Page précédente Table des matières Page suivante


2. LIMNOLOGIE DU LAC KIVU

La limnologie du lac Kariba est relativement bien connue, ce qui rend possible l'étude des variations de l'abondance du stock de L. miodon. Ce n'est malheureusement pas le cas du lac Kivu et il y a probablement trop peu de données pour expliquer complètement les variations de l'abondance.

Le lac Kivu résulte du barrage de la vallée du Rift africain par les volcans, il se trouve à une altitude de 1462 m et sa surface est de 2370 km2. La longueur des côtes est de 1196 km, elles présentent l'aspect dendritique caractéristique des côtes des lacs récemment formés, et il existe 150 îles. Son volume est estimé à 583 km3 et le débit de la Rusizi, exutoire du lac est de 70 m3/sec représentant 2,2 km3 par an, le temps de renouvellement des eaux est de 265 ans (VERBEKE, 1957).

Le lac Kivu diffère considérablement du lac Kariba qui a une surface de 5400 km2 mais un volume de 160 km3 seulement et son temps de renouvellement n'est que de 2,5 à 3 ans (MARSHALL, 1982). Le lac Kariba subit un mélange complet de ses eaux une fois par an en juin-juillet et les éléments nutritifs de l'hypolimnion sont alors disponibles dans l'épilimnion.

L'épilimnion du lac Kivu représente un couche de 60 à 70 m au dessous de laquelle l'eau est complètement dépourvue d'oxygène. La température varie de 25°C en surface à 22°C à 50m, puis s'élève à nouveau dans l'hypolimnion pour atteindre 25°C à 400m (FIGURE 3). La densité et la salinité augmentent de la même manière. Selon DAMAS (1937) cités par BEADLE (1981), la densité élevée des eaux de profondeur est probablement due à l'infiltration d'eaux chaudes et salées de sources volcaniques, l'apport de ces sources pouvant être considérable.

Cette stratification est observée en permanence et il semble que le mélange entre l'épilimnion et l'hypolimnion soit très réduit. il ne semble pas non plus qu' il y ait d'oscillation de la thermocline semblables à celles décrites dans les lacs Tanganyika et Malawi (COULTER, 1963; ECCLES, 1974). L'effet de cette constatation sur la pêcherie de L. miodon est que les matières organiques produites dans l'épilimnion sont perdues de façon définitive lorsqu' elles tombent au dessous de la thermocline. La fraction du lac au dessus de 50 m ne représente que 20% du volume total, la pêcherie n'est donc en fait pratiquée que dans une masse d'eau de dimensions utiles plus restreintes. Ceci augmente la probabilité de trouver une relation avec les facteurs de l'environnement et parmi ceux-ci, la pluviométrie est probablement le plus significatif.

Le travail de VERBEKE (1957), seule étude à long terme dont on dispose sur les facteurs de l'environnement, permet de mettre en évidence un cycle saisonnier dans l'épilimnion.

La température de l'eau varie de 23 à 24°C en surface, mais elle varie relativement peu à 50 m de profondeur (22.5 – 23°C). La stratification est prononcée de septembre à mai, elle s'interrompt pendant un courte période allant de juin à août et l'épilimnion est isotherme en juillet (FIGURE 4a).

Des éléments nutritifs sont alors disponibles et permettent l'augmentation de la population de phytoplancton et la photosynthèse. Car la limite inférieure de la couche oxygénée descend alors vers 60–75 m en septembre (FIGURE 4b). La transparence de l'eau décroît aussi à ce moment (FIGURE 4c). Les mois de juin et juillet étant les plus secs, et le débit des rivières minimum à cette époque, la réduction de la transparence ne peut être le résultat de ces facteurs, mais celui de l'abondance du phytoplancton.

Le zooplancton répond par un accroissement de son abondance en août septembre (FIGURE 4d) et pendant cette période, il est dominé par les cladocères. La population zooplanctonique décroît rapidement dès que la stratification s'établit à nouveau, indiquant que le résultat de l'échange des matières nutritives entre l'épilimnion oxygéné et l'hypolimnion dépourvu d'oxygène, sont de durée très restreinte et que le lac revient très vite à la situation où les deux masses d'eaux sont séparées.

Nous ne disposons que d'une seule étude Iimnologique au lac Kivu (VERBEKE, 1957) et il n'est sûr que ce schéma de variation se répète chaque année. De la même manière qu'au lac Kariba (GREEN, 1985), où les sardines modifient la composition du zooplancton, on peut voir qu'au Kivu les cladocères Daphnia curvirostris et d'autres espèces de plus grandes taille diminuent ou même disparaissent (DUMONT, 1986). Le schéma saisonnier se répétant au lac Kariba, il devrait en être de même au lac Kivu si le schéma de VERBEKE (1957) n'est pas une exception


Page précédente Début de page Page suivante