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2. LES PECHES ET L'AQUACULTURE DANS L'ECONOMIE GABONAISE

2.1 L'économie Gabonaise

Du fait d'être un pays exportateur de pétrole, le Gabon est le pays d'Afrique Noire ayant le plus haut revenu par tête: US$ 2 540 en 1975 (Africa Guide, 1979) bien que la répartition de ce revenu soit inégale parmi les couches de la population. Le niveau des prix est très élevé ce qui fait que les biens et services disponibles en milieu rural sont inférieurs en quantité et qualité de ce que le chiffre de US$ 2 540 laisse espérer. Par exemple, en pleine brousse un ananas coûte l'équivalent de US$ 3 et le gibier ne peut s'acheter au-dessous de US$ 5 par kilo.

Les importations d'aliments ne sont que faiblement taxées. Il en résulte qu'il est difficile pour le paysan de les concurrencer en tant que producteur de produits alimentaires. Dès lors, les revenus des paysans sont faibles et comme il y a peu d'alternatives d'emploi en milieu rural, il existe un important exode rural vers les principales villes du pays.

Un des principaux objectifs du gouvernement est de réaliser une croissance économique qui distribuerait plus équitablement les ressources nationales, contribuant ainsi à freiner l'exode rural.

Pour réaliser cette politique le gouvernement gabonais doit faire face à d'importants problèmes. Le pays est vaste et la population peu nombreuse. En 1978, l'on estimait la population à 1 350 000 pour une superficie de 267 667 km2, soit 5,04 habitants/km2. La population est concentrée sur la côte: Libreville et Port Gentil, et dans les provinces du Woleu-N'Tem, du Haut Ogooué et de la N'Gounie (voir carte, page iii). En 1976, à peu près un tiers de la population se trouvait dans les 12 principales agglomérations urbaines.

En 1973 l'agriculture, la sylviculture et la pêche ne représentaient que 7,5 pour cent du produit intérieur brut (PNUD, 1978).

Le faible développement de l'agriculture gabonaise est dû a plusieurs facteurs: pays couvert à 85 pour cent de forêt dense équatoriale, peuplement humain dispersé et manque de voies de communications, exode rural massif suite au développement accéléré des secteurs secondaires et tertiaires (PNUD, 1978). En 1973, les terres cultivées s'élevaient à 170 000 ha, soit seulement 0,6 pour cent de la superficie du pays (Ediafric, 1976). Il reste cependant des terrains non boisés qui ne sont pas cultivés, surtout dans les savanes du sud du pays.

La morphologie du pays fait que le territoire ne constitue pas une zone économique unique, mais plusieurs zones différentes. Le développement de la pêche et de la pisciculture doit être considéré dans ce cadre.

2.2 La situation alimentaire

Le Gabon importe d'Europe et d'autres pays une grande quantité de produits alimentaires; certains rapports indiquent que ces importations atteigneraient 85 pour cent des besoins nationaux (PNUD, 1978; Gabon 1979). En 1974, par exemple, la viande de toute sorte était importée à plus de 90 pour cent (Udeac, 1976). En 1978, la production locale de poisson n'atteignait qu'environ 11 000 tonnes, soit approximativement la moitié du tonnage de viande (7 714 t) et de poisson (14 967 t) qui était disponible à l'époque (voir tableau 2).

Il y a également des apports de viande de chasse, mais selon les autorités gouvernementales, les quantités de gibier tendent à diminuer.

Si l'on admet que les besoins normaux par individu s'élèvent à environ 30 g de protéines animales par jour, ce qui équivaut approximativement à 200 g de viande ou de poisson, la disponibilité par individu devrait être de 73 kg par an. C'est clair, cependant (voir tableau 2) qu'au Gabon les quantités de viande et de poisson disponibles ne sont pas suffisantes pour arriver à 73 kg/habitant/an. Le déficit actuel s'élève à environ 72 000 tonnes de viande et/ou de poisson par an, comme détaillé ci-après:

Besoins:  73 kg/habitant/an × 1 300 000 habitants=94 900 000 kg
Disponible:  viande et poisson=22 681 000 kg
 Déficit annuel=72 219 000 kg

Le Gabon manque donc de protéines animales même si, comme certains l'affirment, la population ne serait que la moitié du chiffre qu'avancent les services statistiques du Ministère du Plan (Scet International, 1979; Gabon 1979).

La production locale de viande est une priorité nationale. Le plan national pour les années 1980–82, consacre près de CFA.F. 9 milliards dans cinq projets pour la production de viande bovine, porcine et de volaille (source: Ministère du Plan). Vers 1985 la production nationale augmenterait de 2 360 tonnes si les projets retenus par le Ministère du Plan se réalisent selon les projections actuelles. Cela veut dire qu'en tout état de cause, l'on devra encore continuer à importer de la viande.

Dans le passé, le gouvernement a suivi une politique d'aide aux producteurs locaux de viande. C'est ainsi que les volailles importées sont frappées d'une taxe à l'importation de 40 pour cent. En même temps, on a subventionné les importations de viande bovine: US$ 0,51/kg en 1978 (FAO, 1978).

Le gouvernement a intérêt a promouvoir toute activité rentable qui vise à la production locale de viande ou de poisson, notamment par le développement de l'aquaculture. Compte tenu des difficultés de transport et d'un manque d'infrastructures, il serait rationnel de produire le poisson sur les lieux mêmes de la consommation, ce qui est la caractéristique de la pisciculture rurale familiale.

2.3 La pêche maritime

La production de la pêche maritime a été estimée à 8 000 tonnes pour l'année 1979. La pêche industrielle, assurée (1978) par une flotte de 14 crevettiers, 9 chalutiers et 3 ligneurs, a contribué à ce total pour à peu près 5 500 tonnes avec un effectif d'environ 450 marins-pêcheurs (Scet International, 1979). Les pêcheurs artisanaux, estimés à 1 900, ont capturés 3 800 tonnes (ce chiffre inclut les captures dans le delta de l'Ogooué). Les pêcheurs gabonais sont en minorité, les plus nombreux étant des nigériens et des béninois.

Des Bars (Pseudotolithus senegalensis, P. typus, Otolithus marcongnatus), Capitaines (Polydactylus quadrifilis) et Bossus (Pseudotolithus élongatus) constituent la moitié des prises de la pêche industrielle marine. Les pêcheurs artisanaux, utilisant des hameçons, capturent surtout des Daurades (Dentex) et Rouges (Lutjanus) (Scet International, 1979).

Une étude récente estime qu'il y a encore des ressources permettant une augmentation des captures d'espèces marines. Au sud de Cap Lopez il existe un stock d'espèces démersales de roche (captures maximum admissibles de 5 000 t/an) et un peu plus au sud il y avait un stock de sardinelles (Sardinella aurita) qui pourrait être exploité a un niveau de 10 000 à 12 000 tonnes/an (Scet International, 1979).

Le Plan Triennal en préparation (1980–82) ne prévoit aucune initiative spectaculaire en matière de pêche maritime. Dans les milieux specialisés aux Gabon, l'on considère que les ressources marines sont abondantes, quoique plus importantes au Sud (Mayumba) que près de Libreville, et que si la production n'augmente pas plus rapidement, c'est parce que la demande locale pour du poisson de mer est relativement faible, surtout dans l'intérieur du pays, les populations ayant une nette préférence pour le poisson d'eau douce.

2.4 La pêche continentale

La Direction des Chasses et Pêches, de la Direction des Eaux et Forêts, estimé que la production des eaux continentales à la fin des années 1970 se situe vers 3 000 tonnes de poisson frais par an. Une grande partie est capturée dans le delta de l'Ogooué, entre Lambaréné et la mer. La pêche dans cette plaine d'inondation s'effectue principalement pendant la période des basses eaux, c'est à dire de juillet à novembre. Les captures, dont une grande partie de Tilapia, sont souvent fumées. Cette procédure s'impose, à cause des importantes prises réalisées, pendant une saison courte et dans des lieux isolés. Cela satisfait en même temps les préférences alimentaires africaines de longue date. Il faut noter que les connaissances concernant les stocks et la pêche dans la région du delta de l'Ogooué ne sont pas basées sur des études récentes. L'on dispose cependant des résultats des travaux du Centre Technique Forestier Tropical (CTFT) concernant les études des populations piscicoles et les essais d'engins de pêche effectuées en 1960–64 dans le bassin inférieur de l'Ogooué (Loubens, 1966).

La mission à l'impression, formée durant sa visite à l'intérieur du Gabon, que la pêche de subsistance dans les rivières fournit plus de poisson qu'on ne le pense. Dans les villages traversés par la mission l'on trouve quelques filets et des nasses. Les femmes utilisent de petits filets et les enfants pêchent à la ligne.

Dans la région que traverse la rivière N'Gounie, il existe une pisciculture traditionnelle dans des étangs naturels qui se forment dans des dépressions après la saison des pluies, lors de la décrue de la rivière. Ces étangs naturels n'ont pas d'exutoire et s'assèchent lentement, alors que certains restent sous eau toute l'année, alimentés par la nappe phréatique ou par des sources.

Les femmes des villages environnants attrapent des alevins dans les rivières et marigots et les déversent dans ces étangs naturels. Selon des renseignements obtenus sur place, la productivité de cette activité serait assez élevée (entre 4 et 5 tonnes/ha/an, selon les dires des personnes interrogées sur place). Des alevins de Clarias longifilis d'environ 10 cm, déversés en novembre, atteigneraient 250 à 300 g six mois plus tard. Il est fort probable que des activités similaires existent aussi dans d'autres régions de savane aux alentours de Tchibanga et de Franceville.

En ce qui concerne les sources d'approvisionnement en poisson, en plus de la pêche maritime industrielle et artisanale (8 000 t en 1978), le Gabon dispose encore d'un grand potentiel dans les eaux continentales:

  1. tout le système fluvial, mais particulièrement l'Ogooué (1 200 km de long) et ses principaux affluents (l'Ivindo, l'Okano, la Lolo, et la Ngounié), et la Nyanga (350 km de long). Les plaines d'inondation de l'Ogooué, entre Lambaréné et la mer, et les lacs Azingo, Onangé et Mandjé présentent un intérêt particulier. Les plaines et lacs ont déjà fait l'objet, en 1960–64, d'études et d'inventaires en vue du développement de la pêche (Rapport CTFT, 1966);

  2. les lagunes saumâtres et les mangroves: lagune Nkomi ou Ferman Vaz, lagune Iguéla ou Ngoué, lagune Ndogo et la lagune Banio, toutes encore inexploitées;

  3. les estuaires qui remontent loin dans les terres et bordées de palétuviers: estuaire du Mouni, baies de Mondah, du Como (ou du Gabon) et du Cap Lopez et l'immense estuaire de l'Ogooué;

  4. les retenues des barrages hydroélectriques existants et en construction.

Pour couvrir les besoins en énergie électrique, le gouvernement gabonais a inscrit au Troisième Plan de Développement Economique et Social, 1976–80, la construction de nouveaux barrages hydro-électriques, notamment le barrage-reservoir de Tchimbélé (aménagement de la vallée de la Mbei, à 30 km en amont du barrage de Kinguélé) et le Grand Poubara, dans le Haut-Ogooué, sur le fleuve Ogooué, près de Franceville, aménagement lié au projet de fabrication de ferromanganèse (Gabon, 1977).

Le barrage de Tchimbélé, 38 m de haut, formera une retenue de 23 km2 (2 300 ha) qui, aménagée correctement, pourrait produire annuellement environ 115 t de poisson frais, à raison d'un rendement estimé de 50 kg de poisson/ha/an.

La superficie de la retenue artificielle du Grand Poubara n'a pu être précisée, mais le volume d'eau sera de 2,3 milliard m3 (EDIAFRIC, 1976).

Sont également prévues au Plan 1976–80, les études d'aménagement des sites hydro-électriques potentiels destinés à assurer dans l'avenir la fourniture d'énergie aux grands centres urbains et à des industries grosses consommatrices d'énergie.

Les études prévues pour la période du Plan comprennent notamment: l'aménagement hydro-électrique des chutes de l'Impératrice sur la N'Gounie (coût CFA.F. 540 millions) et l'aménagement des sites de Sindara et des sites aménageables de la Nyanga et de l'Ivindo (EDIAFRIC, 1976: Gabon, 1977),

Lors d'études d'aménagements hydro-électriques, les ingénieurs, trop souvent, ne prennent en compte que la seule énergie électrique qui résultera de la construction d'un barrage et, très souvent, l'on néglige complètement, sciemment ou non, tous les autres aspects, négatifs ou positifs, qui résultent de la construction d'un barrage. Il est inconcevable qu'il n'y ait pas, pour chacun des aménagements hydro-électriques envisagés, une étude complète de tous les impacts de la création du barrage et de la retenue d'eau, aussi bien en amont qu'en aval du barrage. Ces études d'impact doivent se faire au stade de la conception, avant la construction du barrage car il a été prouvé maintes fois, en régions tropicales, (lac Nasser, Egypte, lac Kariba, Zambie-Zimbabwe, lac Brokopondo, Surinam), que les études et recherches entreprises en catastrophe, après la construction d'un barrage, n'arrangent rien et ne font que confirmer des graves altérations, souvent irréversibles, du milieu naturel causées par la construction du barrage (problèmes sanitaires: augmentation de la bilharziose, du paludisme et de l'onchocercose; déplacements de populations; modifications des conditions climatiques; modifications des conditions physico-chimiques de l'eau; modification de la faune ichtyologique, etc.).

Les retenues d'eau qui se créent lors de la construction d'un barrage non seulement peuvent produire de l'électricité mais également un important tonnage de poisson et l'un n'empêche pas l'autre.

2.5 La pisciculture

Au Gabon, comme dans d'autres pays africains, la pisciculture avait été lancée dans les années 1952–56 pour tenter de remédier aux carences en protéines animales dans l'alimentation des populations rurales.

En 1954, le Service des Eaux et Forêts a installé deux stations d'alevinage, l'une à Libreville (la Station de la Peyrie), l'autre à Oyem. En 1955, on introduisait les premiers Tilapia de Brazzaville. (Tilapia melanopleura, déterminé ultérieurement comme étant T. rendalli et T. macrochir.)

Dès 1956, des essais de pisciculture ont été tentés dans l'intérieur du pays, sur une assez vaste échelle, par le Service des Eaux et Forêts. Vers 1959, il existait environ 2 000 étangs (Bounassies, 1967).

De 1959 à 1963, on constate un déclin de la pisciculture, non seulement au Gabon, mais aussi au Zaire, Congo, Cameroun et en Centrafrique. Il est apparu que ce déclin était dû essentiellement à l'insuffisance ou à la disparition du personnel d'encadrement et à l'absence de techniques entièrement satisfaisantes; d'où manque d'alevins, abandon de nombreux étangs et une diminution des rendements (C.T.F.T., 1972).

Au Gabon, l'encadrement administratif (Brigade de Pisciculture des Eaux et Forêts) ayant été supprimé en 1960, la plupart des étangs ont été abandonnés et les deux stations d'alevinage mises en sommeil.

En 1963, la Brigade piscicole a été récrée et, sur ses initiatives, quelques étangs ont été remis en production. La productivité, assez faible, était estimée entre 5 et 10 kg/are/an (Bounassies, 1967). Cette activité est restée réduite et il n'a pas été possible de relancer la pisciculture.

Pour remédier à cette situation en 1964, le Gouvernement du Gabon, avec d'autres pays intéressés d'Afrique Centrale, a adressé une requête au Fonds Special des Nations Unies pour la réalisation d'un projet intéressant le développement de la pisciculture.

Une mission préparatoire a visité les pays concernés en mars/avril 1965 et a recommandé la réalisation du projet dans les conditions suivantes:

La requête fut approuvée en 1967 par le Programme des Nations Unies pour le Développement, et l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture fut chargée de l'exécution du Plan d'Opération, qui prévoyait le sous-contrat du personnel participant aux travaux dans les quatres Etats intéressés (C.T.F.T., 1972). Le projet fut déclaré opérationnel le 1er décembre 1967.

Le but du projet était d'assister les gouvernements du Cameroun, du Congo, du Gabon et de la République Centrafricaine à étendre et développer la pisciculture.

En particulier, le projet devait:

  1. Former six cadres de niveau moyen, pour l'administration des Eaux et Forêts de chaque pays participant, pour assurer le développement de la pisciculture.

  2. Préparer des moniteurs pour les mêmes administrations, dont les besoins avaient été estimés aux chiffres suivants: Cameroun 80, République Centrafricaine 100, Congo 50 et Gabon 40. Ces agents de cadre subalterne devaient participer activement aux travaux de vulgarisation piscicole.

  3. Effectuer des recherches diverses pour l'amélioration des techniques de pisciculture pouvant inclure des essais d'élevage d'espèces diverses, la sélection des alevins, la reproduction induite, l'étude des problèmes d'alimentation, la densité d'empoissonnement, etc., de même que l'étude des relations entre la pisciculture et d'autres activités agricoles pour l'harmonisation des actions de développement rural.

L'aspect sanitaire de la pisciculture devait être étudié avec la collaboration de l'Organisation Mondiale pour la Santé (O.M.S.).

Le Projet Régional PNUD/FAO FI: SF/RAF/66/054 ‘Perfectionnement et Recherche en Pisciculture’, a démarré au Gabon au début de l'année 1970 par l'installation du Centre Piscicole National à la Station de recherches piscicoles d'Oyem (Province de Woleu N'tem).

L'éloignement de ce centre de Libreville, principale source d'approvisionnement en denrées diverses (matériel, produits alimentaires finis, sous-produits d'industries agricoles et alimentaires, etc.) lui a donné une activité et un caractère particuliers au sein du Projet Régional. L'activité agricole se limite au Woleu N'Tem, à la monoculture du cacao et à des cultures vivrières de subsistance. L'écologie générale étant en outre de type forestier, les recherches appliquées poursuivies à la Station piscicole d'Oyem se sont orientées vers le remplacement des sous-produits agricoles généralement utilisés avec profit en pisciculture tropicale, par des activités agricoles connexes. Les élevages associés porcs-poissons, volailles-poissons et le rouissage du manioc destiné lui-même à fertiliser les eaux et à nourrir les animaux supérieurs élevés en association avec les poissons, ont constitué la base des essais et ont donné les résultats les plus intéressants. C'est ainsi que ces méthodes ont décuplé les rendements enregistrés autrefois par les méthodes traditionelles de nourrissage aux feuilles de manioc. L'introduction d'un Silure (Clarias lazera) ayant un taux de croissance élevé, a permis d'enregistrer des productions qui, extrapolées, représentent 15 et 20 tonnes par hectare et par an, la nourriture étant constituée, pour cette espèce, de protéines animales ou végétales en quantité assez importante et d'un mélange de matières amylacées ayant aussi un support cellulosique (C.T.F.T., 1972).

Le Centre Pisciole National, par ses activités multiples sur le plan agricole, a été surnommé ‘Ferme Piscicole’, ce qui définit parfaitement l'orientation des methodes piscicoles utilisées. Le programme de formation s'est limité au recyclage de cinq moniteurs en pisciculture et quatre brigadiers des Eaux et Forêts; toutefois, la présence permanente d'un agent technique, homologue au Directeur, d'un brigadier et d'un moniteur, ainsi que du personnel subalterne a permis une formation pratique prolongée de ces derniers (C.T.F.T., 1972).

L'on peut penser que le projet FAO est parvenu à combler le retard qui s'était manifesté au cours des dernières années par l'utilisation routinière de méthodes désuètes et non rentables.

Malheureusement, depuis la fin du projet Régional (31 décembre 1972) les activités piscicoles se sont bornées à l'entretien des stations d'alevinage en provinces de Woleu N'tem (Stations d'Oyem et de Bitam), de l'Estuaire (Station de la Peyrie), de la N'Gounie (Stations de Lébamba, M'Bigou et Mimongo) et de la Nyanga (Station de Tchibanga). A noter que le Service des Pêches a continué à distribuer gratuitement des alevins de Tilapia ou d'Heterotis niloticus aux pisciculteurs privés qui en faisaient la demande (Ossinga, 1974).

Aucune campagne sérieuse de vulgarisation des techniques piscicoles n'a pu être entreprise en 1973, faute de moyens financiers car les crédits inscrits au budget de développement au titre de la pisciculture ont été purement et simplement supprimès (Ossinga, 1974). A partir de 1974–75, certaines stations existantes dans les provinces de l'Ogooué - Ivindo (Station de Makokou), l'Ogooué - Lolo est dans le Haut - Ogooué (Stations de Moanda et de Franceville) ont été abandonnées par manque de budgets de fonctionnement.

Des techniques de production simples, éprouvées, adaptées aux possibilités des paysans et utilisées couramment dans d'autres pays d'Afrique Centrale, tels qu'en Centrafrique, Congo et Cameroun n'étaient pas encore mises en oeuvre au Gabon, alors qu'elles avaient été testées, avec succès, à Oyem dans le cadre des activités du Projet Régional PNUD/FAO ‘Perfectionnement et Recherches en Pisciculture’, en 1970–72.

En octobre 1977, pour remédier à cette situation, la Direction des Chasses et Pêches et le représentant du Corps de la Paix des Etats Unis se concertaient pour la reprise des activités de la pisciculture au Gabon. En 1978, un volontaire du Corps de la Paix a été affecté a Lébamba, chargé de la supervision des travaux de réaménagement et de construction de la pisciculture commerciale de Makombo - Lébamba. Ces travaux étaient en cours en janvier 1980 lors de la visite de la mission (voir annexe 4).

Dans les différentes Stations de pisciculture des Eaux et Forêts l'on élève les sept espèces suivantes:

Tableau 1

Introductions de Poissons

EspècesAnnée d'introductionOrigine
Tilapia melanopleura11955Congo, Station de la Djoumouna, Brazzaville
T. macrochir1955Congo, Station de la Djoumouna, Brazzaville
T. nilotica1967–1968République Centrafricaine, Station de la Landjia, Bangui
T. zillii Indigène
Heterotis niloticus1959Cameroun
Clarias lazera1977République Centrafricaine, Station de la Landjia, Bangui
Hemichromis fasciatus Indigène

1 Il s'agit en réalité de T. rendalli

2.6 La consommation de poisson

Selon les statistiques officielles (voir tableau 2) la disponibilité de poisson au Gabon durant les dernières années a augmenté plus vite que la population. C'est ainsi que les disponibilités par habitant en 1978 étaient d'environ 11,6 kg/individu. Les poissons importés comptaient pour à peu près un quart de ce total.

L'on importe surtout les poissons marins, non capturés par la flotte industrielle opérant de Libreville (voir annexe 12). Les armateurs de chalutiers (de 20 m) qui pêchent de Libreville ont des difficultés de vente, surtout pendant la saison sèche, et les bâteaux rejettent systématiquement des petits bars, bosses et autres.

Les importations de poissons sont taxées suivant les normes en vigueur dans l'Union Douanière et Economique de l'Afrique Centrale (UDEAC). A peu près les deux-tiers du poisson frais importé par le Gabon sont grèvés de 22,5 pour cent sur leur valeur CFA.F. (UDEAC, 1976). Les sardines en boîte sont grèvées de 15 pour cent et d'autres poissons en conserves de 30 pour cent.

Les Gabonais préfèrent le poisson d'eau douce. C'est ainsi que le Tilapia de Lambaréné se vend à un prix supérieur à celui des poissons marins. A Libreville le Tilapia coûte environ CFA.F. 800/kg, quand on peut en trouver. A Oyem c'est encore plus cher, le prix du Tilapia frais arrivant à CFA.F. 900/kg (c'est à dire US$ 4,50/kg).

Tableau 2

Gabon - Disponibilités de Viande et de Poissons (en tonnes)

 196911974119772197819793
Viande4     
 Production locale   (900)   903  (900) (900)   (450)
 Importations3 4767 9804 919  
 - conserves   (1 000)     (500)
 - autres que conserves   5 8145  3 1566
 Total4 3768 8835 819(7 714)  (4 106)
Poissons7     
 Production locale     
 - maritime2 8505 2847 0008 0008(4 000)
 - d'eau douce  400   400(3 000)3 0008(1 500)
       
 Importations     
 - conserves  (1 800)2 0855    8846
 - autres que conserves  1 6221 8825 1 8066
       
 Total  7 0508 484(13 462)  14 967     (8 190)  
Global: viande et poissons11 42617 367   (19 281)  (22 681)     (12 296)    
Population9 (milliers)    (925)1 1111 2501 300   (1 350)  
Disponibilité (kg/personne)(12.4)(15.6)(15.4)(17.4)   (18.2)   

Notes: tous les chiffres entre parenthèses sont des estimations de la mission, généralement des répétitions des chiffres des années antérieures.

1 Source: Société d'Etudes pour le Développement Economique et Social 1976
2 Source: Situation Economique, Financière et Sociale de la République Gabonaise 1977
3 Ne concerne que la période janvier - juin 1979
4 Tonnes (poids carcasses)
5 Source: République Gabonaise. Statistiques du Commerce Extérieur, Année 1978
6 Source: République Gabonaise. Statistiques du Commerce Extérieur, Année 1979 (1er semestre)
7 Production locale: tonnes débarquées. Les poids de poisson importé n'ont pas été recalculé en équivalent frais
8 Source: Direction des Eaux et Forêts, Libreville
9 Source: Ministère du Plan, Direction Générale de la Statistique

La mission n'a disposé que de très peu d'informations quantitatives récentes sur la distribution géographique de la consommation de poisson. A raison de la pêche intérieure d'autoconsommation, il est peu probable que la distribution entre zones rurales et centres urbains soit aussi déséquilibrée comme observé en 1974 pour la consommation de viande (UDEAC, 1976): en zone rurale on estimait la consommation à 2,7 kg/individu/an; dans les centres urbains à 11,4 kg/an.

Les régions visitées par la mission sont, le long des routes, approvisionnées en poisson de mer, soit par avion (Tchibanga) soit par ‘pick-up’. Le poisson se vend à entre CFA.F. 500 et 600/kg. La distribution semble se faire assez régulièrement mais les quantités mises en vente sont assez réduites.

Pourtant l'activité de ‘broussards’ (nom donné aux revendeurs de poissons de mer à partir des ‘pick-up’) est destiné à s'accroître. Entre le prix d'achat (de CFA.F. 200 à 250/kg à Libreville) et le prix de vente, il y a une marge assurant des bénéfices importants aux revendeurs.

Les importations de poissons en conserve enregistrées pour 1978 ont été importantes. Elles ont permis une consommation mensuelle équivalente à une boîte de 125 g par habitant. Les prix des poissons en conserve sont bas: le prix des sardines fluctue entre CFA.F. 100 et 125 la boîte de 125 g net, c'est à dire entre CFA.F. 800 et 1 000/kg; les maqueraux généralement présentés en boîtes de 425 g net, sont vendu à un prix compris entre 60 et 75 pour cent de celui des sardines. Ces prix sont uniformes à travers le pays. En effet, la mission a trouvé des boîtes de sardines dans tous les magasins visités, aussi bien en ville que dans les petits villages de l'intérieur. La consommation de poisson en conserve semble assez répandue et uniforme dans le pays.

La Bonga (Ethmalosa sp.) est aussi distribué fumé - sêché à travers tout le pays et trois poissons se vendent a environ CFA.F. 100.


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