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4. VULGARISATION

4.1 ZONE D'ACTION (voir carte 1)

Elle est constituée de la préfecture de la Nana-Mambéré et d'une petite partie de l'Ouham-Pendé. Elle a pour centre Bouar d'où partent en étoile une série de pistes d'une longueur totale de plus de 700 km.

Cette zone est divisée en 3 sous-zones, centrées sur les trois stations piscicoles: Bouar, Baoro et Baboua.

4.2 PERSONNEL

L'expert-associé, basé à Bouar, supervise quatre moniteurs piscicoles (fonctionnaires) et 19 animateurs (non fonctionnaires) répartis comme suit:

Zone de Bouar: deux moniteurs contrôlant 12 animateurs;
Zone de Baoro: un moniteur contrôlant 3 animateurs;
Zona de Baboua: un moniteur contrôlant 4 animateurs.

4.3 MOYENS AFFECTES A LA VULGARISATION

Les moyens disponibles sont:

Une Land-Rover (partagée avec la station);
Un motocross Suzuki 125 pour l'expert-associé;
Une mobylette pour chaque moniteur;
Une bicyclette pour chaque animateur;
Du carburant fourni mensuellement par le projet;
Du petit matériel, fourni par le FISE pour la construction et l'exploitation des étangs dont brouettes, pelles, pioches, dames, seaux, etc.;
Matériel didactique.

4.4 ACTIVITES

Elles se résument comme suit:

Les tournées étaient faites en Land-Rover ou à moto, en fonction des difficultés de la piste, du matériel et du personnel à transporter. Les principales actions menées ont consisté à visiter les pisciculteurs en compagnie de l'animateur de la zone et, possiblement, du moniteur qui ont fourni des conseils techniques et des discussions. Il y a eu des projections de films fixes; un apport d'outils de construction (prêtés); des piquetages et travaux de démonstration; un apport d'équipement pour les étangs (moine, buse); le transport d'aliments et de fumier depuis la station, lequel transport est chargé sur le véhicule du projet et est effectué au prix coutant; enfin les livraisons d'alevins.

Une attention particulière a été apportée à la valorisation des deux petits barrages érigés sur les fonds du FENU dont l'un à Kpokorota, à 25 km de Bouar (sur la route de Bangui) et l'autre à Baoro (à 60 km de Bouar, sur la même route). Ces sites sont restés très longtemps inactifs en raison des malentendus qui ont présidé à leur installation; il semble que les paysans consultés aient donné leur accord pour que le projet fasse ses propres bassins et pour qu'il construise pour les paysans mêmes des bassins utilisables afin que ces derniers n'aient pas à les construire eux-mêmes.

La situation a été résolue de la façon suivante: à Baoro, le projet a installé une petite station d'environ 35 ares (trois bassins de 10 ares et 4 bassins de stockage) et a encouragé les pisciculteurs à s'installer en aval, le long du canal de dérivation. L'animateur a donné l'exemple et a été suivi jusqu'à maintenant par quatre autres pisciculteurs.

A Kpokorota, le démarrage a été plus laborieux, seuls trois pisciculteurs se sont finalement implantés en aval du barrage. L'animateur de la zone est intéressé de s'y installer complètement, grâce à l'utilisation d'un crédit piscicole (disponible en 1985).

Entre avril et décembre 1983, une importante partie du temps a été consacrée au recensement général des bassins selon le nouveau système proposé par Marquet. Suite à des problèmes logistiques (manque de bicyclettes), certains animateurs n'ont pu terminer leur recensement qu'en septembre 1984 (les nouvelles bicyclettes ont été distribuées en août).

4.5 SITUATION DE LA PISCICULTURE EN ZONE RURALE

4.5.1 Situation générale

On se référera au tableau 13 qui résume la situation au 31 octobre 1984. Ce tableau a été établi à partir des rapports mensuels établis par chaque animateur. Ce système, entré en vigueur au cours du deuxième semestre 1983, n'est devenu fiable dans la zone ouest qu'en 1984.

L'adoption de ce système rend difficile la comparaison avec la situation antérieure, un des buts du recensement étant d'éliminer du total un certain nombre de bassins qui n'étaient plus en activité.

Le tableau 14 donne l'évolution de la vulgarisation au cours de ces deux dernières années. La diminution de décembre 1983 correspond à la mise en place du nouveau recensement. On constate entre décembre 1983 et octobre 1984 une augmentation du 16 pour cent du nombre de bassins (à ramener à 13,3 pour cent pour tenir compte de 30 bassins non recensés mais en activité connue).

Le taux des bassins empoissonnés oscille entre 70 et 75 pour cent. Les composts sont présents dans environ 48–50 pour cent des bassins. Le rendement moyen observé est de 19 kg/are/an.

4.5.2 Transport d'alevins

Sur deux ans (de juillet 1982 à juin 1984), 787 kg d'alevins ont été livrés par la station de Bouar (ainsi que Baboua et Baoro) dont plus de 150 kg dans la zone de Carnot, supervisée par un volontaire du Corps de la Paix.

La vente entre pisciculteurs a été fortement encouragée mais rencontre encore des problèmes (voir section 4.5.4).

4.5.3 Livraison d'aliments

A côté de la diffusion du compost, on s'est efforcé de promouvoir également l'alimentation directe des bassins. La station de Bouar joue alors un rôle de stockage. Elle revend à prix coûtant du tourteau broyé aux pisciculteurs qui en font la demande. Le transport éventuel était assuré gratuitement dans le cadre de la vulgarisation, pour autant que les commandes soient regroupées par secteur. Des formulaires ad hoc étaient remplis par les animateurs responsables du secteur (voir annexe 9).

Moyennant une contribution aux frais d'essence, le véhicule de la station (Land-Rover ou SG2) a effectué une série de transports de fumier et le pisciculteur était chargé d'en assurer la manutention.

4.5.4 Mise en place du matériel de vidange

Au deuxième semestre 1984, la station a commencé à mettre en place moines et éléments de buse en béton chez les pisciculteurs intéressés; ces réalisations étant effectuées àu prix coûtant. Si le système du moine reste un luxe pour la plupart, il semble particulièrement intéressant de diffuser le système de buse (éléments de 1 m, Æ 150 au prix de 1 500 FCFA la pièce), moins coûteux que le tuyau PVC déchargé.

4.5.5 Obstacles au développement

4.5.5.1 Notions d'élevage

L'ignorance de la notion même d'élevage est un obstacle majeur au développement de la pisciculture. L'accent a été particulièrement mis sur ce sujet auprès des animateurs au cours de leurs recyclages successifs. Les efforts en ce sens commencent à trouver leurs effets dans le développement du compost (préalable imposé à la livraison d'alevins) et depuis un an dans la vente d'aliments qui, dans la zone ouest, touche environ 5 pour cent des pisciculteurs. A ce titre, faire voir des vidanges à la station principale et chez des pisciculteurs exemplaires; constituent un moyen de propagande efficace, car les pisciculteurs ne croient vraiment que ce qu'ils voient.

4.5.5.2 Problèmes psychologiques

  1. Méfiance vis-à-vis de la qualité des alevins “privés”; les pisciculteurs préfèrent les alevins de la station d'autant plus que ceux-ci étaient vendus à un prix inférieur à celui du marché: il y avait aussi bénéfice pour les producteurs d'alevins de vendre ceux-ci pour la consommation (FCFA 690 et plus/kg) et de racheter des alevins à la station (FCFA 400/kg). En définitive le prix station s'élève à FCFA 600/kg:

  2. Manque de confiance vis-à-vis des animateurs et/ou moniteurs. Cette attitude peut avoir deux origines: les paysans sont souvent réticents devant les “innovations techniques” qu'on leur propose, et même toute l'autorité et le prestige conféré au statut d'expert sont parfois loin d'être convaincants. Les pisciculteurs renoncent parfois à faire appel aux encadreurs par crainte d'avoir à payer quelque chose officiellement ou officieusement, car la politique des “cadeaux” plus ou moins imposés (au contrôle des vidanges par exemple) est chose courante vis-à-vis des fonctionnaires et assimilés. Le responsable de la vulgarisation ne peut guère que sanctionner les excès dont il se rend compte.

4.5.5.3 Alevinage

Un problème a déjà été évoqué dans la sous-section 4.5.5.2. Le caractère saisonnier de certains bassins et les faibles possibilités de stockage constituent deux obstacles majeurs, car ils menacent le fondement même de la pisciculture, c'est-à-dire la présence du poisson.

Très peu de pisciculteurs possèdent un bassin de stockage. La chose n'est pas trop grave si le pisciculteur se trouve à l'intérieur d'un groupe où il peut s'approvisionner, mais signifie l'arrêt de la pisciculture dans les sites isolés. Les étangs saisonniers sont une figure extrême de la situation précédente car l'ensemble des étangs d'un site peut se trouver à sec en même temps et ainsi condamné s'il n'y a pas de possibilités d'apport extérieur. La station de Bouar qui faisait cet apport dans le courant des dernières annèes sur le crédit du projet, ne pourra plus approvisionner, aux mêmes conditions que la périphérie de Bouar, à moins qu'un crédit à la vulgarisation lui soit alloué par le gouvernement dans ce but. L'installation de piscicultures artisanales en pleine zone rurale pourrait améliorer l'approvisionnement en alevins à l'échelle locale.

4.5.5.4 Alimentation

Les pisciculteurs, dans la zone ouest, ne peuvent compter que sur la station de Bouar pour obtenir du tourteau. Mais il y a là, comme pour les alevins, un problème de distance.

Une planification des livraisons par secteur, effectuée conjointement par le chef de station, le moniteur et l'animateur du secteur, pourrait cependant permettre une distribution à un prix raisonnable (40 FCFA/kg de tourteau + 20 FCFA/kg de transport en utilisant une Land-Rover chargée à 800 kg sur 50 km (coût kilométrique: 157 FCFA).

4.5.5.5 Problèmes liés à l'encadrement

Ils sont de deux sortes:

Logistique: deux moniteurs piscicoles, supervisant en tout sept animateurs sont sans moyens de déplacement (mobylette) depuis trois ans. Le genre de situation, de plus en plus fréquente avec la diminution des crédits du projet, ne permet pas un suivi suffisant des animateurs de la base.

Psychologique: les moniteurs piscicoles (fonctionnaires) qui effectuent les tournées ne peuvent esperer en retirer aucun avantage alors que leurs collègues de la chasse par exemple, obtiennent des avantages substantiels. Il s'ensuit que les moniteurs piscicoles sont la plupart du temps peu motivés dans leur travail.

4.5.5.6 Les vols

Ce phénomène s'est beaucoup développé ces dernières années et atteint non seulement les périphéries urbaines mais aussi les zones rurales. Les pêches nocturnes sont très fréquentes et les vidanges sauvages ne sont pas rares. La lutte est difficile car les étangs sont souvent situés loin des villages et sont difficilement surveillés. Des pisciculteurs abandonnent régulièrement leurs activités, découragés par la répétition des vols. La seule solution pour le pisciculteur est d'aller habiter près de son bassin. Cette condition a d'ailleurs été rendue obligatoire pour l'obtention d'un crédit piscicole.

4.6 PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT

Depuis plusieurs années le nombre de bassins n'a pas cessé d'augmenter ainsi que leur qualité.

Avec un encadrement national inchangé pour les prochaines années, ce phénomène devrait pouvoir se développer à condition de résoudre deux problèmes fondamentaux: les alevins et l'alimentation.

L'installation de quelques piscicultures artisanales “intégrées”, par le biais du crédit piscicole, pourrait résoudre le problème d'alevinage dans les zones rurales et assurer ainsi la continuité des piscicultures familiales qui resteront majoritaires.

En l'absence de tout réseau de commercialisation, les stations garderont encore un rôle important à jouer pour la distribution d'aliments et de matériel. L'encadrement devra cependant et plus que jamais, insister sur l'utilisation des composts.

4.7 FORMATION

L'expert-associé a participé aux trois stages de recyclage organisés à Bouar pour les animateurs, par l'expert-associé chargé de la formation.

Des discussions fréquentes ont eu lieu entre l'expert-associé et son homologue, chef de station, ainsi que les moniteurs et le technicien de l'élevage, à propos des techniques de production et de gestion de la station. Faisant suite à cela l'expert-associé a élaboré le “Mémento sur les élevages associés” (voir annexe 8 du présent rapport) conçu spécialement à l'intention du chef de station et de ses collaborateurs, tant pour le travail quotidien que pour la planification des exploitations associées.


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