En conséquence de trois projets PNUD/FAO et de l'aide récente du US Peace Corps Volunteers il y a en ce moment prolifération des activités piscicoles en République centrafricaine. Au cours du présent projet (“Phase II”) l'effectif des pisciculteurs s'est accru de 369 pour cent entre décembre 1975 et novembre 1979 (tableau 1). Pendant la dernière année, on a dénombré 1 301 pisciculteurs de plus et le total de 3 000 qui était l'objectif proposé a maintenant été dépassé. Le nombre d'étangs empoissonnés a également beaucoup augmenté et on a enregistré une progression de 123 pour cent entre 1978 et 1979, la proportion d'étangs empoissonnés passant de 53 à 73 pour cent. Les efforts constants du service de vulgarisation pour assurer la fourniture d'alevins de qualité, ainsi que pour promouvoir la production d'alevins par le secteur privé, encourageront les pisciculteurs à poursuivre leurs activités.
Tableau 1 PROGRESSION DE LA PISCICULTURE DANS LE SECTEUR PRIVE
Caractéristique de la production | 1975 | 1976 | 1977 | 1978 | 19791 |
Nombre de pisciculteurs | 698 | 1 272 | 1 634 | 1 974 | 3 275 |
Nombre d'étangs privés | 910 | 1 533 | 2 086 | 2 588 | 4 236 |
Nombre d'étangs empoissonnés | 531 | 1 002 | 1 045 | 1 380 | 3 083 |
Superficie des étangs (ares) | 1 596 | 2 159 | 3 014 | 3 815 | 5 368 |
Superficie des étangs empoissonnés (ares) | 1 083 | 1 351 | 1 452 | 2 205 | 3 474 |
Production potentielle totale (estimations)2 | 24 692 kg3 | 24 615 kg4 | 30 216 kg5 | 45 886 kg6 | 66 700 kg7 |
1 Estimations inférieures à la réalité, les chiffres faisant défaut pour une région
3 No = 63 production moyenne = 22,8 kg/are/an
4 No = 306 production moyenne = 18,22 kg/are/an
5 No = 121 production moyenne = 20,81 kg/are/an
6 No = 0 le chiffre de production de l'année précédente a été utilisé
7 No = 829 production moyenne = 19,20 kg/are/an
L'analyse de la production de poisson en République centrafricaine à la lumière des données recueillies par les animateurs en 1979 fait apparaître plusieurs tendances intéressantes. Sur quatre zones étudiées, c'est celle de Bangui qui a enregistré la plus forte production totale ainsi que le rendement moyen le plus élevé (tableau 2). Il est vrai que l'échantillon considéré suppose une forte erreur systématique imputable au fait que, souvent, les agents de vulgarisation ne recensent pas les pisciculteurs qui produisent peu. Une tendance se dégage, néanmoins. L'estimation la plus fiable de la production de poisson dans les zones rurales est peut-être celle effectuée dans la région de Bouar, laquelle, selon les calculs, produit en moyenne 10 kg/are/an. Une certaine amélioration des rendements a été observée dans la région orientale et l'auteur est convaincu qu'elle offre un énorme potentiel d'accroissement de la production pour les années à venir. Un point intéressant à souligner est la différence entre la récolte réelle de 10 t de poisson et l'estimation effectuée en utilisant le chiffre de production annuelle moyen de 19,19 kg. Comme l'indique le tableau, la superficie en production en 1979 était de 1 163 ares. On voit que:
1 163 ares × 19,19 kg = 22 318 kg
La récolte effective ne représente donc que 49 pour cent de l'estimation. Cette disparité est due au fait que les étangs ne sont en production que pendant une partie de l'année. Nous pouvons donc estimer que les pisciculteurs ne produisent que pendant approximativement 49 pour cent de l'année.
Une autre analyse effectuée après celle de Ndjikara et Miller (1977) nous montre la production moyenne obtenue par catégorie de pisciculteurs (tableau 3). La comparaison entre les tendances observées dans les trois régions en 1979 montre que la zone de Bangui est celle qui possède le pourcentage le plus élevé de pisciculteurs très productifs, à savoir ceux du groupe III.
Tableau 2 PRODUCTION DE POISSON DU SECTEUR PRIVE EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE EN 1979
Région | Superficie totale (ares) | Production totale (kg) | Production nette (kg) | Production moyenne (kg/are/an) | N |
Bouar | 465 | 3 136 | 2 595 | 10,08 | 408 |
Bangui | 414 | 5 700 | 5 003 | 39,31 | 147 |
Bambari | 220 | 3 220 | 2 808 | 21,15 | 202 |
Basse-Kotto | 64 | 621 | 522 | 24,23 | 72 |
Total | 1 163 | 12 677 | 10 928 | 19,19 | 829 |
Tableau 3
PRODUCTION PISCICOLE FAMILIALE DANS 3 REGIONS PRINCIPALES DU PROJET PNUD/FAO
“VULGARISATION DE LA PISCICULTURE EN R.C.A.” PENDANT LA PERIODE 1.79–11.79
Région | Résultats globaux | Groupe I1 0–14,9 kg/are/an | Groupe II2 15–39,9 kg/are/an | Groupe III3 40 kg et plus/are/an | ||||||||
Production moyenne kg/are/an | Nombre d' étangs | Superficie moyenne des étangs(ares) | Production moyenne kg/are/an | Nombre d' étangs | Superficie moyenne des étangs(ares) | Production moyenne kg/are/an | Nombre d'étangs | Superficie moyenne des étangs(ares) | Production moyenne kg/are/an | Nombre d' étangs | Superficie moyenne des étangs(ares) | |
Bangui | 39,31 | 141 | 1,04 | 7,74 | 22 | 3,54 | 26,31 | 65 | 2,72 | 64,74 | 54 | 2,08 |
Bouar | 10,08 | 408 | 1,14 | 7,58 | 296 | 1,19 | 20,22 | 109 | 1,01 | 43,97 | 3 | 0,85 |
Bambari | 21,15 | 191 | 1,04 | 8,44 | 86 | 1,17 | 23,66 | 82 | 0,95 | 55,76 | 23 | 0,89 |
Totaux | 740 | 404 | 256 | 80 | ||||||||
Moyens | 18,51 | 1,10 | 7,77 | 1,31 | 22,86 | 1,42 | 61,38 | 1,69 | ||||
% | 100 % | 54 % | 35 % | 11 % |
1 Groupe I Ces pisciculteurs n'entretiennent pas leurs étangs et ils ne nourrissent pas les poissons
La comparaison entre ces mêmes tendances pour la période 1975–79 montre que les pisciculteurs à faible rendement commencent à prédominer (tableau 4). Cela pourrait tenir à (i) la qualité des données - un effectif d'échantillon plus important donnera des données plus précises; et (ii) les nouveaux venus à la pisciculture obtiennent dans l'ensemble de moins bons résultats en raison de leur manque d'expérience et de connaissances.
Il apparaît que dans l'ensemble les pisciculteurs ne produisent pas davantage à mesure que les années passent. De 1975 à 1979, le rendement moyen s'est maintenu aux alentours de 20 kg/are/an. Si l'on admet que la période de production ne représente que 49 pour cent de l'année, la production moyenne se situe en fait autour de 10 kg/are/an (tableau 4). En outre, si l'on considère le nombre relatif de pisciculteurs dans les trois groupes, on ne remarque pas de changements importants. L'analyse de ces données permet donc de conclure que la prochaine phase du programme de vulgarisaiton devra se fixer pour objectif principal d'accroître la production totale des pisciculteurs. Deux méthodes sont applicables:
A l'heure actuelle, la pisciculture continue spontanément à se développer dans la région de Bangui et, dans une moindre mesure, en province. En conséquence, le service de vulgarisation ne devrait plus avoir besoin de la promouvoir activement en recherchant de nouveaux adeptes.
On a observé une autre tendance, à savoir que certains pisciculteurs tentent d'augmenter leur production en se contentant d'accroître la surface en production plutôt que d'appliquer de meilleures méthodes de pisciculture dans les étangs existants.
De lavis de l'auteur, cette absence de progression de la production par exploitant a six causes:
défaut de personnel de vulgarisation ayant reçu une formation convenable;
substitution fréquente des agents de vulgarisation qui sont affectés à d'autres postes;
insuffisance des démonstrations concrètes de techniques de pisciculture par le personnel de vulgarisaiton;
recrutement facile de nouveaux adeptes de la pisciculture, plutôt que promotion de meilleures techniques d'élevage (la quantité prend le pas sur la qualité);
construction uniformément médiocre des étangs;
défaut d'aide financière directe au secteur privé
Il est possible de remédier aux quatres premiers problèmes en réorientant l'effort du service de vulgarisation et en recyclant les agents. Quant aux deux derniers, des fonds permettront d'améliorer la situation. L'expert a préparé deux propositions de projets détaillées en vue de résoudre les problèmes ainsi définis. On espère qu'elles seront acceptées par un organisme d'aide bilatérale ou multilatérale qui concourra ainsi à la pleine réalisation du potentiel de la pisciculture en République centrafricaine.
Une brève évaluation générale des résultats du projet est présentée au tableau 5.
Tableau 4 PRODUCTION COMPAREE DES ETANGS FAMILIAUX DE PISCICULTURE EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE PENDANT PLUSIEURS ANNEES DE PROJETS PNUD/FAO “VULGARISATION DE LA PISCICULTURE”
Année | Résultats globaux |
Groupe I 0–14,9 kg/are/an | Groupe II 15–39,9 kg/are/an | Groupe III 40 kg et plus/are/an | ||||||||
Production moyenne kg/are/an | Nombre d' étangs | Superficie moyenne des étangs (ares) | Production moyenne kg/are/an | Nombre d' étangs | Superficie moyenne des étangs (ares) | Production moyenne kg/are/an | Nombre d' étangs | Superficie moyenne des étangs (ares) | Production moyenne kg/are/an | Nombre d' étangs | Superficie moyenne des étangs (ares) | |
1975 | 22,8 | 63 | 1,82 | 8,23 | 25 40 % | 1,81 | 25,0 | 29 46 % | 1,72 | 56,0 | 9 14 % | 2,27 |
1976 | 18,2 | 306 | 1,44 | 8,44 | 161 53 % | 1,50 | 24,3 | 120 39 % | 1,28 | 52,2 | 25 8 % | 2,11 |
1977 | 20,8 | 121 | 1,99 | 8,01 | 60 50 % | 1,99 | 24,5 | 46 38 % | 2,13 | 54,5 | 15 12 % | 1,64 |
1979 | 19,2 | 829 | 1,39 | 7,77 | 461 56 % | 1,31 | 22,86 | 260 31 % | 1,42 | 61,38 | 108 13 % | 1,69 |
Tableau 5 ANALYSE DE LA PRODUCTION ET ESTIMATION DES AVANTAGES RETIRES DU PROJET PNUD/FAO “VULGARISATION DE LA PISCICULTURE”, PHASE II, EN 1979
(Calculs fondés sur les données présentées au tableau 1)
Nombre d'étangs empoissonnés par pisciculteur | 0,94 |
Nombre estimatif de pisciculteurs actifs | 3 079 |
Nombre d'ares empoissonnés par pisciculteur | 1,13 ares |
Production moyenne | 19,2 kg/are/an |
Production moyenne par pisciculteur | 21,66 kg/are/an |
Production potentielle totale estimative | 66 700 kg |
Proportion de l'année consacrée à la production piscicole | 49 % |
Production annuelle effective estimative | 32 683 kg |
Nombre de membres des familles intéressées | 24 632 |
Nombre moyen de kg par membre de la famille | 1,33 kg |
Consommation annuelle estimative de poisson par personne avant le programme PNUD | 3–6 kg/an |
Pourcentage d'accroissement de la consommation de poisson par personne résultant du programme PNUD de 1979 | 22–44 % |
Si l'on considère qu'à peu près 80 pour cent des activités du projet concernent des communautés très éloigness des cours d'eau et qui n'ont guère accès au poisson provenant d'eaux naturelles, il se pourrait bien que le chiffre de 1,33 kg par personne représente en fait une augmentation de 100 pour cent de la consommation de poisson. La valeur monétaire de la production au prix de 350 FCFA/kg qui a été fixée par le governement, est de 11,4 millions de FCFA.