Page précédente Table des matières Page suivante


2.  LIGNES DIRECTRICES POUR LA PROMOTION DE LA GESTION DE L'ENVIRONNEMENT DANS LE DEVELOPPEMENT DE L'AQUACULTURE COTIERE

Les coûts et avantages écologiques et socio-économiques de l'aquaculture sont potentiellement tellement importants qu'il est nécessaire d'instaurer une politique telle que les gains financiers ne se réalisent pas aux dépens de l'écosystème ou du reste de la société; le développement de l'aquaculture devrait suivre une politique et des principes bien établis. Voici ceux qui sont proposés (d'après GESAMP, 1991c):

2.1 Principes généraux

-  L'aquaculture côtière peut produire des aliments et fournir des revenus et donc contribuer au bien-être social et économique.

-  Le développement de l'aquaculture correctement géré et planifié représente une utilisation productive des zones côtières qui devrait être entreprise dans le cadre plus large de plans de gestion intégrée des zones côtières, en accord avec les objectifs économiques et les buts nationaux de développement durable et en harmonie avec les obligations internationales.

-  Les conséquences négatives probables de l'aquaculture et d'autres formes de développement côtier sur l'environnement social et écologique doivent être prévues et évaluées, et des mesures formulées de façon à les contenir dans des limites acceptables déterminées à l'avance.

-  L'aquaculture et les autres activités des zones côtières devraient être réglementées et suivies de façon adéquate pour s'assurer que les effets négatifs restent dans les limites déterminées à l'avance et savoir quand des plans d'urgence ou autres doivent être utilisés de façon à renverser toutes tendances qui pourraient avoir des conséquences inacceptables pour l'environnement.

2.2 Politiques

-  Une saine utilisation des capacités écologiques des zones côtières de fournir des produits aquacoles et des revenus.

-  Développement d'une politique et de mécanismes de gestion permettant de réduire les conflits avec les autres activités côtières.

-  La prévention ou la réduction des impacts négatifs sur l'environnement de l'aquaculture et des autres activités côtières.

-  La gestion et la coordination des activités aquacoles afin de s'assurer que ces impacts négatifs restent dans des limites acceptables.

-  La réduction des risques sanitaires liés à la consommation des produits aquacoles.

2.3 Actions

Toute une gamme de mesures peuvent être entreprises afin de promouvoir la gestion environnementale de l'aquaculture côtière et réussir son développement. Les actions suivantes sont suggérées:

(Des informations en rapport avec les actions suggérées ci-dessous se trouvent aux chapitres 3–6 de l'examen commençant à la page 11. Les actions sont regroupées ci-dessous comme dans ces chapitres. Les paragraphes des chapitres de l'examen sont numérotés en partant de la page 11. Pour plus d'informations sur chaque action proposée, se référer aux paragraphes pertinents.)

•     Aquaculture côtière et environnement: comprendre le contexte (voir chapitre 3)

  1. Souligner les aspects socio-économiques et écologiques positifs de l'aquaculture côtière. Rassembler et fournir des informations concernant les possibilités et les réalisations de développement en aquaculture côtière. (paragraphes 2–6)

  2. Renforcer la conscience et la compréhension des effets potentiels négatifs de l'aquaculture côtière sur l'environnement. Mettre l'accent sur les aspects bio- physiques et socio-économiques des interactions environnementales associées aux activités aquacoles. (paragraphes 7–78)

  3. Faire la distinction entre les espèces élevées, les méthodes d'élevage appliquées et les caractéristiques écologiques du site aquacole. La plupart des preuves scientifiques de l'impact négatif de l'aquaculture sur l'environnement proviennent de pays tempérés et ne peuvent pas être appliquées à l'aquaculture tropicale. Encourager la recherche concernant les interactions écologiques de l'aquaculture côtière. (paragraphes 17–60)

  4. Souligner les risques d'autopollution et d'autres effets de retour négatifs. En particulier, mettre l'accent sur les risques d'autopollution qu'entraîne le regroupement des exploitations aquacoles dans les baies côtières. (paragraphes 61–66)

  5. Considérer l'aquaculture comme une activité des zones côtières parmi bien d'autres. L'utilisation de nombreuses ressources dans ces régions aboutit souvent à une sérieuse pollution des eaux côtières. Souligner les menaces potentielles, pour l'aquaculture, de l'accroissement de la pollution dans ces zones. (paragraphes 67–72; voir aussi annexe 2)

  6. Se préoccuper des implications sociales négatives potentielles de l'aquaculture et d'autres développements, en particulier les risques sanitaires pour l'homme, les conflits sur l'utilisation des ressources et la marginalisation possible des groupes à faibles revenus. (paragraphes 73–78)

•     Définir les facteurs influençant l'impact de l'aquaculture côtière sur l'environnement (voir chapitre 4)

  1. Déterminer les facteurs qui affectent la compatibilité de l'aquaculture côtière avec l'environnement dans votre projet ou pays. Spécifier les causes de la mauvaise gestion de l'environnement et les contraintes pour le développement durable de l'aquaculture côtière. Décrire les conditions écologiques, biologiques et technologiques ainsi que les conditions socio-économiques, institutionnelles et juridiques qui intéressent le développement de l'aquaculture côtière. (paragraphes 79–91; voir également 215, 225; 227–229; 237–238; 254)

•     Estimer les risques et les impacts de l'aquaculture côtière sur l'environnement (voir chapitre 5)

  1. Evaluer la capacité de l'écosystème côtier à soutenir le développement de l'aquaculture avec un minimun de changements écologiques. (paragraphes 93–153)

→     Méthodes d'évaluation/ de suivi de la pollution

  1. Promouvoir la compréhension du concept de “capacité de l'environnement”. Encourager l'application de méthodologies scientifiques modernes pour l'évaluation de la pollution côtière, par exemple l'approche des risques liés à l'environnement et les programmes de suivi adéquats. Préconiser l'établissement d'un réseau de pêcheurs et d'éleveurs s'occupant de la détection et d'alerte rapide. (paragraphes 95–103 et 104–113; 112)

  2. Appliquer, quand c'est possible, des méthodes d'évaluation de la pollution spécifiques à l'aquaculture côtière. S'assurer que ces méthodes sont bien utilisées, et que leurs applications et limitations sont bien comprises. Encourager l'étude de nouvelles méthodes d'évaluation applicables à l'aquaculture et au milieu tropical. (paragraphes 114–143)

  3. Intégrer les programmes de suivi spécifiques à l'aquaculture avec ceux existant déjà pour le suivi de la pollution des eaux côtières. Selectionner des paramètres et des stations d'échantillonnages appropriés. (paragraphes 148–153; voir également annexe 4)

  4. Employer les techniques de télédétection et les systèmes d'informations géographiques (SIG) pour évaluer les changements à grande échelle de l'environnement dans l'espace et dans le temps qui sont dus à l'aquaculture et aux autre types de développement des zones côtières. (paragraphes 146–147)

→     Mise en oeuvre de l'évaluation de l'impact sur l'environnement (EIE)

  1. Faire mieux connaître les avantages et les limites associés à la mise en oeuvre des concepts de l'évaluation de l'impact sur l'environnement. (paragraphes 154–170)

  2. Considérer que les études d'évaluation sur l'impact socio-économique des activités de développement peuvent être entreprises séparément ou faire partie intégrante d'une EIE. Les deux types d'évaluation de l'impact sont essentiels lorsque des programmes ou des projets d'aquaculture côtière sont à l'étude. (paragraphes 155–156; voir aussi 233–236 et 240–241)

  3. Sélectionner ou adapter une séquence appropriée d'EIE en rapport avec les besoins de l'environnement et du développement, compte tenu des disponibilités d'informations et de capacités d'évaluation. (paragraphes 157–167)

  4. Appliquer le processus EIE à toutes les propositions importantes de développement de l'aquaculture côtière. Procurer des informations aux candidats ou agents de développement sur les mesures éventuelles d'atténuation ou d'adaptation à inclure dans les propositions de projet. (paragraphes 157–164; voir aussi 177–178, 181; 218–223 et 242–278)

  5. Incorporer l'EIE dans les stratégies de gestion intégrées des zones côtières. (paragraphes 168–170; voir aussi 206–207)

•     Amélioration de la gestion de l'environnement pour le développement de l'aquaculture côtière (voir chapitre 6)

  1. Sélectionner et appliquer des options de gestion de l'environnement adaptées aux besoins spécifiques d'un développement acceptable pour l'environnement de l'aquaculture et des autres activités des zones côtières. (paragraphes 171–278)

→     Protection de l'environnement

  1. Améliorer/étudier des processus de gestion pour la protection de l'environnement côtier. (paragraphes 173–189; voir aussi 236 et annexe 3)

→     Gestion intégrée des espaces côtiers (GIEC).

  1. Travailler de concert avec d'autres administrateurs des ressources côtières afin de formuler (ou d'améliorer) et d'évaluer des plans de gestion intégrés des zones côtières (GIEC). II existe un large éventail de dispositifs institutionnels et de stratégies de gestion aptes à résoudre les conflits d'utilisation et à assurer la gestion des ressources côtières. Participer à l'établissement d'un bureau de coordination institutionnalisé ou d'un réseau de coopération. (paragraphes 190–214; voir aussi annexe 7)

  2. Encourager une large participation à la mise au point et l'application de programmes de gestion des zones côtières. Les éleveurs, les artisans et les autres utilisateurs des ressources, la communauté scientifique et les organisations non gouvernementales devraient participer (ou être consultés) à tout ce qui concerne les activités GIEC ainsi que les représentants des bureaux gouvernementaux clefs qui s'intéressent à la gestion côtière. (paragraphes 196–197; 214)

  3. Les planificateurs du développement de l'aquaculture côtière devraient participer activement à la formulation et à la mise en oeuvre des plans de GIEC. Enoncer les buts et fixer les priorités du développement de l'aquaculture côtière. Identifier les conflits existants ou potentiels entre les éleveurs et les autres utilisateurs des ressources côtières. (paragraphes 226, 234; 195–197)

  4. Fournir des données aquacoles spécifiques en vue de constituer la base d'information requise pour la GIEC. (paragraphes 198–199; voir aussi annexe 8)

  5. Participer aux activités de zonage conduisant à la désignation de l'espace et des ressources côtières. Indiquer les zones côtières appropriées ou désirées pour le développement de l'aquaculture en partant, si possible, d'une sélection des sites spécifiques à l'aquaculture basée sur une reconnaissance. (paragraphes 200–208; 234)

  6. Communiquer régulièrement avec les autres administrateurs et planificateurs des ressources côtières, les personnes intéressées, les scientifiques et les responsables politiques. Utiliser des techniques de solution des conflits telles que le dialogue ou la médiation. (paragraphes 209)

  7. Assurer à la GIEC des fonds à long terme grâce à l'engagement durable des parties concernées par l'aquaculture et l'application de réglementations spécifiques à l'aquaculture. (paragraphes 210–214)

→     Cadre juridique

  1. Promouvoir la formulation d'un cadre juridique souple et spécifique de soutien au développement de l'aquaculture. Aider à établir et à mettre en vigueur une législation sur l'environnement, formulée compte tenu des différents types d'aquaculture et de milieu. (paragraphes 215–225)

  2. La législation sur l'environnement devrait assurer l'accessibilité et la protection de l'environnement des zones et des ressources requises pour le développement de l'aquaculture côtière. (paragraphes 218, voir aussi 208, 214 et 236)

  3. Contribuer à la formulation pour l'aquaculture côtière de réglementations constructives sur l'environnement dans les cas où c'est nécessaire (besoins pour l'EIE, limites de décharge et spécifications de traitement des déchets). Appliquer des mesures d'encouragement et de dissuasion pour réduire la dégradation de l'environnement due à l'activité aquacole. (paragraphes 219–222; voir aussi annexe 3)

  4. 30. Adopter et appliquer les codes de pratiques CECPI/CIEM sur l'introduction et le transfert d'organismes marins et d'eaux douces. Le transport d'espèces entre différents sites aquacoles devrait être contrôlé par des inspections et des certifications. (paragraphe 223)

  5. 31. Les produits provenant de l'aquaculture côtière devraient être conformes aux normes de sécurité des produits de la mer pour pouvoir être offerts à la consommation humaine. Etablir des mesures de contrôle de qualité des produits aquacoles. Contrôler l'utilisation en aquaculture des produits chimiques tels les antibiotiques et les pesticides. (paragraphe 224; voir aussi 260–267; 268–278)

→     Planification et gestion du développement de l'aquaculture côtière

  1. Formuler/améliorer les plans de gestion et de développement de l'aquaculture côtière. (paragraphes 226–238)

  2. Renforcer les capacités sectorielles afin de coordonner les actions de développement de l'aquaculture côtière. (paragraphe 227)

  3. Coopérer avec les planificateurs nationaux de développement afin d'assurer une bonne intégration des objectifs et des plans de développement de l'aquaculture côtière dans les programmes nationaux de développement économique et agricole. (paragraphe 231)

  4. L'accent doit être mis sur la compatibilité entre les politiques et les plans de développement de l'aquaculture et d'autres secteurs ainsi que sur la protection de l'environnement. (paragraphes 233–236)

  5. Assurer un soutien continu et bien ciblé au développement de l'aquaculture. (paragraphes 237–238)

→     Gestion de l'environnement de la ferme

  1. Promouvoir la gestion de l'environnement au niveau de la ferme ou du projet. Consulter les éleveurs sur les problèmes spécifiques liés à l'environnement et sur les mesures d'atténuation prises. Offrir des possibilités d'échanges d'expériences. Proposer aux éleveurs des informations et des stages afin d'améliorer la gestion de l'environnement de la ferme. (paragraphes 239–278)

  2. Améliorer les pratiques aquacoles des sites sélectionnés, l'efficacité des opérations d'élevage et de maintenance et instaurer un suivi continu des conditions biologiques et hygiéniques de la ferme. Eviter le surpeuplement. (paragraphe 239)

  3. Formuler des projets d'aquaculture côtière qui soient acceptables du point de vue de l'environnement. (paragraphes 240–241)

→→  Utilisation des mangroves

  1. Décourager, autant que possible, l'utilisation pour l'aquaculture des zones à mangroves intactes. Donner des instructions concernant l'utilisation de ces zones. (paragraphes 243–245)

→→  Gestion des déchets

  1. Encourager la mise au point de technologies à faibles coûts pour le traitement des déchets à utiliser pour l'aquaculture intensive des pays en voie de développement. (paragraphes 246–247)

  2. Promouvoir la polyculture intégrée afin de réduire la quantité de déchets. (paragraphes 248)

  3. Etudier la faisabilité écologique et économique de la rotation des sites. (paragraphes 249, 251)

→→  Utilisation d'aliments pour animaux et de fertilisants

  1. Améliorer l'alimentation à la ferme. Améliorer les stratégies de fertilisation et d'alimentation. Eviter l'excès de fertilisants et d'aliments. (paragraphes 252–259)

  2. Poursuivre les recherches sur le métabolisme des étangs. Encourager l'étude de régimes et méthodes d'alimentation adaptées aux besoins des systèmes d'élevage semi-intensif dans les pays en développement. (paragraphes 253–254)

  3. Encourager l'adoption de régimes adaptés aux habitudes alimentaires et au comportement des espèces élevées compte dûment tenu de la qualité et de la circulation de l'eau dans la ferme. Le suivi de l'alimentation et, quand c'est possible, de la réponse à l'alimentation des stocks en élevage est essentiel. (paragraphes 255–257)

  4. Poursuivre l'amélioration des propriétés physiques et nutritionnelles des aliments manufacturés à utiliser en aquaculture aussi bien d'eau chaude que d'eau froide. Développer la recherche appliquée sur les besoins nutritifs des poissons et crevettes d'eau chaude. (paragraphes 258–259; 254)

→→  Utilisation de produits chimiques

  1. Eviter l'utilisation de substances chimiques dangereuses. Renforcer les mesures visant à prévenir la détérioration de la qualité de l'eau, les épidémies et autres fléaux. II est essentiel d'enregistrer les données d'utilisation des produits chimiques à la ferme même. (paragraphes 260–267; 261–262; 266)

  2. Décourager l'utilisation prophylactique des antibiotiques. Réduire les risques pour le milieu par une application minimale et alternée des produits pharmaceutiques. (paragraphe 263)

  3. Créer, en cas de besoin, des services de gestion sanitaire aquacole pour couvrir les besoins de quarantaine, de diagnostic, de traitement, de suivi et de contrôle de la qualité des produits. (paragraphes 264–265)

  4. Eviter la mise sur le marché de produits pharmaceutiques potentiellement dangereux par des mécanismes d'autorisation, par exemple, enregistrement et licence. Les éleveurs doivent recevoir des informations complètes sur les risques que court l'environnement et sur l'utilisation appropriée des produits chimiques. (paragraphe 267)

→→  Contamination des produits aquacoles

  1. Promouvoir le développement ultérieur de méthodes économiquement viables d'épuration des mollusques contaminés. Suivre les niveaux de contamination durant la croissance de ces organismes dans les zones sujettes à pollution et à “bloom” d'algues toxiques. (paragraphes 268–275)

  2. Préparer des plans d'urgence pour les zones aquacoles menacées par des “blooms” d'algues dangereuses et conseiller les éleveurs sur les mesures à prendre afin de réduire les risques sur les espèces élevées. (paragraphes 277)

  3. Promouvoir la production aquacole dans des eaux non polluées et dans des zones à faibles risques. Faire prendre conscience au public des risques de consommer des produits de la mer. Imposer, lorsque c'est indispensable, l'interdiction temporaire de la récolte et la vente des mollusques contaminés. (paragraphe 278)

Page précédente Début de page Page suivante