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4. INFORMATIONS GENERALES

4.1 Populations, Consommation et Revenus

Jusqu'à fin mars 1979 la ville d'Hanoi avait une superficie totale de 597 km2 et une population de 1 443 500 habitants, dont 800 000 vivaient dans la ville et le restant dans les faubourgs. La densité était de 2 418 personnes/km2. En 1978, les besoins en poisson des habitants d'Hanoi étaient estimés à 6 000–7 000 t/an, par la Muncipalité, à raison de 4 à 4,5 kg de poisson/habitant/an. Seulement 2 300 t étaient alors disponibles, soit 1,5 kg de poisson/habitant/an, ce que correspond à environ 4 g de poisson frais/jour/habitant. Il manquait donc annuellement entre 3 700 et 4 700 t de poisson (Delmendo, 1978).

Depuis le l avril 1979, la ville d'Hanoi s'est agrandie par l'incorporation de zones suburbaines à l'ouest et au nord. Actuellement la ville couvre 2 300 km2, avec une population totale de 2 600 000 habitants, soit une densité de 1 130 personnes/km2. En se basant sur les mêmes normes (4 à 4,5 kg de poisson/habitant/an), les besoins actuels en poisson sont de 10 400 t/an, soit 29 t/jour. La production des eaux douces étant de 5 655 t (1978), le déficit annuel s'élève à 4 745 t et chaque personne ne dispose actuellement que de 2,175 kg de poisson frais par an, soit environ 6 g/jour/habitant, ce qui est nettement insuffisant compte tenu de la faible consommation de viande.

La Municipalité d'Hanoi estime que les besoins en poisson frais sont de l'ordre de 4 à 4,5 kg/habitant/an, soit 11 à 12,5 g de poisson/jour/habitant, mais une telle ration journalière ne couvre pas encore les besoins normaux en matières protéiques.

La consommation de viande au Viet Nam (principalement du porc et du poulet) est d'environ 6 kg/habitant/an (World Bank, 1977), soit en moyenne environ 17 g de viande/jour/habitant.

L'on admet généralement que les besoins journaliers en matières protéiques sont, pour un travail léger: 90 g de protéines/jour dont environ 30 g de protéines animales; pour un travail moyen: 100 g de protéines/jour dont 33 à 35 g de protéines animales et enfin, pour un travail lourd: 125 g de protéines/jour dont 40 à 45 g de protéines animales. Sachant que 100 g de viande fraîche (boeuf, porc) contient entre 16 et 21 g de protéines et que 100 g de poisson frais contient de 14 à 20 g de protéines, il est évident que la ration journalière en protéines animales des habitants d'Hanoi est insuffisante.

Il est actuellement difficile d'améliorer l'approvisionnement en viande car l'augmentation du cheptel (surtout les bovidés et les porcs) est freinée du fait d'une grave pénurie d'aliments pour bétail riches en protéines (Delmendo, 1978). C'est pour cette raison que le Comité Populaire d'Hanoi envisage d'augmenter la production de poisson d'eau douce, afin d'éviter la compétition dans l'usage des aliments destinés aux élevages.

Quant au revenu des habitants d'Hanoi, il semble assez uniforme. Dans le secteur public, qui représente environ 50 pour cent du produit national brut, les salaires mensuels se situent entre D.50 et D.2001 (U.S.$ 15 à U.S.$ 60). Les ouvriers non spécialisés gagnent entre D.50 et D.70 par mois (entre U.S.$ 15 et 21), alors que des ouvriers qualifiés touchent jusqu'à D.100 par mois (U.S.$ 30) et des ingénieurs hautement qualifiés jusqu'à D.200 par mois (U.S.$ 60). Etant donné que la plupart des familles disposent de plus d'un salaire, le revenu mensuel d'une famille moyenne et de l'ordre de D.150 par mois (environ U.S.$ 45).

Indépendamment des salaires, les prix et le rationnement sont utilisés pour influencer le niveau et la structure de la consommation. L'éducation, les médicaments et les services de santé sont généralement gratuits. Le logement, quoique d'un niveau assez bas (18 m2 par famille moyenne, non compris la cuisine et la salle d'eau) est acquis a tous les travailleurs du secteur d'état (secteur public) à raison de l pour cent de salaire. Le transport jusqu'au lieu de travail et retour est gratuit (World Bank, 1977).

Le Gouvernement a instauré un système de ravitaillement et début 1977 les rations étaient les suivantes: 16 kg de riz (plus pour les travailleurs manuels) par adulte et par mois à D.0,40/kg; 0,5 à 1 kg de sucre à D.2/kg et 1 kg de viande à D.4,5/kg. Ainsi, une famille moyenne de, disons, deux salariés et quatre enfants, avec un revenu mensuel total de D.150, ne depensera mensuellement qu'environ D.50 pour couvrir les besoins élémentaires de santé, d'éducation de logement et d'une alimentation minimum, gardant D.100 pour des dépenses diverses ou comme économies (World Bank, 1977).

La consommation libre est cependant assez limitée du fait des prix élevés qu'on y pratique et de la rarité des biens de consommation en dehors du système de rationnement. Ceci réduit encore le niveau déja bas de la consommation, résultant du niveau des salaires. Les denrées alimentaires au marché libre, quand elle sont disponibles, coûtent deux ou trois fois le prix des denrées rationnées. Les produits de consommation industriels sont particulièrement rares et, par exemple, l'allocation (ration) annuelle d'habillement n'est que de 5 m de tissus par adulte (World Bank, 1977). En dehors du secteur public, la masse de la population est engagée dans le système coopératif, principalement dans les coopératives agricoles.

Quoique le revenu personnel dans les coopératives peut varier bien plus que dans le secteur public, il existe un revenu minimum et l'assistance du Gouvernement en cas de désastre naturel. Jusqu'à un certain point, un niveau-plafond est établi, par le système des taxes agricoles et l'obligation de vendre au Gouvernement, à un prix prédéterminé, une grande partie de la production. Le revenu moyen varie probablement de manière significative d'une région géographique à l'autre. Les coopératives des environs d'Hanoi procurent apparemment à leurs membres un niveau de vie plus élevé que celui des travailleurs urbains. Le revenu moyen par famille serait d'environ D.200 par mois (U.S.$ 60), les conditions de logement étant nettement meilleures et la consommation améliorée par les activités agricoles, privées de la famille (World Bank, 1977).

Les effets de presque 30 années de guerre et les sequelles expliquent non seulement les bas niveaux des revenus per caput mais également le fait que ces revenus n'ont pratiquement pas augmenté les vingt dernières anneés. Il n'y a cependant pas de grandes privation et même si les revenus réels sont bas et que l'approvisionnement de certaines denrées, y compris les denrées alimentaires, est peu abondant, le Gouvernement est arrivé à distribuer les denrées peu abondantes afin d'éviter les privations et une certaine malnutrition à grande échelle (World Bank, 1977).

Il y a eu également des inondations, non seulement en 1976 et 1977, mais aussi tout le long de l'année 1978 (Mengin, 1979). Le Gouvernement a cependant pu couvrir les besoins minima de la population (alimentation, logement, éducation, services médicaux), mais à un niveau qui n'est cependant pas entièrement satisfaisant, notamment en ce qui concerne la couverture des besoins normaux en protéines animales. Etant donné les problèmes de l'approvisionnement en poisson de mer et l'insuffisance des apports de viande, seule une augmentation des apports de poisson d'eau douce peut résoudre, du moins partiellement, le manque de protéines animales dans la ration journalière de la population d'Hanoi. Le grand problème pour le Comité Populaire d'Hanoi est donc de produire suffisamment de poisson pour nourrir correctement les 2 600 000 habitants de la ville d'Hanoi.

1 U.S.$ 1 = Dong 3,29 (juillet 1979)
1 Dong = U.S.$ 0,30 (juillet 1979)

4.2 Sources d'approvisionnement en poisson

Le poisson consommé à Hanoi provient en grande partie des differents plans d'eau, d'une superficie totale de 8 087 ha, dont 3 484 ha sont sous le contrôle du Comité du Peuple d'Hanoi, tandis que le reste (4 603 ha) est exploité par des coopératives, des Fermes d'Etat et quelques privés.

Le Comité Populaire de la Municipalité d'Hanoi est responsable du ravitaillement de la population de la ville. L'approvisionnement en poisson d'eau douce est assuré par l'Entreprise de Pêche d'Hanoi, ‘Quoc Doanh Ca Ha Noi’, société d'Etat qui dépend du Comité Populaire d'Hanoi. Les 3 484 ha de plans d'eau sous le contrôle de l'Entreprise de Pêche d'Hanoi ont produit 826 t de poisson frais en 1978, soit un rendement moyen de 237 kg de poisson par ha/an. La production des 4 603 ha appartenant aux coopératives et Fermes d'Etat s'est élevé, en 1978, à 4 829 t de poisson, soit un rendement de 1 049 kg/ha/an. Ainsi la production totale des eaux situeés dans la Municipalité d'Hanoi, s'élevait à 5 655 t de poisson frais en 1978.

La plus grande partie des apports de poisson frais provient de la pêche dans lacs naturels et artificiels dans lesquels on déverse chaque anneé des millions d'alevins. Une autre partie provient des élevages en rizières (rizipisciculture pratiqueé surtout par les coopératives). Il y aurait également environ 2 800 ha d'étangs de pisciculture qui auraient été creusés il y a plus de 15 ans. La superficie de ces étangs varie entre 0,05 et 2 ha mais ils servent surtout d'étangs d'alevinage. Les étangs de production sont assez rares, du moins dans la Municipalité d'Hanoi.

4.3 Les prix et la commercialisation du poisson d'eau douce sur les marchés d'Hanoi

La compagnie d'état de ravitaillement en vivres et l'Entreprise de Pêche (Société d'Etat) de la Municipalité d'Hanoi achètent le poisson aux pêcheurs qui le débarquent obligatoirement à des endroits fixes. Le transport s'effectue en camions de 2 à 4 tonnes.

Selon sa valeur (taille du poisson, goût du consommateur, etc.) le poisson est rangé dans une des trois catégories suivantes:

  1. Première catégorie: notamment Carpe commune et variétés (C. carpio specularis et C. carpio nudus) et carpe herbivore (grass carp, Ctenopharyngodon idella). Prix officiel d'achat au pêcheur: D.3,5/kg.

  2. Deuxième catégorie: carpe argentée (silver carp, Hypophthalmichthys molitrix) et carpe marbrée (big head carp, Aristichthys nobilis). Prix d'achat au pêcheur: D.2/kg.

  3. Troisième catégorie: Tilapia nilotica, T. mossambica et poissons divers de petite taille. Prix d'achat au pêcheur: D.1 à 1,5/kg.

La demande est la plus forte pour des poissons de 500 g et plus. A noter également que les consommateurs ont une nette préférence pour le poisson frais d'eau douce par rapport au poisson de mer congelé. Il y a pour le poisson, comme pour les autres denrées alimentaires, deux systèmes de marché: le marché officiel d'Etat (le plus important) et le marché libre. Au marché officiel, le prix de vente au consommateur est le prix d'achat au pêcheur, augmenté de 10 pour cent. Les prix aux consommateur sont donc les suivants: poisson de première catégorie: D.3,85/kg; deuxième catégorie: D.2,20/kg; troisième catégorie: entre D.1,10 et 1,65/kg. Le marché officiel est approvisionné par les sociétés d'Etat, les Fermes d'Etat et les coopératives.

Le marché libre, au contraire, est surtout approvisionné par les paysans à titre privé. Leurs apports sont constitués surtout de petits crabes, de petites crevettes d'eau douce, de poissons chats (Clarias fuscus) et de poissons des trois catégories mentionnées ci-dessus. Les prix au consommateur, au marché libre, sont les suivants:

  1. Première catégorie: environ D.10/kg

  2. Deuxième catégorie: entre D.5 et 6/kg

  3. Troisième catégorie: environ D.4/kg

Le Gouvernement a instauré un système de ravitaillement et des tickets de rationnement sont distribués aux consommateurs. La ration mensuelle varie selon certains critères (travail manuel légér, travail lourd, hierarchie des cadres, travail intellectuel, etc.).


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