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4. RECOMMANDATIONS

Les recommandations qui suivent sont adressées aux services gouvernementaux responsables de l'aquaculture et seront discutées sous les titres suivants: pisciculture en lagunes, pisciculture commerciale en eau douce et pisciculture familiale en étangs en milieu rural. Mais d'abord, deux recommandations d'intérêt global.

La première recommandation concerne le contexte de développement dans lequel se trouve l'aquaculture. Pour développer l'activité aquacole il ne suffit pas d'avoir un personnel avec une connaissance technique complète. Il est évident que les possibilités de développement de la pisciculture sont liées et même fortement conditionnées par les possibilités de développement des activités agricoles compétitives. Cette évidence devrait se traduire par une étroite coopération entre les divers services d'Etat s'occupant de l'irrigation, des barrages, des élevages, des travaux publics, etc. La Mission est de l'avis que dans la préparation de grands programmes publics de développement rural il peut y avoir une meilleure coordination entre ces services d'Etat et recommande que des commissions mixtes soient formées par les services concernés pour mieux coordonner les actions ayant une influence sur les possibilités de développement de l'aquaculture.

La deuxième recommandation est liée au fait que l'aquaculture, même rurale, est une activité qui a pour but principal de produire de la nourriture pour les communautés engagées dans cette activité. Pour cette raison c'est une activité qui pourrait être analysée selon les théories économiques. Ceci nous indique qu'il ne peut pas être envisagé qu'une activité d'aquaculture quelconque sera exercée pendant des années par un grand nombre de familles rurales si cette activité ne rend pas à la majorité d'entre elles un produit qui vaut au moins l'equivalent de l'effort fait pour le produire. Pour cette raison l'Etat ne doit pas encourager les paysans à entreprendre un type d'aquaculture quelconque avant qu'il soit convaincu de son acceptation sociale et de sa rentabilité économique.

4.1 Pisciculture en lagunes

Les projets pilotes de l'aquaculture lagunaire actuelle utilisent beaucoup de capitaux, se pratiquent à relativement grande échelle et mettent en oeuvre des systèmes semi-intensifs (enclos) ou intensifs (cages). Il est évident qu'il ne sera pas possible de vulgariser auprès des pêcheurs et autres membres des communautés vivant aux alentours des lagunes, les techniques d'élevage et l'équipement très moderne et coûteux utilisés par B.P.

Néanmoins, il vaut la peine d'étudier les possibilités d'organiser des coopératives d'élevage de tilapia en cages. Les unités de reproduction et de stockage (d'aliments et de poissons) pourront être gérées par la coopérative et les cages individuelles par des membres de la coopérative.

Il sera sans doute possible de vulgariser plus facilement le système d'élevage en enclos du machoiron. Cela devrait devenir une activité pour les pêcheurs lagunaires.

Il ne faut pas oublier que les deux projets pilotes se servent du marché d'Abidjan, qui est une ville avec un pouvoir d'achat beaucoup plus grand que les autres agglomérations urbaines du pays. Donc, la Mission recommande qu'une étude soit faite sur le marché d'Abidjan pour voir sa capacité d'absorbtion des produits de l'aquaculture et qu'elle soit diffusée parmi les entrepreneurs potentiels désirant des informations sur les perspectives de l'aquaculture lagunaire.

La Mission est de l'avis que le gouvernement doit attendre des résultats plus précis sur les activités pilotes actuelles en cages et en enclos avant de les faire adopter par les entrepreneurs ou pêcheurs locaux.

4.2 Pisciculture commerciale en eaux douces

La ferme pilote de Natio-Kobadara est un essai pour produire à bas prix un poisson commun. Début 1980 cet essai n'avait pas encore abouti à un succès. Le prix de revient du poisson était élevé. Il semblait à la Mission qu'une économie d'échelle (et puis un prix de revient un peu plus bas) aurait pu être obtenue si la ferme avait été un peu plus grande.

Il semble essentiel à la Mission que la ferme continue à être exploitée d'une manière strictement commerciale. Il paraît aussi souhaitable que le gouvernement se demande, avant de construire une ferme de ce type ailleurs, s'il n'y a pas d'autres manières de produire les mêmes quantités de poisson à un prix plus bas et en donnant plus de travail.

De l'analyse faite de la proposition d'élever des tilapias dans des cages flottantes, il ressort que cette activité pourrait devenir économiquement rentable. En plus il y a d'autres avantages liés à ce type d'élevage:

Cela implique qu'il n'y a pas de raisons économiques pour avoir de grandes unités de production et qu'il sera logique de développer cette activité à l'échelle familiale. En plus, l'élevage en cages, en toute probabilité ne fait qu'augmenter les disponibilités de l'aliment humain et des possibilités d'emplois dans les régions concernées.

Néanmoins, l'élevage en cages dépend entièrement de la disponibilité d'alevins et de la nourriture.

Etant donnée la situation telle qu'elle se présentait début 1980, la Mission est de l'opinion que les services concernés doivent pousser les essais d'élevage en cages en priorité, et si dans les conditions actuelles cela semble donner des résultats économiques positifs, il faut étudier (i) la manière plus efficace d'approvisionner en alevins des éleveurs de tilapia en cages, et (ii) les disponibilités des ingrédients pour aliments pour poissons.

4.3 Pisciculture familiale en étang en milieu rural

L'analyse de la section 3.3.4 démontre que la pisciculture en étang pourrait devenir une activité accessoire positive pour les familles en milieu rural. Néanmoins, une fois l'étang construit, la pisciculture fournit moins d'emplois (hommes/jour) par an que par exemple la riziculture pratiquée sur le même terrain. Donc, pour éviter une diminution des opportunités de travail comme résultat d'une introduction de la pisciculture en étang, il est fortement recommandé de la vulgariser premièrement auprès des familles qui possèdent les terres (ou qui en possèdent le droit d'usage) où se construiront les étangs et qui vont eux-mêmes s'engager dans les activités de culture. Cette politique aura comme résultat d'assurer que les étangs seront installés dans les terrains les moins aptes pour l'agriculture et limiteront les risques d'une diminution des opportunités de travail.

En outre, les observations faites par la mission donnent lieu aux recommandations suivantes adressées aux services de vulgarisation:


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