se fait sur place, les alevins nécessaires à la mise en charge des étangs d'accumulation devront être produits séparément, dans des étangs supplémentaires.

6.1.5 Croissances et rendements piscicoles en étang

Croissances et rendements piscicoles varient beaucoup suivant l'espèce, le système cultural et la région. En conditions subtropicales chaudes d'élevage semi-intensif, les tailles atteintes en fin des trois premières années varient respectivement de 1–2 kg, 2–5 kg et 4–11 kg pour les trois carpes chinoises principales (Tableau 27). La carpe marbrée semble généralement démontrer la meilleure croissance qui peut atteindre en moyenne près de 15 g/jour, la carpe herbivore et la carpe argentée s'accroissant relativement moins (6–7 g/jour). En présence d'une alimentation riche en mollusques, la carpe noire peut aussi atteindre rapidement une grande taille. Quant à la carpe de vase, sa croissance est lente et sa taille toujours assez réduite.

En régions plus tempérées, les croissances sont moins élevées. A Shanghai par exemple, la carpe argentée et la carpe marbrée n'atteignent en général 0,5 kg de poids qu'au cours de la seconde année tandis que la carpe herbivore et la carpe noire atteignent 2,5 kg en troisième année. A la ferme d'Etat de Baitan Hu (Hubei), les carpes chinoises principales mises en charge comme alevins de deuxième âge (17 cm) en janvier-février atteignent le poids de 0,5–1 kg en fin d'année. Cependant, même en région tempérée, les croissances peuvent encore être relativement rapides lorsque le système cultural s'intensifie (Tableau 25).

Tableau 26

EXEMPLES DE PLANS DE GESTION EN POLYCULTURE POLYEQUIENNE DE CARPES CHINOISES
(ADAPTE D'APRES ANON., 1980)

ParamètreEtangs d'accumulationEtangs d'alevinageEtangs de grossissement
IIIIII
A. CARPE MARBREE
Poids moyen initial, g1010–3040–90200–250500
Poids moyen final, g10–3040–90200–2505001 000–1 500
Densité de charge/ha75 000–90 0006 0002 4001 050330
Période, jourscontinu40404040
Surface, % total1 1,53,68,920,565
B. CARPE HERBIVORE
Poids moyen initial, g0,27–1230–70100–150250–500
Poids moyen final, g7–1230–70100–150250–5001 300–1 500
Densité de charge/ha105 000–120 00015 000–19 5006 000–7 5002 250–3 750600–1 200
Période, jourscontinu120–180120–180120–180120–180
Surface, % total1 1,5492065
C. CARPE ARGENTEE
Poids moyen initial, g11040–60 250–600
Poids moyen final, g1040–60250–600 1 000–1 500
Densité de charge/ha60 000–75 0003 000–4 500300–510 300–600
Période, jourscontinu60–90120–180 120–180
Surface, % total0,52 440,5 55

1 0,5% de la surface totale est utilisée pour l'accumulation d'alevins de carpe argentée
2 en surplus des surfaces d'accumulation situées chez les autres espèces

Tableau 27

CROISSANCES EN CLIMAT SUBTROPICAL CHAUD DES PRINCIPALES ESPECES DE CARPES CHINOISES EN ETANG

Espèce piscicoleTaille normale (kg) atteinte à l'àge de
1 an2 ans3 ans
C. argenteé12–34–5
C. herbivore1–24–5 10
C. marbrée1–23–48–11
C. de vase(25–50 g)(120–160 g)(250–300 g)

Tableau 28

RENDEMENT PISCICOLE MOYEN D'ETANGS DE GROSSISSEMENT EN 1979

LieuElevage en étang1 Rendement 1979
Superficie
(ha)
Récolte
(t)
Moyen
(kg/ha)
Extrême
(kg/ha)
1.Beijing, Commune Populaire de Shuangqiao801103 000max. 10 500
2.Hubei, Dist. de Xishui, Brigade de Production “Octobre”    11,77      92,36 0004 000–8 000
3.Jiangsu, Commune Populaire de Hele, Eq.Prod. No. 1    15,87   150 9 000+6 000–12 000
4.Guangdong, Commune Populaire de Leliu2 400    7 7003 2001 500–7 500

1 La superficie d'élevage peut parfois inclure celle destinée à la production d'alevins, tandis que la récolte ne représente que celle des poissons de consommation

En 1979, le rendement annuel moyen à l'échelle nationale était d'environ 2 750 kg/ha en étang (Tableau 8). Sur la base des rendements observés au cours du voyage d'étude (Tableau 28), cette valeur moyenne paraît peu élevée. En vue d'augmenter les rendements, plusieurs tendances existent actuellement dont l'augmentation du nombre des espèces élevées en polyculture, l'augmentation de la taille individuelle des alevins d'empoissonnement, l'augmentation des taux et densités de charge, ainsi que l'intensification de la gestion, notamment par l'alimentation supplémentaire et l'aération artificielle. Il a déjà été démontré que, dans ces conditions, des récoltes et des niveaux de production très élevés peuvent être réalisés. Par exemple, à la Commune populaire de Hele, des récoltes de près de 15 t/ha et des productions de 12 t/ha ont été expérimentées dans certains étangs en 1979. De fortes variations de production y sont cependant encore observées, les rendements dépendant étroitement de l'expérience acquise par le personnel de gestion.

6.2 FERTILISATION ET ALIMENTATION EN ETANG PISCICOLE

6.2.1 Aspects qualitatifs de la fertilisation de l'eau

Les deux types d'engrais, minéraux et organiques, sont utilisés en pisciculture chinoise. Cependant, ce sont ces derniers qui sont de loin le plus communément employés en vue de favoriser dans les étangs le développement des organismes végétaux et animaux (plancton, benthos, aufwuchs) servant de base à l'alimentation des carpes chinoises microphages.

Parmi les engrais minéraux, les formules composées sont préférées et en particulier l'engrais 4N-4P-2K épandu aux concentrations respectives de 0,9-0,9-0,45 ppm (Anon., 1980).

Les engrais organiques consistent principalement en engrais verts (tatsao), en compost, en fumier animal et en eaux résiduaires domestiques. La fertilisation organique directe (par exemple porcheries et latrines sur l'étang), bien qu'encore utilisée dans certaines régions méridionales (Figures 31 et 32) est actuellement remplacée en beaucoup d'endroits par une fertilisation contrôlée, basée sur une fermentation préalable. Par exemple, les déjections des animaux d'élevage, mélangées avec des végétaux et de la vase, fermentent pendant 10 jours, avant d'être distribuées aux étangs, ce qui réduit considérablement les chances de transfert d'agents pathogènes. Les matières de vidange humaines par contre fermentent pendant quatre semaines en chambre close, avant d'être utilisées.

Ces engrais organiques sont appliqués en grandes quantités (Section 6.2.3) ce qui peut résulter en une désoxygénation de l'eau des étangs. En début de saison chaude et au cours de la saison des pluies, une attention toute particulière est apportée à ce danger afin de prévenir toute mortalité des poissons. La réduction de la fertilisation, l'augmentation de l'arrivée d'eau fraîche et l'aération artificielle sont les principaux moyens utilisés pour éviter ces mortalités.

6.2.2 Aspects qualitatifs de l'alimentation piscicole

En système piscicole semi-intensif, deux types d'aliments (plantes et sous-produits agricoles) sont principalement distribués aux poissons d'élevage, en supplément à la nourriture naturelle développée dans l'étang par la fertilisation. Les aliments composés par contre sont encore réservés en priorité aux élevages intensifs (Chapitre 7), bien que pouvant être également utilisés pour l'alimentation supplémentaire en système semi-intensif.

Parmi les plantes - distribuées principalement pour l'alimentation des espèces herbivores (fourrage) mais pouvant également avoir un effet de fertilisation (engrais vert) - il faut citer l'herbe à éléphant (Pennisetum purpureum), divers légumes, les pailles fraîches de riz, les feuilles et tiges de plants de melon, maïs, légumineuses ainsi que plusieurs plantes aquatiques telles que la jacinthe d'eau (Eichornia crassipes), Pistia, Wolffia, Lemna et Azolla. Les plantes terrestres peuvent se cultiver sur les digues séparant les étangs (Section 6.3), notamment l'herbe à éléphant dont l'enracinement protège le sol de l'érosion et dont la croissance rapide permet des coupes répétées (Figure 35). Les plantes aquatiques se cultivent en grandes quantités dans les fossés, canaux et étangs peu profonds (Figure 33). Les jacinthes d'eau par exemple, produisant annuellement 400–750 t/ha de matière végétale, peuvent être coupées en morceaux et compostées/fermentées en présence de fumier et de chaux vive, avant d'être distribuées dans les étangs.

Figure 31

Figure 31. Porcherie installée en bordure d'étang. Commune populaire de Hele, Wuxi, Jiangsu

Figure 32

Figure 32. Elevage de canards dont l'eau fertilisée est répartie entre une série d'étangs piscicoles par un système de canaux. C.P. de Hele, Jiangsu

Les sous-produits agricoles sont également nombreux et, selon les régions, consistent en majorité de tourteaux (de soja, d'arachide…), de sons (de riz, de froment, d'orge), de céréales (grains de maïs, sorgho et orge), de résidus de fermentation (de vin, bière, soja), ou de pupes de vers à soie (Figure 36).

6.2.3 Aspects quantitatifs de la fertilisation et de l'alimentation

En aquaculture chinoise semi-intensive, il est pratiquement impossible de dissocier fertilisation et alimentation supplémentaire, toutes deux contribuant intimement à la nutrition des espèces piscicoles en élevage et à leur croissance. Là où les engrais organiques sont disponibles, ils peuvent être utilisés en quantités importantes ainsi qu'en témoignent les quelques exemples recueillis au cours du voyage d'étude (Tableau 29). Les aliments distribués sont destinés soit à compléter la nourriture naturelle des espèces planctonophages, soit à directement alimenter les espèces herbivores et malacophages principalement. Ainsi que discuté précédemment (Section 6.1.1), le choix des espèces se base sur les types principaux d'alimentation disponibles localement. Une utilisation plus généralisée d'aliments composés (Section 7.1) devrait permettre aux pisciculteurs de se libérer davantage de cette contrainte à l'avenir, la carpe herbivore ou la carpe noire pouvant par exemple être cultivées en l'absence de grandes quantités de fourrages ou de mollusques. Dans ce contexte, il faut se rappeler qu'une carpe herbivore pesant un kilogramme consomme journalièrement une quantité égale de matière végétale.

Les taux de transformation en poisson de divers engrais et aliments ont été cités au groupe d'étude par les techniciens de la Commune populaire de Hele (Jiangsu) comme suit:

A titre d'exemple également, la quantité de chaque aliment supplémentaire nécessaire pour la production d'un kilogramme de carpe herbivore, est approximativement la suivante (Anon., 1980): fourrage terrestre tendre, 35 kg; fourrage aquatique: Wolffia, 37 kg, Lemna, 40,6 kg ou Vallisneria, 101 kg; pupes de vers à soie, 1,8 kg; tourteau de soja, 4 kg; son de riz, 6,8 kg.

Les déjections des poissons eux-mêmes peuvent être intégrées au cycle de production d'autres espéces, par l'intermédiaire des organismes bactériens et planctoniques. Ainsi par exemple au Centre piscicole de Hele (Jiangsu), l'on considère que les déjections produites par la carpe noire ou la carpe commune au cours de la période qui leur est nécessaire pour s'accroître d'un kilogramme, peuvent produire 0,6 kg de carpe marbrée ou de carpe argentée. Un second exemple d'un tel recyclage organique fut observé au Centre piscicole du Réservoir de Qingshan (Zhejiang), où l'élevage intensif de carpes herbivores est pratiqué en bassins cimentés (Section 7.2). En aval de ces bassins, un élevage de carpes argentées et de carpes marbrées est basé, dans un chenal cimenté, sur les nombreuses déjections des carpes herbivores (Figure 37). Une biomasse de 100 kg de celles-ci permet d'assurer l'élevage extensif de 10 kg de carpes planctonophages.

Figure 33

Figure 33. Culture d'Eichornia crassipes et d'Azolla imbricata (taches claires), pour l'alimentation animale. C.P. de Leliu, Guangdong

Figure 34

Figure 34. Alimentation des carpes herbivores avec des déchets de cultures maraîchères. Brigade de production “Octobre”, District de Xishui, Hubei

Figure 35

Figure 35. Coupe mécanique d'herbe à éléphant cultivée sur les digues de l'étang pour l'alimentation des carpes herbivores (Photo F. Botts)

Figure 36

Figure 36. Distribution journalière de sous-produits agricoles à la volée (Photo F. Botts)

Figure 37

Figure 37. Chenal cimenté en aval de l'élevage intensif de carpes herbivores, pour l'élevage intégré de carpes argentées et de carpes marbrées. Centre piscicole du Réservoir de Qingshan, Zhejiang

Tableau 29

QUANTITES D'ENGRAIS ORGANIQUES ET D'ALIMENTS UTILISES ANNUELLEMENT POUR LA PRODUCTION PISCICOLE EN ETANG

LieuProduction piscicoleFumure organiqueMatière végétaleProduits divers
Commune Populaire de Leliu, Guangdong2 400 ha50 000 t154 000 t5 400 t
7 700 t(vers à soie, porcs....)(herbe à éléphant…)(tourteau de soja et sons)
+ 140 millions alevins
Commune Populaire de Hele, Jiangsurécolte:
11 895 kg/ha
246 t/ha136,5 t/ha- mollusques: 45 t/ha
production:
8 880 kg/ha
  - prod. agric. (orge): 3 975 kg/ha
Généralement
(Zhu De-Shan, 1980)
 300–375 t/ha105–150 t/ha1
(plantes aquatiques)
- mollusques: 75–112 t/ha
- prod. agricoles 1 500–2 250 kg/ha

1 Equivalent matière végétale aquatique, calculé sur la base qu'une tonne de végétaux terrestres équivaut deux tonnes de végétaux aquatiques.

6.2.4 Principes de fertilisation et d'alimentation

Fertilisation et alimentation sont utilisées de façon à ce que le principe “égal, bien et en suffisance” soit respecté. Ceci, en pratique, résulte en la méthode des “quatre fixes”: qualité et quantité déterminées, horaire et lieu d'alimentation fixés (Zhu De-Shan, 1980).

Journalièrement et pour chaque étang en particulier, les'quantités d'engrais et d'aliments distribués sont déterminées sur la base de la température de l'eau des étangs, de leur teneur en oxygène dissous, de la quantité de plancton présent et du comportement alimentaire des poissons. A cet effet, le technicien a recours à la méthode des “quatre observations”, qui consiste à observer la saison, le climat, la couleur de l'eau et les poissons.

L'intégration de la pisciculture avec l'agriculture et les autres formes d'élevage est généralisée dans les communes populaires et dans les fermes d'Etat (Section 6.3). Elle permet non seulement de produire sur place (e.g., sur les digues) une bonne partie des fumures et aliments nécessaires, mais également d'utiliser totalement les sous-produits et résidus de l'agriculture et des étangs. Concurremment, le nombre de récoltes est augmenté (cultures dérobées, cultures mélangées…), afin de pouvoir alimenter les poissons toute l'année, et les plans d'eau secondaires existants sont exploités en vue d'y produire les plantes aquatiques nécessaires.

6.3 AQUACULTURE ET DEVELOPPEMENT RURAL INTEGRE

Le développement rural intégré a été pratiqué traditionnellement en Chine depuis de nombreuses années. Encouragé ensuite par la politique du “développement total” et de l' “autosuffisance”, il s'est rapidement généralisé à tout le pays.

Plusieurs facteurs ont particulièrement favorisé l'intégration de l'aquaculture avec l'agriculture et les autres formes d'élevage animal:

  1. les principales espèces piscicoles cultivées étant herbivores et planctonophages, elles profitent facilement des végétaux et des fumures organiques produites localement;

  2. la production de la soie, basée sur l'élevage du vers à soie et la plantation de mûriers, fournit des résidus de grande valeur alimentaire pour ces poissons;

  3. l'utilisation directe des eaux résiduaires domestiques pour fertiliser étangs et cultures est une pratique traditionnellement acceptée;

  4. les étangs sont considérés comme sources possibles d'eau d'irrigation et de vase fertilisante pour les cultures adjacentes.

Cette politique d'intégration de la production piscicole avec les autres types de production agricole résulte en l'utilisation complète non seulement des terres et des eaux, mais encore des sous-produits et résidus divers. Les avantages qu'en retire la communauté rurale sont ainsi importants:

  1. les revenus piscicoles sont augmentés de ceux provenant des autres élevages et des productions de céréales et légumes;

  2. les sources de revenus sont diversifiées, ce qui protège mieux la communauté des effets d'un désastre cultural;

  3. la communauté devient autosuffisante pour son alimentation;

  4. les engrais et aliments piscicoles sont en majorité produits sur place et peu coûteux, ce qui réduit les transports et les coûts de production du poisson tout en augmentant les bénéfices1;

  5. la vase des étangs permet d'augmenter les productions agricoles indépendamment des engrais minéraux plus coûteux, dont les achats peuvent ainsi être réduits2.

Cependant, afin d'assurer le plein succès de ce genre d'aquaculture intégrée, il convient d'y adapter la gestion de l'exploitation. Afin de pouvoir alimenter les poissons toute l'année, il faut augmenter le nombre des récoltes, en pratiquant par exemple des cultures dérobées et des cultures mélangées. La culture des plantes aquatiques doit être développée. Des équipes spécialisées doivent être formées non seulement en pisciculture mais aussi pour la production de céréales, de fourrages, de légumes, de vers à soie, de porcs, de volailles, etc. Pour l'application de l'intégration à grande échelle, il est rapidement apparu en Chine que le nombre nécessaire de personnes possédant les connaissances requises pour une telle diversification des productions dépassait normalement le cadre de l'équipe de production. L'expérience a montré que la gestion de telles exploitations intégrées était plus effective lorsqu'elle se faisait par des brigades de production. C'est ainsi par exemple qu'à la Commune populaire de Hele (Jiangsu), en plus de deux centres piscicoles communaux, de vergers et d'ateliers, l'exploitation intégrée est réalisée par 13 brigades de production (regroupant 95 équipes de production), dont cinq pour les légumes, sept pour les céréales/ mûriers/vers à soie et une pour la pisciculture.

Deux communes populaires pratiquant la pisciculture intégrée ont été visitées par le groupe d'étude. Elles peuvent être prises comme modèles concrets des possibilitès actuelles en ce domaine: la C.P. de Leliu (Guangdong) et la C.P. de Hele (Jiangsu), la première étant spécialisée en pisciculture (Tableau 15) et la seconde ne l'étant pas (Tableau 14). Dans les deux cas, une série d'observations furent notées, concernant les modalités pratiques de l'intégration de la pisciculture avec l'agriculture et l'élevage. Schématiquement esquissées au Tableau 30, elles se résument comme suit:

  1. les digues des étangs, dont les dimensions de la couronne atteignent parfois plus de 10 m, participent entièrement au cycle de production végétal. Sur le sommet des digues se cultivent par exemple arachide, légumes, colza, canne à sucre et mûriers; les pentes latérales sont plantées de maïs et d'herbe à éléphant, tandis que sur les bords sont plantés bananiers et autres plantes arborescentes (Figures 39, 40 et 41).

  2. les canaux et fossés produisent diverses plantes aquatiques comme des jacinthes d'eau, des lentilles d'eau, des Azolla (Figure 33);

  3. sur les digues également, des porcheries sont installées et, dans la Province Guangdong, même les latrines participent à la fertilisation organique des étangs (Figures 31 et 38);

  4. à Hele, où d'importants élevages de canards existent, les déjections sont journellement rassemblées par jet d'eau dans un canal les dirigeant vers les étangs (Figure 32);

  5. à Leliu, où les chenilles de vers à soie s'alimentent de feuilles de mûriers jusqu'à leur transformation en nymphes/pupes, les déchets de cette production intensive (déjections et restes végétaux) servent à la fertilisation des étangs et à l'alimentation des poissons;

  6. la vase recueillie du fond des étangs, riche en azote (2 pour cent), est épandue lors des vidanges dans les cultures avoisinantes et notamment les mûriers (Figure 48);

  7. pour la production de briques cuites, la terre argileuse est extraite, pressée et cuite sur place. L'excavation ainsi produite devient alors un étang.

1 Il a été suggéré que l'intégration permettrait d'augmenter les bénéfices de 30–40 pour cent (ADCP, 1979)

2 Un tiers des engrais utilisés en agriculture chinoise proviendrait des étangs (ADCP, 1979)

Figure 38

Figure 38. Porcheries intégrées aux étangs piscicoles de la Commune populaire de Hele, Jiangsu

Figure 39

Figure 39. Développement intégré à la Commune populaire de Leliu, Guangdong: étangs piscicoles, porcherie, bananiers, mûriers, canne à sucre, etc.

Figure 40

Figure 40. Utilisation des digues des étangs pour la culture de mûriers et de plantes forestières. Brigade de production “Octobre”, District de Xishui, Hubei

Figure 41

Figure 41. Cultures diverses jusqu'au bord de l'eau des étangs piscicoles. Commune populaire de Leliu, Guangdong

Tableau 30

INTEGRATION DE LA PISCICULTURE/AGRICULTURE/ELEVAGE

L'un des facteurs importants de réussite réside également dans une adéquate allocation des superficies pour la pisciculture, les diverses cultures principales et les élevages. Il a été suggéré que ces superficies représentent respectivement 60% (pisciculture), 14% (élevages), 14% (cultures de fourrage) et 10% (cultures alimentaires) de la superficie totale de l'exploitation (ADCP, 1979). Cependant, le type de culture favorisé sur l'exploitation peut grandement influencer les rendements piscicoles et, là également, un certain équilibre doit être réalisé. C'est ainsi qu'à la Commune populaire de Leliu (Guangdong), spécialisée en pisciculture (Tableau 15), le rendement annuel des étangs dans les diverses brigades de production varie de 1 500 à 7 500 kg/ha, en fonction de la proportion des superficies en mûriers par rapport aux superficies en canne à sucre. Le rendement piscicole est d'autant plus élevé que cette proportion est élevée et donc, que des quantités plus importantes de déchets d'élevage de vers à soie sont disponibles pour les étangs. D'après les techniciens de Leliu, les proportions idéales et équilibrées pour ces trois cultures se situeraient aux environs de 50% (pisciculture), 30+% (canne à sucre) et 10+% (mûrier).

Tout au long du voyage d'étude, les participants ont obtenu de leurs hôtes chinois des données quantitatives sur les diverses productions réalisées, ainsi que sur les coefficients de conversion ordinairement utilisés en vue de la planification de la gestion d'exploitations piscicoles associées à l'agriculture et à l'élevage (Tableau 31). Déterminés empiriquement au fil de nombreuses années de pratique, ces coefficients de conversion devraient être confirmés à l'avenir sur des bases scientifiques.

Enfin pour la gestion des fermes intégrées l'on utilise, en période normale, relativement peu de personnel spécialisé. En moyenne, l'on compte une personne pour l'entretien de 6–8 étangs de 0,33–0,47 ha chacun, ou de 30–50 porcs, ou de 500–1 000 volailles. Du personnel supplémentaire est affecté seulement en périodes d'activité intensive, par exemple lors des récoltes, des mises en charge et de la commercialisation.


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