Page précédente Table des matières Page suivante


D. CONSERVATION DE LA NATURE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT


D.27 Prévention à long terme des risques de salinité et sodicité
D.28 Maîtrise des eaux superficielles et souterraines
D.29 Risque d’érosion à long terme
D.30 Autres risques pour l’environnement

Historiquement, l’irrigation, la dégradation des terres, les maladies humaines et autres conséquences néfastes se trouvent associées; c’est pourquoi il ne faut jamais sous-estimer les effets à long terme de l’agriculture irriguée sur la conservation et la nature de l’environnement. Le niveau de conservation de la nature et de protection de l’environnement effectivement atteint sera fonction des systèmes de culture, d’aménagement et d’irrigation initialement choisis pour le projet, et de la façon dont les ressources seront gérées après sa mise en oeuvre. Cette gestion dépend du contexte socio-économique, et en particulier de la volonté des institutions de financement et des gouvernements de fournir un financement et de prendre des mesures de contrôle adéquates. L’histoire montre que c’est la dégradation des terres par l’érosion du sol, la salinité, la sodicité et la saturation en eau qui est à l’origine du déclin et de la chute des civilisations dès lors qu’elles cessent de prendre les mesures de conservation à long terme qui s’imposent. Les problèmes sanitaires sont également une caractéristique des périmètres d’irrigation, comme on l’a indiqué dans la Section 5.8.

La présente section comporte quatre rubriques d’évaluation: risque à long terme de salinité et de sodicité; maîtrise de l’eau souterraine; érosion du sol; environnement.

D.27 Prévention à long terme des risques de salinité et sodicité

Le responsable de l’évaluation des terres doit identifier les mesures à prendre pour empêcher la dégradation des terres par le sel et le sodium et formuler des recommandations précises en matière de prévention. L’évaluation entreprise à cet effet a pour objet de dire si les mesures préventives nécessaires seront prises ou non, car elles peuvent être trop complexes, trop difficiles ou trop coûteuses pour les agriculteurs ou les organisations gouvernementales en cause. Auquel cas, ce serait faire preuve d’irresponsabilité que de recommander la mise en valeur de telles terres, qui devront être classées “inaptes”.

D.28 Maîtrise des eaux superficielles et souterraines

Différents facteurs peuvent intervenir négativement sur la quantité et la qualité des disponibilités en eau: mauvais drainage, pompage excessif dans les couches aquifères et intrusion d’eaux salines ou déboisement, dégradation des bassins versants. Les critères déjà traités à la section précédente s’appliquent également à ces risques. S’il est probable que ni l’organisme gouvernemental ni l’exploitant ne mettront en oeuvre des mesures de conservation, il peut être nécessaire de classer les terres dans la catégorie “inaptes”.

La maîtrise du plan phréatique peut poser des difficultés tant dans les zones menacées par la salinité que dans les zones qui ne le sont pas. Dans le second cas, bien que l’équilibre salin soit bon, un excès d’eau, même intermittent, peut obliger les agriculteurs à abandonner ces terres. Même si l’excédent d’eau ne dure que peu de temps à chaque fois, il peut provoquer la prolifération des mauvaises herbes et autres phénomènes incompatibles avec une exploitation viable. La végétation naturelle reprend alors possession des terres à moins que n’y soit pratiquée l’agriculture extensive (élevage, par exemple), sans irrigation.

L’intrusion d’eaux salines consécutive à un pompage excessif des couches aquifères est un phénomène fréquent dans les projets d’irrigation alimentés en eau souterraine. Il convient de surveiller les puits et ne pas dépasser le débit de sécurité. Les autorités compétentes devront, le cas échéant, être habilitées à restreindre la consommation d’eau et à empêcher la surexploitation des ressources en eau. Faute de quoi, les terres risquent de recevoir une eau de plus en plus salée, jusqu’au moment où il faudra les abandonner.

La dégradation des bassins de réception ou de drainage peut influer sur la quantité d’eau disponible pour l’irrigation. Le déboisement et l’érosion peuvent modifier l’allure des débits saisonniers et provoquer une sédimentation des réservoirs. La conservation de la végétation et du sol dans le bassin versant a, à long terme, une forte incidence sur la viabilité de nombreux périmètres d’irrigation.

D.29 Risque d’érosion à long terme

Dans les régions arides et semi-arides, l’érosion du sol peut être d’origine éolienne ou hydraulique. Dans les régions humides, c’est en général l’eau qui représente le principal facteur d’érosion.

L’érosion hydraulique: il existe différentes méthodes pour évaluer l’érosion hydraulique qui sont:

i. l’Equation universelle de la perte de sol;
ii. la méthode FAO d’évaluation de la dégradation des sols;
iii. le coefficient d’estimation de la perte de sol pour l’Afrique australe;
iv. des méthodes locales fondées principalement sur la pente;
v. l’observation de zones irriguées semblables.
Toutes ces méthodes doivent être ajustées pour tenir compte du risque supplémentaire d’érosion en ravines.

Quelle que soit la méthode utilisée pour calculer ou estimer la perte de sol, il est possible d’appliquer de façon identique les limites critiques et les coefficients de classement, en procédant comme suit:

i. de fixer des limites maximums acceptables de perte de sol pour chaque coefficient de classement. Ces valeurs constituent les limites critiques applicables à toutes les cultures ou à tous les types d’utilisation des terres;

ii. pour chaque unité de terre, calculer la perte de sol en tenant compte uniquement des facteurs climat, sol et topographie, c’est-à-dire en omettant le facteur utilisation des terres;

iii. pour chaque culture ou type d’utilisation successivement, multiplier la perte de sol calculée à l’étape ii par un facteur d’utilisation des terres;

iv. la répétition des étapes ii et iii fournit une estimation de la perte de sol pour chaque combinaison unité de terre/type d’utilisation. Comparer ces estimations avec les valeurs obtenues à l’étape i pour obtenir un coefficient de classement du risque d’érosion.

Erosion éolienne et formation de dunes: des brise-vent peuvent être nécessaires surtout dans les zones arides ou semi-arides où soufflent des vents violents. Il est parfois indispensable de planter ces brise-vent plusieurs années avant de commencer des cultures irriguées. Le risque d’érosion doit généralement être évalué sur la base de l’expérience acquise localement ou dans des situations identiques. Il y a déjà eu des cas où des projets d’irrigation ont été rendus totalement inefficaces par le vent, qui provoquait non seulement une perte de sol mais également la formation de dunes et le comblement, par le produit de l’érosion, des canaux de distribution d’eau et de drainage.

D.30 Autres risques pour l’environnement

Les projets d’irrigation peuvent comporter, pour la santé de l’homme et pour la faune, des risques qui ont déjà été traités dans les sections 5.8 et 5.7 respectivement.


Page précédente Début de page Page suivante