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3. CAPACITES DES CRITERES ET INDICATEURS ACTUELS A INFLUENCER LES DECIDEURS POLITIQUES

Comme cela a été identifié lors de nombreux forums, le manque d’engagement politique face à la gestion durable des forêts dans certaines parties du monde a représenté un obstacle fondamental dans la mise en œuvre des critères et indicateurs. Il y a de nombreuses raisons pour cela. Quand on envisage les alternatives urgentes et politiquement sensibles utilisées pour les forêts, comme maintenir la sécurité alimentaire et l’emploi, l’ADF, où les bénéfices sont largement ressentis sur le long terme, ils ne figurent pas dans les priorités politiques. Les critères et indicateurs eux-mêmes pourraient remédier à cette situation. Actuellement, cependant, quelque soit leur capacité à influencer les décideurs politiques, ils peuvent fournir des propositions variées. Le MCPFE joue un rôle actif en influençant l’engagement des ministres européens et en formulant la politique sur les forêts de l’Union européenne (UE). Bien que ce soit un processus volontaire, couvrant 44 pays européens et la Communauté européenne, beaucoup des Résolutions adoptées au niveau ministériel sont traduites en des lois forestières nationales. Aussi, un Programme de travail commun paneuropéen assure la mise en œuvre de ces activités de valeur paneuropéenne. Le MCPFE est aussi important pour l’UE. Depuis que celle-ci n’a plus une politique forestière commune, le MCPFE joue un rôle significatif dans les décisions de l’UE relatives aux forêts.

Il n’existe pas de composante ministérielle formelle au sein du Groupe de travail de délibération du processus du MPCI. Chaque pays membre détermine le niveau d’implication de ses propres décideurs politiques au niveau national/régional. Malgré tout, le processus opère d’une manière qui génère un intérêt politique, une visibilité et une implication du fait de l’organisation de réunions dans chacun des pays membres. Cet engagement à mettre en œuvre les critères et indicateurs, est apparu dans les premiers rapports nationaux récemment publiés sur la gestion durable des forêts et le Premier rapport du Processus de Montréal sur les forêts, qui témoigne de l’influence des décideurs politiques (MPCI, 2003).

Avec l’OIBT, il y a un niveau d’engagement élevé face aux critères et indicateurs. Les ministres des pays producteurs sont conscients du travail réalisé par les critères et indicateurs et nombreux sont ceux qui participent régulièrement aux réunions de l’OIBT. La caractéristique unique de l’OIBT est que les pays membres financent les travaux relatifs aux critères et indicateurs à travers des projets et politiques comme les ateliers de formation régionaux/nationaux et les conférences internationales. Les membres se rencontrent deux fois l’an, durant lesquels tous les aspects de la gestion des forêts (dont les critères et indicateurs) sont discutés. De plus, le Secrétariat de l’OIBT maintient des contacts réguliers avec les pays membres. En 2003, les ministres des forêts, ou leur représentant, des 14 pays membres ont explicitement approuvé les principes et les critères et indicateurs harmonisés de l’OIBT.

Les progrès des autres processus ne sont pas énormes. Pour le Processus du Proche-Orient, les ministres ne l’ont pas encore signés ou approuvés et aucun report régulier non plus n’a été réalisé dans la majorité des pays. Avec l’Initiative des forêts sèches en Asie, les ministres ont accepté un rapport du groupe spécial. A part cela, aucune réunion régulière ou instructions n’ont été données. En fait, il y a eu très peu d’interactions entre les membres et ils se sont rencontrés pour la première et dernière fois en 1999. En 1998, une réunion des points focaux nationaux du Processus des zones sèches d’Afrique a recommandé que l’engagement politique était essentiel pour une mise en œuvre effective et obtenir l’assurance de son support (Zones sèches d’Afrique, 1998). Cela a été approuvé par les commissions forestières respectives mais non par les ministres. Mais aucunes instructions régulières n’ont été fournies aux ministres et aucune réunion des pays membres n’a eu lieu récemment. Dans le Processus de Lepaterique, les progrès se sont matérialisés par une réunion d’experts en 1997, suivie par des ateliers régionaux et des séminaires avec les pays chargés des activités de validation nationale pour évaluer les critères et indicateurs identifiés. Le Processus de Tarapoto a pris une voix similaire en commençant avec une rencontre d’experts en 1995 et une évaluation de la cohérence des critères et indicateurs pour les pays membres en 2000. Des informations plus récentes sur les deux derniers processus n’étaient pas disponibles.

En général, la capacité des processus d’influencer les décideurs politiques varie avec certains processus opérant à un niveau élevé d’engagement politique alors que de nombreux autres n’ont aucune influence politique ou celle-ci est très limitée.

Dans de nombreux pays, la responsabilité de mettre en œuvre les critères et indicateurs reste à la charge des organismes gouvernementaux techniques et/ou les organisations de recherche, sans l’implication ou l’apport des organisations responsables de la formulation politique. De plus, le manque de compréhension et de sensibilisation et l’absence de capacité des pays ont eu tendance à empêcher les critères et indicateurs de prendre une plus grande importance dans les programmes politiques. De multiples pays ont donc adopté les critères et indicateurs comme quelque chose d’automatique, du fait de leur appartenance à une région ou une organisation spécifique sans manifester aucune volonté de les adopter. Les pays membres de certains processus établis à travers un soutien international à haut niveau peuvent sembler manquer de défenseurs. Dans tous ces exemples, le niveau d’engagement des pays a souvent été faible.

Les critères et indicateurs peuvent intervenir à trois niveaux pour améliorer leur capacité à influencer davantage les décideurs politiques: international ou régional, entre processus et au niveau national.

Des initiatives internationales ont été développées pour inciter l’engagement politique. Une des principales raisons pour avoir créé le FNUF lui-même était de créer un engagement politique face à l’ADF10. Des parties importantes de nombreux forums internationaux comme le COFO de la FAO, ont aussi obtenu l’engagement au niveau ministériel concernant l’ADF avec y compris la mise en œuvre des critères et indicateurs. Les recommandations du groupe d’experts ad hoc récent sur le MAR du FNUF, d’utiliser les critères et indicateurs pour évaluer les progrès des pays sur l’ADF (Forum des Nations Unies sur les forêts, 2003b), et comme cadre de mise à jour planifiée de l’Evaluation des ressources forestières mondiales de la FAO de 2005, contribueraient aussi à générer des engagements plus importants des décideurs politiques par rapports aux critères et indicateurs. Les relations entre les donateurs bilatéraux sont aussi des moyens importants pour encourager l’engagement politique face aux critères et indicateurs (voir José Antonio Prado, 2003).

Il y a un besoin critique d’engagement politique au niveau national dans certaines régions du monde. Cependant, récemment, le dictat du marché semble avoir stimulé un certain engagement politique face à l’ADF, spécialement dans les pays faisant le commerce du bois. Cela a pris la forme d’un intérêt face au besoin d’adopter la certification du bois, progressivement devenue un outil marketing important. Les critères et indicateurs sont une base essentielle sur laquelle certains processus de certification sont développés. Les critères et indicateurs de l’OIBT le confirment aussi avec les formations et tests sur le terrain qui montrent qu’une des principales incitations pour l’engagement de plusieurs pays dans les critères et indicateurs est la possibilité éventuelle de pouvoir certifier leurs produits forestiers (Johnson, 2001).

Plusieurs actions concourent à ce que les critères et indicateurs permettent aux décideurs politiques de s’engager. Ainsi, promouvoir la sensibilisation et la compréhension des responsables politiques, des fonctionnaires principaux ainsi que du grand public doit être fortement prioritaire. Cependant, la coopération et la collaboration entre processus, la disponibilité du mécanisme de bureau/secrétariat de liaison pour coordonner les activités au sein du processus, demanderont beaucoup de temps pour résoudre certaines de ces questions.


10 Voir la Résolution ECOSOC 2000/35.

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