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3. CARACTERISTIQUES DE LA PECHERIE

Il existe cinq types d'Unités Economiques de Pêche (UEP) en activité sur le lac Kivu entre juin et août 1991; des UEP trimarans et quatre types d'UEP artisanales comme suit: (1) UEP trimarans; (2) UEP senne de plage; (3) UEP filet maillant; (4) UEP canne/ligne à main; (5) UEP palangre de fond (Tableau 2 et Figure 2). les sections qui suivent donnent le détail de chacune de ces UEP.

Tableau 2: Nombre et type d'UEP par strates

StrateTMBSGNHLBLAutreTotal
I  32    59  56124  6  3  280
II  44  102  19  51  3  0  219
 III  94  277  62  3512  2  482
S. total170  43813721021  5  981
  IV  33  276  32  76  1  0  418
  V  27  406  10  84  227  556
  VI    5  264    3  38  2  3  315
   VII    4    35  31    4  4  8    86
S. total  69  981  76202  9381375
Total239141921341230432356

Figure 2: Distribution relative des engins de pêche par strate

Rwanda

Figure 2

Zaïre

Figure 2

3.1 UEP-trimaran

3.1.1 Description

Les UEP trimaran ne sont pas motorisées; chacune est composée des éléments suivants: (1) équipage: 10–12 pêcheurs; (2) coque composée de trois pirogues: (longueur moyenne 8,3 m; largeur moyenne 1,4 m et hauteur moyenne 0,55 m), liées ensemble par deux perches d'eucalyptus qui maintiennent un écartement entre les pirogues de 4 m environ; (3) système de levage composé de huit perches d'eucalyptus de 6 m de long, six d'entre elles fixées à chaque extrémité des pirogues et deux au centre des deux pirogues externes; une poulie à chaque extrémité permet le passage de la ligne de relevage du filet; (4) filet soulevé de 400 m2 d'ouverture et 74 m de profondeur en mailles de 12 mm étirée dans la poche; (5) deux (ou plus) lampes à pression de gaz de pétrole de diverses fabrication sont disposées dans la pirogue centrale. L'Appendice 3 donne le détail des divers types de lampes utilisées. Le nombre et la répartition des UEP trimarans par strate est présenté à la Figure 3.

Figure 3: UEP trimarans: nombre et répartition par strate

Figure 3

Certaines UEP trimaran utilisent une pirogue auxiliaire appelée bateau “chasseur” ou de “renfort” qui porte des lampes supplémentaires. 102 UEP trimarans soit 43% du total utilisent cette technique, leur pourcentage par strate est donné à la Figure 4.

Figure 4: UEP trimarans utilisant une pirogue auxiliaire (% par strate)

Figure 4

On peut voir à l'Appendice 3 qu'il existe plusieurs types de lampes à pression de gaz de pétrole utilisées au lac Kivu. Dans la partie nord du lac, ce sont généralement les lampes de type Columbus qui sont utilisées, habituellement au nombre de deux par UEP trimaran. Dans le sud ce sont les lampes Drum et Coleman, la configuration et le nombre par UEP trimaran varie, elle est présenté dans la Figure 5.

Figure 5: UEP trimarans: nombre et types de lampes

Figure 5

extrapolation au nombre des répondants

Tableau 3: Répartition des lampes: nombre, type et possession

StrateColumbusDrumColeman
LampePropriétairesNb lampes/propriétaireLampePropriétairesNb lampes/propriétaireLampePropriétairesNb lampes/propriétaire
I58301.9221824
II68371.8751.43393.7
III1152.288651.4364874.2
IV1252.446271.7156285.6
V00040271.589214.2
VI000651.23047.5
VII531.7321.5000
Total145801.81921331.46801514.5

La pêche est faite exclusivement de nuit; après que le lieu de pêche ait été choisi, le filet est descendu dans l'eau, les lampes sont allumées au crépuscule, elles attirent le poisson pendant plusieurs heures, le filet est soulevé 3 à 6 fois par nuit.

3.1.2 Evolution

La croissance du nombre d'UEP trimaran au lac Kivu est spectaculaire. Les premières UEP connues remontent à 1976 (Ruremesha com. pers.); il s'agissait de catamarans. C'est grâce aux efforts du Projet PNUD/FAO de Développement de la Pêche au Lac Kivu basé à Gisenyi, que le nombre des unités (dans un premier temps des catamarans) s'est accru de façon régulière dans la partie rwandaise du lac. Un accroissement semblable a pu être observé dans la partie Zaïroise, avec pour la plupart des unités transportées de la région d'Uvira au lac Tanganyika. Toutes les unités catamarans ont progressivement été transformées en unités trimarans à partir de la fin des années 80 par l'adjonction d'une pirogue supplémentaire et l'augmentation de la surface d'ouverture du filet de 180 m2 à 400 m2. L'évolution de ces UEP a été suivie tout au long des années et le résultat est présenté à la Figure 6.

3.1.3 Effort de pêche

La pêche a lieu de nuit, les UEP pêchent durant 20 à 22 nuits par mois. Le nombre de nuits de pêche est déterminé par le cycle lunaire; pendant la pleine lune, l'intensité de la clarté lunaire diminue l'efficacité de l'attraction du poisson par les lampes, rendant ainsi la pêche non rentable. D'autres facteurs viennent aussi influer sur l'effort de pêche, il s'agit des conditions météorologiques (pluie, agitation des vagues), mais aussi la disponibilité des pièces de rechange et du pétrole pour les lampes. Ces derniers facteurs sont particulièrement sensibles dans la partie zaïroise. Nos données indiquent que 90% des UEP trimaran pêchent plus de 15 jours par mois.

Figure 6: Lac Kivu: évolution de la flottille pêchant au filet soulevé

Figure 6

3.1.4 Production

La capture totale de Limnothrissa miodon et d'Haplochromis spp. par les UEP trimarans du lac Kivu a été estimée par l'enquête sur les captures KIVUSTAT (Lamboeuf, 1991). Les débarquements d'un certain nombre d'UEP sont suivis chaque jour dans 12 points de débarquement autour du lac. Une estimation de la capture par unité d'effort est déterminée puis utilisée compte tenu du nombre d'unités actives pour estimer la totalité des captures du lac. En 1990, la production totale de Limnothrissa miodon a été estimée à 2.660 tonnes et celle d'Haplochromis spp. à 1.133 tonnes, la répartition par strates est indiquée à la Figure 7.

3.1.5 Valeur de l'investissement

Le coût de chaque UEP-trimaran entièrement équipée est à peu près le même, avec cependant de légères variations, il s'établit autour de la valeur de 370.000 FRW1 par UEP: trois pirogues coûtent à peu près 45.000 FRW, le matériel de levage 25.000 FRW, l'engin de pêche avec le filet et les lampes 300.000 FRW. En conséquence on peut dire que la valeur de l'investissement total des UEP trimarans au lac Kivu s'élève à 88.430.000 FRW soit près de 700.000 US$.

1 Toutes les valeurs sont exprimées en FRW (1 US$ = 125 FRW au 01.10.1991)

Figure 7: Production en 1990 (tonnes par strate)

Figure 7

3.1.6 Analyse de rentabilité

Un certain nombre d'UEP trimarans ont été suivies au cours des deux dernières années, leur production a été soigneusement enregistrée ainsi que le coût des frais fixes et variables (Farhani, 1990; Diquelou et Farhani, 1990). L'analyse de rentabilité d'une UEP trimaran est présentée au Tableau 4.

Tableau 4: UEP trimaran: analyse de rentabilité

DESIGNATIONQUANTITE EN KGNOMBREMONTANT FRW
(I): COUT D'INVESTISSEMENT   
(a): PIROGUE    45 000
(b): MATERIEL    25 000
(c): (a)+(b)    70 000
(d): ENGIN DE PECHE  300 000
(e): (c)+(d)  370 000
    
(II): COUTS ANNUELS FIXES   
(a): AMORTISSEMENT    78 000
(b): ASSURANCE            0
(c): ENTRETIEN            0
(d): SALAIRE EQUIPAGE  120 000
(e): FRAIS DE GESTION            0
(f): COUTS FIXES TOTAUX  198 000
    
(III): COUTS ANNUELS VARIABLES   
(a): CARBURANT   
      ESSENCE            0
      PETROLE  270 000
      MAZOUT           0
(b): LUBRIFIANTS           0
(c): REPARATIONS FILET    48 000
(d): REPARATIONS PIROGUE    23 000
(e): REPARATIONS MOTEURS            0
(f): COUTS DIVERS    25 200
(g): PRIME EQUIPAGE    21 000
(h): COUTS VARIABLES TOTAUX  387 200
    
(IV): COUTS ANNUELS TOTAUX  585 200
    
(V): CHIFFRE D'AFFAIRE ANNUEL   
(a): CAPTURE MOY./NUIT      45  
(b): NB MOY. SORTIES/AN 250 
(c): CAPTURE MOY. ANNUELLE11250           0
(d): COUT MOY. UNITE          70
(e): CHIFFRE D'AFFAIRE ANNUEL  787 500
    
(VI): BENEFICE NET  202 300
 (VII): TAUX DE RENTABILITE COMPTABLE 0,55

3.2 UEP-senne de plage

3.2.1 Description

Les UEP senne de plage se composent comme suit: (1) équipage (deux personnes, l'une est sur la pirogue, l'autre reste à terre); (2) pirogue monoxyle en eucalyptus (2 à 3 m de long); (3) senne de plage généralement de dimension faible, taillée dans une seule nappe de filet de maille homogène, sans poche et mesurant de 15 à 20 m étirée; et (4) cordes de halage de 70 à 100 m de long en fibre végétales tressées. Une UEP senne de plage typique est représentée à l'Appendice 4. Le nombre et la répartition des UEP senne de plage par strates est représenté à la Figure 8.

Figure 8: UEP senne de plage: nombre et répartition par strate

Figure 8

La majorité des sennes de plage en service au lac Kivu ne sont pas des sennes de plage typiques; elles sont très courtes et on peut dire que la partie constituée du filet correspond à la poche d'une senne de plage normale, les cordages agissant pour rabattre le poisson vers cette sorte de poche qui ne mesure en fait que 6 m dans 60% des sennes de plages observées au lac Kivu (Figure 9).

La pêche a lieu de jour; la pirogue, mue à la pagaie par une personne, mouille son filet en décrivant un demi cercle en partant de la plage; les deux extrémités sont ensuite halées à la main à partir de la plage.

Figure 9: Longueur des sennes de plage (en m)

Figure 9

3.2.2 Effort de pêche et production

Le nombre de sorties par mois des UEP senne de plage est estimé à 15 et la capture moyenne, presqu'exclusivement d'Haplochromis spp. est de 8,5 kg par sortie et par UEP, soit à peu près 2.170 tonnes par an. La production annuelle par strate est représentée à la Figure 10.

Figure 10: UEP senne de plage: production annuelle estimée (en tonnes par strates)

Figure 10

3.2.3 Valeur de l'investissement

Le coût moyen d'une UEP senne de plage s'élève approximativement à 16.000 FRW: la pirogue monoxyle coûte environ 8.000 FRW et l'engin de pêche avec les cordes et le filet coûte aussi 8.000 FRW. En conséquence le valeur des 1.419 UEP senne de plage est approximativement de 22.700.000 FRW soit près de 182.000 US$.

Tableau 5: UEP senne de plage: analyse de rentabilité

DESIGNATIONQUANTITE EN KGNOMBREMONTANT FRW
 (I): COUT D'INVESTISSEMENT   
(a): PIROGUE      8 000
(b): MATERIEL            0
(c): (a)+(b)      8 000
(d): ENGIN DE PECHE      8 000
(e): (c)+(d)    16 000
    
(II) COUTS ANNUELS FIXES   
(a): AMORTISSEMENT      6 000
(b): ASSURANCE            0
(c): ENTRETIEN            0
(d): SALAIRE EQUIPAGE    30 000
(e): FRAIS DE GESTION            0
(f): COUTS FIXES TOTAUX    36 000
    
(III): COUTS ANNUELS VARIABLES   
(a): CARBURANT   
      ESSENCE            0
      PETROLE            0
      MAZOUT            0
(b): LUBRIFIANTS            0
(c): REPARATIONS FILET      4 575
(d): REPARATIONS PIROGUE         500
(e): REPARATIONS MOTEURS            0
(f): COUTS DIVERS      2 100
(g): PRIME EQUIPAGE    21 000
(h): COUTS VARIABLES TOTAUX    28 175
    
(IV) COUTS ANNUELS TOTAUX    64 175
    
(V): CHIFFRE D'AFFAIRE ANNUEL   
(a): CAPTURE MOY./NUIT   8,5  
(b): NB MOY. SORTIES/AN 180 
(c): CAPTURE MOY. ANNUELLE1530           0
(d): COUT MOY. UNITE           70
(e): CHIFFRE D'AFFAIRE ANNUEL  107 100
    
(VI) BENEFICE NET    42 925
 (VII): TAUX DE RENTABILITE COMPTABLE 2,68

3.2.4 Analyse de rentabilité

L'analyse de la rentabilité d'une UEP senne de plage typique est indiquée au Tableau 5.

3.3 UEP filet maillant

3.3.1 Description

Les UEP filet maillant se composent comme suit: (1) équipage (une personne); (2) pirogue monoxyle en eucalyptus de (2 à 3 m de long); (3) filet maillant de longueur variable de 50 à 300 m et jusqu'à 12 m de chute (maille étirée); les filets sont en monofilament de 210/2 et de 100 mm de maille étirée. Le détail des UEP filet maillant est donné aux Appendices 5 et 6. Le nombre et la distribution des UEP filet maillant par strate est représenté à la Figure 11.

Figure 11: UEP filet maillant: nombre et répartition par strate

Figure 11

La pêche se fait de jour et de nuit; à partir d'une pirogue mue à la pagaie. Une fois la zone de pêche choisie, le filet est mouillé puis relevé en général une fois par jour. Lorsque la pêche a lieu près de la côte il arrive qu'un écran en bambou soit utilisé pour diriger les poissons vers le filet maillant. Dans tous les cas, c'est le Tilapia spp. qui est l'espèce cible. La taille moyenne des filets maillants en service au lac Kivu est de 137 m. La Figure 12 donne de plus amples détails.

Figure 12: Longueur des filets maillants (en m)

Figure 12

3.3.2 Effort de pêche et production

Le nombre de sorties par mois et par UEP est estimé à 20 et la capture moyenne par sortie est de 11 kg c'est-à-dire que 560 tonnes sont pêchées par an par ces UEP. Une estimation annuelle par strate est présentée à la Figure 13.

Figure 13: UEP filet maillant: production annuelle estimée (tonnes par strate)

Figure 13

3.3.3 Valeur de l'investissement

La valeur moyenne d'une UEP filet maillant typique et d'approximativement 44.000 FRW: la pirogue monoxyle coûte environ 4.000 FRW, les installations environ 5.000 FRW et l'engin de pêche avec filet et cordages coûte 35.000 FRW. En conséquence on estime la valeur de l'investissement représenté par les 213 UEP filet maillant à 9.370.000 FRW soit près de 75.000 US$.

Tableau 6: UEP filet maillant: analyse de la rentabilité

DESIGNATIONQUANTITE EN KGNOMBREMONTANT FRW
 (I): COUT D'INVESTISSEMENT   
(a): PIROGUE      4 000
(b): MATERIEL      5 000
(c): (a)+(b)      9 000
(d): ENGIN DE PECHE    35 000
(e): (c)+(d)    44 000
    
(II): COUTS ANNUELS FIXES   
(a): AMORTISSEMENT      9 100
(b): ASSURANCE            0
(c): ENTRETIEN            0
(d): SALAIRE EQUIPAGE    70 000
(e): FRAIS DE GESTION            0
(f): COUTS FIXES TOTAUX    79 100
    
(III): COUTS ANNUELS VARIABLES   
(a): CARBURANT   
      ESSENCE            0
      PETROLE      7 800
      MAZOUT            0
(b): LUBRIFIANTS            0
(c): REPARATIONS FILET    47 600
(d): REPARATIONS PIROGUE         250
(e): REPARATIONS MOTEURS            0
(f): COUTS DIVERS      2 550
(g): PRIME EQUIPAGE    24 000
(h): COUTS VARIABLES TOTAUX    82 200
    
(IV): COUTS ANNUELS TOTAUX  161 300
    
(V): CHIFFRE D'AFFAIRE ANNUEL   
(a): CAPTURE MOY./NUIT    11  
(b): NB MOY. SORTIES/AN 240 
(c): CAPTURE MOY. ANNUELLE2640           0
(d): COUT MOY. UNITE         100
(e): CHIFFRE D'AFFAIRE ANNUEL  264 000
    
(VI): BENEFICE NET  102 700
 (VII): TAUX DE RENTABILITE COMPTABLE 2,33

3.3.4 Analyse de rentabilité

La rentabilité d'une UEP filet maillant typique a été évaluée, elle est présentée dans le Tableau 6.

3.4 UEP canne/ligne à main

3.4.1 Description

Une UEP canne/ligne à main se compose comme suit: (1) équipage (une personne); (2) pirogue monoxyle en eucalyptus (1,5 à 3 m de long); et (3) cannes en bambou (2 à 3 m de long) avec une ligne en monofilament de 5 à 6 m et de petits hameçons métalliques de fabrication locale.

La pêche a lieu pendant le jour, en particulier dans la baie de la Brasserie de Gisenyi où d'importantes quantités de drêche (résidus de brassage) sont rejetées. Un grand nombre de pêcheurs travaillent ensemble, ils appâtent en ajoutant encore de la drêche pour accroître la quantité de poissons. La ligne est alors ramenée régulièrement avec la canne dans un mouvement brusque, c'est la technique de l'hameçon volant. L'Appendice 7 montre le détail d'une de ces UEP-canne/ligne à main.

Figure 14: UEP canne/ligne à main: nombre et répartition par strate

Figure 14

Comme on peut le voir dans le Tableau 2, il existe 124 UEP cannes pêchant avec la technique décrite ci-dessus dans la Strate I, dans la baie de la Brasserie de Gisenyi, cette pêche vise la capture de Tilapia spp. Il existe d'autres unités dans cette catégorie, localisées dans d'autres strates, qui pêchent avec des lignes à main pour capturer des Clarias spp. Deux à trois lignes à main appâtées sont utilisées pour cette pêche qui a lieu exclusivement de jour.

Le nombre et la répartition des UEP canne/ligne à main par strate est présentée à la Figure 14.

3.4.2 Effort de pêche et production

Le nombre des sorties mensuelles des UEP canne/ligne à main à été estimé à 15 et la capture moyenne par sortie à 6 kg, soit approximativement 445 tonnes par an. La production annuelle estimée par strate est présentée à la figure 15.

Figure 15: UEP canne/ligne à main: production annuelle estimée (tonnes par strate)

Figure 15

3.4.3 Valeur de l'investissement

Le coût d'une UEP canne/ligne à main typique est d'approximativement 8.600 FRW: pirogue monoxyle 5.000 FRW, installations 2.000 FRW; engin de pêche 1.600 FRW. En conséquence on peut estimer que la valeur de l'investissement des 412 UEP canne/ligne à main est de 3.540.000 FRW soit près de 28.000 US$.

3.4.4 Analyse de rentabilité

L'analyse de rentabilité d'une UEP canne/ligne à main est présentée dans le Tableau 7.

Tableau 7: UEP canne/ligne à main: analyse de rentabilité

DESIGNATIONQUANTITE EN KGNOMBREMONTANT FRW
 (I): COUT D'INVESTISSEMENT   
(a): PIROGUE      5 000
(b): MATERIEL      2 000
(c): (a)+(b)      7 000
(d): ENGIN DE PECHE      1 600
(e): (c)+(d)      8 600
    
(II): COUTS ANNUELS FIXES   
(a): AMORTISSEMENT      1 250
(b): ASSURANCE            0
(c): ENTRETIEN            0
(d): SALAIRE EQUIPAGE            0
(e): FRAIS DE GESTION            0
(f): COUTS FIXES TOTAUX      1 250
    
(III): COUTS ANNUELS VARIABLES   
(a): CARBURANT   
      ESSENCE            0
      PETROLE            0
      MAZOUT            0
(b): LUBRIFIANTS            0
(c): REPARATIONS FILET            0
(d): REPARATIONS PIROGUE            0
(e): REPARATIONS MOTEURS            0
(f): COUTS DIVERS      1 200
(g): PRIME EQUIPAGE            0
(h): COUTS VARIABLES TOTAUX      1 200
    
(IV): COUTS ANNUELS TOTAUX      2 450
    
(V): CHIFFRE D'AFFAIRES ANNUEL   
(a): CAPTURE MOY./NUIT     6  
(b): NB MOY. SORTIES/AN 180 
(c): CAPTURE MOY. ANNUELLE1080           0
(d): COUT MOY. UNITE         100
(e): CHIFFRE D'AFFAIRES ANNUEL  108 000
    
(VI): BENEFICE NET  105 550
 (VII): TAUX DE RENTABILITE COMPTABLE 12,27  

3.5 UEP palangre de fond

3.5.1 Description

Les UEP palangre de fond se composent comme suit: (1) équipage (une personne); (2) pirogue monoxyle en eucalyptus (2 à 3,5 m de long); et (3) palangre de fond habituellement de 25 m de long équipées de 10 à 15 hameçons. L'Appendice 8 donne les détails d'une UEP palangre de fond typique. Le nombre et la répartition des UEP-palangre de fond est présenté à la Figure 16.

Figure 16: UEP palangre de fond: nombre et distribution par strate

Figure 16

La longueur moyenne des palangres de fond utilisées au lac Kivu est présenté à la Figure 17.

Figure 17: Longueur des palangres de fond (en m)

Figure 17

La pêche a lieu exclusivement de nuit. L'appât est constitué de vers ou de morceaux d'Haplochromis spp. Les palangres de fond sont en général relevées deux fois par jour, tôt le matin et au crépuscule.

3.5.2 Effort de pêche et production

Le nombre de sorties de pêche mensuel des UEP palangre de fond est estimé à 8 et la capture moyenne par sortie est de 10 kg soit 30 tonnes par an. La production estimée par strate est présentée à la Figure 18.

Figure 18: UEP palangre de fond: production annuelle estimées (en tonnes par strate)

Figure 18

3.5.3 Valeur de l'investissement

Le coût moyen d'une UEP palangre de fond typique est approximativement de 7.000 FRW: la pirogue monoxyle et les installations coûtent 4.00 FRW, l'engin de pêche coûte 3.500 FRW. En conséquence la valeur des investissements correspondant aux 30 UEP palangre de fond est évalué à 230.000 FRW soit près de 1.850 US$.

3.5.4 Analyse de rentabilité

L'analyse de rentabilité d'une UEP palangre de fond typique est présenté dans le Tableau 8.

Tableau 8: UEP palangre de fond: analyse de rentabilité

DESIGNATIONQUANTITE EN KGNOMBREMONTANT FRW
 (I): COUT D'INVESTISSEMENT   
(a): PIROGUE      2 000
(b): MATERIEL      2 200
(c): (a)+(b)      4 200
(d): ENGIN DE PECHE      3 500
(e): (c)+(d)      7 700
    
(II): COUTS ANNUELS FIXES   
(a): AMORTISSEMENT      6 050
(b): ASSURANCE            0
(c): ENTRETIEN            0
(d): SALAIRE EQUIPAGE            0
(e): FRAIS DE GESTION            0
(f): COUTS FIXES TOTAUX      6 050
    
(III): COUTS ANNUELS VARIABLES   
(a): CARBURANT   
      ESSENCE            0
      PETROLE            0
      MAZOUT            0
(b): LUBRIFIANTS            0
(c): REPARATIONS FILET            0
(d): REPARATIONS PIROGUE            0
(e): REPARATIONS MOTEURS            0
(f): COUTS DIVERS         100
(g): PRIME EQUIPAGE            0
(h): COUTS VARIABLES TOTAUX         100
    
(IV): COUTS ANNUELS TOTAUX      6 150
    
(V): CHIFFRE D'AFFAIRES ANNUEL   
(a): CAPTURE MOY./NUIT    10  
(b): NB MOY. SORTIES/AN 100 
(c): CAPTURE MOY. ANNUELLE1000           0
(d): COUT MOY. UNITE         160
(e): CHIFFRE D'AFFAIRES ANNUEL  160 000
    
(VI): BENEFICE NET  153 850
 (VII): TAUX DE RENTABILITE COMPTABLE 19,98

3.6 Estimation de la production totale

L'enquête KIVUSTAT qui suit les débarquements journaliers des UEP trimarans, a permis d'estimer leur production à 3.793 tonnes qui se décomposent en 2.660 tonnes de L. miodon et 1.133 tonnes d'Haplochromis spp. La présente enquête a permis de plus, de déterminer la capture moyenne et le nombre moyen de sorties de pêche des autres types d'UEP travaillant au lac Kivu, On obtient ainsi les estimations suivantes:

Il convient de souligner que ces estimations ne sont données qu'à titre indicatif. Néanmoins il était important de les présenter ici car, tout en connaissant leurs limites, elles constituent les premières estimations des captures de la pêcherie des UEP traditionnelles.

En conclusion, on peut dire que la production annuelle de la pêcherie artisanale du lac Kivu s'élève approximativement à 7.000 tonnes et qu'à titre indicatif elle se répartit selon les groupes d'espèces de la façon suivante: 3.303 tonnes d'Haplochromis spp. 2.660 tonnes de L. miodon, 694 tonnes de Tilapia spp. et 343 tonnes de Clarias spp. la production annuelle par strate est représentée à la Figure 19.

Figure 19: Lac Kivu: estimation de la production totale annuelle (tonnes par strates)

Figure 19

3.7 Estimation de la valeur de l'investissement

La valeur de l'investissement représenté par chaque type d'UEP a été déterminé dans les sections précédentes, on obtient ainsi les valeurs suivantes:

Figure 20: Pêcheries du lac Kivu: valeur de l'investissement total par type d'UEP et par pays

Figure 20

En conclusion, la valeur totale de l'investissement représentée par l'ensemble de la pêcherie du lac Kivu est estimée à 124.270.000 FRW soit près de 1 million US$ les valeurs se répartissent en: 62,7% soit 46.370.000 FRW ou 623.000 US$ au Rwanda et 37,3% soit 46.370.000 FRW ou 372.000 US$ au Zaïre. Les investissements représentés par les UEP trimaran correspondent à 71,1% de l'ensemble de l'investissement du lac Kivu. La valeur totale de l'investissement des pêcheries répartie par pays et par strates est présenté à la Figure 20.

3.8 Traitement du poisson

le traitement du poisson au lac Kivu se fait de manière simple. Au Zaïre, c'est pratiquement la totalité de la production qui est vendue en frais, seuls les invendus du jour sont conservés, par fumage et/ou séchage au soleil; les poissons les plus gros comme les Tilapia spp. ou les Clarias spp. sont tout d'abord éviscérés avant d'être fumés ou séchés. Des techniques de conservation semblables sont aussi pratiquées au Rwanda. Ce n'est qu'au niveau du traitement du L. miodon que l'on observe des différences.

Alors que la majorité des L. miodon sont vendus frais, il existe trois types de produits conservés, mis au point par le projet PNUD/FAO de Développement de la Pêche au Lac Kivu (Horn, 1983). Deux types de produits congelés mis au point (1) congelé entier, l'Isambaza est lavé et conditionné en sachets plastiques d'un kg mis en forme au moment de la congélation; (2) congelé traite, les poissons sont étêtés et éviscérés avant d'être conditionnés et congelés en sachets de 500 g. Les Isambaza sont aussi séchés au soleil, ils peuvent ensuite être vendus en l'état ou servir de base à la fabrication de farine de poisson après adjonction d'environ 25% de maïs. Cette farine de poissons est destinée à la consommation humaine, elle est conditionnée en sachets de 100 g (Mahy et Farhani, 1990). Divers types de produits fumés ont aussi été mis au point (Diakite, 1988) mais leur coût de production étant élevé et leur durée de conservation réduite, la production a été interrompue.

3.9 Commercialisation et distribution

Les Isambaza pêchés par les UEP trimarans sont vendus dans les trois centres de Gisenyi Kibuye et Cyangugu, mais de plus en plus, ils sont vendus directement sur les sites de débarquements. En 1990 on a identifié 38 sites de commercialisation directe au Rwanda et 32 au Zaïre (Figure 21); On estime que 82% de la production totale est vendue dans ces marchés et que seulement 18% transitent par les centres de pêche (Farhani, 1991). Le poisson est généralement vendu à l'état frais et distribué vers l'intérieur à une distance ne dépassant pas une journée de marche. La seule exception à cette règle concerne la distribution faite par les Centres de pêche dans diverses régions du Rwanda, en particulier à la capitale Kigali, soit directement ou par l'intermédiaire de distributeurs privés (Hanek et al., 1990). Ce secteur d'activité procure de l'emploi à près de 3.340 femmes commerçantes (Farhani, 1991).

Dans la partie zaïroise du lac, les marchés sont mieux développés et mieux organisés. Il existe un comité des pêcheurs artisanaux qui coordonne les activités des pêcheurs et des femmes commerçantes. Il existe trois types de femmes impliquées dans la Dans la partie zaïroise du lac, les marchés sont mieux développés et mieux organisés. Il existe un comité des pêcheurs artisanaux qui coordonne les activités des pêcheurs et des femmes commerçantes. Il existe trois types de femmes impliquées dans la commercialisation: les femmes “Cheftaines”, les femmes grossistes et les femmes détaillantes. La femme cheftaine est l'intermédiaire entre les pêcheurs et les autres femmes commerçantes; elles discutent et se mettent d'accord sur le prix de vente à la caisse et à la mesure de poisson. La femme grossiste achète une caisse entière et la revend à la mesure aux femmes détaillantes qui à leur tour vendent aux consommateurs.

Figure 21: Localisation des marchés

Figure 21

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