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2.1.2.3. Fertilisation minérale et organique

Quel que soit le mode de production d'alevins, la fertilisation de l'étang se révèle de première importance, principalement chez les espèces planctonophages telles que T. nilotica.

Elevés à faible densité, les tilapias peuvent satisfaire leurs besoins nutritionnels à partir de nourriture naturelle. L'augmentation de production de cette nourriture naturelle, par fertilisation minérale ou organique, couplée à une augmentation de la densité d'élevage, s'accompagne généralement d'une élévation considérable des rendements (tableau 2.9). Une synthèse des différentes méthodes de fertilisation a été réalisée par MILLER (1976) et YAMADA (1986).

Tableau 2.9. Production de poissons selon différentes méthodes (d'après LITTLE et MUIR, 1987).

Système de production

Production (kg/ha/an)

Systèmes non fertilisés et peu gérés

50 - 200

Système fertilisés, avec gestion des stocks de poissons.

5000 - 10000

Etangs fertilisés et apport d'aliment complémentaire

5000 - 15000

Alimentation et renouvellement d'eau plus important aération supplémentaire

8000 - 40000

Elevage en cage ou système d'étang avec important renouvellement d'eau et alimentation complète.

200 - 2000 (X103)

L'effet positif des fertilisants minéraux (superphosphate triple) et organiques (bouse de bovins et fumier de volaille) a été clairement démontré par GEORGE (1975), bien qu'aucune réplication des traitements n'ait été effectuée. Le superphosphate triple augmente la production naturelle de 3 à 4 fois, la bouse de bovins de 1.7 fois et le fumier de volaille de 3.3 fois.

Plus récemment, LIN et DIANA (1987) ont testé l'efficacité de différents engrais (phosphate inorganique, phosphate + urée, fumier de volaille) sur la production de T. nilotica ainsi que sur la production de nourriture naturelle (plancton et benthos). Le fumier de volaille la dose de 500 kg/ha/semaine, s'est révélé le fertilisant le plus efficace, assurant une production en carbone organique de 100 kg/ha/jour et un rendement en poissons de 24 kg/ha/jour L'apport de chaux dans l'étang, bien qu'ayant conduit à des résultats divers selon les auteurs (VAN DER LINGEN, 1959) s'est toutefois révélé bénéfique dans le cas de sols et d'eaux acides où le calcium est généralement déficient. Le chaulage permet, entre autres avantages, d'augmenter le pH acide de l'eau vers la neutralité, établissant ainsi une réserve alcaline rendant l'eau plus productive. Il augmente également les effets de la fertilisation. MAAR et al (1966) notent que la quantité de chaux nécessaire dépend du degré d'acidité du sol. Bien qu'il soit difficile d'établir une règle générale de chaulage, ils proposent toutefois la procédure suivante:

· Etangs neufs:

- sols argileux, 1680 - 2240 kg de chaux/ha, répartis sur le fond de l'étang à sec et légèrement enfouis dans le sol.

- sols sablonneux: 1120-1680 kg/ha sur le fond.

· Vieux étangs: (une fois par an après la vidange)

- sols argileux: 1120 kg/ha
- sols sablonneux: 560 - 1120 kg/ha.

Ils recommandent ensuite une application mensuelle de 160 - 220 kg/ha dans les petits étangs où ont lieu une alimentation intensive et une fertilisation.

Tableau 2.10. Composition des principaux engrais minéraux (d'après BOYD, 1979)

Type d'engrais

Composition (%)

N

P2O5

K2O

Nitrate d'ammoniaque

33-35

-

-

Sulfate d'ammoniaque

20-21

-

-

Métaphosphate de calcium

-

62-64

-

Nitrate de calcium

15.5

-

-

Phosphate d'ammoniaque

11-16

20-48

-

Muriate de potassium

-

-

50-62

Nitrate de potassium

13

-

44

Sulfate de potassium

-

-

50

Nitrate de sodium

16

-

-

Superphosphate (ordinaire)

-

18-20

-

Superphosphate (double ou triple)

-

32-54

-

La composition des principaux engrais minéraux est présentée au tableau 2.10. Parmi ces engrais inorganiques, il est généralement admis que le phosphore constitue l'élément principal, sa faible concentration naturelle limitant la productivité (WASHY, 1974; YAMADA, 1986), alors que l'azote et le potassium sont souvent considérés comme des éléments de moindre importance (HICKLING, 1962; SEYMOUR, 1980). Toutefois, en conditions tropicales et subtropicales où la densité d'élevage peut être élevée, l'azote inorganique représente un composant important (YAMADA, 1986). BOYD (1976) a en effet montré qu'une fertilisation azotée en faible quantité, pouvait augmenter nettement la production de tilapias (tableau 2.11).

Tableau 2.11. Production de tilapias après apport de fertilisants en quantité égale mais avec différents rapports N-P-K (d'après BOYD, 1976).

Composition du fertilisant
(N:P:K)

Production
(kg/ha/an)

0:20:0

651

5:20:5

947

20:20:5

930

Tableau 2.12. Composition moyenne (en pourcent) des engrais organiques utilisés en pisciculture en Afrique (d'après MILLER, 1976).

Engrais organiques

N

P

K

Ca

Protéines

Hydrates de C

herbes fauchées

1.12

0.20

1.20

-

-

-

tourteau d'arachides

1.62

0.13

1.25

-

10.1

38.5

feuille de manioc

6.80

0.31

-

-

-

7.5

tourteau de coton

7.02

2.50

1.60

0.30

41.1

26.4

farine d'arachide

6.96

0.54

1.15

-

43.5

31.3

toureau de soja

7.07

0.59

1.90

-

44.2

29.0

tourteau de palmiste

3.07

1.10

0.50

0.30

19.2

46.5

déchets de viande

8.21

5.14

-

-

51.0

3.5

fumier de cheval

0.49

0.26

0.48

-

-

-

fiente de poulet

1.31

0.40

0.54

-

-

-

fumier de mouton

0.77

0.39

0.59

-

-

-

fumier de vache

0.50

0.10

0.50

-

5.0

15.4

fumier de porc

0.50

0.20

0.40

-

-

-

farine de sang sèché

12.90

0.22

0.31

0.05

81.0

1.5

drêche de brasserie

2.90

1.60

0.20

0.40

18.3

45.9

contenu stomacal de vache

-

-

-

-

11.8

-

extrait de levure de bière

-

-

-

-

50-75

-

drêche de distillerie

-

-

-

-

22.0

37.0

Vu le prix relativement élevé des engrais inorganiques et les approvisionnements souvent irréguliers, la fertilisation organique est plus fréquemment utilisée en régions tropicales. Les principaux avantages et désavantages de l'utilisation des engrais organiques sont présentés au tableau 2.13.

Les fertilisants organiques agissent, soit comme source d'éléments nutritifs pour la photosynthèse, soit comme substrat pour le développement des micro-organismes, ou peuvent être directement assimilés par les poissons et les invertébrés (TANG, 1970; LITTLE et MUIR, 1987). Les engrais organiques proviennent généralement des déchets de végétaux, des excréments d'animaux ou des eaux usées. Les eaux d'égouts sont utilisées en Asie du sud-est pour fertiliser les étangs à tilapias et ont été suggérées comme engrais dans les régions semi-arides d'Afrique où les déchets végétaux et les excréments d'animaux sont rares et employés préférentiellement en agriculture. Cette suggestion n'a toutefois rencontré que peu d'enthousiasme, les Africains étant, à l'instar des Européens et des Américains très réticents quant à l'utilisation d'excréments humains (BARDACH et al, 1972).

Plusieurs auteurs ont également recommandé l'application combinée d'engrais organiques et inorganiques. Cette technique, bien que quelque peu coûteuse, présente de nombreux avantages dans les étangs de premier alevinage où les vidanges sont fréquentes et où le temps de développement du plancton est donc limité (MILLER, 1976).

Tableau 2.13. Principaux avantages et inconvénients de l'utilisation de fertilisants organiques (d'après MILLER, 1976).

Avantages

Inconvénients

- cycle de production plus court que lors d'emploi d'engrais minéraux, spécialement pour la production de zooplancton dans les étangs de premier alevinage.

- travail d'épandage beaucoup plus important que dans le cas d'engrais minéraux.

- augmentation de la croissance du phytoplancton par la décomposition des matières organiques et libération de CO2.

- peuvent stimuler le développement et la croissance d'algues filamenteuses indésirables.

- action favorable sur l'éclaircissement des eaux dans les étangs fortement envasés.

- risque de déficit en O2 dans l'eau.

- certains engrais organiques peuvent être utilisés comme aliment complémentaire pour les poissons

- lors d'applications excessives, risque de créer des conditions favorables au développement des parasites et des maladies

- action favorable sur le sol de l'étang.


Application des engrais

STICKNEY (1979) recommande la fertilisation des étangs lorsque la transparence de l'eau (évaluée au disque de SECCHI) est supérieure à 30 cm. En absence de disque de SECCHI, la solution est de plonger le bras jusqu'au coude et d'observer ou non la disparition de la main. Dans ce dernier cas, il est important de fertiliser, mais il est également primordial d'éviter une surfertilisation susceptible d'entraîner des blooms de phytoplancton associés à des effets toxiques et à des déficits marqués en O2.

Dans le cas d'une fertilisation minérale, différentes techniques ont été proposées. HORA et PILLAY (1962) conseillent d'enfouir les engrais par ratissage dans un étang mis à sec. Une dispersion manuelle peut ensuite être réalisée toutes les 2 à 4 semaines. Une méthode efficace pour éviter l'absorption du phosphore par les boues consiste à placer les engrais phosphatés sur une plateforme immergée à 30 cm de profondeur, les nutriments étant alors dispersés par les courants d'eau au fur et à mesure de leur dissolution (BOYD, 1979). A Madagascar, VINCKE (com. pers.) a toutefois comparé cette méthode à un apport traditionnel par épandage manuel à la surface de l'eau et a obtenu les meilleurs résultats par épandage. Par contre, VAN DER LINGEN (1959), ayant comparé l'efficacité de trois modes d'application de superphosphate double (par épandage, par application dans des paniers flottants ou en solution) a obtenu les productions les plus élevées dans les étangs ayant reçu le phosphore en solution et les plus médiocres par épandage du fertilisant.

La technique traditionnelle de fertilisation organique consistant à disperser ou entasser les déchets dans le fond des étangs mis à sec (HORA et PILLAY, 1962) présente le désavantage de provoquer, lors du remplissage de l'étang, une digestion anaérobique due à la faible concentration en 02 dissous habituellement présente dans les boues. Ces conditions anaérobiques sont susceptibles de produire 3 agents toxiques: le sulfure d'hydrogène, l'ammoniac et le méthane (SCHROEDER, 1980). Il est donc conseillé de disperser les déchets autant que possible, éventuellement à partir d'une embarcation dans le cas de grands étangs et de ne pas dépasser un apport organique de 70 à 140 kg/ha/jour, ces valeurs étant considérées comme le maximum assimilable par un étang sans provoquer d'effet anaérobique indésirable (SCHROEDER, 1980).

Dans les étangs de ponte de T. nilotica, BROUSSARD et al (1983) effectuent une fertilisation de démarrage de 2000 kg/ha d'excréments sèches de poulet et de 100 kg/ha d'engrais inorganiques (N:P:K:16-20-0), suivie d'une fertilisation hebdomadaire de 3000 kg/ha/mois d'excréments de poulet et de 100 kg/ha/mois d'engrais inorganiques. En étang de prégrossissement recevant entre 15 et 23 alevins/m2, les doses d'engrais organiques et inorganiques sont portées respectivement à 2500 kg/ha/mois et 250 kg/ha/mois. VINCKE et PHILIPPART (1984) rapportent qu'au Bénin la fertilisation est effectuée à l'aide de fumier de porc, à raison de 4500 à 6000 kg de matière sèche/ha/mois en étangs de reproduction et de 4500 kg/ha/mois en étang de prégrossissement à une densité de 40 alevins/m2.

2.1.2.4. Alimentation artificielle et complémentaire des géniteurs et des alevins

Bien qu'étant parmi les poissons les plus largement cultivés dans le monde du moins en régions intertropicales, les tilapias ont reçu peu d'attention quant à leurs besoins nutritionnels. La prédominance de pratiques d'élevage utilisant préférentiellement la fertilisation comme moyen de compléter la nourriture naturelle est certainement à l'origine de ce désintérêt pour la mise au point d'aliments préparés, d'autant plus que, dans de nombreuses régions d'Afrique, les ingrédients de base sont rares ou inexistants et la préparation difficilement réalisable. Cependant, l'intensification de l'élevage des tilapias, aussi bien en ce qui concerne la production d'alevins que le grossissement des "fingerlings", doit inévitablement passer par la pratique d'un nourrissage régulier et de qualité appropriée.

Des recherches expérimentales se sont récemment orientées vers la connaissance des besoins nutritionnels de T. nilotica (JAUNCEY et ROSS, 1982; TACON et al, 1983; WEE et TUAN, 1988; HUTABARAT et JAUNCEY, 1987). Les résultats de ces études seront présentés dans le cadre de la production d'alevins en tanks, raceways ou arènes dans lesquels l'aliment distribué constitue la source unique de nourriture.

Nous ne mentionnerons dans ce chapitre, que les résultats des essais effectués en étang, l'aliment distribué étant généralement utilisé comme complément à la nourriture naturelle provenant de l'étang, avec ou sans fertilisation.

2.1.2.4.1. Alimentation en élevage mixte

En étang, les tilapias tirent un excellent parti de la nourriture artificielle la plus variée qui peut leur être distribuée. En élevage mixte, l'aliment déversé sera destiné au nourrissage de toutes les classes de taille. Toutefois, durant leur premier stade de croissance, les alevins ne consomment pas de nourriture artificielle. Dès qu'ils atteignent la taille de 4 à 5 cm, ils commencent à en absorber facilement (LE ROUX, 1956; BISHAI, 1962; HUET, 1970).

Les farineux et les tourteaux sont les plus appropriés, car ils sont consommables aussi bien par les alevins que par les adultes. Parmi ceux-ci, on utilise les déchets de minoterie et plus spécialement le son de blé et la farine de manioc, les brisures de riz, la farine de maïs ainsi que les tourteaux de coton, d'arachide et de palmiste..

D'autres sous-produits agro-industriels (tels que déchets de ménage, drêche de brasserie, parches de café, pulpes de cacao, graines de coton, etc...) sont également utilisables.

L'efficacité d'un aliment est exprimée par la valeur du coefficient de conversion alimentaire, appelé également quotient nutritif (QN) et défini comme le rapport entre la quantité d'aliment distribué et le gain en poids vif des poissons. En élevage mixte, il est évidemment difficile d'évaluer la part de nourriture ingérée par les alevins et par les adultes. Certains auteurs (PLANQUETTE et PETEL, 1977) utilisent alors des expressions telles que l'indice pondéral de recrutement (IPR) et le quotient nutritif alevins (Q.N.Al.) pour estimer l'efficacité d'un aliment sur la production en alevins.

Poids des alevins (en kg)

Le quotient nutritif de différents aliments est présenté au tableau 2.14 où l'on constate une meilleure conversion avec les tourteaux et sons divers.

L'efficacité de l'aliment dépendra également de la fréquence de distribution et sera d'autant meilleure que celle-ci est élevée; T. nilotica étant une espèce planctonophage (possédant donc un petit estomac) aura tendance à se nourrir continuellement au long de la journée (JAUNCEY et ROSS, 1982). Il est toutefois préférable de distribuer une petite quantité de nourriture lors du premier nourrisage matinal et d'arrêter la distribution avant la fin de l'après-midi car selon MORIARTY (1973) la digestion se fait moins bien en période de faible intensité lumineuse (métabolisme ralenti). En étang, la fréquence de nourrissage peut toutefois être réduite à 1 ou 2 fois par jour, la nourriture non assimilée jouant alors le rôle de fumure organique.

Tableau 2.14. Taux de conversion alimentaire (= quotient nutritif) de différents aliments simples utilisés pour le nourrissage de T. nilotica en étangs.

Type d'aliment

Taux de conversion

Références

Herbes fauchées

48

BALARIN et HATTON, 1979

Feuilles de manioc, bananier, papayer, colocasse,...

13 à 25

HUET, 1970; BALARIN et HATTON, 1979

Graines de coton broyées

18.9

DE KIMPE, 1971; HASTINGS, 1972; PLANQUETTE et PETEL, 1976

Drêche de brasserie

10-12.6

DE KIMPE, 1971

Tourteau de palmiste

8-9.5

PLANQUETTE et PETEL, 1976

Son de riz, balles de riz

4.8-10

BALARIN et HATTON, 1979; SCHMIDT, 1984

Tourteau de coton

4.8

DE KIMPE, 1971

Balayures de minoterie

4

GERKING, 1967; BALARIN et HATTON, 1979

Tourteau d'arachide

3-5

BALARIN et HATTON, 1979

Dans les étangs de reproduction et d'alevinage de faible superficie (2 à 4 ares), la nourriture peut être distribuée à la volée ou mieux, déversée dans des cadres flottants ou fixes, ce qui permet d'évaluer la quantité d'aliment effectivement ingérée et la vitesse d'ingestion. L'emploi de ce système provoque toutefois une compétition intraspécifique avec des différences de croissance, car seule une partie des poissons peuvent venir s'y alimenter (LAZARD, 1984).

Enfin, on peut installer des distributeurs d'aliments à la demande et les approvisionner quotidiennement en granulés. Très rapidement les tilapias se conditionnent à ce type de distribution alimentaire.

2.1.2.4.2. Alimentation en étangs de ponte et de prégrossissement

En étangs de ponte, l'alimentation visera essentiellement à nourrir les géniteurs, la productivité naturelle en plancton étant normalement suffisante pour couvrir les besoins des larves et des jeunes alevins, et cela d'autant plus qu'une fertilisation régulière aura été réalisée. Toutefois, dès qu'apparaissent les premiers alevins, un supplément de nourriture peut être distribué plusieurs fois par jour.

Le taux d'alimentation des géniteurs sera calculé, soit en fonction de la biomasse de ceux-ci (2.5 à 6% selon les auteurs), soit selon la demande, la distribution manuelle de l'aliment étant stoppée lorsque s'arrête la phase d'alimentation active (CAMPBELL, 1985).

L'alimentation est habituellement constituée d'un mélange pulvérulent plus ou moins élaboré (tableaux 2.5 et 2.6) ou de granulés (4 mm de diamètre) (CAMPBELL, 1985). Dans ce second cas, le complément de nourriture pour les jeunes alevins sera évidemment distribué sous forme pulvérulente, généralement à la demande.

En étangs de prégrossissement, la nourriture sera également distribuée sous forme pulvérulente, en fonction de la biomasse et de la taille des alevins déversés. Le calcul des rations quotidiennes est basé sur le principe suivant, (C.T.F.T., 1981; VINCKE, 1985):

-10% du poids vif si le poids moyen est inférieur à 5g (6 distrib./jour)
- 7,5% du poids vif si le poids moyen est compris entre 5 et 10g (4 distrib./jour)
- 5% du poids vif si le poids moyen est supérieur à 10g (4 distrib./jour)

Ces valeurs sont données en fonction d'un apport d'aliment relativement élaboré (60% de tourteau de coton, 20% de farine basse de riz et 20% de farine de poisson). Des rations similaires sont préconisées par MAREK (1975) dans le cas d'une monoculture de tilapias. Signalons cependant qu'en association avec d'autres espèces comme la carpe, les tilapias profitent mieux de la nourriture naturelle, ce qui permet de réduire de 20% la ration journalière. Ces constatations ont également été rapportées par LOVSHIN et al (1977).

Les résultats de prégrossissement des alevins en fonction des différents aliments ont été présentés aux tableaux 2.6 et 2.7. La composition de plusieurs aliments utilisés pour le prégrossissement de T. nilotica, ainsi que leur teneur en protéines brutes et leur taux de conversion (QN) sont rassemblés au tableau 2.15. Il faut toutefois remarquer que ces valeurs de QN sont sans doute légèrement sous-estimées car la production naturelle en plancton doit intervenir pour une part non négligeable dans l'alimentation des alevins.

2.1.3. Prédations, maladies, vols en étang


2.1.3.1. Prédateurs naturels des alevins
2.1.3.2. Maladies
2.1.3.3. Empoisonnements
2.1.3.4. Vols


La production escomptée au moment de la vidange ou des récoltes intermédiaires peut être réduite par la présence, dans les étangs de reproduction et de prégrossissement, d'espèces indésirables jouant un rôle direct en tant que prédateurs ou indirect en tant que concurrents alimentaires. Des mortalités importantes peuvent également être observées en cas de pollution ou d'épidémies provoquées par certains agents pathogènes (bactéries, virus, parasites protozoaires et métazoaires).

Tableau 2.15. Composition (en %) et qualité nutritionnelle de différents aliments composés pour le prégrossissement des alevins de tilapias en étang. (F = farine, G = granulés).

Ingrédients

Poids des alevins (g)

Présentation

1er nourrissage
à 14 g (F+G)

1-7
(F)

5-27
(F)

3-32
(F)

9.5-27.5
(F)

>15
(G)

>20
(G)

Farine de Poisson

9

10


20

40

5


Farine de viande/sang






7

2.5

Farine d'os








Farine basse de riz


70






Sun de blé

38





20


Son de riz



50

20

20

20

10

Tourteau de coton

20

20

50

60

40

30

32.5

Tourteau de germe de maïs







2.5

Tourteau de sésame






8


Tourteau d'arachide

11







Tourteau de copra

17







Pulpe de café







5

Drêche de brasserie






15


Déchets de poulet







45

Huile de poisson

3






2.5

Poudre de lait








Coquilles d'huitres

2







% Protéines

28

23

30

41.5

45

30

23

Taux de conversion

1.75

2.2

2

2.1

1.8

1.2

1.4-1.7

Références

Campbell,
1985

Holl,
1983

Lazard,
1984

Lazard,
1984

Lazard,
1984

Hastings,
1972

Hughes,
1977

2.1.3.1. Prédateurs naturels des alevins

Parmi les poissons prédateurs, on citera des voraces tels que Lates niloticus et Clarias lazera, mais également des espèces moins voraces telles que Haplochromis spp, Hemichromis fasciatus et H. bimaculatus qui peuvent effectuer des prélèvements importants parmi les jeunes alevins. Il ne faut pas non plus oublier le cannibalisme qui doit être important dans les élevages mixtes.

Les batraciens des genres Xenopus et Dicroglossus (MICHA, 1975) sont également responsables de pertes considérables dans les étangs d'alevinage et l'abondance des têtards rend le triage des alevins difficile (HUET, 1970). On s'en débarasse en détruisant le frai, à l'aide d'une épuisette ou à la chaux vive, et les adultes peuvent être piégés à l'aide de nasses ou péchés à la ligne, du moins pour Dicroglossus apprécié des gourmets.

De nombreux oiseaux piscivores peuvent également entraîner de sérieux dégâts dans les élevages ou à l'occasion des vidanges, quand les poissons sont concentrés dans une eau peu profonde (HUET, 1970). Parmi les plus nuisibles, MAAR et al (1966) citent les cormorans, les martins-pêcheurs, les aigles pêcheurs et les hérons. CHIMITS (1955, 1957) signale qu'un pélican peut consommer entre 1 et 3 tonnes de poisson par an. La pose de filets ou de fils, pardessus les étangs, est recommandée pour limiter l'action de ces prédateurs (MAAR et al, 1966).

Certains insectes aquatiques peuvent également s'avérer indésirables. Parmi les plus dangereux pour les petits alevins, citons les Nèpes (Nepas sp), les Notonectes et les Dytiques (Dytiscus).

En Israël, les serpents d'eau (Natrix natrix) provoquent des ravages dans les étangs de ponte et d'alevinage. SARIG (1971, in BALARIN et HATTON, 1979) rapporte la capture de plus de 300 serpents en deux semaines dans un seul étang de 20 ares.

Remarquons enfin que la prédation exercée par les crocodiles et les loutres (Lutra maculicollis et Aconyx capensis) peut également être considérable et même supérieure à celle des oiseaux. Le meilleur moyen de lutte est le piégeage ou mieux de clôturer les étangs (HUET, 1970).

2.1.3.2. Maladies

De nombreux auteurs ont rassemblé les données concernant les maladies auxquelles peuvent être soumis les tilapias (SARIG, 1967, 1975; FRYER et ILES, 1972; BALARIN et HATTON, 1979; ROBERTS et SOMMERVILLE, 1982; KABATA, 1985). Il apparaît que les parasites n'ont provoqué que très rarement des dégâts sérieux dans les élevages de tilapias. SARIG (1967) signale toutefois que dans un intervalle de temps déterminé, à mesure que les conditions d'élevage se détériorent, le nombre des parasites augmente et peut passer d'un niveau pathogène potentiel à un niveau épidémique. Par contre, la croissance très rapide des tilapias permet de réduire fortement les périodes d'élevage pour un même lot de poissons et de laisser l'étang à sec entre deux phases d'élevage. La mise à sec complète de l'étang, éventuellement associée au chaulage du fond, permettra de détruire une part importante des parasites présents. Les principales espèces parasites susceptibles de provoquer des dommages dans les élevages sont énumérées ci-après, leur description ainsi que la prophylaxie appropriée à appliquer lors d'infection sont présentées en détail dans les ouvrages de synthèse de BALARIN et HATTON (1979), ROBERTS et SOMMERVILLE (1982), PAPERNA ét al (1983) et KABATA (1985).

a. Ectoparasites:

- Les protozoaires du genre Ichthyophthirius, Costia, Trichodina, Chilodonella, Tripartiella, Glossatella.
- Les crustacés du genre Argulus, Lernaea, Ergasilus
- Les trématodes monogènes du genre Cichlidogyrus, Enterogyrus, Gyrodactylus et Dactylogyrus.

b. Endoparasites:

- Les trématodes digènes du genre Bolbophorus, Clinostomum, Euchlinostomum, Haplonchis, Neochasmus, Pygidiopsis, Centrocestus.
- Les nématodes du genre Contracaecum, Eustrongylides.
- Les cestodes du genre Proteocephalus, Cytocestoides
- Les acanthocephales du genre Acanthosentis et Acanthogyrus.

c. Bactéries et virus:

- Les infections bactériennes et virales sont généralement rares en Afrique, probablement due à la longue période de température optimale, à l'abondance de nourriture qui en résulte, ainsi qu'au mode d'élevage généralement peu intensif. Les poissons sont en bonne santé et leur système immunitaire n'est pas réduit par une longue période à basse température. Parmi les bactéries, ROBERTS et SOMMERVILLE (1982) signalent Flexibacter columnaris, Aeromonas hydrophila et Mycobacterium fortuitum.

d. Champignons:

Saprolegnia et Branchiomyces sont les seuls signalés.

2.1.3.3. Empoisonnements

Le pisciculteur veillera également à informer de sa présence les personnes utilisant l'eau du ruisseau en amont de sa pisciculture afin d'éviter les mortalités massives par des pesticides et notamment insecticides, par exemple lors du nettoyage des appareils de pulvérisation utilisés en agriculture.

Il faudra également veiller à écarter de la pisciculture les utilisateurs d'ichtyo-toxiques (roténone, extraits de légumineuses du type Derris et Tephrosia vogelii).

2.1.3.4. Vols

Le problème du vol de tilapias a déjà été signalé dans le cadre des aménagements à réaliser lors de la construction des étangs. Les adultes sont généralement les plus convoités, soit directement comme poisson de consommation, soit comme reproducteur. Parmi les différentes précautions à prendre, nous avons mentionné la mise en place d'un tuyau "pipe" à l'intérieur de l'étang. Les vols les plus fréquents sont toutefois réalisés par vidange nocturne, par pêche au filet épervier, à l'épuisette ou aux lignes de fond. La disposition de branchages dans l'étang, le long des berges, ou de piquets reliés par des barbelés, permet de limiter fortement ces captures indésirables. D'une façon générale, l'installation des étangs à proximité des habitations est recommandée. Dans le cas d'une pisciculture commerciale, l'éclairage nocturne et l'engagement d'un gardien peuvent également s'avérer rentables.

2.1.4. Bilan économique de la production d'alevins en étang

L'évaluation économique d'une exploitation piscicole visant la production d'alevins de Tilapia nilotica doit prendre en considération un nombre important de facteurs intervenant à titre de coûts fixes et variables. Les conditions d'exploitation et de rentabilité d'une pisciculture peuvent fortement varier d'une région à l'autre, en fonction de critères tels que les coûts d'installation, les coûts et la capacité du personnel, la disponibilité et le coût de l'aliment, le prix de vente du poisson produit et l'importance du marché, etc...

D'autre part, la mise en place d'une pisciculture destinée à la production à la fois des alevins et du poisson de consommation nécessite d'établir, au préalable, les superficies d'étang réservées à chaque phase de production. Celles-ci varieront évidemment en fonction du niveau d'intensification envisagé.

L'investissement initial d'une exploitation inclut la construction des étangs et l'acquisition d'un équipement de base constitué de filets, épuisettes, tanks de stockage et de transport, éventuellement de pompes, aérateurs, véhicules,... Selon la taille de l'exploitation, des constructions supplémentaires doivent être envisagées: hangar pour matériel, maison de gardiennage,...

Le tableau 2.16 présente de façon détaillée l'ensemble des coûts de production (fixes et variables) et des revenus (bruts et nets) de différentes tailles de fermes piscicoles aux Philippines (YATER et SMITH, 1985). Les exploitations ont été divisées en piscicultures familiales, nécessitant le travail d'une personne à temps partiel (< 1250 m2) ou à temps plein (1250 - 5000 m2) ou commerciales, avec emploi de personnel supplémentaire (5000 à 10000 m2 ou plus).

Les coûts et revenus annuels de quatre types d'installation révèlent que toutes présentent un bénéfice net largement positif. En fait, les piscicultures récupèrent en moyenne leur investissement initial en une année de production. Seules les piscicultures de 1250 à 5000 m2 ont obtenu des bénéfices moins élevés, probablement suite à une moindre utilisation de l'aliment ou de fertilisants par unité de surface (YATER et SMITH, 1985). Le coût de l'aliment représente d'ailleurs une part importante des coûts de production puisqu'il atteint généralement 35 à 45% du total.

Tableau 2.16. Bilan économique d'une année de production d'alevins de T. nilotica dans des piscicultures de différentes tailles aux Philippines, (calculé d'après YATER et SMITH, 1985). Les valeurs sont exprimées en pourcentage des coûts totaux. Les valeurs entre parenthèses représentent les montants réels en Pesos philippins (en 1982, 1 US$ = 11.0 Pesos).

Taille de la pisciculture
(m2)

< 1250
(n = 24)

1250 - 5000
(n = 13)

5000 - 10000
(n = 2)

> 10000
(n = 4)

Caractéristiques de la pisciculture


- superficie moy. (m2)

658

2112

9300

26450


- nbre moy. d'étangs

4

9

20

10


- invest. inst. étangs (%)

38.7

51.5

42.2

35.9


- invest. équipement (%)

43.5

30.5

39.7

32.8


- Total invest. initial (%)

82.2 (4350)

82.0 (10490)

81.9 (56250)

68.7 (157900)

Production de fingerlings (nbre) (x 1000)

81.7

141.8

919.2

3841

Coûts de production

Coûts fixes (%)






- amort. Installations

7.1

5.9

4.3

6.8


- location terrain

1.6

2.5

2.1

1.7


- licence d'exploitation

0.3

0.1

0

0.1


- intérêts de l'emprunt

0.3

1.4

0

0.6

Total des coûts fixes

9.3

9.9

6.4

9.2

Coûts variables (%)






- aliments

45.9

28.4

41.6

34.2


- personnel, gardien

14.4

25.7

7.6

20.6


- fertilisants

5.9

4.4

23.6

1.6


- eau, élect., fuel

3.9

2.5

6.5

7.3


- location matériel

0.9

1.8

1.2

0


- géniteurs

8.2

6.7

0

11.0


- maintenance/réparation

0

1.4

0

7.3


- frais administratifs

11.5

19.2

16.7

8.8

Total des coûts variables

90.7

90.1

93.6

90.8

Total des coûts

100

100

100

100


(5292)

(12785)

(68727)

(229775)

Revenus bruts (%)


- vente de fingerlings

149

97

147.6

191.3


- vente de géniteurs

14

8

10.1

12.9


- autres (commissions)

21

9

0

35.8


- Total des revenus

184

114

157.7

240


(9729)

(14592)

(108374)

(551359)

Bénéfice net annuel


(%)

84

14

57.7

140


(Pesos)

(4437)

(1807)

(39647)

(321584)

Bénéfice net par 100 m2


(Pesos)

(501)

(31)

(426)

(905)

Il est intéressant de noter que la petite exploitation permet aux Philippines un bénéfice d'environ 400 Pesos/mois (soit environ 36 $ en 1983), ce qui n'est pas négligeable lorsque l'on sait que la plupart des pisciculteurs de cette catégorie n'exercent cette activité qu'en tant qu'activité secondaire et que le salaire courant dans cette région est d'environ 15-20 P/jour.

Des bilans économiques ont également été réalisés en Amérique Centrale (Jamaïque) par POPMA et al (1984) en analysant séparément les coûts de production de l'alevin (1g), du "fingerling" (~30g) et du poisson de consommation (~200g). Les coûts de production des deux premières étapes sont présentés au tableau 2.16a. Ils se basent sur une technique de production d'alevins de Tilapia nilotîca en étangs de reproduction (10 à 40 ares) avec une récolte hebdomadaire au filet de senne (mailles de 6mm) de manière à obtenir des poissons de 0,6 à 1,1g. On remarque que les coûts de main d'oeuvre (récolte fréquente) et l'aliment interviennent pour une part prépondérante dans les coûts de production de l'alevin.

Ces alevins de 1g sont ensuite déversés en étangs de prégrossissement (10 à 40 ares également) à raison de 180.000 ind/ha. La récolte par sennage des fingerlings (±30g) débute généralement 6 semaines après le déversement. Avant une nouvelle mise en charge, l'étang est laissé à sec durant quelques jours et éventuellement traité à la roténone. Seuls sont mis en grossissement les fingerlings mâles, les femelles étant vendues comme sous-produit. Similairement à ce qui est observé pour la production d'alevins, les coûts de production d'alevins, les coûts de main d'oeuvre (nourrissage, récolte et sexage) et d'aliment représentent également les principaux coûts de productions de fingerlings. Les coûts de pompage d'eau sont également importants.

Tableau 2.16a. Coûts annuels de production d'alevins (1g) et de fingerlings mâles (± 30g) dans des étangs de Jamaïque. (Compilé d'après POPMA et al, 1984) (en 1982: 315 J$ = 1US$)

Coûts annuels de production

Coûts en J$/0.4 ha

Alevins (1g)

Fingerlings (± 30g)

Coûts fixes:




- amortissement construction d'étangs

320

320


- entretien de l'étang

50

50


- amortissement matériel (senne, véhicule, pompes)

741

746


- total des coûts fixes

1111

1116

Coûts variables:




- alevins

-

1612


- aliment

1512

2302


- pompage

1200

1800


- carburant et entretien véhicule

520

520


- main d'oeuvre (1/50 du budget total)

3283

5472


- service de garde (1/80 du total)

1187

1187


- total des coûts variables

7702

12893

Total des coûts annuels

8813

14009

Prix unitaire (J$/1000 poissons)

4,87

217*

Production annuelle

1810000

647000**

* Coût de production du fingerling mâle. Le revenu dû à la vente des femelles couvre moins de 15% des coûts de production des fingerlings mâles

** Production des fingerlings mâles

Peu de données économiques concernant la production d'alevins de T. nilotica en Afrique sont malheureusement disponibles, car la distinction n'est généralement pas établie entre les coûts de production pour les alevins et pour les poissons de consommation. Le coût de construction des étangs varie fortement selon les auteurs et les années de réalisation (tableau 2.17).

Remarquons toutefois que l'installation d'étang de petite superficie (quelques ares) augmente fortement les coûts de construction, mais également les rendements de production. Rappelons également l'importance de la disposition des étangs, permettant leur alimentation et leur vidange par gravité, ce qui diminue les coûts d'installation d'environ 10%, les frais d'équipements (engins et petit matériel) de 40% et les frais de fonctionnement de 10% (LAZARD, 1980).

Le coût de l'aliment intervient également pour une large part dans les coûts de production, mais il est habituellement admis qu'un aliment composé, constitué de sous-produits locaux et enrichi avec des protéines animales (20% de farine de poisson par ex.) est plus performant qu'un aliment simple et justifie son prix plus élevé, par le fait qu'il augmente fortement les rendements par unité de surface.

Tableau 2.17. Coûts de construction d'étangs de pisciculture en Afrique selon les pays et la dimension des étangs.

Pays

Superficie totale (ha)

Dimension étangs (are)

Coûts de constr.
(prix/are)

Remarques

Références

Côte d'Ivoire 1980

4.7

4-10

78000 FCFA

2 ha alimentés par pompage, coût global (étangs + ouvr. + pompe)

LAZARD,

Côte d'Ivoire 1985

-

4.5-90

10000 FCFA

Travail important des pisciculteurs

VINCKE,

Zambie

5-10

15-50

185-250 $US

Augmentation des coûts pour des étangs de petite taille

L'HEUREUX, 1985

Zimbabwe

10

50

44-60 $US

Etang + pompe + ouvrage

WRIGHT et KENMUIR, 1981

Niger

1.2

3.5

387500 FCFA

Alimentation par pompage

PARREL et al, 1986

De même, une fertilisation organique (compost de végétaux, lisier et fumier de volailles, bovins et porcins) constitue une technique relativement peu coûteuse et très efficace pour augmenter la productivité des étangs. WRIGHT et KENMUIR (1981) rapportent des applications de fumier de volailles à raison de 80 kg/ha/semaine et 60 kg/ha/jour de fumier de bovin, soit pour un prix de 165 $ par saison de production (44 semaines).

L'application d'engrais minéraux est par contre moins recommandée, du fait des difficultés d'approvisionnement et du prix nettement plus élevé. Ainsi, l'apport de 10 m3 de lisier de poulet (± 50 $) équivaut à l'apport de 2,6 tonnes d'engrais inorganiques à raison de 34% d'ammonitrate, 61% de superphosphate et 4% de chlorure de potassium, soit un coût de ± 300 $ (WRIGHT et KENMUIR, 1981; MARTIN, 1987).

Surface pour la production d'alevins dans une pisciculture commerciale

L'HEUREUX (1985) a défini les surfaces respectives à réserver aux étangs de reproduction, de prégrossissement (jusqu'à 30g) et de production de poisson marchand (Tilapia andersonii) pour des piscicultures de 5 et 10 ha. Les paramètres qu'ils considèrent sont les suivants

- étang de reproduction:

- 25 femelles et 5 mâles/are
- reproduction de mi-septembre à fin mai (Zambie)
-14 sennages à 15 jours d'intervalles
- 300 alevins/femelle/saison, soit 21.4 alevins/femelle/sennage

- étang de prégrossissement:

- 25 alevins de 0.5 à 4g/m2
- récolte après 13 semaines, poids final: 20g
- 2 mises en charge/étang/an, d'où la nécessité de disposer de 7 étangs de prégrossissement.
- Mortalité = 10%

- étang de production:

- 2.5 poissons/m2, 2 cycles de production par an.

- soit l'aire destinée à la reproduction: de l'aire

réservée à la production de façon à obtenir le nombre d'alevins nécessaire aux deux cycles de production.

Si la densité des géniteurs est portée à 75 femelles et 25 mâles par are, la surface de reproduction ne représentera plus que 2.5% de la surface de production.

- soit l'aire destinée au prégrossissement: de la surface de production.

Avec un aliment de meilleure qualité et une mise en charge de 40 alevins/m2, la surface n'est plus que de 6.9%. Soit au total une surface de 9.4 à 18.5% de la surface de production destinée aux étangs de service. Un programme de production, ainsi qu'un module de répartition des surfaces sont présentés au tableau 2.18 et à la figure 2.3. Chaque opération de sennage des étangs de reproduction correspond à une opération de déversement en étang de prégrossissement et, de même, chaque vidange des étangs de prégrossissement est associée à la mise en charge des étangs de production.

Figure 2.3. Nombre et dimensions relatives des différents types d'étangs (reproduction, alevinage, production) pour une ferme piscicole de 5 ha (d'après L'HEUREUX, 1985) et schéma de proportions relatives des différents types d'étangs en Jamaïque (d'après POPMA et al, 1984).

Etangs de reproduction

(R1-3): 20 × 43.5 m = 8.70 a
(R4-5): 20 × 40.5 m = 8.10 a

Etangs d'alevinage

(A1-7): 30 × 18.5 m = 5.55 a
(A8): 30 × 23 m = 6.90 a

Etangs de production

(P1-8): 50 × 100 = 50.00 a
(A9): 30 × 40 = 12.00 a

En Jamaïque, POPMA et al (1984) mentionnent que 30% de la surface des étangs sont réservés aux étangs de service, avec respectivement 6% pour les étangs de reproduction et 24% pour les étangs d'alevinage (figure 2.3).

LAZARD (1984) effectue également le calcul des rapports de surfaces destinées respectivement aux phases de reproduction et de prégrossissement, et à la phase de production, selon que la production d'alevins et de "fingerlings" est réalisée de façon extensive ou intensive. Les différents schémas sont présentés au tableau 2.19. Ils mettent en évidence l'intérêt d'intensifier les deux premières phases de l'élevage afin de réduire au minimum les surfaces d'étang non directement productives.

2.1.5. Avantages et inconvénients de la production d'alevins en étang

D'un point de vue biologique, un des principaux avantages de l'obtention et du prégrossissement des alevins de T. nilotica en étang est l'utilisation optimale des ressources de l'étang, comparé au mode d'élevage en milieu plus fermé (tank, cage, etc...). D'un point de vue pratique, l'élevage en étang est également d'une technologie plus simple, exigeant un contrôle moins régulier qu'un élevage en conditions artificielles. Cependant, à hautes densités, les conditions de stockage deviennent plus ou moins similaires à celles observées en cage ou en tank et il est alors nécessaire d'effectuer un suivi plus précis des différentes phases de production:

- contrôle de la reproduction des géniteurs et récolte fréquente des alevins,
- amélioration de la productivité de l'étang par fertilisation,
- alimentation régulière de poissons,
- contrôle de la qualité de l'eau et renouvellement d'eau si nécessaire.

Les principaux avantages et inconvénients de la production d'alevins en étang sont présentés au tableau 2.20.


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