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2. STATIONS PISCICOLES PRINCIPALES

2.1 INFRASTRUCTURE

Les infrastructures des trois stations principales (Landjia-Bangui, Bengué-Bambari et Paya-Bouar) sont décrites en détail dans les documents des experts-expatriés du projet précédent (CAF/80/002).

Landjia-Bangui

Document technique no 13. Mievis, 1984.

Bengué-Bambari

Document de travail 6 (rapport fin de contrat). Behagel de Bueren, 1985.

Paya-Bouar

Document de travail 5 (rapport fin de contrat). Demoulin, 1985

2.2 MOYENS

2.2.1 Moyens financiers

Les ressources financières des stations principales sont les recettes auto-générées (vente de production). En 1984 et 1985, le fonctionnement des trois stations a pu être autofinancé (cadres exclus) grâce à ces recettes. Depuis 1986, les stations, loin d'être autofinancées (cf. par. 2.5), survivent grâce aux subventions de l'Etat. Il est difficile, voire impossible de déterminer avec précision le montant de ces subventions qui proviennent du budget de contrepartie (= fonds de vulgarisation), puisque la comptabilité du CPN ne ventile pas les dépenses (essentiellement en nature) par service (stations, vulgarisation et recherches). Néanmoins, le montant de ces subventions est estimé à 10–14 millions par an soit 60–70% du fonds de contrepartie (20 millions de FCFA 1 en 1986 et 1987; 17 millions en 1988).

1 1 USS = FCFA 283 (Mai 1988)

2.2.2 Moyens humains

La coordination et la supervision des trois stations ainsi que la vulgarisation sont assurées par la direction du CPN composée d'un directeur assisté par un chef de service administratif, financier et du matériel. La direction bénéficie d'un appui logistique; (i) financé par le projet PNUD; un secrétaire, un chauffeur et un mécanicien et (ii) financé par le Gouvernement; un mécanicien et une sentinelle.

A l'arrivée du consultant (fin avril) les trois stations employaient le personnel comme suit (le personnel marqué d'un astérisque est jugé indispensable par l'expert-conseil, cf. par. 2.5 “Gestion”):

Landjia-Bangui

Cadres (5)

Chef de station (1)*
Chef de station adjoint (1)*
Chef de recherches (1)*
Moniteur, responsable écloserie (1)
Technicien d'élevage (1)* (détaché du Ministére du développement rural)

Personnel permanent (19)

Préposé à la meunerie (1)*
Préposé à la porcherie/aux poulaillers (1)*
Garde-bassin (1)*
Préposé à l'écloserie (1)*
Manoeuvre-maçon (1)*
Manoeuvre-porcher/meunier (1)*
Manoeuvres (7) (5*)
Sentinelles (6) (2*)

Personnel temporaire (6)

Manoeuvre (6)

Bengué-Bambari

Cadre (1)

Chef de station (1)*

Personnel permanent (6)

Chauffeur (1)
Secrétaire (1)
Préposé à la porcherie (1)*
Préposé aux poulaillers (1)
Sentinelle (1)*
Garde-bassin (1)*
Trois permanents sont au chômage technique depuis décembre 87.

Personnel temporaire (8)

Manoeuvres (8)

Paya-Bouar

Cadres (2)

Chef de station (1)*
Technicien d'élevage (1)* (détaché du Ministére du développement rural)

Personnel permanent (9)

Chauffeur (1)
Secrétaire (1)
Préposé à la porcherie/aux poulaillers (1)*
Garde bassin/alimenteur (1)*
Manoeuvres (3) (1*)
Sentinelles (2) (1*)

Pour l'ensemble des trois stations, les effectifs sont:
8 cadres (14%), 34 manoeuvres permanents (62%) et 13 manoeuvres temporaires (24%).

Un important remaniement interne des cadres entre le Ministére de tutelle et le CPN a eu lieu fin 1987. Deux nouveaux postes ont été créés et il y a eu six mutations (voir rapport consultant en crédit 1988).

Il est évident que le nombre de cadres employés à la Landjia (5) est très élevé et dépasse le nombre strictement nécessaire et productif pour le bon fonctionnement d'une station piscicole modeste (production théorique 25 à 30 t/an). De même, les effectifs d'exécution des trois stations sont beaucoup trop élevés et donc contre-productifs (cf. par. 2.5 “Gestion”).

2.2.3 Moyens de déplacement

La Direction et les trois stations principales disposent d'un parc roulant composé de:

Direction

1 camion à benne 7 t (1986)
1 camion 6 t (1985)
1 voiture de tourisme (1977)
1 station-wagon tout terrain (1982)
1 mobylette

Landjia-Bangui

1 pick-up tout terrain (1980)
1 pick-up tout terrain (1984) (sert pour les pièces de rechange)
2 motocyclettes 125 cc
3 motocyclettes 50 cc (mobylettes)

Bengué-Bambari

1 camion 6 t (1978), en instance de liquidation
1 pick-up tout terrain (1984)
1 motocyclette 125 cc, ne fonctionne pas, pièces commandées
1 mobylette, ne fonctionne pas, pièces commandées

Paya-Bouar

1 camion 6 t (1978), ne fonctionne pas
1 pick-up tout terrain (1984)
1 motocyclette 125 cc
1 mobylette

Sur l'ensemble du parc de véhicules et motocylettes, seuls les deux camions de la Direction et une moto (Landjia) sont en “bon état de marche”. Le reste est dans un mauvais état et a été amorti depuis. L'entretien et le fonctionnement de ces moyens de déplacement constituent une énorme limitation au fonctionnement du CPN.

D'une part, l'entretien de ce parc nécessite perpétuellement des réparations importantes et l'achat de pièces de rechange; cela pèse très lourd sur le budget de contrepartie. Dans une situation (pour le moment utopique) d'autofinancement des stations principales, l'entretien et le fonctionnement des moyens de déplacement des cadres (motos et mobylettes) sont à la charge de l'Etat; tandis que ceux des véhicules (tout terrain et camions) sont à la charge des stations.

D'autre part, le besoin en carburant et lubrifiant est un facteur limitant parce que (i) la consommation de ces moyens amortis est très élevée, (ii) les stations sont loin de pouvoir prendre en charge ces frais et (iii) cette rubrique est limitée à 10% par le budget de l'Etat, ce qui correspond à 400 l de carburant par mois. De cette quantité; Bambari et Bouar reçoivent une dotation de 100 l de gas-oil par trimestre à laquelle s'ajoutent 300 l du projet PNUD. En plus, la station Landjia reçoit 520 l d'essence par trimestre (220 l du budget de l'Etat et 300 l du projet PNUD) (tableau 1).

2.3 TECHNIQUES DE CONSTRUCTION (SUPERFICIE EXPLOITEE)

2.3.1 Landjia-Bangui

Bassins

La mission du consultant en techniques piscicoles (septembre 1987) a constaté l'abandon d'un grand nombre d'étangs ainsi que le mauvais état d'entretien de la station. A l'arrivée de l'expert-conseil (6 mois plus tard) la situation s'était visiblement améliorée (augmentation de la superficie exploitée, bon entretien de la station) et a progressé depuis.

Mis à part quelques bassins qui présentent des fuites chroniques (B71-3) les problèmes de l'abandon des bassins relèvent manifestement du domaine de la gestion et de l'organisation et sont aggravés par les déficits en eau pendant la saison sèche (voir ci-après).

Malgré une réhabilitation complète dans les années 1980–1983, les étangs demeurent vieux (construits en 1952) et requièrent un entretien régulier mais surtout des interventions quasi permanentes. Ces interventions consistent essentiellement dans la réparation des fuites dans les digues dues aux termites mais surtout aux crabes. Ces travaux sont relativement simples et nécessitent peu d'effectifs et de temps quand les fuites sont identifiées à temps. Cela requiert des digues bien entretenues (herbe coupée) pour une visibilité correcte. Par contre, les fuites non identifiées deviennent de vrais casse-tête, difficiles à réparer et qui mènent, à la longue, à l'abandon des bassins (surtout en saison sèche). Une fois abandonnés les cadres responsables se soucient très peu et sont peu motivés pour les récupérer.

Les travaux de réhabilitation consistent à:

  1. couper les herbes qui ont envahi les bassins;

  2. réparer les fuites. Tous les manoeuvres maîtrisent parfaitement les techniques de réparation de fuites et n'ont nullement besoin d'être instruits dans ce domaine;

  3. mettre en boue l'assiette. Cette technique, indispensable quand le bassin a été mis à sec pendant plus de six mois augmente l'étanchéité de l'assiette (problème majeur de la remise sous eau d'un bassin mis à sec depuis longtemps. Cette technique consiste à labourer l'assiette soit manuellement (houes), soit mécaniquement (tracteur) afin de casser les structures du sol (avec saturation en eau de ce dernier) et si opportun, apporter des matières organiques pour faciliter le colmatage;

  4. mettre sous eau, surtout garder sous eau. Dans un premier temps, cela nécessite un important débit en eau, qui diminue au fur et à mesure que le sol retrouve son étanchéité.

Le tracteur, en panne depuis plus de six mois, a été réparé afin de faciliter les travaux de réhabilitation.

Ces travaux ont débuté en novembre 1987 grâce à l'intervention de l'expert-conseil en techniques piscicoles. Un effectif de 15 manoeuvres temporaires (novembre-décembre 1987) et par la suite de 6 manoeuvres (janvier-juillet 1988) a été engagé pour ces travaux sur le budget du Gouvernement. A l'heure actuelle, la superficie sous eau, exploitée est de 2,2 ha (9 étangs de production, 3 étangs d'alevinage et l étang de stockage) contre 1,4 ha en octobre 1987 (figure 1). La réhabilitation de 1,0 ha (14 étangs) est en bonne voie et sera achevée d'ici la fin de l'année. Ainsi la station disposera d'une superficie exploitable de 3,2 ha, dont 2,7 ha de production semi-intensive (11 étangs) et 0,5 ha d'alevinage (16 étangs). A long terme, environ 1,4 ha (7 étangs de production) reste à réhabiliter. Cela ne sera pas facile, puisque la plupart de ces bassins abandonnés depuis plusieurs années, souffraient de pertes chroniques par l'assiette. Environ 3,5 ha sont inexploitables pour des raisons de rentabilité (pertes substantielles dues aux vols, difficultés de vidanges) et de manque/contrôle de l'approvisionnement en eau. Toutefois, cette superficie exploitée de façon extensive n'a jamais contribué de manière substantielle à la production de la station (maximum 10%).

Ainsi la superficie théorique de la station est de l'ordre de 8,2 ha. Toutefois, à partir de 1989, la rentabilité de la station ne devrait être calculée que sur une surface exploitable de 3,2 ha (superficie théorique raisonnable).

Approvisionnement en eau

La pratique sur le terrain ainsi qu'une étude de reconstitution du débit d'eau à partir de la pluviométrie et de la surface du bassin versant du cours d'eau qui alimente la station (tableau 2), démontrent que les problèmes relatifs à l'approvisionnement en eau ne sont pas préoccupants. Au niveau annuel, le besoin en eau de la station (40 1/s) est largement satisfaisant. Au niveau mensuel, la station a un déficit pendant trois mois durant la saison sèche (décembre, janvier et février). Toutefois, la prise de l'entièreté du cours d'eau, ainsi qu'une gestion/organisation rationnelle, ne devrait pas compromettre la production piscicole ni l'exploitation de la station comme une unité économique.

Qui plus est, les importantes précipitations de cette année font croire que la période de sécheresse s'achève et que l'on entame une période pluvieuse (hypothèse confirmée par les experts en agrométéorologie et hydrologie).

Cependant, la mission a été très surprise de constater que l'installation pour pomper l'eau directement du cours d'eau afin de récupérer l'entièreté de son débit au cours de la saison sèche n'a pas été entretenue. A présent, cette installation est même partiellement démontée.

2.3.2 Bengué-Bambari

La situation de la station de Bengué est beaucoup plus préoccupante et sa survie est gravement mise en danger. Les facteurs limitants de cette station sont dans l'ordre d'importance:

  1. l'alimentation en eau;

  2. la gestion;

  3. les défaillances techniques du nouveau chef de station (en fonctions depuis décembre 1987).

Bassins

A l'arrivée du consultant (début juin), seuls deux bassins pour une superficie d'environ 30 ares étaient en exploitation et trois étangs (10 ares) étaient en réfection (figure 2). La carence chronique en eau constitue la raison principale pour l'abandon de presque tous les bassins.

Il faudrait revenir quelques années en arrière pour comprendre l'évolution chronologique de cette carence (Behaghel, 1985):

Une récapitulation des superficies exploitées depuis 1983 est reprise au tableau 3; c'est ainsi que l'on assiste, d'année en année, à une diminution du nombre d'étangs et de la superficie en production.

Il est d'autant plus regrettable de constater au cours des deux visites effectuées, que la faible quantité d'eau captée par le canal d'amenée (la totalité du cours d'eau) n'est pas entièrement utilisée, faute d'ensablement complet des premiers cent mètres du canal. Le remède est pourtant simple; curer le canal mais surtout le barrage dont l'ensablement est à l'origine de ce problème.

La réhabilitation de la station consiste à récupérer les étangs l'un après l'autre selon la technique décrite ci-dessus en fonction du débit d'eau. Etant donné la mise à sec de ces bassins pendant une ou plusieurs années, la remise sous eau exigera beaucoup d'eau, pendant plusieurs semaines ou même plusieurs mois. Il est difficile de juger l'état (étanchéité) des bassins à sec, mais, mis à part l'envahissement par des herbes, leur état semble assez bon et il n'y a apparemment qu'une fuite dans l'étang P7. Ainsi, il suffit de les mettre en boue et par la suite sous eau.

Un plan de réhabilitation de la station a été préparé avec le chef de station en fonction de l'alimentation en eau escomptée. Ainsi, un ou deux bassins pourront être remis sous eau pendant chaque saison des pluies, dans l'ordre suivant: P3, P7, P2, P4 et P8. De cette façon, la station disposera d'ici deux ou trois années d'environ 2,1 ha exploitables (voir tableau 3). Le reste des bassins de production (P5, 6, 9, 10) ainsi que les séries A et F ne pourront être réhabilitées que lorsque le besoin en eau (40–50 l/s) sera satisfaisant pendant toute l'année (pour l'instant encore utopique).

Approvisionnement en eau

L'alimentation en eau est certainement la contrainte majeure de cette station. Dans ce cadre, il est étonnant de constater que le responsable ne dispose d'aucune donnée concernant le débit à l'entrée de la station. Une étude de reconstitution du débit du cours d'eau a été demandée au projet d'hydrologie mais ne sera disponible que le mois prochain.

De 1976 à 1985, malgré une pluviométrie plus ou moins régulière, le cours d'eau qui alimente la station s'assèche de plus en plus. En 1985, durant près de cinq mois, le marigot a été complètement asséché (Behaghel, 1985). Depuis lors, la situation semble plus ou moins stable, puisque le canal s'assèche toujours pendant cinq à six mois; la superficie exploitée continue pourtant à diminuer.

Cet assèchement découle de la mauvaise répartition des pluies mais surtout des capacités décroissantes de rétention d'eau du bassin versant, qui sont à attribuer à une baisse considérable de la nappe phréatique.

La mission a estimé le débit en eau à l'entrée de la station. Celui-ci fluctue à présent (au milieu de la saison des pluies) entre 5 et 25 1/s selon le taux des précipitations. Les pertes d'eau au niveau du canal d'amenée (1,3 km de long) sont de l'ordre de 50%.

Apparemment, le débit d'eau est déficitaire pendant plus ou moins toute l'année par rapport au besoin de la station (40–50 1/s).

L'augmentation escomptée du taux de précipitations et de la répartition des pluies dans les années à venir augmentera certainement le débit pendant la saison des pluies, mais la situation restera critique durant la saison sèche.

Etant donné la gravité de cette situation qui menace sérieusement la survie de cette station piscicole, la mission recommande qu'un consultant (par exemple le CTP du projet PNUD “Hydraulique”) détermine la possibilité et les frais d'un forage (20 1/s) afin de garantir la survie de la station piscicole principale Bengué-Bambari.

2.3.3 Paya-Bouar

A l'heure actuelle, tous les 33 étangs de la station, pour une superficie de 180 ares, sont sous eau et exploités. Tant au niveau annuel que mensuel, le besoin en eau de cette petite station (20 1/s) est largement satisfaisant. L'approvisionnement en eau est même excédentaire pendant toute l'année.

2.4 TECHNIQUES DE PRODUCTION

2.4.1 Techniques piscicoles

Le tableau 4 représente les productions (nette et brute) des trois stations principales depuis 1985, dernière année de l'assistance technique exécutée par la FAO. Ce tableau démontre de façon très nette:

  1. les diminutions substantielles des productions piscicoles de chaque station. En deux années, la production totale nette a regressé de 20 t/an à 8 t/an. Cette année, les productions de Bouar et Bambari continuent de baisser tandis que celle de Bangui démontre un léger progrès. Cette réduction de production est due à une diminution de la superficie exploitée (Bangui: 30%, Bambari: 40%) mais surtout, à une réduction considérable des rendements (voir tableau 5). Les rendements ont également baissé dans toutes les stations, particulièrement à Bangui et Bambari, malgré le léger progrès à Bangui pendant le premier semestre de cette année. Les raisons de cette diminution sont par dessus tout un relâchement important dans la rigueur d'application des techniques piscicoles (densités à la mise en charge erronées, manque de fertilisation et alimentation), aggravées par des conditions climatiques instables durant la saison sèche (déficit en eau, fluctuation des niveaux d'eau et par conséquent, des fluctuations considérables de paramètres chimiques). Les rendements de la station à Bouar sont en général plus faibles à cause de son emplacement géographique (température moins élevée) et de son état géologique (sol légèrement acide).

  2. diminution du pourcentage de poisson commercialisé qui réduit encore davantage les recettes. Cette réduction est due à une mauvaise organisation de la commercialisation et du stockage ainsi qu'à une augmentation du pourcentage d'alevins aux vidanges (jusqu'à 75% à Bangui). Cela est le résultat concret des défaillances dans l'applicaton des techniques piscicoles pourtant des plus simples.

Ainsi la mission a constaté avec regret que les techniques piscicoles déterminées par les projets antérieurs et appliquées depuis lors sont, à présent, mises en pratique de façon aléatoire. De même, il est inquiétant de constater qu'aucun chef de station ne dispose des documents techniques relatifs à leur station et encore moins à celles des autres. A cet effet, la liste avec tous les documents de tous les projets piscicoles antérieurs a été mise à jour et diffusée à tous les cadres volontaires.

Trois séries complètes de ces documents ont été reconstituées et sont gardées dans la bibliothèque du CPN et celle du Ministère de tutelle, ainsi qu'une série servant comme “master copy”. D'autre séries sont en préparation pour les bibliothèques de la FAO, du Centre de Documentation agricole, de l'Institut Supérieur de Développement Rural (ISDR) à Mbaiki et du collège technique à Grimari.

De cette façon, la mission espère que dorénavant tous les cadres supérieurs seront au moins au courant du contenu de tous ces documents relatifs à l'exécution de leurs mandats et, si la conscience professionnelle le permet, auront au moins une copie des documents les plus importants (si nécessaire à leurs propres frais).

La technique piscicole de base pour toutes les trois stations est la monoculture de tilapia Oreochromis niloticus, non sexé. La production est assurée par: d'abord, l'augmentation optimale de la production naturelle par fertilisation (compost, fumier, graines de coton, etc.); et ensuite, par une alimentation complémentaire avec des sous-produits agricoles bon marché (drèche, son de riz, tourteau de coton) disponibles localement.

A condition que la production d'alevins pour la station et la vulgarisation soient assurées et qu'un aliment complémentaire soit disponible, une polyculture tilapia-silure ou tilapia-silure-carpe peut être envisagée afin d'augmenter la production mais surtout afin d'augmenter le pourcentage de poisson marchand (jusqu'à 100%). Les désavantages de cette culture sont: (i) dépendance d'alevins de silure et de carpe, et, (ii) dépendance d'un aliment complémentaire.

Dépendance d'alevins

Les alevins de silure (Clarias gariepinus) sont livrés par l'écloserie de la Landjia qui continue bon gré mal gré de produire des quantités restreintes d'alevins (environ 50 000 par semestre). La technique de production utilisée est celle de la reproduction artificielle en écloserie suivie par l'alevinage en étangs. A présent, le seul facteur limitant de cette production très lucrative est le nombre d'étangs d'alevinage disponibles (voir paragraphe précédent). Les alevins sont vendus à FCFA 10 la pièce, cela correspond à un prix au kg de FCFA 3 000 à 12 000. A noter que Bouar dispose d'une infrastructure propice (bacs à béton, petits étangs d'alevinage) à la production de ses propres alevins Clarias.

Des alevins de carpe (commune, argentée, rouge et chabeau) sont actuellement disponibles à la ferme piscicole de Boyali, exploitée par des coopérants chinois. Ces alevins sont vendus à FCFA 20–50 pièce en fonction de leur taille. Le transport des carpes sur une longue distance se fait dans des sacs en plastique remplis d'eau (30%) et d'oxygène (70%). Le matériel pour ce transport est disponible à l'écloserie.

Dépendance d'aliment

Les disponibilités des déchets agro-industriels pour l'alimentation des poissons sont toujours aussi fluctuantes et aléatoires, à cause de l'instabilité des sociétés productrices. La situation actuelle de ces sous-produits est reprise dans le tableau six.

Les sous-produits sûrs, sur lesquels on peut compter sont:

  1. drèche de brasserie, disponible gratuitement, en grandes quantités, mais uniquement à Bangui;

  2. graines de coton, disponibles gratuitement en grandes quantités dans les usines a égrenage de la Société centrafricaine de Développement Agricole (SOCADA) à Bambari, Guiffa, Bossangoa et Pendé;

  3. son de riz, qualité médiocre (mélangé avec les balles de riz) disponible à FCFA 15–30 le kg, en quantités limitées à Bambari et Bozoum (sans compter le son artisanal disponible dans les villages);

  4. tourteau de coton, importé par la Fédération Nationale des Eleveurs Centrafricains (FNEC), disponible dans leurs dépôts à Bangui, Bambari, Bouar, Bossembélé, Boda, Carnot, Gamboula, Kembé, De Gaulle, Besson, Bozoum, Yaloké, Mobaye, Bossangoa (à noter que la pisciculture est implantée dans tous ces lieux, voir ci-après “Vulgarisation”). Le prix à Bangui est de FCFA 4 000 le sac (FCFA ± 60 le kg) et de FCFA 4 800 le sac (± FCFA 70 le kg) en brousse. Il est important de signaler que la FNEC est une société privée, soutenue par un important projet Banque mondiale/FED, qui vend ces produits à profit (marge bénéficiaire 40 à 50%). Il est évident qu'il est plus intéressant de commander soi-même une grande quantité de tourteaux (par exemple 50 t, prix de revient FCFA 35 le kg) mais, il est également clair qu'une telle opération dépasse à l'heure actuelle les capacités réelles d'organisation et de gestion du CPN.

Dans de telles conditions, ainsi qu'en raison de la qualité alimentaire de ces sous-produits et des frais de transport onéreux, il n'y a aucun intérêt à préparer un mélange universel comme aliment supplémentaire. Le meilleur aliment est (pour l'instant) le tourteau de coton auquel on peut mélanger jusqu'à 30% de son à Bambari pour réduire les frais d'alimentation supplémentaire (ce qui en réduit la qualité).

Un autre atout, jusqu'à présent sous-estimé et sous-utilisé, est le fumier. La République centrafricaine dispose d'un important cheptel de boeufs dont le fumier pourrait facilement être récupéré aux 76 marchés officiels de bétail que compte le pays ainsi qu'aux parcs des abattoirs officiels (sans compter tous les endroits de vente et d'abattage clandestins). Outre ce fumier de boeuf, il existe une grande quantité de fiente de volailles surtout près des centres urbains.

Dans les conditions décrites ci-dessus, la mission recommande les techniques piscicoles suivantes:

  1. monoculture tilapia non sexé (toutes les trois stations)

    mise en charge

    2 alevins/m2 + 10% de mortalité, ou moins (1–2/m2) quand la fertilisation/alimentation est incomplète

    fertilisation/alimentation

    1. Bangui: mélange (1:1) drèche-fiente à 1–2 kg/ are/jour;
    2. Bambari: graines de coton1 (150–200 kg/are/ 6 mois) complété avec 0,5 kg fiente/are/jour;
    3. Bouar: 1–2 kg fiente/are/jour.

  2. polyculture tilapia-silure (Bangui, Bouar)
    mise en charte

    2 tilapias et 1 silure/m2 + 10%

    fertilisation/alimentation

    Idem monoculture tilapia complétée obligatoirement avec du tourteau de coton broyé, ration de 0,2 à 1,0 kg/are/jour en fonction de la biomasse (cf. Document technique no 22).

  3. polyculture tilapia-carpe (toutes les trois stations)
    mise en charge

    2 tilapias et 0,2 carpe1/m2 + 10%

    fertilisation/alimentation

    Idem monoculture tilapia, faible alimentation supplémentaire (facultatif)

  4. polyculture tilapia-silure-carpe (Bangui, Bouar)
    mise en charge

    2 tilapias, 1 silure et 0,2 carpe2 m2 + 10%

    fertilisation/alimentation

    Idem polyculture tilapia-silure.

Cependant, le consultant ne saurait trop insister sur la nécessité de maîtriser d'abord la technique relativement simple de monoculture tilapia (marchand 100 g, proportions alevins 50%) avant de mettre en pratique une quelconque polyculture en dépit de l'intérêt évident d'une telle culture.

1 Voir Behaykel (1985)

2 50% carpe commune (benthophage) et 50% carpe argentée (phytophage)

Tous les aspects cités ci-dessus ont été expliqués, commentés et discutés au cours d'un séminaire de formation auquel tous les cadres supérieurs ont participé du 25 au 29 juillet.

2.4.2 Techniques d'élevage associé

Toutes les trois stations piscicoles principales pratiquent l'élevage associé, poisson-porc, poisson-canard et/ou poisson-poulet de chair/poule pondeuse dans le but de récupérer le fumier et les excédents alimentaires au profit de l'élevage de poisson. Néanmoins, il faut rappeler que (i) cet élevage n'a de raison d'exister que s'il est économiquement rentable ou à la rigueur que si le bilan charges-recettes n'est pas négatif; (ii) les charges variables les plus importantes sont la spéculation “aliment” et dans un degré moindre “main-d'oeuvre”; (iii) la commercialisation de ces produits n'est pas évidente en particulier à Bouar et Bambari (Behaghel, 1985; Demoulin, 1985). De même, le marché de poulets de chair à Bangui connaît actuellement des problèmes (diminution du pouvoir d'achat).

Les capacités et les effectifs des élevages associés au 31 août 1988 se trouvent au tableau sept. La production de porc atteint presque 100% de sa capacité, mis à part le fait que Bouar a vendu ses truies (2) après la disparition de son verrat, tandis que les productions de volaille sont en dessous de leurs capacités. Ce tableau ne démontre pas qu'à l'arrivée du consultant les stations de Bangui et Bambari disposaient d'effectifs de volaille nettement au-dessus de leurs capacités. Cela est d'autant plus étonnant que le problème majeur des élevages associés est l'absence d'un fonds de roulement (cf. paragraphe 2.5).

C'est pourquoi tous ces élevages ont souffert de malnutrition et d'un taux de mortalité élevé (Bambari, Bouar). Il est étonnant que le chef de station à Bambari n'ait pas jugé bon de vacciner ces poulets et canards, ni d'appliquer des traitements prophylactiques.

La mission a également constaté des défaillances dans les formules alimentaires (surtout à Bambari) ainsi que des changements perpétuels de formules.

A présent, la FNEC commercialise des prémélanges oligo-éléments, vitamines et acides aminés pour volailles (tableau 8) qui remplacent avantageusement l'ancienne formule (farine de sang et prémix A28). D'ailleurs, l'abattoir de Bangui ne produit plus de farine de sang (machine défectueuse). Ce nouveau prémélange est un peu plus onéreux (FCFA 15 le kg) que l'ancienne formule mais les avantages sont considérables: (i) meilleur équilibre alimentaire par un apport plus important de vitamines mais surtout par l'apport d'acides aminés déficitaires (plus de 50% du prémélange est constitué de lysine et méthinine); (ii) diminution du risque de contamination par le sang artisanal; (iii) présence d'un antipoison (sulfate de fer, 0,2%) du gossipol, permettant l'augmentation du tourteau de coton dans les formules alimentaires.

Le consultant conseille vivement d'appliquer les formules alimentaires mises au point par la FNEC (tableau 9). Ces formules simples sont basées sur la disponibilité actuelle des sous-produits agro-industriels (tableau 6). Proportionnellement, les plus importants ingrédients sont du tourteau de coton (disponible à Bangui, Bouar et Bambari) et du maïs et/ou mil dont le surplus de production, disponible pour l'alimentation du petit bétail est estimé à 4 000 t/an. Le consultant ne saurait trop insister sur le fait que ces formules sont uniquement rentables si les frais de transport sont limités. Etant donné l'absence d'un fonds de roulement ne permettant pas l'achat d'un stock d'ingrédients (pourtant nécessaire pour rentabiliser le transport onéreux), il est conseillé d'acheter l'aliment directement à la FNEC en petites quantités (surtout pour les stations de province).

Comme tous les experts du project précédent, la mission insiste sur l'importance de la rentabilité des élevages associés, ainsi que sur les faibles marges bénéficiaires de ces spéculations, (principalement pour l'élevage de porcs et de poulets de chair). Dans ce cadre, il est très étonnant qu'aucun chef de station n'ait présenté un compte de rentabilité depuis plus de deux ans. En raison de la période trés critique que traversent ces trois stations (cf. paragraphe “Gestion”), le consultant doute fort de la rentabilité de ces spéculations au moins à présent.

Ainsi, la mission insiste rigoureusement sur les calculs de rentabilité des élevages associés (cf. annexe 3) et recommande de poursuivre, en fonction du fonds de roulement disponible, seulement ceux dont la rentabilité est prouvée. Cela implique obligatoirement une diminution du cheptel dans un premier temps.

D'autre part, l'expert-conseil ne saurait insister sur l'établissement d'un solide réseau de commercialisation permettant la vente de toute la production dès que les animaux auront atteint le poids moyen commercialisable.

2.5 GESTION ET AUTOFINANCEMENT DES STATIONS

Les contraintes des stations, responsables pour le déclin important et la grave crise de survie actuelle, sont la gestion et l'organisation. Les cadres supérieurs ont d'une part, un manque de capacités réelles de gérer une station piscicole comme unité de production mais surtout, comme unité économique; et d'autre part, une défaillance considérable au niveau organisationnel. En plus, la plupart ignorent l'existence des documents techniques concernant la gestion. C'est pourquoi les registres/fiches (d'exploitation, des stocks, des travaux, etc.) indispensables pour le contrôle de gestion et les analyses économiques (décrits en détail dans le Document Technique no 19) n'existent pas ou sont mal tenus. Cela a résulté dans des rapports semestriels très sommaires et qui sont surtout dépourvus de toute analyse économique des exploitations piscicoles et animales, ainsi qu'une prévision d'exploitation réaliste et détaillée.

Afin d'augmenter le contrôle de gestion et l'obtention des données complètes nécessaires pour l'analyse de rentabilité, les plus importantes fiches-registres sont rappelées ci-après:

Partie technique

- personnel:registre des travaux
  
- pisciculture:registre d'exploitation
cahier de vente du poisson
cahier de vente des alevins en vulgarisation
  
- élevages associés:registres d'exploitation
cahier de naissance, soins, mortalité
  
- alimentation:cahier d'alimentation
fiches de stock
  
- véhicules et engins:cahier de route
cahier d'entretien
fiches de stocks de carburants et lubrifiants
  
- biens mobiliers:inventaire permanent

Partie financière

- personnel:fiches de paie
cahier d'impôts et de sécurité sociale
carte de contrôle quotidien
états de salaire mensuels
  
- comptabilité:chaque dépense fait l'objet d'une facture numérotée
chaque recette fait l'objet d'un reçu numéroté
comptabilité mensuelle classée par postes et balance en caisse

Une analyse détaillée de la comptabilité analytique appliquée par les stations a été réalisée par l'expert-conseil en crédit. Rappelons les plus importantes recommandations, pourtant jusqu'à présent pas encore mises en pratique:

Un plan de rapport semestriel du chef de station a été préparé afin de (i) améliorer la gestion de la station et l'organisation du travail, (ii) permettre leur évaluation et, si opportun, l'ajustement des activités et, (iii) uniformiser le rapportage. Le consultant ne saurait trop souligner l'importance primordiale de respecter ce plan de rapport (cf. annexe 3).

Le manque de données n'a pas permis une analyse détaillée de la situation financière des trois stations. Néanmoins, une situation globale a pu être préparée à partir des bilans inventaires (tableau 10). Il est évident que: (i) les valeurs d'exploitation ont diminué de façon substantielle, surtout à Bangui et Bambari et, (ii) non seulement les fonds de roulement dont disposait chaque sation en 1983 ont été liquidés en deux années, mais deux des trois stations n'arrivent plus à payer leurs dettes. Le premier est la suite de défaillances au niveau des techniques de production (cf. paragraphe précédent), le second découle d'une mauvaise gestion.

Un effort a été fait pour analyser cette gestion pour la station de Bangui (tableau 11). D'une part, la station a fait des dépenses excédentaires dont la plus importante est la spéculation “main-d'oeuvre” (presque 5 millions entre fin 1985 et fin 1987). D'autre part, la station a reçu des subventions (en espèces et en nature) de l'Etat et dont seules celles en espèces figurent à ce tableau. Malgré ces subventions considérables et compte tenu de l'excédent des dépenses, le fonds de dotation a été réduit de presque 5 millions de FCFA. Cela est apparemment dû aux autres dépenses irrationnelles. Dans de telles conditions, il est évident que la station Landjia, comme les deux autres d'ailleurs, est très loin d'être autofinancée.

En 1988, la situation des trois stations demeure grave, la station de Bangui-Landjia est en légère progression et les deux autres sont malheureusement toujours en régression.

Dans de telles conditions, des mesures draconniennes doivent être appliquées afin d'une part de rationaliser les dépenses selon les principes d'une exploitation privée:

D'autre part, il faudra nécessairement optimaliser les recettes par:

Etant donné les activités actuelles de chaque station, le nombre de personnel permanent, strictement productif et rationnel engagé, est à présent de:

Bangui-Landjia (13)Bambari-Bouar (5)Bouar-Paya (4)
1 porcher/volailler1 porcher/volailler1 porcher/volailler
1 meunier1 garde-bassin1 garde-bassin
1 garde-bassin2 manoeuvres1 manoeuvre
1 préposé à l'écloserie1 sentinelle1 sentinelle
7 manoeuvres dont 2 spécialisés  
2 sentinelles  

Ainsi, tout le personnel excédentaire est licencié et certains d'entre eux seront employés de temps à autre comme personnel temporaire.

Des plans de redressement, en tenant compte des principes cités ci-dessus, y compris un compte prévisionnel, un calendrier de production et un plan de travail ont été préparés et discutés avec chaque chef de station. Les stations auront encore besoin des subventions jusqu'à la fin 1989 (essentiellement pour les frais de fonctionnement et d'entretien de véhicules et de fonds de roulement) avant de pouvoir prétendre être autofinancées.

Il est évident que le directeur du CPN doit jouer un rôle important de “patron”. Mis à part la synthèse et la gestion des fonds, il doit contrôler l'exécution des activités, l'application des plans de travail établis, l'application du systéme de comptabilité et de gestion mis en place et coordonner les activités des stations principales et du service de vulgarisation.

Tous les aspects, cités ci-dessus, relatifs aux techniques de production et à la gestion ont été discutés en détail au cours du séminaire de formation.


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