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4. DESCRIPTION DES PECHERIES

4.1 COTE D'IVOIRE

4.1.1 La pêche artisanale

Elle a déjà été décrite par Boubéri, Hié Daré et Konan (1983).

  1. Les pêcheurs: Les stocks de poissons démersaux subissent peu de pression de la part de la pêche artisanale. Cette pression est exercée par les pêcheurs ivoiriens et étrangers.

    Les Ivoiriens, autochtones du littoral, ne sont pas des pêcheurs professionnels; ils pratiquent la pêche de subsistance. Seuls ou à deux dans une petite pirogue généralement monoxyle, ils utilisent la ligne de fond qui comporte une dizaine d'hameçons, voire plus, généralement de petites ou moyennes dimensions.

    A côté de ceux-là vivent des pêcheurs étrangers venus du Ghana, du Libéria (Fanti, Awrans, Gans), du Sénégal, du Togo, qui eux sont des professionnels. Il faut y ajouter quelques ivoiriens regroupés en coopératives.

  2. Les embarcations: la flottille piroguière est composée de trois types de pirogues:

    1. La pirogue ivoirienne, petite pirogue monoxyle utilisée par un ou deux pêcheurs avec une ligne de fond par personne. Elle sert presque exclusivement aux Nanakrous, Aladjans et Avikans. Ce type de pirogue se rencontre de Jacqueville à Tabou mais c'est surtout à Sassandra qu'on la trouve en grand nombre.

    2. La pirogue ghanéenne moyenne ou grande utilisant soit des filets maillants de fond, soit des palangrottes, soit des sennes de plage.

    3. La pirogue améliorée, grande avec réservoir à glace, qui permet des marées de longue durée.

    Les petites pirogues et les pirogues de senne de plage sont mues au moyen de rames ou de voiles; les aut res sont presque toutes motorisées (moteur de 40 CV en général).

    Ces pirogues sont surtout concentrées dans les grands centres urbains et/ou à leur proximité (Abidjan, Jacqueville, Sassandra, San Pédro, Tabou).

  3. Les engins de pêche: Les sennes de plage sont présentes d'Abidjan à Jacqueville essentiellement, dans les endroits sans affleurements rocheux. On en trouve également quelques unes à Sassandra, San Pédro, Tabou, Bereby.

    Les filet maillants sont utilisés sur toute la côte.

    La palangrotte est surtout utilisée dans l'ouest de la Côte d'Ivoire où la zone est rocheuse et difficilement chalutable et où vivent des poissons (dits nobles) à haute valeur marchande.

  4. Saisons de pêche: La pêche artisanale maritime est active toute l'année avec plus ou moins d'intensité. Il existe des périodes de basse saison liées aux conditions climatiques et/ou aux migrations des poissons un peu plus au large et vers le Libéria.

    Cela est valable pour les lignes de fond Aladjans, Nanakrous et les palangrottes.

    Pour les filets maillants, leur utilisation peut être résumée comme suit:

    FiletMois d'utilisation
    KuptengaSeptembre à janvier
    KotrokaDécembre
    YakunDécembre
    Ner-aboaDécembre
    AchooDécembre et janvier
    BoadiSeptembre à décembre

    Les espèces-cibles: Les lignes et palangrottes visent essentiellement les poissons des zones rocheuses et fonds durs, c'est-à-dire:

  1. les mérous

  2. les Lutjanidae

  3. les Lethrinidae

  4. les Sparidae (dorades, pagres)

  5. quelques Sciaenidae (raies et requins).

    Les différents filets maillants ont pour cibles:

4.1.2 La pêche industrielle

On a pu (Caverivière, 1979) classer les chalutiers ivoiriens en trois grandes catégories:

  1. Les bateaux de moins de 300 CV, de faible autonomie, qui pêchent de manière pratiquement exclusive au large de la Côte d'Ivoire (quelques marées ont pu être effectuées au Ghana il y a plusieurs années).

  2. Les chalutiers de 300 à 600 CV. Ils travaillent souvent en Côte d'Ivoire, mais ont pu effectuer des marées sur les plateaux continentaux d'autres pays (Ghana, Libéria et Sierra Leone).

  3. Les chalutiers de plus de 600 CV ne pêchent que rarement en Côte d'Ivoire, où ils effectuent parfois quelques marées en saison froide sur les fonds à Sparidae (pageots). Leur zone de pêche habituelle s'étendait de la Sierra Leone à la Mauritanie, où les ressources démersales sont plus abondantes qu'au large de la Côte d'Ivoire. Actuellement, ils ne pêchent plus que de la Guinée au Sénégal).

Le tableau 5 présente l'évolution du nombre de chalutiers (hormis les crevettiers) de chaque catégorie depuis les débuts de la pêcherie. Jusqu'en 1960, seules des unités de moins de 300 CV sont basées à Abidjan, leur nombre augmente vite pour se stabiliser autour de 25 unités de 1962 à 1967, il diminuera rapidement par la suite pour n'être plus que de quatre unités en 1975, il remonte à nouveau (surtout après 1983) pour atteindre 14 navires en 1986. Les chalutiers de 300 à 600 CV apparaissent en 1960, leur nombre atteint 10–12 unités de 1966 à 1969 et décroît ensuite; de quatre en 1980, ils passent à sept en 1986. Les unités de plus de 600 CV arrivent à partir de 1968 et 10 navires de ce type opèrent en 1977. Du fait des difficultés d'accès aux zones de pêche des autres pays africains, ils ne sont plus que deux de 1984 à 1986.

La flottille crevettière a atteint une vingtaine d'unités de 150 à 500 CV dès 1970 (Garcia et Fonteneau, 1971). Leur nombre diminue ensuite et ils ne sont plus que neuf en 1976-1977, six en 1980. La pêche crevettière est totalement arrêtée fin 1981. Elle reprend avec une unité en juin 1983, une deuxième arrive en septembre de la même année et une troisième au début de 1984. Cinq crevettiers sont présents en 1986. Ces crevettiers commericalisent de notables quantités de poissons démersaux bien que leurs rejets soient importants.

4.2 GHANA

Description des pêcheries ghanéennes

La pêcherie industrielle ghanéenne a été abondamment décrite par Bernacsek (1986) et cette description est reprise dans l'annexe X du présent rapport. La description qui va suivre est par conséquent un bref résumé sur les pêcheries ghanéennes mettant l'accent sur les quelques changements intervenus depuis la publication du rapport de Bernacsek.

Il y a quatre types de pêcheries au Ghana: piroguière (ou artisanale), côtière (ou semi-industrielle), du large (ou industrielle) et thonière. Le tableau 6 décrit la composition et les caractéristiques des flottes de pêche. La flotte artisanale qui exploite les espèces démersales comme les pélagiques rentre en compétition avec la flotte semi-industrielle puisqu'elles pêchent sur les mêmes stocks. La flotte industrielle, composée uniquement de chalutiers, pêche également sur ces mêmes stocks. Il résulte de cette concentration des trois types de flottes sur une même aire (de 15 à 50 m de fond) un certain nombre d'accidents tels que ceux provoqués par de gros bateaux chalutant sur des filets posés par la peche artisanale. A l'origine, les bateaux industriels pêchaient dans des zones plus productives situées hors des eaux ghanéennes (Mauritanie et Angola), mais avec l'instauration de la législation de Zones Economiques Exclusives (ZEE, étendues à 200 milles) à la fin des années 70, ces bateaux ont été contraints de pêcher dans les eaux ghanéennes où le plateau continental est plus étroit et où les upwellings côtiers durent au maximum trois mois (juillet à septembre) dans l'année.

La saison de pêche principale a lieu de fin juin-début juillet à fin septembre-début octobre et correspond à l'upwelling côtier majeur pendant lequel de grandes quantits de poissons démersaux et pélagiques sont exploitées dans toute la zone côtière par tous les types de flottes.

Il y a également une petite saison de pêche pendant l'upwelling mineur qui se produit généralement en janvier-février (plus rarement mars ou décembre) et dure environ trois semaines. Durant le reste de l'année la pêche est peu importante et les prises sont effectuées de façon sporadique surtout en ce qui concerne les pélagiques.

Dans une pêcherie multispécifique telle que celle du Ghana, la pêche dirigée vers des espèces cibles n'existe pas. La flotte démersale capture toutes les espèces démersales qui se présentent.

Il était communément admis que la flotte industrielle rejettait les prises de balistes mais dernièrement cette hypothèse a été infirmée. Ces prises sont actuellement vendues en mer à la flotte piroguière qui ensuite les débarque. De même, la flotte semi-industrielle de petite taille capture principalement le baliste pendant la période sans upwelling. Ceci pourrait faire croire que cette flotte a pour espèce cible le baliste alors qu'elle pêche principalement cette espèce parce qu'elle est la plus abondante dans la zone où elle opère.

4.3 TOGO

Les informations concernant ce sujet ont principalement été extraites des deux rapports suivants:

  1. “Profil des ressources halieutiques du Togo”, Bernacsek et al., COPACE/TECH/87/82.

  2. “La pêche maritime artisanale au Togo, Caractéristiques générales et résultats statistiques pour la saison 1983–84”, D.J. et E. Faggianelli, 1984.

4.3.1 Pêche industrielle

La pêche au chalut de fond a débuté au Togo en 1959 avec trois petits chalutiers remplacés en 1968 par deux navires, le LOME et le HAMBURG (23 m, 250 CV) qui ont été remplacés par deux bateaux plus gros, le BINAH et le SWARA (30 m, 850 CV) opérant sous l'armement commun Togo-Lybie appelé STAL-PECHE. En 1982, le ZWARA fut retiré et seul reste le BINAH.

Le chalutage s'effectue entre 10 et 100 m de fond avec des marées de cinq jours environ. Le rendement moyen serait de l'ordre de 1,5 t/jour.

La pêche industrielle togolaise est essentiellement nationale, mais depuis la construction du port, on assiste à des débarquements ou des transbordements de poissons capturés dans les eaux étrangères par des navires étrangers (grecs, chypriotes, soviétiques, etc.).

Une unité de petite taille (12 m, 150 CV) offerte par le Japon et gérée par les services togolais est entrée en service en octobre 1986.

4.3.2 Pêche artisanale

La pêche artisanale togolaise est caractérisée par deux facteurs principaux:

  1. une subdivision géographique entre le port de pêche, où s'exerce l'essentiel de l'activité, et le reste du littoral;

  2. une subdivision des pêcheurs en catégories de migrants et de sédentaires avec de fortes variations dans l'effort de pêche exercé dues aux migrations de pêcheurs ghanéens accompagnant l'upwelling majeur (surtout à la recherche des petits pélagiques). A noter que depuis trois à quatre ans un certain nombre de ces pêcheurs ghanéens sont recrutés par des commerçants togolaises pour venir pêcher au Togo.

De ces deux caractéristiques découle une répartition des engins et des pêcheurs différente selon que l'on se situe au port de pêche ou sur le reste du littoral. Le premier est caractérisé essentiellement par une pêcherie de sennes tournantes par des pêcheurs migrants et le second par une pêcherie multi-engins (dont des sennes de plage) par des pêcheurs sédentaires.

L'importance de la flotte piroguière varie en fonction de la migration des pêcheurs ghanéens (450 pêcheurs en haute saison et 290 en basse saison en 1983–84). Le nombre de pirogues ainsi que le pourcentage de motorisation ont toutefois augmenté depuis le milieu des années 60 jusqu'au milieu des années 70. Par la suite, les variations enregistrées ne dégagent pas de tendance nette. Le pourcentage de motorisation est très élevé au port (98%), mais reste faible sur le littoral (19%). Les pirogues sont monoxyles et leur taille varie en fonction de l'engin utilisé.

Les stocks démersaux togolais sont exploités par de multiples engins opérant toute l'année. Ces engins sont les lignes à hamecons multiples appâtés, les filets maillants de fond et les sennes de plage. La capture d'espèces démersales par la pêche artisanale est estimée à 700 t d'octobre 1983 à septembre 1984, ce qui est nettement supérieur à la valeur de la pêche industrielle (292 ten 1983 et 201 ten 1984).

La pêche à la ligne est essentiellement pratiquée dans la zone du récif fossile (entre 50 et 60 m) à l'aide de pirogues motorisées munies de réserves de glace et par sortie de trois à quatre jours d'équipes de ligneurs venus du Ghana. Les espèces visées sont principalement les sparidés et les lutjanidés.

Les filets maillants de fond sont principalement concentrés sur le littoral (77%) et sont de petite maille (20 à 30 mm de côté). Ils sont posés à des profondeurs de 20 à 40 m à l'aide de pirogues non motorisées. Les principales espèces capturées sont le capitaine (Galeoides decadactylus), le bar (Pseudotolithus spp.), la carpe blanche (Pomadasys spp.) et la dorade (Dentex sp. et Lethrinus atlanticus).

La senne de plage n'est pas utilisée au port de pêche, mais seulement sur le reste du littoral et, en particulier, à Lomé et dans ses environs. La pose du filet se fait à l'aide de pirogues non motorisées sur les fonds de 0 à 20 m. Les principales espèces démersales sont la ceinture (Trichiurus lepturus), le capitaine (Galeoides decadactylus), le bar (Pseudotolithus spp.) et la friture (Pteroscion peli et accessoirement Brachydeuterus auritus).Les prises les plus importantes ont lieu durant l'upwelling majeur, d'août à novembre, mais également en mars-avril lors du petit upwelling. Le nombre de sennes opérant sur la côte togolaise a diminué de 1974 à 1983-84, passant d'environ 170 à 97.

4.4 BENIN

En l'absence du représentant du Bénin, le groupe de travail a chargé M. Ssentongo de préparer une annexe sur le pays avec les données disponibles au Programme COPACE (annexe XII du présent rapport).

La pêche chalutière dans les eaux béninoises est actuellement effectuée par six chalutiers qui ont débarqué 745 ten 1986.

La pêche artisanale a capturé entre 3 000 et 5 500 t par an entre 1965 et 1983, composées en grande majorité d'espèces pélagiques. Malheureusement, on ne connaît pas le détail des prises par espèce.


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