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4. RESULTATS

4.1 Variations annuelles

La population de Limnothrissa miodon a bien évidement subi des variations depuis 1980 et la croissance très prononcée de la CPUE en 1989 et 1990 est un exemple de ces changements. L'augmentation considérable de la pluviosité moyenne 1987 et 1988 (FIGURE 6) suggère que si la pluviosité à un effet sur l'abondance de la population de poisson, il est probable qu'un tel effet se fasse sentir après un délai de deux années.

Aucune corrélation significative n'a pu être mise en évidence entre la pluviosité moyenne et la CPUE moyenne des unités de pêche basées à Kibuye d'une même année ou d'une année plus tard (FIGURES 7a, b). On a cependant pu mettre en évidence une corrélation significative entre la pluviosité et la CPUE deux années plus tard (FIGURE 7c).

Aucune corrélation n'a pu être mise en évidence entre la pluviosité et la CPUE des unités de Kibuye (FIGURE 8) ou de Cyangugu. Pour ce dernier centre, il n'y a cependant que quatre années pour lesquelles les données sont utilisables, ce qui est insuffisant pour une analyse de ce genre.

Si l'on groupe les données des trois centres et qu'on les compare avec la pluviosité moyenne, une corrélation très significative (p<0, 001) est obtenue (FIGURE 9) en comparant la pluviosité et la CPUE deux ans après. Bien qu'elle montre des variations très importantes, la pluviosité, au travers de l'effet qu'elle a sur le débit des rivières, influe de façon significative sur l'abondance du stock de Limnothrissa miodon du lac Kivu.

4.2 Variations saisonnières

Les CPUE varient considérablement d'un mois à l'autre (FIGURE 10) mais il ne semble pas se dégager de schéma de variation saisonnier, et les CPUE au dessus de la moyenne n'apparaissent pas de façon régulière aux mêmes périodes chaque année. Ainsi, à Gisenyi, les captures les plus importantes ont été enregistrées au cours de sept mois différents au cours des neuf dernières années, à Kibuye sept mois différents en huit ans et à Cyangugu, quatre mois différents en quatre ans (FIGURE 11). Ceci constitue une différence très marquée avec la situation qui prévaut au lac Kariba où les plus fortes captures ont eu lieu régulièrement au mois d'août pendant 10 années sur 12 (FIGURE 12) alors que les captures de novembre à mars étaient toujours au dessous de la moyenne.

Bien qu'un schéma de variation saisonnier ne soit pas clairement défini comme au lac Kariba, on peut cependant discerner une tendance générale en combinant les moyennes mensuelles des CPUE de toutes les années (FIGURE 13). A Cyangugu, les captures s'élèvent à partir d'août - septembre et atteignent un maximum en février-mars. La situation est dans l'ensemble semblable à Kibuye, mais à Gisenyi le cycle semble avoir lieu après un délai de quatre mois. Les plus faibles captures s'observent en août-septembre à cyangugu alors qu'elles ont lieu en décembre-janvier à Gisenyi. Le petit pic de novembre-décembre à Cyangugu se retrouve à Gisenyi en mars-avril, il en est de même des pics principaux (février-mars à Cyangugu et juin-juillet à Gisenyi.

Cette observation suggère qu'il existe des différences entre les extrémités sud et nord du lac et que la population de poisson reflète ces différences. On ne dispose pas d'informations permettant de savoir si les poissons se reproduisent plus tôt à Cyangugu qu' à Gisenyi ou si les poissons se reproduisent dans la région de Cyangugu et migrent ensuite vers le nord. L'extrémité sud du lac semble être plus favorable à la reproduction des.

L. miodon car les fonds sont moins profonds, avec des régions plus abritées et une pluviosité moyenne plus élevée (TABLEAU 5).

La corrélation entre la pluviosité et l'abondance de L. miodon ayant été établie (FIGURE 9), il est probable que la pluviosité plus élevée dans la région de Cyangugu puisse expliquer un meilleur succès de la reproduction. Ceci ne permet cependant pas d'expliquer les différences entre Cyangugu et Gisenyi. D'autre part les périodes pendant lesquelles il pleut peuvent aussi jouer un rôle. A Cyangugu, 68,3% de la pluie tombe entre octobre et mars, au moment où les captures sont les meilleures. Pendant la même période, 62,9% de la pluie s'observe à Kibuye mais seulement 57,1% à Gisenyi. Il n'existe malheureusement pas d'autres données qui permettraient d'expliquer les différences de captures entre les deux extrémités du lac.

Bien que le schéma des variations saisonnières de l'abondance des poisson ne concorde pas exactement avec celui du plancton décrit par VERBEKE (1957) (FIGURE 4), cette variation est cependant probablement en relation avec l'abondance du plancton. Les seules données disponibles depuis le début de la pêcherie sont celles de REUSENS (1987) et il semble qu'il y ait une relation inverse entre l'abondance de plancton et de poisson (FIGURE 14). Les données sont insuffisantes pour mettre en évidence la présence ou l'absence de relation entre les poissons et leur nourriture.

L'abondance des poissons est en relation avec la reproduction et une tentative de mise en évidence de cette relation a été faite. La meilleure relation entre la reproduction et la CPUE moyenne s'observe après un délai de 15 mois (FIGURE 15). Ceci conduit à penser que plupart des poissons dans les captures sont dans leur deuxième année, la situation se complique probablement plus tard s'il y a des mouvements de poissons du nord vers le sud.


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