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10. NIVEAU ACTUEL D'EXPLOITATION

10.1 COTE D'IVOIRE

On a vu que l'application d'un modèle global (PRODFIT) aux données statistiques de la pêcherie chalutière opérant au large de la Côte d'Ivoire a permis - après séparation de certaines d'entre elles en deux périodes du fait de l'invasion des fonds côtiers par le baliste à partir de 1971 - d'évaluer les courbes de production équilibrée, et les potentiels maximaux moyens de capture (PMMC) correspondants, pour l'ensemble des deux communautés sur lesquelles s'exerce la pêche et pour chacune d'entre elles. Les PMMC obtenus par la méthode semi-quantitative (campagnes de chalutage) sont cohérents avec les valeurs calculées par PRODFIT ce qui paraît confirmer la fiabilité que l'on peut accorder aux résultats fournis par chacune des deux méthodes, malgré la variabilité des données et les multiples causes possibles de biais.

Cette cohérence proviendrait du fait que les radiales et prospections ont été effectuées par des navires très proches des chalutiers locaux et que les fonds de Côte d'Ivoire présenteraient grosso modo une bonne homogénéité en ce qui concerne les répartitions d'abondance des espèces démersales. On a réuni dans le tableau 36 l'ensemble des résultats concernant les PMMC et les productivités - terme défini comme étant le potentiel maximal moyen de capture camené à une unité de surface - correspondantes.

Le stock côtier a vu sa productivité relative aux espèces commercialisables baisser de 1, 3–1, 5 t/km2 à 0,9 t/km2 après l'arrivée des ballstes; il peut être considéré comme pleinement exploité à l'exception de cette dernière espèce dont la prolifération est récente, et qui ne fait pas l'objet de mises à terre en Côte d'Ivoire. Le stock plus profond correspondant à la communauté des sparidés présente actuellement une productivité (0,3 t/km2) très nettement inférieure à celle de la communauté des sciaenidés. De plus, jusqu'en 1977, le PMMC correspondant à cette productivité n'a jamais été atteint, très probablement pour des raisons économiques: les rendements obtenus sur les pageots et Dentex ne pouvant concurrencer qu'en saison froide les rendements réalisés sur la communauté des sciaenidés du fait de l'augmentation des premiers et de la baisse des seconds.

La situation s'était améiõrée de ce point de vue en 1978–1979 de par un renforcement en saison froide de l'action de pêche exercée sur le stock profond par de gros chalutiers qui opéraient habituellement en dehors du plateau continental ivoirien, où ils n'ont pas le droit de travailler sur des fonds de moins de 30 m (Caverivière, 1979). La productivité de la strate 50–120 m pourrait être améliorée si toutes les espèces étaient commercialisées, mais même dans ce cas, elle n'atteindrait pas celle de la strate 10–50 m; la prise maximale serait cependant proche de celle obtenue pour le stock côtier, du fait de la plus grande superficie de la bande 50–120 m.

En ce qui concerne l'ensemble du plateau continental (10– 120 m), le potentiel commercialisable a diminué depuis l'apparition massive du baliste d'une valeur correspondant à peu près à la baisse estimée pour le stock côtier. Le potentiel biologique maximal (sans baliste) est de l'ordre de 13 000–15 000 t et correspond à une productivité globale sur le plateau de 1, 1– 1, 3 t/km2; la prise en compte des balistes peut l'augmenter quelque peu (18 500 t dans le meilleur des cas).

10.2 GHANA

A partir de l'analyse des informations disponibles, le groupe de travail pense que les ressources démersales dans la bande côtière 0–50 m sont pêchées à un niveau proche du potentiel maximal moyen de captures. Il est admis d'autre part, qu'une partie de l'effort devrait être déplacée au delà de 50 m.

Les récentes campagnes de prospection montrent que le stock de balistes (Balistes carolinensis) est nettement sous-exploité. L'effort de pêche sur cette espèce pourrait être augmenté substantiellement.

Les données disponibles indiquent que les poissons démersaux constituent environ 40% des prises totales des sennes de plage et qu'une grande proportion de ceux-ci sont des juvéniles. Le groupe de travail pense que l'activité de ce secteur de la pêche artisanale devrait être contrôlée.

10.3 TOGO

Du fait que les zones rocheuses non chalutables où la pêche artisanale s'exerce principalement (et qui doivent présenter une abondance supérieure aux zones meubles) ne sont pas entièrement prises en compte dans l'hypothèse moyenne du potentiel exploitable formulée par Lhomme (800 t), et, du fait que les captures démersales industrielles et artisanales sont estimées pour 1984 à environ 600 t1, on se trouve plutôt dans un cas de biomasse pleinement exploitée que de biomasse vierge. Cela conduit à employer une valeur du potentiel exploitable équivalente à 1 000 t. Dans ce cas, on peut constater qu'en 1984, le stock était sous-exploité. On notera également que, depuis 1984, les prises industrielles ont diminué, tandis que les prises artisanales semblent stationnaires.

10.4 BENIN

On a vu que le potentiel maximal moyen de captures pouvait être estimé entre 1 400 et 2 850 t suivant le niveau d'exploitation (pas de pêche ou stock pleinement exploités) au moment des campagnes de chalutage de fond du N/O ANDRE NIZERY de 1985–1986. Les débarquements à cette période étant de l'ordre de 800 t, le stock est actuellement sous-exploité et le potentiel de capture devrait dépasser les 2 000 tonnes.

Les données du tableau 20, ainsi que l'étude de Bernacsek et Aziablé (COPACE/TECH/86/72), amènent à penser que le stock de Brachydeuterus auritus aurait fortement diminué depuis 1975. (Effet du développement de la pêche à la senne de plage? Concurrence du baliste?)

Le même tableau et les données des campagnes de chalutage indiquent que les stocks relativement profonds de sparidés sont quasiment inexploités au chalut. Bernacsek et Aziablé estiment que le potentiel de pêche de ces espèces serait supérieur à 300 t par an.

1 La capture artisanale démersale est estimée à 345 t au lieu des 700 t mentionnées au 4.3.2, si l'on exclut la prise réalisée par la senne de plage qui opère principalement entre 0 et 15 m (Faggianelli, 1984). La prise industrielle est estimée à 250 t pour 1984


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