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Conditions préalables au développement


Relâchement de la pression démographique
Engagement politique
Commercialisation et infrastructure rurale


Relâchement de la pression démographique


La croissance démographique rapide des dernières décennies a largement dépassé la capacité des régions sèches, même dans le cas d'agricultures améliorées. L'augmentation de la population a des implications mondiales sur les conditions de l'alimentation et de l'agriculture et, dans la plupart des pays en développement, une agriculture durable ne sera possible que si la pression démographique sur les ressources naturelles diminue. Toute parcelle de terre où se pratique une forme d'utilisation dite de subsistance a une capacité limite de supporter une population; au-delà, la terre est sur-exploitée et des dégradations se produisent . Pour ce qui concerne les régions sèches, où l'environnement est particulièrement fragile, la capacité de charge est faible et les risques de surexploitation sont d'autant plus importants.

Sauf si gouvernements et communautés s'engagent à réduire la croissance démographique, toute stratégie visant à soulager la pauvreté et augmenter la production sera de courte durée et aboutira à une dégradation plus grande encore des ressources, ceci du fait de la pression agricole et de l'augmentation du nombre d'animaux.

Le planning familial peut ne pas être immédiatement acceptable et, même s'il l'est, il faudra vraisemblablement des années pour que les effets s'en fasse ressentir. Néanmoins, le planning familial doit jouer un rôle essentiel dans l'aplanissement des difficultés à venir dans les régions sèches. Les gouvernements doivent donc mettre en oeuvre, de toute urgence, des programmes nationaux de planning familial. Il faudra à la fois beaucoup de volonté et de sensibilité pour surmonter toutes les barrières religieuses, sociales et techniques s'opposant à une planification familiale efficace et pour concevoir des programmes adaptés aux conditions locales. Dans les régions sèches, les familles sont fréquemment éloignées de toute infrastructure et leur survie dépend largement d'une main-d'oeuvre familiale abondante; en conséquence, il pourra se révéler indispensable de relier les services ruraux de planning familial aux hôpitaux et aux dispensaires.

La fourniture de services de santé et d'éducation est généralement mal adaptée pour les régions sèches, tout particulièrement pour les populations pastorales, du fait de leur faible densité et de leur mobilité. Cette carence générale de services sanitaires, éducatifs et sociaux doit faire l'objet, dès le début, d'une attention particulière en envisageant, pour les zones pastorales, des dispositions particulières telles que l'établissement de cliniques et d'écoles mobiles (même si cette mobilité implique des dépenses supplémentaires). L'éducation des enfants les poussera à émigrer vers des régions offrant davantage de possibilités. L'éducation élémentaire des adultes permettra aussi de faciliter l'adoption de meilleures pratiques agricoles; et, pour ce qui concerne les femmes, de réduire les risques de mortalité infantile.

Par ailleurs, la réinstallation des populations permet éventuellement l'acheminement de ces services à un coût raisonnable, mais n'est pas toujours simple à mettre en oeuvre. Rares sont les pays qui disposent de terres facilement disponibles et la colonisation dépend donc souvent du développement de l'irrigation. Quoi qu'il en soit, lorsque la surpopulation est sévère, il n'y a probablement pas d'alternative et cette possibilité demande à être soigneusement étudiée comme partie intégrante de la planification nationale de développement.

La responsabilité principale de ces programmes concernant les questions de population réside auprès des autorités nationales. Mais la participation des collectivités locales est vitale pour le succès de leur mise en oeuvre. La communauté internationale, par ses conseils et son aide matérielle, peut y contribuer de façon significative.


Engagement politique


On a pu observer parfois un manque d'engagement politique en faveur du développement rural, et des régions sèches en particulier. Nombreux sont les gouvernements qui, par décision prise exclusivement au niveau national, accordent la première priorité soit à la défense et à la sécurité nationales, soit aux réformes politiques ou encore aux infrastructures de base. Mais, lorsque la majorité de la population d'un pays pratique une agriculture de subsistance, la sécurité nationale et les équipements collectifs n'ont que bien peu de sens si cette population ne peut produire toute la nourriture nécessaire à sa survie.

L'intérêt politique et les ressources dévolues à l'agriculture et à la gestion de l'utilisation des terres dans les régions sèches devraient donc être à la hauteur des problèmes de développement qu'elles connaissent.

La volonté politique est une condition préalable. Si le développement des régions sèches est hautement prioritaire, alors la formulation et la mise en oeuvre d'une stratégie de développement efficace seront possibles et les aspects fondamentaux du développement des régions sèches énoncés ci-après deviennent pertinents. En revanche, l'absence de cet indispensable volonté politique, rend tout progrès impossible et l'aggravation de la dégradation des ressources et la misère constituent le scénario à venir. Il en découle que toute volonté politique doit se traduire par un ensemble de lois permettant d'agir et par l'allocation des ressources nécessaires. Il est aussi extrêmement important que les projets de développement lancés soient durables, en termes écologiques bien sûr, mais aussi organisationnels, sociaux et financiers.

Des données de planification adéquates qui puissent guider les décisions politiques sont nécessaires. Ii n'existe que peu de chance de trouver des solutions "instantanées" au développement des régions sèches. Si de telles solutions sont toujours tentantes politiquement, les politiciens devraient faire en sorte que les décisions prises ne le soient qu'à l'issue d'une planification appropriée, s'appuyant sur des données suffisantes et fiables. Le temps nécessaire et les ressources indispensables devront être accordés non seulement à la planification mais aussi à la formulation des politiques et à la mise en oeuvre du développement.

On aura probablement besoin de ressources et d'un ensemble de législations pour traduire en actions les décisions politiques. Ce besoin est quelquefois affirmé de façon excessive (l'absence de cadre légal peut être davantage le prétexte plutôt que la raison de l'absence d'action sur le terrain); toutefois, un droit foncier élémentaire est indispensable pour limiter les pratiques destructrices et permettre la mise en place d'organisations locales disposant de pouvoirs légaux et de responsabilités dans la gestion des terres et des autres ressources.

La responsabilité des actions à entreprendre échoit aux autorités nationales. Les agences internationales peuvent apporter conseils et assistance pour améliorer les données relatives à l'utilisation des terres et aux capacités de planification.


Commercialisation et infrastructure rurale


Les politiques de prix inadaptées, surtout pour les productions animales, et l'absence de services de commercialisation et d'intrants sont des obstacles majeurs à l'amélioration de la productivité des régions sèches. Bien sûr, l'obtention de prix justes a fait l'objet d'une très grande attention durant cette dernière décennie d'ajustements structurels dans un grand nombre de pays en développement. Cette question revêt un intérêt particulier dans les régions sèches qui souffrent souvent du coût très élevé des transports et des services; néanmoins, le poids politique pour attirer à elles des subventions importantes a souvent fait défaut.

Les termes de l'échange sur les produits des régions sèches sont déterminants dans les niveaux de production. En principe, on devrait adopter des politiques encourageant le libre échange des intrants agricoles et des denrées commercialisées. Ceci motiverait les producteurs et encouragerait les investissements tendant à améliorer les exploitations agricoles et les parcours. Ce qui suppose, dans certains pays, de trouver de nouvelles façons d'aider les populations pauvres des villes sans passer par une politique de prix réduit des denrées alimentaires, qui pénalisent les producteurs des régions sèches. Simultanément, il faut veiller à ne pas subventionner les producteurs des régions sèches (ce qui encouragerait, de façon non durable, l'extension des cultures à des zones marginales), et à ne pas maintenir, par le biais de subventions à l'alimentation animale ou l'approvisionnement en l'eau, une population animale excessive qui détruise les parcours.

Des intrants efficaces et des marchés pour les produits sont certes importants, mais ne constituent qu'une partie d'un ensemble comportant la recherche, la vulgarisation et d'autres services essentiels en milieu rural. Citons parmi ceux-ci le stockage, la commercialisation et l'information commerciale, le transport et la fourniture d'intrants ainsi que des établissements bancaires et de crédit. L'appui au développement de centres de services ruraux est une option dans le processus d'amélioration des régions sèches.

Les mesures à prendre sont les suivantes:

· Le bon fonctionnement des marchés d'intrants et de produits agricoles doit être considéré comme un moyen d'améliorer les performances du secteur agricole, sans pour autant pousser à une utilisation qui dégrade les terres.

· Les centres techniques ruraux constituent souvent une composante essentielle du développement rural et, dans les régions sèches où la population est généralement très dispersée, leur importance est plus grande encore. Les prestations offertes peuvent inclure:

- des installations facilitant l'enlèvement et la commercialisation des récoltes et du bétail, parmi lesquelles des silos à grain et des parcs à bestiaux;

- l'accès à ces installations, grâce à un programme d'amélioration ou de construction de routes;

- des services d'intrants fournissant des engrais, des semences, des pesticides et des médicaments vétérinaires et desservant les centres de transports et les points d'eau;

- des services bancaires et de crédit rural qui prennent en compte la situation économique défavorable et les besoins spécifiques des producteurs; enfin,

- des unités mobiles lorsque cela s'avère économiquement possible, pour que les zones éloignées puissent disposer des services essentiels.

· Il faudrait envisager le renforcement dans ces centres de tous les services de santé et de vulgarisation nécessaires, et impliquer les communautés dans leur conception et leur gestion.

· Les coopératives agricoles et autres formes d'organisations de paysans et d'éleveurs au niveau local contribuent aussi beaucoup à augmenter le niveau de participation au processus de développement. Les gouvernements devraient veiller à ce que formation et conseil au stade de la mise en place, soient prodigués gratuitement et facilement, et que l'accès aux financements soit assuré. Lorsque de telles organisations existent déjà, on devrait les encourager à prendre la responsabilité de gérer le fonctionnement des centres de services ruraux.

· S'assurer du financement de donateurs et d'investisseurs privés pour la mise en place des centres de services ruraux (services commerciaux comme les services bancaires, de commercialisation et d'approvisionnement) devrait être une priorité. Leur implantation devrait tenir compte du fait que les populations et le bétail auront tendance à s'y concentrer occasionnant par là des dégradations de l'environnement.

La responsabilité principale repose ici sur les gouvernements nationaux, avec une forte implication des communautés locales dans l'identification des besoins locaux et dans l'assurance de la réussite des actions entreprises. L'assistance de donateurs internationaux sera nécessaire pour le financement du stockage, des marchés et des voies d'accès, mais le secteur privé devrait également être encouragé à se lancer dans quelques-unes au moins de ces activités.


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