A la fin de 1985 la pisciculture rurale a touché près de 8 500 pisciculteurs exploitant environ 10 000 étangs (FAO, 1986). Trois ans plus tard, à la fin de 1988, le nombre de pisciculteurs ruraux était estimé à 2 000 exploitant environ 3 000 étangs (Yamindou, 1989). Plusieurs causes pourraient être attribuées à cette chute, et Janssen (1989) a cité entre autres: une dépendance quasi permanente des pisciculteurs d'un encadrement; les conditions climatiques et hydrologiques défavorables (sécheresse) et une restriction des fertilisants et des produits alimentaires. Yamindou (1989) a aussi mentionné que les efforts antérieurs ont été très ambitieux avec une action de masse sur une courte durée et que les pisciculteurs eux-mêmes, vu les moyens mis à leur disposition, n'ont pas respecté leurs engagements. Miller a souligné (1978) que l'objectif du projet pisciculture doit porter à la qualité des résultats. Bangassi (1978) a affirmé que le nombre de bassins construits ne reflète pas le succès du programme. Malgré tout, le nombre d'étangs et/ou des pisciculteurs a toujours été cité comme la mesure d'impact des interventions. Yamindou (1989) a considéré que cette récente diminution constitue une sélection naturelle de pisciculteurs confirmés.
C'est ce groupe de pisciculteurs, qui persiste à pratiquer la pisciculture, qui doit bénéficier du soutien du service de vulgarisation. Pour que ce soutien soit le plus efficace possible il faut identifier les faiblesses des activités antérieures pour ne pas les répéter. En plus des raisons déjà citées d'autres raisons pour ce déclin sont:
les infrastructures mises en place dépassaient les moyens du gouvernement;
les pisciculteurs recevaient beaucoup de dons;
la pisciculture compte trop sur les sous-produits agricoles qui sont maintenant moins disponibles;
trop d'importance était donnée aux rôle des stations principales dans la vulgarisation;
les vulgarisateurs essayaient de travailler avec trop de pisciculteurs à la fois;
beaucoup d'efforts ont été fournis pour atteindre un rendement maximal mais pas nécessairement le plus approprié;
l'idée peu ancrée des besoins des pisciculteurs et la place de la pisciculture dans leurs vies traditionnelles;
une politique de développement de la pisciculture qui a changé plusieurs fois au cours des dernières années;
la plupart des vulgarisateurs étaient engagés directement ou indirectement par les projets (animateurs/ encadreurs), cela a porté à l'encadrement de plusieurs pisciculteurs, ce qui n'était plus possible un fois les subventions terminées.
A cette conjoncture il faut ajouter que ce que l'on appelle une faiblesse aujourd'hui était alors probablement une politique qui convenait bien à l'époque de la mise en oeuvre du projet. Pendant les vingt dernières années, l'économie globale a beaucoup évolué, la connaissance de la pisciculture tropicale s'est approfondie et les techniques de vulgarisation piscicole se sont transformées. C'est par ces expériences que l'on réussit à mieux tracer le programme actuel.