Page précédente Table des matières Page suivante


MINAGRI/PNUD/FAOSEM/89/09
PROJET RWA/87/012juin 1989

SEMINAIRE TRENTE ANS APRES L'INTRODUCTION DE L'ISAMBAZA AU LAC KIVU

Gisenyi, 6–7 juin 1989

TECHNIQUES ET ENGINS DE PECHE AU LAC KIVU

par

Joël DIQUELOU
Technologiste des pêches
PNUD/FAO-RWA/87/012

1.0 LES CATAMARANS ET TRIMARANS

Limnothrissa miodon au Lac Kivu, étant un poisson pélagique, la technique de pêche employée est la pêche de nuit à la lumière. Il existe plusieurs systèmes: les catamarans, trimarans et la senne tournante.

Le projet a débuté en 1979 avec des unité catamarans, elles étaient alors composées de 2 embarcations de 7 m de long sur 1,40 m de large. La construction de ces pirogues en provenance de Bujumbura est en feuilles de contre plaqué plastifiées, l'avantage de ces embarcations est leur légèreté. Malheureusement quelques années après leur arrivée des pourrisements du bois entrainaient des réparations considérables et onéreuses. Le menuisier du projet a alors construit un autre type d'embarcation en bois rouge, et jusqu'à présent aucune grande reparation n'a été nécessaire. En août 1986, un de ces catamarans a été transformé en trimaran c'est-à-dire que nous lui avons rajouté une coque, doublé la puissance lumineuse, et agrandi la surface du filet de 180 m2 à 400 m2. Les resultats, suivis pendant sept mois, nous ont permis de voir que les captures de ce nouveau système étaient 5 à 6 fois supérieures à celles d'un catamaran.

En septembre 1987 la Direction du Projet en accord avec les patrons pêcheurs à pris la décision de débuter la transformation des catamarans en trimarans. Actuellement 42 unités du projet et quelques unités privées sont transformées. Le montant total de cette opération pour les 3 centres s'évalue à 5.390.000 FRW la dette remboursée jusqu'à présent répresente 2.942.000 FRW (55% remboursé). Neuf patrons pêcheurs ont payé la totalité de leur investissement et quelques uns parmi eux sont propriétaires de plusieurs unités de pêche trimarans.

Le coût de revient pour le transfert en trimaran varie entre 100.000 et 150.000 FRW suivant l'état de l'ancien filet et de 350.000 à 400.000 FRW pour la construction d'une unité nouvelle. Les matériaux utilisés pour l'armement d'un trimaran sont les suivants: 3 pirogues de 7 m de long sur 1,40 m de large reliées entre elles par des perches d'eucalyptus espacées de 8 m. La pirogue centrale est équipée de 2 lampes à pétrole de 1000 Candellas chacune.

Le poisson après un certain temps se concentre sous la lumière. Chaque 2 heures environs le filet est rélevé par 8 hommes d'équipage, qui quand les conditions de temps le permettent, font 4 à 5 levées par nuit. Les captures varient suivant la lune et l'état du lac de 5 à 150 kg par nuit.

L'engin de pêche et un filet à soulever immergé à 50 m de profondeur. Il faut 300 m de longueur sur 4,80 m de largeur de nappe de filet pour le construire. La longueur de la maille est de 12 mm étirée. 430 pêcheurs actuellement ont suivi une formation de montage et sont aptes à les construire et les réparer eux mêmes. Lors de 2 missions de recensement sur le lac Kivu dans les deux parties, au Rwanda et au Zaïre, nous avons compté 186 unités pratiquant cette technique de pêche.

2.0 TRIMARAN INYOGARUZI

Le trimaran Inyogaruzi FAO 126. est une unité construite entièrement au projet qui a pour but de former des hommes d'équipage et des lampistes. Son système d'attraction lumineuse est différent de celui des trimarans normaux. En effet, une embarcation supplémentaire de 5 m munie de 2 lampes, et relié par une corde de 200 m, qui permet de la ramener doucement vers le trimaran en une heure et demie. lorsque ce bateau chasseur s'approche du trimaran, ses lampes sont masquées pour transférer le poisson sous celles du trimaran. Le filet est relevé dans le quart d'heure suivant. La capture maximale de cette unité a été de 380 kg pour une nuit dans une baie très abritée à Kibuye. Cette unité de formation, a débuté son activité le 17 octobre 1987 et à formé une soixantaine de personnes. Le coût de revient à la construction est de 443.000 FRW ce prix est plus élévé que celui des autres trimarans, car il est équipe du bateau chasseur et d'un moteur Johnson de 20 chevaux.

3.0 SYSTEME DE LAMPES

Les lampes testées au projet sont des lampes à incandescence au gaz de pétrole, de types Coleman et Columbus de 350 et 1000 CD puis dernièrement, de lampes à incandescence de gaz, Columbus de 8000 et 12000 CD. Les lampes Coleman ont été abandonnées car il était très difficile de se procurer les pièces de rechange localement. Le réservoir à pétrole trop petit, ne peut fournir de l'énergie pendant une nuit entière. Les unités du projet sont toutes équipées de lampes Columbus type no9, mais il faut remplacer les pièces assez souvent. Les lampes à incandescence de gaz, peuvent à long terme, reduire les frais d'exploitation de manière considérable. De plus, elles sont pratiques à l'allumage , le grand avantage est qu'elles ne s'éteignent pas pendant les periodes de mauvais temps, le poisson est donc attiré en permanance. Ces lampes nécessitent très peu d'entretien. Les pêcheurs privés en provenance d'Uvira utilisent sur le lac Kivu de lampes Drum et Anchor, ils ont beaucoup de difficultés à se procurer des pièces de rechange ce qui immobilise souvent leurs unités pendant plusieurs jours. Leurs engins de pêche sont identiques aux notres, à part que le filet est fait de très petites mailles 6 à 8 mm étirées. Cette maille bien évidement ne filtre pas les poissons juveniles.

4.0 ISAMBAZA FAO 99

Le navire ISAMBAZA, est un bateau de 11 m équipé d'un moteur Perkins de 60 chevaux et équipé d'apareil de navigation et d'échosondeurs performants. Trois taches principales sont exercées à bord de ce navire: des missions écho-acoustiques; la liaison entre les centres pour le transport du matériel et du poisson seché; et la pêche de nuit à la senne tournante. Quinze hommes d'équipage sont nécessaires pour assurer les manoeuvres de pêche. Le filet est une senne de 360 m de long sur 95 m de profondeur. Deux lampistes sont dans de petites embarcation munies de lampes (entre 1 et 3). Ces porte lampes sont placés à la tombée de la nuit sur des tâches de poissons détectées par le sondeur. Après une ou deux heures d'attente, le poisson est encerclé par le filet, celui ci est immédiatement fermé par le bas à l'aide d'une coulisse. L'équipage commence alors à remonter le filet, cette manoeuvre dure une à une heure trente. Les coups de senne sont en général de 3 à 5 par nuit. Suivant les conditions métérologiques et l'abondance du poisson, les captures varient de 100 kg à 1 t par nuit. Ce système a pour but d'éssayer d'augmenter la production journalière pendant les periodes de faibles captures.

Ce navire nous permet de pêcher dans les zones du large afin d'éviter la capture de poissons juveniles. Une pirogue pratiquait également en 1987 cette technique, le filet et une senne de 176 m de long sur 74 m de profondeur, la maille est de 15 mm étirée. Cette embarcation assurait également la liaison pour le transport entre les centres.

5.0 FILET MAILLANT

Le filet maillant derivant est un engin de pêche qui a été testé de jour et de nuit, ses caractéristiques sont 280 m de long sur 18 m de profondeur, le filet est transparent dans l'eau. Il est immérgé de 1 m à 5 m de la surface et relévé 1 à 2 fois par nuit. Les essais de jour on été abandonnés car les poissons sont dispersés et se maillent en très petite quantité. De nuit une embarcation munie d'une lampe à pétrole se deplace sur toute la longueur du filet, le poisson attiré par la lumière est capturé par ses ouies. Au lever du jour, l'engin de pêche est ramené dans la pirogue et le démaillage du poisson se fait au projet par 5 à 6 personnes quand la capture dépasse 100 kg. La prise maximale avec ce système à été de 271 kg pour une nuit.

6.0 PECHE COUTUMIERE

Les unités de pêche coutumière pour le Limnothrissa sont constituées de 3 pêcheurs, les embarcations sont aux nombre de 2 d'une longueur de trois à quatre mètres. Ils commencent la pêche vers 17 heures, et pour quelques heures pendant la periode du premier au dernier quartier. De la nouvelle lune à la pleine lune, ils pêchent durant toute la nuit. Dans une pirogue un pêcheur frappe l'eau à l'aide de sa pagaie, dans l'autre, une personne la dirige et la deuxième personne traine et relève son haveneau. Les captures peuvent atteindre 100 kg par nuit.


Page précédente Début de page Page suivante