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ANNEXE XII

LA PECHE DEMERSALE EN REPUBLIQUE POPULAIRE DU BENIN

préparé par

G. SSENTONGO

1. DESCRIPTION DE LA PECHERIE

L'ichtyofaune démersale est variée et comprend principalement: les sciaenidés (Pseudotolithus), les polynemidés (Galeoides et Pentanemus), les pomadasyidés (Brachydeuterus et Pomadasys), les mâchoirons (Arius), les disques (Drepane africana), les cynoglossidés (Cynoglossus), les sparidés (Dentex, Pagrus), les lutjanidés (Lutjanus), les serranidés (Epinephelus) et les raies et requins.

Les ressources démersales sont exploitées par la pêche industrielle et la pêche artisanale.

Pêche industrielle

La pêche maritime industrielle a débuté avec la construction du port de Cotonou en 1963 et la mise en service du port de pêche en 1971. C'est la présence de ce port qui a attiré des chalutiers qui débarquent respectivement 1 408 tonnes en 1965, 4 214 tonnes en 1970, 6 591 tonnes en 1972, 948 tonnes en 1977, 250 tonnes en 1983 et 745 tonnes en 1986.

Depuis 1973, les tentatives de développement de la pêche industrielle n'ont eu qu'un résultat limité. Actuellement, il y a six chalutiers qui opèrent dans les eaux béninoises. D'autres bateaux bases au port de Cotonou ont opéré dans les eaux des pays limitrophes.

Les tableaux 1 et 2 donnent les statistiques sur les captures de la flotte industrielle utilisant le chalut de fond. La forte hausse du tonnage total après 1970 est probablement imputable en grande partie aux captures hors des eaux béninoises et ne saurait donc représenter les rendements des stocks béninois.

Les mises à terre de Pseudotolithus spp., Brachydeuterus auritus, Galeoides decadactylus et Drepane africana ont été élevées pour la période considérée.

Pêche artisanale

La pêche maritime artisanale a débuté au début du siècle et s'exerçait dans le cadre d'une activité familiale, mais elle a surtout connu un développement depuis la construction du port de Cotonou en 1963.

Les données nominales sur les tonnages annuels capturés pendant la période 1965–1985 (Tableau 2) indiquent que ceux-ci fluctuent entre 3 000 et 5 500 tonnes par an. On ne dispose pas de statistiques par espèce, par engin et par centre de pêche. On sait, cependant, que l'essentiel des apports actuels de la pêche artisanale est constitué par Sardinella maderensis, Enqraulis encrasicolus, les Carangues, les Chinchards, Ethmalosa fimbriata et Ilisha africana. On compte quelques 3 000 artisans-pêcheurs qui débarquent leurs prises dans une cinquantaine de villages situés tout au long de la côte. La flottille piroguière compte 570 unités de 6 à 13 m, dont 53 % sont motorisées.

Des informations complémentaires concernant la description des pêcheries du Bénin sont disponibles dans le rapport COPACE/TECH/86/72 (Bernacsek et Aziablé, 1986).

2. DONNEES STATISTIQUES DES PECHES DEMERSALES ARTISANALE ET INDUSTRIELLE POUR LE BENIN

Depuis 1965, la Direction des Pêches a mis au point un système de collecte des données statistiques de la pêche industrielle à la Halle des marées. Les principaux poissons démersaux fréquemment débarqués et la composition par espèce sont indiqués au Tableau 1. Les prises effectuées par la flotte industrielle ont diminué depuis 1979, comme on peut le constater pour la période 1980 à 1984. En 1984 et 1985, il y a eu une légère augmentation des prises. Le nombre des chalutiers n'est pas significatif.

Nous n'avons pas suffisamment de données concernant le nombre de jours de pêche et le nombre de sorties. Par conséquent, nous ne pouvons pas utiliser les modèles de production globaux pour estimer le MSY (Prise Maximale Equilibrée) et l'effort maximal.

En ce qui concerne la pêcherie artisanale, nous ne disposons pas d'une distribution des captures par espèces. Nous avons seulement une estimation des captures annuelles totales (démersales et pélagiques) de 1965 à 1985 (Tableau 2). Dans la mesure où nous ne connaissons pas la contribution des différents engins à la prise totale, il est difficile d'estimer la prise totale d'espèces démersales capturées par les pêcheurs artisanaux. Il existe cependant une estimation des captures démersales par espèce et par engin pour cinq villages échantillonnés par le projet national DIPA pour 1985. Sur la base de ces données, nous pouvons estimer à 1 440 tonnes la prise totale d'espèces démersales par la pêcherie artisanale. Les captures d'espèces démersales effectuées par les pêcheurs artisanaux de cinq villages échantillonnés par le projet national DIPA sont indiquées au Tableau 3.

3. EVALUATION DES RESSOURCES AU BENIN

Depuis 1978, trois campagnes de prospection dans les eaux béninoises ont été faites, mais une liste de toutes les campagnes au Bénin a été établie par Van der Knaap, 1985 (in COPACE/TECH/85/64).

.ol. 3.1. Prospection soviéto-béninoise par chalutage de fond (1977–1978)

De 1977 à 1978, une prospection soviéto-béninoise par chalutage de fond a été menée pendant trois campagnes (avril-mai 1977 ; décembre 1977 ; mars-avril 1978). Plusieurs chalutiers soviétiques de type SRTM ont été utilisés pour un total de 124 coups de chalut. La biomasse observée a varié entre 2 400 tonnes en décembre 1977 et 4 300 tonnes en avril-mai 1978 (Tableau 4). Les espèces rencontrées furent : Dentex conqoensis (12,38 %) ; Sparus caeruleostictus (7,0 %) ; Dentex canariensis (6,7 %) ; Balistes capriscus (6,5 %) et Brachydeuterus auritus (5,4 %). Le chalutage de fond a produit en moyenne de 3 à 4 tonnes/jour/navire (Bernacsek et Aziablé, 1986).

3.2. Prospection par chalutage de fond à bord du navire PROPAM I en 1983–1984

De février 1983 à janvier 1984, le navire PROPAM I a mené des opérations de chalutage de fond au large de Cotonou (entre Avlékété et Ekpé-Plage). La densité moyenne “apparente” sur une période d'un an est estimée à 4,65 kg/ha. Une extrapolation à la strate 10–50 m et à l'ensemble du plateau continental (2 100 km2) donne une biomasse de 980 tonnes.

3.3. Prospection pélagique acoustique par Dr. FRIDTJOF NANSEN (1981)

En août 1981, en saison d'upwelling majeur, une prospection acoustique a été menée par le navire océanographique Dr. FRIDTJOF NANSEN (Stromme et al., 1983). Cette prospection entre les isobathes 10 m et 200 m a permis la détection d'environ 8 000 tonnes d'espèces pélagiques et 3 000 tonnes d'espèces démersales.

TABLEAU 1 : Captures annulles spécifiques et totales pour la pêche industrielle au Bénin (1965–1976)
ANNEES ESPECES196519661967196819691970197119721973197419751976197819791980
(*)
198119821983198419851986
Pseudupeneus sp32135545650959212521748136311087814493561776910969412339144161
Galeoides dec.20316325125339741953346235731214014612044938269764013096
Arius spp.104281149812924426325514684392382512112411
Cynoglossus spp731358568217828044651552423785101123694725196128
Pomadasys spp.46146279135123120113683830281957      
B. auritus395180251404736139318872480162098755231517339841904064213252
D. africana25437375210975606039201612711466133722
Caranx spp.   219374914432181214721191716101410
Sparidae32112144550211333518413781396228
Requins243141630212732211764623221111
Raies1602215519221031448245528914270563862471413271552
Sepia offici.    2 15             
Crevettes813163472184955022284         
Langoustes1 211 1              
Crabes4121    399          
Autres12 39501162537003353512271654410778128454210205104
TOTAL14087851420167224454214581666115074382120281215730415517367319250220857747
Nombre de chalutiers64777911121198664 4 1156
Captures/chalutier235196203239349468529551461425254203122104 92 250220171124

(*) : Les captures de l'année 1980 ont été estimées sur la base d'uneregression effectuée en utilisant les valeurs de 1977 à 1986.

TABLEAU 2 : Total des captures annuelles des pêches industrielles et artisanales du Bénin (1958–1986), nombre de chalutiers (flotte industrielle) et captures par chalutier
 PECHE INDUSTRIELLE  
AnnéesCaptures totalesNombre de chalutiersCaptures par chalutierPECHE ARTISANALEPECHE MARITIME TOTALE
19582991299-299
19593091309-309
19603152158-315
19614192210-419
1962-2---
196362732095 2505 877
19641 0006167  
19651 40862355 1006 508
196678541965 0005 785
19671 42072033 5985 020
19681 67272393 6005 272
19692 44572723 9004 345
1970 a4 21494684 0008 214
1971 a5 816115294 1009 916
1972 a6 591125493 80010 391
1973 a5 074114613 6008 674
1974 a3 82194253 6887 501
19752 02882543 6455 673
19761 21562033 7404 955
197794771353 4304 377
197873061223 3504 080
197941541043 3503 765
1980390--3 0003 390
19813664923 2003 566
1982319--3 2003 519
198325012503 8004 050
1984220--3 8204 040
198585751713 8904 747
19867456124- 

a : De 1970 à 1974, une grande partie des prises débarquées au Bénin avaitété capturée par de grands chalutiers opérant au large du Nigéria et duCameroun

TABLEAU 3 : Captures (en kg) d'espèces démersales effectuées par les pêcheurs artisanaux de cinq villages échantillonnés par le projet DIPA. On suppose que ces captures représentent 10 % de la capture totale par la pêche maritime artisanale (Chloroscombrus chrysurus et Trichiurus lepturus inclus)
MOIS ESPECESJan.Fév.MarsAvrilMaiJuinJuil.AoûtSept.Oct.Nov.Déc.TOTAL GENERAL
Pseudotolithus sp.6 3031 7402 5264737919551 1659274973051 2252 75319 660
Galeoides decadactylus6 3153 3834 124858773151972113004594482 25420 048
Pentanemus quinquarius-24--334412-13--8134
Arius spp.1----322-2222860
Brachydeuterus auritus33117127845459263040-2644640
Drepane africana-70462112-1---32--677
Belonidae7828543031539090183-1646606571603 412
Chloroscombrus chrysurus1 7146 3874 3501 5161 0601 0221 040771472358780122620 696
Trichiurus lepturus       2508011 7982 045-4 894
Autres espèces27 8376 6708 1862 1201 3066 3194 6592 9154 1124 9273 0021 74873 801
TOTAL42 28118 67620 2055 4784 4078 6448 0594 9066 3998 5418 2058 221144 022

NOTE : Sur la base de ces données, on estime à 1 440 tonnes la capture totale de la pêche démersale artisanale. Cette capture représente 20 % du total des débarquements de la pêche maritime artisanale, les prises de cette dernière sont évaluées à 5 600 tonnes (démersaux et pélagiques).

TABLEAU 4 : Biomasse (en tonnes) des principales espèces démersales au-dessus du plateau continental du Bénin (zone de profondeur 11 à 78 m) au cours de trois périodes selon la prospection conjointe soviéto-béninoise (1977–1978)
 PERIODES
Principales espècesAvril-Mai
1977
Décembre
1977
Mars-Avril
1978
Pomadasyidae30,94,125,5
Pseudotolithus senegalensis103,89,419,9
Galeoides decadactylus130,121,6210,9
Drepane africana66,849,46,0
Brachydeuterus auritus515,013,5137,7
Lutjanidae36,1107,424,3
Balistes capriscus418,568,5250,4
Dentex canariensis195,5121,0393,1
Sparus caeruleostictus146,3317,091,8
Dactylopterus volitans63,50,428,6
Pagellus bellottii116,590,0208,3
Epinephelus aeneus147,346,363,5
Dentex angolensis102,396,0100,3
Dentex congoensis467,0495,071,0
Trichiurus lepturus73,619,739,3
Total démersaux2 613,21 459,31 664,9
Total pélagiques et autres1 706,9949,81 621
TOTAL TOUTES ESPECES4 320,12 409,13 291,3

TABLEAU 5 : Variations mensuelles de CPUE et densité apparente, selon la prospection du “PROPAM 1” (1983–1984)
A N N E EMOISTotal des captures (t)Total de l'effort (nb. jours de sortie)CPUE (kg/jour de sortie)Superficie totale de la zone prospectée (km2)Densité totale apparente (kg/ha)
1983Février3,61103615,676,37
Mars6,092227712,474,88
Avril3,51152348,514,12
Mai2,43131877,373,30
Juin2,08161309,072,29
Juillet3,28142347,944,13
Août4,13172439,644,28
Septembre4,66133587,376,32
Octobre*0,35488*2,271,54*
Novembre5,971832210,215,85
Décembre3,81152548,514,48
1984Janvier3,50172069,643,63
 MOYENNE  256 4,65

D'après Bernacsek et Aziablé (1986)

* : Faible efficacité de l'effort de pêche en octobre due à des problèmestechniques. Les données n'ont pas été utilisées pour le calcul de la CPUEet de la densité moyenne.


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