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3. PROPOSITIONS POUR UN PLAN DE DEVELOPPEMENT SECTORIEL

3.1. Le contexte

L'industrie de la pêche n'a jamais fait l'objet d'un plan de développement sectoriel au Rwanda (un projet a été élabore lors du quatrième plan, mais il n'a jamais été matérialisé).

La politique du gouvernement en matière de pêche et d'aquaculture s'est traduite jusqu'ici par l'activité des projets financés par le budget de développement du MINAGRI ou par l'assistance extérieure. Le BUNEP (Bureau National d'Etudes et de Projets), en coordination avec le MINAGRI, s'est attaché a l'étude de plusieurs plans d'eau (lacs de l'est et du nord) dans la perspective d'une meilleure planification des efforts de développement. Il a identifié plusieurs projets, dont celui des lacs Bulera/Ruhondo qui est actuellement finance par le gouvernement.

Néanmoins tous ces efforts épars de développement n'ont pas atteint jusqu ici les résultats escomptés, à l'exception du lac Kivu et Ihema. La production nationale n'a pas augmenté selon les prévisions.

La production de l'aquaculture quant à elle progresse lentement. Les récents développements montrent cependant qu'une structure d'encadrement et un renforcement de la formation en vulgarisation assureront probablement une croissance continue de la production.

Le bilan diagnostic des pêches au Rwanda montre qu'il faut intervenir d'urgence pour répondre aux priorités du gouvernement par un effort de coordination de tous les projets en cours, par une centralisation des information et des données statistiques, et par un renforcement en personnel et en matériel de l'Administration des pêches et de l'aquaculture à Kigali. Celle-ci devra par ailleurs disposer d'une autonomie financière relative sans quoi elle ne pourra pas assurer les responsabilités de gestion que le gouvernement lui a confiées.

Pour répondre aux priorités du gouvernement, la Division pêche et aquaculture et la mission FAO ont retenu plusieurs axes stratégiques principaux de développement:

La Division pêche et aquaculture doit aussi bénéficier d'un appui de la base, des pêcheurs eux-mêmes, des autorités locales, communales et préfectorales, sans quoi tout effort de développement de la production sera aléatoire. En effet, une politique de développement doit passer par des mesures restrictives d'accès aux pêcheries ou par des mesures de restriction de l'effort de pêche dans le temps ou dans l'espace. Il n'est pas envisageable d'asseoir une politique des pêches et l'application des mesures prévues dans la nouvelle législation élaborée par la FAO sans la participation active de la population. Ceci répond aux directives présidentielles qui rappelaient lors de l'élaboration du quatrième plan que le processus de consultation lors de l'identification de projets devrait s'étendre à l'ensemble de la population et impliquer de manière plus systématique les autorités locales dans l'identification des projets.

Le MINIPLAN (qui est autorisé à approuver les projets dont le coût ne dépasse pas 2 millions de dollars US) et les Ministères techniques doivent s'assurer que les suggestions de développement des communes s'inscrivent dans la stratégie de développement définie par le comité central et qu'elles assurent un Développement régional équilibré. Cette nouvelle approche requiert une intensification des consultations entre les différentes agences gouvernementales.

Les communes, selon la Banque Mondiale, ont besoin d'une assistance effective des Ministères techniques concernés pour mettre sur pied des programmes articulés qui souvent dépassent les frontières communales ou préfectorales, en particulier en ce qui concerne les problèmes relatifs à la pêche.

Tous les efforts doivent être entrepris pour rétablir sur les plans d'eau rwandais surexploités un niveau de capture optimal concernant les espèces dont le marché est assuré, particulièrement le Tilapia et le clarias. On a vu qu'une amélioration de la commercialisation de l'Isambaza frais du lac Kivu est souhaitable. Ces efforts devraient aboutir rapidement (3 ans) à une augmentation de la production. Ils se justifient par le déficit chronique de la population en protéines animales, par la pression croissante sur les terres cultivables (250 hab/km2) et par un taux de croissance démographique parmi les plus forts d'Afrique (3,7%). Etant donné l'ampleur des problèmes auxquels la population rwandaise doit faire face (sous-emploi, pouvoir d'achat réduit et, par endroit absence d'économie monétaire, problèmes nutritionnels, etc.) les marges de manoeuvre du Gouvernement dans la mise en oeuvre d'une stratégie de développement des pêches sont réduites. Afin de pouvoir, au moindre coût, cibler les bénéficiaires et rendre efficaces les mesures adoptées par la réglementation en vigueur, l'administration des pêches doit mettre en place un processus de consultation à tous les niveaux.

A l'heure actuelle, il n'est pas possible de justifier les interventions dans le secteur par des analyses de faisabilité de projets, par des analyses coûts bénéfices, ni de quantifier les bénéfices économiques, sociaux ou écologiques des interventions proposées. Les données statistiques chiffrées sont trop insuffisantes. Il reste que les inconnues sont trop nombreuses et pour cette raison la Division pêche et aquaculture assistée par la mission FAO a élabore la liste de stratégies que l'on vient de lire et une liste d'actions prioritaires à entreprendre qui s'y rapporte directement et qui vont être discutées plus avant.

A ce stade, une assistance extérieure de la Division pêche et aquaculture se justifie par l'ampleur de la tâche à entreprendre et par un besoin évident de formation en planification des cadres de l'administration des pêches.

Une assistance extérieure ad hoc se justifie pour deux autres raisons. D'abord, l'administration des pêches rwandaises est soumise à des restrictions budgétaires qui ne lui permettent pas de poursuivre pour l'instant ses activités. Ensuite, il est hors de doute que, dans le contexte d'effort de planification qui est entrepris à un, niveau national, les acquis doivent être préservés quitte à être soutenus temporairement par un financement extérieur.

En consultation avec d'autres agences gouvernementales, responsables en particulier de la politique fiscale, avec les communes et les préfectures, l'administration des pêches devra se préoccuper, pendant les années à venir, de tendre vers l'autonomie fonctionnelle du secteur.

3.2. Stratégie de base pour l'élaboration du plan directeur de la pêche et de l'aquaculture au Rwanda

Objectifs a moyen termeStratégies-Autosuffisance alimentaire
-Autosuffisance alimentaire (augmentation de la production halieutique nationale)-Renforcement des institutions nationales et de leurs capacités d'intervention.
-Amèlioration nutritionnelle par l'apport d'un complément protèique.-Rétablissement d'une production équilibrée exploitant les ressources disponibles d'une manière optimale.
-Création de revenus pour la population Développement des ressources humaines par la formation et la création d'emplois-Réglementation de l'accés à la profession et application des mesures choisies.
-Développement des infrastructures économiques et sociales (groupements à vocation coopérative, formation du personnel d'encadrement etc…)
-Renforcement et extension des réseaux commerciaux de distribution du poisson au lac Kivu, renforcement des entreprises artisanales.

STRATEGIESGRANDS PROGRAMMES D'ACTIONACTIONS PRINCIPALES
1. LAC KIVU
Poursuite de l'effort de développement des pêches sur une base autonome, tout en assurant la pèrennité de la ressource.1.1Amélioration de la commercialisation de l'Isambaza1.1.1Transformation des structures productives actuelles en régie autonomie opérationnelle et financière.
1.1.2Appui à un programme d'amelioration et d'extension des réseaux de distribution d'Isambaza. Encouragement des initiatives privées artisanales de commercialisation.
1.1.3Encouragement à la formation de groupements à vocation coopérative des pêcheurs.
1.1.4Assurer la disponibilité en devises pour l'importation de matériel de pêche.
1.2Gestion et amélioration de l'exploitation des ressources.1.2.1Maintien du systéme de suivi et d'analyse des données de la pêcherie (assurer la la continuité dans le temps);
1.2.2Actualisation continue des données nécessaires à la gestion de la ressource.
1.2.3Finalisation de la réglementation pour l'aménagement du lac Kivu, et création d'un cadre d'aménagement sous-régional.
1.2.4A moyen terme, renforcement des capacités de contrôle et de surveillance.
2. PLANS D'EAU PRINCIPAUX
Gestion des ressources et optimisation de la production aquacole.2.1Etablissement d'une politique nationale de gestion rationnelle des plans d'eau, coordination et appui à sa mise en oeuvre.2.1.1Etablissement d'une base de données par plan d'eau
2.1.2Etudes socio-économiques et biologiques selon les priorités en vue des définir le potentiel de capture, le nombre et les modalités des licences à attribuer, et les mesures réglementaires.
2.1.3Elaboration d'un processus de contrôle de l'application des réglements.
2.1.4Sensibilisation et formation des groupements, des encadreurs et des autorités administratives.
2.1.5Définition d'une stratégie géographique et spécifique de réempoissonnement et d'introduction de nouvelles espéces, en accord avec le protocole FAO (étude d'impact écologique et socio-économique).
2.2.Développement de nouvelles pêcheries, et nouveaux produits, amélioration de la commercialisation.2.2.1Pêches expérimentales et études de marché pour le développement de nouvelles pècheries /produit (Haplochomis, farine)
2.2.2Soutien à la production par la mise à la disposition de matériel de pêche agréé (disponibilité de devises).
2.2.3Développement et promotion de nouveaux produits.
2.3.Appui a la mise en oeuvre des programmes de gestion et d'aménagement par lac ou par groupes de lacs selon les priorités définies (2.1.).2.3.1Lac Muhazi. Mise en oeuvre du projet "appui aux communes nord-Muhazi. Priorité: appui à la gestion, réepoissonnement, alevinage, recherche en aquaculture, agropisciculture, élevage en cage et, suivant les études de marché, exploitation des Haplochromis.
2.3.2Lacs Bulera et Ruhondo. Poursuite et réorientation du projet national. Priorités: appui à la gestion, réempoissonnement et introduction de nouvelle espèces.
2.3.3Lacs du Mugesera. Recherche de financement pour un projet d'aménagement. Priorités: études socio-économiques, appui à la gestion, réempoissonnement.
3. AQUACULTURE
 Développement de la capacité de la population à intensifier la production par unite de surface.3.1.Recherche et identification des technologies appropriées.3.1.1Développement de techniques appropriées pour une meilleure utilisation des intrants disponibles au niveau des producteurs, élevages mono-sexes, polyculture, et élevages associés, intégration agriculture-pisciculture.
3.1.2Recherche d'appui pour l'appui de ces techniques au niveau commercial.
3.1.3Recherche sur les techniques de piscicultures applicables aux grands plans d'eaux (cages) à la rizipisciculture, etc…
3.1.4Renforcement et optimisation des moyens de recherche et création d'un groupe de coordination intégrant tout le secteur aquacult
3.2.Vulgarisation des techniques sèlectionnées sur la base des résultats des recherches.3.2.1Poursuite et extension du projet USAID "Aménagement des ressources naturelles, volet pisciculture.
3.2.2Etablissement d'un plan de vulgarisation; révision, périodique, diffusion et application du plan.
3.2.3Poursuite des activités de vulgarisation en cours suivi et évaluation réguliere, identification des zones prioritaires pour l'extension géographique de la vulgarisation.
3.2.4Renforcement de la capacite d'intervention du personnel de vulgarisation par un programme de formation adapté.
3.2.5Mise en oeuvre d'études spécifiques propres à améliorer les performances de la vulgarisation (sources d'intrants, matériel didactique, recensement, compilation actions ONG).
3.2.6Démonstration de nouvelles technologies.
3.2.7Rationalisation de l'utilisation des stations secondaires (transfert au privé).
4. ADMINISTRATION
 Développement des structures institutionnelles et des capacités de planification de coordination et de suivi.4.1Mise en place d'une structure centrale élaborant et exécutant la politique et les stratégies de développement du secteur des pêches et l'aquaculture au Rwanda et coordonnant ses activités.4.1.1Création d'une Direction Générale ou toute autre entité disposant d'une autonomie financière et opérationnelle.
4.1.2Standardisation et centralisation des informations (données) publications etc…)
4.1.3Rationalisation de l'utilisation des moyens et des compétences disponibles en matiere de recherche et de gestion des ressources (Gisenyi, Rwasave/UNR, Muhazi)
4.1.4Renforcement des capacités de planification et de suivi/évaluation des projets.
4.1.5Mise en application de la législation et des réglements des pêches; clarification des attributions administratives et autres.
4.1.6Formation: identification des besoins en formation, définition des secteurs prioritaires, coordination de l'attribution des formations au Rwanda et à l'étranger de façon à les adapter aux besoins.

N.B.  Financement a rechercher pour un projet principal d'appui à l'amenagement des plans d'eau, en particulier pour le contròle de l'effort et de l'empoisonnement. Le projet devrait avoir un volet “étude de marche” au niveau national, et pour soutenir la production, il devra mettre à la disposition des pêcheurs rwandais du matériel de pêche réglementaire.

N.B.  Aucun projet majeur n'est prévu à ce stade, mais la consolidation des actions en cours nécessitent le financement d'actions localisées. (Projet pilote de rizipisciculture: financement à rechercher).

3.2.1. Mise en place d'une structure permanente de planification des pêches et de l'aquaculture

La mise en place d'une structure de planification permanente du secteur pêche et aquaculture au Rwanda est contingente du renforcement (i) des capacités administratives de l'actuelle Division pêche et aquaculture, (ii) de la participation des pêcheurs, (iii) de l'encadrement associatif, (iv) de la formation des moniteurs piscícoles et de la vulgarisation, et (v) de la recherche appliquée.

A terme, ceci devrait déboucher sur une meilleure coordination des interventions dans le secteur des pêches et de l'aquaculture fussent-elles élaborées par des projets nationaux ou sur financement extérieur, et à une meilleure allocation des ressources par la préparation concertée et le suivi des projets (études préparatoires, identification, préparation des budgets, suivi et évaluation).

A moyen terme, les efforts déployés pour combler les lacunes dont souffre le secteur en matìere de données socio-économiques et biologiques devront permettre de mieux concentrer les efforts de développement et de favoriser l'application de la réglementation.

Un effort permanent de formation du personnel d'encadrement devra permettre à l'administration des pêches d'adapter sa réglementation et les mesures politiques d'aménagement choisies en harmonie avec la réalité du terrain et en accord avec les grandes lignes stratégiques choisies par le Gouvernement.

Ce processus permanent de planification devra aboutir à moyen terme à une augmentation de la production nationale et à une réduction des coûts indirects d'intervention. A long terme le secteur pêche et aquaculture devrait pouvoir s'autofinancer partiellement.

Les efforts prioritaires de l'administration des pêches devront se concentrer sur une réduction générale de l'effort de pêche sauf sur le lac Kivu et Ihema, sur l'obtention rapide de toutes les informations nécessaires aux choix d'alternatives possibles en matière de développement (études de marché nationale et régionale, études socio-économiques, études biologiques) et sur le maintien des acquis en matière de soutien à l'industrie des pêches et de l'aquaculture et à I'encadrement (approvisionnement régulier en matériel de pêche réglementaire et maintien du personnel d'encadrement en place).

Les objectifs de développement ont été fixés ainsi que les grandes lignes stratégiques. Les mesures à prendre différent selon les plans d'eau ainsi que les instruments à disposition de l'administration.

3.2.2. Division des pêches et de l'aquaculture à Kigali

Il est vain d'envisager le développement des pêches et de l'aquaculture sans la mise en place d'une structure centrale élaborant et exécutant la politique et la stratégie de developpement du secteur, et coordonnant toutes ses activités.

Il faut commencer par créer une Direction Générale ou une entité analogue disposant d'une autonomie financière et opérationnelle.

La vulnérabilité de la ressource, la rapidité avec laquelle les facteurs biologiques et productifs changent, et l'urgence d'adopter des mesures efficaces à moindre coût requiérent que l'administration des pêches dispose d'une autonomie de décision et d'une autonomie budgétaire et façon à assumer ses responsabilités.

Pour l'instant la Division à Kigali dispose de trois personnes seulement et d'une seule voiture mise à disposition par le projet pêche Kivu, son cahier des charges ne peut être rempli par le personnel actuel. L'absence de budget autonome, de surcroit, rend toute intervention laborieuse et, souvent, ses effets aléatoires; le milieu sur lequel elle doit intervenir ayant change dans l'intervalle.

L'ampleur de la tâche demande à ce que les structures centrales soient renforcées par le recrutement de personnel additionnel et par l'assistance d'une expertise expatriée.

La mise en oeuvre du plan quinquennal devra commencer par la mise en place d'un système de suivi du développement de la pèche et de l'aquaculture. Celui-ci assurera la standardisation et la centralisation des informations (données statistiques, publications, et..) l'etablissement d'une base de données par plan d'eau (captures, effort de pêche, nombre de pêcheurs, distribution des produits etc…), ainsi que la coordination de la recherche appliquée (recherche socio-économique et biologique). Ceci devrait aboutir à une meilleure définition du potentiel de capture des plans d'eau rwandais et du tissu social qui entoure les lacs. De plus, grâce à deux études de marché, l'une nationale l'autre régionale, il est prévu d'avoir une meilleure connaissance de la demande nationale, de l'offre au niveau régional, de la structure des prix et des incidences directes des importations sur la production nationale. Enfin, une stratégie en matière d'introduction de nouvelles espèces devra être définie. La Banque Mondiale est en train d'organiser un système de collecte statistique au Rwanda, il serait utile que la Division pêche et aquaculture s'en inspire.

Grâce à une connaissance approfondie du secteur et à un système de suivi constamment remis à jour, il sera plus facile à l'administration des pêches d'établir les modalités d'attribution de licences ou de concessions, de discuter et mettre en place un système de taxes avec les communes, de les harmoniser entre eux et de décider des allocations prioritaires du secteur. Le renforcement des connaissances de base est essentiel pour rendre plus efficace et moins coûteux la mise en application de la législation des pêches. Parallèlement. l'administration des pêches devra, en entente avec tous les Ministère et les ONG concernés, les communes et les préfectures, clarifier les attributions administratives et les responsabilités d'intervention sur le terrain. Il arrive en effet trop souvent que des mesures de toutes sortes soient prises sans aucune coordination entre les agences gouvernementales ou les projets (taxes, mesures de police, subsides, établissement de coopératives etc…). Les responsabilités au niveau du respect des réglementations, de l'encadrement, du prélèvement des taxes, de la formation doivent être définies, et la Direction des pêches devra être informée de toute intervention, aussi bien de la part des entités nationales que des projets.

En ce qui concerne l'aide extérieure, les donateurs devront travailler de près avec l'Administration des pêches et de l'aquaculture. Ils devront également être prêts à adapter leurs programmes de façon à les insérer dans la politique du Ministere de tutelle. Le nouveau Comité Interministériel de Coordination (CIC) chargé de coordonner l'aide extérieure au niveau du MINAFFET (Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale) pourrait être un instrument utile à cet effet.

La stratégie de base du gouvernement a évolué d'une approche de développement rural intégré vers une politique qui tend a renforcer les services à un niveau national, particulièrement la recherche agraire et la vulgarisation. Le rôle du MINAGRI prend en conséquence de l'importance. Cette nouvelle approche requiert un effort particulier de formation. La Direction des pêches et de l'aquaculture devra en priorité identifier les besoins en formation, aussi bien localement qu'à l'étranger. Les secteurs prioritaires doivent être définis afin de permettre l'amélioration de la stratégie de déploiement du personnel de terrain et le maintien en place des agents formés.

La coopération régionale devrait être renforcée avec les pays voisins pour l'aménagement des lacs-partagés. Les accords devraient être signés entre le Rwanda et le Zaïre pour l'aménagement du lac Kivu. La collaboration avec le projet régional FAO-PPEC basé à Bujumbura (RAF/87/099 en matière de planification, avec la CEPGL et. l'IRAZ en matière d'aménagement des plans d'eau partagés et de recherche hydrobiologique doit être poursuivie.

Enfin en ce qui concerne l'aquaculture, il a été proposé de mettre en place un mécanisme de concertation régionale concernant la pisciculture à haute altitude.

En vue de faciliter la gestion autonome de l'Administration des pêches il a été proposé d'instituer un fonds de développement de la pêche et de l'aquaculture qui serait alimenté dans un premier temps par la vente des filets importés. Après avoir trouvé les fonds en devises nécessaires à l'importation du matériel réglementaire, un projet devrait gérer ces fonds et instaurer les mécanismes nécessaires au fonctionnement du fonds de roulement. Il est recommandé que les filets soient vendus à des grossistes de la place qui restent à déterminer. Dans un deuxième temps les différentes modalités qui pourraient alimenter le fonds de roulement (taxes, licences, concessions etc…) devront être étudiées. Le projet d'appui à la planification devra mettre en place les mécanismes nécessaires à une plus grande autonomie de l'Administration des pêches et de façon à ce que, vers la fin du projet (3 ans), le secteur puisse continuer a se développer sur une base économiquement saine.

3.2.3. La gestion des plans d'eau principaux (à l'exception du lac Kivu)

Afin de répondre aux priorités du gouvernement, les efforts de développement des pêcheries rwandaises doivent se concentrer sur la gestion rationnelle des ressources et l'optimisation de la production aquacole. De cette façon la production nationale devrait augmenter significativement et pourrait en conséquence améliorer la couverture nutritionnelle en protéines animales.

A ce jour, on l'a vu, les interventions du MINAGRI dans le secteur des pêches ont été exclusivement basées sur des projets, financés parfois par l'aide extérieure.

Le bilan diagnostic du secteur des pêches montre qu'il faut réduire l'effort de pêche partout, sauf sur les lacs Ihema et Kivu. A cet effet il faut établir une base de données par plan d'eau pour tout le territoire national. Les données statistiques qui sont actuellement à disposition de la Division pêche et aquaculture sont en général discutables étant souvent de pures estimations. Elles ne peuvent pas la plupart du temps servir de base à l'élaboration d'une politique d'aménagement par plan d'eau.

Les mesures d'aménagement prévues dans le nouveau cadre juridique préparé par la FAO ne peuvent pas être sérieusement appliquées avant que des informations statistiques de bases soient disponibles. En effet, les rapports existants sont souvent différents d'une année à l'autre et ne reprennent pas les mêmes catégories de données rendant les analyses impossibles.

L'organisation d'une collecte de données statistiques harmonisée au niveau national doit être un premier pas vers l'élaboration de stratégies détaillées par plan d'eau. Pour cela, l'Administration des pêches dispose de l'expérience de plusieurs projets, expérience qu'il faudrait par endroit améliorer, mais surtout coordonner (projet FAO Kivu, projet Muhazi, projet BGM Bugesera, ex projet Mpanga).

En premier lieu il faudra assurer que les données requises sont utiles à l'application des mesures d'aménagement, à l'amélioration des structures d'encadrement et à la recherche appliquée les données devront être récoltées sur le terrain et mises à jour à intervalles réguliers. Les données statistiques devront au moins comprendre les points suivants: nombre de pêcheurs, enregistrés ou non dans les groupements, nombre de pirogues, nombre d'engins de pêche par catégorie, production moyenne par engin de pêche, production par espèce, taille moyenne des poissons capturés, nombre de coopératives ou de groupements, le prix du poisson par espèce et par catégorie à l'achat et à la vente devrait être mentionné ainsi que les taxes auxquelles les pècheurs et les commerçants sont soumis. De plus si le plan d'eau concerné fait l'objet d'un réempoissonnement ou si de nouvelles espèces ont été introduites, ces informations quantifiées doivent figurer sur les relevés statistiques.

L'établissement d'une telle base de données permettra de répondre rapidement et d'une manière adéquate aux variations de l'effort de pêche et de la ressource. Elle permettra également de mettre en place les mesures d'aménagement prévues par la loi.

Des enquêtes socio-économiques devront être menées afin de mieux cerner les modalités d'application des mesures d'aménagement les mieux adaptées à la réalité du terrain.

La mauvaise exploitation des lacs rwandais a des causes évidentes; des méthodes de pêche non discriminatoires, un nombre trop important de pêcheurs, un nombre trop important d'engins de pêche, un maillage trop petit etc… Ces causes néanmoins doivent être étudiées de plus près dans leur cadre particulier. Les variations importantes et incontrôlées de l'effort de pêche provoquent aussi des variations importantes de la production. Les lacs du Mugesera, du nord et de l'est sont l'objet d'un phénomène cyclique de regains d'activités de pêche suivies de leur abandon.

L'évolution des pêches rwandaises depuis les années 1970, et l'augmentation spectaculaire du nombre de pêcheurs actifs sur les plans d'eau semblent indiquer d'une part que les revenus des pêcheurs sont attrayants (singulièrement plus elevés que les revenus tirés des activités de la terre), d'autre part il peut également refléter selon les endroits un sous-emploi croissant et un repli sur les activités halieutiques, seul exutoire à la pression sur les terres dans les zones des lacs (la Banque Mondiale estime le sous-emploi au Rwanda à 30% de la population active en 1989).

Les lacs du Mugesera, du nord, du Bugesera et le lac Muhazi devraient faire l'objet d'études socio-économiques appropriées afin de mieux définir le tissu social. La professionnalisation de la pêche qui s'inscrit dans la nouvelle politique du gouvernement doit faire l'objet d'une étude. Si elle se justifie sur les lacs Kivu et Ihema, deux plans d'eau où l'effort de pêche est sous contrôle et où il n'a vraisemblablement pas atteint ses limites, le cas est différent sur les autres plans d'eau. Il y faut en conséquence entreprendre des études avec la collaboration des autorités communales afin de voir d'abord qui sont les pêcheurs, quelle est la part des activités de pêche comparée à leurs autres occupations, et quel serait le destin des pêcheurs, fussent-ils pêcheurs à mi-temps, si l'accès aux plans d'eau leur était interdit. Ce travail devra se faire également avec le personnel d'encadrement. Il n'est pas pensable d'exercer un contrôle de l'effort de pêche qui soit efficace sans une connaissance des pêcheurs et de leurs motivations professionnelles et économiques et du coût d'opportunité du travail dans les zones concernées.

L'expérience des lacs du Sud-Est de l'Akagera ont montré qu'une division du travail excessive et qu'une concentration et un monopole des moyens de production ont rendus caduc les efforts d'aménagement des trois lacs. On y a observé un effort de pêche excessif, une recrudescence des vols de filets et la poursuite de l'utilisation de techniques de pêche prohibées (pêche à l'insecticide, pêche à la frappe).

Sur tous les plans d'eau du Rwanda, sauf sur les lacs Kivu et Ihema, il faut reprendre un travail de fonds, et déterminer sans ambiguïté qui seront les bénéficiaires de l'industrie de la pêche, comment doit s'articuler la politique fiscale des communes, la délivrance des licences de pêche ou la cession des concessions. Il faudra plus en amont estimer les rentrées monétaires qui alimenteront le fonds de développement et enfin, il faudra assurer l'efficacité du contrôle de l'effort de pêche dont le succés dépend principalement d'une responsabilisation des populations riveraines et assurer aussi une distribution équitable des privilèges de pêcher (privilèges qui pourraient se justifier soit par le professionnalisme, soit par l'ancienneté dans la profession, soit par l'appartenance à un groupement etc…) Il n'est pas à exclure que des mesures de compromis doivent être adoptées dans l'octroi des licences de pêche. La professionnalisation des activités de pêche pourrait par endroit générer des emplois (fabrication de pirogues, surveillance des plans d'eau) auxquels pourraient éventuellement s'adonner ceux qui seraient exclus des activités de pêche.

Les études socio-économiques nécessaires a la mise en place d'une stratégie articulée par plans d'eau devront se concentrer dans un premier temps sur les lacs du nord dont l'aménagement a déjà commencé (fermeture temporaire de la pêche), sur le lac Muhazi où le braconnage est endémique et érode tous les efforts d'aménagement, sur les lacs du Sud-Est de l'Akagera, Mpanga, Nasho et Cyambwe ou le projet Rhénanie Palatinat n'a pas su endiguer les abus. les vols, le braconnage et l'effort excessif de pêche, enfin sur les lacs Mugesera, Saké et Bilira où les activités de pêche, on l'a vu sont laissées à elles-mêmes sans contrôle et sans encadrement efficace.

Les lacs du Bugesera, grâce à l'activité des groupements, semblent être exploites d'une manière plus rationnelle. Pourtant, le braconnage sur les lacs Rweru et Cyohoha sud, et les vols de filets, sont endémiques. Le problème devrait attirer l'attention des communes riveraines du Rwanda et du Burundi.

L'expérience montre au Rwanda que les activités de surveillance sur les plans d'eau demandent pour être efficaces la participation des populations riveraines. Ces activités sont très difficiles à gérer; des solutions doivent être trouvées localement sans intervention de police, interventions coûteuses et souvent inefficaces pour deux raisons: la dispersion des plans d'eau qui rend difficile les activités d'une seule unité de police pour le pays, et la facilité qu'ont les pêcheurs d'échapper à tout contrôle extérieur en se cachant dans les papyrus.

Les mesures de réempoissonnement et d'introduction de nouvelles espèces font partie de la politique de la Division pêche et aquaculture en vue d'améliorer le rendement des plans d'eau rwandais et d'augmenter la production. Les interventions qui ont eu lieu par le passe ont manqué de rigueur tant en ce qui concerne les études préalables à l'introduction de nouvelles espèces que le suivi statistique des mesures de réempoissonnement (lacs du nord et lac Muhazi particulièrement). Il faut que l'Administration des pêches définisse une stratégie spécifique en la matiere. La mission FAO recommande que le projet du lac Muhazi serve de projet pilote en ce qui concerne le réempoissonnement. Les résultats obtenus sur ce lac pourront servir, selon les résultats obtenus à définir une politique géographique spécifique en la matière. Quant à l'introduction de nouvelles espèces, la mission FAO recommande des études spécifiques des niches écologiques vacantes et l'application du protocole FAO en la matière. Les études préliminaires du BUNEP (Bureau National et Etudes de Projets) constituent une base de départ utile à la définition des alternatives possibles. De plus, les deux études de marché proposées, régionale et nationale, devront fournir les indications nécessaires au gouvernement pour pouvoir choisir les options stratégiques concernant l'introduction éventuelle de nouvelles espèces. Il n'est en effet pas certain que les stocks importants d'Haplochromis sous-exploités, dont la pêche est pratiquée à titre expérimentale sur le lac Muhazi par exemple, puisse trouver un marché important au Rwanda considérant le prix de vente de la farine qui en est tiré, directement concurrencée par des produits étrangers bien meilleur marché et qui trouvent la préférence du consommateur. L'introduction de Capitaines proposée à plusieurs reprises ferait usage des stocks d'Haplochromis dans la chaîne alimentaire, il reste cependant que les effets annexes devraient être étudiés et considérés avant toute prise de décision.

Un projet de soutien à l'aménagement des plans d'eau rwandais est nécessaire à ce stade afin d'assurer un appui indispensable aux structures gouvernementales. En étroite collaboration avec l'Administration des pêches ce projet devra mettre en oeuvre les mesures d'aménagement rationnel des plans d'eaux qui suivront les études préliminaires nécessaires à leur application. Il devra également assister l'administration à coordonner entre elles les interventions. A la fin de la période du projet (3 ans), les structures gouvernementales devraient pouvoir assurer la poursuite des activités.

Un petit projet additionnel est proposé pour les trois lacs du Mugesera. Il devrait être mené par une équipe nationale sous la supervision du projet principal d'appui à la gestion des pêches. Ce projet devrait se concentrer sur une étude socio-économique dans la perspective d'une politique d'aménagement. Il devrait également étudier les problèmes et les possibilités de réempoissonnement en collaboration avec le projet du lac Muhazi.

3.2.4. Le développement des pêches au lac Kivu

La production d'Isambaza au lac Kivu est passée en 10 ans d'une quantité insignifiante à 1080 tonnes pour la partie rwandaise en 1990, dont la moitié presque est débarquée aux trois sites du projet pêche. Les dernières estimations fixent un potentiel de 2940 tonnes pour la partie rwandaise du lac. A compter 475 tonnes environ de captures en Haplochromis, la ressource Isambaza encore disponible s'approcherait des 860 tonnes (ce que les recherches du projet doivent encore vérifier). Il n'est pas sûr que la relation effort physique/revenus (les trimarans ne sont pas motorisés) convainquent les pêcheurs d'étendre leur rayon d'action. Ceci restera à vérifier.

Le projet de développement de la pêche au lac Kivu (RWA/87/012) se termine en décembre 1991. Au cours d'une réunion tripartite en automne 1990, la Division pêche et aquaculture, le PNUD et la FAO ont analysé les résultats obtenus et proposé la mise en place d'une entité de développement avec autonomie oprelle et financière, dénommée “Régie de la Pêcherie du lac Kivu”. Les activités de recherche scientifiques seront prises en charge par le budget ordinaire du MINAGRI, tandis que les activités productives devraient pouvoir s'autofinancer.

La réunion tripartite justifie la prise en charge des activités productives par le projet (achat du poisson aux pêcheurs, transformation et vente des produits) considérant le problème des fluctuations des captures d'Isambaza et des goulots d'étranglement qui en résultent. Jusqu'à aujourd'hui, la politique des prix fixes a été jugée nécessaire pour assurer les débarquements au projet. Elle a érodé les bénéfices du projet en assurant un prix plancher en période de surproduction lorsque les prix des marchés parallèles baissaient. Suite de quoi le projet doit commercialiser le poisson séché qui représente le surplus non vendu frais. On a vu dans le bilan diagnostic que ce produit est cher et qu'il est directement concurrencé par le Ndagala étranger séché vendu moins cher et préféré par le consommateur rwandais.

La mission FAO recommande que tous les efforts soient déployés pour améliorer la commercialisation de l'Isambaza en frais aussi bien au niveau de la vente par le projet qu'au niveau de l'entreprise privée hors des sites de débarquement du projet. A moyen terme il est souhaitable que les prix soient libéralisés et suivent la loi de l'offre et de la demande. Afin que l'abandon des prix fixes n'ait pas d'effets néfastes sur la continuation des activités de pêche au lac Kivu, toutes les initiatives privées artisanales qui tendent à améliorer la commercialisation du poisson frais doivent être encouragées en priorité. A travers un petit programme de crédit, les commerçants pourraient obtenir de la menuiserie du projet des boîtes isothermes bon marché transportées ensuite avec de la glace entre les points de débarquement et les centres urbains. Des informations passées par radio pourraient informer les commerçants de Kigali par exemple de la disponibilité en poisson. Une machine à glace pourrait être installée à Kibuye et rentabilisée par la vente de glace aux marchands de bière.

L'abandon des prix fixes à long terme devrait permettre au marché de l'Isambaza de trouver une dynamique propre sans coûts indirects. Il reste également à vérifier quels seront les effets de la récente dévaluation du Franc rwandais sur les prix du poisson séché importé et quelles seront les incidences sur la vente de l'isambaza séché.

La mission FAO suggère qu'un petit projet d'appui à la commercialisation de l'Isambaza aide pendant 3 ans au moins l'entité de développement proposée par la réunion tripartite et l'Administration des pêches à Kigali, à développer des réseaux de commercialisation viables dans le contexte national, des réseaux de à petite échelle qui encourageraient l'entreprise de caractère artisanal.

Parallèlement un effort devrait être fait au niveau de l'encadrement des pêcheurs (groupements, coopératives) et au niveau des structures associatives des petits commerçants. A long terme l'etablissement de groupements au niveau des producteurs et des commerçants devrait instituer un mécanisme de régulation des prix et de l'effort de pêche.

La collecte statistique des débarquements relevée par le biostatisticien du projet devra continuer en collaboration avec le projet d'appui à la commercialisation.

A considérer l'effort actuel de pêche et la production potentielle estimée du lac, il n'est pas sûr que les capacités de surveillance doivent être, renforcées dans l'immédiat. Elles pourraient l'être dans l'avenir si d'une part, la production augmentait jusqu'au point d'équilibre que les recherches actuelles s'efforcent de déterminer, et si, d'autre part, des pratiques de pêche dangereuses pour la pérennité de la ressource étaient pratiquées à grande échelle.

Un petit projet d'appui, assisté par le projet principal de planification devrait également assurer à l'aprés projet le maintien du suivi et d'analyse des données, leur actualisation et leur utilisation en vue de définir le potentiel de capture et l'effort de pêche optimal.

La réglementation pour l'aménagement du lac entre le Zaire et le Rwanda devrait être finalisée.

Concernant l'environnement économique du projet, la mission a repris les conclusions de la réunion tripartite, les marchés parallèles de l'Isambaza autour du lac Kivu n'étant pas connus pour l'instant.

L'après-projet

Le bilan des activités du projet a montré que le degré de rentabilité des activités commerciales du projet est directement en relation avec la quantité d'Isambaza séché produite. L'installation de deux conteneurs frigorifiques à Gisenyi et à Kigali devrait permettre de décroître la quantité de poissons séchés et augmenter les bénéfices du projet en 1991 et les années suivantes.

Le MINAGRI représenté par la Division pêche et aquaculture, le PNUD et la FAO, ont lors de la réunion tripartite, élaboré les grandes lignes de l'après projet qui sera chargé d'encadrer les activités de pêche sur le lac Kivu. Les besoins en personnel ont été définis, ainsi que la stratégie commerciale, des scénarios pour la production des divers produits d'Isambaza par les centres de pèche, et les structures de gestion et d'administration. Il a été propose une structure qui regroupera les activités productives actuelles soutenue par une unité de développement des pêches (UDP) qui continuera à fournir un appui technique aux pêcheurs artisanaux du lac Kivu mettant à leur disposition le matériel de pêche et autre dont ils ont besoin, et qui assurera aussi la réparation et l'entretien des moteurs hors-bord et continuera l'entretien les pirogues.

Personnel

Le personnel nécessaire à la réalisation de l'après projet est. Il est constitue de la direction du personnel des trois centres de pêche avec un chef de centre à leur tête, du dépôt de Kigali qui servira de magasin de vente en gros et d'une UDP qui assurera le support technique aux pêcheurs artisanaux. Le personnel est réduit d'un tiers à la fin du projet. Il serait possible d'obtenir d'autres réductions de personnel s'il s'avérait possible de privatiser le dépôt de Kigali. La stratégie en matiere de personnel consiste à maintenir un noyau minimum de personnel et à faire appel à une main d'oeuvre temporaire quand le besoin s'en fait sentir suivant les variations de production et la saisonalité des activités.

La stratégie de production

Les calculs effectués par le projet montrent (Tableaux 1 et 2) que tous les produits d'Isambaza sont rentables à l'exception du poisson séché (la vente de la farine a jusqu'ici été pratiquée à très petite échelle, il n'est pas sûr qu'elle trouve des débouchés importants à l'exception peut-être de campagnes nutritionnelles nationales ou organisées par des ONG ou des agences des Nations Unies). Le projet, pendant la durée de son existence se chargera de vulgariser et de promouvoir la farine d'Isambaza, cette mesure concerne particulièrement le centre de Kibuye qui, par sa position excentrée, manque de bonnes communications routières (la demande locale y est également faible). La fonction principale du centre de Cyangugu devrait se réduire à la vente en gros et à l'absorption de la surproduction occasionnelle dans la zone. La proximité de Bukavu (Zaïre) où la population est importante et le poisson fort apprécié assure une forte demande à un prix relativement elevé.

Tableau 1 Projections estimatives : production et sa répartition

 GISENYIKIBUYECYANGUGUTOTAL
Production totale (t)%150%100%50300(% Vente)
     
Répartition        
- Poissons frais7010510103517,5132,568,5%
- Pois. Séchés10    3,75801560  7,5  26,2513,6%
- Pois. cong. entiers  4    6  55  3  1,5  12,56,4%
- Pois. cong. traités  6    6  53,33  2  0,67  105,2%
- Farine10    5,28  -7,04--  12,3206,3%
     
CHIFFRE D'AFFAIRES ESTIME12.488.1007.841.6003.534.200  3.863.900-    
     
Production totale (t)%200%150%50   400 
     
- Pois. frais7014010  153517,5   172,567,7%
- Pois. séchés10    580  2560  7,5     37,514,7%
- Pois. cong. entiers  4    8  5    7,5  3  1,5     176,7%
- Pois. cong. traités  6    8  5    5  2  0,65     13,675,4%
- Farine10    7,04  -    7,04-  -     14,085,5%
     
CHIFFRE D'AFFAIRES ESTIME16.651.34011.438.3003.534.20031.623.840-    
     
Production totale (t)%350%200%50        600 
Répartition        
- Poissons frais7024510203517,      282,5070,6%
- Pois. séchés10    8,75803560  7,        51,2512,8%
- Pois. cong. entiers  4  14  510  3  1,        25,56,4%
- Pois. cong. traités  6  14  5  6,67  2  0,67        21,345,3%
- Farine10  12,32  -  7,04     -        19,364,8%
     
CHIFFRE D'AFFAIRES ESTIME29.139.71015.035.0003.534.20047.708.910-    

Source : Projet de Développement de la Pêche au lac Kivu (RWA/87/012)

Tableau 2 Estimation des résultats globaux

PRODUCTION300 t400 t600 t
1.Chiffre d'affaires- Poissons23.863.84031.623.84047.708.910
 - UDP     800.000     800.000     800.000
   Total24.663.90032.423.84048.508.910
2.Charges fixes    
- Dotations aux amortissements  1.976.560  1.976.560  1.976.560
- Salaire du personnel  5.053.000  6.073.250  6.287.500
- Frais de gestion     310.000     310.000     310.000
 Charges totales fixes  7.589.560  8.359.810  8.574.060
3.Charges variables   
- Achat de poissons14.000.00018.500.00028.000.000
- Emballages    129.750    178.794     284.201
- Eau + électricité    150.000    200.000     300.605
- Transport    480.625    635.104  1.000.605
 - Autres achats (Mais)     46.600     73.500     101.000
 Charges totales variables14.806.97519.587.39829.584.806
4.Charges totales 2 + 322.396.53527.947.20838.158.866
 Résultat net (1 – 4)  2.267.365  4.476.63210.350.044

Source : Projet de Développement de la Pêche au lac Kivu (RWA/87/012)

La réunion tripartite, notant qu'un profit est actuellement réalisé sur tous les produits d'Isambaza, à l'exception du poisson séché, a relevé qu'il est essentiel, dans un premier temps de ne pas séparer le secteur secondaire (traitement des Isambaza et préparation de produits différents) du secteur tertiaire. Ceci pour éviter les erreurs précédemment commises dans des tentatives préalables de transition du projet à l'après-projet (comme l'ancien projet RWA/87/003 Assistance au CNPE par exemple) et aussi pour assurer la rentabilité des investissements faits par le gouvernement.

Il est proposé que:

Stratégie en matière de prix

Il est indispensable d'adopter dans l'après projet une politique de prix adaptée à l'offre et à la demande. La tâche la plus importante consistera à résoudre le problème du prix des Isambaza séchés.

Cadre institutionnel de l'après-projet

La Régie de la Pêcherie du lac Kivu est dotée d'un statut juridique qu'en définit les missions et les responsabilité tout en lui conférant une autonomie opérationnelle et financière sous le contrôle du Ministre ayant la pêche dans ses attributions.

Conclusions et recommandations

La réunion tripartite a proposé de regrouper dans l'après projet les activités productives du projet actuel, c'est-à-dire production et commercialisation des divers produits d'Isambaza “Régie de la Pêcherie du lac Kivu” et de lui adjoindre une Unite de Développement et la Pêche (UDP) qui assurera le support technique aux pêcheurs artisanaux du lac Kivu. En conséquence, la nouvelle entité pourra ainsi gérer et assurer le fonctionnement des trois centres de Gisenyi, Kibuye et Cyangugu, du dépôt de Kigali et de l'UDP.

Compte tenu du fait que la rentabilité du projet est directement liée à la quantité d'Isambaza séché produite, il est vivement recommandé de tout faire pour en limiter la production au minimum.

Il est primordial que l'après projet adopte une stratégie de commercialisation et de distribution du poisson qui à moyen terme devraient être adaptée aux lois du marché.

3.2.5 Le secteur de l'aquaculture

La gestion du secteur est assurée par le Service National de Pisciculture de Kigembe en étroite collaboration avec les projets d'aménagement des ressources naturelles et de recherche en dynamique productive des étangs, financés par USAID et le projet d'étude des élevages associés financé par le FED.

La revue sectorielle a analysé l'évolution du secteur. Les efforts de développement misent sur la capacité de la population rurale en possession d'étangs piscicoles à intensifier la production par unité de superficie. Les deux volets importants qui soutiennent cette stratégie sont la poursuite de la recherche et l'identification des technologies appropriées, et la vulgarisation des techniques sélectionnées sur la base des résultats obtenus par les stations de recherche de Kigembe et de Rwasave.

A ce stade aucun projet majeur supplémentaire n'est prévu pour appuyer le développement du secteur, cependant la consolidation des actions en cours nécessitent le financement d'interventions localisées, un petit projet pilote par exemple de rizipisciculture devrait poursuivre les essais qui ont été effectués dans le milieu des années 1980 sur financement canadien.

A l'avenir, la vulgarisation piscicole se concentrera sur l'intensification de la production par superficie plutôt que sur l'extension géographique. Cette dernière ne se fera que dans les régions présentant des potentialités élevées de production piscicole.

Le manque de coordination constitue le problème majeur de la vulgarisation et de la recherche piscicole. Les intervenants sont nombreux (ONG) dans la vulgarisation. Il est urgent que la Division pêche et aquaculture coordonne leurs activités afin que les thèmes de vulgarisation soient homogènes, et les techniques de production piscicole à vulgariser, concordantes. Il est recommandé, pour la recherche piscicole qu'il soit institué un comité consultatif entre les services de vulgarisation et ceux de la recherche piscicole.

Au niveau central, la Division pêche et aquaculture, en coordination avec les stations de Kigembe et Rwasave devra rester en contact étroit avec les Ministères et les projets concernés par l'aménagement des marais. La recherche poursuivra le développement de techniques appropriées pour une utilisation meilleure des intrants disponibles au niveau des producteurs; élevage monosexe, polyculture, élevages associés, intégration agriculture-pisciculture. Elle tentera d'améliorer les techniques de pisciculture applicables aux grands plans d'eau (cages flottantes) et à la rizipisciculture.

Il a été démontré que le succès de la pisciculture familiale en milieu rural dépend en grande partie de l'intensité de la vulgarisation. Les efforts devront continuer dans ce sens. La station de Kigembe devra établir un plan de vulgarisation qui sera révisé périodiquement. Les zones prioritaires où il est nécessaire que les services de vulgarisation intensifient leurs activités doivent être identifiées, ainsi que les modalités de leur extension.

Il faut également renforcer la capacité d'intervention du personnel de vulgarisation par un programme de formation continue, et mettre en place un système de collecte statistique en directe collaboration avec la Division pêche et aquaculture à Kigali.

Enfin, il faut rationaliser l'utilisation des stations secondaires, et les transférer au secteur privé si elles ne font pas preuve de leur utilité publique.

Il est extrêmement important que l'Administration du secteur à Kigali soit dûment informée de l'évolution de la pisciculture au niveau national en chiffres et en qualité.

La possibilité d'imposer une taxe sur l'occupation des terres de marais par les étangs piscicoles devrait également être discutée avec les communes. Bien que fort réduite, elle pourrait alléger les charges financières du service de vulgarisation et lui permettre d'étendre ses activités.


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